CLOVIS ET LES MÉROVINGIENS

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES ET ADDITIONS.

 

 

HISTOIRE LITTÉRAIRE DES GAULES ET DU ROYAUME DES FRANCS

DEPUIS LE TROISIÈME SIÈCLE JUSQU'AU HUITIÈME SIÈCLE.

 

On s'imagine généralement que les Gaules et le royaume des Francs furent privés de toute littérature après la décadence de l'empire romain, et qu'un voile épais couvrait toute cette génération. C'est une erreur. Jamais la Rome même d'Auguste n'eut plus de rhéteurs, de poètes, d'historiens, de philosophes ; ils n'ont ni le caractère païen, ni l'élégance de l'époque des Césars, mais ils ont une valeur curieuse et particulière. Nous commençons au troisième siècle, époque antérieure au temps où les Francs se mêlèrent aux Gaulois. Peut-être dira-t-on que cette littérature est monotone, insignifiante, sur des sujets en dehors de notre temps : c'est le sort de tous les siècles. Ce qui intéresse et impressionne vivement une génération, est parfaitement indifférent pour les autres, et aujourd'hui même les ouvrages du dix-huitième siècle et de l'école impériale ne sont-ils pas parfaitement vieillis ? Ce travail est extrait, comme une analyse, de l'Histoire littéraire de France, par les religieux de la congrégation de Saint-Maur.

 

(IIIe siècle.)

Florus (Lucius-Annaeus-Julius), né dans les Gaules : auteur d'une Histoire romaine depuis Romulus jusqu'à Auguste.

Favorin, historien, philosophe et orateur, né à Arles ; Recueil d'histoires.

Menecrate, jurisconsulte, né à Marseille.

Tite-Antonin, fils de Gaulois de Nîmes, écrivit des Lettres en faveur des chrétiens.

Fauste, auteur des Actes de saint Andoche et de ses comparons martyrs ; né à Autun.

Irénée (S.), évêque de Lyon ; né vers l'an 130 dans l'Asie-Mineure : il eut pour maître saint Polycarpe, évêque de Smyrne. Mort l'an 202. — A écrit cinq livres contre les hérésies. Parmi ses écrits perdus, on place son Traité de la monarchie ; de l'Ogdoade, contre l'hérétique Valentin. L'édition princeps de ses œuvres a été faite à Bâle, 1526, in-fol.

Hippolyte (S.), évêque, docteur de l'Église, auteur du Cycle pascal ; Traité sur l'Antéchrist. Imprimés à Hambourg, 2 vol. in-fol.

Titien, géographe, orateur et rhéteur ; gouverna les écoles de Lyon. — Il laissa de très-beaux écrits sur la géographie : Chorographie ou description des provinces de l'Empire.

Faustin, évêque de Lyon : on a quelques Lettres de lui, écrites à saint Cyprien, évêque de Carthage.

 

(IVe siècle.)

Lactance, Africain de nation, passa douze ans dans les Gaules : il y écrivit : L'ouvrage de Dieu. — De la mort des persécuteurs (Miscellanées de Baluze). — Institutions divines. — De la colère de Dieu.

Anonyme, poète chrétien, né à Autun : il a fait une description de la cité dans son ouvrage, De laudibus Domini, inséré dans la Bibliothèque des Pères de Lyon.

Gennade, orateur.

Alcime, historien, orateur et poète, né à Agen.

Hilaire (S.), évêque de Poitiers : a écrit son Commentaire sur l'Évangile saint Matthieu. — Une requête à l'empereur Constance. — Traité des Synodes. — Douze livres de la Trinité. — Une seconde requête à l'empereur. — Manifeste contre Auxence, évêque arien de Milan. — Commentaire sur les Psaumes.

Eutrope, historien, né en Aquitaine. Il reste de lui un Abrégé de l'histoire romaine, en douze livres.

Ausone, rhéteur, orateur et poète, né à Bordeaux. Tout ce qui reste de lui est écrit en vers : Épigrammes. — Éphémérides. — Les Parentalia. — Les Villes célèbres. — Ses Lettres. — Ses Œuvres complètes ont été imprimées à Milan, 1490.

Marcel, médecin gaulois ; a écrit De Medicamentis, Bâle, 1536.

 

(Ve siècle.)

Sancte, poète chrétien ; a écrit des Églogues, imprimées à Leyde en 1715, in-8°.

Rutilius, préfet de Rome et poète ; il a laissé un poème en vers élégiaques, qui contient l'histoire de son retour dans les Gaules, divisée en deux livres ; édition princeps, Naples, 1520.

Anonyme, poète, né en Provence. Il écrivit ses confessions. — Poème sur la Providence, écrit à l'époque des ravages des Gètes ou Goths dans les Gaules, et attribué à saint Prosper.

Sévère-Sulpice (S.), prêtre d'Aquitaine. Ses écrits sont : 1° La Vie de saint Martin de Tours, — 2° Trois lettres sur le même sujet. — 3° Histoire sacrée ; imprimés pour la première fois à Bâle, 1556, in-8°.

Évagre, disciple de saint Martin, écrivit la Dispute entre Théophile, chrétien, et Simon, juif.

Paulin (S.), évêque de Nole, né à Bordeaux. Ses lettres conservées sont au nombre de cinquante. — Un recueil de poésie, divisé en trente-deux poèmes, intéressant pour l'histoire ; ses écrits ont été imprimés à Anvers, en 1560, dans les Œuvres de saint Prosper.

Cassien (Jean). Il nous a laissé ses Institutions, en douze livres. — Vingt-quatre conférences.— L'Incarnation, divisé en sept livres. Tous ses écrits ont été imprimés à RAle, 1559, in-fol.

Victor (Claudius-Marius), rhéteur et poète chrétien, né en Provence : il enseigna à Marseille. — Il a écrit un Commentaire sur la Genèse, divisé en trois livres, qui est un poème hexamètre. Une lettre se trouve à la fin de ce poème, sur les mœurs de son siècle. Imprimé à Lyon en 1536, in-8°.

Orient (S.), évêque d'Auch. Il hissa un poème intitulé : Commonitorium (avertissement). C'est une description des ravages des Barbares qui avaient désolé les Gaules.

Hilaire, évêque d'Arles ; a fait l'oraison funèbre de saint Honorat, qui nous a été conservée.

Eucher (S.), évêque de Lyon. Une lettre écrite à saint Hilaire. — Sa lettre à Valérien, quMl intitule : Du mépris du monde et de la philosophie de son siècle. — On a encore de lui : Liber formularum spiritalis intelligenciæ. — Des Instructions. — Explication des noms hébraïques, imprimé à Bâle en 1530, in-4°, — Histoire du martyre de saint Maurice et de ses compagnons.

Pallade, poète et philosophe, né à Poitiers. Il écrivit sur l'Agriculture, divisé en 14 livres, dont le dernier est écrit en vers élégiaques : cet ouvrage parut en 1504, Boulogne.

Vincent (S.), prêtre et moine de Lérins : Mémoire contre les nouveautés profanes des hérétiques.

Prosper-Tito, poète. Il écrivit le poème du mari à sa femme, imprimé dans les Œuvres de saint Prosper : il fait un tableau complet de l'Europe, de 407 à 455.

Arnobe, surnommé le jeune Prêtre. Il composa un Commentaire sur tout le texte du Psautier. Bâle, 1522.

Paulin, poète, surnommé le Pénitent, fit un poème de sa vie en vers hexamètres.

 

(VIe siècle.)

Prosper (S.), évêque de Ries en Provence. On a de lui : Lettres à saint Augustin sur le Pélagianisme dans les Gaules. — Poème contre les ingrats, imprimé en 1560, in-8°. — Epigramme en vers. — La Chronique de saint Prosper va depuis le commencement du monde jusqu'à la mort de Valentinien : divisée en deux parties ; la première finit en 378 ; la deuxième commence à l'an 379 et finit en 455.

Victorius, auteur d'un Cycle pascal, cité par Frédégaire.

Mamert-Claudien, prêtre de l'église de Vienne. Il composa un ouvrage sur la Nature, divisé en trois livres. — Plusieurs lettres adressées à saint Sidoine. — Un poème en vers trochaïques. — On lui attribue : Pange lingua gloriosi prælium certaminis.

Paulin (S.), né à Périgueux, poète. Son principal ouvrage est son poème sur la vie et les miracles de saint Martin.

Severien, poète et rhéteur. Son ouvrage est intitulé : Syntomata sive præcepta artis rhetoricæ.

Salvien, prêtre de l'église de Marseille. Ses ouvrages sont : Traité contre l'Avarice, divisé en quatre livres. — Du Gouvernement de Dieu. — De la Providence. — Puis neuf lettres ; l'édition princeps est de Bâle, 1530, in-fol.

Constance, prêtre de l'église d'Auxerre. Il nous a laissé la Vie de saint Germain d'Auxerre, divisée en deux livres ; d'Andilly Fa traduit.

Apollinaire-Sidoine (S.), évêque de Clermont, en Auvergne. Il a écrit des poésies, dont le recueil forme vingt-quatre poèmes. — Les Panégyriques des trois empereurs : Avile, Majorien et Anthème. — Ses Lettres, au nombre de cent quarante-sept.

Perpétue (S.), évêque de Tours, laissa un livre sur les Miracles de saint Martin.

Gennade, prêtre de l'église de Marseille, a écrit le Catalogue des auteurs ecclésiastiques, divisé en trois classes : la première commence par saint Jacques, évêque de Nisibe (361), jusqu'à saint Augustin ; la seconde va jusqu'au soixante-dixième chapitre, qui comprend les écrivains du commencement et avant le cinquième siècle. Ce Catalogue a été imprimé dans toutes les éditions de saint Jérôme.

Honorat (S.), évêque de Marseille, a écrit la Vie de saint Hilaire d'Arles.

Pomère, abbé à Arles, écrivit la Vie contemplative, divisée en trois livres.

Eugène (S.), évêque de Carthage, relégué à Albi par les Vandales. — L'Exhortation de saint Eugène à son peuple nous a été conservée par saint Grégoire de Tours.

Rurice Ier, évêque de Limoges, a laissé un Recueil de lettres divisé en deux livres : le premier en contient dix-huit ; le deuxième, soixante-quatre.

Eunone, évêque de Pavie, né à Arles, vint à la cour des rois de Bourgogne avec saint Epiphane ; il laissa des Lettres, au nombre de cent quatre-vingt-dix-sept, et le Panégyrique de Théodoric, roi des Ostrogoths. — Des Poésies divisées en deux parties. L'édition princeps de ses œuvres a été faite à Bâle en 1569.

Avite (S.), évêque de Vienne. Il a écrit des pièces fort importantes pour l'histoire de France. Nous avons de lui un Recueil de lettres, au nombre de quatre-vingt-huit, adressées à Clovis, Gondebaud, Sigismond, son fils, à l'empereur Anastase, aux évêques de Constantinople, de Jérusalem, de Milan et des Gaules. — Quelques sermons. — Des poésies en deux poèmes : le premier contient cinq livres ; il commence depuis la création du monde jusqu,au passage de la mer Rouge. Le second poème est intitulé : De la Louange de la virginité, dédié à sa sœur Fuscine ; il a six cent soixante-six vers hexamètres.

Rémi (S.), évêque de Reims. On n'a que quatre lettres de lui : la première et la seconde sont adressées à Clovis pour le consoler de la mort d'Alboflède, sa sœur, et l'autre à l'occasion de la guerre contre les Goths. Les deux dernières sont des réponses à trois évêques, de Paris, de Sens et d'Auxerre.

Félix, rhéteur, enseigna la rhétorique en Auvergne. On a de lui : Les Arts libéraux, publié en 1599, par Grotius.

Césaire (S.), évêque d'Arles, a laissé cent six sermons. — Une Lettre à saint Rurice. — Son Testament.

Cyprien (S.), évêque de Toulon. Nous avons de lui : la Vie de saint Césaire, monument curieux pour l'histoire de l'Église des Gaules au sixième siècle (Mabillon, t. I, p. 658-677).

Aurélien (S.), évêque d'Arles, a laissé deux Règles à deux différents monastères : pour les moines, sa règle est divisée en cinquante-cinq articles ; celle des religieuses en quarante articles. — Puis une Lettre adressée au roi Théodebert.

Gildas (S.), abbé de Ruis. Règlement touchant la discipline. — Puis une Plainte sur les désordres des Saxons dans la Grande-Bretagne, sa patrie, insérée dans les historiens d'Angleterre.

Nicet (S.), évêque de Trêves, a laissé deux Lettres, l'une à l'empereur Justinien, l'autre à la reine Clotosinde. — De Vigiliis servorum Dei. — De psalmodiæ bono.

Germain (S.), évêque de Paris. On a de lui : un Traité de Liturgie très-curieux. — Une Lettre à la reine Brunehaut, pour la concorde des deux rois Chilpéric et Sigebert (Duchesne, t. I, p. 855-857).

Gogon, maire du palais, écrivit une Lettre à un seigneur nommé Charningue ; une autre à Traféricus. — A Pierre, évêque de Metz. — Puis la Lettre écrite par Gogon au nom du roi Childebert II, adressée à Grasulfe, prélat à la cour de l'empereur Maurice (Duchesne, t. I, p. 859-875).

Radegonde (Ste), reine de France. Il nous reste d'elle un Testament en forme de Lettre adressée à tous les prélats de France (Greg. Turon., lib. IX, c. XLII).

Yrier, abbé en Limousin. Il fit un Testament curieux pour les formules de l'époque.

Grégoire de Tours : Historia ecclesiastica Francorum. — De la Gloire des martyrs, en cent sept chapitres. — De la Gloire des confesseurs, en cent douze chapitres. — Miracles de saint Martin, en quatre livres. — Les Vies des Pères, en vingt chapitres.

 

(VIIe siècle.)

Fortunat (S.), évêque de Poitiers, a écrit un Recueil de poésies diverses en vers élégiaques, divisé en onze livres. Le quatrième contient les épitaphes des plus illustres évoques du sixième siècle. Le sixième livre a douze pommes adressés aux rois, aux reines, leudes. Dans le huitième se trouve l'éloge de Chilpéric, un autre au roi et à Frédégonde. — La Vie de saint Martin, en vers. — Beaucoup d'autres Vies des saints : saint Germain, évêque de Paris ; saint Paterne, évêque d'Avranches ; sainte Radegonde, saint Médard, saint Marcel, etc., etc. Toutes les poésies de saint Fortunat ont été imprimées à Mayence, 1603, in-4°, et les Vies des Saints, dans Bollandus, Surius et Mabillon.

Aunacaire (S.), évêque d'Auxerre, écrivit des Décrets, au nombre de quarante-cinq, pour la discipline de l'Église, sur le mariage. — Un Règlement pour les litanies de son épouse. — On a conservé deux lettres du pape Pelage à cet évêque.

Colomban, premier abbé de Luxeu, a laissé une Règle monastique. — Un Pénitentiel, divisé en quinze chapitres, et des Instructions.

Gal (S.), disciple de saint Colomban, a écrit un Discours publié par Mabillon, t. II, p. 245.

Marculfe : Formule des Actes. Le premier livre porte le titre : Præceptiones regales ; et le second, Chartæ pagenses.

Donat (S.), évêque de Besançon. Il reste de lui une Règle pour les filles, et une Préface que Mabillon a insérée dans ses Annales, t. II, n° 43.

Didier (S.), évêque de Cahors Seize lettres de lui nous sont restées : elles sont curieuses pour les mœurs et adressées à Dagobert, Sigebert III, à Grimoald, Clodulfe, aux évêques les plus illustres.

Frédégaire, historien. Sa Chronologie, qui nous est parvenue, commence depuis la création du monde. Elle est divisée en cinq livres ; le quatrième est un abrégé de l'histoire de Grégoire de Tours ; le cinquième conduit l'histoire jusqu'à la quatrième année du règne de Clovis II.

Éloi (S.), évêque de Noyon, a écrit sa Doctrine, insérée dans sa Vie, chapitres XV et XVI, écrite par saint Ouen. — Et une Lettre écrite à saint Didier (Duchesne, t. I, p. 583-584).

Léger (S.), évêque d'Autun, nous a laissé ses Statuts synodaux. — Son Testament. — Puis une Lettre à sa mère (Mabilion, Acta, t. II, 699, n° 1, 2).

Ouen (S.), évêque de Rouen, a écrit la Vie de saint Éloi, si curieuse au point de vue des habitudes et des mœurs.

 

(VIIIe siècle.)

Historien anonyme. Gesta Francorum, a continué Frédégaire jusqu'au règne de Thierry (737) (Duchesne, t. I, p. 690-720).

Erchambert, historien. Histoire abrégée des rois de France et des maires du palais, depuis la mort de Thierry (613) jusqu'à la fin du règne de Thierry IV (733).

Un historien anonyme a aussi écrit un Traité sur la dignité de maire du palais, écrit vers 754-755. Il donne une Histoire abrégée des maires du palais depuis Clovis II (644), jusqu'au roi Pépin (753) (Duchesne, t. II, p. 1 et 2).

Puis un autre anonyme est le troisième continuateur de la Chronique de Frédégaire, à partir du chapitre CXVIII et à l'an 753, jusqu'en 768, époque de la royauté des maires du palais.