CLOVIS ET LES MÉROVINGIENS

 

LIVRE VIII. — LE RÈGNE ET LA LÉGENDE DE DAGOBERT.

 

 

Voici une époque à deux faces : d'un côté les éléments de la civilisation, le commerce, l'industrie, les arts : de l'autre, la barbarie dans ce qu'elle a de plus violent, lutte curieuse qu'il faut étudier avec soin dans les chroniques ; elle semble révéler une étrange contradiction.

Le règne de Dagobert embrasse à peine quelques années de la première race. A travers cette empreinte de férocité qui caractérise les chefs francs austrasiens, la physionomie de Dagobert apparaît plus doucement éclairée par ses rapports avec Rome et l'empire byzantin. Ces tendances sont-elles dues aux évêques dont saint Ouen et saint Éloi furent la personnification dans le gouvernement ? ou bien faut-il les attribuer à l'éducation de Dagobert préparée et accomplie dans une abbaye[1] sous la direction de l'évêque australien Arnould ? Pendant cette période on voit traces partout des progrès de la richesse, de l'industrie. Les orfèvreries du temps de Dagobert marquent dans l'histoire de l'art à l'égale de celles de Byzance.

Le commerce des Gaulés au cinquième siècle avait presque entièrement disparu au bruit confus des invasions et des ravages. Tout ce qui restait de transaction, d'échange était aux mains des juifs, des marchands lombards et grecs qui venaient par Marseille jusqu'aux foires et Landit. D'abord établis au midi des Gaules, les juifs s'étaient ensuite étendus vers le nord sous la protection des lois romaines. Le code Théodosien leur était très-favorable[2]. La reine Brunehaut établit la première des foires et marchés avec les privilèges particuliers pour tous les trafiquants ; elle organisa une police sévère sur les chemins et les chaussées avec des impôts (tonlieu) destinés à l'entretien de ces voies ; on payait à certaines barrières, aux portes des villes, et le système de fermage du fisc romain n'était pas absolument aboli. Les foires dans ce temps de désordre avaient cet avantage que placées sous la protection d'un monastère, d'un saint tombeau, d'une châsse, d'une relique elles étaient un objet de respect public. Quand une Charte accordait à un monastère la faculté de tenir une foire aux portes de l'église, les marchands placés sous lu protection abbatiale étaient environnés de privilèges[3] ; ils partaient en troupe comme des pèlerins, aussi respectés en vertu de leurs privilèges, que s'ils portaient le bourdon et la panetière pour le voyage du Saint-Sépulcre : quiconque attentait à la liberté des marchands était inflexiblement puni. La foire était une institution publique autour des églises et environnée d'immunités. Les marchandises venues de Constantinople, d'Asie, d'Afrique étaient étalées aux yeux avides des barbares : les parfums d'Arabie destinés aux autels, les soies de Byzance tissues de pourpre et d'or, les drogues et les épices d'Orient ; on y vendait même de blonds esclaves d'Angleterre et d'Irlande. Le grand recueil des Bollandistes (la merveille historique) est rempli de détails sur ces foires et marchés ; et plus d'un saint s'élevait avec vigueur contre cet indigne trafic de chrétiens sur la place publique[4]. L'esclavage existait en principe dans la loi romaine et franque ; les marchands achetaient des serfs partout pour les revendre sur les marchés publics ; l'homme libre dédaignait la culture des terres, le colon, le leude avait donc besoin d'esclaves de toute nature servant le maître presque avec la même hiérarchie que dans la Rome antique.

Sous le roi Dagobert, les caravanes partaient de l'Egypte à travers l'empire byzantin ou débarquaient à Marseille et les juifs toujours si actifs, si intelligents, étaient les intermédiaires, les vrais courtiers des négociations ; ils gagnaient des sommes considérables. A Saint-Denis, à la grande foire et landit, les marchands grecs, syriens apportaient les produits de Constantinople, par Marseille toujours florissante sous l'autorité de son évêque, de ses comtes ou de l'abbé de Saint-Victor ; des navires à voiles et à rames faisaient escale pour acheter des épices, les bois rares, la soie, la laine. Les marchandises remontaient le Rhône, la Saône pour aller joindre la Seine. Une inscription constate même chez les Romains l'existence d'une corporation de nautes ou bateliers chargés de transporter les marchandises par les rivières[5] jusqu'aux foires. C'était jour de fête à Saint-Denis, à Saint-Maur quand la foire ou landit arrivait. Les marchands se rendaient en procession dans le moutier et après la bénédiction de l'abbé, les immunités étaient accordées de telle sorte que nul n'osait plus toucher à un marchand ; les droits de la force étaient suspendu, sous peine de sacrilège.

L'accroissement du commerce devait entraîner le développement du luxe, du bien-être et des arts. Sous le règne de Dagobert, se manifeste le plus visiblement la tendance byzantine dans les monuments : les basiliques qui s'élèvent de toute part ne sont plus seulement des bâtiments en pierres carrées, avec des tours pesantes, des murailles épaisses et des créneaux comme on le voit dans les ruines de Saint-Victor de Marseille : on les façonne avec un art particulier ; la basilique précédée du pronaos ou baptistère offre toutes les formes latines du sixième siècle, avec des colonnettes en plein cintre ; quelques Figures drapées de longues tuniques décorent les façades et en sont pour ainsi dire les cariatides. A l'intérieur, des mosaïques forment le pavé du sanctuaire[6]. Si les cryptes qui abritaient les chrétiens aux jours de persécutions n'avaient point complètement disparu, ils n'étaient désormais que les souterrains vénérables et silencieux de la basilique qui s'élevait glorieuse par tout le sol chrétien. L'architecture avait pris ainsi un certain développement ; Dagobert fut le roi qui bâtit le plus d'églises : le tombeau de saint Martin de Tours se changea en cathédrale. La basilique de Saint-Denis n'avait été d'abord qu'un oratoire élevé par une pieuse femme de race latine du nom de Catula qui avait recueilli le corps de saint Denis martyr ; sainte Geneviève l'avait transformé en église de pierre, simple et modeste. Dévastée par Sigebert, roi d'Austrasie, ce fut à Dagobert que la basilique dut sa première splendeur. Si les châsses, les tombeaux étaient artistement ornés, les formes extérieures gardaient les apparences des murailles romaines, les créneaux, les portes en bois de chêne doublées de fer ; les monastères avaient à se garder contre les barbares. Les tours antiques des deux Saint-Germain de Paris, de Saint-Victor de Marseille étaient de véritables fortifications destinées à protéger les religieux qui souvent se défendaient avec courage.

Une grande perfection était aussi apportée dans les ciselures, dans les ouvrages d'or et d'ivoire, les vêtements de pourpre et de soie. C'était dans ces dessins et ces tissus à mille couleurs, carmin, d'azur échiqueté de pierreries que les ouvriers byzantins excellaient[7]. A leur exemple, se formèrent les ouvriers gallo-francs dont saint Éloi fut le maître : il n'est question dans les chroniques que de l'habileté des orfèvres joailliers dans les ornements somptueux de la châsse des saints, des palais et des églises. L'art de forger le fer, de tremper l'acier, de ciseler Tor était aussi fort avancé chez les Gallo-Romains qui se couvraient d'armures travaillées, d'épais boucliers, de casques à l'épreuve de l'épée et des flèches ; ils avaient transmis aux barbares le secret de ces métiers pour forger les cottes de mailles, les visières de casques, les lances et les longues épées. Le siège ou le fauteuil qu'on appelle du roi Dagobert, conservé encore aujourd'hui, indique la forme sévère des chaises curules des sénateurs de Rome[8]. Quant aux châsses, aux reliures d'ivoire ornées de pierres précieuses, on peut les comparer aux coffrets byzantins, si riches d'ornements et plus finis peut-être que les œuvres sévères des Romains.

Voici donc la face de civilisation que présente le règne de Dagobert : reste maintenant le roi austrasien. Reprenons sa vie écrite dans le monastère de Saint-Denis, avec un soin particulier. Dagobert, adolescent, reçut l'Austrasie à gouverner ; sa mère fut la reine Bertrude et son précepteur saint Arnould, évêque de Metz, si lié à tous les graves événements de cette période[9]. L'enfance de Dagobert fut mêlée à des légendes fantastiques ; les générations d'alors aimaient l'extraordinaire. Si dans nos collèges on enseigne la mythologie grecque, pourquoi ne pas étudier ces légendes qui peignent si bien les mœurs des temps héroïques de notre histoire ? Les annales de France ont leurs mythes !

L'auteur de la Vie ou gestes de Dagobert environne le premier âge du roi de quelques épisodes de chasses et de batailles : Lorsque Dagobert eut atteint l'âge de l'adolescence, et s'amusait â la chasse selon la coutume des Francs, il résolut un certain jour de courir un cerf. Le cerf aisément lancé s'efforçait de s'échapper aux troupes de chiens qui, en aboyant, le poursuivaient, et il traversait les forêts, les montagnes et les fleuves. Vaincu enfin il s'arrêta au lieu qu'on appelle Catulliac[10] éloigné d'environ cinq milles de la ville qu'on nomme Lutèce ou Paris.... Le cerf, après avoir erré longtemps çà et là dans le bourg, entra dans la chapelle des Saints-Martyrs, et s'y cacha. Les chiens le pressaient, et quoique la même porte par où le cerf était entré leur fût ouverte, quoique nul de leurs gardiens visibles ne fût là pour les en chasser, les saints martyrs ne souffrirent pas de ce que leur tombe fût violée par l'approche d'animaux immondes. Vous eussiez vu le cerf trouvant là un asile assuré et les chiens indiquant sa présence par leurs aboiements, mais repoussés par une puissance divine de l'entrée de l'église. Dagobert arrivant en toute hâte, fut saisi à ce spectacle, d'étonnement, d'admiration et de respect. Le bruit s'en répandit parmi les voisins, et leur inspira, mais surtout à Dagobert, un grand amour et une profonde vénération pour les saints ; aucun lieu ne fut plus cher, ni plus précieux à Dagobert, comme on le vit plus tard par ses actions[11].

Dans les chroniques et les chansons de gestes, les saints protègent spécialement le cerf et la biche, tant aimés des rois et des leudes. C'est si élégant et si beau qu'un cerf lancé au son du cor ! Celui qui se réfugia dans le sanctuaire fut protégé sur la tombe du saint où bientôt s'éleva la belle abbaye de Saint-Denis, asile et tombeau des rois de France. Dagobert, tout jeune homme, avait reçu l'Austrasie à gouverner. Clotaire II avait placé à ses côtés un Franc du nom de Sadrégesile, homme fier, impératif qui traitait fort légèrement le fils de son seigneur. Les ducs, les comtes, les maires du palais accordaient avec peine l'obéissance et déjà leur puissance grandissait à ce point d'outrager les fils de roi. Un certain jour Clotaire partit pour la chasse et s'en alla fort loin. Dagobert et le duc Sadrégesile restèrent au palais. Alors Dagobert ayant trouvé l'occasion qu'il espérait, manda le duc auprès de lui et l'invita à prendre son repas. Celui-ci ne soupçonnait nullement ce qui devait arriver, commença à le traiter légèrement, et ne rendit point à son seigneur futur, que dis-je ? à celui qui était déjà son seigneur, les honneurs qui lui étaient dus. Dagobert lui présenta la coupe trois fois ; elle fut repoussée. Alors Dagobert, emporté par la colère, l'accusa d'être infidèle à son père, de le traiter lui-même en rival, de se montrer ennemi de ses compagnons, ajoutant qu'il ne pouvait supporter longtemps les outrages d'un serviteur, ni tarder à venger les injures, de peur que tant d'orgueil ne fût quelque jour poussé a l'excès : il le fit aussitôt battre de verges et le déshonora en lui faisant couper la barbe[12], ce qui était alors le plus grand affront. Ainsi cet homme qui s'était imaginé que, par une longue suite de prospérités il deviendrait roi, apprit tout à coup combien il était loin de ce haut rang.

Furieux de cet outrage, le duc Sadrégesile s'adressa à Clotaire pour avoir justice par le jugement de ses pairs. Dagobert, obligé de fuir, se retira dans le monastère de Saint Denis, où il fut accueilli et protégé. Le roi honora toujours la tombe du martyr, par cette conviction sans doute que cette enceinte sacrée qui avait protégé le cerf poursuivi par une grande meute, le garderait lui-même ; il ne se trompa pas et une sorte de puissance divine empêcha les Francs de Clotaire d'approcher de la basilique : la légende ajoute que les trois martyrs, Denis, Rustique et Éleuthère apparurent au jeune Dagobert dans un rêve vivement coloré et lui dirent : Si tu promets d'honorer notre mémoire en élevant une grande abbaye, tu seras délivré de tes angoisses et tu régneras. Ici est l'explication de la vie de Dagobert tout entière consacrée à l'exaltation de saint Denis et à la vénération de son abbaye. Les légendes donnaient un sens et un mobile à toutes les actions humaines. Depuis la vision de Dagobert, Clotaire lui rendit son amitié[13].

La quarante-deuxième année du règne de Clotaire et d'après l'ordre de son père, Dagobert suivi de ses ducs vint avec une pompe royale à Clichy, près de Paris. Là il reçut en mariage une sœur de la reine Sichilde, nommée Gomatrude. Les noces célébrées, au troisième jour, il s'éleva entre Clotaire et son fils Dagobert une violente querelle. Dagobert demandait que tous les pays des Austrasiens fussent réunis en son pouvoir. Mais Clotaire ne voulant rien concéder, les deux rois choisirent douze Francs pour que leur jugement mit fin à ce débat. De ce nombre était, avec d'autres évêques, le seigneur Arnould, évêque de Metz ; il parla avec une grande douceur pour rétablir la concorde entre le père et le fils. Enfin les évêques et les hommes sages pacifièrent les deux rois en décidant que Clotaire rendrait à Dagobert tout ce qui appartenait au royaume des Austrasiens et ne retiendrait que ce qui était situé au delà de la Loire et du côté de la Provence[14].

Ainsi la querelle apaisée, Dagobert fut acclamé par les leudes. De tous les rois francs, il avait la plus belle, la plus haute taille ; très-adroit en tous les arts, il connaissait quelques-uns des métiers que les habiles ouvriers romains avaient transmis aux Gaulois. Quand Dagobert ne se délassait pas dans la chasse, il faisait la guerre au loin et ses premières armes le portèrent contre les Saxons[15] : Il les dompta si pleinement par les armes, qu'il fit périr tous les mâles de cette terre dont la taille surpassait la longueur de l'épée qu'il portait ; car il voulait que le souvenir toujours vivant de cette mortelle épée étouffât l'audace de leurs enfants[16]. (L'histoire des Mérovingiens se résume par cette chronologie de massacres.)

Dans la bataille, Dagobert reçut sur son casque un coup qui lui coupa un morceau de peau de la tête avec une mèche de cheveux. L'homme d'armes qui se trouvait derrière lui ramassa le morceau tombé. Dagobert voyant le mauvais état de son armée, dit au jeune homme : Hâte-toi, emporte ces cheveux de ma tête et va annoncer à mon père ce qui se passe afin qu'il vienne à notre secours avant que notre armée soit détruite. Celui-ci prenant sa course arriva dans la forêt des Ardennes où se trouvait le roi Clotaire. Lorsqu'il lui remit la peau et les cheveux arrachés de la tête de son fils, le roi saisi d'une vive douleur se mit en marche au milieu de la nuit avec l'armée des Francs, et au bruit des trompettes passa le Rhin et courut au secours de son fils. Les deux rois se serrèrent joyeusement la main et dressèrent leurs tentes sur les bords du Weser. Le duc des Saxons Bertoald, campé sur l'autre rive du fleuve et prêt à marcher au combat, entendit un grand bruit parmi les Francs et demanda ce que c'était. On lui répondit : Le seigneur roi Clotaire est arrivé, et c'est pourquoi les Francs se réjouissent. — Bertoald dit alors en éclatant de rire : Dans votre terreur vous mentez comme des fous. Nous avons appris la mort du roi qui, à ce que vous dites, est avec vous. Mais Clotaire sur la rive du fleuve et portant sur la tête son casque dont les crins se mêlaient avec sa chevelure, l'ôta soudain, et parut la tête découverte. Bertoald reconnut alors que c'était le roi, et lui dit en se moquant : Tu es donc ici mauvaise rosse[17].... A ces paroles le roi grandement indigné entra brusquement dans le fleuve le traversa sur son excellent cheval et se mit à poursuivre Bertoald. Les Francs suivirent leur roi et avec Dagobert, passèrent le fleuve à la nage malgré la profondeur de ses gouffres ; alors Bertoald approchant le roi Clotaire, lui dit : Ô roi, retire-toi de moi, de peur que je ne te tue. Si tu triomphes de moi, tous les hommes diront que tu as tué ton serviteur, Bertoald le païen ; mais si je te tue, alors il y aura un grand bruit chez toutes les nations. A ces paroles le roi s'élança toujours plus violemment contre lui. Les Francs qui étaient encore très-loin de lui criaient : Ô roi, soutiens-toi. Ses mains étaient grandement fatiguées, car il portait sa cuirasse et l'eau pénétrant de toute part rendait ses habits très-pesants. Cependant après un long et rude combat, le roi saisissant Bertoald, le frappa de mort et plaça sa tête au bout de sa lance. Les Francs bien inquiets ne savaient pas ce qui lui était arrivé. Le roi ravagea toute la terre des Saxons et tua tout le peuple ; il voulait par là que la postérité apprit combien avait été grande la perfidie des Saxons et à quel point est redoutable la colère des rois[18].

Il se révèle dans ces récits quelque chose d'homérique : le courage des chefs ou rois francs, les premiers entre tous apparaît par leur hardiesse, leur intrépidité. Cette énergie de bataille et de conquête, Dagobert aspirait à l'imiter. A peine le roi Clotaire était-il enseveli dans l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés[19] que Dagobert ordonna à tous les leudes de se tenir prêts à marcher en armes. En Austrasie était la race forte, supérieure aux Bourguignons et aux Neustriens. A peine Dagobert sur le trône, les évêques et les ducs vinrent pour lui prêter hommage selon le droit. Dagobert, avait un frère appelé à partager l'héritage. Le roi l'apaisa, en lui donnant, comme à un simple comte ou leude, le pays situé au delà de la Loire et du côté de la Gascogne, les cantons de Toulouse, de Cahors, d'Agen, de Périgueux et de Sainte jusqu'aux Pyrénées, sous la condition que Jamais Charibert ne lui redemanderait rien du royaume de leur père[20]. Charibert établit sa résidence à Toulouse et régna dans la province d'Aquitaine : trois ans après, à l'aide d'une armée, il soumit à son pouvoir toute la Gascogne et agrandit son royaume.

Dagobert devait trop à l'abbaye de Saint-Denis pour l'oublier jamais dans ses chartes ; n'avait il pas trouvé protection sous ses voûtes sacrées[21] ? Le droit d'asile dans les églises accordé aux rois et aux princes était emprunté aux coutumes de l'antiquité, lorsque les pontifes du temple prenaient sous leur aile les enfants orphelins, les fils de princes persécutés comme le Joad de l'Écriture. De là ces dons incessants que Dagobert fit à l'abbaye à titre de souvenir et de reconnaissance ; il avait recherché pieusement dans la campagne les dépouilles des saints martyrs Denis, Rustique et Éleuthère pour leur élever une grande sépulture : on avait trouvé leurs noms inscrits sur un sarcophage romain. Le roi retira pieusement les corps saints et les fit transporter dans une partie du bourg ; il orna leur mausolée d'or pur et de pierres précieuses ; et après avoir décoré merveilleusement en dedans l'église qu'il fit construire, il couvrit aussi d'argent pur l'extérieur de la voûte. Le roi assigna pour les luminaires de cette église cent sous d'or, pris sur les droits que lui payait chaque année la ville de Marseille. Les officiers du roi devaient acheter de Thuile comme pour le service du palais, et la remettre aux envoyés de l'église de Saint-Denis ; ordonnant aussi que, soit i Marseille, soit à Valence, à Lyon, les six voitures qui portaient cette huile seraient exemptées de tous droits de tonlieu et de barrière, jusqu'à leur arrivée dans la basilique[22]. A la face de l'autel Dagobert mit une cassette d'argent pour recevoir les aumônes, ensuite distribuées aux pauvres de la main même des prêtres. Il fit ciseler, pour être placée derrière l'autel, une grande croix d'or pur, ornée de pierres précieuses et merveilleusement travaillée. Le bienheureux Éloi, le plus habile orfèvre du royaume, exécuta, avec un art admirable, cette croix ainsi que les autres ornements de cette basilique. L'auteur de la chronique ajoute cette réflexion : Les orfèvres d'aujourd'hui ont coutume de dire qu'à peine reste-t-il un homme, quelque habile qu'il soit, qui puisse tailler et incruster de la sorte l'or et les pierres précieuses, attendu que, depuis nombre d'années, la science de fondre ces rares métaux est tombée en désuétude. Le roi fit suspendre dans toute l'église, aux parois, aux colonnes et aux arceaux, des voiles tissus en or et ornés d'une infinité de perles. Aussi cette basilique décorée de toutes les belles choses de ce monde, et brillant d'un éclat incomparable surpasse-t-elle en magnificence toutes les autres églises, pour que les serviteurs de Dieu y pussent chanter sans interruption les louanges divines, le roi lui donna de grandes et nombreuses possessions.

Ainsi du roi Dagobert viennent les richesses de l'abbaye de Saint-Denis. C'était un éclair que cette réapparition subite de l'art et des travaux dans la nuit profonde : les modèles byzantins étaient parfaitement imités par saint Éloi, orfèvre et gardien du trésor du roi ; il travaillait sous les yeux de Dagobert ; le roi lui confiait volontiers son gouvernement ainsi qu'à Pépin, l'un des grands leudes d'Austrasie, maire du palais, et à Arnould, évêque de Metz, homme sage, à la barbe vénérable. Si les maires exerçaient un suprême pouvoir, le roi gardait toujours son autorité : lui-même parcourait les provinces, rendait la justice, et réprimait les désordres ; s'il n'allait plus si fièrement à la guerre, c'est que la puissance des Mérovingiens en se modifiant devenait plus civile : Le roi Dagobert, dit l'auteur de ses Gestes, était un prince habile et d'un esprit rusé, doux envers ceux qui lui étaient fidèles, terrible envers les rebelles et les perfides ; tenant avec fermeté son sceptre royal, il se montrait plein de bonté pour les hommes sages, et s'élevait comme un lion contre les factieux ; par la bravoure de son cœur il triomphait souvent de la férocité des nations étrangères. Dagobert prodiguait largement ses dons aux pauvres et aux pèlerins ; s'adonnant à la chasse et aux exercices virils, il était incomparable pour l'agilité et la force du corps[23].

Ces qualités, si louées dans ces hommes primitifs, n'empêchaient pas les emportements de la passion. En vain les évêques luttaient contre la sauvage licence des Francs, tout chair et sang ; quand ils aimaient une, deux, trois femmes, rien ne les arrêtait pour en obtenir la possession. En passant dans les champs de Bourgogne, Dagobert aperçut une jeune fille et la fit entrer dans son lit ; en Neustrie, il prit une autre femme ; il en eut ainsi jusqu'à cinq[24]. Aux passions charnelles, le roi joignant la cruauté : le sensualisme entraîne au sang et la concubine aux excès. Les Esclavons avaient exercé des violences contre les marchands de race franque trafiquant sur leur terre. Le roi fit massacré la tribu dans une seule expédition courageusement accomplie. A cette époque les Huns et les Bulgares se haïssaient si violemment que neuf mille familles bulgares vinrent demander asile au roi. Dagobert leur concéda des terres en Bavière, car l'empire des Francs, si vaste alors, s'étendait jusqu'à l'Elbe. Les Bulgares travaillèrent paisiblement toute l'année dans les champs des Bavarois, où ils passèrent l'hiver : Or le roi, dit la chronique, par le sage conseil des Francs commanda de les tuer tous dans une nuit, chacun dans sa maison avec leurs femmes et leurs enfants, ce qui fut aussitôt exécuté ; pas un Bulgare n'échappa[25]. Le chroniqueur selon l'usage, reste froid dans ce récit : était-ce une nécessité de guerre, pour inspirer la terreur ? A cette époque d'invasion, les peuples se heurtaient les uns les autres ; les pays qui obéissaient au roi étaient si vastes qu'il ne pouvait les contenir que par la terreur de son nom !

A une année de là, sentant la mort venir, du consentement des évêques et des ducs francs, Dagobert institua son fils Sigebert roi des Francs Austrasiens. Sigebert marchait pour combattre les Wascones, fière nation des montagnes, placée au sommet des Pyrénées. Les Wascones tirent pleuvoir sur les chefs francs des masses de rochers. La vallée de la Souille fut aussi fatalement célèbre sous la première race que le défilé de Roncevaux sous la seconde, où périrent Roland et Turpin l'archevêque. Sigebert revint sur la Loire. Quoique le roi Dagobert, durant sa vie, parcourût toujours ses villes du Rhin, il aimait Paris, et particulièrement la métairie de Clichy[26], environnée de vastes forêts avec bonne chasse jusqu'à deux lieues à peine des tours de l'église des Martyrs. La plupart des chartes du roi y sont scellées. Le cartulaire de Saint-Denis en contenait plus de vingt, presque toutes en faveur de l'abbaye ; tantôt le roi donnait une ferme, tantôt un domaine à Orléans, ù Puteaux, à Meaux et plus loin encore jusqu'à Autun et dans le Forez[27]. Dagobert concéda enfin à l'abbaye le tribut annuel de cent vaches que lui payait la contrée du Mans, tous les droits et reliefs qui lui revenaient dans les environs de Paris. Par une grande charte, il confirma la célèbre foire de Saint-Denis désignée sous le nom de Landit où se pressaient les marchands de toutes les nations, Juifs, Syriaques, Grecs sous le porche et les tours de l'abbaye. A cette date, atteint d'une maladie grave, Dagobert fit son testament, en présence des leudes, comtes, ducs, évêques de son royaume selon la formule du droit romain : Je me suis décidé à écrire, à la connaissance de vous tous et dans le même temps, quatre testaments. J'envoie un de ces testaments à Lyon, cité de la Gaule ; un autre à Paris, dans les archives de la cathédrale ; un troisième à Metz, où il sera confié à la garde du seigneur Abbon ; le quatrième que je tiens ici dans mes mains, sera déposé dans notre trésor. Telle est notre volonté. Quiconque a pitié des pauvres, prête au Seigneur, et le souverain de l'Olympe[28] le lui rendra amplement. Ainsi, comme nous l'avons dit, notre volonté est qu'après notre mort, les prêtres qui se trouveront alors chargés des offices sacrés dans les lieux ci-dessus désignés, soient mis immédiatement en possession de toutes les concessions par nous faites. Et lorsque chacune des dites églises aura reçu les biens que nous lui donnons, nous souhaitons que les prêtres inscrivent notre nom dans le livre de vie, et que tous les dimanches, ainsi qu'aux principales fêtes des saints ils prient pour nous et célèbrent des messes, chaque jour, pendant trois ans, pour obtenir la rémission de nos péchés. Au nom du Seigneur souverain, témoin et juge, et avec le consentement de vous tous ici présents, nous confions notre dit testament à nos chers fils, Sigebert et Clovis, que la bonté du Christ nous a donnés pour postérité, ainsi qu'aux autres fils qu'il pourra plaire au Seigneur de nous donner, et qui devront nous succéder, afin qu'eux et vous, vous fassiez observer en toute chose notre dernière volonté, et que nul ne tente d'enlever aux églises nos concessions[29].

Ces testaments étaient écrits dans la plus stricte formule du droit romain par des clercs. Dagobert, dans la dernière partie de sa vie, régna sous l'influence de saint Éloi et de saint Ouen, deux grandes figures de ce temps. Saint Éloi, né près de Limoges, de race romaine, avait été placé chez le préfet de la monnaie de l'Auvergne[30]. Clotaire II l'avait nommé son monétaire[31] et Dagobert le fit son trésorier. Éloi avait étudié les arts dans les bas-reliefs romains en y ajoutant ce fini de Byzance qui se révélait dans les ornements du tombeau de saint Germain. Les deux sièges d'or du roi Clotaire enrichis de pierreries, de topazes, d'émeraudes furent ses chefs-d'œuvre. Dégoûté du monde, il adopta la vie monastique, puis élevé à l'évêché de Noyon, il devint un des conseillers et des amis de Dagobert ; rien ne se faisait sans saint Éloi. Saint Ouen, aussi un des hommes influents, était de la province de Soissons ; admis fort jeune à la cour de Clotaire II, il fut référendaire de Dagobert, puis élevé à l'évêché de Rouen la même année que saint Éloi reçut le siège de Noyon. Ces deux évêques, habiles négociateurs sous Dagobert, furent même envoyés en ambassade à Constantino. pie vers Héraclius, car la souveraineté des empereurs grecs était encore reconnue et solennellement saluée par les rois francs. Ce voyage ne fut pas étranger à ce goût d'artiste qui domina la vie de saint Éloi[32].

Ce règne de Dagobert a donc une empreinte particulière ; il est plus rapproché de la civilisation. Le roi se fait presque romain par le commerce, l'industrie, les arts et surtout par l'influence des évêques qui se manifeste d'une manière efficace. Cette empreinte d'une piété extrême paraît jusque dans les derniers actes de la vie de Dagobert. Voici comment sa fin est racontée : Le roi commença à être malade d'un flux de ventre dans sa maison d'Épinay aux bords de la Seine et non loin de Paris. Il fut transporté de là dans la basilique de Saint-Denis. Au bout de peu de jours se sentant dans un péril imminent, il ordonna qu'on fît venir en toute hâte son conseiller Aga. Il lui recommanda la reine Nanthechilde et son fils Clovis II, ajoutant que, sur le point de mourir, il tenait sa sagesse en grande estime, et souhaitait qu'avec son aide, son fils pût gouverner heureusement le royaume. Ayant ensuite convoqué les principaux du palais, il leur recommanda pareillement sa femme et son fils, en leur faisant prêter serment de fidélité selon la coutume, et fit dresser au profit de la basilique des Saints-Martyrs une donation des domaines d'Aguisi, de Coudun, de Grandvillé, de Moinsvillé, de Gelles, et y fit insérer également celle du domaine de Sarcelle qu'il leur avait déjà donné[33]. Tous les grands étant consternés de douleur, il les consola avec bonté et du mieux qu'il put. Le roi ayant cessé de parler, d'après son ordre, son fils, le roi Clovis, signa la dite charte qui lui fut présentée par le référendaire Dadon, et tous les grands qui se trouvaient présents firent comme lui. Les choses ainsi arrangées, peu de jours après, le 19 janvier, le roi très-chrétien Dagobert partit de ce monde. Une douleur inexprimable remplit soudain le palais et tout le monde déplora amèrement sa mort. Embaumé avec des aromates, il fut transporté, au milieu du concours et des gémissements des peuples, dans la basilique des Saints-Martyrs qu'il avait, comme nous l'avons dit, magnifiquement ornée d'or et de pierreries, de meubles précieux, et dont il avait fait construire l'enceinte ; il fut très-justement enseveli à la droite de leur tombeau (des martyrs). Il avait donné à leur église et en divers lieux tant et de si grandes richesses, terres et possessions, que sa piété est encore aujourd'hui admirée de beaucoup de gens[34].

Cette expression d'enthousiasme pour les actes de Dagobert ne suffit point encore au pieux chroniqueur de Saint-Denis. Ce roi a été si bon, si magnifique pour le monastère ! Le moine se hâte d'écrire une légende afin de constater que tant de dons, malgré ses fautes, ses égarements, ses violences, lui ont assuré le ciel. Évidemment sa vie de chair et de sang lui méritait l'enfer, et pourtant les saints martyrs de Saint-Denis ne peuvent laisser le diable s'emparer de cette âme généreuse. Voici ce qui fut raconté : L'évêque Ansoualde étant dans les mers de Sicile avait vu les noirs esprits entraînant, à travers les flots, le roi Dagobert, juste châtiment du prince violent, passionné, terrible au peuple. Mais au moment où Jésus-Christ allait prononcer son arrêt inflexible, saint Martin de Tours, saint Denis, saint Maurice s'étaient précipités à ses pieds. Nous sommes venus à son secours, s'étaient-ils écriés, afin qu'en l'enlevant aux enfers nous pussions le déposer aux pieds d'Abraham. Ces légendes constataient une grande rémunération des fautes parles dons et l'aumône ; on les voit sculpté sur les cathédrales, on trouve souvent sous les porches des bandes de diables qui entourent un cercueil et veulent s'emparer d'un damné, mais dans un coin de la niche paraît un saint, la mitre sur la tête, les doigts serrés comme pour donner sa bénédiction. Le Christ est au sommet de ce porche, il regarde bénignement la tombe comme s'il pardonnait à cause des prières du saint L'homme de violence avait ses jours de repentir : ainsi avait été Dagobert. Une chose qu'il faut remarquer dans l'histoire delà première et de la seconde race, c'est que les deux plus grands noms, Dagobert et Charlemagne sont l'objet de légendes ridicules, de chansons moqueuses ; les dialogues puérils entre Dagobert et saint Éloi sont bien anciens et les romans de chevalerie railleurs contre Charlemagne (mis dans un sac par l'enchanteur Maugis et les quatre fils Aymond) remontaient plus loin que Philippe Auguste. N'était-ce pas une vengeance de la race méridionale contre les Austrasiens qui ravalent domptée ? Les traditions bouffonnes sur la bonté naïve de Dagobert, les réponses de saint Éloi sont venues jusqu'aux temps modernes en dialogues puérils. Les romans de chevalerie n'épargnaient pas les rois ; les trouvères et les troubadours ont fait de Dagobert un roi débonnaire et de saint Éloi un familier de domesticité qui aidait le roi dans les soins les plus intimes de sa personne[35], la raillerie est de toutes les époques et la plus grande critique de Charlemagne se trouve dans les Chansons de Gestes de la chevalerie.

 

 

 



[1] Il existe deux documents précieux sur le gouvernement de Dagobert : c'est d'abord sa propre vie, évidemment écrite par un moine de Saint-Denis, et puis la première biographie de saint Éloi, ouvrage de saint Ouen. Ces deux derniers documents ont été recueillis par Dom Bouquet (Francor. histor. Coll., t. IV.)

[2] L'Institut couronna un de mes mémoires sur l'État des Juifs au moyen âge.

[3] L'abbé Carlier a fait imprimer une dissertation spéciale sur In commerce pendant la première et la seconde race : Amiens 1743. Voir les préfaces des ordonnances du Louvre.

[4] Le pape Grégoire écrivit une véhémente lettre à Brunehaut sur sa tolérance impie à permettre le commerce des esclaves. (Duchesne, tome I, p. 902.) Voyez aussi Acta S. S. ordin. sanct. Bened. sæcul. I, p. 474-475.

[5] On a trouvé une curieuse inscription sur la corporation des Nautes de la Seine. Quant à la navigation et à la forme des navires, on peut consulter un mémoire de M. Mongès. (Collection de l'Institut, t. V, p. 91.)

[6] La mosaïque est une importation grecque : Pline l'appelle genus patimenti grecianici.

[7] Aussi saint Chrysostome, dit-il : Toute notre admiration aujourd'hui est réservée aux orfèvres et tisserands. (Homelia de divite et Lazare, p. 3 et 4.)

[8] Le fauteuil est au musée du Louvre.

[9] Saint Arnould fut le parent et le protecteur de la famille de Pépin.

[10] Dans les plaines de Saint-Denis.

[11] Anonyme, de vita Dagoberti, lib. I.

[12] De vita Dagoberti, lib. I. C'est pour la première fois que nous lisons dans les chroniques que la barbe coupée était un déshonneur, comme d'être tondu de sa chevelure.

[13] Frédégaire, Chron., cap. 56.

[14] Frédégaire, Chron., ibid.

[15] Les Saxons campaient sur les bords de l'Elbe.

[16] Anonyme, de vita Dagoberti, lib. I.

[17] Nous donnons la traduction de M. Guizot.

[18] Anonyme, de vita Dagoberti, lib. I.

[19] Clotaire avait épousé trois femmes : Haldetrude, Bertrade et Sichilde : il avait régné quarante-cinq ans. L'année de sa mort est de 628.

[20] L'unité héréditaire n'était pas reconnue encore par les tribus.

[21] Dagobert fut véritablement un roi clerc qui se mêla aux affaires des églises. Je trouve de lui un diplôme qu il adresse aux évêques, aux ducs et à tout le peuple des Gaules pour accorder que Didier soit évêque de Cahors. Vita Desiderii (Biblioth. nova, t. I, p. 705.)

[22] Le zèle généreux de Dagobert fut si grand pour la basilique de Saint-Denis qu'il fit enlever les portes d'airain de Saint-Hilaire de Poitiers pour les transporter à la nouvelle abbaye. (Gest. Dagoberti, cap. 44.)

[23] Vita Dagoberti, lib. II.

[24] Trois de ces femmes de Dagobert sont bien connues : Nentechilde, Vulfegonde et Bertichilde. (Frédégaire, in Chronic. — 60). Saint Amand fut exilé par le roi ; il lui avait reproché cette étrange pluralité, (Vita Amand, 4.)

[25] De gest. Dagoberti.

[26] Elle est nommée dans les diplômes, Clipiacum ou Clipiacum.

[27] Voyez aussi la collection des diplômes de Bréquigny, tome Ier.

[28] Il est curieux de voir l'Olympe mêlé aux textes de l'Ecriture. Les clercs commençaient à étudier Virgile.

[29] Ce testament est rapporté en entier dans la chronique de Gesta Dagoberti.

[30] Vita Eligii ab Audoeni, lib. I, Spicileg., t. V.

[31] Sur les monnaies de Clotaire II et de Dagobert, on voit encore le nom d'Éloi, exprimé par ce mot abrégé ELLOI.

[32] Saint Éloi resta deux ans à Constantinople et un an à Rome.

[33] Les Chroniques de Saint-Denis parlent de ces chartes de donation qui faisaient sa richesse, mais le document le plus détaillé sur la mort du roi, c'est la Gesta Dagobert, dans Dom Bouquet. (Collect. Francor. Hist.),

[34] De Gest. Dagobert.

[35] J'ai trouvé l'origine de la première moquerie sur Dagobert, sur Saint Éloi, dans un petit imprimé du commencement du seizième siècle, Avignon 1510 avec gravure et frontispice.