HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

TOME TROISIÈME

LIVRE TROISIÈME

 

CHAPITRE VIII. — COMPLOTS DU LUXEMBOURG (1789-1790).

 

 

Le marquis de Favras ; sa jeunesse ; ses aventures : plan financier : le déficit des finances de la France vaincu, — Complot ; son développement. — Le comité des recherches averti. — Arrestation de Favras. — La complicité de Monsieur est publiquement dénoncée. — Conciliabule tenu ail Luxembourg ; Mirabeau, conseiller du prince ; on prépare un projet de discours, Mirabeau y met la main. — Monsieur devant les représentants de la Commune ; effet de la visite de ce prince à l'Hôtel de ville. — Popularité croissante de Lafayette. — Assassinat supposé. — Monsieur, intermédiaire entre Mirabeau et la cour ; marché conclu entre la cour et Mirabeau. — Efforts pour prévenir des révélations redoutées. — Procès de Favras ; son attitude devant les juges. — Entrevue de Talon et de Favras dans la prison ; Favras se laisse arracher la promesse de ne pas nommer ses complices. — Favras, condamné, marche au supplice ; son testament de mort ; son exécution aux flambeaux. — Aspect intérieur du Luxembourg le soir où Favras fut exécuté. — Importante déclaration de Lafayette. — Lettre de Monsieur trouvée sur Favras au moment de son arrestation. — Le prix du sang.

 

Il est des hommes dont on dirait que la grandeur native est une erreur ou une dérision du destin ; ils ont de vigoureuses facultés, et ces facultés manquent sans cesse d'emploi ; ils sont capables de vastes desseins, et l'occasion des petites choses est la seule qui s'offre à leur prise. Tandis que devant eux et comme pour mieux empoisonner leurs désirs, de médiocres génies montent aisément à la surface de l'histoire et s'y maintiennent, eux, toujours attirés mais trompés toujours par je ne sais quelle fatalité moqueuse, ils sont condamnés à vivre dans les bas-fonds, ou, s'ils paraissent, ils ne font que rencontrer le bruit en cherchant la gloire, et quelque coup d'audace, cruellement puni, montre l'aventurier à la place du héros.

Tel fut Thomas de Mahy, marquis de Favras.

Suivant des témoignages contemporains[1], peu suspects de partialité, il avait une figure belle et fière, la taille haute, l'œil ardent et une physionomie où se lisaient d'heureux présages, que ne démentit pas la fortune de ses premières années. Mousquetaire en 1755, capitaine de dragons en 1761[2], il dut à l'imprévu des courses militaires d'épouser, n'étant encore qu'un soldat ignoré, la princesse Caroline d'Anhalt : alliance presque royale. En 1773, il était premier lieutenant des gardes suisses de Monsieur, et il recevait de ce prince une pension de mille deux cents livres pour subvenir aux frais d'éducation de son fils.

C'est à peine s'il atteignait alors sa trentième année ; il pouvait donc attendre. Mais non, il avait hâte d'agiter sa vie. Appelé en Autriche par des affaires de famille, il donne sa démission, et, de retour en France, il se tient à la disposition des événements qu'il épie. Les troubles de Hollande, en 1785, ayant tenté son ardeur, lever une légion pour le service des Provinces-Unies devient son rêve ; mais la prompte pacification de la Hollande le rejette une première fois dans le repos[3]. C'était l'époque des spéculations financières : il poursuit, la plumé à la main, l'occasion qui échappe à son épée ; il se plonge dans la science des chiffres, il entreprend de révolutionner les finances. Le 19 mars 1788, un projet émané de lui avait été, de la part des commissaires Lecoulteux, de La Noraye, Haller, Lesparat et Vandermonde, l'objet d'un rapport très-favorable, et par des lettres des mois de novembre et décembre de la même année, Necker avait reconnu la nouveauté, le mérite des idées financières du marquis de Favras. Encouragé, il compléta ses vues, il les exposa, hardiment développées, dans un ouvrage qui parut en 1789, avec cette épigraphe : pro rege, pro patria, et sous ce titre emphatique : Le déficit des finances de la France vaincu[4]. Ce qu'il proposait, c'était un certain mode de reconstitutions annuitaires, au moyen duquel il se flattait d'opérer en trente ans l'extinction de la dette nationale, et cela, disait-il, sans nouveaux impôts, sans papier-monnaie, sans réduction de rentes, sans suppression d'emplois. Le livre, que terminait un ingénieux apologue, commençait par ces mots : Né Français, l'éclat du trône m'a toujours paru inséparable du vrai bonheur et de la prospérité des peuples. Il était dédié aux membres des Etats généraux, et l'auteur s'écriait fièrement : Je maîtriserai la confiance, je suis assuré du crédit[5].

Quelque brillantes que fussent ces promesses, elles ne valurent au marquis de Favras qu'une approbation bientôt suivie d'une profonde indifférence ; mais l'insurrection du Brabant vint le consoler, en lui offrant l'espoir de renouer le projet qu'il avait conçu en 1785[6]. Ses vues s'agrandissant alors, il osa lier le plan d'une révolution dans le Brabant avec celui d'une contre-révolution en France.

Nous l'avons déjà vu, aux événements d'octobre, demander à M. de Saint-Priest les chevaux des écuries du roi, pour courir à la rencontre de la milice parisienne et la disperser à coups de sabre : la cour ayant été ramenée à Paris, il l'y accompagna, avide de quelque occasion de complot. Suivant ses propres déclarations, il fut chargé, à cette époque, de surveiller le faubourg Saint-Antoine, et reçut pour cela de M. de Luxembourg, capitaine des gardes, une somme de cent louis[7]. Mais il fallait à cet esprit inquiet un rôle plus décisif, plus élevé surtout.

Le marquis de Favras avait, en 1785, noué des rapports d'intrigue et d'ambition avec un officier recruteur, nommé Tourcaty. Cet homme, qui devint son mauvais génie, se retrouva sur son chemin, fit briller à ses yeux l'espérance d'une complicité utile, captiva sa confiance et la lui demanda pour Morel, un de ses camarades.

Un soir, c'était le 15 novembre, Tourcaty et Morel se présentèrent, à la nuit tombante, chez le marquis de Favras. Ils arrivaient du théâtre où venait d'être jouée la tragédie de Charles IX. En termes animés, ils font part au marquis de leurs impressions, ils s'emportent, ils s'indignent. Cette tragédie n'était qu'un pamphlet révolutionnaire : pourquoi n'aviserait-on pas aux moyens de l'étouffer sous la honte d'une chute habilement préparée[8] ? Mais Favras avait de bien autres desseins.

S'il conspira en faveur de Monsieur, de concert avec lui, c'est ce qui, malgré les dénégations de plusieurs écrivains, ne saurait être mis en doute. Il est certain qu'il fut un instrument de la faction du Luxembourg ; il est certain qu'il reçut de Monsieur des instructions directes. Seulement, le prince qui l'employait n'eut garde de lui ouvrir toute son âme. En se mettant au service des ténébreux projets du frère de Louis XVI, Favras put croire qu'il servait la royauté, et ce qui le prouve, c'est que, avant de s'engager sans retour, il exigea la participation de la reine. Lui ménager une entrevue avec Marie-Antoinette eût été chose facile ; mais, comme Monsieur n'entendait pas conspirer pour le compte d'autrui, il avait su éluder la demande, et s'était contenté de promettre, frauduleusement sans doute, que tel jour, à telle heure, la reine viendrait se promener sur la terrasse du bord de l'eau et dirait à Favras, en passant devant lui, certaines paroles convenues[9].

La nécessité de se livrer pour avoir des agents est l'écueil de presque tous les complots : Favras fut trahi. Instruit de tout par Morel, le comité des recherches enveloppa le téméraire marquis d'une surveillance muette, invisible, mais toujours présente. Chacun de ses pas fut compté, chacune de ses paroles recueillie.

Un soir, sous les arcades de la Place-Royale, trois hommes s'abordèrent mystérieusement : l'un était un ancien sergent des gardes-françaises, nommé Marquié, qu'un billet anonyme avait attiré à ce rendez-vous ; le second était l'auteur du billet, Morel ; Favras était le troisième.

Derrière un des piliers de la place se tenait caché l'espion Joffroi. Marquié, dans les journées d'octobre, avait donné à la famille royale des preuves de dévouement : placé près de la voiture qui transporta de Versailles à Paris Marie-Antoinette et ses enfants, on l'avait vu le visage inondé de larmes, et ces circonstances, le marquis de Favras ne les avait point ignorées. Il rechercha dans l'ancien sergent des gardes-françaises un instrument à ses desseins. De là le billet écrit par Morel et la rencontre. Sans se faire connaître, le marquis de Favras parla de la situation du roi, des dangers dont il vivait entouré, du tragique voyage d'octobre ; il interrogea Marquié sur les sentiments secrets des gardes-françaises, sur le bruit, généralement répandu, que l'honneur de veiller à la conservation du monarque allait devenir le privilège exclusif des compagnies bourgeoises. Le souffrirait-on ? Marquié, surpris de ce langage d'un inconnu, répondit avec réserve. Il accepta néanmoins et successivement deux autres rendez-vous, partagé qu'il était entre la curiosité et l'inquiétude. Les discours de Favras devenaient de plus en plus significatifs ; enfin, il remit à Marquié un pamphlet intitulé : Ouvrez donc les yeux, l'engageant à le faire lire aux grenadiers ses camarades. C'était un violent appel à la révolte. Marquié fut effrayé ; les rendez-vous cessèrent ; mais le comité des recherches venait d'acquérir contre Favras une arme dont il se disposait à faire un usage terrible.

Favras avait besoin d'argent pour l'exécution de ses projets : Morel le conduisit chez un banquier nommé Pomaret, et peu de jours après la négociation s'entama Morel n'y fut point admis, et ce qui est à remarquer, c'est qu'en annonçant à Pomaret que l'emprunt était pour Monsieur, Favras pria le banquier de ne point en faire à Morel la confidence[10]. D'où il résulte qu'il y avait une partie du complot, et la plus importante, dont le, secret ne fut point divulgué par Favras à ses complices subalternes, lesquels en effet, on le verra, n'avaient pas prononcé dans leur dénonciation le nom de Monsieur. Ce nom, l'affaire seule de l'emprunt le livra au comité des recherches.

Pomaret s'étant retiré de la négociation, soit défiance de sa part, soit que les conditions offertes par lui n'eussent pas été jugées assez favorables, on s'adressa au banquier hollandais Chomel, et il fallut bien, comme à son prédécesseur, lui avouer que c'était au nom de Monsieur, et pour son compte, qu'on agissait.

Chomel passa depuis pour avoir été l'agent occulte du comité des recherches, et cette supposition semble confirmée par certaines questions insidieuses qu'on trouve dans les lettres de ce banquier à Favras. Quoi, qu'il en soit, ce fut le trésorier de Monsieur qui suivit l'affaire, et le prince intervint de sa personne, selon son propre aveu[11], dans la conclusion du marché. L'obligation souscrite ne fut pas de moins de deux millions.

C'était dans la soirée du 24 décembre que devait s'effectuer le premier payement. M. de Chedeville, intendant de Monsieur, reçoit avis de se rendre chez le banquier Sertorius, qui tient à sa disposition une somme de quarante mille francs. Il se présente, et quelle est sa surprise, lorsque, s'excusant par l'absence de son caissier, Sertorius le remet au lendemain ! Favras attendait chez M. de La Ferté, trésorier général de Monsieur, le résultat de la visite. Il apprend l'ajournement, se retire ; mais à peine a-t-il fait quelques pas dans la rue Beaurepaire, que Joffroi, accompagné de plusieurs officiers de l'état-major, en voiture, s'élance sur lui et l'arrête. Au même instant, on arrêtait aussi chez elle madame de Favras. On s'empara de tous leurs papiers et on les traîna l'un et l'autre dans les prisons de l'Abbaye.

Le lendemain, le placard suivant était semé à profusion :

Le marquis de Favras, place Royale, a été arrêté avec madame son épouse, la nuit du 24 au 25, pour un plan qu'il avait fait de faire soulever trente mille hommes, pour faire assassiner M. de Lafayette et le maire de la ville, et ensuite nous couper les vivres. Monsieur, frère du roi, était à la tête.

Signé : BARAUZ.

 

Ce nom de BARAUZ était supposé, et, malgré d'activés recherches, l'auteur du placard ne put être découvert.

Comment peindre, à cette nouvelle, l'émotion de Paris et le trouble du Luxembourg ! Les amis de Monsieur tinrent conseil, et parmi eux se trouvait, à côté du duc de Lévis… Mirabeau. Que faire ? On pensa que le prince devait aller droit à l'Hôtel de Ville et s'y justifier devant les représentants de la Commune. On ne doutait pas que cette démarche, en flattant leur orgueil, ne les disposât favorablement. Quant à Favras, il n'était plus bon qu'à être désavoué, et le mieux était de ne pas même avoir l'air de le connaître. On convint d'un projet de discours :

Messieurs, je viens au milieu de vous repousser une calomnie atroce. M. de Favras a été arrêté par ordre de votre comité des recherches, et l'on répand aujourd'hui, avec affectation, que j'ai de grandes liaisons avec lui. En ma qualité de citoyen de la ville de Paris, j'ai cru devoir venir vous instruire moi-même des seuls rapports sous lesquels je connais M. de Favras. En 1772, il est entré dans mes gardes-suisses ; il en est sorti en 1775, et je ne qui ai point parlé depuis cette époque. Privé depuis plusieurs mois de la jouissance de mes revenus, inquiet sur les payements considérables que j'ai à faire en janvier, j'ai désiré pouvoir satisfaire à mes engagements, sans être à charge au trésor public. J'avais donc formé le projet d'aliéner des contrats ; mais on m'a représenté qu'il serait moins onéreux à mes finances de faire un emprunt. M. de La Châtre m'a indiqué, il y a environ quinze jours, M. de Favras comme pouvant l'effectuer par deux banquiers, MM. Chomel et Sertorius. En conséquence, j'ai souscrit une obligation de deux millions, somme nécessaire pour acquitter mes engagements du commencement de l'année et pour payer ma maison. Cette affaire étant purement de finances, j'ai chargé mon trésorier de la suivre. Vous n'attendez pas de moi, sans doute, que je m'abaisse jusqu'à me justifier d'un crime aussi lâche. Mais, dans un temps où les calomnies les plus absurdes peuvent faire aisément confondre les meilleurs citoyens avec les ennemis de la Révolution, j'ai cru devoir au roi, à vous et à moi-même, d'entrer dans tous les détails que vous venez d'entendre, afin que l'opinion publique ne puisse rester un seul instant incertaine.

 

Ces explications étaient singulièrement louches. A qui faire croire qu'ayant un emprunt à contracter, un prince du sang, un frère du roi, le chef d'une puissante maison, eût oublié tout à coup qu'il avait à son service des trésoriers, des intendants, des hommes d'affaires en titre ? Comment admettre qu'il eût été réduit à avoir recours à un pauvre gentilhomme sorti de sa mémoire depuis 1775 ? Il est probable que Mirabeau ne trouva pas le discours très-décisif. Convaincu que l'essentiel était de détourner autant que possible l'attention, en la reportant sur les antécédents révolutionnaires du prince, il ajouta lui-même[12] à la harangue projetée :

Depuis le jour où je me déclarai dans la seconde chambre des notables, sur la question fondamentale qui divise encore les esprits, je n'ai jamais cessé de croire qu'une grande révolution était prête ; que le roi, par ses intentions, ses vertus et son rang suprême, devait en être le chef, puisqu'elle ne pouvait pas être avantageuse à la nation sans l'être également au monarque ; enfin que l'autorité royale était le rempart de la liberté nationale, et la liberté nationale la base de l'autorité royale[13].

Le même jour, Mirabeau écrivait au comte de La Marck, en lui apprenant l'arrestation de Favras et les bruits qui couraient sur le compte de Monsieur :

Le comment nous avons manœuvré, moi et l'homme gris[14] sous ma conduite, est inutile. Le résultat vous fera deviner tout le reste. Monsieur a envoyé chercher M. de Lafayette et lui a dit devant du monde : Monsieur de Lafayette, on répand dans Paris le billet que voici : — Vous avez un grand crédit à Paris, monsieur de Lafayette ; je ne doute pas que vous ne mettiez quelque activité à détruire une calomnie dont les méchants disent que vous profitez. J'irai m'en expliquer ce soir à la Commune de Paris : j'espère que vous y serez. Billet d'invitation à la Commune pour une assemblée extraordinaire ; déclaration au roi qu'on y allait, puis le discours, dont copie ci-jointe. — Avant de fermer ma lettre, je vous dirai le résultat. Êtes-vous content ?[15]

 

Ce que Mirabeau ne mandait pas au comte de La Marck dans cette lettre, et ce que Gouverneur-Morris a consigné dans son journal[16], tenu jour par jour, comme l'ayant appris de la propre bouche de Lafayette, c'est qu'on avait trouvé sur Favras, au moment de son arrestation, une lettre de Monsieur. Elle fut portée à Lafayette. Mais celui-ci, fort embarrassé peut-être de cette étrange découverte, eut la prudence de garder le secret, tout en faisant savoir au prince qu'il en était dépositaire.

Le 26 décembre, conformément à ce qui avait été convenu au Luxembourg, le frère de Louis XVI se rendit à l'Hôtel de ville. Prévenus de son arrivée, les représentants de la Commune avaient envoyé au-devant de lui une députation de douze membres. Il fut reçu avec les plus grands témoignages de respect et placé à gauche du maire, sur un fauteuil parallèle au sien, ainsi que cela se pratiquait dans les cours souveraines à l'égard des princes du sang[17]. Charmés de voir un aussi haut personnage venir se justifier devant eux, les dominateurs bourgeois de l'Hôtel de ville ne manquèrent pas d'en marquer leur satisfaction par l'accueil qu'ils firent au discours du prince. Favras venait d'être livré au geôlier, en attendant qu'on le livrât au bourreau : son auguste complice fut bruyamment applaudi, complimenté par le maire, si bien traité enfin, que Mirabeau put écrire au comte de La Marck[18] : Le succès du discours, qu'encore on a gâté, a été énorme. Si Monsieur sait suivre cette ligne, il va prendre le plus grand ascendant et être premier ministre par le fait.

Pendant ce temps, une vive agitation régnait dans Paris. Depuis que les amis de Lafayette l'avaient habilement montré à la veille d'être assassiné, le héros du jour, c'était lui[19]. Les bandes nationales, comme les appelait Mirabeau, disaient sans détour que, si leur général éprouvait quelque malheur, les nobles, les prélats, le clergéserviraient d'hécatombe à cette grande victime[20]. Pour alimenter l'enthousiasme, on descendit aux artifices. Le 29 décembre, le comité des recherches dénonça pompeusement à l'Assemblée une prétendue tentative de meurtre commise sur la personne d'un factionnaire de la garde nationale.

Dans la guérite où ce factionnaire affirmait avoir été attaqué pendant la nuit, on avait trouvé un poinçon dont le fer était rouillé, et un papier qui portait, tracés à la main, ces mots menaçants : Va devant, et attends Lafayette[21]. Examen fait de la blessure du garde, il fut constaté qu'elle n'avait rien de grave[22], ce qui ouvrait carrière à d'étranges suppositions dont les ennemis de Lafayette s'armèrent contre lui. Mais sa popularité alla croissant parmi ceux à qui elle était nécessaire.

De leur côté, les partisans de Monsieur se fatiguaient obscurément à lui créer un rôle. Le pousser au ministère afin de gouverner sous son nom, telle était alors la constante préoccupation de Mirabeau. Mais son impatience de date récente se brisait contre la prudence cauteleuse d'un prince qu'une fois cependant, à une époque antérieure, il avait été obligé de retenir[23]. Monsieur, d'ailleurs, visait plus haut que le ministère, et la circonspection de ses démarches venait justement de la hardiesse de ses désirs. Mirabeau, qui ne pouvait attendre, s'irritait de tant de délais ; il reprochait au prince d'ignorer qu'en vingt-quatre heures il lui était facile de devenir un second duc d'Orléans ; il lui reprochait de ne se réjouir d'un succès que comme on se félicite d'une bataille gagnée qui rend indispensable un siège douteux ; il le montrait souffrant que la reine le traitât comme un petit poulet qu'on aime bien à caresser à travers les barreaux d'une mue, mais qu'on se garde d'en laisser sortir[24], et furieux de son active impuissance, il s'écriait : Eh quoi ! en nul pays du monde la balle ne viendra-t-elle donc au joueur ?[25]

Ce fut alors qu'il rédigea et fit remettre à Monsieur par Sénac de Meilhan le plan politique mentionné dans un des chapitres qui précèdent[26]. Ce plan, pour emprunter à Mirabeau ses propres paroles, consistait à faire de Monsieur le pilote nominal d'un nouvel équipage, sans lequel le vaisseau ne pouvait plus marcher[27]. Monsieur lut le mémoire avec de convenables démonstrations d'intérêt, mais il eut soin de ne le pas communiquer au roi. Seulement, flatté de l'espoir d'agir sur la cour par Mirabeau et sur Mirabeau par la cour, il intervint dans la conclusion du marché que voici :

1° Le roi donne à M. de Mirabeau la promesse d'une ambassade ; cette promesse sera annoncée par Monsieur lui-même à M. de Mirabeau.

2° Le roi fera sur-le-champ, en attendant l'effet de cette promesse, un traitement particulier à M. de Mirabeau de cinquante mille livres par mois, lequel durera au moins quatre mois.

M. de Mirabeau s'engage à aider le roi de ses lumières, de ses forces et de son éloquence, dans ce que Monsieur jugera utile au besoin de l'État et à l'intérêt du roi, deux choses que les bons citoyens regardent sans contredit comme inséparables ; et, dans le cas où M. de Mirabeau ne serait pas convaincu de la solidité des raisons qui pourraient lui être données, il s'abstiendra de parler sur cet objet.

Approuvé. LOUIS.

Le comte de MIRABEAU[28].

 

Dans ces entrefaites, le bruit s'étant répandu que Favras allait, être relâché, la colère de ceux qui voulaient sa mort, et les alarmes de ceux pour qui sa vie était un danger,

danger, en cris violents. Excitée, entraînée, la foule courut menacer le Châtelet, tandis que trois cents soldats de la garde soldée s'assemblaient en tumulte aux Champs-Élysées. Aussitôt Lafayette envoie quelques bataillons au Châtelet pour le mettre à l'abri d'un coup de main ; lui-même, à la tête d'un corps considérable d'infanterie et de cavalerie, il marche vers les Champs-Élysées. Il n'eut pas de peine à envelopper les rebelles, qui, d'ailleurs, n'étaient que très-incomplètement armés. Il leur fit arracher la cocarde nationale, les fit dépouiller de leur uniforme, malgré leurs prières, malgré leurs larmes, et ordonna qu'on les conduisît, liés deux à deux, au dépôt de Saint-Denis. Par qui avait été fomenté ce mouvement ? Des historiens impartiaux, contemporains des événements qu'ils racontent, n'ont pas hésité à l'attribuer aux complices de Favras, très-intéressés en effet à prévenir ses révélations et à étouffer son secret dans son sang[29]. Toujours est-il qu'à cette époque Mirabeau écrivait au comte de La Marck[30] : Si Monsieur n'est pas au conseil et qu'il n'ait pas annoncé un système par une de ces démarches qui en imposent au moins par l'attente, il peut être très-sérieusement compromis. Quelques jours après, il écrivait, en parlant de l'arrestation prolongée de Favras : C'est là toujours tenir la vipère en activité pour menacer incessamment de son dard[31].

Ces inquiétudes ne furent pas de longue durée ; le Châtelet y pourvut !

Le 13 janvier 1790, le procès du marquis de Favras s'ouvrit au milieu d'un immense concours de peuple, malaisément contenu par les soldats. La foule était furieuse, le prisonnier était calme. On l'accusait, d'après les déclarations, soit de Tourcaty, soit de Morel, de s'être mis séditieusement en correspondance avec les provinces d'Artois, de Picardie, de Lorraine, de Champagne, d'Alsace ; d'avoir donné à vingt-six mille hommes, recrutés dans ces diverses provinces, Montargis pour rendez-vous, et, pour but, la contre-révolution à accomplir ; d'avoir en même temps formé le projet d'introduire dans Paris, pendant la nuit, douze cents cavaliers qui, divisés en trois corps, devaient égorger Bailly et Lafayette, pénétrer aux Tuileries, menacer Louis XVI du soulèvement des faubourgs, le faire consentir à la fuite, l'enlever s'il refusait, et le conduire de force à Péronne. La dénonciation portait qu'on était en marché pour vingt mille Suisses, douze mille Allemands et douze mille Sardes. Déployer l'étendard de la guerre civile, en appeler à la fidélité militaire, revenir sur Paris, l'assiéger, le prendre, dissoudre l'Assemblée, couper court à la Révolution, tel était le plan.

Favras repoussa l'accusation avec fermeté. Il combattit les deux principaux témoins par leurs dépositions mêmes, et la dénonciation par l'absurdité du complot qu'on lui imputait. Il fit ressortir ce qu'il y avait de monstrueux à accepter comme témoin le dénonciateur. Il agrandit enfin son rôle à force de courage, le regard fixé sur ses accusateurs, et ne paraissant pas entendre les clameurs du dehors, qui demandaient sa tête.

Nul doute, cependant, qu'il ne fût coupable. Il y avait eu une conspiration, mais différente de celle dont on étalait aux yeux du public les détails contradictoires et chimériques[32]. On dit même que, lorsque Favras fut arrêté, les papiers de la conspiration vraie se trouvaient sur une vieille armoire, dans une garde-robe où l'on ne s'avisa pas de chercher[33].

Aussi bien, il aurait fallu prononcer un nom qui était une puissance. Le soupçon avait germé dans le cœur de beaucoup : il ne parut sur les lèvres de personne.

Le 30 janvier, le procureur du roi Deflandre de Brunville fut appelé à prononcer son réquisitoire. La veille, le baron de Besenval avait été mis en liberté, et cette circonstance devait être fatale au marquis de Favras, parce que jamais le Châtelet n'aurait oser jeter aux vengeances populaires un double défi.

L'aspect du tribunal était imposant et lugubre. Au haut de la salle, quarante juges se tenaient rangés en cercle, le président sous un dais, et, derrière lui, un tableau du Christ sur la croix. De Brunville conclut au dernier supplice, mais en phrases tellement entrecoupées et d'une voix si émue, qu'un involontaire frisson parcourut toute l'assemblée[34]. Des grenadiers ayant reçu l'ordre d'aller prendre l'accusé, il se présenta dans une attitude à la fois résignée et hautaine. Il était mis avec soin, poudré à blanc, et la croix de Saint-Louis brillait sur sa poitrine[35]. Debout devant ses juges, il soutint que les projets de révolution dont on lui voulait faire un crime concernaient seulement les Pays-Bas et la Hollande. Les juges ne se retirèrent que bien avant dans la nuit et sans avoir prononcé l'arrêt ; de nouveaux témoins restaient à entendre.

On a des lettres de Favras, que, du fond de sa prison, il écrivait à sa femme. Le trouble de la tendresse alarmée s'y montre mêlé à un stoïcisme réfléchi. En les lisant, on s'aperçoit que cet homme, en apparence si résolu, ne se sent pas incapable des faiblesses d'un cœur qui aime et qu'il les redoute. Il résiste d'une manière poignante au désir de voir ses enfants, de les embrasser ; il a peur des larmes qu'il lui faudra répandre. D'ailleurs, on l'abandonnait lâchement. N'était-il pas à craindre que, par quelque révélation formidable, il ne cherchât, ou à racheter sa vie ou à venger d'avance sa mort ? La vérité est qu'un de ses juges, Talon, l'étant allé voir dans son cachot, le prisonnier lui dit, en lui tendant un papier où était tracée toute l'histoire du complot : Si je dois mourir, je ne veux pas mourir seul. A ces mots, Talon frémit d'épouvante ; il presse Favras, il le conjure de garder jusqu'au bout ce secret funeste ; il invoque sa générosité. Se taire sous la main du bourreau, ce serait vivre pour la gloire. Et puis, qu'espérer ? En face d'un gibet déjà dressé, au milieu d'une foule à qui on a donné l'heure du supplice, une dénonciation déshonore, elle ne sauve pas !… Il paraît que Favras hésita ; mais enfin, vaincu par les prières d'un juge qui se transformait en suppliant, il promit d'emporter son secret dans la tombe[36]. Il tint parole.

Le 19 février, Favras était dans sa chambre, le dos appuyé contre sa cheminée et le front sans nuages, lorsqu'on vint l'avertir de descendre. Il comprit que l'arrêt avait été rendu la veille, et une légère altération se fit voir sur son visage. Mais il se remit bien vite. Dans la salle de la question, il demeura impassible, pendant qu'on se jetait sur lui pour le garrotter, et, quand on lui demanda sa croix, il ne la voulut remettre, soldat, qu'à un soldat[37]. Après la lecture du jugement, il dit : Citoyens, vous êtes bien à plaindre, puisqu'il vous suffit pour condamner du témoignage de deux pervers[38]. A trois heures, il sortait du Châtelet et marchait au supplice.

Il était lié sur un tombereau, nu-pieds, nu-tête, en cheveux longs, vêtu d'une chemise blanche par-dessus ses habits et portant sur la poitrine un écriteau où on lisait : conspirateur contre l'État. Le curé de Saint-Paul, qu'il avait appelé, l'accompagnait. Une torche ardente brûlait à côté de lui. Derrière, venait le bourreau. Cet appareil sinistre, la haute taille du condamné, sa chevelure flottante, l'expression calme et forte de sa physionomie, Pair dont il allait à la mort sous son vêtement d'opprobre, tout cela émut le peuple, et un journal royaliste a raconté que, lorsque Favras arriva devant l'église Noire Dame, au lieu où, d'après l'arrêt, il avait à faire amende honorable, les uns se mirent à crier grâce ! tandis que les autres criaient : à la potence ![39]

Dans ce moment terrible, le condamné protesta de son innocence. Puis, prenant son arrêt des mains du greffier, il le lut d'une voix ferme, après avoir dit : Quoique les motifs de ce jugement soient faux, j'obéis à la justice des hommes, qui, vous le savez, n'est pas infaillible. Il demanda ensuite à être conduit à l'Hôtel de ville, pour des révélations importantes, ce qui lui fut accordé. Les rues étaient gardées par des soldats. Cent dix hommes par bataillon avaient été commandés pour occuper la place de Grève[40].

Arrivé à l'Hôtel de ville, où s'étaient rendus le rapporteur et deux conseillers, Favras y dicta son testament de mort, avec une présence d'esprit surprenante, soignant la rédaction, s'attachant au style et faisant changer les expressions qui manquaient de correction ou de netteté[41]. Comme il parlait d'un grand seigneur et que le greffier écrivait le nom du comte de La Châtre, Pourquoi, s'écria-t-il, écrivez-vous un nom que je n'ai pas prononcé ? Rayez-le. Ce n'est pas le comte de La Châtre. Et il fit consigner cette déclaration dans l'acte[42]. Le rapporteur lui demandant de désigner le personnage auquel il faisait allusion, il s'informa si, dans ce cas, il serait sursis à l'exécution du jugement. On garda le silence.

Le testament de Favras, quoique d'une longueur démesurée, ne fournissait aucun éclaircissement. Il est probable que le but du condamné était de gagner du temps, dans l'espoir que ses complices du Luxembourg tenteraient, au dernier moment, quelque effort pour le sauver… C'était bien mal connaître les princes !

Il est certain, au contraire, qu'il tardait extrêmement au Luxembourg de voir le drame se dénouer. Aux complices de Favras plutôt qu'à ses ennemis furent attribuées, disent les Mémoires de Lafayette, les clameurs excitées autour de la prison et réprimées par la garde nationale[43]. La nuit était venue. La foule innombrable répandue sur la place de Grève s'y agitait, impatiente, à la lueur des flambeaux. Favras ne paraissait pas. Des propos redoutables commencèrent à courir parmi la multitude. Si c'était un de nous, il serait pendu depuis longtemps ; mais c'est un noble, c'est un marquis, on veut le sauver[44]. — Et en effet, le baron de Besenval ne venait-il pas d'être déclaré innocent ? N'avait-on pas élargi Augeard, fermier général et secrétaire des commandements de la reine, bien qu'on eût saisi chez lui un mémoire, écrit de sa main et contenant le plan d'évasion du roi[45] ? L'impunité était-elle décidément acquise à quiconque serait un gentilhomme ou un homme de cour ? Animée par ces discours et par l'invocation de ces souvenirs, la foule cria Favras ! Favras !

A huit heures, on l'aperçut au haut des degrés de l'Hôtel de ville, qu'il descendit sans peur et en soutenant le curé de Saint-Paul, à demi évanoui dans ses bras. Des milliers de feux brillaient sur la place, aux fenêtres des maisons, et des lampions avaient été placés jusque sur la potence.

Au milieu de l'échelle fatale, Favras affirma de nouveau son innocence ; mais, comme le bruit qui montait de la place couvrait sa voix, le bourreau, attendri, lui dit avec larmes : Criez plus haut : qu'ils vous entendent ! Favras répéta : Je suis innocent, puis, s'adressant à l'exécuteur : Faites votre devoir ! Il y eut un moment de silence et tout fut accompli.

Alors, des voix implacables se firent entendre. Allons ! saute, marquis ! dit un enfant[46].

Lorsque Favras était monté à l'Hôtel de ville, après avoir annoncé qu'il allait faire des révélations importantes, on avait vu deux cavaliers partir à toute bride pour Versailles[47] ; au moment de l'exécution, d'autres hommes à cheval, placés à l'angle de la place et du quai, se frayèrent un passage à travers le peuple et gagnèrent précipitamment le Luxembourg.

Que s'y passait-il ? voici ce qu'a raconté Barrère :

Si les Français qui émigrèrent pour servir de tels maîtres avaient pu être réunis au palais du Luxembourg dans cette nuit funeste, un spectacle odieux les eût éclaires sur leur idole héréditaire ; ce spectacle eût dessillé leurs yeux et indigné leur âme. Les témoins du fait suivant sont tous connus à Paris ; et M. Augeard, alors secrétaire des commandements de la reine, qui l'avait chargé d'observer tout ce qui se passait au Luxembourg, savait et disait les noms de tous les courtisans du prince. Le comte de L.C. — La Châtre — avait été envoyé par lui pour assister au supplice de Favras, tant Son Altesse Royale redoutait que cette victime trop dévouée ne parlât et ne perdît courage à l'aspect de l'échafaud. Il fallait soutenir sa constance et sa force jusqu'au dernier moment. Un cercle assez peu nombreux était réuni au palais du Luxembourg ; l'incertitude et le trouble étaient peints sur tous les visages ; on attendait en frémissant l'issue de cette sanglante tragédie, dont le dénouement pouvait compromettre plus d'un puissant personnage. Neuf heures sonnent. Le comte arrive ; il rend un compte détaillé et fidèle des derniers moments de la victime ; il annonce que son silence ne s'est pas démenti... Le calme et la sérénité rentrent alors dans les cœurs ; toutes les terreurs sont dissipées ; le maître du palais a déjà oublié pour quelle cause la potence a été dressée sur la place de Grève[48]. Si l'on n'osa pas, sous le règne de Louis XVIII, impliquer Lafayette, soit dans la conspiration du général Berton à Saumur, soit dans celle des quatre sous-officiers de la Rochelle, ce fut de peur qu'il ne déchirât le voile qui couvrait un crime. Lafayette l'a déclaré lui-même[49].

On devine maintenant à qui s'adressait la lettre dont nous avons eu l'original sous les yeux et que nous avons déjà citée[50]. … Ce plan a l'avantage d'intimider la nouvelle cour et de décider l'enlèvement du soliveau. Une fois à Metz ou à Péronne, il faudra bien qu'il se résigne. Tout ce qu'on veut est pour son bien ; puisqu'il aime la nation, il sera enchanté de la voir bien gouvernée.

Il est probable que cette lettre est celle qui fut trouvée sur Favras, au moment de son arrestation, et portée à Lafayette, lequel, ainsi qu'il a été dit, se hâta d'en informer Monsieur.

Le lendemain de l'exécution, madame de Favras qui, de la prison où on la retenait, avait entendu crier l'arrêt de mort de son mari, fut rendue à la liberté, et l'on assure qu'une main inconnue lui remit un paquet cacheté, contenant quatre cent mille livres en billets de caisse[51]. Il est à croire qu'elle refusa cette offrande abominable. C'était le prix du sang.

 

 

 



[1] Justification de M. de Favras, prouvée par les faits et la procédure. — On en trouve un extrait à la suite des Mémoires de Ferrières, t. I, note F.

[2] D'Escherny, Tableau historique de la Révolution, p. 254.

[3] D'Escherny, Tableau historique de la Révolution, p. 254.

[4] Cet ouvrage, devenu assez rare, se trouve au British Museum, ainsi que la plupart des brochures publiées pendant la Révolution, brochures dont l'Angleterre possède une collection extrêmement précieuse.

[5] Le déficit des finances de la France vaincu, par M. le marquis de Favras, p. 3. Paris, 1789.

[6] Justification de M. de Favras, prouvée par les faits et la procédure.

[7] Testament de mort de M. de Favras, édité par son frère M. de Cormeré.

[8] Testament de mort de M. de Favras, édité par son frère M. de Cormeré.

[9] Cette complicité directe de Monsieur résulte de renseignements fournis par Talon lui-même. Voyez Droz, Histoire du règne de Louis XVI, t. III, appendice, p. 88.

[10] Justification de M. de Favras, prouvée par les faits et la procédure.

[11] Voyez le discours prononcé par Monsieur dans l'assemblée générale des représentants de la Commune. Moniteur du 28 décembre 1789.

[12] Droz, Histoire du règne de Louis XVI, t. III, appendice, p. 87.

[13] Voyez le discours entier dans le Moniteur du 28 décembre 1789.

[14] Mirabeau désignait par là le duc de Lévis, premier gentilhomme de la chambre de Monsieur.

[15] Lettre de Mirabeau au comte de La Marck, en date du 26 décembre 1789, dans leur Correspondance, publiée par M. de Bacourt, t. I, p. 438 et 439.

[16] Voyez le journal de Gouverneur-Morris, à cette date.

[17] Moniteur du 29 décembre 1789.

[18] Correspondance entre Le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, t. I, p. 439 et 440.

[19] Correspondance entre Le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, t. I, p. 442. — Lettre de Mirabeau au comte de La Marck.

[20] Correspondance entre Le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, t. I, p. 442. — Lettre de Mirabeau au comte de La Marck.

[21] Moniteur du 29 décembre 1789.

[22] Moniteur du 29 décembre 1789.

[23] Voyez la lettre de Mirabeau à Monsieur, déjà citée dans le chapitre intitulé : Faction du comte de Provence.

[24] Lettres de Mirabeau au comte de La Marck. Voyez leur Correspondance, t. I, p. 440, 441, 442.

[25] Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck, t. I, p. 443.

[26] Voyez le chapitre intitulé Faction du comte de Provence.

[27] Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck, t. I, p. 448.

[28] L'auteur des Mémoires de Mirabeau nie l'authenticité de ce traité ; mais Droz, dont le témoignage en ceci n'est pas suspect, affirme avoir acquis personnellement la certitude que ce traité fut écrit et fait double par Monsieur lui-même. Voyez l'Histoire du règne de Louis XVI, t. III, appendice, p. 98 et 99.

[29] Voyez l'Histoire de la Révolution, par deux Amis de la liberté, t. IV, chap. VII, p. 202. Paris, 1792.

[30] Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, t. I, p. 449.

[31] Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de La Marck, t. I, p. 459.

[32] Lafayette en tenait l'aveu de M. de Cormeré, frère de Favras. Voyez les Mémoires de Lafayette, t. IV, § 11.

[33] Mémoires de Lafayette, t. IV, § 11.

[34] Observateur provincial, IIe partie, n° 3.

[35] D'Escherny, Tableau historique de la Révolution, t. I, p. 259.

[36] Renseignements fournis par Talon lui-même. Voyez l'Histoire du règne de Louis XVI, t, III, appendice, p. 88. — Confirmée en ceci par les Mémoires de Lafayette, t. IX, § 11.

[37] D'Escherny, Tableau historique de la Révolution, t. I, p. 77.

[38] Annales françaises, t. II, p. 79.

[39] Journal de la cour et de la ville, n° 51.

[40] Observateur provincial, n° 8, IIe partie.

[41] Camille Desmoulins, Révolutions de France et de Brabant.

[42] D'Escherny, Tableau historique de la Révolution, t. I, p. 279.

[43] Voyez le paragraphe 11 de ces Mémoires.

[44] D'Escherny, Tableau historique de la Révolution, t. I, p. 279.

[45] Mémoires de Ferrières, t. I, liv. V, p. 389. Collection Berville et Barrière.

[46] Annales françaises, t. II, p. 84.

[47] Journal des Révolutions de l'Europe en 1789, t. IX, p. 35.

[48] Mémoires de Barère, t. IV ; au mot Bourbons.

[49] Mémoires de Barère, t. IV ; au mot Bourbons.

[50] Voyez le chapitre intitulé : Faction du comte de Provence.

[51] Journal des Révolutions de l'Europe, t. IV, p. 75.