HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

 

CHAPITRE X. — LES COMMUNES.

 

 

Depuis le règne de Charlemagne, nous avons vu quatre grands faits se passer sous nos yeux : le morcellement de l'Empire, sur les débris duquel s'éleva la féodalité ; les invasions des Northmans, des Sarrasins et des Hongrois ; la querelle des investitures et les croisades. Tous ces événements eurent pour résultat de provoquer ou d'accélérer une vaste révolution, qui constitue, elle aussi, l'un des faits les plus considérables du moyen âge : la révolution communale.

 

Caractère de la révolution communale. A la fin du XIe siècle, un vaste mouvement démocratique s'étendit dans toute l'Europe occidentale, en Allemagne, en Belgique, en France, en Italie, en Angleterre. On sentit le besoin de réagir contre le désordre et l'oppression féodale. Cette révolution fut extrêmement variée dans ses manifestations et dans ses résultats. Toutes les villes n'obtinrent pas les mêmes privilèges, ni en même temps, ni par les mêmes voies. Mais partout, ce mouvement fut une réaction contre es vices du régime féodal. Le régime féodal n'était que l'organisation du désordre. Ce n'étaient que guerres continuelles et vengeances privées. On se battait jusque dans les tribunaux : le duel judiciaire, la force brutale décidait dans bien des cas. La révolution communale voulut faire régner la paix avec des garanties contre les gens de guerre et l'abus des armes, abolir le duel judiciaire, déterminer les droits de chacun, et substituer à l'arbitraire du pouvoir l'action régulière des tribunaux. Au dessus de la diversité presque infinie des changements qui s'accomplissent au XIIe siècle dans l'état des villes grandes ou petites, anciennes ou récentes, dit Augustin Thierry[1], une même pensée plane, pour ainsi dire, celle de ramener au régime public de la cité tout ce qui était tombé par abus ou vivait par coutume sous le régime privé du domaine.

 

Les villes avant le mouvement communal. Dans les premiers siècles féodaux, les villes étaient soumises à des officiers, nommés burgraves, écoutètes, avoués, etc., représentants du souverain : roi, comte ou évêque. Les habitants étaient, les uns des hommes libres, propriétaires de leur domicile, ou établis sur la terre d'autrui ; les autres des serfs du comte, d'un seigneur ou d'un homme libre, ou des tributaires d'une église. Les hommes libres eux-mêmes, à cause de leur isolement et de leur petit nombre, étaient, jusqu'à certain point, à la merci du seigneur. Quoique rapprochés par les relations journalières et certains intérêts communs, les citoyens d'une même bourgade ne formaient point un corps moral. Les villes n avaient ni administration spéciale, ni magistrats propres. On les voit bien parfois prendre une part active aux événements ; ainsi, dès le Xe siècle, plusieurs villes des Pays-Bas et des provinces voisines se révoltèrent contre leurs seigneurs. Elles n'acceptaient donc pas sans résistance la dure et basse condition à laquelle on voulait les réduire. Les résistances, toutefois, ne furent que passagères, rencontrèrent une prompte répression, et n'obtinrent aucun résultat.

 

Ce que c'était qu'une commune. A la fin du XIIe siècle, nous voyons presque toutes les villes érigées en communes ; c'est-à-dire que leurs habitants, les principaux au moins d'entre eux, les bourgeois, ont une loi commune, reconnue par le prince, confirmée par une charte authentique, une Keure, comme on disait en Flandre. Leurs droits sont fixés ; le seigneur ne peut plus, par exemple, les grever d'impôts arbitraires. Ils ont de plus une juridiction commune, des échevins, des conseillers ou des consuls, chargés de faire régner l'ordre et la paix dans la ville et dans sa banlieue et d'y rendre la justice. Les bourgeois ne peuvent être jugés que par droit et sentence ; c'est-à-dire par leurs juges naturels, pour des délits définis par la loi, après une instruction conduite suivant les prescriptions légales, et ils ne sont passibles que de peines déterminées par la loi. La commune est un être moral, propriétaire de biens communaux. Elle est parfaitement distincte du pays environnant, possède des droits qu'elle saura défendre à l'occasion. Souvent, au moyen âge, on vitales communes intervenir comme garantes des traités, prendre vis-à-vis du prince la position que le droit féodal accordait aux barons, et faire la guerre pour leur propre compte.

 

Disparition des municipalités romaines. Ce serait une erreur de croire que les communes du moyen âge sont la continuation du municipe romain quelque peu modifié. Cela peut être vrai de quelques communes, mais non pas de la généralité. Plusieurs siècles séparent en effet la disparition de l'organisation municipale et la naissance des communes. De toutes les villes romaines qui survécurent aux invasions, bien peu conservèrent leurs institutions. Tout au plus pourrait-on en citer quelques-unes en Italie et dans le midi de la Gaule. Sous les Francs, comme sous les Lombards, elles furent confondues dans le pagus, soumises aux mêmes comtes que le territoire environnant, justiciables des mêmes tribunaux. Elles conservèrent cependant une certaine importance, parce qu'elles étaient le plus souvent la résidence d'un évêque ou d'un comte ;' plusieurs d'entre elles étaient fortifiées et, par conséquent, assuraient une sécurité plus grande à leurs habitants et au commerce.

 

Origine des villes non romaines. D'ailleurs, toutes les villes du moyen âge ne sont pas d'origine romaine. A côté des anciens municipes, il se forma de nouvelles agglomérations, sous l'influence de causes diverses. Le confluent. de deux rivières, le croisement de deux routes offraient de grands avantages au commerce. Des habitations s'y élevèrent. Le noyau de ces bourgades naissantes fut souvent une maison royale, le siège d'un évêché, surtout un monastère. Les invasions du IXe et du Xe siècle obligèrent les villes, les monastères, tous les centres un peu populeux, à s'entourer de murailles. Ce furent les seuls points qui conservèrent quelque sécurité. Les campagnes se dépeuplèrent et les villes prirent de rapides accroissements.

 

Premiers privilèges accordés aux villes. Les rois et les seigneurs leur accordèrent généralement quelques faveurs, soit par humanité, soit par une politique bien entendue. C'était en effet pour eux le moyen le plus sûr d'y attirer des habitants, et d'augmenter, avec la population, leur propre puissance et leurs richesses. Les faveurs tombèrent avant tout sur le commerce. Les rois établirent des marchés publics dans les bourgades qu'ils voulaient agrandir, et les entourèrent de privilèges pour y attirer les marchands. Les personnes qui s'y rendaient, y séjournaient, en revenaient, étaient sous la protection particulière di prince. Le vol et les voies de fait y étaient sévèrement réprimés. Le corps des marchands constituait lui-même un tribunal auquel ressortissaient toutes les transactions commerciales. Ce sont généralement les marchands attirés ainsi dans les villes qui ont formé le noyau des bourgeoisies. A mesure qu'on avance, les privilèges se multiplient et s'étendent. Les faveurs que les villes avaient reçues d'Henri IV, les décidèrent généralement à prendre parti pour lui dans la querelle des investitures, et cette conduite leur valut de nouvelles concessions.

 

Les communes jurées[2]. On peut dire que c'est le commerce qui a élevé la plupart des communes en Belgique, en Allemagne, en France et en Italie. C'est ce qui a fait dire à Guizot qu'elles sont sorties d'une boutique. L'industrie et le commerce amenèrent les richesses, la puissance et aussi l'esprit d'indépendance. Les marchands opulents des villes du moyen âge n'étaient pas d'humeur à supporter un régime despotique et oppressif. De gré ou de force, les souverains furent amenés à leur concéder des privilèges et des franchises. Parfois, principalement dans le nord de la France, les habitants d'une ville formèrent entre eux une association, et comme une conjuration, douée d'une certaine puissance, et arrachèrent à leur seigneur une charte d'affranchissement. La commune de Cambrai est, que l'on sache, une des plus anciennement établies de la sorte.

 

Origine de la commune de Cambrai. Cette ville s'était enrichie très tôt par un commerce fort étendu, et ses habitants, dans leur désir d'indépendance, étaient entrés à diverses reprises en guerre ouverte avec leur évêque, qui était en même temps leur seigneur. En l'an 1076, comme le clergé et tout le peuple, dit la chronique, étaient en grande paix, s'en alla l'évêque Gérard à l'empereur. Mais il n'était pas très éloigné, quand les bourgeois de Cambrai, par mauvais conseil, jurèrent une commune et firent ensemble une conspiration que depuis longtemps ils avaient murmurée, et s'allièrent ensemble par serment que si l'évêque n'octroyait cette commune, ils lui défendraient l'entrée en la cité[3]. A cette nouvelle, l'évêque- revint sur ses pas, prit avec lui son ami Baudoin, le comte de Mons, et ainsi vinrent à la cité avec grande chevalerie. Lors eurent les bourgeois leurs portes closes et mandèrent à l'évêque qu'ils ne laisseroient entrer que lui et sa maison, et l'évêque répondit qu'il n'entreroit pas sans le comte et sa chevalerie, et les bourgeois le refusèrent. Cependant l'évêque parvint bientôt à rentrer dans sa ville épiscopale, et des châtiments sévères forcèrent les Cambraisiens à l'obéissance. Ils furent contraints de jurer fidélité à leur seigneur. Mais plus tard, les troubles du règne d'Henri IV leur fournirent une occasion de tenter un nouveau mouvement et de rétablir leur commune. Deux prétendants se disputaient le siège épiscopal. Gaucher le candidat d'Henri IV, permit aux Cambraisiens d'ériger une commune. Ce qui ne l'empêcha pas d'être chassé quelques années après. Gaucher invoqua l'appui de l'empereur, qui était alors Henri V. L'empereur vint à Cambrai avec une forte armée. Alors fit l'empereur crier que tous les habitants et les bourgeois vinssent en sa présence, et ils vinrent très émus, car ils craignoient de perdre la vie ou leurs membres, et ne pouvoient contredire ni ne l'osoient. Lors parla l'empereur très durement à eux, et fortement les blâma... Quand ils ouïrent l'empereur ainsi parler, ils furent trop épouvantés et ne savoient qu'ils pussent répondre ; et pour ce qu'ils se sentoient coupables ; ils s'humilièrent durement et crièrent à l'empereur merci. A la prière de l'évêque et des princes de sa suite, Henri se radoucit cependant un peu. Il leur fit grâce des châtiments qu'ils s'étaient attirés, mais il commanda qu'ils apportassent en sa présence la charte de la commune qu'ils avoient faite, et eux ainsi firent ; et l'empereur tantôt la défit et leur fit jurer devant tous les princes que jamais autre ne feroient. Ainsi fut défaite cette commune, et leur fit l'empereur jurer féauté à lui par foi et par serment.

Ces événements se passaient en 1107, et moins de vingt ans après, la commune était rétablie. On la citait au loin comme un modèle d'organisation politique. Que dirai-je de la liberté de cette ville ? dit un ancien écrivain : Ni l'évêque ni l'empereur ne peuvent y asseoir de taxe ; aucun tribut n'y est exigé ; on n'en peut faire sortir la milice, si ce n'est pour la défense de la ville, et encore à cette condition que les bourgeois puissent le jour même être de retour dans leur maison[4].

 

Les communes pacifiques. Des faits analogues à ceux que nous venons de raconter, se passèrent en d'autres endroits, aussi bien dans le Languedoc que dans le nord de la France et en Allemagne. Mais il ne faudrait pas croire que toutes les chartes communales ont été emportées à la pointe de l'épée. La plupart furent octroyées de plein gré, non par pure générosité, mais parce que l'intérêt bien entendu des seigneurs leur faisait une loi d'agir de la sorte. Il fallait bien compter avec ces marchands enrichis, quand surtout pour la défense de leurs intérêts, ils s'organisèrent en gildes. C'est dans les disputes des grands, et dans les guerres de succession principalement, que leur appui devint précieux et fut recherché. Les villes n'offrirent leur hommage qu'en retour d'une charte ou Keure, où elles avaient consigné les principaux points de leurs constitutions. Beaucoup de princes et de seigneurs secondèrent aussi l'affranchissement des communes pour se procurer de l'argent, pour accroître la population de leurs états, etc. Quand ils n'y trouvaient pas cet intérêt, généralement ils s'opposèrent aux progrès de la bourgeoisie. Les croisades, nous l'avons vu, donnèrent une nouvelle impulsion au mouvement communal. En général, il est à remarquer que les communes sont plus anciennes en fait que leurs chartes. Leurs libertés s'établirent pour la plupart insensiblement, par forme de coutumes. Les chartes ne firent que sanctionner un ordre de choses préexistant. De plus, dans beaucoup de villes, la plénitude des privilèges communaux fut accordée, non à tous les habitants, mais à la gilde ou corporation des marchands, et ce n'est que plus tard, souvent par suite de longues révolutions, que les métiers firent reconnaître leurs droits. Chaque commune étant arrivée séparément à l'affranchissement, on conçoit qu'il devait exister une très grande différence de l'une à l'autre. Elles avaient cependant aussi beaucoup d'analogies, lesquelles s'expliquent par la similitude des besoins et des aspirations qui ont créé le mouvement communal. D'ailleurs les plus anciennes chartes servirent de modèles aux plus récentes. C'est ainsi que la loi de Cambrai, celle de Cologne, celle de Beaumont, furent suivies dans une foule de localités. La révolution se produisit également, quoique un peu plus tard, dans les campagnes. Souvent les bourgeois de différentes villes formèrent entre eux des associations. Ainsi naquit la Hanse de Londres, appelée aussi Hanse flamande, où entrèrent une foule de commerçants d'un grand nombre de villes anglaises et flamandes, dans le but d'assurer leur sécurité.

 

Les états. L'exposé des institutions féodales nous a appris que les obligations des moindres vassaux vis-à-vis de leur seigneur étaient clairement déterminées et invariablement fixées par le contrat féodal. La charte communale réglait de même les relations du prince avec les bourgeois. Si donc le suzerain, le prince avait besoin de subsides plus considérables que ceux qu'il avait le droit d'exiger de ses vassaux ou de ses communes, d'une armée plus forte que le contingent obligé ; s'il désirait introduire un changement dans le contrat féodal ou dans la charte communale, il ne pouvait y songer, sans le consentement des intéressés. Les seigneurs eurent donc à rassembler de temps en temps leurs vassaux, leurs bourgeois, dans le but d'obtenir ce consentement. Parfois aussi, ce furent les inférieurs qui prirent l'initiative de ces réunions, pour défendre leurs droits menacés par le suzerain. Telle est l'origine des étals. Ils se divisaient presque partout en trois ordres : le clergé, la noblesse et le tiers-état. Il est impossible d'indiquer ici leur composition, le mode de nomination des membres, la manière de voter, etc., vu qu'il y avait dans le détail une très grande différence d'un endroit - à l'autre et d'époque a époque. En général, les trois ordres votaient séparément. Le vote du plus grand nombre n'obligeait pas toujours la minorité, et un ordre pouvait n'être pas lié par le vo.te opposé des deux autres. La tyrannie des majorités était inconnue. Grâce à ces institutions, le moyen âge, dans beaucoup de contrées au moins, jouit d'une liberté civile et politique que pourraient lui envier les citoyens de bien de nos états constitutionnels. En beaucoup de pays, les princes reconnurent explicitement aux états le droit de leur résister, même par la force des armes, au cas qu'ils eussent tenté de violer leurs privilèges. Ce n'était là qu'une conséquence des institutions féodales.

 

Attitude du clergé en face de la révolution communale. Le clergé, en face de la révolution communale, ne suivit pas partout ni constamment la même règle de conduite. Dans le midi de la France actuelle, dit Augustin Thierry[5], les évêques se montrèrent, en général, amis des libertés bourgeoises et protecteurs des communes. Mais dans la France proprement dite, en Bourgogne et en Flandre... ils soutinrent contre les communes une guerre qui ne se termina qu'après trois siècles. Il serait plus vrai de dire que, dans ces contrées, l'attitude du clergé ne fut pas uniforme. Certains auteurs modernes en ont vivement blâmé le clergé ; c'est-à-dire, qu'ils lui ont fait un crime de n'avoir pas eu au XIIe siècle les idées du XIXe. Il s'agissait pour lui de se dépouiller de privilèges qu'il considérait comme des droits, non pas personnels, mais appartenant à l'Eglise, dont il n'était que l'administrateur et le défenseur ; des droits qui n'étaient pas pour les contemporains ce qu'ils paraissent maintenant. Les droits de mainmorte et de formariage, dit Augustin Thierry[6], tout odieux qu'ils nous paraissent, eurent, non seulement leur raison légale, mais encore leur utilité pour les progrès à venir. D'ailleurs cette lutte des bourgeoisies contre les seigneurs ecclésiastiques ou laïques ne se montrait pas évidemment aux yeux de l'observateur comme un combat entre l'esprit de liberté et le despotisme. En beaucoup d'endroits, la victoire du peuple ne fit que substituer à l'ancien gouvernement une nouvelle tyrannie. L'établissement même de la commune laissa la plèbe dans toute son infériorité, et la lui fit peut-être sentir plus durement, car la liberté dont jouissaient les bourgeois proprement dits, avait éveillé en eux, si nous en croyons un auteur du XIIIe siècle, l'esprit d'orgueil et de tyrannie. Modestes et bienveillants pour le pauvre avant leur émancipation, ils devinrent ambitieux et oppresseurs dès qu'ils furent maîtres de la cité ; et cette assertion du chroniqueur cambraisien n'est que trop justifiée par la haine générale que nous voyons régner pendant la période suivante entre la plèbe et l'aristocratie bourgeoise[7].  Souvent, en Italie et en Belgique, les grandes communes abusèrent de leur puissance pour étendre leur domination sur les campagnes et les villes mêmes du voisinage.

 

Avènement politique des métiers. La plèbe, composée des gens de métiers, s'organisa en corporations, et en compagnies militaires. Elle avait pour elle le nombre, la discipline et le droit. Dans sa lutte contre les classes privilégiées, elle finit généralement par l'emporter et par se rendre maîtresse du gouvernement communal. Alors, à son tour, elle dépassa souvent les justes bornes, et exerça une tyrannie, la plus insupportable peut-être de toutes, celle de la multitude sur la haute bourgeoisie.

 

Décadence des communes. Cet abus de la liberté, combiné avec d'autres causes, amena la décadence des communes. Je parle des communes proprement dites, de celles qui formaient comme de petites républiques presque indépendantes. En France, elles auraient pu défendre leur autonomie contre leur seigneur. Mais lorsque, par l'extension sans cesse croissante du pouvoir royal et de la puissance de quelques grands feudataires, toutes les petites souverainetés eurent été en quelque sorte absorbées par la couronne et par quelques princes, les villes se trouvèrent en présence du roi ou d'un souverain redoutable, comme le duc de Bourgogne, par exemple, ou le comte de Toulouse, et la lutte devint trop inégale. Elles durent se courber sous le joug. Il arriva maintes fois que les communes, fatiguées de leurs propres excès, des désordres et des maux qui en étaient la suite, abdiquèrent spontanément leur indépendance entre les mains du roi. Pour les républiques italiennes, elles n'avaient pas ce remède. Elles tombèrent sous la domination de l'aristocratie. Telle est l'histoire de Venise, de Florence, de Gènes et de vingt autres cités. Nulle part peut-être, les communes ne conservèrent leur autonomie aussi longtemps qu'en Belgique. Elles avaient été des premières à se former, elles disparurent des dernières.

 

 

 



[1] Essai sur l'histoire du Tiers-État, chap. I.

[2] J'emploie ce terme par opposition, non aux villes à loi, mais aux communes pacifiques dont je parle plus loin.

[3] Augustin Thierry, lettre XIVe sur l'histoire de France.

[4] Tout cet alinéa est tiré d'Augustin Thierry, endroit cité.

[5] Lettre XIVe sur l'histoire de France.

[6] Histoire du Tiers-État, chap. I.

[7] Moke, Mœurs, usages et fêtes des Belges, chap. 16, t. II, p. 12.