HISTOIRE DES INSTITUTIONS CAROLINGIENNES

LIVRE DEUXIÈME. — GOUVERNEMENT DES MÉROVINGIENS.

CHAPITRE II.

DE LA HIÉRARCHIE ADMINISTRATIVE SOUS LES MÉROVINGIENS. PARTAGE D’ATTRIBUTIONS ENTRE LES GALLO-ROMAINS ET LES FRANCS. DU COMTE ET DE SES ATTRIBUTIONS. - SUITE DE L’HISTOIRE DE L’IMPÔT PUBLIC SOUS LES MÉROVINGIENS DANS SES RAPPORTS AVEC LES GALLO-ROMAINS.

 

 

Nous l’avons déjà remarqué, les tribus germaniques changèrent en général très peu de chose au gouvernement intérieur des peuples qu’ils soumirent ; et leurs innovations, lorsqu’ils en firent, constamment étrangères à toute combinaison ; systématique, paraissent leur avoir été imposées uniquement par les circonstances. Mais tout en laissant subsister l’administration impériale à l’égard des Romains, ils prétendirent à juste titre en avoir la direction, et prirent pour eux-mêmes, ou firent occuper par des indigènes dont ils se croyaient sûrs, les positions politiques que les Romains s’étaient réservées autrefois pour le même motif. Quoi qu’on ait dit de l’horreur instinctive des peuples germains pour le séjour des villes, et avec quelque vérité qu’on l’ait dit des Germains d’outre-Rhin[1], il faut se garder d’en conclure que ce préjugé national existait encore au Ve siècle, et qu’il n’avait point cédé, comme tant d’autres, à l’influence de l’exemple et à celle des changements que le spectacle de la civilisation romaine opérait de jour en jour dans les habitudes et les idées des Barbares. Nous n’en trouvons, du moins, aucune trace dans les monuments qui nous parlent de leur établissement dans l’Empire. S’ils prennent de préférence les villæ des Romains avec leurs vignes et leurs ombrages, nous les voyons aussi se renfermer sans difficulté dans l’enceinte fortifiée de leurs cités, pour les tenir en respect et les dominer du haut de leurs remparts. C’est ainsi que Théodoric, après sa dernière victoire sur Odoacre, distribua ses Ostrogoths sur toute la surface de l’Italie, dans les villes et les châteaux dont elle était parsemée, pour rendre partout présente l’autorité et la protection du maître[2]. Les Goths de Toulouse n’agirent pas autrement à l’égard de la Gaule[3] ; les Vandales en Afrique établirent le centre de leur domination à Carthage[4]. On sait du reste que le système des Germains — et nous restreignons la signification de ce mot dans les limites que comporte l’état social que nous essayons de décrire —, consistait en général à gouverner avec les Romains et à combattre avec les Barbares. Théodoric, en particulier, voulut immobiliser cette situation en Italie[5] ; mais on peut dire qu’elle ressortait plus ou moins des faits et des nécessités politiques, partout où la conquête avait produit la même organisation sociale. Chez les Francs il est plus difficile d’en constater l’existence, et elle se devine plutôt qu’elle ne se laisse constater. Grégoire de Tours, qui est ici comme toujours notre principal, pour ne pas dire notre unique auteur, semblable en cela à tous les historiens de l’antiquité, suppose à son lecteur la connaissance de l’état social du peuple qu’il met en scène, et se croit quitte de sa dette d’historien envers lui, lorsqu’il lui a raconté les principaux accidents du drame. Nous n’avons pour toute lumière que les indications incomplètes échappées à son insouciance ; mais elles suffisent pour comprendre ce qu’il indique, et pour deviner ce qu’il n’indique pas. Sans prétendre (ce qui serait absurde), que les Francs aient été systématiquement exclus des charges civiles, comme le furent les Ostrogoths, ou que les Gallo-romains n’aient eu aucune part aux emplois de la milice, ce qui renverserait toute l’histoire, il n’en est pas moins vrai que par la nature même des choses il se fit comme un partage d’attributions ; les Barbares gardant pour eux les charges militaires dont ils étaient déjà investis du temps des empereurs, et abandonnant assez volontiers aux Romains les ennuis et les embarras de l’administration civile, qu’ils entendaient mal et qui les amusaient peu. Ainsi, dans l’ordre civil, ils ne se soucièrent que des sommités, et n’occupèrent que les positions supérieures, telles que celle de comte ; dans l’ordre militaire ils les gardèrent toutes, et n’admirent les indigènes au partage que par exception. Ils attachaient à la profession des armes une idée de supériorité qui tenait à la fois et à leurs souvenirs d’outre-Rhin et aux traditions de l’Empire. Dans leurs forêts d’outre-Rhin, ils dédaignaient toute autre occupation que la guerre[6] ; et dans l’Empire, depuis la réforme de Dioclétien, toute la force des institutions romaines s’était concentrée dans la milice armée (militia armata), et avec elle tous les privilèges et toutes les distinctions sociales. C’était déjà une des formes de la noblesse impériale[7] ; ce fut plus tard une des sources de la noblesse des temps modernes. Ainsi les Francs, en devenant les maîtres de la Gaule, devinrent propriétaires, mais Ils restèrent soldats, et l’histoire nous les montre dispersés dans les cités (civitates) et les châteaux (castra), comme une armée en garnison dans ses cantonnements, toujours prête à se rassembler au premier signal de son chef[8]. Des ducs, préposés à la garde d’une de ces vastes circonscriptions territoriales que les Romains appelaient des provinces, étaient chargés de les tenir en haleine et de les conduire au besoin à l’ennemi[9]. Presque tous les noms des ducs cités dans Grégoire de Tours sont en effet d’origine barbare[10]. Quelquefois ils réunissaient plusieurs provinces sous leur commandement[11] ; quelquefois leur autorité s’étendait sur tout un tractus ; c’est-à-dire sur une longue lisière de côtes au bord de l’Océan, ou sur la rive des grands fleuves qui viennent y verser leurs eaux[12]. Leurs attributions paraissent avoir été purement militaires. Au-dessous d’eux étaient les comtes, qui avaient à la fois l’administration civile, l’administration de la justice et le gouvernement militaire des cités où ils faisaient leur résidence. Aussi les noms de comtes que nous rencontrons dans les premiers monuments de notre histoire sont-ils indifféremment barbares ou romains[13]. Il y en avait un non seulement dans chaque cité, comme du temps des empereurs[14], mais encore dans un grand nombre de ces divisions territoriales de moindre étendue, dont la réunion formait le territoire de la cité, et que l’on nommait des pagi[15]. Le comte servait ainsi de lien, d’un côté entre les deux branches du pouvoir politique, l’administration civile et l’administration militaire, dont le roi, entouré des principaux chefs de son armée, était la personnification ; d’un autre, entre les nouveaux maîtres de la Gaule et ses habitants. C’est donc sur lui que reposait en grande partie le système administratif de la Gaule mérovingienne ; et à ce titre, c’est lui qui doit fixer plus particulièrement notre attention.

Le nom et les attributions sont également d’origine romaine. Il faut remarquer néanmoins que dans l’Empire, les comtes, depuis Constantin, n’étaient chargés que de l’administration civile[16] ; mais la confusion des pouvoirs, qu’il avait voulu faire cesser comme un abus, reparut sous les Barbares, au milieu de la confusion universelle, et se maintint aussi longtemps qu’il exista chez eux quelque ombre d’administration et de gouvernement. Au reste, rien ne saurait nous donner une idée plus exacte des attributions du comte mérovingien que la formule même du diplôme par lequel il recevait l’investiture :

Charte d’investiture d’un Duché, d’un Patricial, d’un Comté[17].

La clémence du roi est parfaite, et mérite particulièrement l’approbation et les éloges de chacun, lorsqu’elle recherche la bonté et la vigilance dans les officiers qu’elle emploie. En effet, l’on ne doit pas investir facilement un juge quelconque d’une dignité si importante, qu’au préalable on n’ait acquis des preuves de sa fidélité et de son active fermeté. C’est pourquoi, connaissant ta fidélité et ton courage, nous te confions le bail du comté, du duché ou du patriciat, dans tel pages, qu’un tel, ton prédécesseur, a gouverné jusqu’à ce jour, à la condition que tu garderas inviolablement envers notre gouvernement la foi que tu nous dois ; de telle sorte que tout le peuple qui y demeure, tant Francs que Romains, Burgondes et autres, vivent en paix sous ton administration ; que tu les conduises par le droit chemin, selon leurs lois et leurs coutumes ; que les veuves et les orphelins trouvent auprès de toi secours et protection ; les larrons et les malfaiteurs répression et sévérité ; afin que les peuples, bien administrés et satisfaits de leur condition, vivent tranquilles et paisibles sous ton gouvernement. Et tout ce qui doit revenir an fisc des produits de cette exploitation (actionis), aie soin de le faire porter toi-même, chaque année, dans notre trésor.

Telles étaient donc les attributions du comte : 1° présider à l’administration de la justice, et la distribuer aux Francs, aux Romains et aux Burgondes d’après la loi particulière à chaque peuple ; 2° se montrer en toute occasion le protecteur de la veuve et de l’orphelin, la terreur des méchants, et par-dessus tout le défenseur des droits du fige, dans toutes les questions où il était intéressé.

Cette dernière partie de ses devoirs était sans contredit la plus sacrée à ses yeux. Sa fortune et souvent sa vie dépendaient de son zèle. C’est donc sur lui, et à ce qu’il parait sur lui seul, que retombait cette terrible responsabilité qui écrasait les curiales au temps des empereurs. En prenant l’impôt public en ferme (car c’était une véritable ferme), il prenait aussi l’engagement de le verser en totalité, à jour fixe, dans le trésor du prince. A lui la charge de poursuivre le contribuable, de presser les rentrées, et de mettre, par de cruelles et injustes rigueurs, son administration à couvert. Le comte, ainsi placé entre son intérêt personnel et celui de ses administrés, ne pouvait manquer de sacrifier trop souvent la justice à son avidité ou à ses craintes : aussi l’histoire est-elle pleine des plaintes et des gémissements des malheureux dépouillés par ses ordres[18]. Quelquefois cependant le peuple opprimé recourait à d’autres armes, et se soulevait en masse contre ses oppresseurs[19]. Ainsi la Gaule mérovingienne était redevenue, en moins d’un siècle, le théâtre des guerres intestines et des déchirements qui avaient annoncé de si loin la chute de l’Empire romain. Le péril devint si grand, et les chances de ruine se multiplièrent à tel point, que le plus souvent le comte aima mieux laisser à d’autres la responsabilité de sa charge, au risque de leur laisser en même temps une large part à ses profits. Il afferma à son tour la perception de l’impôt à de plus hardis, et ne garda pour lui-même d’autre embarras que celui de le porter annuellement au trésor du roi. Les juifs étaient, sous ce rapport, d’une utilité merveilleuse. Cette race impure et méprisée se dévouait à tous les rôles sans scrupule, et courait volontiers au-devant des malédictions et des blasphèmes. Elle dut même rechercher avec une sorte d’empressement l’occasion de venger sur les chrétiens les cruels affronts dont on se plaisait à l’abreuver. Le juif du moyen-âge apprenait de bonne heure, au milieu des avanies et des persécutions de chaque jour, à dépouiller tout sentiment de pitié, et exerçait les rigueurs de sa profession avec l’inflexible dureté d’un cœur qui n’a plus rien d’humain que la soif de l’or. L’Eglise, qui prêtait quelquefois sa voix aux opprimés pour les aider à faire entendre leurs doléances dans les conseils des rois, s’éleva avec énergie contre ce scandale[20] ; mais le mal était dans la situation, et il subsista en dépit de ses remontrances.

Quelquefois encore le comte, jaloux de conserver pour lui seul toutes les chances d’un pin illicite, prenait à usure l’argent du juif, pour être en mesure de faire au fisc les avances nécessaires, et se réservait, à l’échéance, de payer son créancier de la manière dont Grégoire de Tours le raconte dans ce curieux passage[21] :

Dans cette même année (584), le juif Armentarius, accompagne d’un satellite de sa secte et de deux autres qui étaient chrétiens, arriva à Tours pour rentrer dans les fonds qu’il avait livrés, sur billets, à l’ex-vicaire Injuriosus et à l’ex-comte Eunomius, à l’occasion des impôts. Il fit comparaître ses débiteurs, et en reçut l’assurance qu’ils étaient disposés à lui rendre son capital avec les intérêts. Ils ajoutèrent : Si tu voulais venir jusqu’à notre demeure, nous te paierions incontinent ce que nous te devons, et de plus nous te comblerions d’honneurs et de présents, comme tu le mérites. Il y alla, fut reçu par Injuriosus dans sa maison, et prit place à un festin. A la fin du repas, et à l’approche de la nuit, ils se levèrent de table, et se transportèrent ailleurs : ce fut alors, dit-on, que les deux juifs et les deux chrétiens furent tués par les hommes d’Injuriosus, et jetés dans un puits, tout proche de sa maison.

Au-dessous du comte venaient se placer, dans l’échelle administrative, les vicaires (vicarii) ou vicomtes (vice-comites), qui avaient sous leur juridiction un pagus ou portion de comté[22] ; les centeniers (centenarii, tungini), dont la juridiction s’étendait sur cent bourgs ou villages, si l’on s’en rapporte à l’étymologie du mot ; les decani ou dixainiers, dont le nom indique suffisamment les attributions[23], et quelques autres officiers d’un ordre inférieur, que Grégoire de Tours désigne sous le nom générique de tribuni, sans doute parce que l’une de leurs fonctions était de percevoir le tribut sous l’autorité et la direction des comtes.

Telle était, dans ses caractères essentiels, la hiérarchie administrative sous les Mérovingiens ; car nous ne parlons point ici des dignitaires qui résidaient auprès de leur personne, et qui faisaient partie de leur domesticité. Nous trouverons ailleurs une occasion plus convenable d’en parler[24].

On le voit, l’impôt romain, dans l’ensemble et la variété te ses combinaisons, et l’administration impériale dans ses éléments les plus indestructibles, survivent à l’Empire, et restent debout dans la Gaule barbare, après la chute du pouvoir impérial qui les avait si laborieusement créés. Les Mérovingiens, au lieu de briser cette ingénieuse et savante machine, comme on les en a follement accusés quelquefois ; trouvèrent plus sage et plus commode de s’en servir ; et loin de songer à la détruire, ils se hâtèrent de la faire fonctionner à leur profit. Elle retrouva bientôt sous leur main cette terrible énergie qui avait épuisé en quelques années les dernières ressources d’un puissant empire, et livré le inonde fatigué, énervé, expirant, aux attaques des nations du Nord. Il est possible que les Barbares n’aient pas eu tout d’abord l’intelligence de leur véritable position à l’égard des Gaulois, quoique cette barbarie n’ait jamais manqué, dans l’occasion, d’habileté ni de prévoyance. J’admets encore que, dans toute leur conduite, la réflexion eut moins de part que l’instinct, quoique le bon sens, qui tient des deux également, ne leur ait jamais fait défaut. Mais quelle qu’ait été, dans le principe, leur ignorance des hommes et des choses, le mystère dont ils étaient enveloppés ne pouvait durer toujours, et il éclata au moment où certaines nécessités politiques, venant en aide à leur avidité naturelle, les forcèrent à demander à leur conquête tout ce qu’elle pouvait rendre sous une administration vigilante et impitoyable. Ce fut à la troisième génération, après la mort de Chlotaire Ier, le dernier des enfants de Clovis, que ces nécessités se révélèrent, lorsqu’après le travail de la conquête commença celui des institutions nouvelles qui devaient en sortir. Alors le voile fut déchiré, et toutes les plaies de la société mérovingienne furent à leur tour mises à découvert.

Cette troisième génération est sans contredit la plus remarquable de la première race. Elle se trouva jetée au milieu d’une de ces époques de crise d’une hideuse sublimité, où l’homme, aux prises avec des difficultés insurmontables, se souille sans scrupule, en s’efforçant d’en triompher, et grandit dans la lutte, même en succombant dans l’effort. Dans les âges de barbarie, le meurtre et le poison paraissent souvent seuls capables de résoudre certains problèmes, et le crime devient, par une sorte de fatalité, un des accidents ordinaires de la vie commune. De là ce sang qui s’offre à chacune des pages de Grégoire de Tours, et cette atroce histoire des Mérovingiens. Deux figures dominent et résument tout le tableau : Frédégonde, qui faisait mourir les petits enfants sur les genoux de leurs mères pour racheter la vie des siens[25], et Brunehaut, qui livrait ses petits-fils à d’impures courtisanes pour régner à leur place. Mais Frédégonde et Brunehaut furent bien autre chose que des monstres de cruauté ; ce sont deux systèmes politiques animés des fureurs de deux femmes implacables. Elles se sont trouvées chargées, autant peut-être par position que par choix, d’un de ces rôles affreux qui ne se composent que de forfaits, et qui ne peuvent finir que par une catastrophe. C’était le moment où le système adopté par les Mérovingiens à leur entrée dans la Gaule produisait ses premières conséquences, et rencontrait déjà les obstacles contre lesquels il devait se briser[26]. Ils avaient entrepris de discipliner les Barbares avec la civilisation des vaincus, et de rabaisser la fierté des vainqueurs au niveau des institutions de la Gaule soumise. Bouleverser et changer toutes les bases de la vieille société germanique, pour y substituer les idées romaines et les traditions impériales, eût été une tentative hasardeuse en tout temps. Au siècle où vivaient les petits-fils de Clovis, et avec les moyens d’action dont ils pouvaient disposer, c’était une extravagance. Rien encore n’était mûr pour une telle combinaison, et la chute des Mérovingiens prouve suffisamment qu’ils avaient trop présumé d’eux-mêmes et des autres. Deux fois elle a été essayée en France par deux dynasties consécutives, et deux fois la force irrésistible des choses l’a emporté sur les efforts et les calculs de la prudence humaine. La troisième race, placée dans des circonstances plus favorables, a pu seule, après sept cents ans de luttes et de combats, conduire jusqu’au terme ce grand et laborieux ouvrage.

En effet, à cette révolution politique se rattachait, à la fois comme moyen et comme but, une révolution financière. A tout pouvoir central et vigoureux, il faut des revenus fixes, réguliers et abondants. L’impôt seul pouvait les fournir, et ce fut à lui qu’on s’adressa. Alors s’éleva dans toute la Gaule un cri de détresse, dont tous les monuments de l’époque nous ont renvoyé un écho. Des présages effrayants annoncèrent de toutes parts l’approche de ces jours de colère, et répandirent la terreur dans l’imagination des peuples, au moment où le prince portait la consternation dans les familles. Dans le territoire de Chartres, du vrai sang coula du pain rompu à l’autel. D’énormes quartiers de rochers se détachèrent d’eux-mêmes des sommets des Pyrénées et écrasèrent des troupeaux entiers dans la plaine. Des incendies, allumés par une main inconnue, dévoraient les récoltes et les habitations, pendant que la peste décimait les !populations et multipliait les funérailles[27]. L’histoire, toujours si triste et .si plaintive depuis la chute de Rome, prend un ton plus lamentable encore pour raconter ces grandes misères, et recule, pour ainsi dire, au moment de les aborder. Ecoutons Grégoire de Tours :

Il me pèse d’avoir à raconter les vicissitudes des guerres civiles qui écrasent la nation et le royaume des Francs ; et, chose lamentable ! nous font voir déjà ces temps marqués par le Seigneur comme le commencement des jours de calamités. Le père s’est élevé contre le fils, le frère contre le frère, le prochain contre son prochain... Plut au ciel que vous aussi, ô rois, vous tournassiez votre ardeur vers ces grandes batailles qui ont fait tomber la sueur du front de vos pères ! Rappelez à votre mémoire tout ce qu’a fait l’auteur et le commencement de vos victoires, Clovis qui tua les rois ennemis, froissa à terre les nations malfaisantes et soumit au joug son propre peuple. Et pour accomplir tend cela, il n’avait ni or, ni argent, comme il y en a maintenant dans vos trésors. Que voulez-vous donc, et que désirez-vous encore ? Les délices affluent dans vos maisons ; le vin regorge dans vos caves, le froment dans vos greniers, l’or et l’argent s’entassent dans vos coffres forts. Il ne vous manque qu’une seule chose, c’est la paix, et n’ayant point la paix, vous n’avez point la grâce de Dieu. Pourquoi l’un enlève-t-il à l’autre ce qui lui appartient ? Pourquoi tous convoitent-ils le bien d’autrui ? Ecoutez, je vous en conjure, cette parole de l’apôtre : Si vous vous mordez, si vous vous mangez les uns les autres, prenez garde que vous ne finissiez par vous dévorer mutuellement[28].

On pouvait croire que la Gaule du moins allait être en effet dévorée par les agents du fisc ; et à ce concert de plaintes et de gémissements, qui s’élève de tous côtés, on se croirait revenu aux plus mauvais jours de l’Empire romain. Ecoutons encore Grégoire de Tours[29] :

Le roi Chilpéric ordonna de faire de nouveaux recensements très rigoureux dans toute l’étendue de son royaume. C’est pourquoi un grand nombre, abandonnant les cités qui lui appartenaient, et même leurs propriétés, émigrèrent dans les autres royaumes, aimant mieux vivre ailleurs dans l’exil que d’être soumis à de telles rigueurs. On avait ordonné, en effet, que tout possesseur paierait sur sa propriété une amphore de vin par arpent. On frappa encore de plusieurs autres charges les terres possédées d’autres titres, et même les esclaves, au point qu’on ne pouvait y suffire.

Le peuple de Limoges, se voyant aussi accablé d’un semblable fardeau, se rassembla le jour des calendes de mars, dans le dessein de mettre à mort Mareus le référendaire, que le roi avait chargé de ses ordres ; et il l’eût fait, si l’évêque Ferreolus l’eût délivré du péril qui le menaçait. La multitude s’étant aussi emparée des rôles de l’impôt, se réunit pour les brûler. Le roi en fut très irrité, et envoya quelques-uns de ses familiers pour frapper le peuple d’énormes amendes, pour l’effrayer par des supplices et pour le faire mourir. On rapporte qu’on vit alors des abbés et des prêtres étendus sur des chevalets et appliqués à des tortures de toute espèce, parce que les envoyés du roi soutenaient faussement que c’étaient eux qui, au milieu de la sédition, avaient excité le peuple à brûler les rôles. Puis ils frappèrent des impôts encore plus exorbitants.

Ce qui frappe tout d’abord dans ce récit, c’est, pour ainsi dire, sa couleur toute romaine. Il semble qu’on lise dans Ammien Marcellin, ou Zosime, l’histoire d’une malheureuse province qui se défend par la révolte contre lés exactions du fisc impérial ; et je doute que Montesquieu se souvint de cette page de Grégoire de Tours, lorsqu’il affirmait avec tant d’assurance qu’il n’y eut jamais d’impôts publics en Gaule sous les Mérovingiens. Tout ici est romain, et la forme et le fond. C’est bien là le recensement tel que nous le voyons pratiqué dans l’Empire, embrassant à la fois les terres et les personnes, le nombre des arpents et celui des têtes sujettes à la capitation ; car la quotité de l’impôt dépendait à la fois de toutes ces évaluations. Ici, comme à Rome, ce sont les envoyés du prince qui viennent de temps en temps renouveler les rôles, pour mettre l’impôt en rapport avec les besoins de l’État ou les appétits du souverain, et aussi pour tenir compte des décès, des mutations et des autres changements qui peuvent affecter la propriété. Nous avons déjà prouvé tout cela de la manière la plus complète, et nous nous croyons dispensé d’y revenir[30].

Ces cris de détresse, que l’évêque de Tours répète avec un accent si pathétique, nous les retrouvons dans les lettres dès saints pontifes, dans les actes des conciles, partout enfin où les misères du temps ont pu emprunter une voix et parler. Le clergé, qui n’était guère encore composé que de Romains, et qui par conséquent avait aussi sa part des calamités publiques, se serra, pour ainsi dire, autour de son troupeau, et opposa ses anathèmes aux persécutions des tyrans. L’évêque saint Germain, dans une lettre pleine de tristesse et de lamentations, annonçait que les jours de tribulation et de ruine étaient arrivés. L’Eglise émue et tremblante redoubla ses jeûnes et ses prières, ses prédications et ses veilles, comme pour se préparer au martyre. Le deuxième concile de Tours, tenu en 567, quelques années seulement après la mort de Clotaire I, et au moment où ses fils préludaient à la guerre civile par des tentatives d’assassinats et’ d’épouvantables trahisons, nous offre un monument mémorable de cette situation et de la terreur qu’elle inspirait[31].

Quoiqu’il soit déjà pourvu par l’autorité des canons qui précèdent, à ce que nos maîtres, au milieu de leurs violentes, des haines que la langue des méchants souffle dans leurs cœurs, et de ces guerres furieuses allumées par la convoitise, se gardent bien d’envelopper l’Eglise dans leurs coupables dissensions, en touchant, en profanant ses propriétés ; cependant si quelqu’un osait, sous quelque prétexte que ce fût, envahir, retenir, confisquer les propriétés de l’Eglise ou de l’évêque, c’est-à-dire celles qui appartiennent de notoriété publique à l’Eglise, ou que l’évêque a données aux ministres de l’Eglise, ou bien encore celles des abbés, des prêtres, des monastères ; nous décrétons irrévocablement qu’avec le secours du Christ, puisque nous n’avons point, d’autre glaive, tous les clercs se rangent en chœur pour lire le 108e psaume au meurtrier des pauvres, au ravisseur des biens dé l’Eglise, afin d’appeler sur sa tête la malédiction de l’avare Judas, qui, pour ramasser de l’argent, volait le pain des pauvres.

Voici la lettre qui fut adressée, à l’issue de ce synode, par les pères du concile aux fidèles de la province ecclésiastique de Tours[32] :

Très chers fils, ... la masse toujours croissante de nos péchés semble enfin devoir attirer sur nous les calamités les plus effroyables et les plus terribles catastrophes. C’est pourquoi, que ceux d’entre vous qui sont déjà engagés dans les liens des fiançailles, sans être encore retenus par celui du mariage, diffèrent pour le moment leur union, afin que la colère de Dieu se laisse fléchir par la chasteté de nos corps, la sincérité de nos cœurs et nos prières assidues. Nous vous recommandons aussi avec les plus vives instances de ne point négliger de donner à Dieu, à l’exemple d’Abraham, la dîme de tout ce que vous possédez, pour conserver le reste. Nous vous recommandons encore, nous vous recommandons de nouveau, de payer aussi la dîme de vos esclaves. Que si vous n’avez point d’esclaves, et que vous ayez ou deux ou trois fils, ayez soin de mettre dans la main de l’évêque un trémisse pour chacun d’eux.

Malgré le vague des expressions, il est facile de voir que tout cet appareil de précautions et de menaces était particulièrement dirigé contre Chilpéric, le plus terrible des princes francs. Grégoire de Tours, qui n’a pas eu un seul mot de blâme pour les assassinats de Clovis, appelle Chilpéric le Néron du VIe siècle. En effet, il détestait les clercs et se plaisait à mettre leur science à l’épreuve dans des discussions impies sur les points les plus importants et les plus délicats de la foi catholique. Il en voulait surtout à leurs richesses, et il avait coutume de dire[33] : Voilà que notre fisc est ruiné ! voilà que nos richesses sont passées aux églises ! Il n’y a d’autres rois désormais que les évêques. Aussi ne trouve-t-on que bien rarement son nom au bas des chartes de donations si fréquentes dans ces premiers âges de notre histoire. Mais en revanche nous le trouvons partout, ce nom détesté, dans les plaintes et dans les malédictions des Gaulois ruinés par ses exactions. Lé ciel parut s’armer enfin pour leur vengeance ; et Frédégonde, à force de malheurs, devint à son tour an objet de compassion et de pitié pour les autres. Cette femme homicide, qui avait fait périr un à un tous les enfants de Chilpéric par les mains de leur propre père, fut condamnée à voir périr aussi, malgré ses larmes et son désespoir, ceux qu’elle avait elle-même élevés pour les remplacer auprès de lui, et pour recueillir un jour ce triste et sanglant héritage. Déjà ses deux fils étaient morts sur ses genoux d’une maladie contagieuse qui ravageait alors toute la Gaule ; et Chlotaire, qui devait plus tard triompher de Brunehaut, et réunir pour la troisième fois la Gaule entière sous un seul sceptre, n’était pas encore né pour la consoler de leur mort. Ce fut alors que l’évêque Salvius montra à Grégoire de Tours l’ange exterminateur agitant le glaive de la colère de Dieu au-dessus du palais de Frédégonde[34]. Ce fut alors aussi que pour la première fois sans doute elle fit un retour sur elle-même, et que la douleur éveilla un premier remords. Il lui sembla que les pleurs et les gémissements de tant de malheureux avaient appelé la vengeance de Dieu sur sa tête et venaient en ‘quelque sorte étouffer ses petits enfants dans leur berceau. Egarée par son désespoir, rendue furieuse par ses blessures, elle remplissait le palais de ses rugissements. A la fin elle vint trouver Chilpéric : Voilà, s’écria-t-elle, que nous avons perdu tous nos fils ! Voilà que les larmes des pauvres, les lamentations des veuves, les soupirs des orphelins les tuent entre nos bras ! Nous accumulons des trésors sans savoir pour qui nous les accumulons ; et voilà que nos trésors restent sans héritiers, parce qu’ils sont pleins de rapines et de malédictions ! Et voilà que nous avons perdu quelque chose de bien plus beau que tous ces trésors ! Maintenant, si tu m’en crois, viens et jetons au feu ces coupables rôles chargés de nos injustices, et que notre fisc se contente à l’avenir de ce qui suffisait à ton père, le roi Chlotaire ! A ces mots, la reine, se frappant la poitrine avec les deux mains, ordonna d’apporter les rôles qui concernaient ses cités, et que Marcus le référendaire avait dressés. Elle les jeta au feu, et se tournant de nouveau vers le roi : Que tardes-tu, lui dit-elle ? Fais ce que tu m’as vue faire ; afin que si nous perdons nos enfants, nous échappions du moins aux peines éternelles. Alors le roi, le cœur contrit, jeta au feu tous les rôles de l’impôt, et après les avoir réduits en cendres, il envoya défendre d’en dresser de nouveaux à l’avenir[35].

Il ne faut pas croire pourtant que Chilpéric, en jetant au feu les rôles apportés par son référendaire, ait renoncé pour cela au système de gouvernement qu’il avait suivi jusqu’alors, et aboli tous les impôts dans son royaume, comme on pourrait le conclure des dernières paroles de Grégoire de Tours. Il y a dans la nature de l’homme une force cachée qui l’enchaîne quelquefois malgré lui à ses antécédents, et dans les institutions une vertu naturelle qui résiste à ces brusques changements. Un fait de cette conséquence peut, à la rigueur, être provoqué par un remords, mais ne devient possible que par une révolution. Aussi retrouvons-nous l’impôt un peu plus loin, et il est évident que Chilpéric n’a eu garde de le brûler ; il n’a renoncé qu’à la surcharge imposée depuis la mort de Chlothaire. Nous lisons de nouveau dans l’évêque de Tours[36] :

Le roi Chilpéric, ayant envahi les cités qui appartenaient à son frère, y institua de nouveaux comtes, et ordonna de lui apporter les tributs des villes.

Et plus bas[37] :

Ensuite le roi Chilpéric, qui avait déjà perdu plusieurs fils, en eut un autre. C’est pourquoi il ordonna d’ouvrir toutes les prisons, de relâcher tous les prisonniers, et défendit de rien exiger de ceux qui n’avaient pas encore satisfait à leurs obligations envers le fisc.

Enfin, nous lisons sous la date de 590[38] :

En Auvergne, le roi Childebert remit pieusement et généreusement la totalité du tribut aux églises, aux monastères, à tous les clercs qui appartenaient à l’ordre ecclésiastique, et enfin à tous ceux qui étaient consacrés au service des autels. Déjà plusieurs des exacteurs de ce tribut avaient été réduits à la misère, parce que le grand nombre d’années et de princes qui s’étaient succédé, et les partages multipliés des héritages en rendaient le recouvrement fort difficile. Mais le roi, par l’inspiration de Dieu, y apporta un tel remède, que l’arriéré ne tomba pas à la charge de l’exacteur, et que les serviteurs de l’Eglise ne furent détournés par aucun autre empêchement des devoirs de leur état.

La légende, du reste, parle ici comme l’histoire, et nous trouvons dans la Vie des saints la confirmation des récits de Grégoire de Tours[39].

Il arriva un jour que les rois voulurent imposer des tributs et des tailles à leurs peuples, et ils en firent dresser les rôles. La mesure fut appliquée avec la dernière rigueur à toutes les villes des Gaules. Alors l’homme de Dieu, touché de compassion, se rendit en toute hâte auprès du roi, pour le supplier en faveur de ses concitoyens, que l’édit royal venait de frapper d’un impôt considérable.

Un autre jour, l’homme de Dieu se rendit encore secrètement auprès du roi pour le même motif, et sans se faire annoncer. Lorsqu’il fut arrivé à Brissac (Braine), où le prince faisait sa résidence, le roi ayant appris son arrivée, donna l’ordre de l’introduire dans son appartement, espérant qu’il obtiendrait quelque secours auprès de Dieu par les prières de son serviteur. Le saint homme reprocha au roi son avarice ; et alors le roi livrant entre ses mains, par respect pour lui et dans l’intérêt de sa propre conservation, les rôles où le peuple était frappé de si cruels impôts, il lui enjoignit de les livrer aux flammes. Alors Aridius, prenant les rôles, ordonna de préparer un grand feu. Cela fait, il les brûla en présence du peuple assemblé.

Ainsi la Gaule mérovingienne ne peut réussir à secouer ce joug accablant du tribut que Rome mourante semble lui avoir légué comme un dernier fléau ; et elle peut dire encore, comme au temps de Sidoine Apollinaire, qu’elle porte sous ses nouveaux maîtres l’ombre du vieil Empire qui lui ravit sa liberté[40]. Toutes ses révoltes n’aboutirent qu’à rendre le pouvoir plus exigeant et la soumission plus pénible ; et si parfois elle obtint quelque adoucissement à son sort, elle le dut moins à la crainte qu’elle inspirait, qu’aux remords ou aux caprices de ses maîtres. Et pourtant, de quelque manière que l’on juge le gouvernement des Mérovingiens, il faut reconnaître qu’il était bien moins oppressif que celui qu’il avait remplacé. Les injustices étaient sans nombre et-la souffrance horrible ; mais les violences capricieuses et irrégulières des Barbares étaient bien moins meurtrières que l’infatigable et savante oppression des Romains. Cette solidarité monstrueuse, qui liait autrefois les décurions à tous leurs concitoyens, et par eux, à tous les hasards comme à tous les malheurs de l’Empire, avait du moins cessé, et chacun n’avait que sa part des misères publiques. Les attributions de la curie étaient purement civiles, et le comte, qui gouvernait la cité au nom du prince, avait du moins pris la place dangereuse qu’elle occupait elle-même autrefois vis-à-vis du fisc. Ainsi le lien qui l’avait attachée si étroitement à la fortune de Rome avait été heureusement brisé par les Barbares. Mais ce régime, quelque mitigé qu’il nous paraisse, est encore trop violent pour la faible constitution de ces peuples enfants. Le fardeau de l’Empire est trop lourd à porter ; il écrasera les imprudents Mérovingiens, comme il a écrasé les empereurs ; et ce ne sera qu’après une dernière chute du système romain que la société barbare pourra recevoir enfin une organisation forte et durable. La politique des princes de cette première dynastie à l’égard des Francs, leurs compagnons, prépara cette mémorable révolution et servira à l’expliquer.

 

 

 



[1] Tacite, Germania, 16. — Ammien Marcellin, XVI.

[2] Procope, de Bell. Gothic., I. — Et alias passim.

[3] Greg. Turon, II, 36. — Les habitants d’Angoulême montent eux-mêmes à l’assaut de la forteresse occupée et défendue par les Goths, et la livrent à Clovis (Id. ibid., ad ann. 508.)

[4] Procope, de Bell. Vand., passim.

[5] Voir en particulier Cassiodore, Variar., I, 24. — Et l’important travail de M. Naudet sur l’administration de Théodoric.

[6] Tacite, Germania, 15.

[7] Ammien Marcellin oppose les armati et les plebeii (Ammien Marcellin, XXIX, 5.)

[8] Greg. Turon, VII, 29. — Id., III, 13. — Id., IX, 36. — Id., VIII, 31. — Nous voyons encore des Francs établis à Metz (Greg. Turon, VIII, 21), à Tournai (Id., X, 27), à Bessons (Id., IX) 36), à Tours (Id., VII, 47).

[9] Greg. Turon, VI, 22.

[10] Greg. Turon, Histor., IV, 17, 18. — Id., V, 1. — Id., IV, 51. — Fortunat., Carmin., VII. — Frédégaire, Chronic., 87. — Vit. S. Leodegarii, XI. — Greg. Turon, Hist., VIII, 30. — Lorsque Childebert envoya une armée en Italie pour combattre les Lombards, il en confia le commandement à vingt ducs (Greg. Turon, X, 4). — V. Indicem onomasticum, ad calcem, t. II, D. Bouquet.

[11] Greg. Turon, Histor., VIII, 26.

[12] Vit. S. Judoci, ap. D. Bouquet, t. III, p. 500. — Greg. Turon, IV, 17.

[13] V. Indicem onornasticum, ad calcem, t. II, D. Bouquet.

[14] C’est l’opinion de Tillemont, Mémoires, t. XVI, p. 206.

[15] Greg. Turon, Histor., VII, 29. — Vit. S. Dalmatii, Ruthen. episcop., ap. D. Bouquet, t. III, p. 420. — Anonym., de vit. Ludovic. Pil, c. 58.

[16] Zozime, Histor., I.

[17] Marculf, Formul., I, 8.

[18] Greg. Turon, Histor., V, 35, et alias passim.

[19] Greg. Turon, Histor., V, 29, et alias passim.

[20] Decretio Chlotharii regis, ad ann. 561, ap. Baluz, t. I. V. Sirmond., Concil. Gallic., passim.

[21] Greg. Turon, Histor., VII, 23.

[22] Tel était, par exemple, ce vice-comes aurelianensis dont il est question dans la vie de saint Maximien, abbé de Micy, § 27. — Le vicaire et le vicomte avaient sans doute les mêmes attributions. — Greg. Turon, Histor., X, 5.

[23] Walafrid. Strab., de Reb. eccles., cap. ultim.

[24] NOTA. Ce serait ici le lieu de parler de la permanence des curies romaines sous l’administration des Mérovingiens, et du rôle qui leur fut départi dans le nouveau gouvernement. Mais cette question, si nettement posée et déjà à moitié résolue par notre Cazeneuve (du franc alleu en Languedoc, 1641), a été reprise de nos jours avec une grande supériorité d’érudition et de critique d’un côté, par M. Raynouard (Histoire du Droit municipal), d’un autre, par M. Savigny (Histoire du Droit romain pendant le Moyen-âge) ; et plus récemment encore par M. F. Laferrière, dans sa belle Histoire du Droit français.

[25] Greg. Turon, Histor., V.

[26] Voir plus bas l’histoire de l’impôt dans ses rapports avec les Francs.

[27] Greg. Turon, Histor., V, passim.

[28] Greg. Turon, Histor., V, In prolog.

[29] Greg. Turon, V, 27.

[30] V. supra, l. II, ch. 1.

[31] Concil. ecclés. gallic., ap. Sirmond., I. p. 341. — Concil. Turon., II, ad ann. 567.

[32] Apud Sirmond., Concil. gall., I, p. 343.

[33] Greg. Turon, VI, 46.

[34] Greg. Turon, V, 50.

[35] Greg. Turon, V, 50.

[36] Greg. Turon, VI, 22.

[37] Greg. Turon, VI, 23.

[38] Greg. Turon, X, 7.

[39] Ex vit. S. Aridii (S. Irier ) Lemovicensis abattis (ap., Gregor. Turon.).

[40] Sidon. Apollinaire, in Paneg. Avit. August., V, 538.