LES GUERRES DE LA RÉVOLUTION

HONDSCHOOTE

 

CHAPITRE V. — BERGUES.

 

 

I. Plan d'invasion de la Flandre maritime. — Marche des Anglais. Combat de Linselles (18 août). — Le corps d'observation de Freytag- Ses succès. — Prise d'Oost-Cappel et de Rexpoëde (21 août). — Sommation de Wallmoden et réponse de Carrion (12 août). — Prise d'Esquelbecq et de Wormhoudt. — Investissement de Bergues. — Quartiers du corps d'observation. — II. Mesures de Houchard. — Barthel remplacé par Jourdan. — Jourdan à Cassel. — Conseil de guerre. — Jourdan à Dunkerque. — Il est rappelé. — Situation défavorable de Freytag et de York.

 

I. Houchard avait, pris, dès son arrivée, quelques mesures de défense. Il envoyait le général Romanet[1] avec un détachement de 3.000 hommes — 9 bataillons d'infanterie et 300 dragons — à Mons-en-Pévèle, entre Pont-à-Marcq et Douai, en lui prescrivant de fortifier cette position. Il confiait à Jourdan une division mobile de 7.000 hommes et le chargeait de surveiller l'ennemi de Douai à Lille. Mais il sentait qu'il fallait faire autre chose, tenter un grand effort, donner au Comité de salut public une preuve de son activité. Le 13 août, il eut, en présence de Gay-Vernon, un entretien avec Carnot. Ce dernier croyait qu'il était possible de conquérir la Flandre maritime et d'opérer sur ce point une diversion efficace, intéressante. C'était son plan favori, son idée fixe, et les mots marcher sur Ostende revenaient comme un refrain dans sa correspondance. Malgré la honteuse expédition de Furnes, Carnot répétait que c'était bêtise de ne pas envahir un pays où les ennemis n'avaient personne et où les Français auraient en abondance les denrées de première nécessité qui leur manquaient. Ses mesures et celles de Houchard se trouvèrent parfaitement semblables. Barthel eut ordre de se rendre secrètement au camp de la Madeleine pour concerter cette entreprise avec Béru, Dupont et Jourdan[2].

On convint que Jourdan partirait de Lille avec 10.000 hommes, les 3.000 de Romanet et les 7.000 qu'il commandait, et se joindrait à Béru et à Dupont pour attaquer les Hollandais à Menin et les rejeter en Belgique, sans toutefois s'enfoncer dans le pays. L'intelligence et la bravoure de Jourdan, disait Houchard, sont connues, et il servira sûrement la République avec le même zèle qu'il a montré dans le cours de la guerre. Pendant ce temps, Barthel agirait entre la rive gauche de la Lys et la mer ; il tirerait des places les meilleurs bataillons ; il rassemblerait 12.000 hommes en répandant le bruit qu'il les menait à Arras pour couvrir Paris ; puis il entrerait dans la Flandre maritime, à Furnes, à Nieuport, à Ostende, dont il brûlerait le port ; il aurait soin de mettre à la tête de ses colonnes un officier du génie qui connaîtrait la région, les postes retranchés qu'elle renfermait et les moyens de les emporter sans effusion de sang ; on tournerait l'adversaire et le prendrait à revers pour essuyer aussi peu de pertes que possible, et, après avoir ramassé, raflé tout ce qu'on pourrait, on se replierait sur la frontière[3].

Cette expédition. assurait Houchard, se réduirait à un coup de main. Contre son attente, le coup de main allait devenir une véritable expédition. Le 15 août, Colaud lui écrivait qu'au dire des paysans d'Abscon, les habits rouges levaient leur camp de Denain et marchaient sur Dunkerque. Deux jours plus tard, Houchard mandait au ministre que les Anglais se dirigeaient en grandes forces vers Ypres et Tournay, qu'ils voulaient sans doute assiéger Dunkerque et, pour s'en saisir, combiner les attaques par mer et par terre, qu'il était naturel que l'idée leur vînt de s'emparer d'une ville qui n'était qu'un camp retranché, que la Flandre maritime serait dorénavant le théâtre de la guerre[4].

L'armée du duc d'York s'acheminait, en effet, vers Dunkerque sur deux colonnes, par Baisieux, Tourcoing et Menin. Mais elle prenait ses aises et défilait avec une incroyable lenteur ; elle mit neuf jours pour faire 14 lieues !

Il est vrai qu'un combat, le combat de Linselles, retarda ses mouvements. Le 18, soit pour couvrir la manœuvre des Anglais[5], soit parce que leur voisinage l'enhardissait et lui donnait confiance, le prince héréditaire d'Orange attaquait les villages de Blaton et de Linselles avec 9 bataillons et 17 escadrons. L'opération était imprudente et il ne devait en tirer aucun avantage. Il disposait de forces peu considérables ; il n'avait d'autre mission que d'observer Lille et de réprimer des tentatives d'invasion ; enfin il était certain que les Français ne manqueraient pas de revenir à la charge. Ce fut ce qui arriva. Après avoir emporté Linselles et Blaton, les Hollandais marchèrent vers Wambrechies. Jourdan accourut avec Béru et toutes les troupes du camp de la Madeleine, A quatre heures du soir, il pénétrait dans Linselles, enlevait dix canons, infligeait aux Hollandais les pertes les plus sérieuses. Sur les 1.000 hommes des bataillons de Nassau et de Waldeck qui défendaient Linselles, 850 étaient tués, blessés ou prisonniers. Mais les républicains avaient, comme dit Béru, une soif déplorable de pillage ; ils quittèrent leurs rangs pour saccager les maisons. Le duc d'York envoya trois bataillons de la garde, commandés par le général Lake, pour reprendre Linselles Cette soudaine attaque déconcerta les carmagnoles. Ils furent saisis d'une terreur panique et s'enfuirent à toutes jambes ; c'était, de l'aveu de Jourdan, une déroute et non une retraite, et il semblait aux soldats anglais qu'ils poussaient devant eux et refoulaient le mob de Londres. Comme toujours, les charretiers coupèrent les traits de chevaux pour échapper plus vite. Les assaillants s'emparèrent de huit pièces dont six de campagne et deux d'artillerie légère. Le représentant Levasseur, entraîné par son bouillant courage, essaya de sauver un de ces canons ; trois Anglais l'entourèrent et le sommèrent de se rendre : un député, leur répondit-il, ne se rend pas, et il piqua des deux. Heureusement, Jourdan et Béru réussirent à rallier les troupes en dehors du village et sur le chemin de Bondues. Le brave Jourdan tenta même de regagner le terrain abandonné et parvint à réoccuper Linselles. Mais il ne put y rester, et à la nuit il se repliait sur Wambrechies. Le chef de brigade Macdonald avait chassé les Hollandais de Blaton ; il dut pareillement évacuer le village. Il raconte dans ses Mémoires que ses bataillons rentrèrent à Lille en triomphe et que le succès de Blaton effaça l'impression de l'échec de Linselles : Tout le monde chantait victoire, mes troupes étaient enivrées, et pour dire la vérité, je n'étais pas le dernier à en jouir, mais le plus discrètement possible.

Telle fut cette affaire de Linselles qui n'eut d'autre résultat que de coûter inutilement 2.000 hommes aux deux partis. Dans la soirée, le duc d'York fit relever les trois bataillons de la garde anglaise par trois régiments hessois. Le lendemain, sur l'ordre du prince, ces Hessois rasaient les retranchements de Linselles au son de la musique, puis rejoignaient l'armée anglaise[6].

Le duc d'York, satisfait, poursuivit sa marche. Il avait divisé son armée en deux corps. L'un conduit par le maréchal hanovrien Freytag[7] et composé de 14.500 Hanovriens, Autrichiens et Hessois, devait former le corps d'observation[8] ; l'autre qu'il commandait lui-même l'armée de siège.

La région où s'engageait York est sillonnée de canaux dont les deux principaux sont le canal de Dunkerque à Furnes ou canal de Furnes, et le canal de Dunkerque à Bergues ou canal de Bergues. Entre ces deux canaux s'étendaient alors la petite. Moëre et la grande Moëre, lagune de 6 kilomètres environ, disparue aujourd'hui et entièrement livrée à la culture, mais à cette époque, et bien qu'à diverses reprises, sous le régime espagnol, et sous la monarchie des Bourbons, elle eût été desséchée sur un espace considérable au moyen de machines hydrauliques, encore marécageuse, coupée de fossés innombrables, très facilement submersible et toujours submergée en temps de guerre. Parallèlement au canal de Bergues court l'Yser qui prend sa source au nord-ouest de Cassel et traverse un pays au sol ferme. Deux grandes routes conduisaient les alliés vers Dunkerque. L'une, qui partait d'Ypres et allait à Bergues par Poperinghe, Rousbrugge et Rexpoëde, était barrée par la forteresse de Bergues, et cette place, située à deux lieues au sud de Dunkerque et fortifiée par Vauban, avait un puissant appui dans l'inondation qui pouvait être tendue autour d'elle. L'autre route qui partait de Furnes, et longeait le canal dit de Furnes, était également barrée par un camp établi à Ghyvelde et par des forts bâtis à Zuydcoote et à Leffrinckoucke ; mais elle offrait aux alliés l'avantage d'étre près de la côte et de leur amener les pièces de siège qu'ils attendaient d'Angleterre. Outre Dunkerque et Bergues, les Français avaient de petits camps à l'est de Bergues, à Hondschoote, à Rexpoëde, Oost-Cappel, à Bambecque.

Freytag eut ordre de prendre, avec le corps d'observation, la route d'Ypres par Poperinghe, Rousbrugge et Rexpoëde : il chasserait les Français du terrain qu'ils occupaient entre le canal de Bergues et l'Yser ; puis, masquant Bergues et Cassel, s'établirait dans une position favorable pour couvrir le flanc gauche de l'armée de siège.

Le 21 août, après avoir atteint Poperinghe et Rousbrugge, une partie de l'avant-garde de Freytag attaquait le poste d'Oost-Cappel. Le colonel Prüschenk et le capitaine Ochs qui menaient ce détachement, avaient avec eux deux canons et une compagnie de chasseurs hessois, deux compagnies de Laudon-Vert, un bataillon de grenadiers hanovriens et 400 dragons. Deux bataillons de volontaires, le fie du Rhône et le 5° de la Somme, défendaient les retranchements d'Oost-Cappel garnis de quatre bouches à feu. Mais ils ne se gardaient pas, bien que le général Barthel les eût avertis la veille qu'ils seraient prochainement assaillis. A deux heures du matin, Prüschenk passa l'Yser, sans être aperçu sur un pont de planches et de fagots couvert de paille, gagna la route de Bambecque à Oost-Cappel qu'il trouva défoncée et impraticable pour l'artillerie, et laissant ses deux pièces derrière lui, marchant à droite et à-gauche du chemin, arriva devant le village. On le vit, on tira sur lui, il eut des morts et des blessés, mais il entra dans Oost-Cappel, se saisit d'un canon et fit une cinquantaine de prisonniers. Pendant ce temps, la compagnie des chasseurs hessois du capitaine Ochs, obliquant à gauche, débouchait soudain, au tournant de la chaussée de Bergues, en face d'un petit camp. Les Français, encore à demi endormis, sortaient de leurs tentes, et les officiers les rangeaient en bataille. Le capitaine Ochs et ses Hessois s'élancèrent aussitôt en criant hourrah, et les républicains, après avoir déchargé leur fusil, sans blesser personne, s'enfuirent sur la route de Bergues. Ochs se mit à leurs trousses. Un officier d'artillerie tâchait de sauver trois pièces et de les entraîner an galop. Des chasseurs hessois, prenant une traverse, réussirent à le devancer. Cerné, abandonné par sa propre infanterie, l'officier résolut de ne céder ses canons qu'à la dernière extrémité. Il ouvrit un feu de mitraille. Mais les Hessois lui ripostèrent par des salves de mousqueterie et, s'avançant peu à peu Sur la chaussée, sautant d'arbre en arbre, finirent par aborder les artilleurs. La mêlée fut horrible. Les Français se défendaient à coups de refouloir. Leur officier qui s'était armé d'un fusil, allait percer le capitaine d'état-major Flies de sa baïonnette ; Ochs accourut et lui transperça le corps de son épée.

Ce malheureux combat d'Oost-Cappel exaspéra Barthel, Houchard et Duquesnoy. Le représentant et les généraux proposaient.de faire un exemple éclatant. Barthel écrivait que deux bataillons s'étaient laissé surprendre et forcer sans résistance ; Duquesnoy, que les chefs de ces bataillons avaient fui comme des poltrons et qu'il fallait les traduire devant une cour martiale et les passer par les. armes ; Houchard, que le poste d'Oost-Cappel, malgré ses superbes retranchements et son artillerie qui pouvait foudroyer toutes les avenues, avait été quitté lâchement sans qu'on eût tiré un coup de canon ou de fusil, 'que les soldats avaient en détalant marché sur le ventre d'un commandant qui se cachait sous des ronces dans un fossé de la route, qu'on devait arrêter cet indigne officier et l'envoyer à la barre de la Convention. Mais le même jour, l'avant-garde du maréchal Freytag obtenait un nouveau succès.

Le colonel Prüschenk s'était, au sortir d'Oost-Cappel, dirigé sur Rexpoëde. Il y avait là un bataillon de volontaires, le 1er de l'Orne, commandé par Jacques Fromentin, ancien soldat de l'armée royale. Prüschenk fit avancer ses deux pièces de 3 et une batterie volante. Le bataillon des grenadiers hanovriens marcha sur Rexpoëde par la chaussée. La compagnie des chasseurs du capitaine Ochs tourna le village par la droite. Les volontaires de l'Orne s'enfuirent et abandonnèrent quatre canons. Prüschenk dépêcha sa cavalerie à leur poursuite. Vainement Fromentin essaya de rallier ses hommes et de faire tête aux dragons de Hanovre ; après avoir reçu cinq coups de sabre, il fut laissé pour mort sur la route, et les ennemis prirent encore trois pièces d'artillerie.

Dans cette journée du 21 août, tant à Rexpoëde qu'à Oost-Cappel, les Français perdaient 11 canons et avaient no tués et blessés, et 150 prisonniers. Les commissaires de la Convention, Châles, Delbrel et Le Tourneur, déploraient l'insouciance et l'impéritie des officiers : les uns ne songeant qu'à se divertir, toujours pressés de courir à la ville, ne gagnant leur poste que deux mois après leur nomination, ne devant leur brevet qu'à l'intrigue ; les autres, parvenus à leur grade par l'ancienneté, fort honnêtes d'ailleurs, mais timides et incapables de commander[9].

Barthel voulut réparer l'échec de Rexpoëde. Il chargea l'adjudant-général Ernouf d'aller avec la première brigade du camp de Cassel au secours de Fromentin et de prendre les assaillants en flanc par Herzeele. Ernouf arriva trop tard, et tous les postes avancés de la division, craignant d'être coupés, se replièrent sur Cassel ou sur Bergues. Un bataillon, le 7e de la Seine-Inférieure, occupait le village d'Hondschoote, à gauche d'Oost-Cappel. Le chef de ce bataillon tint conseil de guerre avec ses officiers et gagna le camp de Ghyvelde en disant que l'endroit n'était pas tenable et qu'il serait sûrement tourné par la cavalerie ennemie. Il emmenait avec lui trente hommes de la garde nationale de Hondschoote et leur commandant Herwyn, qui vinrent déposer leur drapeau et leurs armes à Dunkerque[10].

Le lendemain, 22 août, le gouverneur de Bergues, Carrion, voyait les alliés paraître devant la place, et il recevait une sommation signée de Walmoden. Les troupes de Sa Majesté Britannique, disait Walmoden, avaient passé l'Yser et s'avançaient sur Bergues ; pour éviter à la ville et à la garnison les suites funestes d'un siège dont l'issue n'était pas douteuse, le commandant ne devait-il pas accepter dans ce moment-ci une capitulation honorable ? Carrion répondit simplement, selon la formule dont s'étaient servies les municipalités de Lille et de Valenciennes, qu'il était un franc et fier républicain, que ses camarades lui ressemblaient, que tous avaient fait le serment de vaincre onde mourir et avaient le parjure en horreur[11].

Le Comité de salut public applaudit au républicanisme de Carrion et lui promit une couronne civique au nom de la patrie. Bouchotte le félicita de sa réponse bonne et ferme, l'engagea à tourner contre l'assiégeant tous les efforts de son courage et de son intelligence, à ne pas céder une forteresse si intéressante pour la défense des départements maritimes. Mais ces belles paroles n'arrêtaient pas les progrès de l'envahisseur. Le 23 août, le général Fabry entrait à Esquelbecq et à Wormhoudt, et enlevait aux nationaux deux canons et une soixantaine de prisonniers, dont sept officiers.

Les Français tentèrent, le jour suivant, au soir, de ressaisir Esquelbecq et Wormhoudt. Le général de brigade Leclaire et l'adjudant-général Ernouf les menèrent à l'attaque d'Esquelbecq. Une seule compagnie, commandée par le capitaine Hotze, défendait le village, et fit un feu très vif et prolongé ; accablée par le nombre des Français qui débouchaient de tous les chemins, elle battit en retraite. Le lieutenant Ziegesar tenait encore le château avec une vingtaine de soldats ; mais il fut blessé, et son détachement, réduit à huit hommes, s'échappa. Cependant Jourdan, accouru de Lille, assaillait le poste important de Wormhoudt. La colonne qu'il conduisait était fatiguée de la marche ; il l'enflamma de son ardeur, et Wormhoudt fut forcé.

Mais le 25 août, les Français reperdaient Wormhoudt et Esquelbecq. Les bataillons qui gardaient ces deux endroits ne firent qu'un simulacre de résistance. A Esquelbecq, le général Fabry n'eut qu'à paraître, et un lieutenant de grenadiers hanovriens conquit un canon en tuant de sa main l'artilleur qui s'apprêtait à décharger la pièce. A Wormhoudt, le colonel Mylius inquiéta les carmagnoles sur leur front tandis que le prince Adolphe d'Angleterre, depuis duc de Cambridge, les tournait par la gauche, et le major Uz, des hussards de Blankenstein, par la droite ; ils se débandèrent.

Freytag était maître de la campagne au sud de Bergues. Mais, comme il l'avait prévu, la ville était protégée par l'inondation. Dès le 22 août, Carrion donnait aux éclusiers de Dunkerque et autres lieux l'ordre de lâcher les grandes eaux. Ce général avait, à son arrivée, dans les premiers jours du mois d'août, trouvé Bergues en mauvais état, des fortifications négligées, des magasins dégarnis, pas une pièce de position sur son affût. Néanmoins, il eut le temps de prendre des mesures de sûreté. Il avait espéré que le représentant Duquesnoy viendrait à son secours. Le rude et violent Duquesnoy fit au messager de Carrion, l'aide de camp Leblond, le plus méchant accueil. Leblond le priait d'aller où le danger était le plus pressant, à Bergues, à Dunkerque, pour animer les assiégés. Duquesnoy brusqua Leblond, lui répliqua que la place d'un représentant était auprès du général en chef, et Leblond revint à Bergues, tout déconcerté, disant que Duquesnoy, bon patriote, mais bien impérieux, l'avait reçu avec la plus grande dureté, traité d'homme ivre. Mais les commandants des villes voisines, notamment de Dunkerque, se hâtèrent d'envoyer à Carrion ce qui lui manquait, poudre et munitions, bois de blindage, fourrages, subsistances.

Le corps d'observation s'établit dans les positions que Freytag comptait conserver jusqu'à la prise de Dunkerque. Son aile droite, confiée à Wallmoden, s'appuyait au canal de Bergues, et Wallmoden avait sous ses ordres les généraux de Wangenheim et de Hammerstein qui gardaient, le premier, Bentres-Meulen, Warhem, la Maison-Blanche, Quedypre, et le second, Steene, Crochte, Bissezeele et Esquelbecq. Le gros de l'armée occupait, sur la rive gauche de l'Yser, Wilder où Freytag avait son quartier, Bambecque et Kruystraete. Il avait des avant-gardes sur la rive droite : l'une, sous le général Fabry, à Wormhoudt ; l'autre, sous le colonel Pruschenk, à Herzeele ; une autre, formée de quatre compagnies de Laudon-Vert et de hussards de Blankenstein, à Houtkerque et à Watou. L'aile gauche, dont le chef était le colonel de Linsingen, se reliait à Ypres par une chaîne de postes qui tenait Rousbrugge, Proven, Poperinghe, Reninghelst et Vlamertinghe.

Dans le même temps le duc d'York passait la Lys et se dirigeait sur Furnes. Il partait le 20 de Menin et laissait à Ypres un bataillon de Stuart qui renforçait la garnison ; le 21, il campait à Elverdinghe ; le 22, il arrivait à Furnes dont il faisait son magasin ; le 23, il paraissait devant Dunkerque et sommait la place de se rendre.

Les troupes chargées d'assiéger Dunkerque formaient donc deux corps qui s'étendaient chacun en demi-cercle, l'un, celui de Freytag, en face de Bergues, l'autre, celui que commandait le duc d'York, en face de Dunkerque[12].

 

II. La marche victorieuse du corps d'observation avait navré Houchard. Il s'écriait avec douleur que tous ses camps se laissaient enlever presque sans coup férir, que les soldats étaient bons, mais que l'officier leur communiquait sa propre lâcheté et qu'ils seraient des Spartiates si les chers savaient faire leur devoir et donner l'exemple, non de la fuite, mais du courage. Sur les avis de Berthelmy et de Gay-Vernon, il prit aussitôt d'énergiques mesures. Une division, menée par Landrin, partit pour le camp de Cassel et renforça l'armée de la Flandre maritime qui compta désormais 20.000 hommes. Barthel, respectable par son âge et ses vertus républicaines, mais nul à tous égards, fut relégué à Saint-Quentin. Jourdan reçut l'ordre de voler à Cassel pour rétablir les choses et de commander toutes les troupes et places, tous les camps et cantonnements de Bailleul à Dunkerque. Il laisserait sa division à Leclaire ; il garderait avec lui le guide et conseiller de Barthel, l'adjudant-général Ernouf dont les talents et le patriotisme étaient précieux ; il se concerterait avec Béru et tâcherait par tous les moyens de chasser l'ennemi de la Flandre maritime[13].

Mais Jourdan avait prévenu les instructions de Houchard. Après le combat de Linselles, il rétrogradait sur. Armentières et y campait dans la soirée du 20 août. Il savait que les Anglais passaient la Lys, qu'ils s'acheminaient sur Ypres, qu'ils prenaient la direction de Dunkerque : il marchait donc à leur hauteur et suivait leurs mouvements. Dès qu'il connut l'échec d'Oost-Cappel et de Rexpoëde, il se rendit à Cassel et ce fut lui qui, le 24, assaillit Wormhoudt. Le 25, après avoir confirmé les ordres de Carrion et prescrit de tendre l'inondation entre Bergues et Dunkerque, bien que la moisson ne fût pas achevée, il tenait conseil de guerre. Duquesnoy, présent à la conférence, fit décider que le général partirait aussitôt à la tête de sa division, qu'il longerait le canal de Gravelines pour demeurer maître des écluses et couvrir Saint-Omer, qu'il mettrait un bataillon dans Gravelines, un autre dans Dunkerque, un troisième dans Bergues, et qu'avec le reste, il se posterait à petite distance de Dunkerque pour y jeter du secours quand il voudrait[14].

Le même jour, Houchard, très inquiet ; craignant que l'ennemi ne vînt tourner Bergues et Dunkerque par la droite et s'emparer des écluses, accourait à Cassel. Il approuva les résolutions du conseil de guerre. Jourdan agirait offensivement avec sa division mobile sur tous les points menacés ; il irait à Watten et à Linck se saisir des écluses, puis, passant derrière la Colme, il se rendrait à Dunkerque ; il laisserait trois bataillons dans la place, un autre à Watten, un autre à Linck, un autre encore à Gravelines ; avec les huit bataillons qui lui resteraient, il protégerait la Colme et, chaque nuit, enverrait à Dunkerque assez de troupes pour que la garnison pût opérer des sorties et que la ville fût à l'abri d'une attaque de vive force[15].

Le 27 août, Jourdan était à Dunkerque et annonçait à la municipalité qu'il venait à son aide et qu'il saurait défendre avec courage le poste que Houchard lui confiait. Mais à peine arrivé, il recevait une autre mission. Houchard le rappelait afin de préparer avec lui l'écrasement de l'armée anglo-hanovrienne[16].

 

Pourvu que Dunkerque tînt seulement quelques jours, il n'était pas difficile en effet d'accabler les assiégeants dans la position défavorable qu'ils avaient prise. Les Français avaient eu le temps d'ouvrir les écluses et de submerger les prairies entre Bergues et Dunkerque à droite et à gauche du canal de Furnes. Ils occupaient les deux forts Louis et François qui commandent la chaussée de Bergues à Dunkerque. Le duc d'York n'osait donc pousser entre les deux forts un simple détachement et ne bloquait Dunkerque que par l'est. Or, de ce côté, l'unique route dont il disposait, celle de Furnes, traversait une bande étroite de terrain, large au plus d'une lieue, entre la mer et le canal. Si les Français se jetaient hardiment sur Furnes par Menin et Ypres, ils prenaient le duc d'York à dos et l'acculaient à la mer. Quant à Freytag, sa situation n'était pas moins difficile que celle de York. Trop faible, lui aussi, pour s'emparer de Bergues et s'assurer de la seule route qui relie cette forteresse à Dunkerque, ne pouvant s'avancer entre la place et la petite Moëre, il avait dû s'installer, non pas entre le canal de Furnes et le canal de Bergues, mais entre le canal de Bergues et l'Yser. Par suite, York et Freytag étaient isolés et il leur devenait presque impossible de s'appuyer mutuellement : séparés par les Moëres, ils ne communiquaient l'un avec l'autre qu'en faisant un détour et en passant par Furnes. Le maréchal Freytag reconnaissait le danger : il envoya son premier aide de camp, le colonel de Spörken, dire au roi d'Angleterre qu'il redoutait d'être bientôt attaqué par des forces supérieures, qu'en ce cas il abandonnerait les quartiers et irait s'établir en arrière, à Hondschoote, entre la grande Moëre et l'Yser, mais que l'expédition échouerait certainement si Dunkerque ne se rendait sous peu de jours[17].

 

 

 



[1] Joseph Romanet, chevalier du Caillaud, né le 4 décembre 1745 à Limoges, volontaire au régiment de Périgord (1er mai 1764), sous-lieutenant (18 août 1766), lieutenant (17 avril 1770), lieutenant de la compagnie colonelle (17 juillet 1774), incorporé au régiment de Conti ou 81e (26 avril 1775), capitaine en second (24 juin 1780), capitaine commandant (22 juin 1789), lieutenant-colonel du 45e (2 juin 1792), nommé colonel par Dampierre (7 avril 1793), promu général de brigade (15 mai 1793), suspendu (15 septembre 1793) et reconnaissant. qu'il doit sacrifier son goût et ses intérêts au bien de la chose publique parce qu'on n'a pas aux hommes de la caste dans laquelle il est né, la confiance désirable au succès des armes de la République, réintégré et employé à l'armée de l'intérieur (13 juin 1795) et en Eure-et-Loir (14 septembre 1795), suspendu de nouveau (19 octobre 1795) et pensionné (31 mars 1796), mort à Paris (11 décembre 1829).

[2] Houchard à Bouchotte, 12 et 17 août (A G ) ; cf. plus haut, p. 17 et pour l'expédition de Furnes et d'Ostende tant recommandée par Carnot, Valenciennes, 99-111, ainsi que Charavay, Carnot, II, 371, 373, 430, 438.

[3] Houchard à Jourdan et à Barthel, 13 août (A. G.).

[4] Colaud à Houchard, 15 août ; Houchard à Bouchotte, 17 août (A. G.).

[5] In order to cover the march (The journal. and correspondence of general Sir Harry Calvert, 1853, p. 106.

[6] Jourdan à Houchard, Béru à Bouchotte, Levasseur à la Convention, 19 août (A. G.) ; lettre de Bentabole, 21 août ; Moniteur des 22 et25 août ; Souvenirs de Macdonald, 29 ; Schels, 11 ; Ditfurth, 78-81 ; Calvert, 106-107 ; Hamilton, Hist. Grenadier Guards, 1872, Il, 286 (Les Anglais, au nombre de 1.122, eurent 38 tués et 143 blessés) ; Arnaudin fait, au sujet du combat de Linselles, une réflexion curieuse : Cette action, dit-il, fournit une occasion de remarquer jusqu'à quel point les Anglais sont avares du sang de leurs compatriotes. Il y eut deux cents hommes mis hors de combat, et à peine y en avait-il un tiers de tués. Dans le nombre on comptait quelques officiers. Mais c'étaient tous des Anglais. Aussi, quoique la perte se trouvât compensée par le succès, elle devint un objet de deuil et de complaintes pour tout ce qu'il y avait de sujets britanniques dans l'armée du duc d'York. Quelle folie, se disait-on, de sacrifier tant de monde pour la conquête d'un poste qu'on ne devait pas garder. Mais, par dessus tout, la grande fortune des neuf ou dix officiers compris dans le nombre des tués ou blessés, devenait une considération qui rendait l'événement encore plus lamentable. On ne saurait qu'applaudir aux sentiments d'humanité qui dictaient de pareils murmures. Mais il serait à désirer qu'ils s'étendissent un peu plus au profit de tous les hommes sans distinction de nation. On pourrait même soupçonner que cette philanthropie domestique qui se fait remarquer chez les Anglais dans l'homme de la dernière classe comme dans l'homme d'Etat, a dû, en bien des occasions, nuire au succès de leurs affaires tant politiques que militaires. Sous ce dernier rapport, elle a souvent pu induire les chefs dans les armées à avoir recours à des excès de précautions pour la conservation de leur monde, qui auront eu le double effet de rendre la valeur des Anglais douteuse aux yeux des troupes étrangères servant avec eux et pour eux, et d'accoutumer leurs gens de guerre à attacher à l'existence un prix plus haut qu'il ne convient de faire à un véritable soldat.

[7] Freytag (Henri-Guillaume de), né le 17 mars 1720, mort à Hanovre le 2 janvier 1798. Cf. sur lui l'article de l'Allgemeine deutsche Biographie.

[8] Freytag avait sous ses ordres tous les Hanovriens, les bataillons autrichiens Brentano et Laudon-Vert ainsi que trois escadrons des hussards de Blankenstein, un bataillon de chasseurs hessois et le régiment hessois des dragons du Prince Frédéric, en tout 20 bataillons et 21 escadrons ou 11.900 fantassins et 2.600 cavaliers.

[9] Ditfurth, 82-88 ; rapport du 5e Rhône-et-Loire ou 12e de Soissons, 26 août (rapport vague où le bataillon prétend, pour se justifier, qu'une colonne de cavalerie le prit en queue et causa par cette manœuvre le plus grand désordre) ; Barthel à Houchard-et à Le Baal, 22 et 23 août ; Duquesnoy au Comité, 22 août ; Houchard à Bouchotte, 26 août ; Châles, Delbrel et Le Tourneur au Comité, 3 août ; Foucault à Sauveur Chénier, 21 août A. G.).

[10] Barthel à Houchard, 23 août (A. G.) ; Foucart et Finot, La défense nationale dans le Nord, II, 58 (procès-verbaux du Conseil général de la commune de Dunkerque). Cf. sur Herwyn d'Hondschoote qui devint sénateur et pair de France une note de Charavay, Carnot, II, 405 et le Compte fidèle de la conduite de Pierre-Antoine Herwyn depuis la Révolution, p. 7-9, 12, 28 ; il fut employé durant le siège de Dunkerque, comme adjoint aux adjudants-généraux et, selon le témoignage de Hoche, rendit alors les plus grands services par ses connaissances locales et particulières (A. N. AF, II, 347.)

[11] Sommation de Wallmoden et réponse de Carrion (A. G.). Martin-Jean-François de Carrion de Loscondes a raconté sa carrière dans une brochure intitulé : Résumé expositif de la conduite révolutionnaire de M. J. F. Carrion. Il était né le 9 mars 1762 à Gand. Après avoir servi dans les dragons, régiment Mestre de camp (14 mars 1779-8 mai 1781) et, comme sergent, dans Champagne-infanterie (18 janvier 1785-28 septembre 1788), il revint en Artois où sa famille était établie et devint procureur de la commune de Carvin-Epinoy et commandant de la garde nationale. Elu capitaine au 1er bataillon des volontaires du Pas-de-Calais (25 septembre 1791), puis lieutenant-colonel en second (4 février 1792) et lieutenant-colonel en premier (16 septembre 1792) après la retraite du camp de Maulde, employé à Valenciennes par Ferrand, nommé commandant du 31e bataillon des grenadiers de la réserve et chef de brigade (8 novembre 1792), il fit les campagnes de Belgique ,et de Flandre, rentra un instant à son bataillon du-Pas-de-Calais et reçut, le 15 mai 1793, le brevet de général de brigade à l'armée des côtes de Cherbourg. Mais il eut ordre de rester à l'armée du Nord (2 août 1793) et commanda Bergues. Le 13 septembre, Trullard, Berlier et Hentz le nommaient, à la place de Landrin, commandant du camp de Leffrinckoucke. Par malheur pour Carrion, il avait un ennemi dans son compatriote, le représentant Duquesnoy. Dès le 15 septembre, Trullard, Berlier, Hentz, Duquesnoy écrivaient au Comité qu'ils changeaient d'opinion sur le compte de Carrion : le général était noble et intrigant ; il avait gardé à Bergues, un adjudant-général de Houchard, Foucault, que Duquesnoy traitait d'aristocrate ; il avait dit que les gendarmes nationaux qui se montrèrent si bien à Hondschoote, étaient des motionneurs et qu'il serait fâché de les avoir dans sa division ; il avait dénoncé Landrin pour avoir sa place, mendié le commandement du camp de Leffrinckoucke, forcé les représentants de le nommer en assurant que Bergues et Dunkerque étaient pleins de sa nomination ; bref, le Comité ne devait pas le confirmer. Le 30 septembre, Saint-Just et Carnot marquaient à Bouchotte : Le Comité vous renvoie la lettre de ses collègues ; il est plus que temps de purger de tous les hommes à masque nos armées trahies depuis si longtemps, et Bouchotte ordonnait sur-le-champ de suspendre Carrion. Mais Carrion redoutait l'inimitié de Duquesnoy et, pour prévenir une destitution qui le mènerait à l'échafaud, il donna sa démission : J'ai la réputation d'être noble, écrivait-il à Bouchotte le 28 octobre, quoique mes parents exercent depuis plus de deux cents ans l'honorable métier de cultivateur et qu'ils ont formé depuis ce temps des alliances avec cette classe que l'on traitait jadis si insolemment de roturière. Cependant l'opinion publique doit être respectée. On veut que je sois un ex-noble. Eh bien, je vous prie d'accepter ma démission. Il avait des certificats de civisme ; le Conseil général de la commune de Bergues le regardait comme un vrai républicain ; Jourdan et les officiers de l'état-major de l'armée du Nord témoignaient qu'il avait des sentiments irréprochables et l'opinion d'un républicain décidé, qu'il partait à leur grand regret (Carrion commandait en dernier lieu à Guise sous les ordres de Belair). Le représentant Laurent autorisa Carrion à se rendre à Oignies ou à Carvin-Epinoy jusqu'à décision du ministre de la guerre (5 frimaire an II). Mais le 28 frimaire suivant, Le Bon lui enjoignait de rester à Arras et envoyait dans les prisons de Béthune ses vieux parents et sa femme enceinte. Carrion alla trouver Le Bon qui lui répondit qu'un républicain n'avait pour parents et amis que la République. Pourtant, après bien des sollicitations, l'ex-général obtint la grâce d'être emprisonné à Béthune avec les siens. Au bout de huit mois de détention, il fut, dit-il, sauvé par le 9 thermidor. Il se retira à Oignies, devint maire, adjudant-major de la 2e légion des gardes nationales du Pas-de-Calais. Mais inutilement et à divers intervalles, il redemanda du service. A sa pétition du 27 germinal an III, le Comité répondit que l'état des généraux de brigade était arrêté (19 prairial an III) et Carrion, s'inclinant, répliquait à Pille qu'il reprenait le métier de cultivateur. Le plus curieux, c'est qu'il désira servir en Espagne sous le roi Joseph en alléguant qu'il était Espagnol d'origine et voulait rentrer au berceau de ses ancêtres, reporter dans les Etats du roi Joseph les pénates de ses aïeux (1er juin 1809). Il était, parait-il, parent de Carrion-Nisas avec qui le confond la table du Moniteur. Son fils, gendarme retraité, vivait encore au Nouvion en 1863.

[12] Cf. Carrion à Bouchotte, 22 août ; Bouchotte à Carrion, 25 août ; le Comité à Carrion, 7 sept. (Résumé de la conduire de Carrion) ; Leblond à Guffroy, 28 août (A. G.) ; lettre des représentants (Moniteur du 30 août) ; Ditfurth, 88-89 ; Sichart, 255-260.

[13] Houchard à Bouchotte, 22 août, et à Jourdan, 26 août ; Berthelmy à Barthel, 21 août (A. G.).

[14] Jourdan aux représentants, 19 août (Foucart et Pinot, II, 26) ; l'adjudant-général Dupont à Barthel, 20 août ; Duquesnoy au Comité, 25 août (A. G.) ; Le Batave, 4 sept.

[15] Houchard à Bouchotte, 28 août (A. G.).

[16] Foucart et Finot, II, 78.

[17] Sichart, 247-248 et 260 ; Ditfurth, 96.