PRISONS D’AUTREFOIS

 

CHAPITRE XIII. — LE FOR-L'ÉVÊQUE.

 

 

Comme la Bastille, Vincennes et Saint-Lazare, le For-l'Évêque constituait une prison dont le séjour ne devait laisser aucune trace dans la vie de celui qui y avait été enfermé, par égard pour l'honneur des familles.

Ce fut en 1674 que, le siège de la juridiction épiscopale de Paris étant supprimé, les bâtiments en furent transformés en prison, tout en conservant le nom de leur précédente destination : le For-l'Évêque, Forum episcopi, le tribunal de l'Evêque. Ces bâtiments s'élevaient rue Saint-Germain-l'Auxerrois, avec façade sur le quai de la Mégisserie, autrement dit quai de la Poulaillerie ou quai de la Ferraille, mais surtout Vallée de misère. Dès le temps de sa juridiction, l'autorité épiscopale y avait installé une prison dont les cellules portaient des noms pittoresques : le cachot de la souris, celui du lièvre ; une pièce réservée à la détention des femmes était dénommée les rats.

Les bâtiments en étaient de petites dimensions, l'ensemble n'en couvrant que 35 mètres sur 9. La cour intérieure, où les prisonniers de la liberté se tenaient le long du jour, mesurait à peine dix mètres sur trois : un couloir plutôt qu'une cour. C'était là que les prisonniers de la liberté se tenaient du matin au soir, entassés les uns sur les autres ; encore favorisés sur les prisonniers renfermés, qui étaient gardés sous clé.

Les cellules où les détenus étaient placés offraient de grandes différences entre elles. Les chambres de la pistole étaient celles où ils étaient réunis à plusieurs, de même que les chambres à la paille, mais dans celles-ci les reclus, pêle-mêle, n'avaient que des bottes de paille pour se coucher. Les cachots étaient réservés aux prisonniers insubordonnés et à ceux qui avaient été condamnés pour délits criminels. Ils se divisaient en cachots clairs et cachots noirs, ces derniers vraiment affreux ; quelques-uns creusés en sous-sol. Dans les uns comme dans les autres, le jour ne pénétrait que par un trou à ne pouvoir y passer le poing, écrit le concierge Dinant du Verger en 1768. Mais il était interdit d'y enchaîner qui que ce fat, à moins d'arrêt spécial du tribunal. Un magistrat, après inspection du For-l'Évêque, écrit en 1776 : Les cellules destinées aux malheureux qui n'ont aucune faculté — moyen de payer la location d'une chambre particulière — sont plutôt des trous que des logements ; celles qui sont sous les marches de l'escalier ont six pieds carrés. On y place cinq prisonniers. Les autres, où l'on peut à peine se tenir debout, ne reçoivent de jour que celui de la cour. L'odeur en est infecte. Ils font horreur. Appréciation dont il convient assurément de tenir compte, mais dont il faut encore mesurer l'exagération. Comment, en un espace qui ne donnait pas un mètre sur deux, était-il possible de caser cinq hommes, à moins de les étendre l'un sur l'autre tout au long comme sardines en leurs petites boites de fer-blanc ?

Le Parlement lui-même avait haute main sur l'administration de la geôle. Le Premier président, le procureur général et l'un des conseillers spécialement nommé par ses confrères commissaire de la prison, en formaient comme qui dirait le conseil d'administration. Les plaintes formulées par les détenus étaient déférées au Parlement. Les prisonniers d'ordre du roi eux-mêmes, c'est-à-dire incarcérés par lettre de cachet, comparaissaient devant les commissaires parlementaires : deux fois au moins par an. Ceux-ci transmettaient leurs griefs, s'ils en avaient à formuler, au ministre de Paris, c'est-à-dire à celui des secrétaires d'Etat qui avait Paris dans son département.

Le concierge, autrement dit le gouverneur de la prison, était lui-même nommé par le Parlement. Jusqu'en 1724, ses fonctions avaient constitué un office, que les fermiers généraux affermaient au plus offrant et dont le titulaire était considéré comme propriétaire de sa charge. Une déclaration royale du 11 juin 1724 transforma l'office en commission, le choix du titulaire devant être fait, comme nous venons de le dire, par le Parlement :

Nous avons été informé, disait Louis XV, que les baux des prisons, dont le produit fait partie de la ferme de nos domaines, donnaient souvent lieu aux exactions des geôliers, qui croyaient pouvoir se dédommager du prix de la ferme en faisant payer aux prisonniers des droits au delà de ceux qui leur sont permis par les ordonnances... Ces abus nous ont paru d'autant plus importants que le pouvoir des geôliers sur ceux qui sont détenus dans leurs maisons ne permet pas souvent d'avoir des preuves de leurs prévarications et, ne pouvant, pour cette raison, être dépossédés de leurs baux, les règlements pour la police des prisons étaient souvent sans exécution ; c'est ce qui nous a déterminé à décharger les geôliers de payer aucune chose pour le loyer ou ferme des prisons, afin qu'il n'y ait à l'avenir aucun obstacle qui puisse arrêter nos ordonnances par rapport à un objet si important que l'ordre public. Mais en fait, le concierge du For-l'Évêque continua de se considérer propriétaire d'une charge qu'il gérait comme un bien privé, l'exploitant au mieux de ses intérêts, tout en s'efforçant de ne pas enfreindre d'une manière trop accusée les règlements et usages qui lui étaient imposés.

Au XVIIe siècle, un concierge du For-l'Évêque, nommé Fradet, aurait cyniquement abusé de son office et exploité ses hôtes de la manière la plus révoltante. Un ancien détenu en rima une satire en vers et qui, ma foi ! ne sont pas mal tournés :

Sur mille infortunés ce tyran des guichets

Exerçait de ses mains les avides crochets,

Ses ongles acérés, dans les plus creuses bourses,

Savaient de l'or caché percer jusqu'à la source

Et jamais un oiseau dans sa cage enfermé

Ne sortit qu'il ne l'eût jusqu'aux os déplumé.

Pour le concierge du For-l'Évêque, comme pour celui d'autres maisons de détention dont il est question plus haut, chacun des prisonniers était un hôte qui lui devait redevances de nourriture et de logement. Les bénéfices qu'il en tirait formaient son traitement.

Notre poète poursuit :

Porte, porte tes yeux jusqu'au fond de ce gouffre,

Des ténébreux guichets perce l'épaisse nuit.

Là, tant que son argent ne l'a point relâchée

Tout un jour on tient Lise à la morgue arrêtée[1],

Et Lubin sans teston n'est enfin mis dehors

Qu'après qu'il a mis bas culotte et justaucorps[2].

N'entends-tu pas les cris de ce maître de forge[3]

Qu'entre les deux guichets ce loup tient à la gorge,

Jusqu'à ce que, timide, il ait pu lui compter

Les louis qu'à minuit on lui fait emprunter

Vois ce gros maltôtier[4] qui sa bourse dénoue

il va, deniers comptants, se sauver de l'écroue,

Mais, quoiqu'il entre, paie et sorte en même temps,

Sans gîte payer gîte et, pour qu'on l'expédie,

Tripler trois Fois les droits d'entrée et de sortie

Mais en vain je voudrais vol à vol raconter

Ce que, contre nos droits, Fradet[5] ose attenter.

 

Des comptes précis nous amènent à constater que la place de concierge du For-l'Évêque produisit en 1773, à son titulaire, un bénéfice de 12.500 livres en chiffre rond, 13.000 en 1774 et de ces sommes, il faut encore déduire quelques frais généraux. On constate ici encore les exagérations de John Howard en son célèbre État des prisons, portant à 29.000 livres les bénéfices annuels d'un concierge du For-l'Évêque.

Le concierge était assisté d'un greffier dont la charge était également un office. Leurs émoluments avaient été ordonnés de façon qu'un greffier eût intérêt à ce qu'un détenu fût mis dehors le plus tôt possible — étant donné que ses profits consistaient dans le paiement des droits d'entrée et de sortie payables à la mise en liberté — tandis que le concierge avait intérêt à conserver son hôte vu les droits de Bite et la pension qu'il en tirait.

L'administration du For-l'Evêque était d'ailleurs d'une grande simplicité : une manière d'hôtel meublé dont les fonctionnaires et serviteurs — à l'exception du greffier et de l'aumônier — étaient rétribués sur les deniers privés du concierge. Celui-ci cherchait à réduire les frais ; aussi les prisonniers ne voyaient-ils guère que de vieilles servantes qui ne recevaient que des gages peu élevés. L'un des détenus se montrait-il turbulent ou récalcitrant, le directeur de l'établissement n'avait d'autre ressource que de le faire transférer dans les prisons du Châtelet ou à Bicêtre. La garde de nuit était confiée à de gros chiens.

A l'instar du roi, le tribunal des maréchaux de France avait pouvoir de délivrer des lettres de cachet. Il s'agissait généralement d'accommoder des affaires d'honneur.

La différence entre les prisonniers par lettre de cachet et les prisonniers dits recommandés était grande : ces derniers étaient recommandés parce qu'ils étaient incarcérés — recommandés — en vertu de décrets émanant du Parlement ou du présidial du Châtelet. Les lettres de cachet se rendaient en prison librement, de leur gré, par respect et obéissance, dit le concierge Perrotte ; les recommandés y étaient menés par des soldats de la maréchaussée ou des agents de police. Les noms des premiers n'étaient même pas inscrits sur les livres d'écrou ; les seconds demeuraient sous la juridiction de la justice réglée.

Les prisonniers par lettre de cachet devaient être traités avec considération ; mais à cette faveur, un revers. Tandis qu'un prisonnier recommandé obtenant un décret de mise en liberté, devait être élargi immédiatement, quelle que fût la somme dont il pouvait être redevable à l'administration de la prison, concierge et greffier étaient autorisés à retenir leurs hôtes de distinction jusqu'à paiement de leur dette, précisément parce qu'ils étaient réputés gens de condition.

Au point de vue de la nourriture, les reclus se répartissaient en trois classes :

Ceux qui faisaient venir leur repas du dehors — quelques-uns d'entre eux tenaient au For-l'Evêque table princière.

Les prisonniers de la pension, nourris sur la table du concierge ; la pension était de 3 livres par jour — 45 ou 50 francs d'aujourd'hui — à ce prix, ils étaient nourris d'une manière plus que convenable.

Enfin, les prisonniers de la paille, dont chacun devait au concierge une redevance d'un sol par jour, moyennant quoi celui-ci devait leur fournir quotidiennement un pain de bonne qualité pesant une livre et demie.

Et comme dans les autres prisons, les aumônes jouaient un rôle important ; le For-l'Évêque était même la prison de Paris qui en recevait le plus. A la façade du bâtiment, sur la vallée de Misère, était fixée une boite où les personnes charitables versaient leur obole à l'intention des prisonniers pauvres. Ladite boite était pourvue d'une triple serrure dont trois prisonniers, de cachots divers, élus par leurs compagnons, avaient chacun une clé. L'argent était réparti entre les détenus après prélèvement d'une petite somme pour des cierges brûlés devant l'image de la Vierge dans la chapelle.

Le charbon destiné aux reclus était conservé dans une cave où seuls les prisonniers de la paille — les prisonniers pauvres — avaient accès. Nul fonctionnaire de la geôle n'était autorisé à y pénétrer, circonstance dont Armand Presle — dont il a été question plus haut[6] — avec trois de ses compagnons, profitèrent pour percer tranquillement le mur de communication avec la maison voisine et s'évader.

Et les visites des dames de charité, qui donnèrent lieu encore à une charmante évasion qui fit grand bruit quand elle se produisit (1780). Il s'agit d'un prisonnier qui avait été enfermé pour une dette de 4.000 livres. Il avait une jeune amie qui se résignait mal à la séparation. Après avoir loué un carrosse, emprunté un laquais, elle se présente à la prison

Une queue à sa robe

Une montre au côté

en dame de charité.

On se lève, on salue

Tout lui fait compliment.

Elle se fait conduire à la chambre où couchait son ami :

Elle sait si bien faire

Qu'on ne devina point

Qu'en un coin solitaire

On changeait de pourpoint.

Si bien que la belle, à la barbe des geôliers, emmène son ami sous la livrée de son domestique. Il monte au derrière du carrosse :

Allons, fouette cocher !

Les petits vers sont empruntés à un Chant malin qui fut inspiré par les circonstances.

Le concierge Perrotte notait (1774) :

Cette prison ne porte aucun tort et n'exclut par la suite d'aucune charge, ajoutant que le For-l'Evêque était avant tout une prison militaire ; mais elle était particulièrement réservée aux gens de théâtre, auteurs dramatiques, comédiens et à la jeunesse turbulente qui ne cessait de troubler les représentations de la Comédie-Française ; aussi a-t-on pu dénommer le For-l'Évêque : la Bastille des comédiens.

Avec Beaumarchais, dont nous allons parler, le marquis de Montespan est le plus célèbre des prisonniers que renferma le For-l'Évêque. Le grand roi lui avait pris sa femme et, chose extraordinaire, disent les contemporains, Montespan n'en était pas enchanté. Molière eut beau consacrer son génie à sa conversion :

Un partage avec Jupiter

N'a rien du tout qui déshonore...

Montespan demeurait hérétique et réclamait sa femme. L'été à Saint-Germain, écrit Mme de Montpensier, M. de Montespan, qui n'était pas trop bien avec sa femme, — c'est un homme fort extravagant et d'une conduite extraordinaire, mais qui a bien de l'esprit — se déchaîna fort sur le bruit de l'amitié du roi pour elle, allant en parlant à tout le monde... Allant à Saint-Germain, il faisait de ces prônes et Mme de Montespan en était au désespoir. Une lettre de cachet écroua au For-l'Évêque ce mari qui, en un siècle de bon ton, parlait et se conduisait sur un ton déplorable. L'écrou fut levé le 4 octobre 1668 avec, pour le prisonnier, un exil en Guyenne. La raison que Louis XIV donnait de ces mesures de rigueur était qu'il avait été mal satisfait de la conduite du sieur marquis de Montespan. Il est regrettable que le roi-soleil n'ait pas voulu, en cette circonstance, faire de l'humour — il eût été d'une qualité incomparable — mais il parlait sérieusement.

La vie des détenus au For-l'Évêque nous offre le spectacle incohérent que présentent la plupart des prisons de France sous l'ancien régime. Un nommé Chevallier, incarcéré pour fabrication de faux billets de loterie, continue dans la prison même la fabrication de ses billets. Un certain Lorot les y vient chercher pour les mettre en circulation dans Paris. Dans sa chambre même, Chevallier a ses planches, une presse, des burins. Il s'y trouve tout à son aise et ses camarades de captivité viennent assister à son travail, qu'ils trouvent très curieux. Saint-Louis dit La Planche est enfermé au For-l'Évêque le 30 septembre 1724 parce qu'il faisait le métier d'entremetteur, procurant, moyennant finance, des demoiselles de bon vouloir à ceux qui désiraient en faire un bon, nous voulons dire un mauvais usage. Qu'un pareil personnage ait été mis au For-l'Évêque, nul n'en sera surpris ; mais se gardera-t-on d'étonnement en lisant une lettre du commissaire Doucet demandant que Saint-Louis soit transféré à Bicêtre, attendu qu'il continue son infâme métier dans la prison même. Et au profit de qui ? Ne cherchez pas : au profit des prisonniers, bien que des règlements formels interdisent l'accès des femmes auprès des détenus à moins qu'elles ne soient leurs épouses légitimes. Le lieutenant de police écrit au ministre, le comte de Maurepas, pour le prier de signer un ordre pour transférer Saint-Louis à Bicêtre, ainsi qu'un nommé Maurice Allain, son associé en ce répréhensible Commerce.

Brunek de Fraudenk travaillait à Paris pour être admis dans le corps du génie ; mais le père estimait que la ville était pleine de dissipation peu propre à favoriser de bonnes études et il fit mettre son fils au For-l'Évêque où il sera soumis à un régime frugal : pain, soupe et eau claire, mais où des maîtres de choix, Beauchamp et Thuillier pour les mathématiques, le célèbre Gravelot pour le dessin, viendront le mettre à même de passer ses examens.

Au For-l'Évêque, quelques prisonniers vivent en famille, la mère avec la fille, le mari avec la femme. On y assistait à des scènes de ménage. Marie-Anne Dulu, épouse Sellier, y est avec son mari, mais celui-ci la rend noire de coups. Elle supplie le lieutenant de police de la transférer dans une autre prison ; mais voici qu'au Châtelet, elle s'ennuie de ne plus être avec son époux. Elle supplie le lieutenant de police de le lui rendre et, dès le 5 avril, elle est ramenée au For-l'Évêque, où son mari lui pouvait du moins rompre la monotonie de sa détention en lui administrant des raclées.

Pour parer aux conséquences violentes que n'aurait pas manqué d'entraîner le démêlé de Beaumarchais avec le duc de Chaulnes, le tribunal des maréchaux de France envoya l'auteur dramatique au For-l'Évêque et le noble duc au donjon de Vincennes. A ce moment se déroulait le fameux procès du père de Figaro contre le comte de La Blache. Accompagné d'un officier de police, le brillant écrivain sortait régulièrement du For-l'Évêque pour aller rendre visite au juge Goëzman, rapporteur de son affaire, et plus souvent encore à Mme Goëzman. Il serait impossible de se soutenir honnêtement avec ce qu'on nous donne, disait cette dernière, mais nous avons l'art de plumer la poule sans la faire crier. Et Beaumarchais, détenu dans une prison dont le Parlement avait la direction, s'en allait, soigneusement accompagné d'un officier de police, corrompre le juge, siégeant au Parlement, qui devait rapporter dans son affaire. Mme Goëzman prêtait une oreille attentive aux propos de l'écrivain, particulièrement à ses arguments sonnants et trébuchants ; propos et arguments auxquels Goëzman, par tendresse pour sa femme, ne faisait pas moins bon accueil ; cependant que l'officier de police attendait gravement à la porte. Beaumarchais n'en perdit pas moins son procès ; il prétendit qu'on lui rendit son argent — on ne lui avait pas livré la marchandise promise — et le réclama avec le tapage que l'on sait.

 

Quant aux mises en liberté, Parlement et lieutenant de police se préoccupaient beaucoup plus de la situation du prisonnier, de sa famille, de ses répondants, de l'état de ses affaires, que de punir les fautes qu'il avait pu commettre. Un prisonnier s'est rendu coupable d'un délit assez grave, mais voici que se présente pour lui une situation avantageuse où, peut-on croire, il se conduirait en honnête homme. Et l'on n'hésite pas à lui ouvrir les portes de sa geôle, tandis qu'un compagnon, moins coupable, est maintenu en captivité, parce que, se trouvant sans ressources, il ne manquera pas de reprendre une existence misérablement vagabonde. Simon Boucly, facteur des postes, a été conduit au For-l'Évêque pour avoir retenu 60 livres sur des lettres chargées qui lui étaient confiées ; délit assez grave, mais il est rendu libre après une courte détention parce que sa femme va accoucher.

 

 

 



[1] Nous avons vu que la morgue était une petite pièce où les prisonniers étaient examinés à leur entrée et à leur sortie. Nous avons vu également qu'il était interdit au geôlier de les y garder plus de deux heures ; mais Fradet les y détenait des journées entières jusqu'à ce qu'ils eussent acquitté leurs droits d'entrée, de sortie et de gîte.

[2] Fradet dépouillait les gens qui n'avaient pas de quoi payer.

[3] Il s'agit d'un nommé Senicourt qui, arrêté à minuit, aurait été tenu à la morgue jusqu'à ce qu'il eût versé quatre louis d'or qu'il se vit contraint d'emprunter.

[4] Un nommé de Gressières, qui dut verser 12 écus pour une détention d'une heure.

[5] Un certain Armand Presle, chargé de plus de 500.000 livres de dettes, s'étant évadé du For-l'Évêque, François Fradet, qui succéda à son père dans sa charge comme dans sa fortune, en fut rendu civilement responsable bien que le père eût été acquitté de l'accusation de complicité dans l'évasion.

[6] Voyez ci-dessus notes au pamphlet de la Fradine.