HISTOIRE DE CHARLES VII

TOME TROISIÈME

LIVRE VII. — PÉRIODE D’AGNÈS SOREL. - AFFRANCHISSEMENT DU TERRITOIRE NATIONAL. - Depuis les trêves jusqu’à l’entière expulsion des Anglais (1444 -1453).

CHAPITRE V. — Joutes et tournois. - Administration. - Institution des francs-archers. - Relations extérieures. - Fin du schisme pontifical. - Différends et négociations avec l’Angleterre. - Restitution du Mans.- Brezé à Paris. - Pèlerinage d’Agnès. - Rupture des trêves (de 1445 au 24 mars 1449).

 

 

En ce temps de trêves, les joutes et tournois se succédaient à la cour de Bourgogne et à celle de France, pour entretenir la chevalerie du duc et celle du roi. Olivier de La Marché, historiographe par excellence de ces jeux chevaleresques, a raconté en détails une suite de pas d’armes, qui, de 1445 à 1446, se tinrent à Arras et en d’autres pays soumis à Philippe le Bon. En 1446, deux solennités de ce genre eurent lieu sur les États du roi de France. La première, fut l’Emprise de la gueule du Dragon, célébrée vers le printemps, entre Chinon et Rasilly. La deuxième, intitulée : Pas de la Joyeuse Garde, se tint quelques mois plus tard, auprès de Saumur[1].

Là, comme à Nancy, René d’Anjou fut le principal coryphée de ces divertissements ou exercices militaires. On y vit paraître sur la lice Pierre de Brezé, en compagnie des Dunois, des Saintrailles et des plus renommés champions du royaume. Cependant l’une de ces joutes coûta la vie à un gentilhomme de René d’Anjou, lequel fut tué d’un coup de lance. D’autres reçurent de mauvaises et laides blessures. Ce genre de plaisir, avec sa série monotone, de prouesses physiques et violentes, avec ses épisodes sanglants, offerts à la vue des gentilshommes, à la vue des dames les plus polies et les plus cultivées, commençait à lasser et à dégoûter ses spectateurs[2]

Quelque temps après ces deux joutes, la cour de France résidait au château de Montils-lez-Tours. Louis de Bueil, brave et jeune chevalier, gentilhomme d’espérance, avait été, en 1443, fait prisonnier dans l’Anjou, par un Anglais nommé John Chalon, ou Chalons, puis mis en liberté, moyennant rançon. Louis crut avoir à se plaindre de la manière dont il avait été traité par son maître ou vainqueur. Il répandit, contre John Chalons, des propos que celui-ci jugeait attentatoires à son honneur. L’Anglais se pourvut auprès du roi de France et lui demanda le jugement judiciaire, ou gage de bataille, à l’effet de prouver son bon droit. Cette vieille et barbare coutume de l’ordalie en champ clos, se décréditait de plus en plus dans les esprits ; mais elle subsistait dans les traditions et dans la loi. Le roi accorda, non sans répugnance, l’épreuve demandée[3].

Au jour dit, le 5 février 1447, une lice fut dressée entre Tours et les Montils. Le roi clé France, président, les juges, les maréchaux de France, etc., prirent place dans les hourts et l’épreuve judiciaire commença. Avant le combat, les chapitres ou conditions du duel à outrance avaient été arrêtés entre les parties. Déjà cinq courses à cheval s’étaient succédé et même avaient été suivies d’effusion dé sana. Le maréchal de Saintrailles, l’un des témoins, proposa de suspendre la bataille. Mais lés chapitres ayant été examinés par ordre du roi, sur la demande de l’offensé, la lutte continua. Une sixième course eut lieu, dans laquelle Chalons rencontra son adversaire au-dessous du gousset de l’emmanchure du bras, contre la poitrine. Il manquait à l’armure de Louis une pièce, nommée croissant, destinée à protéger cette jointure. Chalons rompit le harnois de Louis à la hauteur du sein et lui bouta la lance dedans le corps de part en part et rompit sa lance ; et emporta ledit Louis le fer et du bois bien une aulne, au bout de la lice ; et là l’arracha lui-même. Alors le sang jaillit d’un côté et d’autre. Et adonc fut amené en son pavillon ; et là mourut, environ de six à sept heures de nuit[4].

Ces funestes péripéties étaient encore présentes dans tous les souvenirs lorsque Jacques de Lalain, chevalier errant, demanda la permission de tenir à Paris un nouveau pas d’armes, en l’honneur de la dame de ses pensées, contre tout venant. Le roi refusa cette autorisation. Jacques de Lalain, sans renoncer à son entreprise, se rendit, vers le mois de juillet 1447, auprès du roi de France, en Berry. Charles VII et la cour se trouvaient alors au manoir du Bois-Sire-Amé, à peu de distance de Bourges. Jacques de Lalain parut devant le roi, portant au bras dextre une emprise, c’est-à-dire un bracelet d’or, auquel était attaché un couvre-chef de plaisance[5]. Tout chevalier qui voulait accepter la lutte devait, en signe de son intention, toucher à cette emprise. Le chevalier bourguignon renouvela auprès du roi ses instances[6].

Charles VII, que pour lors on tenoit le plus sage prince de son royaume, prit à part le jeune et bouillant paladin. Il le félicita dans les termes de la plus parfaite courtoisie, et le retint de son hôtel, en lui accordant, quoiqu’il fût Bourguignon, le titre d’écuyer du roi. Il donna ordre au sénéchal de Poitou, premier ministre, ainsi qu’à Jean de Hangest, seigneur de Genlis en Picardie, d’accompagner son hôte et de le fêter à la cour. Mais, par ordre du roi, aucun combat n’eut lieu, et Jacques de Lalain continua sa course en Europe, sans que personne, parmi les chevaliers du roi de France, eût touché son emprise[7].

Charles VII, durant cette même période, donna ses soins à des actes administratifs de la plus haute importance. Celui qui mérite ici d’être mentionné. le premier, se rapporte à l’institution des francs-archers. L’arme des nobles, ou cavalerie, avait été réorganisée ou réformée en 1445. L’ordonnance du 28 avril 1448, dont nous allons parler, couronna l’œuvre, en créant, pour ainsi dire, l’infanterie.

La cavalerie, au moyen âge, formait originairement le principal nerf des armées. Elle seule, composée de gentilshommes, comptait dans les dénombrements, comme dans les récits militaires. Or, non seulement les rangs de l’aristocratie s’étaient ouverts, dans la cavalerie ou chevalerie, à des non nobles, à des aventuriers de toute sorte ; mais à côté des chevaliers armés de lances, des armes accessoires avaient acquis une importance progressive. Ces armes accessoires portèrent d’abord le nom confus d’artillerie. On y distingua peu à peu les archers, les arbalétriers, cranequiniers, guisarmiers ; les manouvriers de machines ou catapultes, d’abord mécaniques, puis explosives ; et enfin les sapeurs, pionniers, et mineurs. La plupart de ces auxiliaires servaient ou pouvaient servir à pied. Dès le quatorzième siècle, un chef général fut donné à cette nouvelle milice, sous le titre de grand maître des arbalétriers, ou, si l’on veut, commandant général des non nobles et de l’infanterie. Puis un office semblable, qui constituait également l’une des grandes charges de la couronne, apparut sous le titre de grande maîtrise de l’artillerie. Ainsi commencèrent à s’anoblir ces parties du corps militaire, flétries, jusque-là, par l’aristocratie d’épée, sous les noms de piétaille, de taupins, et autres épithètes plus méprisantes encore.

Après la venue de Jeanne Darc, les villes soumises à la domination anglaise rentrèrent peu à peu sous l’autorité du roi de France. Charles VII se rattacha ces villes par le lien militaire. Ainsi, en 1451, le roi ordonne aux Châlonnais en Champagne d’entretenir désormais parmi eux une garnison de quinze lances et six archers[8].

Depuis longtemps, les cités considérables stipendiaient, pour leur sûreté, ou leur police intérieure, une force armée. Les places militaires et même de simples bourgades avaient. en outre des confréries ou communautés qui s’exerçaient, en temps de paix, au tir de l’arc ou de l’arbalète. Charles VII, lorsqu’il s’agit de reconquérir son royaume, trouva son plus ferme appui, son secours le plus efficace, dans ces milices urbaines ou rurales. Il eut soin, depuis la prise de Paris surtout, d’encourager par des privilèges, de développer, de multiplier ces utiles et patriotiques institutions. L’arc, l’arbalète, l’artillerie, furent mis en honneur par une suite d’ordonnances qui nous sont restées[9].

Après avoir ainsi préparé l’œuvre, Charles VII tira de ces pépinières un produit général et uniforme. L’ordonnance du 28 avril 1448 prescrivit qu’à l’avenir, il serait créé un milicien du roi par paroisse. Ce terme conventionnel fut pris, dans le principe, comme mode d’énonciation. Peu après, il s’entendit en ce sens que les contribuables à la taille devaient fournir un archer par groupe de cinquante feux. A cet effet, les élus, joints à des commissaires spéciaux, sous l’autorité des châtelains et des baillis, choisirent dans chaque ville ou bourgade, un homme par cinquante feux, ou maisons ; le plus apte au maniement, soit de l’arc, soit de l’arbalète. Cet homme, une fois reçu, demeurait exempt du guet et garde, du service militaire de sa ville et de la taille. On lui donna en conséquence le titre de franc-archer du roi et de son ordonnance[10].

Le franc-archer fut armé et équipé par les contribuables, savoir : d’une huque (habit militaire), chausses, Jacques ou brigandines (sorte de plastron), arc ou arbalète, trousse (carquois), épée, dague, et salade ou chapeau de fer. En temps de paix, le franc-archer se tenait dans ses foyers et ne recevait aucune solde. Mais il devait, à toutes les fêtes indiquées, revêtir son habillement et paraître sous les armes pour s’y exercer au tir, en compagnie des confrères de la communauté locale, ou des jeunes gens qui désiraient se former au même exercice. Il devait, en outre, se rendre tous les trois mois, au chef-lieu de la châtellenie, pour la revue ou inspection, que passait le capitaine.

En temps de guerre, le franc-archer, prévenu deux mois d’avance, obéissait au mandement royal. Il recevait alors une solde de 4 francs par mois. Les gages du capitaine, qui étendait son autorité sur le ressort de sa châtellenie, s’élevaient à 120 livres par an. Les francs-archers étaient immatriculés sous leurs nom, prénoms et surnom. Les élus tenaient également registre de leur nombre, calculé et distribué par élection, avec indication des demeures ou paroisses[11].

Telle fut l’ordonnance du 28 avril 1448. A partir de ce moment la monarchie eût une sauvegarde, et la France, une armée nationale. Par l’infanterie, le tiers état, qui jusque-là n’avait été rien, entra dans la société militaire. Ce contingent donna naissance, cri se multipliant, à l’artillerie et au génie, qui sont aujourd’hui les corps d’élite. L’art de la guerre fut transformé. Le nombre et la tactique prirent le rôle exclusivement et surtout fictivement rempli jusque-là par les prouesses des chevaliers, combattant un à un, de pied en cap. Tout Français put porter l’épée, comme un gentilhomme. L’égalité militaire naissait, après l’égalité religieuse, et précédait l’égalité civile[12].

Au milieu de ces grands travaux, Charles VII perdit l’un de ses meilleurs conseillers, Gérard Machet, son confesseur. Félix V avait accordé à ce ministre du roi la pourpre romaine et l’inscrivit au nombre des cardinaux. Mais le modeste clerc ne se prévalut jamais de ce titre, qui, d’ailleurs, par l’autorité dont il émanait, rappelait le schisme pontifical. Gérard se contenta de l’évêché de Castres, et les soins de ce ministère pastoral eussent complètement suffi à sa sollicitude, s’il n’avait été retenu à la cour, contre ses penchants, contre ses efforts, plus d’une fois manifestés avec la sincérité la plus évidente. Devenu vieux et infirme, il se retira dans une sorte d’ermitage, près de Loches. Délivré du poids le plus lourd des affaires quotidiennes, il y vécut ses derniers jours, au sein d’une retraite ennoblie par une pieuse philosophie et embellie par une correspondance littéraire, qui nous a été conservée. Il y mourut le 17 juillet 1448, à l’âge de soixante-huit ans[13].

D’autres mesures administratives, d’une moindre importance, furent prises, à cette époque, par le gouvernement royal. Nous citerons, comme exemples, l’ordonnance rendue à Chinon en janvier 1446, portant érection d’un échevinage en la ville de Langres ; des lettres relatives à la possession des bénéfices ecclésiastiques dans le diocèse d’Évreux ; l’ordonnance remarquable du 26 mars, même année, qui commet les causes de l’Université,de Paris au Parlement ; celle qui règle la jouissance des offices dévolus précédemment et concurremment à divers impétrants ou titulaires ; l’ordonnance donnée à Montils-lez-Tours, le 28 octobre, concernant le style du Parlement ou procédure civile, et les offices électifs. Nous citerons, en 4447, des lettres concernant les privilèges des sergents et des foires de Champagne ; l’évocation au Parlement de Paris d’un procès des Dijonnais contre le duc de Bourgogne ; la déclaration du 26 novembre, interprétative des ordonnances précédentes sur les finances. Nous indiquerons encore un nouvel édit, du 27 mai 1445, tendant à affranchir de divers obstacles ou péages la navigation de la Loire et de ses affluents[14].

Uri très grand nombre d’autres actes, que nous ne saurions analyser, se composent de privilèges accordés à des villes, à des corporations, à des localités diverses. Elles attestent, de la part de l’autorité, une vigilance, une sollicitude, une extension de la tutelle administrative, qui ne se révèlent point dans le passé[15].

Nous venons de jeter un coup d’œil sur la politique et l’administration de Charles VII à l’intérieur. Ses relations avec les puissances étrangères n’offrent pas un tableau moins digne d’attention.

Jacques II, roi d’Ecosse, allié politique de la France, avait pour sœurs six princesses à marier. Énée Piccolomini ajoute que ces princesses, inégalement douées des dons de la nature, n’étaient point pourvues de dots. Ainsi que l’avait fait son père, Jacques II s’adressa, dans ce besoin, au roi de France. Il lui demanda des époux pour ses sœurs, et pour lui-même une épouse. Charles VII, victorieux, accueillit de bonne grâce la requête d’un allié, qui s’était montré peu utile (à tout prendre), mais fidèle. Marguerite Stuart, l’aînée, avait été Dauphine de France. Charles VII, en 1441, maria la seconde, Isabelle d’Écosse, à François de Montfort, depuis duc de Bretagne[16].

Au moment où la Dauphine expirait à Châlons, Éléonore et Jeanne, ses sœurs, mandées par Marguerite et par le roi de France, débarquaient à l’Écluse. Le 19 août 1445, vingt-quatre personnes de la maison du roi ou du Dauphin se rendirent à Tournay, au-devant de ces princesses, que le roi fit amener à la cour de France, en la compagnie de la reine. Éléonore fut proposée pour épouse°au Dauphin ; mais divers obstacles et surtout le refus de Louis, puis sa fuite, empêchèrent l’accomplissement de cette union. A défaut de son fils, Charles VII voulut donner en mariage à madame Éléonore un prince dont il avait été le beau-père spirituel et légal. Madame Radegonde de France était morte, laissant Sigismond d’Autriche veuf de sa fiancée, sans l’avoir obtenue pour compagne. Le 8 septembre 1448, Ludwig de Landsée, commandeur de l’ordre Teutonique ; Perceval d’Annemberg, burgrave du château du Tyrol, et Léonard de Welseg, châtelain de Taufers, ambassadeurs de l’archiduc, se trouvaient à Chinon. Là, en présence du roi Charles et de toute sa cour, ils épousèrent, au nom de leur maître, Éléonore d’Écosse, et la conduisirent immédiatement en Allemagne[17].

Peu de temps après, un congrès ou réunion diplomatique eut lieu, à Tours, entre le chancelier d’Écosse et autres commissaires ou ambassadeurs de Jacques II, d’une part, et les commissaires du roi de France. A la suite de cette conférence un nouveau traité fut signé des deux parts, le 31 décembre 1448, pour renouveler l’antique alliance des deux royaumes entre eux, et nommément contre l’Angleterre[18].

Charles VII, dans le même temps et dans les mêmes desseins, renouvela également des traités de paix et d’amitié qui l’unissaient au roi de Castille[19] et à différents princes de l’Allemagne. On a vu le roi de France étendre au nord ses regards, vers le Rhin, comme vers la frontière naturelle du royaume. Ce prince, avec les yeux d’un politique, considérait aussi, au delà des Alpes et des Apennins, les plaines heureuses, marquées par l’histoire du nom et des souvenirs qu’y avaient laissés les Gaulois. Dès le commencement de son règne, il avait cherché et trouvé des appuis en Italie. Le 30 mars 1446, un traité intervint entre le roi et le duc de Savoie, pour régler la souveraineté de certaines terres dépendant de l’Église de Lyon. A cette époque, le roi entretenait des relations d’amitié avec le doge de Venise et recevait à sa cour Scipio Carafa, ambassadeur de la Sérénissime République, alors en guerre contre Milan[20].

Charles, duc d’Orléans, comme héritier de Valentine des Vicomtes, élevait de légitimes prétentions sur la seigneurie d’Asti en Piémont et sur la principauté de Milan. Charles VII, le 27 décembre 1446, avait signé avec le Milanais un nouveau traité d’alliance. L’année suivante, la succession de ce duché s’ouvrit par le décès de Philippe-Marie. Charles VII, alors, appuya les tentatives que fit son cousin d’Orléans, mais infructueusement, dans ces contrées[21].

La couronne elle-même avait acquis, sous le règne de Charles VII, des droits primitifs sur l’État de Gênes et fait accepter, dès cette époque, aux Génois, la suzeraineté de la France. Des dissensions civiles, des vicissitudes locales, et embarras qui marquèrent la première période de Charles VII, ne lui avaient point permis jusque-là d’étendre à cette possession lointaine une sollicitude efficace. Cependant, de nouvelles éventualités s’offrirent au roi de France, pour rétablir dans ce pays son autorité méconnue. En 1446, le bâtard de Saint-Vallier, introduit par des seigneurs génois, se présenta pour reprendre possession de cet État, au nom du roi de France. Puis des dissensions s’élevèrent entre les vainqueurs, et le bâtard fut perfidement expulsé du poste qu’il occupait. Charles VII, alors, envoya sur les lieux une députation, qui avait à sa tête Jacques Cœur, argentier du roi ; Jacques des Ursins, archevêque de Reims ; T. du Chatel, sénéchal de Provence, et d’autres[22].

Le 15 février 1448, Jacques Cœur écrivit de Montpellier une dépêche au gouvernement de Charles VII ; pour lui rendre compte de sa mission et de la situation dés choses. Cette lettre autographe, qui subsiste en original, est adressée au comte d’Évreux (Pierre de Brezé) et au seigneur de Précigny (Bertrand de Beauvau), conseillers intimes du roi. Jacques Cœur y invitait le roi à diriger des gens d’armes sur la côte italienne et même à s’avancer en personne jusqu’à Lyon[23].

Mais, à cette date même, l’expédition du Mans, que nous raconterons bientôt, puis la disgrâce momentanée de Brezé, empêchèrent qu’il fût donné suite aux conseils du judicieux ambassadeur. Le roi, peu de temps après Pâques (24 mars), envoya une ambassade vers le pape Nicolas V, qui venait de succéder à Eugène IV. Guy Bernard, archidiacre de Tours, et autres, étaient au nombre des envoyés. Ceux-ci partirent de Tours et se dirigèrent vers le Midi, avec ordre de rallier Jacques Cœur, qui devait également participer à cette nouvelle légation. Peu après, l’entreprenant financier s’embarquait à Marseille, accompagné de ses collègues d’ambassade. Jacques Cœur, dans cette traversée, commandait une escadrille, armée à ses frais et composée de onze fustes ou bâtiments de divers tonnages, appelés aussi galiaces, galées et galiotes[24].

Indépendamment des passagers, ces transports contenaient dés vivres et des munitions de guerre. Jacques Cœur cingla d’abord vers le château de Final, près de Gênes. Cette place était occupée, pour Charles VII, par le marquis de Caretto, des seigneurs de Savone, alliés depuis le quatorzième siècle à la France. Jacques. Cœur débarqua ses vivres, avitailla la place et renvoya les transports à Marseille. Puis il continua sa routé sur Civita-Vecchia. Les Génois lancèrent leur marine à la poursuite du capitaine ou ambassadeur français. Mais celui-ci leur échappa et conduisit sa légation à bon port[25].

Parmi les grandes affaires, ou difficultés que Charles VII eut à résoudre à l’extérieur, aucune autre ne surpassa en importance la question du schisme pontifical : nulle ne fit plus d’honneur au roi de France par son heureuse solution. Au quinzième siècle, la papauté, signe visible d’une autorité qui représentait la croyance universelle, était une des clefs de voûte de l’ordre social. Cependant Félix V venait en dernier lieu d’élever de nouveau tiare contre tiare et autel contre autel. Le roi de France, dans ses temps d’infortune, avait généralement trouvé auprès du saint-siège une condescendance équitable et même favorable. Le fils aîné de l’Église n’oublia pas ces antécédents, lorsque ses succès politiques et militaires firent de lui l’un des princes les plus considérables et des plus influents de la chrétienté.

Bien que déjà attaqués sur certains points par l’esprit de critique moderne, le dogme et la hiérarchie catholiques régnaient souverainement sur les consciences. Quelques hardis novateurs songeaient à donner au dogme une interprétation nouvelle et plus étendue. La hiérarchie et la discipline leur paraissaient susceptibles de réformes. Charles VII mérite d’être compté parmi ceux qui composaient ce dernier parti. Mais aucun esprit sensé ne pensait alors à ébranler par sa base cette grande institution religieuse. Charles VII, au préjudice de ses penchants personnels, de ses intérêts immédiats, en un mot, dans une vue évidemment consciencieuse et de bien public, travailla, dès le premier jour, à éteindre le nouveau schisme.

Tant que vécut Eugène IV, pontife ardent et prompt dans ses entreprises, le roi de France ne put que se concilier personnellement l’estime et l’amitié da pape et de l’antipape. Mais il n’aboutit point dans ses tentatives répétées de conciliation. Eugène IV mourut à Rome le 23 février 1447. Aussitôt, le conclave des cardinaux lui donna pour successeur Thomas de Sarzane, qui ceignit le triple règne sous le nom de Nicolas V. Cette substitution, si elle s’était répétée du côté de Félix, tendait à perpétuer indéfiniment la situation désastreuse de l’Église. Charles VII saisit cette occasion et redoubla de soins et d’activité, sur un sujet aussi digne d’attirer sa royale sollicitude. Des démarches assidues furent renouvelées auprès des deux adversaires, de concert avec les autres puissances. Charles VII entraîna dans le cercle de son action la coopération de l’Angleterre et des divers princes de l’Allemagne[26].

Les habiles diplomates que le roi employa dans ces longues et délicates négociations, furent Jacques Cœur ; l’archevêque de Reims ; Hélie de Pompadour, archidiacre de Carcassonne et bientôt évêque d’Alais ; Jacques de Comborn, évêque de Clermont ; le comte de Dunois, le maréchal de La Fayette ; T. Duchâtel, sénéchal de Beaucaire ; Guy Bernard, archidiacre de Tours ; Guillaume Boville ou Bouillé, doyen de Noyon, et Thomas de Courcelles. Ces envoyés se réunirent d’abord à Lyon, vers le mois de juillet 1447, avec les envoyés des autres puissances. Ils se rendirent ensuite et successivement à Rome auprès de Nicolas V, et à Genève, puis à Lausanne, auprès de Félix V. Le 10 juillet 1448, on vit entrer à Rome, au nom du roi de France, une ambassade solennelle, conduite et pour une grande part défrayée par Jacques Cœur. Cette légation, qui se composait d’un cortége de trois cents chevaux, comprenait, avec les députés du roi, ceux de son fils le Dauphin, ceux de René, roi de Sicile, et autres princes. Son double but était : 1° de reconnaître l’obédience de Nicolas V ; 2° de faire agréer entre les deux élus ou prétendants à la papauté, des paroles de conciliation[27].

Des efforts aussi zélés, aussi soutenus, furent enfin couronnés de succès. Le 7 avril 1449, Félix V se désista du pontificat, en conservant le litre de légat du saint-siège. Ses actes antérieurs furent en partie maintenus et confirmés. Nicolas demeura seul pasteur de l’Église et chef suprême de la catholicité[28].

Cependant deux grandes et belles contrées du royaume, la Normandie et la Guyenne, demeuraient soumises à la domination de l’Angleterre. Mais le temps approchait où la fortune de la France allait prendre décidément une face nouvelle. Déjà la Providence avait opéré de merveilleux changements, signes avant-coureurs d’une péripétie, bien imprévue quelques années auparavant, Henri V, le lion de l’Angleterre, était mort, laissant après lui, en la personne de Henri VI, une timide brebis. Ce jeune prince, chétif, méticuleux, doutait lui-même de la légitimité de sa couronne, dévolue en effet à sa race par une usurpation. Assiégé de scrupules, impropre au rôle viril de la politique, les forces physiques et intellectuelles lui manquaient à la fois. Le petit-fils de Charles VI l’Insensé, perdit à son tour la plénitude de sa raison. En épousant la belle et intelligente Marguerite d’Anjou, il tomba naturellement sous la tutelle absolue de cette princesse. Enfin, les dissensions intestines, qui, sous Charles VI, avaient livré notre pays à la merci des Anglais, se reproduisaient identiquement sur leur propre sol et déchiraient l’Angleterre.

Jamais rôle plus difficile, jamais position plus fatale, peut-être, ne fut imposée à une personne du rang qu’occupait Marguerite. Animée des plus nobles et clés plus pures intentions, dévouée, avec une abnégation personnelle des plus sincères, à la gloire et à la prospérité du pays qui l’adoptait pour souveraine, elle eut à lutter contre les intérêts les plus légitimes, contre le droit évident de la France, contre ses penchants naturels et les sentiments les plus tendres de son cœur. Marguerite, placée entre sa famille propre et son époux, entre sa patrie de naissance et sa patrie d’adoption, endura sur le trône le supplice et le martyre. A peine arrivée en Angleterre, elle fut conduite, par une pente irrésistible, à prendre le parti de Suffolk, auteur de son mariage, contre le duc de Glocester, qui avait été très hostile à cette alliance et qui prétendait à la couronne. Ainsi commença l’impopularité de Marguerite[29].

La situation des Anglais en Normandie formait, de tous points, un contraste, une anomalie, comparée au gouvernement sage et prospère du roi de France. Le brigandage des gens de guerre subsistait dans cette province. L’autorité anglaise était impuissante à soumettre ses troupes à la discipline. Dépourvue d’une impulsion vigoureuse, destituée de finances, l’administration civile était énervée. Les gouverneurs se succédaient au gré des partis, qui, à tour de rôle, triomphaient devant le parlement ou à la cour de Westminster. Désavoués dès le temps de leur activité par des adversaires politiques, — en se remplaçant, ils se condamnaient ou se désavouaient entre eux. Des influences locales, livrées à la vénalité, réduites à la concussion, décidaient arbitrairement toutes les questions d’intérêt public. Les forteresses tombaient presque en ruine et manquaient de munitions. Aucune vue générale, tutélaire, suivie, ne présidait plus à la conservation intelligente et prévoyante du pays conquis.

Cependant le drapeau de Charles VII flottait sur la terre normande, à Évreux, aux portes, pour ainsi dire, de Rouen, capitale de cette province. La politique de Charles VII venait de créer, sur le littoral, à Granville, une cité florissante et française[30].

Dès le principe, les trêves jurées en 1444 furent mal observées. Le bras de l’Océan, qui sépare nos côtes du littoral anglais, se peupla de pirates, ou écumeurs de tuer. Sous le nom de bréviers, ceux-ci épiaient les navires de commerce venant de la Rochelle, ou leurs alliés, et les attaquaient à force ouverte. Dans le même temps, le sol de Normandie était sillonné de brigands, qui infestaient surtout la frontière française. Ces individus, armés en guerre, marchaient principalement la nuit. De jour, il se couvraient de masques et furent appelés de là les faux visages. Ils exécutaient des incursions rapides, accompagnées de meurtre et de pillage ; puis lis rentraient dans l’ombre de leurs retraites, ou se mêlaient aux garnisons anglaises. Les seigneurs français, attaqués par ces pillards, les populations limitrophes maltraitées, leur tendaient à leur tour des embûches, usaient de représailles et outrepassaient plus d’une fois les termes du traité[31].

Le gouvernement de Henri VI et celui de Charles VII gémissaient de ces désordres : ils s’entremirent d’abord avec un zèle véritable à y remédier. Le département des manuscrits de notre bibliothèque nationale a recueilli de diverses mains le dossier, qui semble redevenu complet, des dépêches officielles, échangées à cette époque entre la France et l’Angleterre : De nombreuses lettres originales de Marguerite d’Anjou, de Henri VI, de leurs ministres, et les travaux ou instructions des diplomates anglais et français, nous permettent de suivre, à la lumière du jour, ces négociations. De 1445 à 1449, une série d’ambassades réciproques et de congrès ou de conférences, entretenues sur divers points de la Normandie, se suivit à de brefs intervalles[32].

Les principaux personnages qui prirent part à ces communications furent, du côté des Anglais, le marquis puis duc de Suffolk, lords Boos et Dudley, sir Adam Moleyns, évêque de Chichester, privé-scel du roi d’Angleterre ; Thomas Hoo, chevalier, assisté de Garter, King-at-arms et de Simon Morbier, trésorier d’Henri VI en France. Charles VII commit particulièrement à ces relations Pierre de Brezé, l’archevêque de Reims, le comte de Dunois, Bertrand de Beauvau et le bailli du Limousin, nommé Jean du Mesnil-Simon, seigneur de Maupas. Enfin la charge active de tous ces rapports incomba particulièrement au zèle et à la capacité de Guillaume Cousinot, seigneur de Montreuil, maître des requêtes et l’un des hommes les plus remarquables de cette époque, par son mérite et ses lumières. Ces diplomates s’attachèrent, clans leurs réunions multipliées, à résoudre les difficultés qui s’élevaient incessamment entre les deux souverains. Les trêves furent successivement prolongées jusqu’au terme final du 1er avril 1450[33].

Un article secret du traité de mariage entre Marguerite d’Anjou et le roi Henri stipulait que la ville du Mans, occupée par les Anglais, serait immédiatement rendue à la France. L’exécution de cette clause fut l’objet des plus sérieuses difficultés. Le gouvernement de Henri VI n’osa point donner hautement l’ordre .d’accomplir cette promesse, considérée, par les adversaires de la reine, comme une stipulation clandestine, illicite, et comme un acte de trahison. Après divers délais, l’ordre écrit, mais secret, fut envoyé, au nom du roi Henri, à Mathieu Gough et Foulques Eton, d’évacuer cette place et de la remettre, non au roi de France, mais au seigneur immédiat, prince de la maison d’Anjou. Eton et Gough refusèrent d’exécuter cet ordre, et les autorités subalternes opposèrent une résistance plus ou moins détournée. Les derniers délais épuisés, il fallut recourir à la force ouverte[34].

Dans les premiers jours de mars 1448, après quatre années environ de pourparlers, Charles VII fit avancer ses gens d’armes sous les murs du Mans. Le roi vint prendre lui-même son gîte au château de Lavardin, pour surveiller les opérations. L’armée d’occupation se composait de six à sept mille hommes, sans compter la réserve qui entourait le roi. Ces troupes étaient commandées par le connétable, le comte de Dunois, les maréchaux de Lohéac et de Jalognes, Prégent de Coëtivy, Jacques, seigneur de Clermont, Jacques de Chabannes, sénéchal du Bourbonnais, les seigneurs de Blanchefort, Preuilly, Sainte-Sevère, Charles de Maillé et divers capitaines d’ordonnance. La place fut investie, approchée de très près, et Jean Bureau vint poster ses canons de manière à presser ou à tenir en échec les moindres mouvements de l’ennemi. Dans cette extrémité, de nouveaux pourparlers s’établirent, par l’intermédiaire du privé-scel. La garnison anglaise se retira, corps et biens saufs, et livra la ville au roi de France le 16 mars 1448. Cet abandon eut lieu pour ainsi dire sans coup férir, à l’exception de quelques escarmouches, et sans que les trêves fussent officiellement rompues[35].

Ici se placent quelques faits particuliers, événements de palais, qui nous semblent, toutefois, dignes d’être retracés et suivis avec une minutieuse attention.

Charles VII, parti de Tours, tenait, le 6 mars 1448, son conseil au manoir de Lavardin. Du 6 au 16, date de la reddition du Mans, le roi habita les châteaux de Lavardin et de Montoire, voisins du théâtre de la guerre. Pierre de Brezé, tour à tour présent au siége et à la cour, prit une part active et continue, tant au conseil qu’à l’action. Agnès Sorel, d’après la tradition locale recueillie par l’histoire, accompagnait le roi dans cette prise d’armes[36].

Après la reddition, Charles VII, toujours accompagné d’Agnès et de Brezé, retourna, vers le 22, à Tours et célébra la fête de Pâques (24 mars) en cette ville. Tous trois S’y trouvaient encore au mois d’avril suivant, du moins antérieurement au 28. A cette époque[37], selon le témoignage de l’excellent continuateur de Monstrelet (Mathieu d’Escouchy), P. de Brezé, pour vaincre les défiances du roi, se livra, comme on l’a vu, entre les mains de la justice. Sa cause, dit le même historien, l’ut commise au Parlement de Paris ; et c’est là (ou peut-être à Melun) que le premier ministre se rendit pour l’aire entendre sa défense. En effet l’ordonnance du 28 avril 1448, sur l’institution des francs-archers, ne porte pas, dans sa rubrique finale, le nom de Pierre de Brezé, quoique ce grand acte, longuement et à plusieurs reprises délibéré dans le conseil, fût, jusqu’à un certain point, l’œuvre propre de cet homme d’État. A partir de ce jour, le nom de Pierre de Brezé disparaît, durant plusieurs mois, des registres du conseil royal[38].

Cependant le jour même, pour ainsi dire, où Charles VII signait cette ordonnance, Agnès Sorel, qui ne quittait jamais le roi, partit de Tours et se dirigea vers Paris. La damoiselle de Beauté, conduite par Guillaume Goufier et Poncet de Rivière, écuyers du roi, voyageait cri grande pompe ou équipage. Un compte domestique nous apprend que le but de cette excursion était un pellerinage à madame Sainte-Geneviefve de Paris[39].

Tout récemment, la reine Marie d’Anjou avait ainsi visité le mont Saint-Michel. I1ais, quant à la deuxième compagne du roi, ce pieux motif ne saurait être pris comme absolument véridique. Aux environs de la cour, en effet, il ne manquait pas, dans le Berry, en Auvergne, en Orléanais, de lieux de pèlerinages plus rapprochés du roi ; or ce prince conserva, pendant toute la saison, sa demeure en Touraine. D’ailleurs, au quinzième siècle, les pèlerinages étaient, pour la politique, un prétexte habituel et en quelque sorte consacré, lorsqu’il s’agissait de motiver ou de colorer aux yeux du public certains déplacements. Les lecteurs de cet ouvrage en ont pu remarquer plus d’un exemple[40].

Agnès Sorel quitta Paris, pour son retour, le 10 mai 1448. Le 14 mai, Pierre de Brezé, conseiller, chambellan du roi et son sénéchal de Poitou, donne quittance d’une somme à lui précédemment allouée, comme ministre, par les états d’Auvergne. En juin, nouvelle quittance analogue. Pierre de Brezé était donc, au 14 mai, déjà relevé de sa disgrâce. Il reparut peu à peu aux affaires, dit le chroniqueur Escouchy. Au mois d’août, puis de septembre suivant, on retrouve son nom sur les registres du conseil[41].

Si nous saisissons bien la portée logique de ces faits, de ces rapprochements, le véritable but du voyage accompli par la favorite au sein de la capitale, où elle pénétrait, à ce qu’il semble, pour la première fois, n’était-il pas de sauver le ministre ? Habituée à voir les plus hauts fonctionnaires s’incliner devant elle, la conseillère toute-puissante, secrètement accréditée à cet effet par le roi lui-même, vint, sans doute, faire entendre aux juges de Brezé le mot propre à déterminer l’heureuse issue de cette épreuve... Quoi qu’il en soit, Pierre de Brezé absous et la belle Agnès ne tardèrent pas à retourner en Touraine, où ils reprirent, aux côtés du roi, la faveur dont ils jouissaient antérieurement.

Par le siége du Mans, Charles VII avait montré aux Anglais que sa longanimité, quelque grande qu’elle fût, n’était pas sans bornes. Mathieu Gough et Foulques Eton, se voyant chassés de ce point considérable, allèrent s’établir à Pontorson et à Saint-James de Beuvron, sur les confins de la Bretagne et de la Normandie. Ces deux places, après avoir été prises et reprises, pillées et désolées par les deux partis, avaient été rasées et déclarées neutres. Les capitaines anglais s’y postèrent et se mirent à relever les fortifications, non sans étendre leurs ravages au dehors de ces deux enceintes. Les homicides et les infractions aux trêves recommencèrent comme par le passé[42].

Le gouvernement de Charles VII adressa de nouveau des réclamations à celui de Henri VI. Une nouvelle série d’ambassades eut lieu entre les deux puissances. Edmond de Beaufort, duc de Somerset, avait récemment succédé au duc d’York, comme lieutenant du roi d’Angleterre en Normandie. Adam Moleyns, évêque de Chichester, William Falconbridge et Robert Roos, chevaliers ; Raoul Roussel, archevêque de Rouen ; maître Jean Lenfant, docteur en théologie ; Jean Cousin et Louis Gallet, prirent en main, comme délégués, les intérêts du gouvernement britannique. Charles VII continua aux mêmes conseillers le soin des négociations. Diverses entrevues de ces diplomates se renouvelèrent, mais sans résultat décisif, en l’église de Saint-Ouen de Léry (diocèse d’Evreux), au manoir de Maigrement (près Louviers), dans les églises et manoirs de Rouville, Vaudreuil, etc. La morgue hautaine du nouveau gouverneur contribua puissamment à hérisser, au lieu de les aplanir, les difficultés de ces communications[43].

Charles VII, en voulant la paix, avait admirablement préparé la guerre. Grâce à lui, la chrétienté recouvrait le calme et l’ordre moral, avec l’unité de sa hiérarchie. Au dehors, il avait fortifié ses alliances. Au dedans, les prétentions des grands barons abattues ou comprimées, on voyait renaître l’ordre des finances, la justice, la richesse et la prospérité. Au sein du corps militaire, la discipline se régularisait et doublait les forces d’une armée nationale. Qu’une éventualité, qu’une grave atteinte, de la part des Anglais, fît échoir un casus belli, la France était prête. Cet événement ne devait pas tarder à se présenter, grâce à l’anarchie et au désordre qui caractérisaient le gouvernement de la Normandie. Au lendemain de la prise du Mans, des trêves mal assurées avaient été renouées : il n’était pas difficile de prévoir que ce nouvel armistice ne serait, point de longue durée[44].

Charles VII, dans des lettres du 6 septembre 1448, adressées aux bourgeois de Reims, annonçait dès lors hautement son dessein d’entrer en Normandie et leur demandait leur concours. Peu de temps après, le roi, qui habitait Bourges, vint résider quelques jours à Orléans. Déjà, par divers actes, il avait honoré cette noble cité. Des secours pécuniaires et des privilèges royaux l’avaient aidée à réparer ses dommages. Nous avons signalé ci-dessus les stations que Charles VII, depuis le supplice de Jeanne Darc, fit sur les divers points de son royaume qui rappelaient particulièrement le souvenir de cette héroïne. Le 3 octobre 1448, le roi de France et sa maison vinrent s’établir à Orléans. Le prince choisit pour sa demeure non pas l’hôtel ducal ou du Gouvernement, mais la maison du trésorier Jean Boucher, qui avait été l’asile de la Pucelle[45].

A la veille d’une guerre importante, L’attitude et les sentiments du duc de Bourgogne pouvaient être un dernier sujet de préoccupation légitime. Le duc prétendait conserver l’intitulé diplomatique par la grâce de Dieu. Quelques légères questions de limite et de souveraineté étaient encore litigieuses entre les deux puissances. Un congrès, composé de commissaires français et bourguignons, s’ouvrit à Paris, au mois d’octobre 1448. Philippe le Bon avait sur les bras les Gantois. Son commerce des Flandres avec l’Angleterre lui faisait une nécessité de ménager le gouvernement de Henri VI. Les plénipotentiaires montrèrent, de l’une et l’autre part, les dispositions les plus conciliantes. Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne, intervint de nouveau comme diplomate, pour exhorter le roi d’Angleterre à respecter les trêves de la France. Diverses ordonnances, rendues par Charles VII en janvier 1449, pacifièrent ou assoupirent les différends qui existaient entre le roi de France et son plus redoutable vassal. Le 16 février, Pierre de Brézé fut nommé par le roi capitaine de Châtillon-sur-Indre, et Floquet, capitaine de Meulan en Normandie. Enfin, le M mars 1449, François de Surrienne, l’un des capitaines anglais, s’empara de Fougères sur le territoire breton, et rompit ainsi ouvertement les trêves[46].

Il ne restait plus au roi de France qu’à tirer l’épée, et son devoir était d’entreprendre, contre les Anglais, une expédition décisive.

 

 

 



[1] O. de La Marche, Panthéon, p. 408 et suiv. Chron. de Lalain, p. 626. Escouchy-Beaucourt, t. I, p. 81, 91. La Colombière, le Vray théâtre d’honneur et de chevalerie, 1647, in-fol., t. I, p. 81. Villeneuve, Histoire de Rend d’Anjou, t. II, p. 6 à 22. René-Quatrebarbes, Œuvres, t. I, p. lxxv et suiv. Comptes de Guillaume Goufier, écuyer, varlet de chambre du roi, 1446. Archives des Deux-Sèvres. Communiqué par l’archiviste, M. Goujet.

[2] Escouchy, p. 108.

[3] Escouchy-Beaucourt, t. I, p. 108 et suiv. Fabyan, Chronicle of London, 1559, in-fol., p. 447. Relation de la joute (Ms. Harléien, etc.), publiée par M. Lambron de Lignim, Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. XI, p. 288 et suiv. ; ibid., p. 331.

[4] Ibid. Thom. Carte, History of England, 1752, in-fol., t. II, p. 125, Bibliothèque de l’École des chartes, t. XXIII, 1862, p. 149 et suiv.

[5] Bonnet ou coiffure de fantaisie.

[6] Chronique de Lalain, p. 635. Itinéraire. Le Bois-Sire-Amé s’appelait ainsi d’ancienneté, Boscus senioris Amati. Ce nom donc ne lui vient nullement de Charles VII, comme le veut une tradition moderne et romanesque.

[7] Ibid.

[8] Barthélemy, p. 63, 184.

[9] Barthélemy, p. 65. Notices de MM. Fouque, A. Janvier, Sellier, H. Boyer, sur les archers et arbalétriers de diverses provinces. Saint-Genois, Monuments anciens (arbalétriers de Tournay), Paris, 1782, in-fol., p. 1026. R. 950, n° 33. Ordonnances, XIII, p. 416, 483, 521. — Cranequinier envoyé d’Allemagne à Charles VII, vers 1448, par l’électeur Frédéric, duc de Saxe. Ms. lat. 5414, A, foi 79 et suiv. — Louis, Dauphin, imitait son père, en le dénigrant. En 1447, Louis, résidant à Grenoble, donne aux arbalétriers, pour leur jeu, une place entre les anciens remparts de la ville et l’église des Dominicains. J. Pilot, Revue du Dauphiné, 1839, t. VI, p. 38. — Par lettres du 18 juillet 1445, Charles VII fait don à Estienne Arnaud, canonier, d’une masure et domaine sis au lieu d’Orfonds, dans la forêt de Loches, pour en jouir lui et ses descendants mâles en ligne directe. Q, carton 381, à la date.

[10] Berry, p. 432. Basin, t. I, p, 168. N. Gilles, f° xciiij v°.

[11] Ms. fr. 5909, f° 205 à 208. Ms. Ve Colbert, t. IV, f° 16 à 18. Ordonnances, XIV, p. 1 et suiv. Mallet-Bernier, Chronique de Senlis, p. 26.

[12] Les mêmes. Œuvres de Chastellain, t. II, p. 185.

[13] Biographie Didot, article Machet. Gallia christiana, t. I, p. 73. Ms. latin 8577. L. L. 417, p. 483 ; etc.

[14] Félibien, Hist. de Paris, t. II, n. 835. Ms. de la préfecture de Troyes, n° VII, f° 123. Dansin, Gouvernement de Charles VII, p. 131. D. Plancher, t. IV, p. 264. Œuvres de Chastellain, t. I, p. xviij. P. P. 110, f° 266. Ordonnances, XIII, 455 à 496 ; XIV, 7 ; XVI, 572. Le 14 août 1448, le roi fit don à Jeanne de Béthune, veuve de Jean de Luxembourg, de certains biens confisqués sur ce dernier. K. 68, n° 32.

[15] Ms. Saint-Germain français 1095, à la date de 1446 D. Housseau, t. IX, n° 3917, 3921, 3935. Ms. Brienne 317, f° 197. Ms. Gaignières 649, 5 ; pièces 15 et suiv. Ms. Gaignières 894, f° 81. Ms. Gaignières 649, 6. J. J. 1166, n° 13. K. 68, n° 20. Journal de Paris, p. 728. Germain, Commerce de Montpellier, t. III, p. 568. Ordonnances, XIII, p. 453 à 536 ; XIV, p. 6 à 47, 228, 444 ; XV, 388, 417, 456 ; XVI, 103 ; XVIII, 347, 547 ; XIX, 272, 420 ; XX, 64.

[16] Généalogie des rois d’Écosse. Pii Commentarii, p. 163. Anselme, aux Ducs de Bretagne. F. Michel, des Écossais, etc., t. I, p. 181 et suiv. Il existe plusieurs portraits originaux d’Isabelle d’Écosse et de ses filles : Ms. 1569 latin, Livre d’heures d’Isabelle, f° 58, etc. Ms. français, n° 958 (peint en 1464), f° 1.

[17] Berry, p. 428. Ms. Legrand, t. 1, liv. u, p. 21 ; t. VI, p. 277 et suiv. Ms. latin 10, 187, pièces 8 et suiv. Stevenson, Henri VI, t. I, p. 194, 197, 221. Ms. latin 5414 A, f° 79 v°. Ms. Gaignières 77211, f° 586. Spicilège, t. VII, p. 252. Laborde, Ducs de Bourgogne ; Preuves, t. III, p. 494, 495. Marquardt Hergoft, Monumenta domus Austriæ, 1775, in-fol., t. III, Pinacotheca, p. 121 et planche XXX (figures).

[18] J. 678, n° 28 et 29. Du Tillet, Recueil des traitez, p. 242. F. Michel, loc. cit.

[19] En 1445, deux prêtres et un marchand, envoyés de Girone (Espagne), se présentèrent par-devant J. Chartier, chantre de l’abbaye de Saint-Denis et chroniqueur royal. Ils le requirent de leur délivrer un extrait des Grandes Chroniques (qui, on le voit, faisaient foi en matière historique, dans toute la chrétienté), ou certificat authentique attestant les privilèges conférés par Charlemagne, suivant la chronique de Turpin, aux habitants de Galice, de Catalogne et autres provinces d’Espagne. Le 6 octobre 1445, Philippe de Gamaches, abbé de Saint-Denis, délivra cette attestation sous forme de lettres, qui furent homologuées immédiatement par le roi de France et scellées de son sceau. J. J. 177, f° 57, pièce cij. Ms. Fontanieu 119, à la date. Cf. J. Chartier, Chronique de Charles VII, t. I, p. xj.

[20] Ms. Dupuy 766, f°, 115, 115. Ms. lat. 60,24 (Baluze), p. 46, 47. Ms. fr. 5909, f° ijdxvij, v°. Catalogue Joursanvault, n° 403. Berry, p. 4330. Aventini, Annales Boiorum, 1627, in-fol., p. 512. 1447, décembre 15, nouveau traité avec le duc de Savoie. P. P. 110, f° 269. Escouchy-Beaucourt, t. I, p. 113.

[21] Ms. Legrand, t, VII, p. 701 et suiv. Escouchy-Beaucourt, t. I, p.125 et suiv. D’Argentré, Hist. de Bretagne, 1618, in-fol., p. 810. Lottin, Recherches sur Orléans, t. I, p. 300. A. Champollion-Figeac, Louis et Charles d’0rléans, p. 351. Biographie Didot : Charles d’ORLÉANS.

[22] Ms. Legrand, t. I, liv. II, p. 9 ; t. IV, f° 11 et 12. Carton de Jacques Cœur aux Mss. de la Bibl. nationale (en 1850), carton provisoirement ou fortuitement coté : R. R. 430 (inclassé). Ils. Dupuy 760, f° 63. Ms. fr. 5909, f° viiixxj et ccxvij v°. Berry, p. 429. Escouchy, p. 113. Spicilège, 1723, t. III, p. 726 b. E. di Pietro, Histoire d’Aigues-Mortes, 1849, in-8°, p. 183.

[23] Ms. Fontanieu 119, 120, à la date. Cabinet historique, 1856, p. 193 et suiv. D’Argentré, p. 811.

[24] Berry, p. 431. Abel Desjardins, Négociations de la France avec la Toscane, 1859, in-4°, t. I, p. 59 à 62. Gioffredo, Storia delle Alpi maritimi, dans Historiæ patriæ monumenta, Turin, 1839, in-fol. ; Scriptores, t. II, col. 1087, 1088.

[25] Ibid. Caretto ; Anselme, grande édition, t. II, p. 192, E. Ms. Brienne, n° 26, f° 80 à 89.

[26] J. Chartier, t. II, p. 48 et suiv. Journal de Paris, p. 728 et suiv. Berry, p. 430. Escouchy-Beaucourt, t. I, p. 412. Histoire de l’Église gallicane, t. XX, p. 408 et suiv. Mas Latrie, Chronologie des papes, etc.

[27] Mêmes autorités. Bourdigné Quatrebarbes, t. II, p. 195. Nicolas Gilles, f° xciiij v°. Spicilège, t. III, p. 321 et suiv., 775 à 780 ; t. IV, p. 767 et suiv. Amplissima collectio, t. VIII, col. 988 à 1995, Le Vasseur, Annales de Noyon, 1634, in-4°, L. III, p. 1523. Ms. Legrand, t. VII, p. 716 et suiv. Armoires Baluze, t. XI, p. 25, 55. Ms. fr. 4054, f- 62, pièce n° 27. Ms. Dupuy 700, f° 161. D’Argentré, p. 811.

[28] J. Chartier, p. 58 à 60 et 188. Berry, p. 452. Journal, p. 730, b. Histoire de l’abbaye de Saint-Victor, Ms. latin 1039, t. II, p. 283. Rainaldi, Annales ecclesiastici, 1447, n° 19, et 1449, n° 2. Etc., etc.

[29] Sharon Turner, History of England, t. III, p. 159 et suiv.

[30] Berry, p. 148. Th. Basin, t. I, p. 184 et suiv., 191 et suiv. Parliament Rolls, t. V, p. 148. Stevenson, Henri VI, t. T, p, 174, 178. J. J. 177, acte 165, Moreau, Ms. 251, f° 89. Ordonnances, XIII, 459, 461. Dareste de la Chavanne, Histoire de l’administration, t. I, p. 195. Ms. Fontanieu 119, au 25 janvier 1446. Catalogue Teulet, p. 513. Ms. Gaignières 649, 5 (Evreux). K. 68, n° 19. K. K. 295.

[31] Basin, ibid. Escouchy, t. I, p. 6. Jacques du Clercq, Panthéon, p. 5. Lettres des rois et reines, t. II, p, 471 et suiv. Berry, p. 455.

[32] Mss. fr. 4034, 3884 (Olim Baluze) et d’autres. Il faudrait citer pièce à pièce cette riche collection, formée de matériaux provenant des commissaires, ministres ou secrétaires du roi, chargés de traiter ces affaires d’État. M. Stevenson a imprimé une partie de ces documents, vraiment dignes d’une publication française et intégrale. — Ms. fr. 4803, f° 310 et suiv.

[33] Ibidem. Compte de Dieppe, 1446-8 ; Archives de la Seine-Inférieure ; communiqué par M. L. Delisle. Cabinet des titres, dossier Saincoins, au 15 mars 1447. Ms. fr. 4054, f° 144. Ms. Fontanieu 121-2, au 11 février 1448. Ms. Dupuy 760, f° 161. Ms. Brienne 30, f° 185 et suiv. Leibnitz, Mantissa juris gentium, 1700, in-fol., p. 93 et suiv. J. Chartier, t. II, p. 48 et suiv. Journal de Paris, p. 727. Catalogue Teulet, p. 520, 533. Catalogue Joursanvault, t. II, n° 3410. Rymer, t. V, 1741, partie I, p. 184 et suiv. ; partie II, p. 3 et 7. Delpit, Documents anglais, p. 263 et suiv. Notice sur Simon Morhier (Mémoires de la Société des Antiquaires de France, t. XXV). Actes de Bretagne, 1744, t. II, col. 1430 et suiv. Proceedings, ordinances, etc., t. VI, p. 54. Etc., etc.

[34] Ms. fr. 4054, pièces 33 à 36 et passim. Ms. Baluze 77, P 357. Escouchy-Beaucourt, t. I, p. 128 et suiv. Basin, t. I, p. 187 ; t. IV, p. 286 et suiv.

[35] Les mêmes. Ms. 4054, pièce 42. Anselme à Maillé, t. VII, p. 511, A. Berry, p. 430. Gruel, 396. Abrégé de la vie et des miracles de Jean Michel, évêque d’Angers, 1739, in-12, p. 90. D. Piolin, Histoire de l’évêché du Mans, t. V, p. 149. Itinéraire de Charles VII.

[36] Auteurs cités. Du Mont, Corps diplomatique, t. III, partie n, p. 562. L. L. 417, p. 433. J. J. 179, f° 47 et suiv. Spicil., t. III, p. 776. Tandis que ses troupes faisaient le siège du Mans, Charles VII s’établit dans le château de Lavardin, que Jean VIII de Vendôme achevait de restaurer. Sous ces voûtes, dont nous admirons les nobles débris, la cour de France étala toutes ses splendeurs. Agnès Sorel y avait suivi son royal amant, et les chants d’amour s’y mêlaient au bruit des armes. Pétigny, Histoire du Vendômois, 1849, in-4°, p. 330. Lettre confirmative de feu M. de Pétigny (du 25 juin 1856) à l’auteur. Visites aux ruines de Montoire et de, Lavardin. Le roi occupa successivement trois localités voisines et distinctes. Le, 6 mars, il reçoit à Lavardin des messagers anglais. Le 9 il réside à Saint-Laurent près Montoire (Saint-Laurent, paroisse aujourd’hui annexée à Montoire). Le 11 et le 14, à Lavardin. Au mois de mars, sans date de jour (entre 11 et 22), divers actes signés du roi sont datés de Montoire. Itinéraire. Communication de M. Bouchet, bibliothécaire de Vendôme, membre de la Société archéologique.

[37] Assez tost après la rendicion du Mans ; époque du procès de Mariette (mars-avril 1445). Escouchy-Beaucourt, p. 135 et suiv. 1448, avril 112, sentence rendue au nom de P. de Brezé, sénéchal de Poitou : Redet, Catalogue Fontenau, p. 342.

[38] J. J., 179, f° 99, 105 ; 224, f° 85, 80. Ordonnances, t. XIV, p. 1 et suiv. Charles VII et ses conseillers, p. 24. Berry, p. 430. Escouchy-Beaucourt. Voyez ci après, 12 novembre 1449, allocution de Charles VII à P. de Brezé, lors de l’entrée du roi dans Rouen.

[39] Journal de Paris. Compte de Goufier. Voyez note suivante.

[40] L’ordonnance concernant les francs-archers fut signée le 28. Agnès Sorel entra dans Paris en la dernière semaine d’avril, c’est-à-dire très probablement le lundi 29 ou mardi 30 avril. Journal de Paris, p. 729. Compte de Guillaume Goufier. Ms. latin 5696, (Chronique normande) au 20 juin 1447. D. Huynes, Ms. Saint-Germain fr., n° 924, 3, p, 308.

[41] Quittance du 14 mai 1448 ; Archives des Deux-Sèvres ; communiqué par M. Luce. Quittance de juin, cabinet des titres, dossier Breszé. Preuves de Bretagne, t. II, col. 1412 et suiv. J. J., registres cités. Journal de Paris, p. 729, 730. Escouchy, p. 137. Les lettres d’abolition rendues en faveur de Brezé sont postérieures au 22 octobre 1448.

[42] Escouchy-Beaucourt, t. I, p. 152.

[43] Ms. fr. 4054 (juin à décembre 1448). Stevenson, t, I, p. 209, 489, 488. Cousinot de Montreuil fut principalement assisté de Jean Havart, Jean Bezon et Jean Hébert, conseillers et secrétaires du roi.

[44] Delpit, Documents anglais, p. 265. Prospérité croissante de Compiègne (spécimen) : Lépinois, Bibliothèque de l’École des chartes, t. XXIV, p. 498.

[45] Ms. Gaignières 649, 5, f° 9. Lettres de Reims ; communiqué par M. Louis Paris. Ordonnances, XV, 112. Lottin, Recherches sur Orléans, t. I, p. 300.

[46] Ms. Fontanieu 121-2, au 26 nov. 1448. Ms. fr. 4054, janvier à mars 1449. Ms. Harlay 101, f° 412, 479. Ms. Colbert 500, n° 64, f° 768, Ms. Dupuy 760, f° 168. Catalogue Joursanvault, t. I, n° 154 ; lettres de provision en faveur de Brezé ; original acquis à la vente Joursanvault par M. Mayor (commissionnaire anglais), et communiqué en 1854 à l’auteur. Stevenson, t. I, p 203. D. Plancher, t. IV, p. 266. Ordonnances, t. XIV, p. 43, 44. Delpit, p. 264, 265, Basin, t. I, p. 184 et suiv. Etc., etc.