HISTOIRE DE CHARLES VII

TOME TROISIÈME

LIVRE VII. — PÉRIODE D’AGNÈS SOREL. - AFFRANCHISSEMENT DU TERRITOIRE NATIONAL. - Depuis les trêves jusqu’à l’entière expulsion des Anglais (1444 -1453).

CHAPITRE IV. — Condamnation du comte d’Armagnac Jean IV. - Ferdinand de Cordoue. - Mort de La Trimouille. - Pierson Sureau. - Pierre de Brezé, premier ministre. - Antagonisme de Louis, Dauphin. - Il quitte la maison paternelle. - Affaire Mariette (1445-1448).

 

 

Le comte d’Armagnac, saisi, par Louis de France, en l’Île-Jourdain, puis conduit à Carcassonne, était demeuré prisonnier du roi dans cette ville, ainsi que son fils puîné, Charles, et ses deux filles[1]. Le comte Jean se fit appuyer et recommander auprès de Charles VII par le roi de Castille et de Léon, allié de Jean ; par le duc de Savoie, qui, à cet effet, envoyèrent des ambassadeurs à Châlons. Les dues de Bourbon, d’Orléans, de Bretagne, d’Alençon ; les comtes de Foix, du Maine, de la Marche et de Dunois, intercédèrent également, et de leur personne, en faveur du comte. Enfin, Jean IV provoqua lui-même la tenue d’un lit de justice ; et des fondés de pouvoirs, ayant obtenu jour d’audience, plaidèrent sa cause à Châlons, en présence du roi[2].

Bernard de Faudoas et l’abbé de Bonneval, défenseurs du prévenu, rappelèrent la haute lignée à laquelle il appartenait ; les services que la maison d’Armagnac avait rendus à celle de France, et les diverses circonstances qui pouvaient être invoquées à sa décharge. Maître Jean Barbin, avocat criminel du roi, assisté du président Rabateau, prit ensuite la parole. Il réfuta de point cri point l’argumentation de la défense et soutint l’accusation avec fermeté, d’une façon minutieusement méthodique[3].

Jean, comte d’Armagnac, offrait au plus haut degré le type du tyran féodal. Infatué de son indépendance, il tranchait du souverain, pour aboutir surtout à l’impunité d’une existence sans frein. Il ne reconnaissait ni les lois humaines, ni les divines, ni celles de la morale, ni même de la nature. Pour nous en tenir aux faits purement politiques, son règne, depuis la mort du comte Bernard, connétable, avait été une longue suite d’hostilités à peine déguisées contre son suzerain et seigneur naturel, le roi de France. Vers 1425 il entretint sous son patronage un aventurier nommé André de Ribes, pendu en 1428, par ordre de Bernard d’Armagnac, comte de Pardiac et frère de Jean IV[4].

Il s’accointa ensuite d’un nommé Le Baron. Cet autre aventurier prit le parti des Anglais et causa mille ravages. Jean IV lui donna en mariage une damoiselle attachée à la comtesse d’Armagnac. Ce Baron fut combattu et défait par Xaintrailles. En 1430 et années suivantes, Jean IV frappa, contre les ordonnances, à son coin, de la monnaie d’or à peu près de la même effigie et plus faible que celle du roi. En 1440, le sénéchal royal de Rouergue avait fait sculpter en pierre les trois fleurs de lis avec la couronne de France, sur une tour qui relevait du roi, sise à Saint-Rome de Tarn. Par ordre du comte, les armes royales furent démolies, jetées dans le Tarn et remplacées par le blason d’Armagnac. On se souvient enfin des actes multipliés de rébellion et de félonie qui déterminèrent la campagne de 1444[5].

Ces divers actes constituaient les crimes de lèse-majesté ainsi que de haute trahison. Aux termes des ordonnances et du code ou livre des fiefs, le vassal, en ce cas, était confisqué corps et biens, c’est-à-dire dépossédé et condamné à perdre la vie. Charles VII, s’il n’eût écouté que la loi, devait faire décapiter le comte. Mais la sagesse de sa politique se confondait avec l’humanité, qui lui était naturelle, et avec la générosité (si facile aux victorieux), pour lui dicter une autre sentence. Le sang versé est une semence de représailles et le glaive du bourreau ne tranche pas certaines difficultés. Le roi préféra réduire moralement et politiquement le fier baron du Midi : il le contraignit à implorer sa miséricorde. Jean IV s’humilia pour recouvrer à ce prix la vie et sa liberté. Le comte d’Armagnac était infirme, captif, lui et sa famille, depuis environ dix-huit mois. Le sang d’Armagnac s’était uni par vingt alliances au sang qui coulait dans les veines du roi. Le roi pardonna au comte et lui ouvrit, ainsi qu’à ses enfants, les portes de leur prison. Mais il prit contre le vassal rebelle, contre l’incorrigible baron féodal, de sérieuses garanties[6].

Jean IV, d’après la teneur, de ces lettres, dut reconnaître solennellement la suzeraineté royale et l’obéissance à laquelle il était obligé. Cet aveu fut ensuite répété, sous la foi du serment, par son fils, le vicomte de Lomagne, puis délibéré et proclamé comme loi du pays par les trois états d’Armagnac. Le comte et ses successeurs, par ces déclarations, s’interdisaient à jamais les droits régaliens, dont ils avaient usurpé l’exercice. Le roi conservait définitivement : le son comté de Comminges ; 2° les places de Capdenac et de Sevérac, soustraites par captation à sort maréchal Amaury ; 3° et à titre de confiscation de fiefs, les quatre grandes châtellenies de Rouergue : Saint-Geniès, la Roque-Valsergue, Cassaigne-de-Bégonais et la Guiole, puis la ville et le château de Lectoure. Il retenait enfin diverses autres places en garantie provisoire de l’exécution du traité. Le roi de Castille dut fournir en nantissement, au roi de France, mille hommes d’armes, avec un appoint de gens de trait ; les ducs et les comtes, autres alliés de Jean IV, fournirent, chacun de leur part, un contingent analogue et proportionné à leur puissance. Jean IV fit sa soumission à Carcassonne, le 1er octobre 1445[7].

Le vieux tronc féodal d’Armagnac, ainsi frappé, rie se releva plus. Jean IV, le 11 octobre 1445, signa, en présence des commissaires du roi, la confession et déclaration qu’on exigeait de lui[8]. Accompagné de son fils, il comparut, le 14 mars 1446, devant le parlement de Toulouse. Là, il entendit lecture des lettres de grâce qui lui étaient octroyées par le roi ; et qui furent entérinées dans les registres de la cour. Le comte et son fils recouvrèrent la liberté ; mais Jean IV, à partir de ce moment, ne fit plus que languir, et mourut le 5 septembre 1450, âgé de 51 ans[9].

Le duc de Bourbon, jusque-là, n’avait cessé de manifester de sourdes velléités peu conformes à ses devoirs de fidélité envers la couronne. Charles VII, après avoir vaincu ce prince comme les autres, l’enchaîna, lui et son fils, par une suite continue d’attentions et de bienfaits. Par contrat du 23 décembre 14461 le roi donna en mariage sa fille Jeanne au comte de Clermont, qui fut depuis duc de Bourbon, sous le nom de Jean II, après son père[10].

Vers cette époque[11] on vit arriver d’Espagne à Paris un clerc, âgé d’environ vingt ans et nommé Fernand ou Ferdinand de Cordoue. Ce jeune homme extraordinaire scavoit tous les sept arts libéraux ; jouer de tous les instruments ; chanter et deschanter mieux que nul autre ; peindre et enluminer mieux que oncques on sceust à Paris ne ailleurs. Item, en fait de guerre, nul plus apert ; et jouoit d’une épée à deux mains si merveilleusement que nul ne s’y comparât. Item, il étoit maître ès arts, maître en médecine, docteur ès décrets, docteur en théologie. Il parloit latin, grec, ébreu, caldaïque, arabique et tous autres langages. Il étoit chevalier en armes ;... de moyenne stature, assez belle personne et moult agréable à tous gens...[12]

Ce nouveau Pic de la Mirandole vint disputer publiquement en l’Université, au collège de Navarre, par-devant cinquante docteurs des plus expérimentés. Trois mille clercs furent témoins de ses épreuves. Parmi les docteurs qui argumentèrent contre lui, se trouvait maître Jean de L’Olive, insigne professeur de théologie, recteur de l’Université en 1444, et qui se révèle par ce témoignage comme l’un des auteurs du Journal de Paris. Maître Jean affirme que lui et ses confrères demeurèrent terrifiés en présence de cette science formidable. Et vrayment, observe-t-il, si un homme pouvoir vivre cent ans sans boire, manger, ni dormir, il n’auroit pas les sciences que Fernand scet toutes par cœur.

L’Apocalypse, commentée par saint Vincent Ferrier et ses disciples, annonçait que l’Antéchrist était né ; qu’il allait paraître. L’Antéchrist devait, entre autres signes, être chrétien jusqu’au vingt-huitième an de son âge, visiter en ce siècle présent les grands seigneurs du monde pour montrer sa grande sapience, et pour avoir grande renommée d’iceulx. Ce jeune prodige n’était-il point l’Antéchrist[13] ?...

Fernand de Cordoue sortit avec triomphe de cette joute scientifique inusitée. Nul ne parvint à l’embarrasser ni à le dominer sur aucun point. Et, qui plus est, il redarguoit et reprenoit les livres de saint Jérôme, saint Augustin et autres de sainte Église. Cependant, le premier moment de stupéfaction passé, des clercs de la nation de France adressèrent quelques questions à Fernand, qui promit de les résoudre. Mais il ne tint pas cet engagement. L’étranger s’esquiva soudain, alléguant que des affaires importantes et qui ne souffraient point de retard l’appelaient à la cour de Bourgogne.

Fernand de Cordoue se rendit en effet à Gand et voulut passer en Angleterre. Cependant il ne put accomplir ce voyage et se dirigea vers l’Allemagne. Durant qu’il était à Cologne, te bruit se répandit à Châlons-sur-Marne que, vers le carême, il avoit esté prins à Couloigne (Cologne), atteint d’hérésie et d’avoir ung diable avec lui qui lui enseignoit tout ce qu’il disoit, et fut ars (brûlé) au dit lieu de Couloigne. Mais, suivant d’autres auteurs, qui semblent mieux informés, Ferdinand, bien loin de périr ainsi, fournit ultérieurement une longue et brillante carrière. Ambassadeur du roi de Castille, il visita de nouveau les divers royaumes de la chrétienté. Partout il émerveilla les clercs des diverses écoles. Il prédit à Charles le Téméraire sa fin devant Nancy, et composa de nombreux ouvrages, tant imprimés de son temps que manuscrits ; on en peut voir la liste dans la Bibliothèque espagnole. Il mourut à Rome, sous-diacre du pape, en 1486, âgé de soixante-cinq ans, et fut inhumé sous un riche mausolée[14].

Georges de La Trimouille, bien que tombé dans la disgrâce, avait conservé son titre de grand chambellan de France et un certain crédit. En 1445, Louis de Giac, fils de Pierre de Giac et de Jeanne de Naillac, devenu majeur, poursuivait une action criminelle contre cet ancien ministre, pour cause d’homicide et de spoliation. Le 41 mars 1446, Georges, à raison de sa grande charge, assistait à Chinon comme témoin de l’hommage fait à Charles VII par François Ier, nouveau duc de Bretagne. Lés lettres de rémission que le favori s’était fait octroyer le 7 mai 1431, furent enregistrées en mai 1446 au registre du Trésor des Chartes. La Trimouille, qui pendant si longtemps avait été le mauvais génie du roi et du royaume, mourut le 6 mai 1446, et fut inhumé en son château de Sully[15].

Le 10 avril 1446, un paysan, à la suite de certain débat, fut tué à coups d’épieu[16] par deux autres paysans, au village de Rosoy-sur-Serre, en Picardie. L’un des meurtriers s’appelait Pierson (ou Pierron) Sureau, natif de Parfondeval, près Rosoy. Il s’était jeté dans cette querelle au secours de son frère Jean, qui se vengeait d’une grave blessure (le pouce coupé), antérieurement reçue de son adversaire. Ce meurtre, de sa part, n’était point prémédité ; Pierson, au contraire, s’efforçait, avant le coup, d’apaiser son frère Jean. Il n’y avait pris part que comme auxiliaire et de chaude cole. P. Sureau, cependant, fut poursuivi criminellement parla justice seigneuriale du lieu, et condamné à mort pour homicide[17].

Pierson Sureau était âgé de dix-huit ans. Sa vie, jusque-là, avait été honnête et sans tache. Au moment où il marchait au supplice, gémissant comme un moribond, une jeune fille de bonne vie et de sa condition le vit passer. Elle se sentit émue de pitié en sa faveur et, conformément à la coutume, elle le réclama pour époux. Le bailli de Rosoy refusa d’obtempérer complètement à cette demande, mais il fut sursis à l’exécution et l’on ramena le patient dans la geôle seigneuriale de Rosoy. Toutefois l’appel de la jeune fille ou recours du condamné fut immédiatement envoyé au roi, qui le fit examiner en conseil[18].

Cette terre de Rosoy avait alors pour seigneur Charles de Bourgogne, comte de Nevers, cousin de Philippe le Bon et fils de Bonne d’Artois, remariée à Philippe. La cour résidait à Chinon, et la belle Agnès, qui ne quittait point le roi, touchait à l’apogée de son influence. Charles VII et ses conseillers ne négligeaient aucune occasion de faire régner, au-dessus de la justice seigneuriale, l’autorité souveraine du roi de France. Les rapports délicats qui existaient, depuis le traité d’Arras, entre la maison de Bourgogne et la couronne rendaient cette opportunité plus sensible. Le prévenu ou appelant, si jeune et si peu coupable, était un Picard ; il était le, compatriote et l’homonyme d’Agnès Sureau. Une jeune fille avait déjà sauvé à demi ce jeune homme. Agnès savait aussi, comme suzeraine ou du moins comme dame dominante dans ses terres, compatir au sort des malheureux et atténuer les rigueurs judiciaires. Peut-être (bien que cette intervention ne soit attestée par aucun document), peut-être la conseillère toute-puissante intercéda-t-elle en faveur du pétitionnaire... Un fait certain, c’est que la requête fut exaucée, avec une promptitude qui semble attester la protection la plus efficace. Des lettres données à Chinon le 22 juin 1446[19] remirent à Pierson Sureau le crime qu’il avait commis, le réhabilitèrent et lui rendirent la liberté, à condition toutefois de réparation civile. Pierson Sureau, enfin, dut épouser la jeune fille, sa fiancée, sa première libératrice[20].

Cependant la cour, où s’agitaient tant de passions et d’intérêts, n’était point exempte de brigues, de rivalités et de dissensions. Le caractère indomptable et l’ambition effrénée du Dauphin contribuaient surtout à fomenter ces agitations. Louis alléguait, pour prétexte de ses critiques et de ses menées, l’ascendant que la belle Agnès exerçait sur le roi et sur les affaires. Le roi, cependant, dirigeait le gouvernement avec une part de volonté active et spontanée aussi grande ou plus grande qu’il ne l’avait fait dans le passé. Jamais la politique royale n’avait affecté à l’extérieur ou à l’intérieur une marche plus digne et plus ferme. Jamais plus grande sagesse n’avait eu pour résultat plus de succès et de prospérité.

Charles VII, tout en gouvernant par lui-même, il est vrai, avait donné un successeur à ses autres favoris. Pierre de Brezé, qui occupait cette situation, ne ressemblait que par l’étendue de son pouvoir à ceux qui l’avaient précédé. Ce seigneur tirait son nom d’une terre sise près de Saumur, en Anjou, qui échut à Jean, son aïeul, dans la première moitié du quatorzième siècle. Pierre appartenait à une famille de chevalerie attachée aux ducs d’Anjou et aux rois de France. Elle n’avait point toutefois rempli de hautes dignités, ni occupé jusque-là de grandes possessions. Pierre de Brezé peut donc être compté parmi les hommes que Charles VII sut choisir et élever, à raison de leur mérite personnel[21].

Pierre de Brezé, seigneur de La Varenne et de Brissac, était né vers 9490. L’expédition de juin 1433, contre La Trimouille, lui fraya la voie vers une position tellement haute, que lui-même alors ne pouvait en rêver la possession. L’année suivante, le comte du Maine, son patron, le fit chevalier devant Saint-Célerin. Depuis ce jour, Brezé ne manqua aucune occasion de combattre les Anglais dans le Maine et en Normandie. En 1437, il devint sénéchal d’Anjou et capitaine de la grosse tour d’Angers, poste qu’il échangea seulement pour devenir, comme on l’a vu, sénéchal de Poitou, à la suite de la Praguerie. Brezé rendit à la monarchie la place d’Évreux : c’était la première ville de cette importance que Charles VII reconquérait en Normandie. Le roi accorda généreusement. au capitaine victorieux les revenus de cette place et lui conféra la comté d’Évreux, apanage tenu en pairie, jusque-là, par des seigneurs du sang ou des princes couronnés[22].

Appelé dès lors comme chambellan à l’intimité royale, Pierre de Brezé prit possession, vers septembre-octobre 1443, du maniement suprême des affaires. A partir de cette date, aucun personnage ne le surpassa dans le royaume en autorité. Guerre, finances, conseil, il dirigeait tout, suffisait à tout, et déployait partout une intelligence, une aptitude, égales à sa droiture et à son activité. Pierre de Brezé aimait dans le pouvoir l’étude, le travail, le péril ; il en aimait, il en recherchait aussi les éclatantes jouissances. Ln décembre 1444, à Nancy, au moment où l’expédition de Metz lui rapportait, comme on sait, d’amples profits, le roi donne à Pierre de Brezé, en récompense de ses services, les terres et seigneuries de Nogent-le-Roi, Anet, si célèbre par son château, que construisirent les Brezé ; Breval et Montchauvet au pays chartrain[23]. Chacune des grandes affaires qu’il dirigeait : politique, administrative, militaire, servait à l’accroissement de sa riche existence[24].

Premier ministre à l’âge d’environ trente-cinq ans, Pierre de Brezé fut au pouvoir un brillant gentilhomme ; pour tout dire en un mot, il fut amoureux, dans l’extension la plus libérale que ce terme recevait au quinzième siècle. A Nancy, devant les dames, le comte d’Évreux se mesurait, la lance en main,-contre le royal successeur des Lusignan. Les poésies de Charles d’Orléans attestent que le grand sénéchal savait tenir également son rang dans les tournois littéraires. Olivier de La Marche, Georges Chastelain et Robert Gaguin, juges autorisés, le représentent comme un causeur disert, comme un esprit charmant, plein d’enjouement et de vivacité[25].

Par ces dons agréables, P. de Brezé plaisait au roi, qui prisait beaucoup de tels avantages dans le commerce de la vie quotidienne. Le genre d’esprit du ministre ressemblait à celui d’Agnès Sorel. Plusieurs lettres de cette dernière sont adressées à mon très honoré seigneur et compère, Monsieur de La Varenne, chambelant du roy. Cette correspondance montre que le favori et la favorite vivaient dans un échange d’amitié, d’estime et de bons offices mutuels. Pierre de Brezé lui-même poursuivit de ses hommages une beauté mystérieuse, dont le nom ou la désignation précise n’a pas été révélée, par l’indiscrétion de ses contemporains, à la curieuse postérité. Nous savons seulement qu’elle était dénommée la plus du monde, que Brezé composa pour elle un beau livre, qu’il la fit représenter sur une tapisserie historiée rehaussée d’or ; et qu’il portait enfin les couleurs, le chiffre, et la devise de l’inconnue à côté de ses propres armes[26].

P. de Brezé, outre les charges, précédentes, fut successivement ou cumulativement membre du grand conseil, capitaine de cent lances d’ordonnance, capitaine de Niort, de Nîmes, de Poitiers, de Meulan, de Rouen, de Touque en Normandie ; grand maître d’hôtel du Dauphin, grand sénéchal de Normandie, pensionné du roi à 5.000, puis 6.000 livres par an ; sans compter des dons, profits et gratifications innombrables. Mais, au milieu de la pompe et du luxe, jamais il ne se relâcha de ses incessants labeurs pour la chose publique. La conduite de Brezé, dans les dernières années de sa vie, jette sur toute sa carrière une lumière décisive et tout à fait propre à fixer le degré d’estime que mérite ce personnage historique[27].

Il avait servi loyalement le père contre le fils. Trahi par l’événement, il se vit en butte, lorsque le fils fut devenu roi, à une implacable rancune. Louis XI demanda la tête du grand sénéchal : celui-ci la lui apporta. Sans faiblir un instant dans sa dignité, toujours dévoué à la monarchie et à l’État, il désarma celui qui ne pardonnait point, ou, du moins, le contraignit à dissimuler. Louis imposa des épreuves funestes et des travaux d’Hercule au serviteur illustre, qu’il n’osait point immoler. Brezé les accepta et les accomplit. A travers mille périls, Brezé se rendit en Écosse, et là il se conduisit en paladin. Marguerite d’Anjou, qu’il avait mariée, cette héroïne si touchante, luttait contre le destin. Brezé partagea son sort et lui prêta, son aide chevaleresque. Il échappa, par miracle, aux dangers prévus et calculés de cette mission. Il mourut enfin pour Louis XI, à Montlhéry, après avoir sauvé le roi, en lui prêtant ses habits, le 16 juillet 1465[28].

Tel était l’homme qui, durant la période que nous retraçons, présidait les conseils du roi de France.

Déjà en 1445, à Nancy, le sénéchal crut reconnaître les symptômes d’une praguerie nouvelle, dirigée contre lui par René d’Anjou, le comte du Maine et le connétable de Richemont. Cette ombre se dissipa. Mais il ne put conjurer la haine vigilante et trop réelle du Dauphin. On a vu le jeune Louis mettre aux pieds de la favorite les dépouilles opimes de son expédition de l’Ile-Jourdain. Louis ménageait également le favori. Après sa campagne de Suisse, il fit présent à Pierre de Brezé, son grand maître d’hôtel, de vingt-cinq queues de vin du Rhin. Ce présent fut apporté à Chinon en janvier 1446. Peu de temps après, Louis négociait avec le duc de Savoie un échange avantageux pour son pays de Dauphiné ; échangé qui fut sanctionné par le roi et pour lequel il avait besoin de l’acquiescement ou de la disposition favorable du ministre.

Brezé obtint de Louis Ier, duc de Savoie, à cette occasion, la terre ou comté de Maulévrier en Normandie,-voisine de ses autres domaines, et que le roi de France., en 1554, avait accordée au comte de Savoie, lors de la cession du Dauphiné par Humbert. Le Dauphin Louis favorisa directement cet octroi[29].

Cependant, Louis mettait à prix la tête du sénéchal ; car il appliquait déjà la célèbre maxime : Qui ne sait pas dissimuler, ne sait pas régner.

Au mois d’avril 1446, Louis, Dauphin, habitait son retrait ou appartement au château de Chinon. Seul avec lui se trouvait Antoine de Chabannes, comte de Dammartin, capitaine d’écorcheurs, cassé aux gages lors de la réforme de l’armée. La fenêtre du logis donnait sur la campagne. Vint à passer un Écossais de la garde, vêtu de sa magnifique tenue à la devise du roi, l’épée ceinte. Véez-là ceux, dit le Dauphin à son interlocuteur, qui tiennent le royaume en sujétion. Puis il déroula au comte un plan de conspiration. Gagner les Ecossais, s’emparer du Coudray (où avait été détenue la Pucelle), enlever le roi, assassiner Pierre de Brezé ; tel était le programme. Antoine de Chabannes devait recevoir 10.000 écus, saris compter de séduisantes promesses. Le comte présenta quelques objections et reçut toutefois les 10.000 écus. Mais il fit part de cette ouverture à son frère, Jacques de Chabannes. Celui-ci, doué d’une probité que ne partageait pas Antoine, servait le roi comme capitaine en second ou lieutenant, maintenu, dans la compagnie de cent lances que commandait le duc de Bourbon. Jacques dissuada Antoine en le contraignant à rendre la somme, et le projet fût abandonné pour le moment[30].

Toutefois, quelques mois plus tard, Louis renouvela ses instances, embaucha plusieurs Écossais et reprit activement l’exécution qu’il avait ajournée. Brezé, menacé, se plaignit au roi, qui fit venir en sa présence le Dauphin et le comte Antoine. Celui-ci raconta les faits et fut démenti par le prince. Mais le roi dit à son fils : Loys, saint Jehan ! (tel était le serment du roi) je ne vous crois pas ! Une réplique très vive du comte suivit le démenti qu’il avait reçu. Le roi, indigné, termina l’entrevue en disant à son fils : Loys, je vous bannis pour quatre moys de mon royaulme, et vous en allez en Dauphiné ! Et alors le Dauphin sortit de la chambre du roi, nud teste, et dit telles paroles : Par ceste teste qui n’a point de chaperon, je me vengeray de iceulx qui m’ont jeté hors de ma maison ![31]

La scène que l’on vient de rapporter se passait, en septembre, à Chinon. Toutefois l’ordre de bannissement, prononcé par le roi, ne reçut pas d’exécution immédiate. La reine était enceinte, et la naissance attendue devait, selon toute apparence, clore pour cette princesse, la période de la maternité. Marie d’Anjou, après le Dauphin Louis, avait eu successivement deux fils, mais qui vécurent peu. La Providence réservait-elle à l’unique héritier du trône un frère ou une sœur ?... Le 28 décembre 1446, la reine mit au monde, au château de Montils-lez-Tours, Charles de France, qui fut depuis duc de Guyenne et de Normandie. Ce prince eut pour parrains et marraines, entre autres seigneurs et dames, le premier ministre et sa femme. Louis, alors, accomplit le vœu qu’il avait formé. Le fils prodigue s’exila volontairement du foyer paternel et n’y remit les pieds que pour succéder à son père[32].

Le roi aimait les gens de lettres ; il payait souvent à des poètes les œuvres que ces derniers lui offraient[33]. L’an mil quatre cent quarante-six[34], dit un chroniqueur ou compilateur anonyme, advint que le roy, en retournant de ouyr messe, trouva sur son lit le présent dicté dont la teneur sensuyt :

Le mal payer, faulx conseillers,

Les discors d’aucuns chevaliers,

Imposicions et gabelles,

Ont enlevé guerres nouvelles

Qui jamais jour ne faneront

Tant que tels choses dureront :

Car maint servent le roy francois

Qui pourtant sont, de cœur, Anglois,

Etc., etc.[35]

Suivaient vingt-huit autres vers, contenant, ainsi que les premiers, sous cette forme obscure et voilée, une dénonciation anonyme adressée au roi contre ses ministres. Du fond du Dauphiné, Louis, en effet, ne demeurait pas inactif. Grâce aux espions, aux intelligences qu’il entretenait à la cour, il commençait immédiatement de se venger contre ceux qui l’avaient jeté, disait-il, hors de sa maison. Pierre de Brezé fut de nouveau signalé au roi comme un traître, par des rapports secrets qui tous étaient l’œuvre du Dauphin. Le roi soutint quelque temps encore son premier ministre contre les calomnies du prince vindicatif. Puis, cédant à un instinct inné de défiance, ébranlé par des apparences de preuves, sollicité par Brezé lui-même, qui demandait une vérification éclatante, il éloigna le favori, le destitua momentanément de ses charges et le mit en procès devant sa cour de parlement. Les écritures de ce procès ont disparu, et la date précise des opérations judiciaires échappe aux investigations de l’histoire. Nous possédons seulement des lettres de rémission imprimées par Duclos sur un original inconnu. Ces lettres, qui absolvent le premier ministre et le réhabilitent, ne sont, dans ce texte et par suite de quelque lacune, datées que de l’année du règne et de l’ère vulgaire 1448[36].

A cette même époque ou dans cet intervalle (en 1447), de graves irrégularités furent découvertes dans la conduite d’un notaire et secrétaire du roi, nommé Guillaume Mariette. Ce malheureux s’était laissé entraîner par la cupidité. Il surchargea d’abord à. son profit des lettres royales portant certaines commissions administratives. Il abusa, dit-on, ensuite de blancs seings et de scellés, au nom du roi et du Dauphin. Il s’ingéra enfin de hautes intrigues politiques. A l’aide de divers chiffres ou mots conventionnels, il entretint, avec. le duc de Bourgogne, ainsi que son chancelier, une correspondance secrète et inintelligible pour tout autre que les seuls initiés. Une partie de ces dépêches clandestines, aussi bien que leurs chiffres, nous a été conservée. G. Mariette y rendait compte au Bourguignon des mouvements intérieurs et quotidiens de la cour de France. Les termes qu’il emploie sont tout à fait conformes à ceux dont se servait le Dauphin contre le gouvernement de son père. D’où il est aisé de conclure que ces menées furent conduites sous les auspices intéressés de ce prince. Néanmoins le moment était venu de désavouer cet instrument. Une fois que Mariette fut entre les mains de la justice, le Dauphin Louis se montra des plus acharnés à sa poursuite[37].

Un vague indice nous induit à conjecturer que G. Mariette était Normand et, à ce titre, protégé par Brezé comme compatriote[38]. Le premier ministre avait été instruit des intelligences de Mariette en Bourgogne. Mais, soit dédain pour de vils commérages, dans lesquels il était le premier desservi ; soit crainte de troubler la sensible quiétude du roi par des ombrages saris portée ; soit enfin par respect ou par déférence pour le Dauphin, initiateur de ces menées, Pierre de Brezé, au lieu d’en informer le roi, préféra garder le silence. Louis dénonça cet acquiescement tacite comme un grief contre le sénéchal ; il obtint par ce moyen sa mise en accusation, espérant le perdre sans ressource à l’aide de cette charge[39].

Au mois d’octobre 1447, C. Mariette, arrêté, fut amené prisonnier au château de Loches et traduit en justice. Le 5 février suivant, le prévenu était écroué à Lyon, dans les prisons royales. Mais dès le lendemain il s’évada et vint se jeter en franchise chez un chanoine de Lyon, au cloître de la cathédrale, qui était un lieu d’asile. Néanmoins, comme le cas encouru constituait le crime de lèse-majesté, cette exception de droit fut ainsi levée. Jacques Cœur, argentier du roi, se trouvait à Lyon. Il fit arrêter de nouveau le prévenu, qui fut mis aux fers et interrogé dans la, maison de l’argentier. Mariette, alors, coupa ses l’ers et se fit passer par un batelier sur l’autre rive du Rhône, espérant y trouver la liberté en touchant la terre impériale. Mais il fut repris à Eyrieu en Dauphiné, conduit à la Côte Saint-André vers le 25 février et interrogé de nouveau, puis mis à la question des cordes par les officiers du Dauphin, assistés seulement d’un vice-gérant du procureur du roi. Le 9 mars, Mariette était malade. Aussitôt le Dauphin craignit qu’il ne lui échappât en mourant de mort naturelle. Ainsi que les Anglais avaient l’ait à Jeanne dans sa prison, le Dauphin envoya en toute hâte au prévenu un médecin et des assesseurs. Le premier soigna le prisonnier. Les autres recueillirent de sa bouche les aveux que l’on voulait obtenir[40].

Pierre de Brézé rentra en grâce auprès du roi. Mais G. Mariette fut sacrifié. Le fragment judiciaire que nous avons cité n’offre qu’un tronçon de la procédure criminelle dirigée contre cet accusé. Les débuts de l’instruction et l’arrêt de sa condamnation, non plus que sa défense (s’il fut défendu), ne sont point parvenus jusqu’à nous. Les historiens nous apprennent seulement que Mariette fut conduit à Tours et là décapité et écartelé pour ses démérites[41].

 

 

 



[1] Jean, vicomte de Lomagne, son fils aîné, tenait la campagne pour son père. Il s’était réfugié auprès du roi de Navarre, ennemi de Charles VII et confédéré du vicomte.

[2] Escouchy-Beaucourt, t. I, p. 62. Ms. fr. 2639, f° 1236 et suiv. Montlezun, t. IV, p. 280. Reg. 3 de Châlons, f° 1, v°.

[3] Jean Barbin, conseiller du roi en parlement, réunit une collection d’ordonnances et d’actes encore aujourd’hui intitulée Ordonnances Barbines.

[4] J. J. 177, acte 127. Legrand, 2875, t. VI, p. 331.

[5] Ibid. Jean IV, à force d’obsessions et de caresses, obtint d’Amaury de Sevérac, maréchal de France, qu’il testât en faveur de ce comte, son seigneur. Peu après, Amaury de Sevérac fut assassiné par guet-apens clans un château du comte. Jean s’empara immédiatement des seigneuries de Capdenac et Sevérac, appartenant à la victime. Biographie Didot, art. Sevérac. La collection Fontanieu (vol 119) nous a conservé, par copie, un résumé de l’acte d’accusation ou charges en bref imputées au prévenu. Cette curieuse énumération se divise en quatre chapitres : I. Crimes contre le roi, la morale ou la chose publique. II. Contre les gens d’église. III. Contre les nobles. IV. Contre le peuple. Voici quelques extraits de cet abrégé : De peccato contra naturam, de quo constat per petias g. l. m. inventarii et per petias h. i. k. 1. m. n. primi inventarii... Tient trente ou quarante ribauds es places de Maymers, Saint-Vrain et la Fare, que par force il a ostées aux seigneurs ; lesquels (ribauds) pillent et rançonnent chacun..... Qu’il a destroussé les gens de Monseigneur (l’évêque de Lodève), et osté leurs chevaux, et tient leurs places et bénéfices... qu’il a rançonné tous les abbés et prieurs de sa terre d’un double dixième, et par deux fois au prieur de Saint-Marcel, qu’il a fait mourir et privé de son bénéfice pour son bâtard Jean de Lescun (légitimé par Charles VII, J. J. 177), et le détient... Qu’il bat son confesseur quand il ne veut l’absoudre ; qu’il a pillé le prieur de Saint-Pereyve, le curé de Trèves, item le curé de Saint-Salvaire ; à un religieux, son cheval et quinze écus en allant de Milhau à Vignan (ou au Vigan ?... nom de lieu altéré) ; qu’il a emprisonné le seigneur de La Face et lui a donné trois coups de dague ; il tient frontière au peuple pire que les Anglais, et prend vivres, bled, moutons, bœuf, etc., etc.

[6] J.J. 177, f° 80, v°. Ms. fr. 2639, f° 1234 à 1237. Ces lettres de rémission sont datées de Sarry, au mois d’août 1445. Or, on a vu que le roi quitta sans retour cette résidence le 18. Cependant il existe une pièce authentique, datée de Sens, le 26 du même mois et intitulée : Instruction de par le roy à envoyer au comte d’Armagnac, pour l’engager à implorer la clémence du roi... Voyez ces pièces. Legrand, t. VI, p. 324 et suiv.

[7] Mêmes autorités. D. Vaissète, in-f°, t. V, p. 6 et 7. Chastellain, Œuvres, 1863, t. II, p. 168. Le roi, par lettres données à Chinon en mai 1446, transmit les quatre châtellenies au Dauphin, vainqueur de l’Ile-Jourdain (Vaissète, ibid.).

[8] Original sur papier, signé Jaiam, Ms. Résidu Saint-Germain, n° 142, pièce I.

[9] Gaujal, Études historiques sur le Rouergue, t. II, p. 505 et suiv. Montlezun, Histoire de Gascogne, t. IV, p. 283,287. Le comte Gaston de Foix, allié du comte d’Armagnac, assistait à Châlons les défenseurs de Jean IV. En 1446, par ordre du roi, les conseillers de la couronne intimèrent à Gaston la défense de s’intituler comte par la grâce de Dieu. J’ai vu en 1857, chez M. Mayor, marchand d’antiquités, un mémoire manuscrit et original sur papier, envoyé du pays de Foix à Gaston, par Miguel de Verms, son gardien du Trésor des chartes et auteur de la Chronique de Foix, pour justifier cette formule ; pièce provenant des archives Joursanvault. L’intitulé en question était un des attributs conventionnels de la souveraineté. Le gouvernement de Charles VII étendit progressivement cette inhibition à tous les grands vassaux de la couronne.

[10] La Mure, Histoire des comtes de Forez, éd. Chantelauze, in-4°, t. II, article de Charles Ier, duc de Bourbon (communiqué en manuscrit par l’éditeur). Anselme à Charles VII. Ms. Legrand, t. VII, pièce 9. Ms. fr. 5909, f° 1209. Ms. Brienne, n° 513, f° 245 et suiv.

[11] Le rédacteur du Journal de Paris, témoin oculaire et acteur, place l’arrivée de Ferdinand sous l’année 1446, après Pâques. Mais ce fait parait avoir été transposé quant à la date. Escouchy, qui reproduit le Journal, et du Boulai, qui travaillait sur les actes de sa compagnie, mettent cette insertion en 1445. Nous pensons que le séjour de Ferdinand eut lieu entre les mois d’avril et décembre 1445. — 1445, décembre 15, concile provincial tenu à Rouen. Dispositions contre les sorciers. Raynaldi, sub anno 1445, n° XX, 26. Histoire de l’Église gallicane, t. XX, p. 402. Item, en la dite année (1445) environ les advents vint à Paris ung josne homme d’environ xxiij ou xxiiij ans, natif du pais d’Espaigne nommé maistre Ferrant de Corduba... lequel fut examiné par l’Université. Reg. 5 de Châlons, f° 2.

[12] Journal de Paris, éd. du Panthéon, p. 727. Escouchy-Beaucourt, p. 69 et suiv. Récollection des merveilles, Panthéon, p. xlvij. Parlant grec, ébreu, caldéen et latin et françois. Reg. 3, f° 2.

[13] Ibid. Vallet de Viriville, Histoire de l’instruction publique, p. 386. Epistola divi Ferrarii ad Benedictum papam, apud ejusdem opuscula, Valence, 1591, in-8°, p. 85 et suiv. Launoy, Histoire de Navarre, t. I, p. 157.

[14] Trithemii Opera historica, Francfort, in-f°, t. II, p. 415. Antonio, Bibliotheca hispana vetus, Matriti, 4785, in-f°, t. II, p. 319. Reg. 3 de Châlons, f° 2.

[15] Redet, Catalogue de D. Fontenau, p. 340. Anselme, à La Trimouille. Ms. Harlay, n° 601, vol. 6 (au 4 mars). J. J. 177, f, 140. 1446, avril 26, lettres de rémission pour le sire de Pons, allié de La Trimouille : K. 68, n° 96.

[16] Arme habituelle des gens de la campagne au quinzième siècle.

[17] J. J. 178, f° 1. Nouvelles Recherches sur Agnès Sorel, p. 73.

[18] J. J. 178, f° 1. Nouvelles Recherches sur Agnès Sorel, p. 73.

[19] Il y est dit que, depuis le meurtre, P. Sureau a été longuement détenu à Rosoy. (En partie avant la requête.)

[20] Ibidem. Anselme, aux comtes de Nevers. Nec ad horam ea (Agnete) carere posset (Carolus) : in mensa, in cubiculo, in consilio, lateri ejus semper adhæsit. Pii commentarii, p. 163. Lettre d’Agnès à son prévôt de La Chesnaye, citée Nouv. Recherches, p. 74.

[21] Anselme, article Brezé. Nous trouvons en 1402 : André ou Andrivet de Brezé, de la ville de Saumur, au diocèse d’Angers, secrétaire du roi de Jérusalem et de Sicile, et du prince de Tarente son frère, transcrivant à Aix, en Provence, l’un des manuscrits appartenant au roi de Sicile. Ms. fr. 7068, 3, Bibl. imp. P. Paris, Manuscrits françois, t. V, p. 6.

[22] Gruel, p. 373. Brasseur, Histoire du conté d’Evreux, 1722, in-4°, Preuves, p. 121, etc. Ms. Gaignières, 649, 3, à : Evreux.

[23] Ces terres étaient alors dépeuplées, et Pierre de Brezé s’engageait à les remparer et à les défendre. Le roi se réserva la suzeraineté, une haquenée blanche au 1er mai de chaque année, pour l’hommage, ainsi que diverses autres charges et aumônes.

[24] Gruel, loc. cit. P. P. 118, f° 30 ; P. P. 110, f° 214, 215, 219. Ms. Dupuy, I, f° 224 à 226. K. 68, n° 7. Mémorial, II, f° 137, v°. Louis, Dauphin, imputait au sénéchal à avoir reçu 400.000 écus pour la signature des trêves en 1444. (Legrand, t. VI, p. 662.).

[25] A. Champollion, Poésies de Charles d’Orléans, p. xxix et passim. O. de la Marche, Panthéon, p. 407. G. Chastelain, ibid., p. 227. Edition Lettenhove, passim. Gaguin, Annales, 1577, in-f°, p. 248.

[26] Agnès Sorel, p. 20, 21. Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. VIII, p. 592. Ms. fr. 1626, f° 1. René d’Anjou, Le cœur d’amour épris, dans ses œuvres, t. III, p. 126,127. Ms. fr. 1425, Chapitre de l’hôpital d’amours. Ms. 248 de Montpellier, orné des armes de Pierre de Brezé, avec le chiffre : E. E. entrelacés et sa devise : la plus du monde ; au Frontispice. Ce manuscrit contient l’Estrif de Fortune, par Martin Franc. (Communiqué sous les auspices de S. Exc. M. le ministre de l’instruction publique, en 1863.) Voir le tombeau de Brezé (chiffre) à la cathédrale de Rouen.

[27] Charles VII et ses conseillers, au mot Brezé. Cabinet des titres, dossier BRESZÉ (Pierre de) ; il signait ainsi. Catalogue Joursanvault, t. I, n° 154, 1239, 1896. Du Tillet, Recueil des roys, etc., p. 213. P. P. 110, f° 276. Nicoles Gilles, f° xcij v°, etc., etc.

[28] Biographie Didot : Marguerite d’Anjou. Chronique de Chastelain. Thevet, les Vrais portraits, etc. 1584, in-f°, f°. 201, v°.

[29] Gruel, p. 396. Ms. Brienne, n° 80, f° 155. Duclos, Pièces, 1746, in-12, p. 53. Escouchy-Beaucourt, p. 68. Legrand, t. I, p. 92, 96, 105 ; t. VI, P, 578.

[30] Chronique martinienne, f° cclxxxix. Pièces de Duclos, p. 61. Legrand, t. I, f° 97 et suiv., et t. VII, f° 647 et suiv. La tenue des Écossais et leur service étaient ceux des horse-guards ou des cent-gardes de nos jours. Voir la peinture de Fouquet qui les représente (Adoration des mages).

[31] Chronique martinienne. H. Baude, dans Chartier, t. III, p. 129. Les Écossais en France, t. I, p. 195. Ms. Résidu Saint-Germain, n° 143, f° 8, 15, 98. — Tête sans chaperon.

[32] Escouchy-Beaucourt, p. 119. Journal de Paris, p. 728. La Mer des histoires, Lyon, 1506, in-f°, f° cxxxv. Anselme, à Charles VII. Athénéum français, 4856, p. 252. Legrand, t. I, p. 105, 106. Itinéraire du Dauphin : 1446, septembre, Chinon ; octobre à décembre, Tours ; 1447, janvier 7, Lyon ; Dauphiné. Legrand, t. VI, p. 378 et suiv. Itinéraire du roi : septembre, Chinon ; octobre à décembre, Maillé ; Tours. — Pii Commentarii, p.163.

[33] Nous nous proposons de peindre plus tard, dans un chapitre spécial, Charles VII comme ami des lettres. Nous y réunirons les faits et les autorités.

[34] 1446-1447.

[35] Monstrelet (continué), éd. Vérard, t. III, f° cxxxix v°. Le Roux de Lincy, Chants populaires, etc.

[36] Legrand, t. I, liv. II, p. 18 et s. Duclos, Pièces, p. 74 et s. ; l’an 27 du règne, commençant le 22 octobre ; point de lieu, mois, ni jour. Escouchy, p. 135 et s.

[37] Legrand, t. I, liv. II, p. 18. Escouchy-Beaucourt, ibid., p. 138, note 1 et page 426. Chronique de Normandie, f° 187. Procès de Mariette, Ms. Saint-Germain fr., n° 2044, f° ij et suiv.

[38] Brezé était Angevin de naissance, mais il était Normand par ses alliances et ses principales seigneuries.

[39] Mêmes autorités. 1449, après la Prise de Rouen, don à Jacqueline Mariette, veuve de Lancelot du Moncel, de la moitié des biens de Guillaume Mariette, son frère. P. P. 110, f° 223.

[40] Correspondance de G. Machet. Ms. latin, n° 8577, f° iiijxxxix. Ms. s. fr. 4805 Fontanieu, f° 333. Sacs et lettres du roy estans à Tours, Ms. fr. 8438, f° 81. Ms. Saint-Germain 2044, passim. Ms. Dupuy, n° 152, Extraits du parlement, f° 250.

[41] Escouchy, p. 138. Journal de Paris, p. 729. N. Gilles, p. xciij. Daniel, Histoire de France, 1755, in-4°, t. V, p. 375. — Item environ l’an xlvij le roy... fut à Bourges (octobre 1447, Itinéraire), et là vint Mariette. En l’an xlviij fut mis en procès messire P. de Brezé et ordonné commissaires à Melun. (Legrand, Pièces, Ms. 6966, fa 699.) — Inventaire des lettres et actes que messire P. Puy a baillés par commandement du roy (Louis XI, vers le changement de règne) à Jehan Bourré : :.. un coyer ouquel a plusieurs extraits du procès de feu Me G. Mariette et le double de la rémission de messire P. de Brezé... Le double d’une lettre écrite par le sr de Hongressoit (Hungerford ?) audit Brezé. Le double de la confession prise par les commissaires qui firent le procès de Mariette. Le double de deux confessions, de deux dépositions dont l’une est de Cousinot et l’autre de M. Dunois. Lequel coyer est coté au dos P. A. (Même collection, t. VIII, n° 6967, p. 17.)