HISTOIRE DES CAROLINGIENS

 

CHAPITRE VI. — LA BELGIQUE SOUS LES CAROLINGIENS.

 

 

§ 1. DESCRIPTION DES PAGI.

La situation intérieure de la Belgique fut profondément modifiée sous le gouvernement des Pépins et surtout pendant les règnes de Charlemagne et de son fils, Louis le Débonnaire. La Gaule romaine réagit bien plus sur la patrie des Francs qu’elle ne se laissa germaniser par eux. Deux grandes forces sociales, la religion et la civilisation, étaient de sou côté. Elle avait eu outre la langue écrite, le latin, qui se survécut pour ainsi dire à lui-même, en se corrompant, et qui s’avança sous la forme romane ou wallonne jusqu’au berceau même de la confédération franque.

Au lieu de s’opposer cette espèce de conquête de leur pays, les Francs semblent, au contraire, avoir voulu la favoriser et céder la place aux envahisseurs. Leur goût pour les expéditions guerrières et les conquêtes matérielles, joint à leur désir de se créer des positions indépendantes, entraîna au dehors la partie la plus vigoureuse de la nation. L’élément barbare s’affaiblit à mesure que l’élément civilisé gagnait du terrain. Les hommes libres disparaissaient, et les serfs, qui formaient une population brute et peu intelligente, étaient incapables de résister à une transformation qu’ils ne comprenaient pas, et qui d’ailleurs devait leur sembler favorable. L’effet de ce mouvement de réaction sera plus facile à saisir, quand nous aurons fait la description du pays transformé, de ses pagi, de ses villas royales et de ses nombreux établissements ecclésiastiques.

Dès qu’un peu de jour commence à se faire sur la topographie politique de nos contrées, on voit paraître le Bracbant, le Teisterbant, et l’Osterbant. Ces dénominations semblent indiquer qu’il y eut d’abord de grandes divisions territoriales par bant[1]. Un autre système de division ou de subdivision se montre presque en même temps : celui des gais ou goura, devenus pagi sous l’influence gallo-franque. On est parvenu à tracer une géographie à peu près complète des pagi, en étudiant les actes des septième, huitième et neuvième siècles. Nous avons recueilli, tout ce qui a été publié sur ce sujet, et en y joignant les données éparses dans les chroniques, les chartes, les diplômes et les documents divers de l’époque, nous avons essayé de faire un tableau général de ce qu’était physiquement la Belgique sous l’empire carolingien ; nous avons décrit successivement le Brabant, la Hesbaie, la Toxandrie, aujourd’hui Campine, le Masgau, le Luihgau ou pays de Liége, le Condroz, l’Ardenne, le pays de Lomme ou de Namur, le Hainaut, l’Artois, le pays de Terouanne, la Flandre et ses subdivisions.

Le Brabant, mentionné pour la première fois pur saint Liévin, dans son épître à Florbert, vers l’an 630[2], formait quatre comtés. C’est l’acte de partage de l’an 870 qui nous l’apprend ; mais il n’en dit pas davantage, de sorte que la situation de ces comtés est pour nous un problème. Tout ce qu’on sait, c’est que le Brabant s’étendait le long de l’Escaut, depuis Tamise, Temseca, jusqu’à la frontière du Hainaut près de Condé. Il était limité au sud par la Haine, à l’occident par l’Escaut, à l’orient par la Dyle, au nord par l’Escaut et le Rupel. La partie de la ville de Gand qui se trouve sur la rive droite de l’Escaut était située en Brabant : c’est ce qu’aujourd’hui même attestent le Braband-dam et le Braband-brugge, à Gand[3].

Des quatre comtés entre lesquels le Brabant se partageait, un seul est nommé dans l’histoire : c’est le comté d’Eenham[4], dont l’antique château fut détruit, au commencement du onzième siècle, par le comte de Flandre[5]. Les autres sont absolument inconnus. Les comtés de Bruxelles et de Louvain existaient-ils déjà ? On ne peut répondre à cette question que par des conjectures. Wastelain parle d’un pagus Senonagus ou de la Senne qui se serait étendu le long de cette rivière depuis sa source près de Soignies jusqu’à l’endroit où s’éleva la ville de Bruxelles. L’existence de ce payas n’est fondée que sur un passage de Frédégaire où il est parlé de pago Senogano (ch. 48) ; mais il est assez douteux que ces mots s’appliquent aux rives de la Senne[6]. Il est fait mention de Brosella, qu’on suppose être Bruxelles, dans la vie de saint Vindicien[7], mort en 695, suivant Hæræus[8], en 705, selon Ghesquière[9] ; mais le château de Bruxelles, qui aurait pu servir de résidence à un comte, ne paraît avoir été bâti qu’au dixième siècle[10]. Louvain n’apparaît dans l’histoire qu’en 884, avec la qualification de locus[11], ce qui n’indique pas la résidence d’un comte ; et quant à son château, on pense qu’il fut bâti par l’empereur Arnould, après la défaite des Normands, en 894, ou, plus vraisemblablement, par les comtes de Louvain, au siècle suivant[12].

Il est fait mention d’un pagus Rodanensis ou Rodinensis dans un acte de prestarie fait à la demande d’Éginhard, abbé de Blandinium, en 839, et conservé aux archives de la Flandre orientale à Gand. M. Warnkœnig, qui a publié cet acte pour la première fois[13] pense que le pagus Rodanensis est le pays de Rode, devenu plus tard marquisat de Rhode. Ce pays est trop petit pour qu’on puisse le considérer comme un des quatre comtés qui composaient le Brabant.

Plusieurs localités de cette province, particulièrement celles oh il y avait des monastères, sont mentionnées dans l’acte de partage du royaume de Lothaire, ce qui permet de leur supposer une certaine importance. Nous y trouvons Condé, Condatum[14], situé au confluent de la Haine et de l’Escaut ; Antoing, Antonium ; Leuze, Luitosa[15] ; Soignies, Sumniacum ; Meerbeek, Merrebecchi, près de Ninove ; Dickelvenne, Ticlivinni, sur l’Escaut. Nivelles, avant la fondation de l’abbaye de Sainte-Gertrude, était probablement une villa appartenant à Pépin de Landen ; elle existait sous les Mérovingiens, puisqu’on trouve le nom de Nivialcha sur une monnaie mérovingienne. Charles le Chauve y fit frapper des deniers à la légende Niviella vicus[16]. Le nom d’Alost, qualifié de castrant, se trouve dans un diplôme du comte Rodolphe de l’an 870[17]. On rencontre aussi Vlierzele, Flithersala, et Gysenzele, Gisingarule, du pays d’Alost, dans un diplôme de Charles le Chauve de l’an 864[18]. Un autre diplôme du même, de l’an 877[19], nous parle de Goick, Gaugiaco, de Lennick, Liniacum, de Wambeek, Wambacis, Tubise, Tobacis, Ittre, Iturna, Rebeque, Rosbacis, Hennuyères, Hannaria, Baulers, Bolarium. Un troisième diplôme de Charles le Chauve, de l’an 880, nous apprend que Ville, Villa, aujourd’hui Ville-sur-Haine, était située in pago Bracbantense[20], ce qui prouve surabondamment que la Haine formait la limite du Brabant et du Hainaut. Dans un diplôme de l’empereur Othon II, de l’an 976, on attribue encore au Brabant Hauthem, Holthem, déjà mentionné dans la vie de saint Liévin, Wetteren, villa Warminia, Leupegem, Lapingehem, et Baelegem, Bamingehem[21]. Enfin l’évêque Lietbertus, en 1064, indique comme étant situées dans cette province, in pago Bracbantensi, l’église de Melin près d’Ath, et la villa de Nieuwenhove près de Grammont[22] : d’où l’on doit nécessairement induire qu’à cette époque moins reculée, les limites du Brabant étaient encore les mêmes. Moorsel et Ham, situés à peu de distance d’Alost, sont nommés dans la vie de sainte Gudule[23] ; Assche et Grimberghen, dans la vie de sainte Berlinde[24] ; Saintes, près de Hal, dans la vie de sainte Amelberge[25] ; Wavre, dans l’histoire des miracles de saint Trudo[26]. M. Imbert signale encore, parmi les localités du Brabant, Cambron, donné à l’abbaye de saint Denis en 750 ; Turneppe donné à l’abbaye de Gembloux en 950 ; Crombrugge, mentionné dans une charte de la même année ; Materen, donné à l’abbaye de saint Pierre en 998 ; Isque, mentionné dans une charte de Louis le Débonnaire ; Mortagne, château détruit en 928 ; Renaix, abbaye ; Ecaussines, donné à l’abbaye de saint. Denis en 950 ; Scorisse, déjà nommé en 822 ; Zellick, qui figure dans une charte de 974 ; Escormais, mentionné dans une charte de 864 ; Beceroth ou Baesrode, donné à l’abbaye de saint Amand en 822[27].

Il semble résulter de ces documents que la partie méridionale du Brabant l’ut peuplée avant le reste de la province. Cependant on trouve déjà le nom de Malines, Malines, qui appartenait au Brabant, dans un diplôme de Pépin de l’an 753, cité par Grammaye[28] et dans l’acte de partage du royaume de Lothaire, de 870. La première mention de Vilvorde, Vilfurdo, remonte à l’an 700. Cette localité figure parmi les lieux donnés à l’église de Sainte-Marie Chèvremont par Pépin d’Herstal, et dans un diplôme de Charlemagne daté d’Herstal, 3 mai 779, qui approuve cette donation[29]. Steenockerzele et son château de Ham, qui existe encore, rappellent bien certainement Ochinsala et Ham, donnés par Pépin d’Herstal à l’église de Saint-Trond[30].

De même que le Brabant, la Hesbaie était divisée en quatre comtés, que l’acte de partage du royaume de Lothaire ne nomme point. Une charte de l’empereur Henri III, de 1040, désigne comme situé dans le Haspingau le comitatus Haspinga ; c’est probablement la partie centrale de la Hesbaie[31]. Desroches[32] a cru reconnaître le deuxième comté dans le comitatus Nostenacum, mentionné dans une charte de l’an 946, parce que plusieurs des localités qui y sont énumérées semblent se rapporter aux environs de Jodoigne. Miræus[33] pense que ce pourrait bien être Wassenacum, Wastines, situé entre Gembloux et Jodoigne. Le savant Wastelain[34] opine aussi dans le même sens ; mais voici venir M. Grandgagnage, qui démontre, non sans apparence de vérité, que le comitatus Wastenacus, dont il s’agit dans la charte de 946, est le Gâtinois, où se trouvent des localités dont les noms correspondent exactement à ceux du diplôme[35].

Suivant Wastelain (page 210) et M. Imbert[36], il faut placer dans la Hesbaie les comtés de Moilla et de Brugeron. Le premier nous parait fort contestable. On fit dans le testament du comte Evrard, de l’an 837 : Et curtem nostram in pago Moila quæ vocatur Helissem[37]. Comme il y avait près de Tirlemont une abbaye de Prémontrés qui portait le nom de Heilissem, Wastelain en a conclu que le pagus Moila devait être cette contrée. Mais le comté de Moilla était dans le pays des Attuaires, et la curtis de Heilissem est probablement le village d’Elsem, près de Wassenberg[38] : Nithard parle d’un comitatus Moilla[39] et il le place dans la partie basse de la Meuse, le long de la frontière (les Ripuaires. Ce comté n’était autre, suivant M. Grandgagnage, que le pagus Muolla ou Muola cité dans deux diplômes de 898 et 1139[40]. Brugeron est le nom donné par Wastelain au comté de Brunengerunz, ou Brunengurt, situé près de Jodoigne, vers l’endroit où se trouve aujourd’hui Roux-Miroir[41]. Dans un diplôme de l’empereur Othon II, de l’an 984, il est fait mention du comitatus Brunengerunz[42]. Dans un autre diplôme de l’an 1036 on lit comitatum Brunengurt[43]. Le comité de Looz, Lossensis comitatus, en flamand Loen, et le canton de Léau, pagus Lewenticum, dont il est fait mention dans une charte de Louis le Gros de l’an 882[44], faisaient également partie de la Hesbaie. Dans un diplôme de l’an 838, il est parlé d’Hasnoch, super fluvio Merbate, in pago Hasbaniensi seu Dyostensi[45] ; le lieu et la rivière sont aujourd’hui inconnus.

Les endroits qu’on peut regarder comme étant déjà déterminés à l’époque dont nous nous occupons sont principalement : Landen, berceau de la famille des Pépins[46] ; Wamont ou Wasmont, près de Landen, où l’on voit encore aujourd’hui un tumulus[47] ; Saint-Trond, Sarchinium, qui doit son existence à l’abbaye de ce nom[48] ; Halmael, Halmala, près de Saint-Trond[49] ; Halen, mentionné dans une charte de l’an 746, en même temps que Velpen, Felepa, Meerhout, Marholt, Schaffen, Schafnis, et Donck, Dungo[50] ; Diest, Diosta, point de départ de Chlodion[51] ; Munster-Bilsen, Belisia, sur le Démer ; Meldert, Maldaria, où Pépin de Landen fonda le premier des monastères de la Belgique ; Waremme, Borchworm ou Borchwarem, où se trouvent deux tumuli à côté de la chaussée romaine ; Wintershoven, villa de Wintrehove, dont il est fait mention dans la vie de saint Landoald, vers 657 et dans un diplôme d’Othon II, de l’an 976[52] ; Tongres, la plus ancienne ville de la Belgique, détruite au sixième siècle par les Huns ; Hermalle, Harimala, cité dans un diplôme de Lothaire, de l’an 844[53] ; Looz ou Borchloen, chef-lieu du comté de Looz qui existait depuis le neuvième siècle[54].

Citons encore, d’après Imbert,            Awanlia, Wanghe ou peut-être Awans, donné par l’empereur Lothaire à l’église d’Aix-la-Chapelle en 844[55] ; Geldonia, Jodoigne, que Grammaye croit avoir été une résidence royale[56] ; Guigolonhian, Guighoven, mentionné dans une charte de l’empereur Othon[57] ; Amanium, Amai, sur la Meuse[58] ; Hermez, probablement Hermée, mentionnée dans une charte de l’an 948[59] ; Hildina, que M. Imbert suppose être Hesdam, sur la Mehaigne[60] ; Imburcio, appelé Islebruc par le même auteur[61] ; Orpium, Orpe, aujourd’hui Orp-le-Grand[62] ; Torona, Tourinne, donnée au monastère de Saint-Vaast, en 673[63], et, Velm, mentionné dans une charte d’Othon II, de l’an 982[64].

La Toxandrie, située au nord du Brabant et de la Hesbaie, est cette vaste contrée qu’on appelle aujourd’hui la Campine, et qui, cette époque, s’étendait vers le nord jusqu’au Teisterbant[65] ; de l’ouest à l’est, depuis l’Escaut jusqu’au Masgau, pays riverain de la Meuse. Les pagi de Ryen et de Stryen, sortes de démembrements de la Toxandrie, se confondent souvent avec elle dans les monuments anciens, tant les limites qui les séparent sont peu déterminées.

Le premier, le pagus Riensium ou Revensium, correspondait à peu près à ce qu’on a appelé depuis le marquisat d’Anvers. Lierre, qui figure sous le nom de Ledi dans l’acte de partage de l’an 870[66], faisait partie de ce pagus. Le testament de saint Willebrord[67] y place Anvers, Antwerpum castellum, dont il est fait mention dans un diplôme de l’an 725[68], ainsi que Bouchout, Bacwalde ; Wyneghem, Winnelincheim ; Vorsselaer, Furgalare. Dans une donation faite par l’évêque Aufridus à l’église d’Utrecht, en 994, on désigne comme situés dans le comté de Ryen, infra comitatum Eien nuncupatum, Westerlo, Odlobolo, Mierbeke, Hoybeke et Burente[69]. Ces biens paraissent être ceux qui furent donnés en emphytéose par l’église d’Utrecht à Richard de Mérode, en 1429, et qui sont situés à Westerloo, Oelegem ou Oelem, et Berchem[70]. Un diplôme de l’an 1008 fait encore mention de Heist-op-den-berg, Heist et Heisten, et de Quaed-Mechelen, Maclines, comme faisant partie du Waverwald situé dans le comté d’Anvers[71].

Le pagus striensis correspond au pays où sont situées aujourd’hui les villes de Berg-op-Zoom, de Bréda et de Geertruidenberg. Il comprenait une partie du Beierland. Un diplôme de l’an 966 place Berg-op-Zoom, non dans le comté de Stryen, mais dans la Toxandrie[72], ce qui indique bien que ce comté n’en était qu’une subdivision.

Le comté de Mansuarie, pagus Mansuarinsis, dont il est fait mention dans le diplôme de Robert, de l’an 746[73], paraît avoir été une troisième fraction de la Toxandrie[74]. Resserré entre le Démer et la grande Nèthe, il confinait au pays de Ryen vers l’ouest, au Masgau vers l’est. Schaffen, Schafnis, et Meerhout, Marholt, cités dans le même diplôme, faisaient partie de ce comté. Butkens pense que l’emplacement où fut construite l’abbaye d’Everhode, Averbodium, y était également compris[75].

Indépendamment des endroits précités, le testament de saint Willehrord mentionne comme situés dans la Toxandrie, Wadradoch, super flumine Duthmala, probablement Weerdt, ou Valkenswaard sur la Dommel ; Busloth, Boxtel ; Bobanschot, sans doute Boekholt, ou Boeschot, suivant M. Imbert ; Pieplo, aujourd’hui Poppel ; Hineslothen ou Heinesloth, probablement Eintbout, ou Eynschot sur la Dyle, d’après M. Imbert ; Alpheim, aujourd’hui Alphen, entre Turnhout et Bréda[76] ; Diosna, super fluvio Digena, probablement Dyessen, ou Dilsen près de Maeseyck.

Des Roches cite encore d’autres documents dans lesquels il est fait mention de quelques localités de la Toxandrie telles que Buel, Budelio, entre Hamont et Weerdt[77] ; Vortz, villula Forest, à peu de distance de Westerloo[78] ; Erpel, Herpina, au pays de Ravestein ; Rosmalla et Ortina, aux environs de Bois-le-Duc ; Peelt, Palati[79] ; Norderwyck, Northrevic, et Edeghem, Edingehem[80] ; Tessenderloo et Hamme, aux sources de la Nèthe[81]. Enfin Gheel, villa de Gheel, est cité comme existant au septième siècle dans la vie de sainte Dymphne[82].

Le Masgau s’étendait sur les deux rives de la Meuse depuis Visé jusqu’au Teisterbant ; il confinait vers l’est aux pays des Ripuaires et des Attuaires, du côté de l’occident à la Hesbaie, à la Mansuarie et au pays de Ryen et de Stryen. Il était divisé en deux parties : la partie haute, ou Masau superior, était comprise entre Visé et l’embouchure de la Roer ; la partie basse, ou Masau subterior, se prolongeait jusqu’aux environs de, Bois-le-Duc. On ne connaît pas exactement sa limite septentrionale[83].

Visé, Velsatunt, qui formait la limite méridionale du Masgau supérieur, est nominé dans l’acte de partage de l’an 870[84]. Si l’on en croit les historiens liégeois Eisen et Bouille, la première église de Visé avait été fondée par Berthe, fille de Charlemagne, et consacrée par le pape Léon III. Éginhard parle d’un domaine royal appelé Vuasidium, situé dans la Hesbaie. M. Teulet, traducteur de ses œuvres, a pensé que c’était Visé, et en a conclu que la Hesbaie s’étendait jusque sur la rive droite de la Meuse[85]. C’est une erreur évidente : le Vausidium d’Éginhard, appelé Wasiticum dans un diplôme de l’an 814, et Wasidio dans l’Amplissima collectio de Martène et Durand, n’est autre que Wasseige, où fut signé le second diplôme de l’an 746[86].

Près de Visé, dans la commune de Bombage, en flamand Holberg, est un hameau appelé la Tombe, auquel se rattachent des traditions historiques. On rapporte qu’en 562, les Huns traversèrent le Rhin et se répandirent tans le pays jusqu’à la Muse. Sighebert, roi d’Austrasie, marcha contre eux, et leur livra bataille dans la plaine située entre la Meuse et les villages de Mouland et de Bombage. Le fort de l’action eut lieu à l’endroit auquel on donna depuis le nom significatif de la Tombe[87]. A peu de distance de là est une vallée qu’on appelle Chilbert grebbe, par contraction sans doute de Sigebert grebbe, fossés de Sighebert[88].

Un peu plus bas, sur la Meuse, se trouve un autre endroit non moins célèbre : c’est celui où se rencontrèrent Charles le Chauve et Louis le Germanique, en 870, lorsqu’ils eurent une entrevue à mi-chemin de Herstal à Meersen. On a longtemps cherche cet endroit ; M. Caumartin nous semble l’avoir trouvé[89]. Il indique, à égale distance de Herstal et de Meersen, une sorte de promontoire s’avançant dans la Meuse, sur lequel est bâti le château de Navagne, dépendant de la commune de Mouland. On donne à cet endroit le nom de l’Elft ou Helven, qui a un rapport incontestable avec helft, halfweg, moitié, mi-chemin.

Le Masgau supérieur contenait encore Maëstricht, Trajectum Mosæ, où saint Servais avait transporté le siége épiscopal de Tongres, et dont Éginhard dit que c’était un endroit peuplé et commerçant[90] ; Meersen, lieu célèbre comme résidence royale[91]. Elsloo, appelé Haslou par les chroniqueurs, où s’établirent les Normands à l’époque de leurs invasions[92] ; Susteren, Suestra, abbaye fondée par Pépin d’Herstal, et Eyck ou Alden Eyck, Echa, autre abbaye située près de Maeseyck. Ernst place également dans le Masgau superior le pays de Fauquemont, et celui de Dalhem en partie[93].

Du Masgau inférieur on ne connaît guère que le monastère de Bergh, dont il est fait mention dans l’acte de partage de l’an 870, Blerick, près de Ruremonde[94], et Ganglude, Gangelt, qu’Éginhard désigne comme un domaine royal[95]. Éginhard fait aussi mention d’un village appelé Gheule, situé entre Maëstricht et Meersen et qui porte encore aujourd’hui le même nom[96]. Il appartient plutôt au Masgau supérieur ; mais Kessel, Castellum, ancien fort romain, reconstruit par Julien, est du Masgau inférieur, ainsi que Wilre, Walare.

Le pays de Liége — Luihgowe ou Luihgau, qu’on a traduit par Leuhius[97], Leuchius, Leochensis, Liuvensis, et puis Liugas, Leugas, pour aboutir à Liége —, s’étendait le long de la Meuse depuis le Condroz jusqu’à Visé. Il était situé, dit M. Grandgagnage, presque en entier au nord de l’Emblève, à l’est de l’Ourthe et de la Meuse ; la portion qui se trouvait à l’ouest de ce fleuve ne devait guère comprendre que Liège et ses plus proches environs[98].

Le Luihgau faisait partie du pays des Ripuaires, dont il parait avoir été un démembrement. C’est pour cela sans doute qu’il est appelé pagellus Leuhius dans un diplôme de l’an 779. Le pagus Ripuariorum se divisa d’ailleurs en plusieurs pagelli ; dans le partage des États de Lothaire il est désigné connue formant cinq comtés, in Ripuarios comitatus quinque. M. Pertz trouve ces comtés dans les pagi de Juliers, de Tolbiac ou Zulpich, de Cologne, de Bonn et de l’Eifel[99]. Indépendamment de ces comtés, l’acte de 870 fait mention du pagus de Liége, Liugas, et des districts d’Aix-la-Chapelle et de Theux. Suivant Besselius[100] et le curé Ernst[101], le pagus de Liége embrassait vers l’orient toute la contrée oit se formèrent tant le duché de Limbourg que les districts de Theux et Des Ruches pense aussi que le pays de Liége comprenait la partie du Limbourg où est située Aix-la-Chapelle[102].

La démonstration d’Ernst ne laisse rien à désirer. Cet auteur prouve de manière incontestable que longtemps après la création du district d’Aix, on désignait encore comme faisant partie du pagus de Liége, Wandre[103], Mortroux[104], Fouron, Courtil[105], Soiron, Soumagne[106], Iteren, Vals, Epen, Fauquemont[107], Gemmenich et Walhorn[108]. Quelques-uns de ces endroits touchent pour ainsi dire à Aix-la-Chapelle, et figurent dans des chartes de la même époque comme appartenant il ce district ; d’autres sont nommés parmi les localités du Masau supérieur. Quant au bourg et il la foret de Theux, Tectis, ils sont expressément placés in pago Luviensi par deux diplômes de Louis et de Charles le Simple des années 908 et 915[109].

L’histoire de la fondation d’Aix-la-Chapelle vient d’ailleurs il l’appui de ce que nous avançons. Charlemagne lui-même raconte que s’étant égaré de ses compagnons, dans une partie de chasse, il découvrit par hasard les thermes et l’ancien palais qu’autrefois Granus, un des princes romains, frire de Néron et d’Agrippa, avait fait bain. Ces constructions étaient en ruine et tombaient de vétusté. Il trouva, il l’endroit où il s’était assis et sous le pied de son cheval, les sources d’eau chaude ; c’est ce qui l’engagea il relever les thermes, il fonder en cet endroit un monastère et à y faire bâtir un palais[110]. Celte circonstance prouve bien que la ville appelée Aquisgranensis n’existait pas avant que Charlemagne eût découvert les thermes de Granus, qu’il n’y avait pas non plus de palais portant alors ce nom ; qu’à plus forte raison le districtus Aquisgranensis était inconnu et que le canton d’Aix-la-Chapelle faisait partie d’un pagus voisin, ou de deux pagi, le Luihgau et le Masgau.

On a pu voir, par ce qui précède, que les lieux nominés dès le temps des Carolingiens sont nombreux dans le Luihgau. La ville de Liége, si l’on en croit M. Henaux[111], était déjà riche et peuplée au temps de Pépin d’Herstal, et de l’évêque Hubert. Le même auteur ajoute que, depuis longtemps déjà, Liége était la résidence de Pépin et des grands d’Austrasie. Ces assertions nous paraissent un peu hasardées. Nicolaus, dans les Acta sancti Lamberti[112], appelle Liége viculus, un petit village. Les annales d’Éginhard disent vicus, et celles de Lorsch vicus publicus[113]. C’était donc un village appartenant au fisc, et qui se transforma en ville, lorsque le siége épiscopal de Tongres y fut établi. Les habitations de la famille carolingienne étaient à Herstal et à Jupille. Nous nous occuperons ultérieurement des villas princières ou royales qui existaient dans le pagus de Liége.

En remontant le cours de la Meuse et à peu de distance de Liége, on trouve, entre ce fleuve et l’Ardenne, le Condroz, qui, d’après les Annales de Saint-Bertin (année 839), formait un comté, comitatus Condorosto. Huy, Dinant, Celles, Cellæ, Marche, Marca, sont les principales localités de ce pays dont il soit fait mention dans les monuments anciens. Quelques auteurs pensent que Huy formait un comté particulier ; cette opinion est l’ondée sur un diplôme de Brunon, archevêque de Cologne, de l’an 953[114]. On a même prétendu que ce comté existait depuis l’an 779[115]. Il parait certain du reste que Huy est une des plus anciennes villes de la Belgique ; M. Gorrissen, d’après Melart, prétend que l’église de Huy fut bâtie par saint Materne, en 318[116]. Toutes les traditions relatives à saint Materne sont fort problématiques ; mais Schayes fait remarquer que Huy est déjà mentionné comme ville par l’anonyme de Ravenne, qui vivait au neuvième siècle.

L’origine de Binant remonte, dit-on, à une église consacrée à la Vierge par saint Monulphe, évêque de Tongres ou de Maëstricht, en 558, et à une autre église bâtie en 604 par saint Perpétue, également évêque. Ce qui est certain, c’est que l’église de Notre-Dame à Dinant (Sancta-Maria in Deonant) figure dans l’acte de partage du royaume de Lothaire. M. Grandgagnage cite, d’après Ritz, une charte de l’an 824 dans laquelle il est fait mention de Dinant, in vico Deonanti[117]. On trouve le nom de Deonant sur des monnaies mérovingiennes[118].

Marche, comme l’indique son nom, était située à l’extrême frontière du Condroz. Ce lieu est désigné comme villa dans l’histoire des miracles de son patron, saint Remacle, mort en 668 ou 669[119].

A l’orient du Condroz et au sud du pays de Liége était le comté d’Ardenne, pagus Arduennensis, comprenant, d’après Bertholet, tout ce qui a composé le marquisat d’Arlon, la prévôté de Luxembourg, les terres situées aux environs de l’Eltz, de la Wiltz, de l’Our, de l’Ourthe, de l’Emblève, de la Semoy, de la Lesse et d’une partie de la Sure. A l’Orient de l’Ardenne se trouvait le Carascow pagus, qui doit sa célébrité à l’abbaye de Prum, et le Bedensis pagus, pays de Bitbourg, non moins connu par l’abbaye d’Echternach qui y était située.

La partie méridionale du Luxembourg, qui fut longtemps considérée comme belge, était divisée entre les pays de Voivre, Wabrensis pagus, et de Moselle, Maselgowe. Des Roches indique comme étant compris dans le pays de Poivre, appelé ducatus Warerinsis dans un diplôme de Charlemagne, et comme endroits déjà nommés à cette époque, Iszich, près de Luxembourg ; Juvigni, Juveniacum, non loin de Montmédy ; Chiny, Chiniacum, et surtout Ivois, aujourd’hui Carignan, déjà connu des Romains sous le nom d’Epoissus. Dom Germain qualifie cet endroit de villa publica. Le roi Théodoric y séjournait, dit-il, lorsque saint Colomban alla le trouver[120]. Suivant un acte cité par Hontheim, il paraît qu’Ivois portait le titre de comté, comitatus Ivotio. Cet auteur pense que les environs de Luxembourg formaient un autre comté du pays de Voivre sous le nom de Metthingow. Il y aurait donc eu deux comtés dans ce pagus, comme l’indique l’acte de partage de 870, Wavrenses comitatus II.

Le Maselgone, ou pagus Meselgowi, sort un peu de ce que nous pouvons appeler pour cette époque la Belgique. Dans ces limites cependant on peut citer Grevenmachern, Meringum près de Kœnigsmachern, Wasserbillich, et Thionville, qui fut, sous Charlemagne, une des principales villes de l’empire, et où des plaids généraux furent tenus par Pépin et Louis le Débonnaire.

Du reste, on trouve dans l’Ardenne un grand nombre d’endroits déjà nommés à l’époque dont nous nous occupons et même antérieurement. Arlon, Orolaunum, était déjà une localité considérable sous les Romains. Son territoire, dans l’acte de partage de l’an 870, est distingué du pagus Wabrensis et du comitatus Maslinsis. L’auteur de la vie de saint Maximin, écrite en 839, qualifie Arlon de locus et de castellum[121] ; mais dans une autre légende de saint Maximin on se sert du mot oppidum[122]. Si l’on en croit Dom Germain, il y avait à Arlon une villa royale et même un palais, jucundum palatium[123].

Nassogne, connue par deux lois des empereurs Valentinien, Valens et Gratien, qui y furent données au quatrième siècle, devait avoir conservé quelques traces de son antique splendeur. Une église collégiale y fut fondée par Pépin d’Herstal. Suivant Dewez, Nassogne avait encore au treizième siècle l’aspect d’une ville[124].

Bastogne, Bastonica ou Belsonacum, est mentionnée dans une charte de l’empereur Charles le Gros, de l’an 887[125]. Wastelain attribue son origine à une villa regia, où Childebert tint un plaid en 585.

Vianden aussi avait un château, construit depuis le septième siècle, et dont, suivant Schayes, les seigneurs portaient le titre de comte[126]. M. Prat cite encore comme châteaux connus au neuvième siècle et antérieurement Douzy, Stenay, Amberloux, Berg, La Roche, Neufchâteau, Bouillon, Chatelet-haut, Salm-château, Hesperange, Rollé, Houffalize, Rochefort, Chiny, Orchimont, Mirwart, Koerich, Luxembourg, Wiltz, Sensenruth, Heisdorf, Pittange et Falkenstein[127]. Nous nous occuperons ultérieurement des villas royales, si nombreuses dans l’Ardenne, ainsi que des établissements ecclésiastiques.

A l’ouest du comté d’Ardenne et du Condroz, le pays de Lomme, pagus Lommensis, était borné au sud par la Thiérache, à l’occident par le Hainaut et la Fagne, au nord par le Brabant et la Hesbaie. Des Roches cite parmi les endroits anciennement connus de ce pagus la villa de Bienne, Beverna ; la villa de Calco ; le lieu appelé Brogne ; Corbion, à peu de distance de Ciney ; Florenne, dont l’abbaye n’existait pas encore ; Couvin, qui plus tard devint le chef-lieu d’un comté (comitatus Coviensis) ; Hastière, Hasteria, mentionnée dans un diplôme de l’an 910 ; Landrichamp, Landricum castrum, près de Givet ; le pays de Manise, Maginisius pagus, entre Givet et Revin ; le bourg même de Revin, Ruivinium, mentionné dans une charte du roi Pépin ; la villa de Walhain, Walaham ; enfin Namur, Namucum castrum. Suivant Wastelain, la mention la plus ancienne de cette ville se trouve au bas d’un diplôme donné en 693 par Chlovis III[128].

Outre le comté de Lomme proprement dit et le pays d’Entre-Sambre-et-Meuse, le pagus Lommensis contenait encore un comté distinct, auquel on donnait le nom de comitatus Darnuensis ou Darniensis, comté d’Arnau ou d’Ornau, et qui se prolongeait des deux côtés de la rivière de ce nom, depuis sa source jusqu’à son embouchure dans la Sambre.

Le chef-lieu du comté d’Arnau était Gembloux (Gemelaus), appelé Geminiacum par les Romains. C’était alors une villa ; l’abbaye n’existait pas encore. Une charte publiée par Miræus[129] désigne comme taisant partie du même comté la villa de Bouffioulx, Bufiols ; Ernage, Asnatgia ; la villa de Courtil, Curtily, et Villers, Villare. Ces localités ont conservé leurs noms jusqu’il ce jour.

À l’ouest du pays de Lomme étaient la Fagne, Fania, contrée couverte de forets le Cambresis, Cameracensis pagus, et le pays de Famars, pagus Fanomartensis. On cite dans la Fagne l’abbaye de Liessies, Lætia, fondé en 751 par Pépin[130], le domaine de Waslers, prœdium Wallare, dont le roi Dagobert fit donation à saint Landelin[131], et puis quelques endroits de moindre importance, entre autres, Boives, Bavia, mentionné avec Wallare dans le diplôme précédent, et Coursclre, Curtis Solræ, dont il est parlé dans la vie de saint Walbert[132].

Outre Cambrai, Cameracum, ville romaine, célèbre dans les annales des Francs[133], le Cambresis ne contenait qu’un seul endroit digne d’attention : c’est Vinci, Vinciacum, où Charles Martel triompha des Neustriens. Des Roches assure que depuis la bataille de l’an 717, perdue par les Francs de Neustrie, on a donné à cette localité le nom de Crèvecœur[134]. Une charte de donation de Charles le Simple[135] fait en outre mention de Carnières, Walincourt, Junchy et Montigny. On peut citer encore Honnecourt, Hunulcurt, mentionné dans l’acte de 870.

Le Hainaut, Hanoium, dont le nom occupe une grande place dans l’histoire, était à cette époque un assez petit pages se prolongeant entre la Sambre et la Haine, depuis la source de cette dernière rivière jusqu’à son embouchure à Condé. Mais ce pagus était un de ceux où la civilisation gallo-romaine et la religion catholique avaient fait le plus de progrès. Il y avait là un groupe d’établissements religieux dont les possessions couvraient presque tout le pays ; nous en parlerons plus amplement dans le § 3 de ce chapitre. Nous aurions du n’indiquer ici que les localités qui ne doivent pas leurs noms à des monastères ou autres établissements religieux ; mais cette distinction est fort difficile, pour ne pas dire impossible.

Si l’on en croit Vinchant, Mons était la capitale du Hainaut déjà au temps de Charlemagne[136]. Maubeuge est connu depuis l’an 649[137]. Bavai est une ancienne cité romaine. Haumont, Altus mons, figure dans la vie de sainte Waldetrude[138]. Saint-Ghislain, Ursidungus, est le nom d’une abbaye, de même que Crepin, Lobbes et Aulne. Le roi Dagobert donna à l’église de Cambrai, en 640, Breuil, Buriacum, Onain et Karubium, probablement Cambron, plus Ænengium, probablement Enghien[139]. Dans les donations faites par Charlemagne figurent Fontaine-l’Évêque, Fontanæ[140], Hauchin, Alcimiagas, Hérinnes, Herinio, Husignies, Huniolo, Kain, Kinegas, et Waudrez, Waldradium[141]. Il est fait mention d’Amblise et d’Halcim, que Miræus dit être Haucin, dans un diplôme de Charles le Chauve[142]. Loveruna, peut-être Loeverval, sur la Sambre, avait été donné en 844 à l’église d’Aix-la-Chapelle par l’empereur Lothaire[143]. Sassigniaca, que M. Imbert appelle Sassignies figure dans une donation de Louis le Débonnaire à l’abbaye de Maroilles[144]. Cette abbaye reçut également de Charles le Simple plusieurs donations de biens situés dans le Hainaut, entre autres, Fayt, Fagetus, Flobeq, Flobodeica, Taisneres et Warchin[145]. On sait que Boussois est le nom du château dans lequel se défendirent les comtes Rainier et Lambert, en 974. Estinnes est un lieu célèbre par le fameux concile de Leptines. Péronne est l’endroit où fut livrée la bataille de ce nom, en 973. Montigny est mentionné dans les guerres de Charles le Simple contre ses vassaux. Escaupont, Pons Scaldis, est un lieu déjà connu des Romains, Thieusies, Tiedeias, est mentionné dans la vie de saint Ghislain[146]. Enfin Hornu et Wasmes figurent dans un diplôme de l’empereur Othon Ier[147], ainsi que Ville-sur-Haine, Heigna. Sur la rive droite de la Sambre, entre Thuin et Charleroi, Wastelain indique un petit canton qu’il appelle pagus Sambrensis, où était l’abbaye d’Aulne[148].

Le Hainaut était séparé de l’Escaut par le pays de Famars, qui avait pour chef-lieu Valenciennes, résidence royale, où Charlemagne tint un plaid en 771[149]. Ce pagus contenait aussi les abbayes de Denain et de Maroilles, le fisc royal de Solême, le monastère de Saint-Sauve, le village de Famars, Fanum Martis, déjà mentionné dans la notice des dignités et des provinces de l’empire romain ; plus Landrecy, Fichau, Croix, Baroy, Avesnes sur l’Escaut, suivant M. Imbert, qui ne craint pas d’y placer également Thuin, Thimnim, château dépendant de l’abbaye de Lobbes[150].

Sur la rive gauche de l’Escaut, nous trouvons au sud le pagus Atrebatensis des Romains, c’est-à-dire l’Artois. Une partie de cette contrée a pris le nom de pagus Adertisus ; une autre a reçu des Francs le nom germanique d’Osterbant, une troisième s’appelle pagus Melenatensis ou Methelensis, c’est le Mélanthais ; une quatrième, Pabulensis, c’est le pays de Puelle ou Pevele.

On cite une foule d’endroits anciennement connus dans le pagus Adertisus[151] ; les principaux sont Arras, Atrebatum ; Sarcin, Sarcinium ou Siricinium ; Vitri, sur la Scarpe, Victoriacum ; Lambres, Lambræ ou Lambris, sur la même rivière[152] ; Boiri-Sainte-Rictrude, Bariacum[153] ; l’abbaye de Mareul, Mareolum ; Henin-Lietard, Henniacum ; Lens ; Saints, Sancti, prés d’Oisi ; Berninville et Dinville, Bernivilla et Daginvilla dont il est fait mention dans un diplôme de l’an 673[154] ; Monchy, Moniaco ; Wailli, Walliaco ; Beaureins, Bellirino ou Belreino ; Roïlecourt, Rodulficurte ; Radinghem, Radoni villa ; Fressin, Frisensi curte, et Saussoi, Sautcidio, près d’Hesdin.

L’Ostrevant, pagus Ostrebannus, parait être la partie de l’Artois qui se trouve entre l’Escaut et la Scarpe. On désigne comme situés dans cette contrée les monastères d’Hasnon et de Marchiennes ; plus la villa de Gouy, Gaugiacum, celle de Waversin, Wavercium[155] ; Bouchain, capitale du comté[156] ; Lambres, déjà indiqué ci-dessus comme faisant partie de l’Artois, et Riulay, Rullagio[157].

Le Mélanthais, dont il est fait mention dans l’acte de partage de l’an 837, était la contrée située au nord de l’Artois, où se trouve encore aujourd’hui Séclin, Saclinium, déjà nommé dans la vie de saint Éloi. M. Warnkœnig, dans son histoire de Flandre (t. I, p. 124), y place Douay et Esquermes, Scellai, Seelmin. Un diplôme de l’an 870 indique Neuville (Villa Nivilla), comme située in pago Megenetisse[158]. Dans un diplôme de l’an 877, il est fait mention aussi de Ronchin, villam Rumcinium, et de Templeuve, villa Templovio, l’un et l’autre situés in pago Medenentinsi[159]. La seconde de ces villas paraît cependant appartenir au pays de Pevele, qui était séparé du Mélanthais par une petite rivière appelée la Marque.

Le pagus Pabulensis, ou pays de Pevele, était situé entre la Marque, l’Escaut et le pagus Tornacensis ; il comprenait le monastère d’Elnone ou Saint-Amand. Sa capitale était Orchies, Orchiacum ; on y trouve en outre Mons en Puelle, in Pabula Montes ; Templeuve déjà nommé ; Beuvry, villam Bebrogium, cité dans le diplôme susdit de l’an 877, et peut-être Roubaix, Rotbodirodo, dont il est fait mention dans un diplôme de 871[160].

A l’occident de l’Artois, dans le pays des Morins, était le pagus Tarvennensis ou Teruanensis, s’étendant jusqu’à la mer. Le Boulottais était en quelque sorte dépendant de ce pagels ; son chef-lieu ou, si l’on veut, sa capitale était l’ancienne ville de Térouanne, peu éloignée de la côte, à cette époque[161]. Un diplôme de l’an 654 y place Sithiu, c’est-à-dire la célèbre abbaye de Saint-Bertin, plus la villa de Tatingen et Aussynu-Bois, Alciaco[162]. Les autres endroits principaux de ce pagus étaient, suivant Malbrancq et Wastelain, Aire, Ariacum, Renti, Rentica, Blangi, Blangiacum, et Alciacum que Des Roches appelle Auchy[163].

La Flandre, dont il nous reste à parler, est la partie de la Belgique dont l’histoire et la topographie ont été étudiées avec le plus de soin. Dans l’acte de partage de l’an 837[164], le Mempiscon est distingué du Flanderes ; et par un diplôme de Charles le Chauve de l’an 847[165], il est constaté qu’au neuvième siècle on donnait le nom de pagus Mempiscus au pays des Ménapiens. Il y avait donc dans les Flandres deux grandes divisions territoriales : celle qu’on appelait Flandre, étant distincte du pays des Ménapiens, ne pouvait être autre que le littoral Saxon, littus Saxonicum, occupé par des colons d’origine saxonne et s’étendant des frontières de la Morinie jusqu’à l’embouchure de l’Escaut[166]. Le Mempiscus comprenait sans doute tout le pays occupé par les Ménapiens entre l’Escaut et le littoral. Raepsaet a fait de louables efforts pour déterminer les limites exactes de ces deux grandes divisions[167] ; il attribue au pagus Flandrensis tout ce qui se trouve à l’occident de la voie romaine conduisant de Boulogne à l’Escaut près d’Anvers, ainsi le pays de Waes avec les quatre villa de Bouchaute, Assenede, Axel, Hulst, et le petit pagus Isereticus, s’étendant le long de l’Isère et comprenant Nieuport.

Cette délimitation nous parait fort hasardée ; il est d’ailleurs extrêmement douteux que les dénominations de Mempiscon et de Flanderes, qui s’appliquaient à des nationalités aient jamais servi à désigner deux grandes circonscriptions administratives. Nous voyons par le capitulaire de Charles le Chauve de l’an 844, que le Curtricisus, pays de Courtrai, et la Flandra étaient réunis sous l’autorité du même comte, avec Noyon ; le Vermandois et l’Adertisus[168] En était-il de même avant Charles le Chauve ? C’est ce qu’on ne sait pas. Le seul fait que l’on puisse constater, c’est que la Flandre et le Mempiscus étaient deux pays distincts, et qu’ils se subdivisaient en plusieurs pagi plus ou moins considérables ; mais il ne semble pas, d’après le capitulaire susdit, qu’aucun de ces pagi fût assez considérable pour qu’un comte fût préposé exclusivement à son administration, moins encore que le Mempiscus et la Flandre eussent chacun leur gouvernement part.

On pense assez généralement que le Mempiscus ou plus exactement Menapiscus, pays des Ménapiens, comprenait un pagus Mempiscus plus restreint, comme il y avait dans le Haspengow un pagus Haspinga. Mais la situation et les limites de ce pagus Mempiscus sont fort peu connues. Il est d’ailleurs fort difficile, quand on rencontre le nom de Mempiscus dans une charte, de distinguer s’il s’agit du pagus restreint ou de celui qui embrassait toute la Ménapie. Un diplôme de Louis le Débonnaire, de l’an 822, fait mention de Roulers, Rosiar, comme situé in pago qui dicitur Mempiscus. Une charte de l’an 847, citée par Raepsaet[169], y place les villages d’Ardoye, Couckelare, Lidda, Recolwingahem, Coolscamp, Winghene, Bernhem et Bonart. On y met aussi Poperinghe, suivant une charte de l’an 877[170] ; Tronchiennes Truncinium, en flamand Drongene, suivant un titre ancien, cité par Henschenius[171], et Cassel, Castellum Menapiorum, si l’on en croit les actes du chapitre de cette ville, de l’an 1085[172] ; ce qui du reste est vraisemblable, car un diplôme beaucoup plus ancien, de l’an 864, indique Helsoca, probablement Ecke, près de Cassel, comme situé dans le pagus Mempiscus[173]. Suivant M. de Bylandt, le Mempiscus restreint comprenait Poperinghe, Tronchiennes, Verwicq, Esche ou Ecke, Ypres, Lederzeele, Comines et Warneton[174].

Dans la vie de saint Éloi, écrite par saint Ouen, au septième siècle, il est parlé d’un pagus Gandensis[175] ; la même expression se trouve dans un diplôme de Charles le Chauve de l’an 864[176]. Cependant la charte de donation de l’an 870 désigne le lieu où est situé le monastère de Blandinium par ces mots : in vico Gandensi[177]. Le Castrum Ganda est certainement plus ancien, mais c’est aux deux abbayes de Saint-Pierre et de Saint-Bavon, que la ville de Gand doit son origine. Si autour de cette ville il se forma un pagus, ce fut probablement à l’aide des domaines acquis par les moines. Suivant Butkens, tout le pays de Waes fit partie du pagus Gaudensis[178] ; cette acquisition semble avoir été une conséquence de la donation de Tamise (villa Temseca, in pago Wasiœ), faite par Charles le Chauve à l’abbaye de Blandinium, en 870. M. de Bylandt soutient avec quelque raison que le pays de Waes ne fut annexé au pagus Gandensis qu’en 949 par un diplôme de l’empereur Othon Ier ; tandis que Saeftingen, Axel et Tamise, localités de ce pays, sont citées dans une charte de Louis le Débonnaire de l’an 821 comme faisant partie du pagus Flaudrensis[179].

Le pagus Thoroltanus est dans le même cas. Thourout, Thoraltum, Torwaldo, qui lui donna son nom, doit son origine à un monastère fondé par saint Amand au septième siècle, et donné par Louis le Débonnaire 2I Ansgarius, évêque de Hambourg, en 834 line charte de l’an 743[180] comprend Thourout dans le Mempiscus, ce qui semble prouver que le pagus Thoroltanus ne se composait que des possessions de l’abbaye. Ces possessions comprenaient, outre le village de Thourout, Roulers, Ardoye, Coolscamp et Wyngene, suivant le diplôme de l’an 848, mentionné ci-dessus.

Le pagus Curtricisus, dont nous avons déjà parlé, semble avoir formé un comté, sans cependant qu’il eût un comte particulier. Ce pagus est nommé dans la vie de saint Éloi, écrite au septième siècle, et dans le capitulaire de Charles le Chauve de l’an 853[181]. Suivant Des Roches, il était borné à l’orient par l’Escaut, à l’ouest par le pagus Menipiscus, au nord par le pagus Gandensis, au sud par le Mélanthais. La ville de Courtrai était connue dès le temps des Romains ; parmi les autres localités du pagus, qui sont nommées dans les monuments anciens, on remarque Synghem, Aspre, Caneghem, Audegem, cité par Eginhard[182], etc.

Le pagus Tornacensis est nommé dans un diplôme de l’an 837[183], qui y place Cisoin, Cisonium, Confin, Confiniam, Summin, Summinium. Un diplôme de l’an 870 désigne dans le nième pagus un endroit nommé Greffin, Gressonium[184]. D’autres actes mentionnent comme faisant partie de ce pagus, Blandain, Hollain, Espain, Waterlos, Warcoin[185], Espierre, Helchin, Bouvines, Brillon, etc. Selon Des Loches, il s’étendait jusqu’à Espain, vers le sud, la Marque vers l’ouest, Helchin vers le nord, et l’Escaut vers l’orient. On sait que Tournai est une ancienne ville romaine ; l’auteur de la vie de saint Amand dit qu’elle fut la capitale du pays des Ménapiens.

Plusieurs diplômes font mention d’un pagus Leticus, qui, suivant une charte de l’an 867, devait contenir Armentières, Estaires et Merville, Armentariæ, Stariæ, Broylus. Les limites de ce payas sont fort difficiles à déterminer, à cause de la diversité des lieux indiqués comme y étant compris. Une charte de l’an 877, de Charles le Chauve, mentionne tout à la fois, comme située in pago Letico la villa d’Haisnes, villam Haignas, au sud de la Bassée, et la villa de Reiningen, Reninga au quartier de Furnes[186]. Raepsaet a supposé que, le pagus Leticus n’était pas territorial, mais personnel, comprenant tous les tètes établis dans divers pagi. C’est une conjecture qui nous parait peu fondée. M. de Bylandt pense que le pagus Leticus s’étendait depuis Haisnes jusqu’à Reningen et comprenait la forêt de Wastelau, sur la rive droite de la Lys, entre les villes d’Aires et de Merville.

Il est parlé aussi d’un pagus Isereticus dans un diplôme de l’an 805, cité par Malbranq. Ce petit pagus, devait titre situé sur les deux rives de lisère ; suivant la chronique d’Iperius, à l’an 860, il comprenait le portus Iserœ, qui est probablement l’endroit où fut bâtie plus tard la ville de Nieuport. C’est donc par erreur que Des Hoches et Wastelain l’ont placé dans le pays de Mempiscus ; il appartient plutôt à la Flandre.

Le littoral saxon, qui composait le pagus Flandrensis, est peu connu. Tout ce territoire était couvert de marais, de bois et de bruyères ; il était exposé aux irruptions fréquentes de la mer et de l’Escaut vers son embouchure. M. de Bylandt divise le pagus Flandrensis en quatre parties, savoir :

1° Le pagus Flandrensis proprement dit, comprenant Bruges, Ghistelles, Rodenbourg (plus tard appelé Ardenbourg), Aldenbourg, Gravelines, la ville de saint Willibrord, Berg, Mardick[187], Petressem, Ostende, Scarphout, Maldegbem, Lapschure, Furnes, Dixmude, Hambourg, Oostbourg, etc. ;

2° Le pagus Isereticus dont nous venons de parler ;

3° La terre de Waes, comprenant Axel, Saeftingen, Tamise, Thesla, Hulst, Beveren, Bouchout, Waesmunster ;

4° L’île de Cadsand, primitivement habitée par les Cattes et que, suivant M. de Bylandt, les Hollandais ont tort de vouloir attribuer à la Zélande[188].

Plusieurs endroits cités dans cette énumération nous paraissent douteux relativement à l’époque dont il s’agit ; d’autres ont une existence constatée par des documents irrécusables. Une charte de Louis le Débonnaire, citée par Sanderus[189], fait mention de Saftingen, Axel et Tamise. Suivant Vredius, qui a puisé ses preuves dans les documents des dixième et onzième siècles, le pagus Flandrensis comprenait Bruges[190] et ses environs, c’est-à-dire Ardenbourg, Oostbourg, Lapschure, Oostkerke, Houlhave, Lissewege, Meetkerk, Uytkerk, Dudzeele, Labbeke, Sackinghem, Aldenbourg, Klarkem, Warrhem, Sarrem, Eessene, Keyem, Dicasmutha probablement Dixmude[191]. Les chroniques rangent dans les limites de ce pagus tout le pays de Wacs, avec les quatre Métiers, Bouchout, Assenedc, Axel et Hulst.

Éginhard, à l’occasion des miracles opérés à Gand, dans le monastère de Saint-Savon, parle d’une fille venue du village de Fursenum[192]. Il est très  probable qu’il s’agit de Furnes, appelée Furnæ dans les documents du douzième siècle ; Éginhard nomme aussi le village de Machelen, Magle, qui existe encore, à trois quarts de lieue de Deynze ; celui de Baesrode, Baceroda, à une lieue de Termonde, sur l’Escaut ; Millinium, entre Gand et Audenarde ; Eessene Accinium, dans le canton de Dixmude, et Wormhout, Vuerminium, dans la Flandre française près de Dunkerque[193]. Plusieurs de ces localités appartenaient au payas Flandrensis, les autres au Mempiscus.

 

§ 2. LES VILLAS ROYALES.

Les villas ou palais royaux, tels que Charlemagne les a décrits[194], étaient de vastes établissements où logeaient non seulement le roi, les personnes de sa famille et les seigneurs de sa suite, mais encore tous les officiers ministériels et les employés attachés à la cour. Augustin Thierry, en s’aidant de son imagination, a tracé le tableau suivant de la villa de Draine : C’était, dit-il, une de ces immenses fermes, dont les chefs Francs préféraient le séjour à celui des plus belles villes de la Gaule, et dans lesquelles ils convoquaient les Mâls nationaux et les synodes des évêques. Ces habitations des rois barbares ne ressemblaient en rien aux châteaux féodaux, dont les ruines imposantes étonnent encore nos yeux. C’étaient de grands bâtiments non fortifiés, construits en bois plus ou moins élégamment travaillé, et entourés de portiques d’un style emprunté à l’architecture romaine. Autour de la demeure du prince étaient disposés les logements des officiers de son palais, des leudes qui vivaient à la table royale et ne s’étaient pas fixés sur leurs propres terres, et enfin des moindres personnes, des lètes germains, des fiscalins ou serviteurs du fisc, qui exerçaient au profit du roi toute espèce de métier, depuis l’orfèvrerie et la fabrique des armes jusqu’à la tisseranderie et la mégisserie ; depuis la fabrication des étoffes grossières destinées aux petites gens, jusqu’à la broderie en soie et en or... Des bâtiments d’exploitation agricole, des haras, des étables, des bergeries, des granges, les masures des cultivateurs, coloni, et les cabanes des serfs du domaine complétaient le village royal[195].

Ce tableau manque d’exactitude, quand on veut en faire l’application aux palais carolingiens ; il n’est exact que relativement aux dépendances du château, qu’il ne faut pas confondre avec le château proprement dit. Celui-ci ne se composait pas de constructions en bois plus ou moins bien travaillé ; c’était un édifice solidement construit en pierre ; mais il est vrai que l’établissement en général, avec ses dépendances, contenait une population d’hommes libres et de serfs, de fonctionnaires, de cultivateurs et d’artisans. Le capitulaire de villis parle des Franci établis dans les fiscs royaux, pour dire qu’ils ne peuvent être jugés que suivant leurs lois ; il les distingue des gens de la familia, auxquels il permet d’administrer des corrections corporelles, familia vapuletur. La villa était ordinairement gouvernée par un intendant de l’empereur, portant le titre de judex, actor, ou villicus. Le pouvoir de ce fonctionnaire supérieur sur les personnes non libres de la familia était à peu près absolu ; seulement le capitulaire lui défend de les employer à son service particulier, d’en exiger des corvées, ou de les forcer à quelque travail, et d’en recevoir des cadeaux. Le judex avait sous ses ordres un grand nombre d’officiers que le capitulaire appelle majores, forestarii, poledrarii, venatores, falconarii, cellularii, decani, tetonarii, et cœteri ministeriales. Parmi ces agents se trouvaient des hommes libres, qui possédaient des bénéfices dans le fisc même du roi. Le capitulaire fait aussi mention de fiscalins, fiscalini, qui vivaient du produit de leurs manses.

Un grand nombre d’ouvriers étaient attachés aux fiscs royaux. Le capitulaire veut qu’il s’y trouve des orfèvres, des maréchaux-ferrants, des armuriers, des cordonniers, des tanneurs, des charpentiers, des menuisiers, des tailleurs, des oiseleurs, des savonniers, des brasseurs, des boulangers, des faiseurs de filets, etc. Il y avait aussi des églises et des clercs, car le capitulaire prescrit formellement de payer la dîme aux églises qui sont dans les fiscs, et défend d’y admettre d’autres clercs que ceux du prince et de sa familia. Enfin toute villa royale avait de vastes étendues de terres arables, de prés, de bois, et l’on y trouvait tout ce qui est nécessaire aux travaux de l’agriculture : des écuries, des étables, des bergeries, des porcheries, des pigeonniers, des poulaillers, etc. Le capitulaire contient de nombreuses dispositions concernant l’agriculture, le jardinage, l’élève et l’entretien des chevaux, du bétail, des animaux de basse-cour, l’exploitation et la conservation des forêts, la confection du vin, de la cervoise, du vinaigre, du beurre, du fromage, du pain. Il va jusqu’à désigner les végétaux qui doivent être cultivés dans les jardins, en distinguant les plantes médicinales, aromatiques, potagères, légumineuses. Les arbres à fruit sont également énumérés ; on désigne même les espèces de pommiers auxquelles il convient de donner la préférence.

C’est sans doute à cause de ces détails qu’on a comparé les villas de Charlemagne à de grandes fermes, de grands établissements d’exploitation agricole. Cette appréciation nous paraît inexacte. Les villas proprement dites étaient de véritables châteaux parfaitement construits ; sur les fiscs ou domaines qui en dépendaient étaient établies des espèces de colonies, très bien organisées et qui semblent avoir servi de type aux communes du moyen âge. C’est là que les métiers ont dû se former, que les arts industriels ont dû prendre naissance, et que les travaux de l’agriculture trouvèrent des motifs d’encouragement dans les besoins des populations agglomérées. Les villas royales et les monastères furent les éléments du nouvel ordre social qui se préparait et qui devait aboutir à l’organisation des communes.

La partie orientale de la Belgique était, pour ainsi dire, le chef-lieu de l’empire des Francs. On y trouve les plus célèbres villas des Carolingiens, Jupille, Herstal, Chèvremont, Theux, Aix-la-Chapelle ; les lieux de naissance et de séjour de Charles Martel, des Pépins, de Charlemagne et de Louis le Débonnaire. Jupille, sur la rive droite de la Meuse, paraît avoir été la plus ancienne de ces résidences. Pépin d’Herstal y mourut en 714. On voit encore à Jupille, vers l’endroit où l’on suppose qu’était le palais, un bain fort ancien, que M. de Villenfagne croit avoir servi au roi Pépin. Si l’on s’en rapporte aux traditions, il devait y avoir à Jupille sept tours ou châteaux. On induit d’une sentence arbitrale de l’an 1452[196] qu’à cette époque une des tours existait encore, et qu’on l’appelait ly thor del Weige (en flamand der wacht) ; ce qui permet de supposer qu’elle avait été construite avant l’introduction de la langue romane dans ces contrées.

Herstal, sur la rive gauche de la Meuse, vis-à-vis de Jupille, a sans doute été fondé par Pépin II, qui en conserva le nom. Cependant M. Henaux rapporte, d’après une vieille chronique, que Pépin le Bref fit bâtir une église et un palais à Herstal, avec les matériaux d’un ancien pont qui réunissait autrefois les deux rives de la Meuse vis-à-vis de Cheratte[197]. Tout ce qui reste aujourd’hui de cette villa si célèbre, c’est une place qu’on appelle li Cour. On y voit aussi un vieux bâtiment que Delvaux suppose être l’ancien palais de Pépin[198], mais qui appartient évidemment à une époque moins ancienne. Nous croyons pouvoir en dire autant de l’édifice appelé Refuge des chanoines d’Aix, qu’on montre au bord de la Meuse, près de l’église, comme une construction de Charlemagne.

Si l’on en croit M. Henaux, il y avait déjà à Liége, au huitième siècle, un palais appartenant aux Pépins ; Carloman, frère de Pépin le Bref, y aurait fait un séjour en 743[199]. Mais il est prudent de se méfier des illusions patriotiques de M. Henaux. Les chroniqueurs rapportent qu’en 769 Charlemagne célébra la Pâque auprès de saint Lambert, à Liége, apud sanctum Lantbertum in vico Leodico[200]. Ainsi s’exprime notamment Éginhard. Dans les annales de Lorsch, de la première rédaction, on lit in Leodico vico publico ; les mots apud sanctum Lantbertum n’y sont pas. Il est vrai qu’une variante indiquée par M. Pertz dit : ubi sanctus Lantbertus martyr in corpore requiescit[201]. C’est la seule mention qu’on trouve d’un séjour de Charlemagne Liége, et elle ne prouve aucunement qu’il y eût alors un palais royal en cette ville. La manière dont s’exprime Éginhard semble plutôt indiquer que Charlemagne descendit au monastère de Saint-Lambert, ce qui serait d’ailleurs conforme aux usages du temps.

Nous pensons que, pour être dans le vrai, l’on doit se figurer le vallon de la Meuse comme parsemé de villas et habité par de grands propriétaires, seigneurs fonciers, par les serfs attachés à l’exploitation de leurs domaines, et par les ecclésiastiques et les sujets de l’Église de Saint-Lambert. Au milieu de ce vallon se trouvaient les résidences royales de Jupille et d’Herstal. On peut se figurer, d’après ce que nous avons dit des villas en général, ce que devaient être Herstal et Jupille au temps des Pépins. Le développement de la ville de Liège s’opéra probablement lorsque ces deux résidences furent abandonnées ou commencèrent à déchoir. Les établissements ecclésiastiques étaient d’ailleurs organisés sur un pied analogue, et la familia de Saint-Lambert devait contenir les mêmes éléments dans de moindres proportions.

A peu de distance de Liège, sur la Vesdre, était Chèvremont, désigné sous le nom de Kevermunt dans les diplômes de 947 et 972. C’était une forteresse inexpugnable. L’accès en était si difficile, dit la légende, et ses fortes murailles la protégeaient si bien, qu’elle ne pouvait craindre absolument aucun assaut, aucun siége[202]. Ce château paraît avoir été habité, nous l’avons déjà dit, par Ansgisil et Begghe, fille de Pépin de Landen. Il existe, en effet, une vie de sainte Begghe, écrite au neuvième siècle et imprimée à Louvain en 1631, dans laquelle on rapporte que Chèvremont fut embelli et fortifié par Ansgisil et Begghe. Des recherches et des fouilles récentes ont fait découvrir sur la montagne qui porte ce nom les restes d’un mur d’enceinte d’une grande étendue, flanqué de tours, et les substructions de l’une des tours du château[203].

Le district de Theux, districtum Tectis, dont il est fait mention dans le partage de 870, était un domaine de la couronne, ou de la famille carolingienne, administré par un économe impérial, actor, qui avait sa résidence au palais de ce nom. line charte de Louis le Débonnaire et de Lothaire, son fils, nous apprend que ces princes firent un séjour à Theux, en 827[204]. Le palais fut donné à l’église de Liège, en 898, par Zwentibold, et la vaste forêt qui en dépendait, en 915, par Charles le Simple.

Le château de Franchimont, voisin de Theux, doit son nom, Francorum mons, au séjour des Francs, et Pépinster, qui n’en est pas éloigné, rappelle évidemment quelque circonstance relative aux Pépins.

Un peu plus loin vers l’Est était le Novum Castellum, où fut enfermé, en 741, Grifon, frère de Pépin et de Carloman. On voit encore aujourd’hui les ruines de ce château, construit ou reconstruit au huitième siècle, et qu’on désigne maintenant sous le nom de château d’Amblève. Il est certain qu’il porta longtemps son nom de Novum Castelum[205], et qu’on l’appelait encore Neuf-Chastel au seizième siècle, lorsqu’il était propriété de la puissante maison de la Marck[206].

Nous avons déjà parlé d’Aix-la-Chapelle, qui se trouvait sur le territoire du pagus de Liége. Cette ville devint, sous Charlemagne, la capitale de l’empire ; elle fut proclamée solennellement locus regalis et caput Galliæ trans Alpes[207]. Près de là étaient les résidences royales de Tolbiac ou Zulpich, de Buren, de Fouron, où Louis le Bègue et Louis de Saxe se réunirent, en 878, pour confirmer le partage de la Lotharingie fait par leurs pères[208].

Miræus rapporte que de son temps, c’est-à-dire au commencement du dix-septième siècle, il se voyait à Fouron-le-Comte des fossés et des terrasses avec les restes de fondations d’un vieux château, sur une élévation nommée Op de Sale, et que dans la vallée un endroit, éloigné d’un quart de lieue environ, appelé Steenbosch, offrait les ruines de plusieurs anciens édifices[209].

Beaucoup plus célèbre est le château de Meersen, appelé Marsna palatium dans les Annales de Saint-Berlin. II n’existe plus d’autre vestige de ce palais que le nom du village de Meersen, sur la Gheule, près de Maëstricht. Le domaine paraît avoir été cédé par Charles le Simple il Gislebert, duc de Lotharingie, qui le donna en dot avec d’autres biens à sa femme Gerberge, sœur de l’empereur Othon Ier. Celle-ci en fit donation, en 968, à l’abbaye de Saint-Remi à Reims, et par suite on y érigea un monastère, appelé abbatia Marsna dans un diplôme de l’empereur Othon III, de l’an 986. Ernst pense que le monastère, qui devint dans les temps postérieurs la maison prévôtale de Meersen, fut construit sur l’emplacement de l’ancien palais[210].

Un peu plus bas, sur la rive droite de la Meuse, se trouvait Haslou, aujourd’hui Elsloo, lieu fameux par le séjour des Normands. Là aussi il doit y avoir eu une villa royale, puisqu’un diplôme de Lothaire, de l’an 860, se termine par ces mots : Actum Aslao palatio regio[211]. Ernst prétend qu’il faut prendre aussi pour Elsloo l’Elidione villa, où Charles le Chauve donna un diplôme le 25 octobre 876[212].

M. Rahlenbeck, dans une de ses publications, signale encore un autre palais carolingien, sur l’emplacement duquel se trouve aujourd’hui le moulin de Mesch, en wallon Méhault, à une lieue de Maëstricht. C’est dans cet endroit, connu successivement sous les noms de Merchault et de Manderveld, que s’arrêta l’empereur Lothaire se rendant de Liége à Meersen en 854. Il est remarquable qu’une prairie du village de Mesch porte encore aujourd’hui le nom de Frankryk[213].

Si du Masgau et du Luihgau nous nous transportons dans les Ardennes et dans les Vosges, nous y trouvons une autre série de palais carolingiens. C’est en premier lieu Longlare, Longlier, qui parait avoir été habité par Chlotaire II et oh Pépin le Bref séjourna en 759 et 763. On a pensé que le château royal de Longlare était situé ii l’endroit qui porte aujourd’hui, par abréviation, le nom de Glaire, à une demi-lieue de Sedan, sur la gauche de la Meuse[214]. C’est évidemment une erreur. Longlare ne peut être autre que Longlier, près de Neufchâteau en Ardenne. Une charte d’Othon le Grand, de 947, dit en termes exprès : in villa Longliers ; et dans une charte d’Othon II, de l’an 982, on trouve Curtem Longlar nuncupatum. Ces deux formes s’appliquent ensuite à une église, dans la charte de fondation du prieuré de Longlier, par Henri III, en 1055, où il est dit ecclesia de Longlier, et dans l’acte de confirmation de Frédéric de Luxembourg, en 1064, où l’on trouve ecclesia de Longlari[215]. Ici l’identité est manifeste ; on voit clairement que Longlier et Longlare sont deux dénominations du même lieu.

Les autres résidences royales sont hors des limites de la Belgique actuelle ; c’est principalement Thionville, Theodonis villa, sur la rive gauche de la Moselle, où se tint la célèbre assemblée qui réhabilita Louis le Débonnaire et condamna l’archevêque Ebbon avec ses complices ; Metz, capitale du royaume d’Austrasie sous les Mérovingiens ; Attigny, témoin de tant d’assemblées, de tant d’événements mémorables, et qui n’est plus aujourd’hui qu’un petit village du département des Vosges ; il côté d’Attigny, Douzy, château de chasse situé au confluent de la Chiers et de la Meuse. Remiremont, Thin, Arches, Ercry, etc., étaient des villas de moindre importance.

Il n’est pas sans intérêt de rechercher quelles sont celles de ces villas que les rois Carolingiens habitèrent le plus fréquemment et pour lesquelles ils avaient une préférence marquée.

Pépin, depuis son avènement à la royauté, ne paraît pas avoir séjourné souvent en Belgique. Éginhard rapporte qu’en 759 il célébra la nativité du Seigneur à Longlare, Longlier, et la Pâque à Jupille[216] ; qu’en 763 il s’arrêta encore à Longlier pour y passer l’hiver, et qu’il y célébra les fêtes de Noël et de Pâques ; qu’en 763 il convoqua l’assemblée générale de son peuple dans sa terre d’Attigny, et qu’il passa l’hiver à Aix, où il célébra les solennités de Noël et de Pâques.

Les Annales de Lorsch et de Metz[217] ne nous en apprennent pas davantage ; mais il est impossible que ce soient là les seules stations que Pépin ait faites en Belgique. Ce pays était le point central et fondamental de la puissance des Carolingiens ; c’est là qu’ils venaient pour rallier sous leur drapeau les hommes de guerre qui devaient les suivre, chaque fois qu’ils avaient un ennemi à combattre ou une expédition à entreprendre. Ce fait n’a pas échappé à la perspicacité de M. Guizot : C’est surtout d’Austrasie, dit-il, que partent les bandes de guerriers qu’on voit se répandre soit en Italie, soit dans le midi de la Gaule[218]. Quand Pépin vint à Longlier et à Jupille en 759, il sortait du pays des Saxons, où il était allé faire la guerre avec une armée d’Austrasiens. Quand il revint à Longlier, en 763, il ramenait l’armée qui était allée ravager l’Aquitaine, et c’est après avoir congédié ses troupes que, suivant Éginhard, il s’arrêta au château de Longlier pour y passer l’hiver. Enfin, quand il célébra les fêtes de Noël et de niques à Aix-la-Chapelle, en 766, il se préparait à marcher de nouveau contre Waifre en Aquitaine.

La Belgique était donc le point de départ et de retour de toutes les expéditions guerrières ; elle était en quelque sorte le quartier général des rois carolingiens. Les chroniqueurs ne font mention des séjours qu’ils y firent que relativement à la célébration des fêtes de Noël et de Pagnes, qui se faisait à cette époque avec beaucoup de solennité, et à laquelle ils attachent une haute importance ; mais il est sans doute d’autres occasions dont ils ne parlent point, et qui durent ramener plus souvent le roi Pépin dans la patrie de ses aïeux.

S’il est possible de contester le lieu de naissance de Charlemagne, on doit reconnaître au moins qu’il était aussi Belge par les goûts, les mœurs et son attachement à la patrie des Francs que par son origine. Il habitait la vieille Austrasie de préférence à tout autre pays. Cette prédilection se manifeste dès le commencement de son règne. A peine a-t-il pris les insignes de la royauté à Noyons, en 768, qu’il vient célébrer la fête de Noël à Aix, oit il rie devait y avoir alors qu’une habitation médiocre. L’année suivante il célèbre la Noël à Duren et la Pâque à Liége[219].

Bien que la ville de Liége fût alors à son berceau, il n’y a pas d’endroit qui ait conservé de Charlemagne un souvenir plus populaire. Son nom est encore aujourd’hui dans la bouche du peuple, comme si son règne venait seulement de finir ; il s’est conservé dans les proverbes locaux. M. Alphonse Le Roy, professeur à l’université de Liége et l’un des auteurs du Dictionnaire des mots et proverbes wallons, édité par la Société Liégeoise de littérature wallonne, a bien voulu nous communiquer, avant qu’elle vît le jour, une feuille d’épreuve de cet ouvrage, dans laquelle on trouve le proverbe suivant : I fât leyî l’pire wiss qui Charlemagne l’a planté ou l’a meltou. LITT. Il faut laisser la pierre (la borne) où Charlemagne l’a plantée ou l’a mise. Les villageois des environs de Liége, surtout ceux du pays d’Outre-Meuse, se servent de ce dicton pour dire qu’il ne faut rien changer à l’état des choses ; qu’il ne faut pas toujours innover.

En 770, Charlemagne célébra la solennité de Noël à Mayence, et puis il vint célébrer la sainte Pâque dans son château d’Herstal[220]. Éginhard rapporte qu’au mois de mai suivant (771) il convoqua l’assemblée générale à Valenciennes sur l’Escaut, et qu’ensuite il partit pour aller passer l’hiver, sans indication de lieu[221]. Il nous semble rationnel d’induire de cette manière de s’exprimer, que Charles retourna à Herstal, d’où il n’était sorti que pour aller tenir l’assemblée générale à Valenciennes. Ce fut dans le courant de cet hiver, au mois de décembre, que son frère Carloman vint à mourir. Charles, qui voulait s’emparer du royaume tout entier, se rendit à Corbeny près de Laon, où il reçut l’évêque Wilharius, le prêtre Fulrad et plusieurs autres prélats, ainsi que les comtes et grands officiers de son frère, parmi lesquels on remarquait Warin et Adalhard, neveu de Pépin. Cette année, il célébra les fêtes de Noël à Attigny ; mais il revint célébrer celles de Pâques à Herstal.

L’année 779 fut marquée par la première expédition de Charlemagne contre les Saxons. Il ravagea leurs pays par le fer et le feu, s’empara du château d’Eresburg, renversa l’Irminsul, et puis il revint encore à Herstal, où il célébra les fêtes de Noël et de Pâques.

Charlemagne passa l’hiver suivant à Thionville ; c’est là qu’il reçut l’envoyé du pape, qui venait lui demander sa protection contre les Lombards ; c’est aussi de là qu’il partit pour l’Italie, d’où il ramena à Liége le roi des Lombards qu’il avait fait prisonnier (77).

En 775, Charlemagne, se préparant à une nouvelle expédition contre les Saxons, tint une assemblée générale dans sa terre de Duren, située entre Aix-la-Chapelle et Cologne. La campagne terminée, il revient, dit Éginhard, passer l’hiver dans le pays des Francs, ce qui signifie très probablement à Herstal ; cela est d’autant plus vraisemblable qu’il sortait de la Westphalie. En 776, Charlemagne fit une nouvelle expédition contre les Saxons, et cette fois Éginhard dit en termes exprès qu’il revint passer l’hiver à Herstal.

Au printemps de l’an 777, il partit pour Nimègue, où il célébra les fêtes de Pâques, avant d’aller tenir une assemblée générale à Paderborn. A son retour en Belgique, il célébra les solennités de Noël dans son domaine de Douzy[222], près de Sedan, en Ardenne.

Après son expédition contre les Sarrasins d’Espagne, Charlemagne passa l’hiver de 778 à 779 à Herstal, où il célébra les fêtes de Noël et celles de Pâques. Il tint, cette aimée, une assemblée générale à Duren, d’où il partit pour aller de nouveau combattre les Saxons.

Au commencement de l’été 789, nous voyons Charlemagne traverser le Min à Cologne ; il venait de son château de Quierzy, où il avait célébré les fêtes de Noël et celles de Pâques. Il fit alors contre Witikind et les Saxons insurgés cette fameuse campagne qui se termina par l’exécution de Verden. Après avoir infligé ce terrible châtiment, il se retira à Thionville pour y passer l’hiver (782, 783). Il y célébra, suivant l’usage, les fêtes de Noël et de Pâques. C’est là qu’il perdit sa femme, la reine Hildegarde, qui mourut au mois de mai 783. Sa mère, la célèbre Berthe, mourut la même année, le 1er des Ides de juillet. Charlemagne était alors dans le pays des Saxons, qu’il parcourut en vainqueur depuis le Rhin jusqu’à l’Elbe.

Lorsqu’il fut rentré en Belgique, il épousa la fille du comte Rodolphe, qui était Franque de nation et se nommait Fastrade. Il passa l’hiver de 783 à 784 dans son domaine d’Herstal, où il célébra, avec sa jeune femme, la naissance du Seigneur et la sainte Pâque.

Ce fut la dernière fois que Charlemagne séjourna dans cette antique résidence. Nous le voyons, en 788, donner la préférence à Aix-la-Chapelle ; il y revient en 794, en 79h, en 796, 798, 799, 800, 801, 802, 803, 804. Les écrivains allemands, qui ne négligent aucune occasion de tirer à eux la gloire des Carolingiens, ont prétendu que des raisons politiques avaient déterminé Charlemagne à transférer sa résidence d’Herstal à Aix[223], comme si, à cette époque, les deux localités ne faisaient pas partie du même pagus et du même diocèse ! Et d’ailleurs Charlemagne lui-même a fait connaître les motifs de sa prédilection pour Aix-la-Chapelle. Dans le discours que nous avons déjà cité, il dit expressément que ce sont les eaux thermales, les sources d’eau chaude, découvertes dans les ruines du palais de Granus, qui lui ont inspiré l’idée d’y faire construire une église et une habitation. Éginhard également dit que les bains d’eaux naturellement chaudes lui plaisaient beaucoup ; que passionné pour la natation, il y devint si habile que personne ne pouvait lui être comparé. C’est pour cela, ajoute Éginhard, qu’il fit bâtir un palais à Aix-la-Chapelle et qu’il y demeura constamment pendant les dernières années de sa vie[224].

Charlemagne qui n’était pas moins passionné pour la chasse que pour la natation, affectionnait aussi la forêt des Ardennes. Cette forêt n’était pas si éloignée d’Aix-la-Chapelle qu’il ne pût s’y rendre facilement. Aussi lisons-nous dans les Annales d’Éginhard, à la date de 804 : Après avoir congédié son armée, il alla d’abord à Aix-la-Chapelle, et de là dans les Ardennes pour y chasser ; puis il revint dans son palais d’Aix-la-Chapelle. On trouve dans le poète Saxon (lib. II) une description pittoresque de ces parties de chasse. C’est dans les forêts, dit-il, que Charlemagne a coutume de se livrer aux délassements agréables de la campagne ; là il lance ses chiens à la poursuite des bêtes fauves, et sous l’ombrage de la forêt il abat les cerfs à coups de flèche. Dès le lever du soleil, les jeunes gens chéris du roi s’élancent vers le bois, et les nobles seigneurs sont déjà réunis devant la porte du palais. Les airs sont troublés par le grand bruit qui s’élève jusqu’à son faite doré ; le cri répond au cri, le cheval hennit au cheval, les serfs de pied s’appellent les uns les autres, et le serviteur attaché aux pas de son maître se range à sa suite. Couvert d’or et de métaux précieux, le cheval qui doit porter l’empereur semble tout joyeux, et remue vivement la tête, comme pour demander la liberté de courir à son gré à travers les champs et les monts. Des jeunes gens portent des épieux garnis d’un fer pointu et les rets faits d’une quadruple toile de lin ; d’autres conduisent, attachés par le cou, les chiens haletants et les dogues furieux.

Quand tout le monde est rassemblé, on lâche les chiens, les cavaliers entourent la forêt, le sanglier est lancé, les chasseurs entrent dans le bois ; Charles se précipite sur le sanglier pressé par les chiens, et lui enfonce son glaive dans le ventre. Pendant ce temps, des enfants placés sur une haute colline regardent ce spectacle. Charles ordonne de se remettre en chasse, et l’on terrasse encore un grand nombre de sangliers. Enfin l’on gagne un endroit du bois où l’on a dressé des tentes et des fontaines improvisées ; et là Charles, rassemblant les vieillards, les hommes d’un âge mur, les jeunes gens et les chastes jeunes vierges, les fait placer à table, en ordonnant qu’on leur verse le falerne à longs flots. Pendant ce temps, le soleil fuit, et la nuit couvre de son ombre le globe tout entier.

Le pays où ces chasses avaient lieu le plus fréquemment a conservé de Charlemagne un souvenir dont les traces se rencontrent pour ainsi dire à chaque pas. Ainsi l’on voit encore aujourd’hui sur la rive droite de l’Ourthe, près d’Esneux, les ruines du château de Montfort, qui fut, dit-on, la demeure des quatre fils Aymon, dont la légende se rattache à l’histoire de Charlemagne. Bien plus, on montre, vis-à-vis du château de Montfort, une tour de Charlemagne appelée aussi la tour de Renastein. Un peu plus loin, dans la bruyère au-dessus de Spa, on montrait, il n’y a pas encore bien longtemps, à droite de la route, un arbre isolé, que les paysans appelaient le hêtre de Charlemagne.

La chasse était, comme nous venons de le dire, le délassement habituel de ce prince. Au mois de juillet de l’année 805, il partit d’Aix-la-Chapelle pour aller chasser dans les Vosges, par Thionville et Metz, il séjourna ensuite quelque temps au château de Remiremont, Rumerici castrum, sur la rive gauche de la Moselle ; et puis il se rendit au palais de Thionville, pour y passer l’hiver.

Le séjour de Charlemagne à Thionville, pendant l’hiver de 805 à 806, fut marqué par un des grands actes de sa vie. Il y tint au mois de février une assemblée générale des principaux de la nation, pour assurer la paix entre ses fils et diviser l’empire en trois parts, voulant que chacun d’eux sût d’avance quelles provinces il aurait à défendre et à gouverner, s’ils lui survivaient. On dressa un acte authentique de ce partage ; tous les grands le confirmèrent ; Éginhard fut chargé de le porter au pape Léon, pour qu’il y apposât sa signature. On sait que cet acte ne reçut point d’exécution, par suite de la mort de deux des fils de l’empereur[225].

De Thionville, Charlemagne descendît la Moselle et le Rhin jusqu’à Nimègue ; il revint ensuite à Aix-la-Chapelle, et vers l’automne de la même année (806) nous le retrouvons à Celles, sur la rive gauche de la Meuse, près de Dinant. Delà il retourne à Aix-la-Chapelle, pour célébrer la fête de Noël. C’est encore à Aix-la-Chapelle qu’on le rencontre, vers la même époque de l’année, en 807, 808, 809, 810, 811, 812, 813... Au mois d’août 813, il avait été chasser dans la forêt des Ardennes, pour la dernière fois ; il rentra malade à Aix-la-Chapelle, et depuis ce moment jusqu’à celui de sa mort (28 janvier 814), il ne s’occupa plus que des dispositions à prendre pour que la couronne impériale passât sur la tête de son fils, pour que ses différends avec les peuples voisins fussent aplanis, et pour que l’empire des Francs fût maintenu et consolidé.

Sous Louis le Débonnaire, comme au temps de ses prédécesseurs, l’Austrasie, tant ripuaire que salienne, comprenant la Belgique, formait toujours le centre de l’empire. Aix-la-Chapelle en était devenu la capitale. Cette ville, comme sedes regni principalis et principalis curia, avait éclipsé les anciennes habitations patrimoniales des Pépins ; c’est là que Louis résidait habituellement. Herstal et Jupille semblent néanmoins lui avoir encore servi quelquefois de lieux de retraite et de repos. On sait, par exemple, qu’il était à Herstal le 15 octobre 823 et le 19 avril 831[226]. Pour Jupille, on n’a pas la même certitude. Une phrase assez singulière, concernant cette localité, se trouve dans une lettre d’Éginhard au comte Poppon : Pour ce qui est de la terre de Jupille, quand nous en aurons parlé ensemble, vous me trouverez prêt à faire ce qui aura été convenu entre nous[227]. Que signifie cette phrase énigmatique ? Jupille appartenait-il à Éginhard ou à Poppon ? Il semble que l’un ou l’autre en avait la libre disposition. Peut-on en conclure que ce domaine avait cessé d’être une résidence royale ? L’affirmative parait assez vraisemblable.

Il y avait en Belgique, nous l’avons déjà dit, d’autres palais où l’empereur venait de temps en temps faire un séjour, tels que Theux et Thionville. Nous trouvons Louis à Theux (in palatio regio Tectis), le 8 mai 820 et le 27 mai 827. Thionville, qui pendant des siècles fit partie de la Belgique, était un des endroits favoris de Louis le Débonnaire. Il y tint plusieurs assemblées nationales, notamment en 821, 828, 831, 835, 837. Thionville était probablement une possession héréditaire de la famille de Pépin II provenant de saint Arnuphe. Le voisinage de la forêt des Ardennes, où Louis aimait à chasser, devait être une des causes de sa prédilection pour cette résidence.

On voit qu’il ne nous manque pas de témoignages pour attester le fréquent séjour en Belgique tant de Louis le Débonnaire que de Charlemagne et de Pépin le Bref. Le grand nombre de villas royales qu’on trouve dans ce pays suffirait d’ailleurs, à défaut d’autres preuves, pour qu’il ne fût pas permis de douter de la préférence donnée par les Carolingiens aux rives de l’Escaut, de la Meuse, de la Moselle et du Rhin sur celles de la Seine, de la Marne et de la Loire[228].

Nous avons déjà cité un assez grand nombre d’actes signés par ces princes à Jupille, à Herstal, à Theux, à Thionville, à Aix-la-Chapelle. D’autres se rapportent à la Belgique par leur objet, et peuvent aussi être invoqués comme preuves des nombreux rapports des Carolingiens avec ce pays. Tels sont, par exemple, les capitulaires contenant des additions ou des modifications à la loi salique, puisque cette loi était alors, pour la majeure partie des habitants, celle du pays. Le capitulaire de Charlemagne de l’an 798 contient la loi salique révisée[229]. Celui de l’an 803 a pour objet d’ajouter à cette loi des dispositions nouvelles[230] ; aussi ne fut-il mis en vigueur comme loi qu’après avoir obtenu l’assentiment de la population. Charlemagne donne pour instruction à ses missi, en 803 : que le peuple soit interrogé au sujet des articles qui ont été récemment ajoutés à la loi et après que tous auront consenti, qu’ils apposent aux susdits articles leur confirmation et leur signature[231]. Le peuple dont il est ici question ne pouvait être que le peuple salien, lequel habitait particulièrement la Belgique.

Louis le Débonnaire aussi fit des additions à la loi salique. Nous avons de lui deux capitulaires de l’an 819, contenant, le premier vingt et un, le second neuf capitula addita ad legem salicam[232], plus un capitulaire de la même année, contenant douze articles interprétatifs de cette loi[233]. Ce dernier a été reproduit dans le quatrième livre d’Ansegise. Enfin le capitulaire de Thionville, de l’an 920, contient une disposition remarquable ; il y est dit que les articles qui ont été ajoutés l’année précédente à la loi salique par le consentement de tous, ne doivent pas être considérés comme capitulaires, mais comme faisant partie de la loi[234].

Parmi les capitulaires de l’empereur Louis, il en est encore un qui, au point de vue de l’histoire de Belgique, mérite une attention particulière : c’est celui de Thionville, du mois d’octobre 821[235], reproduit dans le quatrième livre d’Ansegise, c. VII, de conjurationibus servorum[236]. Ce capitulaire concerne particulièrement la Flandre ; il y est dit en termes exprès : De conjurationibus quæ fiunt in Flandris et Mempisco et in cæteris maritimis lotis volumus ut per missos nostros indicetur dominis servorum illorum, ut constringant eos ne ultra tales conspirationes facere præsumant, etc. On voit qu’il s’agit de conspirations qui s’étaient manifestées par des troubles, des émeutes, parmi les populations soumises aux seigneurs territoriaux de ces contrées. L’empereur veut que ces seigneurs soient responsables du maintien de l’ordre dans leurs domaines ; ce sont eux qu’il menace de l’amende et du ban royal de soixante sous.

Quel était le caractère de ces conspirations ! Étaient-elles semblables ou analogues à celles des villes à communes du douzième siècle ? Comme il nous manque à cet égard toute espèce de données historiques, c’est un problème impossible il résoudre. Cependant Raepsaet et, après lui, M. Kervyn de Lettenhove[237] ont cru reconnaître ces fraternités germaniques qui remontent au temps du paganisme et qui sont connues sous le nom de Gildonia[238], Gilden. Hincmar, dans une lettre à son neveu de Laon, les nomme collecta quas Geldonias et confraternitates vulgo vocant. Il les juge moins sévèrement que ne l’avait fait Louis, si toutefois c’est bien de ces sortes d’associations que notre article du capitulaire entend parler.

En soi l’institution des Gilden, d’où est sortie celle des corps de métiers, n’avait rien de criminel. Les membres de la gilde tenaient des réunions régulières, qui finissaient ordinairement par des banquets, des orgies ; des scènes tumultueuses, et souvent par des batailles[239]. Nous devons à M. Wilda des renseignements fort curieux sur cette institution[240]. Mais est-ce bien de cela qu’il s’agit dans le capitulaire précité ? Ne serait-ce pas plutôt de conspirations et de révoltes imputables aux Saxons que Charlemagne avait transportés dans cette partie de l’empire ? Il est à remarquer en effet que Louis, dans son capitulaire, ne parle que des populations établies dans les lieux maritimes (in maritimis locis). Or, c’était l’époque où les Normands commençaient à descendre sur la côte. Les Saxons qui avaient tant d’affinité avec ce peuple, auraient-ils voulu profiter de l’occasion pour se soulever ? Cette conjecture ne semble pas dénuée de vraisemblance.

Il nous reste à faire mention d’une charte de Louis le Débonnaire, dont M. Polain a découvert l’original aux archives provinciales de Liége. L’objet de cet acte est une donation de la villa Promhem, faite à l’église de Saint-Lambert à Liége, sur la demande de l’évêque Fulcharicus ; sa date est l’an mir du règne de Louis le Débonnaire ; le lieu de l’expédition, Aix-la-Chapelle. Le texte du diplôme est connu ; Chapeauville l’avait publié, et il avait été réimprimé dans le Spicilegium eccles., t. II, p. 481. M. Polain a jugé qu’il était assez important pour en donner un fac simile[241], et pour discuter son authenticité.

Cette discussion est loin d’être oiseuse ; car l’acte dont il s’agit peut être suspecté, non seulement à cause de l’inexactitude de l’Indictio dans la date, mais surtout par la raison qu’en 89.6, époque à laquelle il appartiendrait, si sa date était exacte, le siége épiscopal de Liége était occupé par Walcand, et non par Fulcharicus, qui n’est mentionné à cette date dans aucune chronologie ou chronique des évêques de Liége. Pour sauver l’authenticité de son diplôme, M. Polain croit pouvoir lui assigner la date de 831, et placer à cette année cet évêque nouvellement découvert. Mais on connaît le successeur de Walcand : ce fut Pirard, et non Fulcharicus.

S’il nous était permis d’émettre une opinion conjecturale, nous dirions qu’il y avait peut-être à Tongres un clerc, un chorespicopus du nom de Fulcharicus, et que c’est de lui qu’il est question dans le diplôme de 826. Cela parait d’autant plus vraisemblable qu’il est qualifié Tungrensis episcopus, et qu’à l’époque dont il s’agit le siége effectif de l’évêché n’était plus à Tongres.

On nous pardonnera sans doute ces discussions de détail, en faveur du but que nous nous sommes proposé. Il s’agissait d’exposer ce que fut la Belgique sous les premiers Carolingiens, et quels furent les rapports intimes de ces princes avec les habitants (lu pays. Nous nous sommes efforcés de réunir tous les renseignements, toutes les données propres à jeter quelque jour sur ce sujet. C’est l’ébauche d’un tableau qui doit trouver son complément dans la description des établissements ecclésiastiques, ainsi que dans les faits postérieurs, dans les événements dont nous aurons bientôt à rendre compte.

 

§ 3. LES ÉTABLISSEMENTS ECCLÉSIASTIQUES.

Le roi Pépin avait dit dans un capitulaire de l’an 755 : Ut episcopi debeant per singulas civitates esse[242]. L’exécution de ce décret était facile dans la Gaule romaine, où il y avait des cités anciennement reconnues pour telles ; mais en Belgique il ne restait de la domination romaine d’autres lieux qui en rappelassent le souvenir que Tournai et Tongres, et encore cette dernière ville était-elle en ruine. On rétablit le siége épiscopal de Tournai, et l’on en donna l’administration à l’évêque de Noyon, de même que le diocèse d’Arras avait été confié à l’évêque de Cambrai. On transféra l’évêché de Tongres à Maëstricht d’abord, à Liége ensuite, et un nouveau siége épiscopal fut établi à Utrecht.

La circonscription des provinces ecclésiastiques fut réglée sur l’ancienne division de l’empire romain. Il y eut un métropolitain pour la première Belgique, un autre pour la seconde Belgique, un troisième pour la seconde Germanie. L’archevêque de Trèves étendit sa juridiction sur une partie du Luxembourg ; l’archevêque de Cologne sur les diocèses de Tongres et d’Utrecht ; l’archevêque de Reims fut métropolitain des évêchés de Cambrai, de Tournai, d’Arras et de Térouanne.

Nous avons déjà parlé de la division des diocèses en archidiaconés et en doyennés. Il est fort difficile de trouver des renseignements sur l’application de ce système à la Belgique pour l’époque qui nous occupe ; il parait même que les archidiaconés et les doyennés n’ont été complètement organisés dans notre pays qu’après le neuvième siècle. Bucherius, Des Hoches, Foppens, Sohet et beaucoup d’autres se sont chargés de nous faire connaître cette organisation qui est restée à peu près la même jusqu’au seizième siècle.

On n cru saisir un rapport exact entre l’archidiaconé et le pagus, et l’on a pensé que la division ecclésiastique ayant pris l’ancienne division politique pour base, on devait y trouver tous les éléments de la topographie administrative du pays. Si cette opinion était fondée, ce serait surtout relativement à la France, où les pagi étaient déjà, dans les périodes celtique et romaine, des subdivisions naturelles ou administratives de la cité ; mais il a été démontré par des publications récentes, notamment par celles de M. Desnoyers, concernant la topographie ecclésiastique de la France au moyen âge[243], que cette concordance entre le pagus et l’archidiaconé était fort irrégulière. M. Jacobs également a recueilli dans un grand nombre de publications relatives au moyen âge, des renseignements et des faits précis sur les archidiaconés et archiprêtres qui répondaient à d’anciens pagi, et sur les pagi qui, au contraire, étaient morcelés entre des archidiaconés, des archiprêtres et des doyennés.

En appliquant la méthode de M. Jacobs à la Belgique, on arriverait bien certainement au même résultat. Il suffit de jeter un coup d’œil sur l’énumération qu’on trouve dans Bucherius des archidiaconés et des doyennés pour voir qu’ils avaient des rapports très douteux avec les pagi. Ainsi, par exemple, le Brabant, pagus Bracbantum, s’y trouve scindé entre trois archidiaconés, ne répondant à aucune subdivision de ce pagus : le premier a ses doyennés à Saint-Brice, près de Tournai, à Chièvres, à Hal et à Grammont ; le deuxième à Bruxelles, à Alost et à Pamele ; le troisième est dans le diocèse de Liége.

Au reste, les archidiaconés, les archiprêtres et les doyennés n’ont pu être institués qu’après les paroisses, puisque l’objet de leur institution était de réunir un certain nombre de paroisses sous l’autorité d’un chef commun. Or, les paroisses ne furent régulièrement organisées en Belgique que sous Charlemagne et Louis le Débonnaire. C’est ce dernier qui assura leur existence par son capitulaire de l’an 816, en ordonnant que la dotation de chaque église paroissiale (dos ecclesiæ parochialis) fût d’un mansus integer, libre de toute charge[244]. Avant cela, ou leur avait donné une part dans les dîmes[245] ; mais toutes les dîmes d’un diocèse devaient être réunies dans les mains de l’évêque, qui en faisait la distribution, et il paraît que la part qui en revenait aux églises paroissiales était souvent insuffisante.

Le principal évêché de la Belgique était celui de Liége, C’était l’ancien évêché de Tongres, dont le siége, transféré d’abord à Maëstricht, avait été rapproché de Jupille et d’Herstal, oh résidaient les princes de la famille des Pépins. On attribue à Saint-Hubert cette dernière mutation[246], qui donna naissance à la ville de Liége ; mais ce qu’on a dit d’une sorte de constitution que saint Hubert aurait donnée à cette localité[247] est évidemment fabuleux. Liége était un fisc royal ; la masse de ses habitants appartenait par conséquent à la classe des fiscalins, qui jouissaient d’une plus grande somme de liberté que les serfs ordinaires, mais qui n’étaient pas des hommes libres. Rien n’indique que ce fisc royal ait été donné à saint Hubert, qui continua à porter le titre d’évêque de Tongres, et qu’on lui ait conféré le pouvoir de changer la condition des habitants ; ce qui aurait été sans exemple à cette époque[248].

Saint Hubert mourut en 727 ; son fils saint Florebert occupa le siége épiscopal de 728 à 747 ; Fulcarius, qui lui succéda, est probablement le même personnage qui, sous le nom de Fulcrius, assista au synode d’Attigny en 765. Après lui Charlemagne donna l’évêché à Agilfred, son parent. On voit que l’empereur tenait peu compte de son propre capitulaire de l’an 803, par lequel il ordonne que désormais les évêques seront élus dans le diocèse même et selon les canons, par le clergé et le peuple, sans aucune considération de personnes ni de présents, et uniquement en raison de la sagesse et des mérites des candidats[249].

L’évêque Agilfred fut chargé de garder le roi Didier, que Charlemagne avait ramené captif d’Italie[250]. Il mourut en 784 ou 787 ; Didier fut alors transféré en Picardie[251]. Garibald, qui succéda à Agilfred, occupa le siége épiscopal jusqu’en 810. C’est à lui que Charlemagne adressa, en 804, une lettre dans laquelle il ordonne que personne ne puisse tenir un enfant sur les fonts du baptême, s’il ne connaît l’oraison dominicale et le symbole des apôtres[252]. Après la mort de Garibald, Charlemagne donna l’évêché à Walcand, qui l’occupa jusqu’en 831, et dont le nom se retrouve parmi ceux des personnes qui assistèrent comme témoins au testament de l’empereur.

Les communautés religieuses prirent en Belgique un grand ascendant ; l’abbas, c’est-à-dire le père du Cœnobium, occupait un haut rang parmi les grands de l’empire. Les papes poussaient à l’établissement des monastères en leur accordant des immunités ecclésiastiques qui les exemptaient de la surveillance des évêques diocésains. Les princes et les grands enrichissaient par des donations les églises en général, tant les évêchés et les églises paroissiales que les couvents et les chapitres. Un bon nombre de maisons religieuses avaient déjà été fondées en Belgique sous les Mérovingiens. Les princes de la seconde dynastie, qui, avant leur avènement à la royauté, avaient puissamment contribué à la fondation de ces établissements, ne manquèrent pas de favoriser leur développement lorsqu’ils furent montés sur le trône.

Pour juger de la situation du pays, il faut nécessairement connaître la place qu’y occupaient les communautés religieuses. Nous avons déjà parlé des fondations pieuses dies à la famille des Pépins ; nous avons cité, à l’occasion, un assez bon nombre de monastères qui datent de cette époque ; mais ce n’est qu’en embrassant l’ensemble de ces établissements qu’on peut se faire une idée exacte du changement qui s’était opéré dans le pays des Francs, depuis l’introduction du christianisme.

Dans le Brabant, nous trouvons d’abord Meerbeck, près de Ninove, monastère fondé par Odelard et None, parent de sainte Berlende[253] ; Dickelvenne, Thiclivinnium, sur l’Escaut, fondé en 750 par Hilduard, évêque de Toul ; Antoin, également sur l’Escaut, monastère dépendant de l’abbaye de Lobbes[254] ; Condé, au confluent de l’Escaut et de la Haine, abbaye qu’on croit avoir été fondée par saint Amand, au septième siècle[255] ; Leuze, Lutosa, abbaye dont la fondation est également attribuée à saint Arnaud, et qui fut donnée en 802 par Charlemagne à saint Ludger, évêque de Munster[256]. Tous ces noms figurent dans l’acte de partage de l’an 870, et c’est probablement pour désigner les monastères qu’ils y sont mentionnés.

Citons encore, dans le Brabant, l’abbaye de Renaix, Rotnasce, où furent transportées, sous le règne de Louis le Débonnaire, les reliques de saint Hermès[257] ; Petinghem, près d’Audenarde, communauté de clercs, où Charles le Chauve donna, en 864, un diplôme en faveur du monastère de Saint-Bavon. Nous avons déjà parlé des abbayes de Saint-Pierre et de Saint-Bavon : la fondation de ces deux monastères ne se constate pas, comme celle de la plupart des autres abbayes, par une charte de donation royale ou princière ; mais les hagiographes rapportent que ces établissements furent dotés, au septième siècle, par un seigneur de la Hesbaie, cousin, consobrinus, de sainte Gertrude, qui leur donna tous ses biens pour s’y retirer lui-même sous le nom de Bavon[258]. Éginhard, à qui ces deux monastères avaient été concédés l’un en 811, l’autre en 819, obtint de Louis le Débonnaire deux chartes en leur faveur. Les immunités les plus étendues leur étaient garanties par ces actes, tant pour leurs biens présents que pour leurs biens futurs, tant pour les hommes libres établis sur leurs terres, que pour leurs serfs des deux sexes[259] C’est probablement à ces immunités qu’il faut attribuer l’agglomération d’habitants qui se forma autour des abbayes de Saint-Pierre, et qui donna naissance à la ville de Gand.

Nous avons déjà également fait mention de l’abbaye de Nivelles, fondée par la veuve et la fille de Pépin de Landen, vers Pan 650. Il y avait aussi un monastère à Soignies, fondé vers l’an 665 par saint Vincent, dit Maldegaire, époux de sainte Waudru[260]. Enfin Malines, Maalinas ou Maslinas, sur la Dyle, mentionnée dans l’acte de partage de l’an 870, était une église, c’est-à-dire une maison religieuse, fondée par saint Rumolde ou Romhaut au milieu du huitième siècle.

Dans la Hesbaie, nous comptons six établissements ecclésiastiques : Orp, Orpium, sur la Jette, monastère qu’on croit avoir été fondé par Alpaïde, mère de Charles Martel ; Meldert ou plus exactement Maldært, Maldaria, que nous avons signalé comme le plus ancien des monastères de Belgique, ayant été fondé par Pépin de Landen ; Calmont, près de Tirlemont, mentionné dans l’acte de partage de l’an 870, et qui pourrait bien n’être autre que le monastère de Maldært, situé sur le Calfberg[261] ; l’abbaye de Saint-Trond, Sas’cinium, fondée vers l’an 665, par un seigneur de la Hesbaie, nommé Trudon[262] ; le monastère de Bilsen ou Munster-Bilsen, Belisia, fondé vers l’an 669 par sainte Landrade, qui en fut la première abbesse, et enfin l’abbaye d’Ama ou Amai, Amanium, sur la Meuse, fondée par sainte Ode, tante de saint Anion, évêque de Metz[263].

Les communautés religieuses étaient plus rares dans le nord de la Belgique. Ainsi, dans le pays de Stryen, subdivision de la Toxandrie, qui touchait au Teisterbant, il n’y en avait pas d’autre que l’abbaye de Thorn, fondée en 992. Mais dans le Riensis pagus ou pays de Ryen, qui confinait au Brabant, Anvers avait une église dont il fut fait donation, avec le territoire qui en dépendait, à saint Willebrord[264] ; Deurne avait un monastère qu’on dit avoir été fondé par saint Amand[265], et Lierre, Ledi, possédait l’abbaye de Saint-Gomaire, mentionnée dans l’acte de partage de l’an 870.

Sur les bords de la Meuse, les établissements ecclésiastiques étaient plus nombreux et plus considérables. Dans le Masgau, nous trouvons d’abord l’église de Saint-Servais de Maëstricht, qui au temps d’Éginhard était une abbaye ; elle figure comme telle dans le partage de l’an 870 ; en second lieu, Susteren, Suestra, monastère fondé par saint Willibrord, vers l’an 714[266] ; puis, l’abbaye de Berg ou de sainte-Odile, à Berg sur la Roer, fondée par Pépin d’Herstal pour saint Viron[267], et enfin l’abbaye d’Eyck, près de Maseyck, fondée en 730 par les parents de deux saintes filles, Harlinde et Reinule[268]. Il y avait aussi, près de Fauquemont sur la Gheule, une abbaye de Saint-Gerlac, où reposaient les reliques de ce personnage.

Dans le Luihgau, pays de Liège, l’église de Saint-Lambert paraît avoir été primitivement une sorte de succursale de Saint-Servais. Elle grandit, comme toutes les autres, par les donations successives des princes, et surtout par la translation du siége épiscopal de Tongres. Il y avait, sur la montagne de Chèvremont, derrière le palais qu’on appelait alors Novum castellum, une église dédiée à sainte Marie. Pépin d’Herstal lui avait fait plusieurs donations rappelées dans un diplôme de Charlemagne de l’an 779[269]. L’église de Chèvremont, suivant un diplôme du roi Zwentibold, de l’an 897, était à cette époque une abbaye royale[270]. Elle avait des propriétés dans la Hesbaie, la Toxandrie, le Brabant, le Hainaut, les pays de Liége et de Lomme ; ses biens furent transférés plus tard à l’église de Notre-Dame d’Aix-la-Chapelle[271].

Le Condroz avait deux églises de Notre-Dame, l’une à Huy, l’autre à Dinant, cette dernière mentionnée dans le partage de l’an 870 ; plus, un monastère sur la Lesse, appelé Celles, Cellæ, qui devait son origine à des cellules construites par saint Hadelin, disciple de saint Remacle, et qui fut doté par Pépin d’Herstal[272].

C’est dans l’Ardenne que se trouvaient les établissements les plus considérables. Arrêtons-nous un moment aux abbayes de Stavelot et de Malmédy. Elles avaient été fondées par saint Remacle, évêque de Tongres, et dotées par le roi Sighebert, en 650[273]. Ce prince leur avait assigné un territoire de douze milles d’étendue, tant en largeur qu’en longueur[274]. Cette donation fut augmentée par Grimoald, maire du palais, qui leur concéda la villa de Germigny, Germiniacum, dans le pays rémois[275]. Childéric, successeur de Sighebert, confirma la donation de Germigny, mais il réduisit de douze milles à six le territoire de la première fondation[276]. Les villas d’Emblève, de Cherain, Charanco, et de Lierneux, Lethernaco, paraissent avoir été alors retranchées de leurs possessions ; toutefois cette perte ne tarda pas à être réparée ; nous trouvons que déjà en 720 Charles Martel restitue les villæ Tofino et Silvestrivilla[277], que M. Denoüe traduit par Tofin et Silvestrecourt[278]. En 746, Carloman restitue la villa de Lierneux[279] avec ses dépendances comprenant Bras, Brastis, Fairon, Feronio, et Odeigne, Aldanias ; il fait en outre donation aux abbayes, sous la même date[280], d’un grand nombre de villas, parmi lesquelles on remarque Leignon, Lenione, dans le Condroz, Paliseul, Palatiolo, et Braibant, Brabante.

On peut juger de l’importance des abbayes de Stavelot et de Malmédy par une charte de Sighebert, qui leur accorde un droit de tonlieu dans les ports de l’Aquitaine, avec libre navigation dans la Loire, et par une autre charte de Louis le Débonnaire, qui exempte du péage appelé tonlieu les bateaux des deux monastères naviguant dans le Rhin et la Meuse[281]. Voilà donc une communauté religieuse, établie au fond des Ardennes, qui perçoit des péages dans les ports de l’Aquitaine et possède des navires dans les plus grands fleuves de l’Europe.

Par un diplôme de l’an 814[282], Louis le Débonnaire confirma les monastères de Stavelot et de Malmédy dans toutes leurs possessions ; il reconnut également les droits qui leur avaient été précédemment concédés sur les églises et les dîmes de Duren, Clotten, Bossu, Sinzig, Andernach, Thommen, Glains, Cherain, Theux, etc. Plusieurs autres diplômes de donation et de restitution, notamment ceux des années 862, 874, 882, 888, 895, 896, 902, 905, 907, 911, 912, 924, 925, 953[283], attestent que, si les biens de ces abbayes furent parfois empruntés, pour les besoins de la guerre, leurs richesses et leur puissance ne cessèrent point de croitre, jusqu’à ce que, la dissolution de l’empire aidant, elles parvinrent à se constituer en souveraineté indépendante.

La célèbre abbaye de Pruim ou Prum, située dans le Caroscow pagus, à l’est des abbayes de Stavelot et de Malmédy, fut fondée en 760 par le roi Pépin, qui venait d’expulser les Musulmans et de mettre fin à leur domination dans le midi de la Gaule. Nous voyons dans un diplôme de cette année[284], que Pépin et sa femme Bertrade font à l’abbaye de Prum une donation considérable de biens provenant de leurs patrimoines respectifs. Ils lui donnent, entre autres, tout ce qu’ils possèdent de terres dans le pagus Caros, plus deux villas sur la Moselle, une autre dans le pagus Bedensis, un bénéfice dans le Riboariensis ; une propriété sur le Rhin dans le pagus de Spire ; une autre sur la Meuse dans un lieu appelé Ruminio in pago Bomenci. Cette charte est signée par plusieurs évêques, notamment par Folcarius, évêque de Tongres, et par plusieurs comtes. La fortune de l’abbaye de Prurit ne fut pas moins brillante que celle des abbayes de Stavelot et de Malmédy ; elle aboutit au même résultat.

Ou peut en dire à peu près autant de l’abbaye d’Epternach ou Echternach, située dans le Bedagow, Bedensis pagus. Cette abbaye avait été érigée en 698 par saint Willebrord dans un domaine qui lui avait été donné à cet effet par sainte Irmine, fille du roi Dagobert[285]. Il lui fut fait une donation nouvelle par Pépin d’Herstal et sa femme Plectrude en 706[286]. Une Charte de la même année constate que Pépin prit l’abbaye d’Echternach sous sa protection spéciale[287]. Nous avons encore une charte de l’an 717, par laquelle Charles Martel, fils de Pépin, concède à cette communauté tout ce qu’il possède à Baillonville[288], et enfin une charte de Pépin le Bref, de l’an 752, contenant une donation de biens en faveur d’Echternach, avec exemption de tonlieu dans tout le royaume[289].

L’abbaye de Saint-Hubert, dans l’Ardenne belge, complète la série des grands établissements monastiques de cette contrée. Son origine remonte à une donation faite par Pépin d’Herstal et Plectrude à Bérégise, en 687[290]. Cependant l’évêque Walcand, Waltgaudus, fut en quelque sorte le fondateur de l’abbaye de Saint-Hubert. La solitude de saint Bérégise, dit le Cantatorium, n’était habitée que par un petit nombre de clercs ; Walcand supprima leur communauté, y établit des moines en corps de religion, chienu assura des possessions suffisantes pour subvenir à leurs besoins. Ce fut lui aussi qui fit transporter au monastère d’Andage le corps de saint Hubert, et qui lui donna le nom de ce saint[291].

Il y avait encore dans l’Ardenne quelques établissements de moindre importance. Tels étaient le monastère de Cugnon, fondé par Sigebert III en 648, et l’église de Nassogne, érigée par le roi Pépin ; en mémoire de l’assassinat de saint Monon.

Il ne manquait pas de communautés religieuses dans le pagus de Lomme ou de Namur. L’abbaye de Brogne ou de Saint-Gérard devait son origine à une chapelle biitie, dit-on, par Pépin de Landen[292]. Moustier avait été fondé par l’intervention de saint Amand. Nous avons déjà parlé de l’abbaye de Fosses, qu’Éginhard appelle monasterium Scotorum[293], parce que saint Foillan et saint Outain étaient Irlandais, et qu’à cette époque on donnait encore à l’Irlande le nom de Scotia major. On sait qu’Ancienne, entre Namur et Huy, avait été fondée par sainte Begghe, qui y fit construire sept églises (Andania ad septem ecclesias), par imitation des sept églises de Rome qu’elle avait visitées. L’abbaye de Waussore, Walciodorum, sur la rive gauche de la Meuse entre Givet et Dinant, ne fut fondée qu’en 944. Gembloux, monastère de Bénédictins, doit dater à peu près de la même époque. Lambert, comte de Louvain, en était avoué en 948[294]. N’oublions pas Malogne, Malonia, sur la Sambre. Cette abbaye passe pour avoir été fondée, en 685, par un évêque anglais nommé Bertuin[295]. Miræus nous indique encore l’abbaye d’Hastière, Hasteria in comitatu Namurcensi, fondée en 654[296].

Si du pays de Namur nous passons dans le Hainaut, nous trouvons d’abord sur la Sambre la célèbre abbaye de Lobbes, Laubacus ou Lobiœ, fondée par saint Landelin vers l’an 653. Pépin d’Herstal fit, en 691, une donation considérable à ce monastère[297]. L’abbaye de Lobbes possédait cent cinquante-trois villages, lorsqu’elle fut donnée à Francon, évêque de Liége, en 888[298]. L’abbaye d’Aulne ou d’Aine, également située sur la Sambre, était une dépendance de Lobbes. Ce monastère avait été fondé, comme le précédent, par saint Landelin, en 656[299].

Les monastères de Sainte-Waudru, de Mons[300], et de sainte Aldegonde, de Maubeuge[301], doivent leur origine aux libéralités de deux sœurs, dont les parents, Walbert et Bertille, avaient établi une communauté de filles à Coursolre, Curtis Solra[302]. L’abbaye d’Haumont, Altus mons, fut fondée par saint Vincent Maldegaire, époux de sainte Waudru, qui se retira dans une autre communauté, également fondée par lui à Soignies[303]. Le monastère de Crepin, près de Condé, paraît avoir été fondé par saint Landelin[304] ; et l’on attribue à saint Guislain la fondation de l’abbaye de ce nom dans un endroit qu’on appelait Ursidungus, sur la Haine[305]. Tous ces établissements sont du milieu du septième siècle.

En sortant des limites de la Belgique actuelle, sans trop s’en écarter, on peut citer encore un bon nombre de communautés religieuses ; et d’abord l’abbaye de Saint-Amand, sur la Scarpe, dans le pays de Pevele. On rapporte que saint Arnaud, ayant administré le baptême à Sighebert, fils du roi Dagobert, obtint une donation considérable qui servit à fonder le monastère d’Eluone, appelé depuis l’abbaye de Saint-Amand. Par diplôme de l’an 639, le roi lui concéda tout le territoire situé entre l’Elnone et la Scarpe, avec des immunités étendues non seulement pour le domaine concédé, mais pour tous ceux qui pourraient y être ajoutés par la dévotion des fidèles et la largesse des princes[306].

Une des plus célèbres abbayes de ce temps est celle de Saint-Bertin, primitivement appelée abbatia Sithiensis. Elle était située près de Saint-Omer, dans le pays de Terouanne et avait été fondée par le seigneur Adoalde vers l’an 654[307]. Elle fut enrichie par une foule de donations[308]. Charlemagne, par un diplôme de l’an 771, confirma les immunités que ses prédécesseurs lui avaient accordées : ut nullus judex publicus ibidem ad caussas audiendas, aut freta exactanda, vel fidejussores tollendos, vel mansiones aut paratas faciendas[309], etc. Un autre diplôme de Charlemagne, de l’an 791, accorde à l’abbé et aux moines de saint Bertin le droit de chasser dans les forêts[310] ; ce qui était alors un grand privilège. On trouve la confirmation de ces privilèges et immunités dans deux chartes de Louis le Débonnaire, de 830 et 836[311].

Dans l’Ostrevant, nous avons l’abbaye d’Anion, sur la Scarpe, fondée vers la fin du septième siècle[312], et celle de Marchiennes, Marchianœ, fondée en 653 par sainte Rictrude[313]. Breuil, Broyla, qui devait sa fondation à un frère de sainte Riebtrude, est dans le pagus lœticus. Maroilles, Maricolæ, dont il est fait mention dans le partage de l’an 870, appartient au pays de Famars. Deux abbayes assez considérables se rencontrent dans la Fagne : Wallare ou Waslare, fondée par saint Landelin, sur un domaine qui lui avait été donné par le roi Dagobert Ier[314], Liessies, Lœtia, fondée par le comte Wibert, vers l’an 751[315]. Ce dernier monastère avait de vastes possessions dans la Thirache et le Hainaut, qui lui avaient été donnés par Pépin le Bref.

Dans la Flandre, où le christianisme avait eu tant de peine à pénétrer, les communautés religieuses étaient en petit nombre. Quelques chroniques rapportent que saint Trudo, riche seigneur de la Hesbaie, avait fondé, au septième siècle, sur l’emplacement où s’éleva plus tard la ville de Bruges, un monastère de quatre-vingts religieux, qui fut le berceau des abbayes d’Eeckhout et de Saint-Trond[316] ; mais cette tradition est fort contestée. Le monastère d’Eeckhout n’apparaît qu’à une époque beaucoup moins ancienne. La tradition rapporte aussi que saint Eloi fonda une église, et saint Amand un monastère à Ardenbourg. Il y avait réellement un monastère célèbre Tourhout, Turhollum. Il avait, dit-on, été fondé par saint Amand ; il fut donné, en 83.9, par Louis le Débonnaire à saint Anschaire, évêque de Hambourg[317]. L’abbaye de Berg Saint-Winoch doit son origine à un monastère primitivement (au septième siècle) établi par saint Winoch à Wormhout, près de Saint-Omer. Enfin l’abbaye de Tronchienne, Truncinium, Dronghen, dont la fondation est attribuée, comme beaucoup d’autres, à saint Amand, existait bien certainement dans la première moitié du dixième siècle.

Parmi les fondations pieuses que nous venons de citer, on a pu remarquer qu’il en est beaucoup qui émanent de la famille carolingienne. Le roi Pépin, indépendamment des donations faites par lui-même, confirma toutes celles de son prédécesseur. C’est ainsi que, par une charte de l’an 753, il confirma toutes les donations faites à l’église de Saint-Martin d’Utrecht par Pépin d’Herstal, Charles Martel et Carloman ; il concéda en outre à cette église la dixième partie du produit des impôts payés au fisc pour les terres, les serfs, les tonlieux, les ventes, etc.[318]

L’église d’Utrecht n’eut pas une moins large part aux libéralités de Charlemagne. Par diplôme de l’an 780[319], il lui fit donation de sa villa de Leusden, Lisiduna, sur l’Eem, près d’Amersfort, in pago Flehite super alveum Hemi, avec toutes ses dépendances, terres, manses, habitations, édifices, serfs, bois, champs, prés, pâturages, pièces et cours d’eau, etc., plus avec quatre grands bois, situés des deux côtés de l’Eem. Ce diplôme contient également donation d’une église construite à Dorestadt et appelée Ubkirida, probablement Uberkirch. Il se termine par une concession d’immunités semblables à celles dont nous avons déjà fait mention. Cette concession fut confirmée, en 814, par une charte de Louis le Débonnaire[320].

Il y a encore quelques autres donations pieuses de Charlemagne et de Louis le Débonnaire, qui intéressent la Belgique, mais qui sont moins importantes. Par diplôme de l’an 802[321], Charlemagne donne à l’abbaye de Verden, Werdimensis, le fisc royal de Leuze, Luthosa, en Hainaut, où il y eut un chapitre de chanoines. En 817, Louis le Débonnaire confirme l’immunité de l’église de Cambrai[322]. En 818, il fait donation au chapitre de la cathédrale de Tournai d’un terrain pour agrandir les cloîtres[323]. Par diplôme du 19 août 819, Louis fait donation de sa villa de Sassigny, Sassiniaga, au monastère de Maroilles, Maricolas, en Hainaut[324]. Il donne, le 29 juin 822, divers terrains au monastère de Saint-Amand, dans la Flandre d’alors[325].

Pouvons-nous passer sous silence un acte assez singulier de Louis le Débonnaire ? Le 31 février 831, à la demande de Judith, sa dernière femme, il donne à un de ses hommes, nommé Hildefrid, une partie des biens du monastère de Renaix, Rodenacum, notamment la villa d’Iserna et une autre villa appelée Thorensel[326].

Enfin, nous citerons encore comme intéressant la Belgique, un diplôme donné à Theux, le 25 mai 827, par lequel Louis le Débonnaire décide un procès entre l’abbé de Stavelot et l’actor domanial de Theux[327].

Le contenu des actes que nous n’avons fait que citer montre assez bien quelles étaient la nature et l’importance des donations faites aux monastères et aux églises épiscopales. On leur donnait non seulement de grandes propriétés territoriales, des mansi, des curies, des villæ, des pagi entiers, mais encore des exemptions de tonlieux et autres charges publiques, des droits régaliens et des privilèges, tels que les droits de chasse et de pêche, le droit d’exploitation des mines, le droit de recevoir des tonlieux sur les rivières traversant leurs propriétés ; des moulins avec droit de banalité, des salines, des dîmes, des rentes en argent et en prestations quelconques[328].

Souvent aussi on leur donnait des serfs, des esclaves ; presque tous les affranchissements se faisaient à leur profit, de telle sorte que les affranchis devenaient leurs tributaires. Le nombre des personnes tributaires des abbayes et des églises épiscopales était considérable. Dans quelques pagi, tels que le Hainaut et l’Ardenne, où les établissements religieux s’étaient multipliés, une grande partie de la population se composait de leurs sujets et des personnes placées sous leur protection ; c’est ce qu’on appelait la famille de l’église ou du saint patron de l’église, familia sancti Petri, familia sancti Lamberti, etc.

Nous avons indiqué plusieurs diplômes qui accordent des immunités très étendues aux monastères et aux églises. Les domaines auxquels s’appliquaient ces immunités cessaient d’être soumis à la juridiction du comte ; ils n’appartenaient plus au pagus. Les abbés et les évêques avaient la juridiction civile et pénale non seulement sur leurs serfs, mais encore sur les personnes libres qui habitaient leur territoire. Toutefois comme, en leur qualité de prêtres, ils ne pouvaient pas exercer la juridiction criminelle, ils avaient à cet effet un fonctionnaire laïque appelé vice dominus, vidame. L’usage s’introduisit de confier ces fonctions à un seigneur du voisinage, qu’on appela advocatus ; c’est l’origine des avoueries.

Au reste, les possessions des abbayes et des églises étaient gouvernées à peu près comme les pagi ; on y trouve l’institution des échevins et toutes les autres institutions nationales, celle des placita ordinaires, celle des tria placita généraux. Le Cantatorium de saint Hubert jette sur ce point tout le jour désirable. Il y est dit que l’abbé Reginard, profita de l’entrevue de l’empereur Henri avec le roi des Français à Ivoix, en 1034, pour solliciter du pouvoir souverain de l’empereur la confirmation du privilège de tenir une foire sous son église, et du droit de célébrer, comme par le passé, pendant sa vie, tous les jours de plaids, de lever des impôts, d’exiger des corvées, de rendre haute et basse justice, de percevoir les péages sur les foires et sur la tenue des plaids, enfin de connaître des actions et plaintes de toute nature. De son temps, selon le droit généralement en usage, aucun avoué n’assistait aux plaids de l’abbaye, si ce n’est aux plaids généraux, tenus trois fois par an. Lorsque, dans ceux-ci, les échevins jugeaient qu’une caution devrait être fournie, ils la déterminaient, non selon la volonté des seigneurs, mais suivant les ressources des personnes. L’avoué était traité à l’aide des prestations ordinaires ; le monastère y suppléait, si elles ne suffisaient pas. Enfin, si l’avoué amenait par la force un contumace, rebellem, devant la justice, il recevait la treizième partie de l’amende[329].

On voit que les institutions germaniques avaient pénétré jusque dans les monastères, qui étaient en quelque sorte des établissements romains. Il est vrai que les habitants de ces monastères, à très peu d’exceptions près, appartenaient à la Belgique par leur naissance et leur origine. L’Église n’était aucunement romaine quant à son personnel ; elle ne l’était que sous le rapport de son organisation hiérarchique, de ses dogmes et de sa discipline ; elle existait dans la monarchie franque avec les droits et les privilèges qu’elle avait acquis sous le gouvernement romain et qui étaient la garantie de son indépendance.

Malheureusement l’indépendance de l’Église n’était pas une garantie pour l’indépendance et la sécurité du pays. Cette observation nous ramène, à notre point de départ. Nous avons dit au commencement de ce chapitre, que la Gaule romaine avait puissamment réagi sur la patrie des Francs ; nous pouvons maintenant mesurer les effets de cette réaction. L’espèce de statistique qui précède, quelque imparfaite qu’elle soit, donne une idée assez exacte de l’importance relative des pagi, qui étaient l’élément germanique, et des communautés religieuses qui représentaient l’élément romain. Dans plusieurs localités, ce dernier l’emportait de beaucoup sur l’autre ; une grande partie du territoire et avec le territoire ses habitants étaient passés en sa possession. La classe des hommes libres, propriétaires du sol, en qui résidait autrefois la force de la nation, avait disparu dans ces localités, ou plutôt elle était entrée dans la Famille de l’Église, pour jouir de ses immunités. Il y avait là toute une population qui, vivant sous le joug paisible des évêques et des abbés, perdait, avec sa rudesse naturelle, son énergie et l’habitude des combats.

Dans les autres contrées, les fils des Francs devaient avoir conservé les mœurs de leurs pères ; mais aussi la civilisation avait fait peu de progrès parmi eux ; ils étaient, par cela même, médiocrement attachés à un ordre social qui ne répondait pas à leurs instincts. Ces faits sont importants à constater ; ils expliquent la facilité avec laquelle les barbares du Nord, les Normans, dont nous aurons à nous occuper bientôt, envahirent le pays, le peu de résistance qu’ils rencontrèrent de la part d’une partie de la population, et l’appui qui leur fut prêté par les habitants des côtes.

 

 

 



[1] Teisterbant est probablement une forme corrompue de Westerbant, par opposition à Oosterbant. Un auteur célèbre s’exprime ainsi : Bant limitem significat ; sic Oisterbant et Westerbant appellata quæ Austrovantiam et Westrovantiarn non bene efferunt aut scribunt. (Juste Lipse, lib. II, c. 13.) Le mot bant est quelquefois synonyme du mot pagus ; il signifie plus souvent limite, la mark ; par exemple, celle du Markgraviat d’Anvers.

[2] Le plus ancien monument historique dans lequel on trouve le nom du Brabant est une charte de Pépin, donnée l’an 750 en faveur de l’abbaye de Saint-Denis en France. (Wastelain, Description de la Gaule Belgique, Lille, 1761, p. 447.)

[3] Dans un diplôme de l’an 819, l’empereur Louis dit expressément : Ex monasterio quod dicitur Ganda, quod situm est in pago bracbantense. (Miræus, Opera diplom., t. I, p. 18.) Il parait que le monastère de Saint-Baron fut primitivement établi au confluent de la Lys et de l’Escaut, sur le territoire du Brabant. (Wastelain, Description de la Gaule Belgique, p. 452.)

[4] Baudouin de Lille, comte de Flandre en 1063, qualifie Eenham de castellum antiquum. (De Vadder, Origines des ducs de Brabant, t. I, p. 292, édit. de Paquet.) Ce château appartenait, au dixième siècle, à Godefroid d’Ardenne, qui y fonda une église collégiale. (Balderici chronicon Camer., p. 264.)

[5] Charte d’immunités de Lietbert, évêque de Cambrai, dans Miræus, Diploma belg., t. I, p. 152.

[6] Wastelain, Description de la Gaule Belgique, p. 455.

[7] Chron. Balder., I, l. c., c. 28, p. 53, édit. de 1613 ; Hist. de Bruxelles, par Henne et Wauters, t. I, p. 8.

[8] Chron. ducum Brab., t. I, p. 26.

[9] Acta SS. Belg, sel., t. V, p 504 et 523.

[10] Schayes, Les Pays-Bas avant et pendant les domination romaine, t. II, p. 442, édit. de 1838. Une charte de l’empereur Othon II, de l’an 976, est datée de Bruolisela, ce qui doit faire supposer que dès lors ce prince y avait un palais. (Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 344.)

[11] In loco qui dicitur Loven (Regin. chron., ann. 884.)

[12] Schayes, l. c., p. 403. L’existence du premier comte de Louvain n’est constatée que par une charte de l’an 1003. Voyez Mémoire sur les comtes de Louvain jusqu’à Godefroid le Barbu, par Ernst, Liège, 1837.

[13] Histoire de Flandre, t. I, p. 326.

[14] Voyez Butkens, Trophées de Brabant, t. I, p. 17.

[15] Diplôme de Charlemagne, de l’an 802, dans Miræus, Diplom. belg., t. III, p. 8.

[16] Piot, Revue de Numismatique, t. IV, p. 358 ; Schayes, La Belgique et les Pays-Bas, t. III, p. 245.

[17] Sanderus, Flandr. illustr., t. II, p 495.

[18] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 26.

[19] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 502.

[20] Miræus, Oper diplom., t. III, p. 10.

[21] Miræus, Oper. dipl., t. t. p. 311.

[22] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 156.

[23] Acta SS. Belg. selecta, t. V, p. 669 et suiv.

[24] Acta Sanct. ord. S. Bened., P. I, sæc. III, p 16 ; D. Bouquet, t. III, p. 626.

[25] Acta SS. Belg. select., t. IV, p. 639.

[26] Acta SS. Belg. select., t. IV, p. 639.

[27] Geographia pagorum, p. 82-109.

[28] Hist. urbis et prov. Mechl., l. I, sect. 2.

[29] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 496.

[30] Vita sancti Trudonis, ap. Ghesquière, Act. SS. Belg. selecta, t. V, p. 43.

[31] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 264.

[32] Mémoire sur la question des contrées, cantons, pays, etc., des Pays-Bas, Bruxelles, 1771, p. 31.

[33] Diplom. belg., t. I, p. 140, note 6.

[34] Description de la Gaule Belgique, augmentée par Pacquot, Bruxelles, 1788, p. 196.

[35] Mémoire sur les anciens noms de lieux, p. 112.

[36] Geographia pagorum, p. 112, dans les Annales de l’université de Louvain, ann. 1818-1819.

[37] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 20.

[38] Moke, La Belgique ancienne, p. 458, note.

[39] Nithard, Hist., lib. I, c. 6.

[40] Voyez l’excellent mémoire de M. Ch. Grandgagnage sur les anciens noms de lieux, dans les Mémoires de l’Académie royale de Belgique, t. 26, p. 106, 107 et 159.

[41] On trouve une description du comté de Brunengerunz, dans Gilles d’Orval, ch. II, 44, ad ann. 1099, cité par M. Grandgagnage.

[42] Miræus, Opera diplom., t. II, p. 807.

[43] Miræus, Opera diplom., t. I, p. 263.

[44] Bertholet, Histoire du Luxembourg, t. II, p. 68.

[45] Miræus, Diplom., t. I, p. 499.

[46] Landen, qui fut saccagé et brûlé plusieurs fois, en 880 par les Normans, en 1012 par le comte d’Ardenne, en 1213 et 1260 par les Liégeois, en 1331 par le comte de la Marck, en 1182 par d’Aremberg, et peu d’années après par le duc de Saxe, conservait encore au dix-septième siècle l’aspect d’une ville, ayant trois portes et des remparts munis de cinq tours. (Delvaux, Dictionnaire géographique de la province de Liège, 2e partie, p. 158.)

[47] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 139-140.

[48] Saint-Trond est qualifié de villa nomine Sarcinio dans un diplôme de l’an 746. (Miræus, Oper. dipl., t. I. p. 493.)

[49] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 126.

[50] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 493.

[51] Suivant Des Roches, Diest était courir sous le nom de Diosta depuis le sixième siècle. Wendelin cite un diplôme daté de Diosta en 896. Voir le mémoire de Des Roches sur la question des villes des Pays-Bas, Bruxelles, 1770, p. 12.

[52] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 344-345.

[53] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 337.

[54] Robins, Topogr. comit. Lossens, p. 146.

[55] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 337.

[56] Grammaye, in Gallo-Brabant., p. 39.

[57] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 654.

[58] Wastelain, Description de la Gaule Belgique, p. 212.

[59] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 139-140.

[60] Imbert, Geographia pagorum, p. 114 et 119.

[61] Imbert, Geographia pagorum, p. 114 et 119.

[62] Grammaye, in Gallo-Brabant., p. 43.

[63] Miræus, Oper. diplom., t I, p. 126.

[64] Chron. Gottw., I, voce Hasbania.

[65] Le Teisterbant, d’après Wastelain, s’étendait entre le Leck, le Wahal et la Vieille-Meuse, depuis la jonction de ces rivières au couchant jusqu’auprès de Buren à l’Orient. Il contenait les villes de Duerstede, Dorestadium, et de Tiel, les forteresses d’Arkel, de Dordrecht qu’on suppose être l’ancien château de Durfos, et Isselmonde, à l’embouchure l’Issel. (Description de la Gaule Belgique, p. 185.)

[66] Lierre doit son origine à saint Gommaire qui y bâtit une cellule vers l’an 760. (Van Lom, Beschreing der stad Lier.)

[67] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 11.

[68] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 10.

[69] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 52.

[70] Miræus, Dipl. belg., lib. II, p. 223. Westerloo et Meerbeck ont conservé leurs noms ; Odlobolo peut être devenu Oelem ; Hoybeke paraît être Hoboken, et Burente pourrait bien être Berchem.

[71] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 53.

[72] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 654.

[73] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 493.

[74] M. Imbert le place dans la Hesbaie. (Geogr. pagor., p. 59.)

[75] Cette abbaye ne date que du douzième siècle ; son acte de fondation est de l’an 1136.

[76] Alphen, dans le pagus Toxandria, occupe l’emplacement de l’Albiniana des Romains ; il est nommé aussi par Éginhard, dans son Histoire de la translation des saints Martyrs, édit., Teulet, p. 324.

[77] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 496.

[78] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 502.

[79] Traditiones Laurishamenses, ex chron. Gottw., t. II, p. 796.

[80] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 344.

[81] Cet endroit est mentionné dans la vie de saint Trudon (Imbert, Geograph. pagor., p. 71 ; Des Roches, Mémoire sur la question des contrées, etc., p. 34 et 35.)

[82] Ghesquière, Acta Sanct. Belgii selecta, t. V, p. 407.

[83] Hadr. Vales, Notitia Galliarum, p. 361 et suiv. ; Chron. Gottwic. ; Wastelain, Des Roches, etc. M. Imbert conteste la division du Masgau en supérieur et inférieur.

[84] Baluz., t. II, p. 224.

[85] Les Œuvres           d’Éginhard traduites en français, note de la page 315.

[86] Grandgagnage, Mémoire sur les anciens noms de lieux, p. 22 et 23 ; Vocabulaire des anciens noms de lieux, p. 196.

[87] Bouille, Histoire de Liége, t. I, p. 16.

[88] Caumartin, Promenades dans les environs de Visé, p. 11, Liége, 1862.

[89] Caumartin, Promenades dans les environs de Visé, p. 13-16, Liége, 1862.

[90] Einhard, De translat. martyr. Marcel. et Petr., l. IX, c. 81.

[91] Meersen existait déjà sous les Mérovingiens, si l’on en croit Eccard. (Comment. de rebus Franc. Orient.) Il en est fait mention dans un acte de l’an 847, conventus apud Marsnam. (Miræus, Dipl., t. I, p. 23.)

[92] Un diplôme de Lothaire de l’an 860 est daté d’Alsloo : actum Alsloo palatio regio. (Codex Laurish. diplom., édit. Lameii, t. I, p. 64.)

[93] Histoire du Limbourg, t. I, p. 314 et 328. Voyez aussi l’intéressante monographie de M. Rahbenbeck, Histoire du comté de Dalhem, Bruxelles, p. 692.

[94] Chron. Gottwic., t. I, p. 692.

[95] Histoire de la translation des SS. Martyrs, liv. VI, chap. 61 ; dans l’édition de 1856 de M. Teulet, p. 312.

[96] Histoire de la translation des SS. Martyrs, liv. VI, chap. 67.

[97] On lit dans un diplôme de l’an 779 : Angelgiagas in pagello Leuhio. (Miræus, Opera dipl., t. I, p. 496.)

[98] Vocabulaire des anciens noms de lieux de la Belgique orientale, par Ch. Grandgagnage, Liége, 1859, p. 41. Il parait certain que la ville de Liége a pris naissance sur la rive droite de la Meuse, dans le pays essentiellement germanique des Ripuaires. Le nom de cette ville ne peut donc pas provenir du mot latin Legia, qui est l’appellation donnée à un petit ruisseau de la rive gauche.

[99] Scpit., t. I, p. 488, note.

[100] Prodromus chron. Gottwic., p, 656.

[101] Histoire du Limbourg, t. I, p. 315, publiée par M. Lavalleye.

[102] Mémoire sur la question des limites des diverses contrées des Pays-Bas, couronné en 1770, imprimé à Bruxelles en 1771.

[103] Diplôme de l’an 902, dans le Codex diplomaticus d’Ernst, l. VI, p. 89.

[104] Diplôme de l’an 910 ; Miræus, Op. dipl., t. I, p. 254.

[105] Diplôme de l’an 933 ; Ernst, Cod. dipl., p. 96.

[106] Diplôme de l’an 1005 ; Ernst, Cod. dipl., p 99.

[107] Diplôme de 1041 ; Ernst, Hist. du Limbourg, t. I, p. 317-318, note de M. Lavalleye.

[108] Adjacens Giminiaco et Harvia, in comitatu Teubaldi. (Diplôme de 1042.) In villis Harvia (Walhorn) et Vals in pago Leuva et in comitatu Tietbaldi (Diplôme de l’an 1059 : Ernst, Codex diplomaticus, pp. 103 et 105.)

[109] Miræus, Opera diplom., t. I, p. 34 et 254.

[110] Caroli Magni Sermo de fundatione Aquisgranensis basilicæ Marianœ, ap Baluz., Oper. diplom., t. I, p. 14.

[111] Histoire du pays de Liége, 1851, p. 42.

[112] Cité par M. Polain, Histoire de l’ancien pays de Liége, t. I, p. 64.

[113] Ann. 769, celebravit Karolus Pascha in Leodico vico publico. (Pertz, Mon. Germ. hist., t. I, p. 148.)

[114] Reddidit... in pago condustrio locuna qui dicitur villa in comitatu Halo (Martène et Durand, Veter. script. collect., t. II. p. 46.)

[115] Melart, Histoire de la ville eu du château de Huy, p. 5 et suiv.

[116] Histoire de la ville et du château de Huy, Huy, 1839.

[117] Mémoire sur les anciens noms de lieux, p. 125.

[118] Guillemot, Catalogue des légendes des monnaies mérovingiennes, La Rochelle, 1845.

[119] Acta SS. Belg. sel., t. I, p 480.

[120] Mabillon, De re diplom., l. IV, n° 135.

[121] Voir Schayes, Les Pays-Bas avant et durant la domination romaine, t. II, p. 483.

[122] Bolland., t. VII, Maii.

[123] Mabillon, De re diplom., l. IV, n° 7.

[124] Dictionnaire géographique, au mot Nassogne.

[125] Ernst, Histoire du Limbourg, t. VI, p. 86.

[126] Schayes, Les Pays-Bas, etc., t. II, p. 485.

[127] Études sur l’orthographe et l’étymologie des noms de lieux dans le Luxembourg, publiées dans les Annales de la société pour la conservation des monuments historiques, Arlon, 1854, p. 43.

[128] Namuco recognovi. (Amplissima collectio, t. II, p. 14.) Il y a des monnaies mérovingiennes qui portent le nom de Namuco. (Guillemot, Catalogue des légendes des monnaies mérovingiennes, La Rochelle, 1845.)

[129] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 139.

[130] Miræus, Orig. Benedict., p. 182.

[131] Miræus, Open. diplom., t. I, p. 489.

[132] Acta Ss. Belg. sel., t. III, p. 335.

[133] Voyez dans Bréquigny, édition de Pardessus, t. II, p. 219, une charte de donation faite en 691, par Pépin à l’église de Saint-Pierre à Cambrai.

[134] Mémoire sur les limites des contrées, etc., p. 45.

[135] Miræus, Oper. diplom., t. II, p 937.

[136] Vinchant, Annales du Hainaut, liv. III, ch. 17.

[137] Miræus, Oper. dipl., t. III. p. 557.

[138] Acta SS. ord. D. Benedict., sæc. II, p. 866.

[139] Miræus, Oper. dipl., t. III, p. 1. Il est à remarquer qu’il y a deux Cambrons.

[140] Falcuinus, Chron. Lobb., c. 6.

[141] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 496.

[142] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 249.

[143] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 337.

[144] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 246.

[145] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 36, 249.

[146] Acta SS. Belg. sel., t. IV, p. 385 et 389.

[147] Miræus, Opera diplom., t. I, p. 505.

[148] Miræus, Opera diplom., t. I. p. 54. Description de la Gaule Belgique, p. 440.

[149] V. Mabillon, De re diplom., t. IV, p. 148.

[150] Geogrophia pagorum, p. 147.

[151] V. Wastelain, Description de la Gaule Belgique, p. 363 ; Des Roches, Mémoire sur la question des contrées, p. 47.

[152] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 248.

[153] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 138.

[154] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 126.

[155] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 32-33.

[156] V. Histoire de Bouchain, par le P. Petit, réimprimée à Douai en 1861.

[157] Ces trois dernières localités sont nommées, dans un diplôme de 877 (Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 138.)

[158] Miræus, Oper. dipl., t. III, p. 289.

[159] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 138.

[160] Vet. scrip. coll., t. I, p. 196.

[161] Teruannensis civitas secus mare fundata, dit un diplôme de Louis VII, roi de France, en 1166. (Schaeyes, la Belgique et les Pays-Bas, éd. de 1855, t. II, p. 173.)

[162] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 7.

[163] Des Roches, Mémoire sur le question des contrées, cantons, etc.

[164] Charta divisionis imperii, ap. Baluz, t. I, p. 686. La même distinction entre le Mempiscus et la Flandre se retrouve dans un autre capitulaire, où il est dit : De conjurationibus servorum quæ fiunt in Flandris et in Mempisco..... (Capit. ab Anseg., lib. IV, c. 7, ap. Baluz., t. I, p. 775.)

[165] In territorio Menapiorum quod nunc Mempiscum appellant. (D. Bouquet, t. VIII, p. 488.)

[166] Warnkœnig, Histoire de Flandre, t. I, p. 123.

[167] Raepsaet, Œuvres complètes, t. III, p. 108 et suiv.

[168] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 340 ; Baluz, t. II, p. 63 et 69.

[169] Œuvres complètes, t. III, p 110.

[170] Wastelain, Description de la Gaule Belgique, p. 417.

[171] Apud Boll. et Hensch., t. I, Febr., p. 882.

[172] Des Roches, Mémoire couronné sur la question des contrées, cantons, etc.

[173] Wastelain, Description de la Gaule Belgique, p. 416.

[174] Commentatio ad quœstionem qua postulatur descriptio historica-geographica comitatus Flandriæ, p. 38.

[175] Du Chesne, t. I, p 632.

[176] Miræus, Op. dipl., t. I, p. 26-27.

[177] Miræus, Op. dipl., t. I, p. 341.

[178] Trophées du Brabant, t. I, preuves, p. 11.

[179] Commentatio, p. 36.

[180] Bréquigny, Diplom. ad res Franc., t. I, p. 487.

[181] Miræus, Oper. dipl., t. I, p 340.

[182] Hist. de la translation des SS. Martyrs, édit. Teulet, p. 326.

[183] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 19-20.

[184] Miræus, Oper. dipl., t. III, p. 289.

[185] Warcoin (Vuerecundio) est nommé par Einhard, dans son Histoire de la translation des SS Martyrs, édit. Teulet, p. 393.

[186] Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 128.

[187] V. l’Histoire de Mardick et de la Flandre maritime, par Raymond de Bertrand, Dunkerque, 1852.

[188] Frederici comitis de Bylandt commentatio, etc., p. 36.

[189] Flandre illustrée, à l’article Aldentburgum.

[190] La ville de Bruges doit son origine à Baudouin Ier, comte de Flandre, qui y fit construire un château pour servir de défense contre les Normans. V. la Chronique de Saint-Bertin, ann. 862.

[191] Des Roches, Mémoire sur les limites des contrées, etc., p. 56. Voyez aussi l’excellent essai de M. de Smet, sur les noms des villes et communes de la Flandre occidentale, dans le tome XXVI des Mémoires de l’Académie royale de Belgique.

[192] Hist. de la translation, édit. Teudet, p. 322.

[193] Histoire de la translation, édit. Teulet, p. 323 et suiv.

[194] Capitulare de Villis, ap. Baluz., t. I, p. 331 ; Pertz, Leges, t. I, p. 181. Voir le célèbre commentaire de M. Guérard sur ce capitulaire, dans la Bibliothèque de l’école des chartes, série III, t. IV, p. 201, 317, 546, de 1853 publié à part la même année. Voyez aussi Waitz, Verfassungsgeschichte, t. IV, p. 120 et s.

[195] Les quatre fils de Chlotaire Ier, dans l’ouvrage intitulé : Dix ans d’études historiques.

[196] Delvaux, Dictionnaire géogr. de la prov. de Liége, part. 1re, p. 242.

[197] Sur la naissance de Charlemagne à Liége, 4e édit., p. 40.

[198] Dict. géogr. de la prov. de Liége, partie II, p. 115.

[199] Sur la naissance de Charlemagne, p. 43.

[200] Einhardi, Annales, ad ann. 769, ap. Pertz, t. I, p. 149.

[201] Monumenta Germaniæ historica, t. I, p. 148.

[202] Chapeauville, Gesta pontificum Tungrens., etc., t. I, c. 50.

[203] V. le rapport de M d’Otreppe de Bouvette, dans le Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, t. I, p. 437.

[204] Actum Tectis patatio regio (Martène, Ampliss. collect., t II p. 26).

[205] Un diplôme de Lothaire, de l’an 862, porte : Actum Novo Castro in pago Leochensi. (Martène, Ampliss. collect., t. II, p. 27.)

[206] Bovy, Promenades historiques dans le pays de Liége, t. II, p. 107-108 ; Delvaux, Dictionnaire géographique de la province de Liège, 1re partie, p. 371 et s. Grandgagnage, Chaudfontaine, wallonnade, p. 171 et 172.

[207] Caroli Max. imp sermo, apud Miræus, Oper. dipl., t. I, p. 11.

[208] D. Bouquet, t. VIII, p. 31.

[209] Rerum belgic. chron., ann. 878, p. 196.

[210] Histoire du Limbourg, t. I, p. 327. Les actes datés de Meersen, apud villam Marsnam, sont nombreux ; nous en ferons mention dans le récit des évènements.

[211] Codex Laurisham diplom., t. I, p. 54.

[212] Ernst, Histoire du Limbourg, t. I, p. 331 ; Mabillon, Annales ordini sancti Benedicti, t. III, p. 681 ; Bouquet, t. VIII, p 655.

[213] V. Caumartin, Promenades dans les environs de Visé, p. 102, note.

[214] Teulet, Œuvres d’Eginhard, p. 61.

[215] Annales de la Société pour la conservation des monuments historiques dans la province de Luxembourg, 1849-1850 et 1850-1851, p. 102.

[216] Annales Laurissenses et Einhardi, Annales, ann. 739. (Pertz, Monumenta Germ. hist., t. I, p. 142 et 143.)

[217] Annales Met., ad ann. 758, ap. Pertz, l. c., p. 333.

[218] Cours d’histoire moderne, 19e leçon.

[219] Einhardi, Annales, ad ann. 769.

[220] Einhardi, Annales, ad ann. 770. Annales Laurissenses, ibid., apud Pertz, t. I, p. 148 et 149.

[221] Ad hiemandum proficiscitur. (Einhardi, Annales, ann. 771.)

[222] In Dutciaco villa. (Einhardi, Annales, ann. 777.)

[223] C’est l’opinion soutenue par Eichhorn, Deutsche Staats tend Rechtsgeschichte, t. I, p. 675.

[224] Einhardi, Vita Karoli imper., c. 12.

[225] Le texte se trouve dans Eckhart, II, p. 41.

[226] V. Bœhmer, Regesta Carolorum, p. 33 et 49.

[227] Œuvres d’Éginhard, traduct. de M. Teulet. p. 187.

[228] Voyez, sur les villas royales de ce temps, Valesius, Notitia Galliarum ; Mabillon, De re diplomatica ; Ducange, Glossarium ad scriptores ; D. Calmet, Notice sur la Lorraine ; le P. Benoît, Histoire ecclés. et polit. de la ville et du diocèse de Toul ; Raepsaet, Œuvres complètes, t. IV, p. 205 et suiv. ; M. Lejeune, Recherches sur la résidence des rois francs, etc., etc.

[229] Baluz., t. I, p. 281.

[230] Baluz., t. I, p. 387.

[231] Capit., ann. 803, c. 19, ap. Baluz., t. I, p. 391.

[232] Pertz, Leges, t. I, p. 223 et suiv.

[233] Baluz, t. I, p. 537 et suiv. ; Pertz, t. I, p. 229 et 230.

[234] Capitulare, ann. 820, c. V, ap. Baluz, t. I, p. 622.

[235] Pertz, Leges, p. 230.

[236] Baluz., t. I, p. 775.

[237] Histoire de Flandre, 2e édit., t. I, p. 65 et 66.

[238] Voyez Ducange, aux mots Gildæ et Gildonia, nouv. édit, t. III, p. 583.

[239] Zoepfl, Deutsche Rechtsgeschichte, 3e édit. p. 921, note 68.

[240] Gilderosen im Mittelalter, Halle, 1831.

[241] Bulletin de l’Académie royale, t. XIX, p. 453, année 1852.

[242] Capitula synodi Vernensis, edita a Pippino rege, ann. 755, c. I, ap. Baluz., t. I, p. 167. Pertz, Leges, I, p. 24.

[243] Annuaires historiques pour les années 1858 et 1859, cités par M. Jacobs, Géographie de Grégoire de Tours et de Frédégaire, p. 396, à la suite de la traduction de Grégoire de Tours par M. Guizot, édit. de 1861.

[244] Capit. Aquisgr. ann. 816, c. 10, ap. Baluz., t. I, p. 565.

[245] Capit, ann. 779, c. 13, ap. Baluz., t. I, p. 197.

[246] Rettberg, t. I, p. 560. Gesta pontif. Leod., t. I, p.129. Hartzheim, Concilia Germaniæ, t. I, p. 32.

[247] Gilles d’Orval, ap. Chapeauville, t. I, p. 137.

[248] Éginhard, dans son Histoire de la translation des Saints Martyrs, raconte le miracle opéré sur une jeune fille nommée Adalinde, laquelle était serve du monastère de Saint-Lambert. La liberté n’avait donc pas été accordée aux serfs de l’Église ; comment l’Église aurait-elle pu la donner aux serfs qui ne lui appartenaient pas ?

[249] Capitulare Aquisgranense anni 803, c. 2, ap. Baluz., t. I, p 779.

[250] Annales Lobienses, ap. Pertz, t. II, p. 128 ; Sigebert de Gembloux, à l’an 774.

[251] Annales Sangallenses, ap. Pertz, t. I, p. 75.

[252] Dom Bouquet, Coll. hist. collect., t. III, p. 128.

[253] Wastelain, Description de la Gaule Belgique, p. 153.

[254] Dacher. Spicileg., t. II, p. 735.

[255] Wastelain, l. c., p. 448.

[256] Miræus, Opera dipl., t. III, p. 8.

[257] Miræus, Opera dipl., t. I, p. 247.

[258] Voir les biographies de Saint-Bavon et les commentaires de Jean Périer, dans les Acta sanctorum Belgii selecta, t. II, p 436 et suiv.

[259] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 18 et 131. Si nous sommes bien informés, la charte originale concernant Blandinium, donnée le 2 juin 815, doit se trouver aux archives de la cathédrale de Saint-Bavon à Gand.

[260] Wastelain, l. c., p. 435.

[261] Suivant M. Imbert, il y avait deux monastères dans la commune de Meldert.

[262] On trouve, dans Miræus un diplôme de donation de l’an 746 en faveur de l’abbé de Sarchinium (Oper. dipl., t. I, p. 493.)

[263] Wastelain, l. c., p. 219.

[264] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 449.

[265] Wastelain, l. c., p. 231.

[266] Miræus, Oper. dip., t. III, p. 286 ; Bréquigny, édit. de Pardessus, t. II, p. 298.

[267] Miræus, Oper dipl., t. I, p. 499.

[268] Miræus, Oper dipl., t. I, p. 238.

[269] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 496.

[270] Ernst, Histoire du Limbourg, t. I, p. 333.

[271] Anselme, Gesta episcop. Leod., dans le t. IV de l’Amplissima collectio de Martène et Durand.

[272] Wastelain, l. c., p. 224.

[273] Mir. Oper. dipl., t. IV, p. 171.

[274] Dans le diplôme de l’an 664, où la donation se trouve rappelée, il est dit expressément : tam in longum quam in transversum.

[275] Mir., Op. dipl., t III, p. 251 ; Amplissima collect., t. II, p. 9 ; Bréquigny, Diplom. et epist., t. II, p. 92.

[276] Præceptum de l’an 666, dans Martène, Ampliss. collect. II, p. 10. Diplôme de l’an 672 dans Miræus, op. dipl., p. 282.

[277] Ampliss. collect., t. II, p. 15 ; Bréquigny, t. II, p. 315.

[278] Études historiques sur l’ancien pays de Stavelot et de Malmedy, Liège, 1848, p. 316.

[279] Ampl. coll., t. II, p. 19 ; Bréquigny, t. II, p. 405.

[280] Ampliss. coll., t. II, p. 20.

[281] Ampliss. coll., t. II, p. 21. Bertholet, Histoire du Luxembourg, t. II, p. 12.

[282] Ampliss. coll., t. II, p. 24.

[283] Ampliss. collect., t. II, p. 26 et suiv.

[284] Mir. Oper dipl., t. III, p. 4.

[285] Mir. Oper. dipl., t. I, p. 944.

[286] Bréquigny, Diplom. et epist., édit. Pardessus, t. II, p. 273.

[287] Bréquigny, Diplom. et epist., édit. Pardessus, t. II, p. 274.

[288] Bréquigny, Diplom. et epist., édit. Pardessus, t. II, p. 310.

[289] Mir. Oper. dipl., t. I, p. 641.

[290] V. Charta qua Pippinus et Plectrudis uxor ejus castrum Ambra in Ardenna Deregiso donant, ut ibi condactur cella et ecclesia, anno 687. (Bréquigny, édit. de Pardessus, t. II, p. 203.)

[291] V. le Cantatorium, §§ 5 et 6.

[292] Mir. Oper. dipl., t. II, p. 806.

[293] Histoire de la translation des saints martyrs.

[294] Mir. Oper. dipl., t. I, p. 41.

[295] Wastelain, Descript. de la Gaule Belgique, p. 227.

[296] Mir. Oper. diplom., t. III, p. 2.

[297] Mir. Op. dipl., t. II, p. 116 ; Bréquigny, Dipl. et epist., édit. de Pardessus, t. II, p. 219.

[298] Mir. Oper. diplom., t. I, p. 650.

[299] Wastelain, l. c., p. 440. Voyez aussi Histoire de l’abbaye d’Aulne, par Lebrocquy, Bruxelles, 1862.

[300] Chron. Gisleberti, p.15.

[301] Mir. Op dipl., t. III, p. 557.

[302] Wastelain, Descript. de la Gaule Belgique, p. 438.

[303] Vita sancti Ansberti, ap. Bolland., t. II, febr., p. 354.

[304] Mir. Op dip., t. II, p. 1129 ; Chron. Balderici, p. 108.

[305] Wastelain, l. c.

[306] Miræus, Opera diplomatica, t. I, p. 123. On trouve un diplôme semblable de l’an 637 dans le recueil de Bréquigny, édition de Pardessus, t. II, p. 46. L’authenticité du diplôme de Dagobert a été contestée. Voyez sur ce sujet une notice fort intéressante dans la Revue des Opera diplomatica de Miræus, par Le Glay, Bruxelles, 1856, p. 17.

[307] Miræus, Oper. diplom., t. I, p. 7.

[308] Miræus, Oper. diplom., t. II, p. 920-931 ; t. IV, p. 174-345 ; Bréquigny, p. 203, 905, 302, 307, 341, 369, 380, 418, 530, 434.

[309] Mir. Op. dipl., t. I, p. 195.

[310] Mir. Op. dipl., t. I, p. 497.

[311] Mir. Op. dipl., t. II, p. 930 et 931 ; D. Bouquet, t. VI, p.568 et 602.

[312] Charte de confirmation de Charles le Chauve, de l’an 877 ; Miræus, Oper. dipl., t. I, p.31.

[313] Mir. Op. dipl., t. I, p. 138.

[314] V. deux diplômes de 610 et 612 dans Mirasus, Oper. dipl., t. I, p. 489 et 490.

[315] Wastelain, Descript. de la Gaule Belgique, p. 446.

[316] Acta SS. Belg. select., t. V, p. 4-14 ; Mir. Oper. dipl., t. I, p. 61, et t. III, p. 57 ; Beaucourt, Descript. historique de l’abbaye d’Eeckhout, p. 293.

[317] Bolland., t. I, Febr., p. 396.

[318] Mir. Oper. diplom., t. I, p. 494.

[319] Mir. Oper. diplom., t. I, p. 245.

[320] Mir. Oper. diplom., t. I, p. 498.

[321] Mir. Oper. diplom., t. III, p. 8.

[322] Mir. Oper. dipl., t. II, p. 930 ; V. Carpentier, Hist. Camer. ; D. Bouquet, t. VI, p. 490.

[323] Mir. Oper. dipl., t. I, p. 336. Ce diplôme se trouve plus complet en supplément de Foppens. Mir., t. II, p. 1127 ; mais c’est le même. Voyez D. Bouquet, t. VI, p. 509.

[324] Mir. Oper. dipl., t. I, p. 546.

[325] Mentionné par D. Bouquet, t. VI, p. 530.

[326] Mir. Oper. dipl., t. I, p. 247.

[327] Martène, Amplissima collectio, t. II, p. 25.

[328] Warnkœnig, Histoire du Droit belgique, Bruxelles, 1837, p. 168 et suivantes.

[329] Cantatorium, § 9. Nous avons suivi la traduction de M. de Robaulx, Bruxelles, 1817, p 35.