HISTOIRE DE L'EMPEREUR NAPOLÉON Ier

 

PAR AMÉDÉE GABOURD

TOURS - MAME ET Cie - 1857.

 

 

PRÉFACE.

CHAPITRE I. — Premières années. - Brienne. - Toulon. - Journée du 13 vendémiaire.

CHAPITRE II — Campagnes d'Italie et d'Égypte. - Guerre de Syrie.

CHAPITRE III. — Consulat.

CHAPITRE IV. — Avènement à l'empire. - Sacre. - Campagnes d'Autriche, de Prusse et de Pologne. - Paix de Tilsitt.

CHAPITRE V. — Affaires religieuses. - Guerres d'Espagne et d'Autriche.

CHAPITRE VI. — Napoléon législateur. - Grandeurs de la paix.

CHAPITRE VII. — Napoléon et sa cour. - Mouvement intellectuel et littéraire.

CHAPITRE VIII. — Mil huit cent douze.

CHAPITRE IX. — Mil huit cent treize.

CHAPITRE X. — Mil huit cent quatorze.

CHAPITRE XI. — Les cent jours.

CHAPITRE XII. — Sainte-Hélène.

CONCLUSION. — Napoléon II. - Retour des cendres.

 

PRÉFACE

 

C'est en quelque sorte un livre nouveau que nous donnons au public, car notre ouvrage a été entièrement modifié et soumis à une révision attentive. Nous n'avons point fait aux circonstances le sacrifice des droits de l'histoire, de pareilles concessions n'entrent pas dans nos habitudes ; mais il ne nous coûte guère d'avouer que depuis douze ans, c'est-à-dire depuis le jour où nous publiâmes pour première fois la vie de Napoléon, les grands événements qui se sont produits dans le monde nous ont éclairé sur la portée, le caractère, les actes et la mission du fondateur de la quatrième dynastie. Nous ne sommes pas de ceux qui s'opiniâtrent dans une idée, et ne tiennent compte des faits que lorsqu'ils s'accommodent avec leur système. Et comment aurions-nous vu l'incompréhensible orage du 24 février jeter à bas et renvoyer en exil un roi dont la fortune semblait assise sur les plus solides bases ? Obscurément mêlé à cette histoire, il nous a été donné d'assister à l'inauguration de la seconde république, à la guerre civile, aux crises formidables qui se sont succédé en quatre ans ; et comment aurions-nous pu être témoin de ces choses inattendues sans essayer de comprendre et sans entrevoir le doigt de Dieu qui écrivait notre avenir ?

D'autres retraceront ces phases politiques que notre patrie a traversées : pour nous, si nous les rappelons, c'est pour reconnaître qu'elles ont contribué à nous éclairer sur le rôle historique de Napoléon Ier, sur ce qu'il y avait de mystérieux et de vague dans sa mission. Nous avions cru, comme tant d'autres, qu'il avait été suscité pour une œuvre de réparation sociale, mais de transition, et que son nom à jamais illustre ne surgirait plus que dans les livres comme un problème et un sujet de méditation livrés aux hommes d'État et aux philosophes. Et voilà que par la permission de Dieu, qui fait et défait les rois, et de qui relèvent les empires, ce nom a reparu sur la scène du monde, et a présidé une fois encore au salut de la France et à la restauration de la société européenne. Il ne s'est plus présenté aux rois étrangers comme une menace, mais comme un appui ; il est devenu un gage de gloire et une promesse de paix ; l'Église l'a béni de nouveau, et ne lui a fait acheter par aucun sacrifice et par aucune douleur les services qu'il a rendus à sa cause. Nous serions ingrats d'oublier de pareils bienfaits, aveugles de les méconnaître.

Napoléon Ier, comme Napoléon III, a été le représentant, le symbole réel du peuple français. Ce peuple a identifié en lui sa gloire, ses institutions, ses intérêts : il a été victorieux avec lui, vaincu avec lui, et on a toujours senti que leur cause était commune.

C'est à cette étrange solidarité entre l'empereur et le peuple qu'on distingue entre toutes la mission réelle de Napoléon, et que cet homme apparaît réellement aux yeux du monde comme l'élu et l'adopté de la France. La France s'est associée à ses triomphes et à ses fautes, et quand Dieu, qui consacre toutes les dynasties par le malheur, a permis que l'exil de Sainte-Hélène fût comme l'expiation d'une fortune démesurée et sans exemple, le cœur de la France était avec le captif, et le peuple souffrait douloureusement dans ses sympathies.

Les réflexions qui précèdent sont le fruit de l'expérience, et elles expliqueront le nouveau point de vue auquel s'est placé l'auteur de ce livre, alors que, sans méconnaître l'autorité imprescriptible de la vérité et de la justice, il a cru devoir modifier son livre, et le mettre mieux en harmonie avec le sentiment national.

 

A. G.

Paris, 1855.