LE NOUVEAU TESTAMENT ET LES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES MODERNES

 

LIVRE III — LES ACTES DES APÔTRES

CHAPITRE PREMIER. — EXACTITUDE ET VÉRACITÉ DES ACTES DES APÔTRES.

 

 

Aucun livre de l’antiquité n’a plus de points de contact que les Actes des Apôtres avec l’histoire, la politique et la géographie juives, grecques et romaines. Aucun ouvrage ancien ne nous fournit, par là même, plus de moyens de vérifier son exactitude jusque dans les plus menus détails.

Saint Luc touche à tout dans cet écrit. En racontant les voyages des premiers prédicateurs de l’Évangile et ce qu’ils entreprennent pour la conversion du monde, il nous fait connaître les usages, les mœurs, les coutumes de la Palestine, de l’Asie Mineure, de la Grèce, de l’Italie ; la manière dont sont gouvernées et administrées les provinces de l’empire, les passions qui y règnent, le langage qu’on y parle, les traits par lesquels elles se ressemblent et ceux par lesquels elles diffèrent les unes des autres ; il est ainsi amené, comme sans le vouloir et sans s’en douter, à nous tracer un tableau en raccourci de l’empire romain, à l’époque qui suivit la mort de Notre-Seigneur. Ce tableau est peint sur le vif. Les personnages s’y meuvent, sont pleins de vie et de vérité.

A l’aide des découvertes archéologiques et surtout épigraphiques de notre siècle, nous pouvons apprécier aujourd’hui, bien mieux qu’on ne pouvait le faire autrefois, la vérité de ce tableau ; nous pouvons contrôler, pour ainsi dire, page par page et ligne par ligne, les Actes des Apôtres. Le résultat de cet examen, est-il besoin de le dire, est tout à fait en leur faveur. Plus les sciences historiques progressent, plus elles rendent hommage à la véracité, à l’exactitude, à la science de saint Luc. Sans aucune affectation d’érudition, sans aucune préoccupation de critique, avec une simplicité exquise et un naturel parfait, avec une justesse d’expression que ne pourrait atteindre l’historien le plus savant de nos jours, il nous transporte dans le milieu où étaient les Apôtres, il nous raconte les faits, dont ils ont été les acteurs, les héros ou les victimes, il nous fait vivre de leur vie. C’est un chef-d’œuvre historique, parce que c’est la vérité même qui parle par la plume de l’écrivain.

Nous ne nous proposons point de le prouver ici en détail, mais seulement au moyen de quelques exemples, empruntés principalement aux découvertes épigraphiques récentes. Nous suivrons saint Paul en Cypre, en Macédoine, à Athènes, à Éphèse, dans l’un de ses voyages à Jérusalem et dans sa traversée de Césarée de Palestine à Malte et à Pouzzoles. Les fouilles exécutées parle général di Cesnola dans l’île de Chypre nous mettront en état de justifier ce qui est dit du séjour de l’Apôtre dans cette île ; celles qui ont été faites à Éphèse par M. Wood nous expliqueront jusqu’aux mots qu’emploie saint Luc dans le récit de la sédition occasionnée parla prédication de l’Évangile dans cette ville[1] ; les recherches de M. Heuzey et, de M. l’abbé Duchesne en Macédoine serviront de commentaire à ce que dit le récit sacré sur Philippes et sur Thessalonique ; l’étude des lieux nous permettra de suivre saint Paul à Athènes et sur lé rocher de l’Aréopage ; une inscription trouvée à Jérusalem par M. Clermont-Ganneau confirmera, par son témoignage, l’existence d’une défense judaïque, interdisant l’entrée du Temple aux païens, défense signalée par les Actes, à l’occasion de l’arrestation de saint Paul dans la capitale de la Judée ; enfin, guidés par les travaux des marins et des hydrographes modernes, nous accompagnerons l’Apôtre prisonnier dans son voyage de Césarée en Italie.

 

 

 



[1] Voir là-dessus Lightfoot, Illustrations of the Acts from recent Discoveries, dans la Contemporary Review, mai 1878.