HISTOIRE DE MARIE STUART

 

PAR JEAN-MARIE DARGAUD

PARIS - HACHETTE ET Cie - 1859

 

 

AVANT-PROPOS.

 

LIVRE PREMIER. — LIVRE II. — LIVRE III. — LIVRE IV. — LIVRE V. — LIVRE VI. — LIVRE VII. — LIVRE VIII. — LIVRE IX. — LIVRE X. — LIVRE XI. — LIVRE XII.

 

NOTE DE L'ÉDITEUR.

FRAGMENTS DE JOURNAUX ET DE LETTRES SUR LA PREMIÈRE ÉDITION DE MARIE STUART PAR J.-M. DARGAUD.

 

AVANT-PROPOS.

 

J'ai toujours aimé le XVIe siècle. Je l'avais beaucoup étudié. Je le connaissais assez pour le bien sentir. J'étais arrivé à ce moment où l'érudition, si incomplète qu'elle soit, s'embrase et brûle de se répandre, de créer une œuvre. Mais quel sujet aborder ? Où trouver un moule historique pour y verser mes recherches et mes impressions ?

Une circonstance très-simple me tira de mon incertitude.

Un soir, au mois de septembre 1846, après un jour pluvieux, je sortis. J'avais fait à peine quelques pas dans la rue, que la pluie recommença. J'entrai dans un cabinet littéraire afin de m'abriter. Une fois là, je demandai la correspondance de Machiavel ; elle n'y était pas : d'autres volumes me furent présentés, que je refusai. Enfin j'aperçus à la portée de ma main, l'Histoire de Marie Stuart, reine d'Écosse et de France, avec les pièces justificatives et des remarques. Londres, MDCCLII.

Le nom de Marie Stuart me frappa violemment. Je pris le livre, je rentrai chez moi, et je lus avec un intérêt inexprimable cette pauvre et médiocre histoire, sous laquelle involontairement j'en composais une autre. Je ne dormis pas de la nuit ; j'étais enivré d'enthousiasme, d'horreur et de pitié.

Dès le lendemain, je me vouai à l'histoire de Marie Stuart. Cette histoire a été mon labeur pendant quatre années. Je l'offre au public avec cette sécurité modeste qui n'espère pas les applaudissements, mais qui compte sur l'approbation.

J'ai traversé de longs et persévérants travaux. J'ai puisé à toutes les sources du XVI' siècle. J'ai consulté les savants, j'ai compulsé les bibliothèques, les manuscrits ; j'ai noté les documents inédits ensevelis dans l'oubli et dans la poussière.

J'ai fait le voyage d'Angleterre et d'Écosse, j'ai exploré les collections, les musées, les vieux portraits, les gravures rares, les traditions, les ballades, les lacs, la mer et les rivages, les montagnes et les plaines, les champs de bataille, les palais, les prisons, toutes les ruines, tous les sites, toutes les traces innombrables du passé. Les faits se rattachant si intimement à leur date et à leur théâtre, comment les animer, les ressusciter autrement qu'en les allant contempler dans leur succession pathétique aux lieux mêmes où ils se sont accomplis ? Voyager est donc indispensable pour raconter. L'histoire n'est, au fond, qu'un voyage dans le temps et dans l'espace. Plus le voyage est direct, personnel, plus l'histoire est saisissante. Hérodote et Thucydide, Salluste et Tacite, Froissard, Comines, Pierre Matthieu étaient des voyageurs. Il semble que l'histoire, comme ces cavales dont parle Pline, conçoive à l'air libre et soit fécondée par le vent.

Voilà dans quelles conditions j'ai écrit les récits qui remplissent ces pages.

L'histoire est une chose sérieuse. L'érudition est sa substance ; l'imagination n'est que sa palette. L'imagination n'a jamais le droit de dépasser le cercle de la science, ou, ce qui revient au même, de la conscience ; car au delà de ce cercle il n'y a que chimère, mensonge et néant.

Les anciens avaient fait de l'histoire une muse ; les modernes en ont fait un témoin. Elle est l'une et l'autre. Elle aspire à l'idéal ; mais cet idéal, qu'est-ce, sinon la réalité même, la réalité vivante ? Un homme d'État l'a dit : L'histoire doit être l'épopée du vrai.

 

Paris, 22 septembre 1850.