NAPOLÉON ET ALEXANDRE Ier

L'ALLIANCE RUSSE SOUS LE PREMIER EMPIRE

III. — LA RUPTURE

 

CHAPITRE III. — LE MOYEN DE TRANSACTION.

 

 

Les armées russes se rapprochent de la frontière. — Marche vers le duché de Varsovie. — Points de concentration. — L'armée du Danube détache plusieurs de ses divisions. — Précautions prises pour assurer le secret de ces préparatifs. — La frontière étroitement gardée. — Les réserves. — Bruits répandus à Pétersbourg et dans les provinces polonaises. — Avis décourageants de Czartoryski. — La fidélité des chefs varsoviens ne se laisse pas entamer. — L'Autriche se dérobe à une alliance et même à une promesse de neutralité. — L'influence de l'archiduc Charles s'exerce dans un sens hostile à la Russie : moyen imaginé pour le convertir ou le neutraliser. — Diplomatie féminine. — Insinuation de Stackelberg au sujet d'une entrée possible des Busses en Galicie. — Metternich se fait autoriser à formuler une réponse comminatoire. — Déceptions successives d'Alexandre. — Il suspend l'exécution de son projet. — Incertitudes, tendances diverses. — Le chancelier Roumiantsof préconise une politique de rapprochement avec la France. — Il croit avoir trouvé un moyen de solution. — Idée de demander à Napoléon, en compensation de l'Oldenbourg, quelques parties du territoire varsovien. Alexandre se prête à un essai de conciliation sur cette base. — Caractère insolite de la négociation qui va s'ouvrir. — Le souverain et le ministre russe ne veulent s'exprimer qu'à demi-mot et par périphrases. — On propose une énigme à Caulaincourt, en lui fournissant quelques moyens de la déchiffrer. — Le Tsar confie à Tchernitchef une lettre pour l'Empereur : dignité et habileté de son langage. — La métaphore du conne Roumiantsof. — Caulaincourt obtient son rappel et reste à Pétersbourg en attendant l'arrivée de sou successeur, le général comte de Lauriston. — Jeu caressant d'Alexandre. — Départ de Tchernitchef pour Paris.

 

En mars, les troupes russes se mirent en position d'exécuter le grand projet et de recueillir, si elle venait à eux, la Pologne transfuge. L'armée destinée à entrer la première en action se tenait sur la Dwina, précédée de fortes avant-gardes : elle s'ébranla vers le sud-ouest, vers les provinces de Lithuanie et de Podolie, contiguës au duché de Varsovie : elle venait a grandes étapes, largement déployée, cheminant sous le couvert des forêts épaisses et des collines sablonneuses. En arrière, les troupes de Finlande suivaient le mouvement, quittaient peu à peu leurs garnisons, filaient le long du littoral pour se rapprocher de la Courlande et passer de là en Pologne. A proximité de la frontière, des points de concentration avaient été indiqués : Wilna, Grodno, Brzesc, Bialystock[1]. Des magasins, des dépôts d'approvisionnements et de munitions se formaient, les autorités préparaient des logements et des vivres pour les masses annoncées. Sur le Niémen et le Bug, on réunissait des embarcations, des bateaux plats, tout un matériel propre à faciliter le passage[2]. Le quartier général paraissait devoir s'établir ù Slonim, au sud de Wilna : les généraux Essen, Doctorof, Kamenski, commanderaient les corps principaux : ils avaient été au préalable mandés à Pétersbourg et y avaient reçu des instructions[3].

En même temps que cette grande descente vers le sud, un mouvement s'opérait du sud au nord, concordant avec le premier et venant à sa rencontre. L'armée du Danube, tournée jusqu'alors contre les Turcs, hivernait en Moldavie ; plusieurs de ses divisions levèrent leurs cantonnements, et, pivotant sur elles-mêmes, faisant face en arrière, se mirent à remonter vers la Podolie et la Volhynie, pour se joindre aux forces qui arrivaient du nord et se placer à leur gauche. Dans ses lettres à Czartoryski, Alexandre n'avait parlé qu'il titre éventuel du prélèvement à opérer sur les troupes d'Orient : L'armée de Moldavie, avait-il dit, pourra détacher aussi quelques divisions, sans pour cela être empêchée de se tenir sur la défensive[4]. Dépassant ses promesses, il s'affaiblissait sur ses ailes pour se fortifier au centre, quitte à compromettre la Finlande et à retarder sa paix avec les Turcs. L'armée destinée à combattre avec les Polonais s'augmentait de corps supplémentaires, d'effectifs imposants, et, se rangeant par divisions depuis la Baltique jusqu'au Dniester, se mettait en ligne.

Toutes ces opérations s'entouraient du plus profond mystère. Souvent, les troupes ne suivaient pas les routes ordinaires, les grandes voies de communication : marchant par bataillons ou même par compagnies, divisées en détachements innombrables, éparpillées sur de vastes espaces, elles se glissaient par des chemins détournés qui n'avaient jamais été des routes militaires[5]. Les précautions les plus rigoureuses avaient été prises pour clore hermétiquement et murer la frontière, pour fermer les accès et barricader les issues, pour se défendre contre tout espionnage. Sous couleur de renforcer le cordon des douanes et de mieux assurer l'observation des règlements prohibitifs, des corps de Cosaques avaient été disposés le long des limites. Ils exerçaient une surveillance continuelle : des piquets de cavalerie gardaient toutes les entrées, reliés entre eux par des patrouilles qui circulaient nuit et jour : jusqu'à une distance assez grande dans l'intérieur des terres, des postes s'échelonnaient sur les routes de verste en verste, examinant et arrêtant les passants, compulsant leurs papiers, vérifiant leur qualité[6] : c'était à l'abri de cet épais rideau que la Lithuanie, la Volhynie et la Podolie se remplissaient de troupes.

En arrière de ces provinces, l'armée de soutien se complétait et s'apprêtait à marcher. Aucun moyen n'était négligé pour renforcer ses effectifs : les troupes sédentaires se transformaient en contingents mobiles, les bataillons de forteresse en bataillons de ligne. Du fond de l'empire, d'autres masses surgissaient, des réserves se levaient. Dans les dépôts, il y avait affluence prodigieuse de recrues, effort incessant pour les dégrossir et les former, pour faire des soldats. Bientôt, malgré le secret ordonné, des bruits à sensation commencèrent à circuler dans la capitale : les régiments des gardes, disait-on, n'attendaient plus qu'un signal pour se mettre en route et devaient marcher avec la deuxième armée : le grand-duc Constantin se rendait en Finlande pour inspecter les troupes en partance ; enfin, l'Empereur lui-même allait se porter sur la frontière, relever et poser sur son front la couronne de Pologne. Le public de Pétersbourg se prononçait hautement en faveur de cette solution, qui répondait aussi aux espérances suscitées en Lithuanie : là, beaucoup de grands propriétaires désiraient une réconciliation entre la Pologne et la Russie : plusieurs d'entre eux, des membres de familles illustres, des patriotes éprouvés, avaient été appelés à Pétersbourg, bien traités, caressés, à demi prévenus[7]. Leur tête se montait, leur imagination s'exaltait en faveur du projet ; quelques-uns allaient jusqu'à fixer la date de l'exécution : l'Empereur choisirait le 3 mai, anniversaire du jour où, vingt ans plus tôt, la Pologne mourante s'était donné le statut libéral et sensé sous lequel elle aspirait à revivre[8].

Ce fut au moment où cette effervescence se manifestait à l'intérieur de l'empire qu'arrivèrent du dehors les plus décourageantes nouvelles. Les réponses de Czartoryski à la seconde lettre du Tsar ne se bornaient pas à poser des objections et à prévoir des difficultés : elles étaient purement négatives. D'après leur contenu, d'après les résultats de l'enquête opérée pal le prince, les commandants de l'armée varsovienne, les principaux magnats, ceux dont l'opinion entraînerait la masse, demeuraient réfractaires à la séduction et se montraient incorruptibles : leur fidélité à Napoléon ne se laissait pas entamer. Le texte de ces réponses ne nous est point parvenu, mais Alexandre y fait allusion dans une communication ultérieure à Czartoryski : Vos précédentes lettres, dit-il[9], m'ont laissé trop peu d'espoir de réussite pour m'autoriser à agir, à quoi je n'aurais pu me résoudre raisonnablement qu'ayant quelque probabilité de succès.

L'imprudence d'agir lui fut concurremment démontrée par l'attitude de l'Autriche. A Pétersbourg, on s'était aperçu très vite que cet empire se dérobait à une alliance : il n'est même pas certain que l'instruction secrète du mois de février, tendant à ce but, ait été expédiée, les dispositions de Metternich et de son gouvernement la rendant inutile[10]. Alexandre s'était rabattu alors sur un autre plan. Il ne solliciterait plus de l'Autriche qu'une connivence passive et lui demanderait uniquement d'assister indifférente à ce qui se passerait autour d'elle, de se laisser faire au besoin une douce violence, de ne point refuser les Principautés, si le gouvernement russe les lui mettait dans la main en même temps qu'il ferait occuper la Galicie pour le compte de la Pologne restaurée. Au nom du Tsar, Koschelef maintenait l'offre de la Moldavie jusqu'au Sereth et de la Valachie entière. Alexandre ayant écrit une lettre personnelle à l'empereur François pour obtenir de lui une promesse de neutralité et sonder ses dispositions, Stackelberg fut chargé d'en fournir verbalement le commentaire[11].

La colonie russe de Vienne appuyait ces démarches de toute son énergie. La milice des femmes avait été mise sur pied, et un objet spécial s'offrait à son activité. Le grand ennemi de la Russie à Vienne était l'archiduc Charles, qui jouissait dans le public et dans l'armée d'une considération hors ligne : le glorieux vaincu de Wagram s'était sincèrement réconcilié avec son vainqueur et poussait l'Autriche vers la France. Pour changer ses dispositions ou au moins le neutraliser, on entreprit de le marier, en lui donnant pour femme une princesse toute dévouée à la Russie. L'impératrice Élisabeth Alexievna, femme d'Alexandre Ier, avait une sœur qui vivait auprès d'elle, la princesse Amélie de Bade. Ce fut cette Allemande adoptée par la Russie que les meneurs de l'intrigue destinèrent à opérer la conversion de l'archiduc, et aussitôt des influences de toute sorte se mirent en mouvement pour enchaîner cet Hercule aux pieds d'une Omphale un peu mûre.

L'impératrice de Russie lia partie avec l'impératrice d'Autriche : celle-ci, qui avait la passion de faire des mariages[12], entra de grand cœur dans l'affaire, à laquelle on sut intéresser également la landgrave de Bade et la reine de Bavière. Cette ligue de femmes fit représenter à l'archiduc Charles par son confesseur qu'il avait besoin d'une compagne pour égayer son intérieur morose et rompre l'ennui d'un célibat prolongé. La grande difficulté était d'obtenir le consentement de l'empereur François à un mariage dont son terrible gendre pourrait s'offusquer. Pour triompher de ses craintes, on le prit par les sentiments : on lui affirma que l'archiduc Charles avait conçu pour la princesse Amélie une passion violente, et l'excellent prince se laissa convaincre qu'il ferait le malheur de son cousin en s'opposant à l'union projetée. Il promit de consentir, mais à une condition, c'était que l'on trouverait moyen d'assurer aux futurs conjoints, peu fortunés l'un et l'autre, une situation matérielle en rapport avec leur rang : lui-même ne pouvait s'en charger, e avant trop d'enfants à établir[13]. Il n'y avait qu'une chance de le satisfaire, c'était un recours au duc Albert de Saxe, dont le prince Charles était le neveu et l'héritier. Le duc Albert était vieux et riche : il avait une mai tresse qui le gouvernait ; on fit agir cette dame, après s'être adressé à elle par l'intermédiaire d'un officier pour qui elle avait eu autrefois des bontés, et le résultat de ces opérations diverses fut que le duc promit d'assurer le sort de son neveu par un avancement d'hoirie. Ainsi, les obstacles s'aplanissaient l'un après l'autre, et l'affaire semblait en bon chemin ; mais déjà, avant que le gouvernement autrichien se fût décidé à la rompre sur un mot venu des Tuileries, une réponse fort sèche de Metternich aux ouvertures politiques de la Russie l'avait rendue actuellement sans objet[14].

Les propositions de Koschelef, la lettre du Tsar, avaient mis Metternich en éveil : à quelques jours de là, il eut avec Stackelberg une conversation qui le laissa rêveur. L'envoyé russe, après lui avoir confié qu'il possédait le secret de son maître et montré comme preuve une lettre écrite en entier de la main d'Alexandre, fit allusion à certaines éventualités : Dans le cours de mon entretien avec lui, écrivait Metternich à son souverain[15], j'ai remarqué certaines tournures de phrases qui me firent supposer qu'un jour, étant données certaines circonstances, l'occupation de la Galicie pourrait bien s'effectuer sans notre consentement. Cette étrange révélation émut d'autant plus Metternich qu'elle évoqua en lui un souvenir. Il se rappela qu'en 1805 l'empereur Alexandre, désespérant d'entraîner la Prusse dans la troisième coalition, avait eu l'idée d'assaillir inopinément cette puissance, avec laquelle il entretenait les meilleurs rapports : il eût marché sur Varsovie, chef-lieu alors de province prussienne, et restauré à son profit la Pologne, avant de se porter en Moravie contre l'armée française. Ce précédent éclairait d'une lueur singulière les insinuations actuelles, donnait tout lieu de supposer que l'empereur Alexandre caressait aujourd'hui un projet du même genre et nourrissait l'espoir d'y entraîner l'Autriche, dût-il au besoin lui forcer la main : c'était là un de ces brusques écarts de pensée, une de ces fugues d'imagination dont l'histoire du mobile souverain offrait trop d'exemples : La marche excentrique du cabinet russe, écrivait Metternich[16], ne nous autorise-t-elle pas à admettre comme possible ce qui parait l'impossibilité male ?

Metternich ne crut pouvoir se mettre trop résolument en travers d'une aventure dont l'Autriche éprouverait un dommage sensible, immédiat, direct, et n'aurait à tirer que de problématiques avantages ; il se fit autoriser à prévenir Stackelberg que toute violation de territoire serait considérée comme une déclaration de guerre, à signifier au besoin que la concentration des troupes russes près de la Galicie et de la Bukovine, dont le bruit arrivait à Vienne, finirait par obliger l'empereur d'Autriche à mobiliser lui-même ses armées et à les mettre sur le pied de guerre[17].

Ainsi, en se hasardant d'attaquer, Alexandre se fût heurté aux forces de l'Autriche en même temps qu'à l'armée varsovienne. Il n'était pas au bout de ses mécomptes. A la même époque, il aperçut distinctement au nord l'évolution de Bernadotte, qui semblait lui tourner le dos et s'orienter vers la France : les agaceries du prince royal à l'adresse de son ancien chef, ses mines provocantes, son intimité avec Alquier, le mot d'ordre donné partout aux diplomates suédois de se mettre au mieux avec leurs collègues français, ne pouvaient échapper à la perspicacité des agents russes. Alexandre en conçut un assez vif dépit, qui se manifesta par des communications aigres-douces au cabinet de Stockholm, et il cessa momentanément de compter sur la Suède[18].

En Prusse, où le cabinet persistait dans son double jeu, le Roi montrait plus de bon vouloir que d'énergie : le fond de sa pensée était qu'il se perdrait irrévocablement en risquant une prise d'armes, à moins que la Prusse, soutenue en arrière par les Russes, ne fût en même temps appuyée et épaulée sur sa gauche par l'Autriche. Or, il savait que l'Autriche répugnait essentiellement à entrer dans une coalition nouvelle : même, sur la foi de rapports exagérés, il croyait que Metternich et son maitre s'étaient livrés sans réserve à Napoléon et ne demandaient qu'à trahir activement la cause européenne il le faisait dire à Pétersbourg par des intermédiaires secrets, conseillait instamment la prudence[19]. Dans plusieurs parties de l'Allemagne, à côté des haines persistantes contre la France, il était facile de démêler un contre-courant d'opinion défavorable à la Russie. L'ukase prohibitif en était la cause ; en fermant l'empire à toutes les importations par terre, cet acte rigoureux n'avait pas seulement lésé la France : il préjudiciait gravement au commerce et à l'industrie germaniques, qui perdaient un de leurs principaux débouchés. Dans les régions industrielles, comme la Saxe, cette rupture économique avait été accueillie avec colère : elle suscitait des plaintes, des récriminations vives, et attirait au Tsar une sorte d'impopularité[20]. De tous côtés, Alexandre voyait se lever des résistances imprévues et apercevait des obstacles qui lui barraient la route.

Sous le coup de ces déceptions simultanées, il y eut dans le mouvement de sa pensée arrét et recul : à un brusque élan vers l'offensive succéda une reprise de fluctuations et d'incertitudes. Sans renoncer à son projet, il en suspendit l'exécution, quitte à y revenir en meilleure occurrence. Ses communications avec Czartoryski s'interrompirent ou au moins s'espacèrent : le prince reçut avis de n'avoir pins à compter sur une explosion immédiate. J'ai dû, lui écrivait plus tard Alexandre, me résigner à voir venir les événements et à ne pas provoquer par mes démarches une lutte dont j'apprécie toute l'importance et les dangers[21]... Il ajoutait cependant que ni les idées qui l'avaient occupé, ni la résolution de les mettre en œuvre quand les circonstances s'y prêteront[22], ne l'avaient abandonné. Les dispositions militaires ne furent point révoquées : l'armée continua à se déployer en ordre de bataille ; la Russie resta le bras levé, sans frapper, et s'immobilisa dans cette attitude.

Ayant rassemblé ses forces, Alexandre y trouvait l'avantage de s'être mis à couvert contre une agression et une surprise, pour le cas où il prendrait envie à Napoléon d'exécuter ce que lui-même avait rêvé. Les armements opérés, lorsqu'ils seraient connus de l'Empereur, le rendraient moins prompt peut-être à risquer une attaque ; par ce fait, n'étaient-ils point susceptibles de procurer dès à présent à la Russie un certain bénéfice, une plus grande liberté d'allures ? A l'abri de ses armées fortement établies sur la frontière, Alexandre ne pourrait-il donner suite à l'une de ses idées favorites, rouvrir entièrement ses ports aux navires et aux importations britanniques, et, dans le duel engagé entre la France et l'Angleterre, proclamer officiellement sa neutralité ? Suivant certains témoignages, il en eut la velléité, et songea à s'affranchir d'un reste d'alliance, sans commencer la guerre[23].

Son chancelier cherchait cependant à le ramener- dans d'autres voies, qui le rapprocheraient de la France. Ignorant toujours jusqu'au premier mot du roman ébauché entre Alexandre et Czartoryski, Roumiantsof voyait avec peine l'évolution vers l'Angleterre, qui se poursuivait sous ses yeux ; il blâmait les infractions commises à la règle continentale, s'affligeait de ce relâchement progressif et aspirait de toutes ses forces à une réconciliation avec l'empereur des Français, à une reprise de cette alliance qui existait toujours sur le papier, qui avait valu à la Russie la Finlande et qui lui permettrait de garder les Principautés. Il suppliait son maître de ne point se dérober systématiquement à tout accord, de tenter quelque chose, et l'avortement du projet conçu en dehors de lui, à son insu, rendait autorité à ses conseils.

Quel serait, suivant lui, le terrain d'entente ? Comment faire droit aux griefs respectifs ? Le principal de ceux qu'alléguait la France était l'ukase du 31 décembre 1810 : sur ce point, il ne serait pas très difficile d'accorder quelques satisfactions de forme à Napoléon, qui paraissait disposé à s'en contenter, et d'admettre certains adoucissements qui ôteraient à la mesure le caractère d'une démonstration hostile, sans porter atteinte au régime économique de l'empire. D'autre part, comme Napoléon n'insistait plus sur la saisie des bâtiments qui naviguaient sous pavillon américain pour le compte de l'Angleterre, cette question ne se posait pas actuellement ; il n'y avait qu'à la laisser dormir. Quant aux griefs de la Russie, le débat très légitimement soulevé par elle au sujet de l'Oldenbourg servait à masquer le grand reproche : l'extension menaçante et les encouragements donnés par Napoléon au duché de Varsovie. Roumiantsof était le premier à reconnaître et à proclamer l'importance de la question polonaise. Il l'avait vue, par ses développements successifs, brouiller les deux empires : il savait que tous les efforts tentés en 1809 et en 1810 pour la résoudre à l'amiable n'avaient fait que la compliquer, à tel point que la chancellerie russe s'était abstenue depuis lors d'y revenir et d'y toucher. Roumiantsof jugeait que ce silence avait assez duré, que la crise actuelle permettait de le rompre : c'était le côté avantageux d'une situation déplorable : le bien naît quelquefois du mal porté à l'extrême. Dans le cas présent, l'injustifiable procédé dont le Tsar avait eu à souffrir ne lui offrait-il pas un moyen providentiel de réintroduire au débat la question de Pologne et peut-être de la trancher à son profit ? En s'emparant de l'Oldenbourg-, Napoléon s'était donné un tort incontestable et public vis-à-vis de son allié : celui-ci était essentiellement fondé à exiger une réparation. Napoléon semblait d'ailleurs le reconnaître, puisqu'il se montrait disposé à octroyer au duc une compensation territoriale, invitant seulement la Russie à la désigner et à la spécifier. Cette indemnité offerte en principe, pourquoi ne lin demanderait-on pas de la découper en territoire polonais, de détacher une portion de l'État varsovien pour en composer un nouvel apanage au prince dépossédé, qui s'y ferait le prête-nom de la Russie, et d'accorder ainsi une garantie effective contre le rétablissement de la Pologne ? Là était, suivant Roumiantsof, le vrai moyen de transaction, le nœud de l'accord à conclure et le gage pour son gouvernement d'une sécurité durable.

En effet, tout pas rétrograde imposé au duché, toute atteinte portée à son intégrité, toute distraction de territoire opérée à ses dépens, si minime qu'elle fia, détruirait sa force d'expansion et de rayonnement, marquerait pour lui le signal d'une irrémédiable décadence. Ce qui faisait le prestige de cet État d'occasion et de rencontre, ce qui groupait autour de lui tant de dévouements et d'enthousiasmes, c'était qu'il apparaissait à tous comme destiné à s'accroitre et à s'étendre, comme une Pologne en voie de reconstitution progressive. Si Napoléon consentait à le diminuer au lieu de l'agrandir, il infligerait à ces espérances un écrasant démenti : il enlèverait à la principauté varsovienne l'unique soutien de son existence. Le mou-veinent de décroissance imprimé au duché ne s'arrêterait plus : il irait se continuant, s'accélérant, et aboutirait finalement à rejeter dans le néant une création éphémère : toute pierre ôtée à cet édifice suffirait à en rompre l'équilibre instable et en déterminerait tôt ou tard l'écroulement. Quand le duché succomberait, au milieu des révolutions dont l'avenir était gros, la Russie serait là pour en recueillir les débris ; s'étant donné prise sur lui en se faisant adjuger dès à présent quelques parcelles de son territoire, elle se trouverait en mesure de tirer soi et d'absorber le reste.

Alexandre ne méconnut point les avantages de cette combinaison. S'il réussissait à écarter le péril polonais, ce résultat ne serait pas trop chèrement payé de quelque sursis à l'exécution d'autres projets, de quelque ralentissement dans sa marche vers l'Angleterre. Mais réussirait-il à obtenir de Napoléon une concession aussi féconde en conséquences ? S'il se prêta à la solliciter, on peut croire que ce fut surtout par acquit de conscience. Tenant à se dire qu'il n'avait rien négligé pour s'épargner une lutte avec le plus formidable adversaire que la Russie eût jamais rencontré devant elle, il permit à Roumiantsof d'entamer l'affaire, se réservant d'y mettre au besoin et très discrètement la main.

Aussi bien, la négociation à mener ne pouvait ressembler à aucune autre. En suivant la méthode ordinaire, en énonçant nettement ses désirs, la Russie s'exposerait à un grave péril. était à craindre que Napoléon, malgré les sentiments conciliateurs qu'il affectait, ne nourrit au fond de l'âme de mauvais et perfides desseins. En ce cas, le despote sans scrupules s'emparerait de demandes trop clairement articulées pour accuser la Russie à la face du monde de visées spoliatrices, de prétentions attentatoires à l'intégrité et à l'existence d'un État indépendant : il la mettrait dans son tort aux yeux de l'Europe ; tout au moins la perdrait-il irrévocablement dans l'esprit des Varsoviens, et l'empereur Alexandre, malgré ses déboires, ne renonçait jamais complètement à capter ce peuple. Par conséquent, on ne crut à Pétersbourg pouvoir procéder avec trop de prudence, de circonspection et de mystère. On jugea indispensable de ne s'exprimer qu'à demi-mot, par un murmure à peine intelligible, pour se garder la faculté de démentir au besoin ses propres paroles et d'affirmer qu'on n'avait rien dit. Tout se passera donc par insinuations légères, par sous-entendus et réticences, le but de la Russie étant de suggérer un mode de solution, sans l'indiquer positivement, et de se faire proposer ce qu'elle n'entend point demander. Dans le fatras de documents que nous livre à cette époque la correspondance des deux cours, il faut s'attacher à un tout petit mot noyé çà et là dans des flots de rhétorique, à quelques incidentes, à quelques tournures de phrase révélatrices, pour découvrir le secret d'Alexandre ou plutôt de son ministre, pour comprendre à quoi vise et tend leur politique. La négociation qui porte en elle le sort futur des deux empires se fait humble et cachée, se glisse furtivement parmi des discussions de pure forme, longuement et fastidieusement entretenues ; nous la verrons se faufiler à travers un amoncellement de paroles creuses et de dissertations stériles.

D'abord, des insinuations préparatoires furent faites au duc de Vicence. Lorsqu'il se plaignait de l'ukase, on lui répondait sur un ton modéré et conciliant, mais Roumiantsof et même l'Empereur faisaient observer qu'il faudrait s'entendre en même temps, ou peut-être avant, sur d'autres points... qu'il fallait faire la part de la politique avant celle du commerce[24]. L'ambassadeur, s'autorisant de ces déclarations, abordait-il le différend politique, pressait-il les Russes d'accepter Erfurt en échange de l'Oldenbourg, ou d'indiquer un autre équivalent, Alexandre restait dans le vague, se bornant à demander justice, réparation, sécurité, soutenant que c'était à la France de parler et d'offrir ; mais Roumiantsof s'avançait un peu plus. Suivant lui, la porte était toujours ouverte pour s'entendre quand on voudrait proposer une indemnité convenable et juste tant pour le duc d'Oldenbourg que pour la Russie, avec laquelle cette affaire paraissait maintenant devoir se traiter directement... Erfurt n'était une indemnité réelle sous aucun rapport et ne pouvait convenir ni au prince, ni à la Russie, qui ne pouvait en désirer une et en accepter qu'une qui eût dans sa situation même la garantie de sa tranquillité et qui pût être protégée et assurée pour l'avenir[25]. Pour que le nouvel établissement du prince trouvât sa sécurité dans sa position, il devait nécessairement toucher et s'appuyer au seul empire intéressé à le défendre : or, parmi les innombrables territoires dont Napoléon disposait, il n'en était qu'un qui confinât à la Russie : c'était le duché de Varsovie.

Le cabinet de Pétersbourg mettait ainsi notre ambassadeur sur la voie et lui fournissait quelques moyens de déchiffrer l'énigme. Dans le même temps, l'occasion s'offrit de s'adresser directement à l'empereur des Français. Sa lettre au Tsar en date du 28 février, confiée à Tchernitchef, venait d'arriver et nécessitait un retour. Alexandre prépara immédiatement sa réponse : il la ferait naturellement rapporter par Tchernitchef, n'ayant que de trop bonnes raisons pour réintroduire à Paris ce fin observateur, cet agent perspicace et futé. Dans su communication à l'Empereur, il n'entendait se permettre aucune allusion à un morcellement de l'État polonais, mais une rédaction habilement nuancée ne pourrait-elle induire Napoléon à y penser et lui en faire venir l'idée ?

Alexandre rédigea très soigneusement sa lettre, d'après un brouillon écrit de sa main et plusieurs fois remanié[26]. Sur tous les points en contestation, il acceptait et soutenait vaillamment la controverse, attaquait au besoin pour se mieux défendre, sans se départir jamais d'une exquise courtoisie, et, dans la polémique engagée entre les deux souverains, ne se montrait nullement inférieur à son rival. Avec beaucoup de dignité, il réitérait ses plaintes au sujet de l'Oldenbourg, se justifiait de l'ukase, rappelait les services rendus par lui à la cause commune, indiquait en passant que les travaux de fortifications et les armements opérés dans le duché exigeaient de sa part certaines mesures de même ordre. Enfin, après s'être montré en tout fidèle observateur des traités, il terminait ainsi : Loin d'être frappé de la pensée que je n'attends que le moment de changer de système, Votre Majesté, si elle veut être juste, reconnaîtra qu'on ne peut pas être plus scrupuleux que je l'ai été dans le maintien du système que j'ai adopté. Au reste, ne convoitant rien à mes voisins, aimant la France, quel intérêt aurais-je à vouloir la guerre ? La Russie n'a pas besoin de conquêtes et peut-être ne possède que trop de terrain. Le génie supérieur que je reconnais à Votre Majesté pour la guerre, ne me laisse aucune illusion sur la difficulté de la lutte qui pourrait s'élever entre nous. D'ailleurs, mon amour-propre est attaché au système d'union avec la France. L'ayant établi comme un principe de politique pour la Russie, ayant dû combattre assez longtemps les anciennes opinions qui y étaient contraires, il n'est pas raisonnable de me supposer l'envie de détruire mon ouvrage et de faire la guerre à Votre Majesté, et si elle la désire aussi peu que moi, très certainement elle ne se fera pas. Pour lui en donner encore une preuve, j'offre à Votre Majesté de m'en remettre à elle-même sur la réparation dans l'affaire d'Oldenbourg ; qu'elle se mette à ma place et que Votre Majesté fixe elle-même ce qu'elle aurait désiré en pareil cas. Votre Majesté a tous les moyens d'arranger les choses de manière à unir encore plus étroitement les deux empires et à rendre la rupture impossible pour toujours. De mon côté, je suis prêt à la seconder dans une intention pareille. Je répète que si la guerre a lieu, c'est que Votre Majesté l'aura voulue, et, ayant tout fait pour l'éviter, je saurai alors combattre et vendre chèrement mon existence. Veut-elle, au lieu de cela, reconnaitre en moi un ami et un allié ? Elle me retrouvera avec les mêmes sentiments d'attachement et d'amitié qu'elle m'a toujours connus[27].

Ainsi, Alexandre disait en substance à Napoléon : J'accepte d'avance ce que vous m'offrirez, si vous consentez à vous mettre à ma place et à faire ma part en conséquence. Il était impossible d'apporter, dans le règlement d'une affaire épineuse, plus d'abandon apparent et de délicatesse. Au fond, la manœuvre était des plus adroites. Que désirerait en effet Napoléon s'il se trouvait à la place d'Alexandre, c'est-à-dire s'il voyait en face de lui un État agressif et militant, dressé contre ses frontières comme une perpétuelle menace ? Son vœu serait indubitablement que celle cause d'angoisse fût écartée, que ce brandon de discorde frit supprimé ; c'était donc l'inquiétant duché qu'il convenait de sacrifier en partie à de justes appréhensions.

Se bornant à susciter chez Napoléon ce raisonnement, Alexandre n'en disait pas davantage. Il fallait pourtant, si l'on voulait enlever à Napoléon un prétexte trop commode pour se refuser à comprendre, que l'on s'exprimât de façon un peu moins obscure et qu'en fin de compte quelqu'un prononçât à Paris le nom du duché, en l'accolant à celui de l'Oldenbourg. Tchernitchef fut chargé de risquer le mot dans les conversations qu'il ne manquerait point d'avoir avec l'empereur des Français. Ce ne fut pas Alexandre, ce fut Roumiantsof qui lui en donna commission, et encore le ministre évita-t-il de se découvrir entièrement. Sachant qu'il avait affaire à un jeune homme d'entendement prompt et d'esprit éveillé, il se servit d'une comparaison, sans défendre à Tchernitchef de la replacer : après lui avoir expliqué que le désir de l'Empereur était d'associer dans une convention générale les affaires d'Oldenbourg et de Pologne, ainsi qu'un nouveau traité de commerce avec la France, il ajouta : Si l'on pouvait parvenir à mettre les affaires de la Pologne ainsi que celles de l'Oldenbourg dans un même sac, les y bien mêler ensemble et puis le vider, l'alliance entre les deux empires eu deviendrait bien solide, plus intime et plus sincère qu'autrefois, et cela en dépit des Anglais et même des Allemands[28].

Dans les jours qui précédèrent et suivirent cette confidence, Alexandre reprit de plus belle avec Caulaincourt son système de prévenances et de cajoleries. L'ambassadeur avait enfin obtenu son rappel, après trois ans d'épuisant labeur, et devait partir dans deux mois ; il serait remplacé par le général comte de Lauriston, aide de camp de l'Empereur et Roi. En termes charmants, Alexandre lui témoigna un vif regret de le perdre, tout en faisant l'éloge de son successeur, qu'il avait connu et apprécié à Erfurt. Dans sa lettre du 28 février, Napoléon lui avait dit : J'ai cherché près de moi la personne que j'ai supposé pouvoir être la plus agréable à Votre Majesté et la plus propre à maintenir la paix et l'alliance entre nous[29]... Je suis fort empressé d'apprendre si j'ai rencontré juste. A cette question, Alexandre répondait affirmativement et de la meilleure grâce.

Lorsqu'il parlait de l'Empereur, il relevait maintenant d'un ton ses protestations ordinaires, ses assurances d'un attachement mal apprécié et d'une tendresse méconnue : J'ai pu remarquer, écrivait le duc de Vicence, le retour pour Sa Majesté de ce ton affectueux, de ces expressions amicales, je puis même dire de cette effusion de cœur qui se montrait si fréquemment autrefois. — Donnez-moi de la sécurité, répétait Alexandre, montrez-moi amitié autant que j'en ai témoigné et que je désire en témoigner, jamais l'Empereur ni ses alliés n'auront à se plaindre de moi. — Le même jour, ajoute le duc dans son rapport[30], l'Empereur me rencontra à pied au Cours dans le moment où toute la ville s'y promenait. Il m'accosta et m'engagea comme de coutume à l'accompagner. Il ne causa que de choses indifférentes. Comme le public nous remarquait beaucoup, il me dit en riant : Aujourd'hui les diplomates et les marchands ne parleront, j'espère, que de paix. Elle est, votre maître doit le savoir, général, mon premier vœu.

Tandis qu'Alexandre démentait ainsi les bruits de rupture et d'inconciliable dissentiment, Tchernitchef s'éloignait de Pétersbourg au galop de son leste équipage : l'éternel postillon, ainsi que l'appelait Joseph de Maistre[31], s'était si bien habitué aux courses rapides que la traversée de l'Europe en deux semaines n'excédait pas ses forces. Il retournait à Paris plein de zèle et d'entrain, avec mission de désigner en termes allégoriques une base d'accommodement et de négocier par métaphores. Malheureusement, à l'heure où la pensée d'Alexandre opérait cette régression, où il ne se refusait plus à un dénouement pacifique, ses troupes continuaient d'avancer vers la frontière, en vertu d'ordres antérieurs : l'impulsion, qui s'arrêtait au centre, se faisait sentir aux extrémités et y plaçait tout en attitude hostile. Forcément, le bruit de cette marche finirait par éclater au dehors, se propagerait en Europe et se répercuterait jusqu'à Paris, où il exaspérerait les défiances de l'Empereur et le mettrait en alarme. A l'instant où le péril s'éloigne, Napoléon va l'apercevoir : il va se le figurer immédiat et pressant, se croire sous le coup d'une attaque, répondre instantanément au défi et précipiter le mouvement de ses troupes : par une coïncidence fatale, il va en même temps recevoir l'offre conciliatrice et sentir la menace.

 

 

 



[1] Correspondance du résident de France à Varsovie, mars et avril 1811, passim ; correspondance de Suède, mêmes mois ; dépêches de Stedingk, janvier à juin 1811, archives du royaume de Suède ; renseignements transmis par Davout et Rapp, archives nationales, AF, IV, 1653.

[2] Feuille de renseignements transmise par Davout le 31 mars. Archives nationales, AF, IV, 1633.

[3] Dépêche de Stedingk, 16/28 janvier. Alquier écrivait de Stockholm le 25 février, d'après nu récit venu de Russie : Il y a des indices (je cite les propres mots du narrateur) que depuis quelque temps il a été fait au général Moreau des propositions pour l'engager à venir prendre le commandement de l'armée russe. Le fait pouvait être controuvé et était au moins fort exagéré ; il n'en est pas moins curieux de voir mises en circulation, des 1811, toutes les idées qui devaient se réaliser en 1813.

[4] Mémoires de Czartoryski, II, 273.

[5] Dépêche de Bignon, résident de France à Varsovie, 11 mai.

[6] Dépêche de Bignon, 5 juin, d'après un témoin oculaire.

[7] Dépêche de Bignon, 27 avril.

[8] Dépêche de Bignon, 27 avril.

[9] Lettre du 1er avril 1812. Mémoires et Correspondance de Czartoryski, II, 270.

[10] Voyez sur ce point MARTENS, volume cité, 79.

[11] BEER, Orientalische Politik Œsterreich's, p. 250. Mémoires de Metternich, II, 417. MARTENS, 78.

[12] J'aime, disait-elle, que tout le monde se marie. Otto à Champagny, 17 avril.

[13] Otto à Maret, 8 mai.

[14] Sur l'ensemble de l'affaire, voyez la correspondance d'Otto, mars à juillet 1811.

[15] Mémoires de Metternich, II, 418.

[16] Mémoires de Metternich, II, 419.

[17] Mémoires de Metternich, II, 418-419.

[18] TEGNER, Le baron d'Armfeldt, III, 306.

[19] MARTENS, VII, 15.

[20] Le bulletin de police du 18 juin 1811 contient l'extrait suivant d'une correspondance d'Allemagne : Les manufacturiers de la Saxe sont forcés de congédier des centaines d'ouvriers à la fois. Les bâtiments où sont établies les fabriques deviendront des hospices pour y nourrir les pauvres aux frais de l'État ou des maisons de force pour les infortunés qui deviendront voleurs par nécessité. Les Saxons pouvaient devenir les rivaux des manufacturiers anglais, mais cet espoir a disparu, et nous ne pouvons nous relever qu'autant que l'ukase russe, qui défend l'introduction des marchandises de fabrique étrangère, serait rapporté.

[21] 1er avril 1812. Mémoires et Correspondance de Czartoryski, II, 279.

[22] Mémoires et Correspondance de Czartoryski, II, 280.

[23] Voyez à ce sujet les dépêches du résident de France à Varsovie, en date des 30 et 31 mars 1811.

[24] Caulaincourt à Champagny, 27 mars.

[25] Caulaincourt à Champagny, 6 avril.

[26] Archives de Saint-Pétersbourg.

[27] Lettre publiée par Tatistchef, Alexandre Ier et Napoléon, 547-552.

[28] Recueil de la Société impériale d'histoire de Russie, XXI, 84.

[29] Correspondance, 17935.

[30] 134e rapport de Caulaincourt à l'Empereur, envoi du 23 avril.

[31] Œuvres complètes, t. IV de la Correspondance, p. 9.