LE NOUVEAU TESTAMENT ET LES DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES MODERNES

 

LIVRE SECOND — LES ÉVANGILES

CHAPITRE III. — LES SYNAGOGUES AU TEMPS DE JÉSUS-CHRIST ET DES APÔTRES.

 

 

Les synagogues ont joué un rôle important dans l’établissement du Christianisme. La Providence semblait les avoir préparées pour servir de chaire aux Apôtres. Notre-Seigneur lui-même voulut bien y enseigner ; c’est dans ces lieux de réunion que saint Paul inaugura[1] partout la prédication de la foi nouvelle ; dans toutes les villes de l’Empire romain où il portait ses pas, il rencontrait ses coreligionnaires, que Dieu y avait envoyés à l’avance pour être les pionniers inconscients de l’Évangile ; ils y avaient bâti des édifices qui étaient destinés, à leur insu, à entendre proclamer, par la bouche du pharisien converti, la divinité de Jésus-Christ ; bien mieux, en se réunissant toutes les semaines d’une manière régulière dans la synagogue, ils fournissaient à l’Apôtre un auditoire tout préparé, qu’on n’avait pas besoin de convoquer, qu’il eût été, ailleurs, presque impossible de rassembler. Là était, par conséquent, la source de la vie chrétienne pour chaque cité ; c’est là que se formaient les petits ruisseaux qui se répandaient ensuite dans toutes les directions, portant de proche en proche la grâce de Notre-Seigneur.

Puisque’ telle a été l’importance, des synagogues dans l’établissement de la vraie religion, il est très utile de savoir ce qu’elles étaient et comment elles étaient organisées. Nous comprendrons mieux de la sorte un certain nombre de pages de nos Évangiles et des Actes des Apôtres, en même temps que nous admirerons davantage avec quel soin jaloux la Providence avait partout préparé les voies à l’avènement de son Fils et à la propagation de la bonne nouvelle.

 

ARTICLE Ier. ORIGINE DES SYNAGOGUES.

Pour assurer la conservation de la vraie doctrine parmi le peuple élu, Dieu avait imprimé à la religion mosaïque le caractère de la plus sévère unité : un seul Dieu, un seul lieu pour lui offrir des sacrifices, un seul tabernacle d’abord, puis un seul temple, une seule tribu sacerdotale. Hors de la ville où résidait l’arche, il n’y avait donc aucun endroit où l’on pût se rassembler pour prier et s’édifier en commun.

Du temps des rois, les Juifs commencèrent à éprouver le besoin de se réunir ensemble pour honorer Dieu, et de construire, par conséquent, des édifices qui pussent leur servir dans ce but[2]. Mais ce fut surtout pendant la captivité qu’on en sentit la nécessité. Violemment arrachés à leur patrie et transportés dans une terre étrangère, les enfants d’Israël n’en aimèrent que davantage la terre de leurs aïeux, et, sur les bords des fleuves de Babylone, ils faisaient entendre ces accents immortels :

Si je t’oublie, ô Jérusalem !

Que ma main droite s’oublie elle-même

Que ma langue s’attache à mon palais,

Si tu ne vis toujours dans mon souvenir ;

Si je ne fais pas de Jérusalem

La source de toutes mes joies ![3]

Asservis à des maîtres barbares, dans l’impossibilité de se rendre au temple de Jéhovah, ils furent réduits à organiser des réunions pour entretenir dans leur cœur et dans celui de leurs enfants l’amour de leur religion, et pour rendre à Dieu les hommages du culte public que la loi autorisait, en dehors du sanctuaire, c’est-à-dire la lecture de la loi et la prière en commun. Telle fut vraisemblablement l’origine des synagogues. Ce nom grec lui-même indique que c’était une réunion de personnes : l’édifice reçut le nom de l’assemblée qui se tenait dans ses murs. Un passage d’Ézéchiel[4] supposerait, d’après quelques interprètes, l’existence d’une synagogue, parmi les captifs de Babylone.

Le Pentateuque ne prescrit nulle part de se rassembler dans des lieux particuliers, pour prier, en dehors du sanctuaire ; mais on avait trouvé tant d’avantages à le faire, qu’après la captivité, au retour en Palestine, selon la tradition juive, les synagogues se multiplièrent rapidement. Toute la population fut organisée en sections déterminées, avec des chefs reconnus, et l’on se rendit ensemble, à certains jours, en un lieu choisi dans ce but, pour y faire des prières publiques, y chanter des Psaumes, y lire et y expliquer la Sainte Écriture. C’est vers cette époque qu’apparaît le scribe. Il remplace le prophète, mais avec une autre mission. Le prophète s’adressait à la nation entière, pour la maintenir dans la foi à l’unité de Dieu ; le scribe s’occupe surtout de l’individu et s’efforce de lui faire observer la loi qu’il lui explique.

On dit que ce fut Esdras qui généralisa cette institution et traça les lois par lesquelles elle fut régie. Les synagogues furent surtout nombreuses en Palestine ; le Talmud prétend qu’il y en avait quatre cent quatre-vingts, au Ier siècle de notre ère, dans la seule ville de Jérusalem[5]. On en construisit aussi dans tous les lieux où il y avait des Juifs, c’est-à-dire dans toutes les parties de l’Empire romain.

 

ARTICLE II. FORME DES SYNAGOGUES.

Les synagogues paraissent avoir été généralement bâties sur le même modèle, d’après une sorte de type consacré[6]. Elles avaient une forme rectangulaire ; les dimensions en longueur et largeur variaient selon les lieux et les circonstances. Elles étaient ordinairement pavées de marbre ou de pierre. On y pénétrait par une des extrémités du rectangle. A l’extrémité opposée, à un certain intervalle du mur, était placé un coffre contenant le plus précieux trésor de la synagogue, c’est-à-dire un exemplaire de la loi, écrit avec soin sur le parchemin le plus pur.

Un riche tapis cachait le livre sacré aux regards de l’assistance. Entre le coffre et le mur se tenaient les anciens, sur des sièges particuliers qui leur étaient réservés[7] ; vis-à-vis d’eux, dans l’autre partie de la synagogue, se plaçaient les simples assistants. Ceux-ci étaient divisés en deux, selon leur sexe, par un mur ou un treillis qui partageait la salle et s’élevait à cinq ou six pieds : d’un côté les hommes, de l’autre les femmes.

Dans la partie destinée au commun des fidèles, vers le milieu de l’édifice, il y avait une estrade sur laquelle était placée une sorte de chaire ; c’est là qu’on lisait et qu’on expliquait la lai et les prophètes[8].

L’expédition anglaise qui a exploré scientifiquement la Palestine pendant ces dernières années v a découvert, spécialement en Galilée, les ruines de plusieurs synagogues. Les plus remarquables sont celles de Kefr Birim et de Meiron. Quelques-uns de ces édifices sont très anciens et contemporains de Notre-Seigneur. Nous reproduisons ici la synagogue antique de Kefr Birim[9].

Quoique la forme générale fût toujours la même, les détails de l’ornementation et même de la construction variaient selon les lieux. En Galilée, les synagogues avaient toutes des colonnes, formant des nefs, deux au moins, quatre au plus. Les colonnes étaient peu élevées et très rapprochées les unes des autres ; leurs chapiteaux étaient d’ordinaire corinthiens ou ioniques ; ils supportaient probablement des solives et des ais au-dessus desquels se trouvait un toit plat, fait avec de la terre.

L’édifice était éclairé par des fenêtres placées sur la façade et peut-être aussi sur les côtés. Les murs intérieurs paraissent avoir été enduits de plâtre, mais nous ignorons s’ils étaient couverts de peintures ou d’inscriptions. A l’extérieur, il y avait certainement des ornements divers : pilastres, moulures, fleurs, guirlandes pendant en festons, feuilles de vigne et grappes de raisins, représentations du chandelier à sept branches, dont on a retrouvé des débris. Le Musée judaïque du Louvre possède une représentation sculptée du chandelier à sept branches, qu’on croit provenir de la synagogue de Gadara[10]. On inscrivait ordinairement sur la porte d’entrée un texte tiré de la Sainte Écriture ; quelques fragments de ces textes ont été recueillis au milieu des ruines.

Les synagogues les plus importantes, comme celles de Meiron, de Kefr Birim, étaient précédées d’un porche formé par une colonnade et donnant accès, par des marches, à l’édifice.

Les découvertes faites en quelques autres endroits de la Syrie semblent indiquer que toutes les synagogues du nord de la Palestine, du temps de Notre-Seigneur, étaient semblables.

Sur les flancs du Carmel, dit M. Conder, nous découvrîmes aussi une ruine appelée Semmâka ou l’arbre de Sumach. Il y a là des restes de ce qui me semble avoir été indubitablement une synagogue. Les dimensions et l’ornementation des pierres des portes reproduisent exactement celles des synagogues de Galilée[11].

Nous connaissons, par les auteurs anciens, quelques-unes de celles qui étaient hors de la Judée. Celle d’Alexandrie, grande basilique où l’on avait prodigué les richesses, était appelée la gloire d’Israël. Les sièges des anciens y étaient au nombre de soixante-dix, et, s’il faut en croire le Talmud, tous d’or massif, émaillés de pierres précieuses et de perles de prix, valant chacun plusieurs millions.

Les synagogues, en plusieurs endroits, comprenaient deux appartements distincts, l’un qui était la synagogue, la maison de prière proprement dite, l’autre qui servait comme de salle d’école et de lieu de réunion pour les discussions des savants. Les Juifs appelaient la synagogue même bel hak-kenneset ou maison de réunion, et l’école bet ham-midraš ou maison d’étude[12]. C’est probablement dans ces maisons d’étude que saint Étienne disputait avec les Grecs, à Jérusalem[13], et saint Paul à Éphèse[14].

 

ARTICLE III. ORGANISATION ET SERVICE LES SYNAGOGUES.

A la tête de chaque synagogue était un chef : le ro’š hak-kenneset, l’archisynagogus ; c’est à lui qu’appartenait l’administration des affaires temporelles et spirituelles ; il présidait les assemblées et expliquait le texte sacré d’après le sens traditionnel. Au-dessous de lui était un conseil composé d’un nombre plus ou moins considérable de personnes, selon l’importance, des congrégations ; c’étaient des anciens, vénérables par leur âge et par leurs vertus ; ils occupaient les sièges dont nous avons parlé plus haut[15] ; on les appelait quelquefois archisynagogi[16] ; leur fonction principale consistait à aider le chef suprême de leurs conseils.

Ce n’étaient point là les seuls dignitaires de la synagogue. A un degré inférieur, on comptait le šeliah, le hazan, les dix batlanim, le targumiste et les lecteurs.

Le šeliah peut être regardé comme le ministre officiant[17] ; il récitait les prières au nom de l’assemblée et comme son représentant. Il avait pour auxiliaire le hazan[18], sorte de sacristain qui ouvrait les portes, préparait les manuscrits et assistait le šeliah pendant la récitation des prières. On imposait les mains à l’un et à l’autre, afin de leur conférer le pouvoir de remplir leurs fonctions.

Les dix batlanim[19] étaient dix hommes chargés d’assister à toutes les réunions, afin qu’on fût sûr qu’il y aurait toujours un nombre suffisant d’assistants pour constituer une assemblée.

Le targumiste est ainsi appelé d’un mot qui signifie « interprète[20], » et dont nous avons fait truchement. Sa fonction consistait à expliquer aux fidèles le passage hébraïque que l’on venait de lire, dans la langue du pays, c’est-à-dire, en syro-chaldaïque, si l’on était en Palestine ; en grec, si l’on était à Alexandrie ou à Antioche, ou bien en Grèce.

Les lecteurs avaient pour office de lire le texte sacré, la sidra hebdomadaire[21]. Ils ne faisaient point partie du personnel ordinaire de la synagogue. Le chef désignait à son gré la personne de l’assistance par qui il voulait faire remplir cet office[22].

Tels étaient les dignitaires des synagogues. Voici maintenant les exercices qu’on avait l’habitude d’y accomplir

On se réunissait trois fois la semaine dans les synagogues, le second, le cinquième et le septième jour, c’est-à-dire le lundi, le jeudi et le jour du sabbat ou samedi. On commençait par réciter des prières : le šeliah se rendait devant le coffre renfermant la Bible, et là, sur ce ton monotone que connaissent tous ceux qui ont visité l’Orient, il prononçait la formule des prières liturgiques, comprenant des remerciements et des louanges à Dieu, avec quelques Psaumes.

Quand elles étaient finies, le Kazan tirait de l’armoire sacrée un des rouleaux ou volumes de la loi et le présentait à la personne de l’assemblée qui avait été désignée par l’archisynagogus pour remplir les fonctions de lecteur.

Le lecteur se rendait alors sur l’estrade, accompagné du šeliah, chargé de surveiller la lecture et de s’assurer qu’elle était faite avec une entière exactitude. Elle était déterminée à l’avance pour chaque jour de réunion, et comprenait chaque fois sept sections. Le premier lecteur ne lisait que la première. Les six autres étaient lues par six lecteurs différents qui se succédaient à tour de rôle[23]. On s’arrêtait après avoir lu un verset ; le targumiste ou interprète l’expliquait aux assistants dans la langue du pays, et quand il avait fini son interprétation, le lecteur lisait le verset suivant. Le lecteur se tenait debout[24].

Quand on avait terminé les sept sections, on remettait le rouleau à sa place. Si c’était le samedi, on sortait du coffre un volume des prophètes[25], et un huitième lecteur en lisait un passage de la manière susdite, le targumiste en expliquant le sens au peuple, verset par verset. Le šeliah devait surveiller les explications du targumiste, comme l’exactitude du lecteur.

Quand la lecture était terminée, le chef de la synagogue invitait le lecteur ou un autre assistant, à son choix, à expliquer ce que l’on venait de lire ou à adresser une exhortation au peuple[26].

L’explication du texte sacré se faisait d’une double manière : en exposant le sens littéral ou bien le sens mystique[27]. Si l’interprétation littérale suffisait pour l’instruction des auditeurs, on se bornait à paraphraser la lettre ; si elle n’offrait aucune utilité pratique directe, on cherchait à édifier les fidèles par des avis et des applications morales qu’on rattachait, à l’aide du sens spirituel, aux passages qu’on venait d’entendre. De la synagogue, cet usage passa à l’Église. Dans les offices divins, on lut l’Ancien et le Nouveau Testament. Les Homélies des Pères ne sont que le commentaire de la partie de l’Écriture, lue préalablement par le lecteur, commentaire tantôt littéral, tantôt mystique, entremêlé d’observations instructives suggérées par le texte sacré et par les circonstances.

On voit, par tout ce que nous venons de dire, comment les Apôtres, ou Notre-Seigneur lui-même, avaient pu être appelés à remplir les fonctions de lecteurs dans les synagogues ou invités à parler à l’assistance[28].

Quand un Juif étranger prenait part aux prières, surtout s’il était une personne de marque, les assistants désiraient l’entendre, comme on fait aujourd’hui pour un prédicateur étranger, et l’archisynagogus le priait de se rendre à leur désir. Saint Paul ne manquait jamais d’aller aux cérémonies des synagogues, quand il arrivait dans une ville, et de saisir cette occasion favorable de prêcher la doctrine de Jésus-Christ.

A la fin de l’instruction, on récitait de nouveau quelques prières, et la réunion se terminait par le qaddiš : Sanctifié et glorifié soit son nom glorieux dans tout le monde, qu’il a créé selon son bon plaisir ; que son royaume s’étende sur tous les hommes ; que sa rédemption prospère ; que son Messie se hâte de sauver son peuple, dans les jours de notre vie et dans tous les jours d’Israël, promptement[29].

Telles étaient les cérémonies qui s’accomplissaient dans les synagogues. Elles étaient répétées, à très peu de changement près, deux fois le lundi et le jeudi, et trois fois le jour du sabbat.

On peut juger, par les détails que nous venons de donner, combien la connaissance de la Sainte Écriture devait être répandue parmi le peuple, lors de l’avènement de Notre-Seigneur. Quand Jésus leur parlait de la loi et des prophètes, ainsi que des Psaumes de David, il leur parlait de choses qui leur étaient tout à fait familières. Quand saint Matthieu, écrivant pour des Juifs son Évangile, faisait constamment allusion aux prophètes, il ne faisait que répéter les explications qu’on donnait dans les synagogues, après la lecture des Livres Saints. Il y était sans cesse question du Messie ; il n’est donc pas étonnant que le Nouveau Testament fasse de si nombreuses allusions à l’attente judaïque du Sauveur dont il annonce la venue.

Le service des synagogues nous fait très bien connaître quel devait être l’état d’esprit des contemporains de Notre-Seigneur, et c’est pour ce motif que cette étude nous semble pouvoir être considérée comme une page de commentaire des Évangiles.

 

 

 



[1] Actes, IX, 20, et passim.

[2] Cf. II (IV) Reg., IV, 23. — Josaphat envoya des hommes dans les villes de Judée pour instruire le peuple sur la loi du Seigneur, II Par., XVII, 7-9.

[3] Ps. CXXXVI (hébreu, CXXXVII), 5-6.

[4] Ézéchiel, XI, 15.46. Quelques-uns traduisent le texte original de la fin du v. 16 : Je leur serai comme un petit sanctuaire dans les pays où ils sont allés. Si c’est une allusion à une synagogue, elle est bien vague. L’Apôtre saint Jacques dit dans les Actes, XV, 21, mais sans préciser de date : Moïse, depuis les temps anciens, a dans chaque cité des hommes qui le prêchent, [son livre] étant lu dans les synagogues tous les jours de sabbat.

[5] Grätz, Geschichte der Juden, t. III, p. 391 ; Neubauer, dans les Studia biblica, 1885, p. 63.

[6] Voir, Figure 3, le plan d’une synagogue, par M. l’abbé Douillard. Voici la description qu’il en donne : La synagogue antique n’était autre chose qu’une salle d’assemblée, contenant une place déterminée pour un lecteur. Le grand axe de cette construction était dirigé du sud au nord, c’est-à-dire que les portes regardaient le sud et le mur postérieur regardait le nord. La synagogue se composait d’une ou de plusieurs nefs ; dans ce dernier cas, chaque nef avait sa porte sur la façade. Les nefs étaient déterminées par des rangées de colonnes, et éclairées par de rares fenêtres placées sur la façade et dans les deux murs latéraux. L’armoire sacrée, où était déposée la Sainte Écriture ; était située au fond de la nef principale, entre deux piliers carrés sur lesquels venaient aboutir les colonnades. Les deux nefs latérales se joignaient par derrière par une nef transversale de même largeur. Le tout était couvert en terrasse avec des charpentes formant caissons. Comme on le voit, la synagogue présentait en tous points les dispositions d’une basilique sans narthex, dans laquelle la place de l’autel était occupée par le bureau du lecteur.

[7] Matth., XXIII, 6. Cf. Jac., II, 3.

[8] II Esd. (Neh.), VIII, 4-8. Cf. Luc, IV, 20.

[9] On a retrouvé à Kefr Birim, en Galilée, les ruines de deux synagogues fort anciennes. De la plus petite, il ne reste guère debout que le portait méridional. De la plus grande, située dans l’intérieur du village et servant aujourd’hui d’habitation particulière, la façade méridionale subsiste encore presque complète. Nous la donnons ici, d’après une photographie, Figure 4. Ce sont les ruines les mieux conservées de toutes les synagogues antiques qu’on rencontre encore çà et là dans la Palestine du nord. La synagogue de Kefr Birim est certainement des premiers siècles de notre ère au plus tard et peut-être existait-elle déjà du temps de Notre-Seigneur. Voir The Survey of western Palestine, Memoirs, Galilee, t. I, in-4°, Londres, 1881, p. 230-231. Voir aussi ibid., pour la synagogue d’el-Djisch, p. 224-226 ; pour celle de Kirbet en-Nebratein, p. 243 ; de Meiron, p. 251, 254 ; d’Irbid, p. 397-400 ; de Tell-Hum, p. 415-417. Cf. E. Renan, Mission de Phénicie, pour Kefr Birim, p. 770-772 ; Meiron, p. 780 ; Journal asiatique, aoüt-septembre, 1876, p. 273 et suiv. ; P. Schegg, Biblische Archäologie, 2 in-8°, Fribourg-en-Brisgau, t. II, 1888, p. 468.

[10] Cf. Marc, V, 1 ; Luc, VIII, 26, 37 ; H. de Villefosse, Notice des monuments de la Palestine, n° 78, p. 50. Nous l’avons reproduit dans la Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. III, Figure 47, n° 2, p. 325. Il a été trouvé à Tibériade.

[11] Conder, Tentwork in Palestine, 1878, t. I, p. 201-202.

[12] Conybeare and Howson, Life and Epistles of St. Paul, 1880, p. 50.

[13] Actes, VI, 9.

[14] Actes, XIX, 9. — On ignore toutefois si l’école de Tyrannus, mentionnée ici par les Actes, était une école juive ou une école grecque. — Quelques commentateurs ont supposé, mais avec peu de vraisemblance, que Tyrannus était un nom commun, au lieu d’un nom propre. — Sur les synagogues, voir Fouard, La vie de N-S. Jésus-Christ, 1880, t. I, p. 260-265 ; G. Rawlinson, St. Paul in Damascus, in-12, Londres, 1877, p. 148-160.

[15] Cf. Matth., XXIII, 6.

[16] Marc, V, 22 ; Actes, XV, 15.

[17] Le šeliah, de šâlah, envoyer, signifie legatus, celui qui a reçu une mission. Cf. Apoc., I, 20 ; II, 1.

[18] Le hazan, serviteur. Saint Luc, IV, 20, l’appelle ύπηρέτης (Vulgate, minister), proprement rameur, sous-rameur, de ύπό, sous, et έρέτης, rameur (de έρέσσω, ramer), et, par extension, serviteur, domestique.

[19] Batlanim, c’est-à-dire oisifs, qui n’ont pas de fonctions.

[20] Cet interprète officiel s’appelait à peu près comme chez les Arabes, auxquels nous avons emprunté notre truchement et les Turcs leur drogman. Wogue, Histoire de la Bible, in-8°, Paris, 1881, p. 165. L’interprète devait être versé dans les deux langues, l’hébreu et celle du pays, ainsi que dans la connaissance de la religion ; il était institué officiellement pour remplir ses fonctions et recevait un traitement.

[21] Le Pentateuque est divisé : 1° En six cent soixante-neuf alinéas ou paragraphes, les uns dits ouverts, les autres fermés ; ces derniers indiquent généralement des pauses moins considérables ; 2° en cinquante-quatre (alias 53) sections représentant chacune une lecture sabbatique dans le système du cycle annuel, consistant à terminer, dans le cours d’une année, la lecture hebdomadaire du Pentateuque, division variable selon que l’année est commune ou embolismique ; 3° en cent cinquante-quatre sections qui paraissent correspondre aux mêmes lectures sabbatiques, mais réparties sur trois années (cycle triennal), usité autrefois en Palestine et rétabli dans quelques communautés modernes. Enfin chacune des cinquante-quatre sections se décompose en un certain nombre de paragraphes, au minimum de sept, contenant chacun le nombre de versets, trois au minimum, à lire par chacun des sept individus appelés le samedi à la Torah. Wogue, Histoire de la Bible, p. 430-131.

[22] Luc, IV, 16-17. Les lecteurs étaient ordinairement au nombre de sept.

[23] Les Juifs rapportent à une époque immémoriale, mais qui, en tout cas, ne parait pas antérieure à Esdras, l’origine de cet usage. Wogue, Histoire de la Bible, p. 165.

[24] Cf. Luc, IV, 20 ; le Sauveur ne s’assied qu’après avoir fini la lecture. Voir aussi Actes, XIII, 16.

[25] A une époque également incertaine, l’usage s’établit de joindre à la lecture du Pentateuque celle des chapitres les plus remarquables des livres prophétiques. Chaque samedi et chaque fête, après l’office du matin dit yôsêr et la lecture de la loi, un passage des prophètes était lu publiquement par un fidèle et expliqué par l’interprète dans l’idiome vulgaire. Dans le choix de cette lecture supplémentaire, nommée la Haphtârah, on s’attachait constamment, non seulement à ce que le passage choisi eût en lui-même une certaine importance historique ou doctrinale, mais à ce qu’il offrît, dans son ensemble ou dans certains détails, quelques analogies, au moins matérielles, avec la section correspondante ou avec la solennité du jour. Wogue, Histoire de la Bible, p. 165-166. — L’office du yôsêr est ainsi appelé à cause de la prière par laquelle on le commence : Sois loué, Éternel notre Dieu, roi de l’univers, qui formes (yôsêr) la lumière et crées les ténèbres, » etc. Cf. Is., XLV, 7.

[26] Actes, XIII, 15.

[27] On donne à la première méthode le nom de pešàt, et à la seconde le nom de derâš. Pešàt, littéralement le sens dépouillé, nu, c’est-à-dire simple ; derâš, littéralement le sens recherché, éloigné, c’est-à-dire plus ou moins caché ou même artificiel. A ce dernier mot se rattachent le Midrasch et la Derâchah moderne ou le sermon. Wogue, Histoire de la Bible, 1881, p. 134. Le midrasch est l’explication juridique et surtout morale du texte. Le commentaire littéral de la Bible (pêrouš) n’a point de subdivision, mais le commentaire non littéral peut être juridique (halâkâh), moral (haggâdâh) ou mystique (sôd). Le mot halâkâh vient de hâlak, marcher et signifie la marche qu’on doit suivre, c’est-à-dire la fixation légale du doit et de la jurisprudence ou des pratiques religieuses. Haggâdâh est un mot hébreu talmudique, dérivé du verbe higgïd, exposer, raconter. — On distingue deux sortes de midrasch. S’il s’occupe des faits de jurisprudence ou de pratique religieuse, il est l’exégèse halakique ou légale ; s’il a pour objet les dogmes, les promesses, les consolations de la religion, les vérités morales ou pratiques de la vie, c’est l’exégèse haggadique ou morale. La première veut régler les formes et l’exercice extérieur de la religion, la seconde se propose de sanctifier et de perfectionner l’homme intérieur... Dans son acception usuelle, [le mot midrasch] se restreint [d’ailleurs] le plus souvent aux œuvres haggadiques, c’est-à-dire à l’interprétation de la partie morale, gnomique, dogmatique de l’Écriture... [Enfin] ce mot, après avoir désigné un certain système d’interprétation, s’est appliqué finalement et s’applique encore aujourd’hui aux ouvrages conçus selon ce système et renfermant des commentaires haggadiques. Wogue, ibid., p. 167-168, 188. Voir Deutsch, Le Talmud, in-8°, Londres et Paris, 1868, p. 21-23.

[28] C’est ainsi que Jésus-Christ lit, le jour du sabbat, dans la synagogue de Nazareth et explique le prophète Isaïe. Luc, IV, 16-21.

[29] Cf. A. B. B. Créhange, Tephilbath adath Yeschouroun, 9e édit., in-12, Paris, 1867, p. 43, 79, 81, 82 et note 13.