HISTOIRE DE CHARLES VII

TOME DEUXIÈME

LIVRE V. — DEPUIS LA PUCELLE JUSQU’À LA RÉDUCTION DE PARIS SOUS L’AUTORITÉ DE CHARLES VII (1429-1436).

CHAPITRE VII. — Paris anglais, suite et fin. Réduction de la capitale sous l’autorité de Charles VII (1435-1436 avril).

 

 

Dans la nuit du 30 mai au 1er juin 1435, les Français s’étaient rendus maîtres de Saint-Denis[1].

La lutte s’encagea, pied à pied ; sous les murs de Paris. Saint-Denis, le 24 septembre, fut rendu par capitulation aux Anglais. Mais le même jour, les Français s’emparèrent du pont de Meulan. Le traité d’Arras, partout acclamé, signifié aux puissances, porta moralement un coup irrémédiable à la domination des Lancastres. Ce traité, comme on l’a dit, entraîna la mort accidentelle de Bedford. Un autre fait analogue mérite d’être noté[2].

Isabeau de Bavière expiait, dans une longue et triste vieillesse, ses pompes, son orgueil, ses fautes du passé. Les Anglais l’avaient rationnée : ils l’humiliaient ; le peuple la maudissait. Elle habitait un coin du vaste hôtel de Saint-Paul, qui était pour elle une prison plutôt qu’un palais. En passant devant cette demeure, qui avait été celle de Charles VI, chacun disait, sans daigner même nommer la veuve du roi : Voilà la cause de tous les maux qui sont en France. La vieille Isabeau prit, à ce qu’il semble, en pénitence, cet opprobre et ce châtiment. Lorsque Henri VI fit son entrée à Paris, Isabeau, avec quelques femmes, se tenait à une fenêtre de Saint-Paul : le jeune roi, en apercevant son aïeule, souleva son chapeau et la salua ; Isabeau, émue, s’écarta aussitôt et pleura. La mère de Charles VII, déshéritée, vécut assez pour connaître l’issue du congrès d’Arras. A cette nouvelle, Isabeau versa de nouvelles larmes. Mais ce furent, dit-on, des larmes de joie, et la reine mourut de l’impression qu’elle en ressentit[3].

Les hostilités étaient quotidiennes. En janvier 1436, pendant que la frontière maritime de Normandie redevenait française, Pontoise ouvrit ses portes aux soldats du roi Charles. Le 11, Charenton fut pris. Charles VII, par lettres données à Chinon le 29, institua son beau-frère, Charles d’Anjou, capitaine et gouverneur de Paris. Le 11 février, un soulèvement éclatait dans la capitale. Guillaume de la Haye, chevalier français, avait été emprisonné à la requête d’un Anglais : nous ignorons par quel motif ; mais le peuple prit parti en faveur du prisonnier. Le gouvernement fut informé qu’un mouvement populaire avait pour but d’enlever le captif. Il prévint ou arrêta ce mouvement, en faisant transporter le détenu dans une autre prison. Le conseil du parlement, chargé de la régence de la ville, siégeait en permanence, livré à de perpétuelles alarmes. A Londres, le conseil étroit d’Henri VI délibéra sur la situation, chaque jour aggravée, des affaires françaises. La levée d’une nouvelle armée fut décidée pour le mois d’avril. A cet effet, comme les ressources publiques étaient épuisées, les conseillers du jeune prince ouvrirent un emprunt en son nom[4].

Le 19 février 1436, un soldat écossais, qui se faisait passer pour anglais, montait sa faction, la nuit, sur le donjon de Vincennes. Il y avait dans le fort un prisonnier français : par l’initiative de ce captif, le soldat avait été mis en rapport avec, l’abbesse de Saint-Antoine des Champs. Madame de Calonne en écrivit à Denis de Chailly, bailli de Meaux, chevalier du roi Charles. Le duc de Bourbon, informé, dépêcha quelques gens d’armes. Guillaume de la Barre, qui était avec D. de Chailly, parut devant le donjon, suivi de ses soldats. Le 19, au signal donné, l’Écossais fit passer aux assiégeants des cordes et des échelles. Ces derniers étaient au nombre de onze, y compris la Barre : ils escaladèrent le donjon. Aidés par l’Écossais, les assaillants tuèrent ou chassèrent les Anglais : ils se rendirent ainsi maîtres de cette place forte. Beauté-sur-Marne, Brie-Comte-Robert, Corbeil et autres localités, furent également prises par les Français[5].

Charles VII, en ce temps, résidait à Poitiers. La soumission de Paris formait le sujet continuel des délibérations de son conseil. Le 28 février 1436, le roi signa des lettres d’abolition pour la capitale[6].

Philippe le Bon, sous la même date, fit sceller de son sceau un acte semblable. Le duc de Bourgogne se portait, auprès des Parisiens, garant du roi de France et lui servait de précurseur. Ces lettres ne furent criées et publiées qu’après le succès de la campagne : mais, dès lors, elles circulèrent et produisirent leur effet moral. Les dernières mesures pour consommer l’entreprise furent arrêtées avec le connétable. A. de Richemont reçut le 8 mars, à Poitiers, ses provisions royales qui le nommaient lieutenant-général du roi dans les pays de France, Champagne, Brie, Beauvoisis, Normandie, Picardie et autres, sur et outre les rivières d’Yonne et Seine. Cette patente conférait au connétable les pouvoirs les plus étendus, non seulement dans l’ordre militaire, mais sous les rapports financier, civil et politique[7].

La capitale était donc cernée par une zone d’investissement, qui se resserrait de plus en plus. Sur la haute Seine, Melun, Corbeil, appartenaient à Charles VII, avec Charenton et Vincennes. En aval de Paris, le roi occupait le pont de Meulan et Poissy, sur le cours inférieur du fleuve ; il tenait la Marne par Lagny ; l’Oise, par Pontoise. Les routes de terre ne se pratiquaient plus. Ces divers affluents mettaient entre les mains des Français l’approvisionnement de la capitale. De telles mesures furent concertées, exécutées heureusement, avec ensemble et à point. Elles indiquent, de la part du gouvernement de Charles VII, une suite de vues, une fermeté de conduite, une discipline d’action générale, qui ne se manifestent pas, à ce degré, dans ses actes antérieurs. Avec des ressources très limitées, ces grands résultats ne s’obtinrent point sans des efforts considérables. L’abandon, le sacrifice (peut-être raisonné), de la Normandie, mérite assurément un jugement sévère : niais tout appréciateur équitable devra faire acception, pour décider son jugement, des considérations que nous venons de rappeler.

De l’entrée du carême à Pâques, le blé avait quadruplé de prix. Au sein du gouvernement d’Henri VI, le désarroi moral était extrême. Tout ce que l’Église et les hautes régions sociales comptaient d’âmes élevées, de caractères indépendants, avait prévu, dès le premier jour, la chute de la tyrannie, et y tendait. En avril 1436, parmi les fonctionnaires les plus sages, la majorité songeait à une transition, devenue imminente et inévitable. Les Français, ennemis des Armagnacs, s’étaient toujours déclarés bourguignons, mais nul, en aucun temps, n’eût osé se proclamer anglais. Or le duc de Bourgogne venait de se rallier au roi de France : ses lettres du 27 février 1436 dessinaient la nouvelle situation ; le maréchal de l’Ile-Adam, précédemment capitaine de Pontoise, jouissait, auprès des Parisiens, d’une grande popularité. Ainsi que son maître (Philippe le Bon), il quitta les Anglais et se déclara pour la cause du prince de Valois : l’Ile-Adam fut l’intermédiaire naturel entre Paris et les lieutenants du roi Charles[8].

Le gouvernement anglais s’appuyait, à Paris, sur quatre évêques : celui de Lisieux (P. Cauchon) ; celui de Térouanne (Louis de Luxembourg), celui de Paris (Jacques du Chastelier) et celui de Meaux (Jean de Brion)[9]. Robert, lord Willoughby, commandait les troupes nouvellement arrivées d’Angleterre. Il avait sous ses ordres le fameux S. Morhier. Ce groupe de chefs politiques suppléait au petit nombre et au vide moral qui s’étendait autour de lui par l’audace et l’intimidation. Le 15 mars 1436, les fonctionnaires et les notables de Paris durent prêter un nouveau serment. Tous jurèrent sur peine de damnation de leur âme, sans épargner prêtre ni religieux, qu’ils seroient bons et loyaux au roi Henri d’Angleterre ; et qui ne le vouloit faire, il perdoit ses biens et étoit banni ; où il avoit pis ; et n’estoit nul homme qui parler en osât, ni faire semblant. Dans le même temps, des commissaires explorant la ville, s’enquéraient de ce qu’elle renfermait de vivres et d’approvisionnement[10].

Le lendemain, 16 mars, parut un nouvel édit.

Tout habitant de Paris, s’il ne voulait prêter le serment exigé la veille des fonctionnaires, était tenu de venir le dire à Justice. Moyennant cette déclaration, il pouvait obtenir, par miséricorde, le droit de s’exiler avec sa famille. Défense de proférer aucune parole malsonnant contre et au préjudice de nous (Henri VI) ou de notre seigneurie. Défense de porter autre signe que le nôtre, c’est-à-dire la croix rouge. En cas où la ville serait envahie d’assaut, il est enjoint que nul des habitants ne s’émeuve. Il est interdit de se porter au lieu des hostilités, à moins d’un service militaire commandé ; mais que chacun vaque à ses métier ou occupations accoutumées. — Ainsi signé : Par le roy, à la relation du grand conseil, où vous (Louis de Luxembourg) les évesques de Lisieux et de Paris,le sire de Willughby, Me Jean le clerc, les seigneurs de Courcelles, de Clamecy, le prévost de Paris, celui des marchands... et autres, estiez. — Lu et publié en la cour du parlement le 17[11].

Vers les premiers jours d’avril, le connétable Artus de Richemont vint se poster à Pontoise, où il fit sa jonction avec le maréchal de l’Ile-Adam. Les sires de Warambon, de Ternant, et autres lieutenants du duc de Bourgogne, accompagnaient le maréchal. Ces chevaliers, moyennant argent comptant, se mirent immédiatement en campagne. Le bâtard d’Orléans, Jean Foucault, Denis de Chailly, marquaient parmi les auxiliaires de la cause française. Le 10 avril 1436, Richemont se dirigea vers la capitale : Lord Beaumont marcha, suivi d’environ cinq cents lances, à sa rencontre. Les deux partis en vinrent aux prises entre Épinay et Saint-Denis. Thomas de Beaumont, battu et fait prisonnier, y perdit presque tous ses hommes. Les Anglais avaient récemment abattu les portes et les murailles de cette ville. Richemont s’y établit militairement. Les débris de la petite armée de lord Beaumont se réfugièrent dans la tour du Velin ou du Venin, attenante à l’abbaye[12].

Le moment décisif approchait. Les esprits étaient agités par ce fluide électrique, par cette fermentation, qui se produisent à la veille des coups d’État.

Une grande faute avait été commise par la démocratie parisienne. Dans son antagonisme contre les Armagnacs, elle s’était laissé entraîner jusqu’à sacrifier l’indépendance du pays. Frappés de stérilité, pour avoir méconnu ce principe, ses efforts aboutirent à seize années d’oppression. A la suite de cette dure expérience, une puissante réaction s’était à la longue et universellement opérée dans les esprits.

Le principal acteur de la péripétie de 1436 fut Michel de Lallier. Quelques notions morcelées ne nous permettent pas de glorifier complètement ce personnage ; elles ne suffisent même point pour nous rendre un compte parfaitement clair et précis de ses évolutions politiques.

Michel ou Michaud Laillier ou de Lallier appartenait à une famille parisienne. Il fut de ces bourgeois qui, par leur intelligence, leur richesse, leur sens pratique et éclairé des affaires, occupèrent une si grande place au quinzième siècle. Dès 1404, il était familier du roi Charles VI et prenait part à ses munificences habituelles. Nous le trouvons alors qualifié marchand et valet de chambre du roi ; c’est-à-dire fournisseur de la cour et banquier. De là, il était passé à un emploi officiel des finances : celui de trésorier, puis maître des comptes (1409-1410) ; fonctions considérables et dont les équivalents exacts ne subsistent plus dans notre hiérarchie actuelle[13].

En 1412, on le classait dans le parti de la cour. Michel fut alors accusé d’avoir prêté son aide à l’altération des monnaies. Trésorier de France, et sans négliger le soin de sa fortune personnelle[14], il eut pour collègue Bureau de Dammartin, dont la femme était parmi les intimes de la reine. Laillier découvrit et dénonça en 1416 la conspiration du boiteux d’Orgemont, qui devait attenter à l’autorité, si ce n’est à la vie de cette princesse. Michel fut lui-même un des familiers et confidents de la reine Isabeau de Bavière. Ambassadeur au congrès de la Tombe, il signa le traité de Troyes en 1420, avec un autre bourgeois de Paris, son compère et ami, Guillaume Sanguin. Tous deux souscrivirent cet acte comme membres du grand conseil[15].

Cependant, après l’enlèvement du dauphin, Michel de Laillier figurait encore, comme maître des comptes, parmi les officiers du prince Charles. En 1418, il fut d’abord destitué par les Bourguignons et sut, il est vrai, se faire réintégrer cette même année. Après la mort de Charles VI, Laillier, l’un de ses exécuteurs testamentaires, prit part à la conspiration de 1422. Ayant échoué, Michel courut se réfugier près de Philippe le Bon, qui n’avait point voulu quitter sa résidence de Flandres. Ce complot suivit de très près la séance du 27 octobre, où l’ordre de succession de la couronne fut mis en délibération. Les documents ne nous ont laissé, sur ces faits, que des énigmes laconiques. Si nous en pénétrons. le sens, Laillier et ses adhérents visaient à quelque combinaison dynastique, moins défavorable au dauphin qu’une exclusion pure et simple[16].

Quoi qu’il en soit, Michel de Laillier rentra en grâce une seconde fois. De 1422 à 1436, il servit le gouvernement anglais, comme maître des comptes, et prêta le serment du 15 mars. Nous ne savons rien des circonstances ni des motifs personnels, qui purent, dans cette dernière période, influer sur sa ligné de conduite. Seulement, à cette époque ou vers cette époque, Michel de Laillier maria sa fille à Pierre Lorfèvre, seigneur de Montreuil-sous-le-bois-de-Vincennes, etc. Il s’allia de la sorte à la famille Cousinot, connue par ses grands services, et parla fidélité de son dévouement à la cause nationale[17].

Le 43 avril 1436, de concert avec Michel de Laillier, le connétable, de très grand matin, s’approcha de la capitale. Tout était prêt. Des communications, de plus en plus fréquentes et sécrètes, régnaient, depuis quelque temps, entre la ville et les lieutenants du roi Charles. Richemont avait laissé des forces à Saint-Denis. Il eut soin d’y laisser surtout les routiers ou écorcheurs, dont il appréhendait les excès. Le connétable avait envoyé d’avance son infanterie. Il était accompagné du maréchal de l’Ile-Adam, du bâtard d’Orléans et autres chefs de guerre. Richemont se présenta d’abord à la porte Saint-Michel, proche les Chartreux[18].

Quelques-uns des cavaliers qui suivaient se dirigèrent vers le couvent. De ce point élevé, ils voulaient explorer la ville du regard. Un homme se montra sur la porte du monastère, faisant signe du chaperon, et, comme les cavaliers approchaient, il dit : Tirez (marchez) à l’autre porte ; celle-ci n’ouvre pas ; on besogne pour vous aux Halles. Le connétable, ainsi prévenu, se rendit à la porte Saint-Jacques, peu éloignée. Dès le matin, Laillier était sur pied, assisté de Jean de Laillier, son fils, de Jean de la Fontaine et autres bourgeois influents. Des émissaires, répandus aux Halles et sur divers points, rassemblèrent le peuple. Des groupes se formèrent, écoutant ces orateurs improvisés, qui les appelaient aux armes. Vive le roi de France ! maudits soient les Anglais ! Ces cris retentirent et propagèrent, en se multipliant, l’enthousiasme[19].

Les Anglais, avertis par un tumulte inaccoutumé, se mirent en défense. Tout d’abord, ils voulaient courir aux portes de la ville pour s’en assurer. Mais déjà le peuple était en armes : l’insurrection se décidait ; c’était contre la population même qu’ils avaient à lutter. Hommes et femmes prenaient part à cette manifestation, devenue nationale. Les pierres, bûches, tables, tréteaux et autres meubles, pleuvaient, jetés des fenêtres, par les habitants, sur les soldats d’Henri VI. Les chaînes des rues furent tendues par les bourgeois. Composée de 1.500 hommes environ, la garnison se divisa en trois corps : l’une marcha sous les ordres de Willoughby ; l’évêque de Térouanne et Simon Morbier prirent le commandement de la seconde ; l’autre obéissait à Jean Larcher, lieutenant du prévôt[20].

Ces détachements ne parcoururent qu’avec des peines infinies l’itinéraire qui leur était tracé. Indépendamment du peuple insurgé, la milice municipale partageait avec les Anglais le service de la force armée ; or, la milice était bourguignonne et désormais française. L’Ile-Adam précédait le connétable : il parut sous les murs de la porte Saint-Jacques. Des pourparlers s’engagèrent entre lui et les bourgeois, qui montaient la garde sur les remparts. Le maréchal tenait à sa main les lettres d’abolition, scellées du sceau royal. A la demande des parlementaires, il jura solennellement que cet acte d’amnistie serait religieusement observé. En ce moment, les gardiens de la porte, Bourguignons, disputaient sur l’incident avec les Anglais. Le guichet s’ouvrit. Durant qu’on rompait les serrures du pont-levis, le connétable entra par ce guichet ou poterne. En même temps, l’Ile-Adam escalada le mur à l’aide d’une échelle, que lui tendirent les assiégés. Ceci se passait entre sept et huit heures du matin. D’un autre côté, dés soldats du connétable s’introduisirent dans Paris par la rivière, embarqués sur divers esquifs[21].

L’Ile-Adam, aussitôt qu’il fut maître de la plate-forme, fit arborer la bannière aux trois fleurs de lis et cria : Ville gagnée ! Il pénétra ensuite dans Paris, ainsi que le bâtard d’Orléans et le connétable. Partout, les bourgeois avaient revêtu la croix blanche droite, ou la croix rouge en sautoir[22]. On entendait de plus en plus ces cris : La paix ! Vive le roi et le duc de Bourgogne ! Arrivé au pont Notre-Dame, le connétable y rencontra Michel de Laillier, l’âme de l’insurrection. Il tenait à la main une grande bannière de tapisserie, aux armes du roi Charles[23].

En se rendant à leurs emplacements assignés, les troupes anglaises tiraient, de leurs flèches, aux fenêtres des habitants, principalement aux angles des rues. Ils criaient : Saint Georges ! Traîtres Français ! Tuez tout ! Au cœur de la ville, les grandes rues Saint-Denis et Saint-Martin, barrées par des chaînes, étaient presque vides. Deux bourgeois, inoffensifs, furent rencontrés par Jean Larcher, devant Saint-Merry. Le chef et les soldats assouvirent leur colère sur ces deux hommes, qui furent tués plus de dix fois sur la place. Simon Morbier reconnut, rue Saint-Denis, un riche boulanger nommé Le Vavasseur. Le prévôt paraissait ému et troublé par la gravité des circonstances ; Vavasseur essaya de le fléchir : Monsieur mon compère[24], lui dit-il, ayez pitié de vous ; car je vous promets qu’il convient, à cette fois, faire la paix, ou nous sommes tous détruits !Comment ! es-tu tourné ?[25] répondit le prévôt. A ces mots, Morhier, de l’arme qu’il tenait à la main, frappa Vavasseur à la tête ; celui-ci tomba sur le pavé : il fut achevé par les soldats, tandis que le prévôt poursuivait sa route vers le quartier des Halles[26].

Jean Larcher parvint à la porte Saint-Denis. Mais Laillier, dès le matin, avait fait occuper les deux étages du corps de garde. Larcher, reçu à coups de canon, par la milice, se replia sur la Bastille Saint-Antoine. C’est là que Willoughby, l’évêque de Térouanne, les familles anglaises et les derniers agents du gouvernement d’Henri VI, accoururent successivement pour trouver un asile. Environ douze cents personnes, militaires, civiles, religieuses, ou de diverses professions, se réunirent dans cette forteresse. Les trois meurtres, rapportés ci-dessus, causèrent presque les seules victimes, que coûta la révolution. Ce résultat remarquable et inespéré fut dû à l’énergique modération du connétable. On appréhendait que la ville fût, selon la coutume, livrée aux assiégeants. Cent charrettes suivaient l’armée de Richemont, chargées de blé. Les charretiers comptaient vendre le froment à la ville affamée et remporter, à titre de loyer ou charroi, les produits du pillage. Mais le comte de Richemont défendit immédiatement, sous peine de mort, toute atteinte aux personnes ou aux biens, contre qui que ce fût, à l’exception des natifs d’Angleterre. Les Anglais, en effet poursuivis, se réfugièrent à la Bastille. Leurs biens meubles furent saisis et distribués incontinent. Leurs immeubles, confisqués, devinrent, un peu plus tard, le lot des vainqueurs[27].

L’esprit mobile et inflammable des Parisiens s’enthousiasma d’une conduite si mesurée. Le connétable se montrait partout : au Parloir-aux-Bourgeois ; aux Halles ; devant Saint-Innocent. Il fut reçu partout avec les marques de la plus vive sympathie. En l’honneur du vendredi des fêtes de Pâques, le comte jeûnait, ce jour-là, jusqu’à midi. Près de St-Innocent, il accepta des épices et but chez un gros marchand, Jean Asselin, épicier[28], son ancien fournisseur. De là, il se rendit à Notre-Dame, accompagné de l’Ile-Adam, du sire de Ternant, du bâtard d’Orléans et des capitaines. L’évêque espagnol, anglais de la veille et français du lendemain, vint les recevoir processionnellement à la grande porte. Ce prélat avait autour de lui ses chanoines en chapes de soie, précédés de la croix, des cierges et de l’eau bénite. Le connétable entendit la messe, tout armé. Messieurs du chapitre lui firent également prendre du vin et des épices. Ensuite le connétable vint à la porte Baudet. Il établit une clôture devant la Bastille, et la place fut ainsi bloquée du côté de la ville. Puis il alla dîner, vers midi, à l’hôtel du Porc-Épic, près Saint-Paul[29].

L’Université, comme les bourgeois, comme le peuple et le clergé, s’unit au mouvement national. Une réunion habituelle de ses comices devait avoir lieu, le 13 même, aux Mathurins. Mais l’extrême agitation fit ajourner cette assemblée. Ce fut le prieur des Jacobins qui harangua le connétable, au nom de l’Université. Arthur de Richemont reçut tour à tour la soumission et les félicitations de tous les corps de l’État[30].

Au bruit des cloches, qui sonnaient dans Paris, les routiers et les écorcheurs de Saint-Denis accoururent vers la capitale. Mais le connétable leur en défendit inexorablement l’entrée. Cette soldatesque, exaspérée, rebroussa chemin du côté de Saint-Denis. Simon Morbier s’était porté à Charenton, qui fut le théâtre d’un nouveau combat : les propres soldats du prévôt le firent prisonnier ; ils le livrèrent à Denis de Chailly, qui le mit à finance, et la mule que montait le prévôt fut conduite à Saint-Denis, en signe de victoire. Le sire de Brichanteau, neveu de Morhier, commandait la tour du Venin, dernier rempart des Anglais. En apercevant cette mule, il vit que tout était perdu et prit un parti désespéré. Brichanteau, suivi de sa faible garnison, sauta dans les fossés de l’abbaye. Par l’autre bord, il regagna la plaine et s’efforça de se frayer une issue. Mais les écorcheurs, en retournant de Paris, rencontrèrent ces fuyards, dispersés à travers les marais[31]. Ils en firent un massacre général. Le sire de Brichanteau (aïeul des marquis de Nangis), fut rapporté mort et inhumé en l’hôtel-Dieu de Saint-Denis[32].

Dans le même temps, Chevreuse, Saint-Denis, Marcoussis, Montlhéry, le pont de Charenton, celui de Saint-Cloud et d’autres places, se rendirent au roi de France. Le 14 avril 1436, les lettres d’abolition turent publiées solennellement à Notre-Dame et au Châtelet. Ce même jour, par ordre du connétable ; un marché public, fermé depuis 1415, s’ouvrit devant la Madeleine. Tout y abondait : le blé, qui la veille se vendait quarante-huit ou cinquante sous, était tombé à une livre parisis. Le connétable, au nom du roi, institua prévôt des marchands M. de Laillier, qui jouit, dès lors, moralement, d’une souveraine autorité dans la ville. Le sire de Ternant fut nommé prévôt de Paris. Divers bourgeois, auteurs de l’insurrection, entrèrent en possession des postes administratifs les plus importants[33].

Le 17 avril 1436, tous les prisonniers de la Bastille sortirent, la vie sauve, par capitulation. Afin d’éviter une commotion nouvelle du populaire, l’autorité ne laissa point les Anglais traverser la ville. Ils s’éloignèrent en dehors, côtoyant les boulevards, et vinrent gagner la Seine pour s’embarquer sur ce fleuve jusqu’à Rouen. En passant devant la porte Saint-Denis, ils furent aperçus des Parisiens. Ceux-ci poursuivirent de leurs malédictions et de leurs huées les derniers suppôts de l’oppression[34].

 

 

 



[1] Le lundi 8 mars 1433 (1434 n. s.), religieuse personne, frère Robert de Balincour, célérier du monastère de Saint-Denis en France, a envoyé en garde à Messieurs les doyen et chapitre de Saint-Etienne de Bourges, les saintes reliques de la Couronne et du Clou. Messieurs ont promis et se sont obligés de les rendre toutes et quantes fois ils en seraient requis de la part de l’abbé et du couvent dudit monastère et du consentement du roi de France, ou de son successeur. Registre, aujourd’hui brûlé, des délibérations capitulaires (en latin) de la cathédrale de Bourges, à la date. Traduit sur un extrait copié aux archives du Cher avant l’incendie, le 18 août 1849. On voit que le couvent, dès 1434, prenait ses précautions. Ces reliques furent en effet restituées à Saint-Denis par Charles VII, en 1445. Raynal, Hist. de Berry, t. III, p. 29.

[2] Journal de Paris, p. 703 et s. Monstrelet, V, 125 et s. J. Chartier, 1, 179 et s. Berry, 389 et s. Gruel, 378 et s. Cagny, ch. 126 et s. Journal d’Arras, p. 103 et s. Catalogue Teulet, 412, 418. Basin, I, 119 et s. Ab. Desjardins, Négociations avec la Toscane ; Documents inédits, in-4°. t. I, p. 56. Lettres de Charles VII, archives de Reims, 10 octobre 1435. D. Morlot, Histoire de Reims, 1843, in-4°, t. IV, p. 178. Amplissima collectio, 1733, in-f°, t. VIII, p. 861-4.

[3] Isabeau expira le 29 septembre 1435. L. L. 217, f° 174 (2e partie). Félibien, t. II, Preuves, p. 595 a. Vallet de Viriville, Isabeau de Bavière, 1859, in-8°, p. 38. Etc.

[4] Basin, I, 119. Journal de Paris, 705. Monstrelet, 205. J. Chartier, 217. Félibien, Histoire de Paris, t. II, p. 822 ; t. IV, p. 595 b. Anselme à Charles d’Anjou. Proceedings of the privy council, etc., IV, p. 310 et s.

[5] Et en eut ledit escossois pour ce faire cinq cens escus et tous les biens du capitaine anglois, qui estoit à Paris. Berry, 392. J. Chartier, I, 178. Monstrelet, 236. Basin, 122.

[6] Autres lettres analogues du 3 mars 1436 données à Poitiers : La reine de Sicile, les ducs de Bourbon, d’Alençon, Charles d’Anjou, le comte de Vendôme, le chancelier ; les archevêques de Vienne, de Toulouse ; les évêques de Poitiers, de Maguelonne ; Christophe d’Harcourt, le maréchal de la Fayette, le grand-maître des arbalétriers ; les sires de Bueil, de Trèves, de Gaucourt, de Chaumont, de Coëtivy, Th, de Falpergue, B. de Beauvau ; maîtres Geoffroy Vassal, Jean Fournier, R. de Bouligny et autres, présents. K 949, n° 26.

[7] Itinéraire. Félibien, Preuves, 559 b. Gruel, 377, 379. Ms. français n° 8405, C, f° 213. Arch. de la Préfecture de police, livre vert vieil ; 2e pièce. K. 919, n0s 24, 27, 28. Lettres données à Poitiers par Charles VII, le 15 mars 1436 : il valide les sentences rendues par les autorités anglaises entre Français, dans les villes rebelles (Livre vert vieil 2e, f° 33) ; Du Tillet, Traités, p. 241.

[8] Journal de Paris, p. 705. Monstrelet, p. 217. Gruel, p. 380 b. Etc.

[9] Ces deux derniers prélats se rendirent Français immédiatement après la victoire. Jacques du Chastelier (de Castellari), créature de Bedford, était un gentilhomme espagnol, issu de la maison des comtes de Jaavedia (ou Saavedra ?) Licencié en décret, il n’avait reçu que l’ordre de sous-diacre... Il fut successivement archidiacre de Bruxelles, trésorier de Reims, puis évêque de Paris, sacré par Cauchon. Il mourut de la peste en 1438. (Gallia Christ. VII, 146 et s.) Le Journal de Paris lui consacre ces mots pour toute oraison funèbre : Trépassa l’évesque de Paris, nommé sire Jacques, un homme très pompeux, convoiteux, plus mondain que son estat ne le requéroit. (P. 714.)

[10] Ms. fr. 2882, f° 110. Félibien, Preuves, ibid., 596 a. Le 4 avril, quatre cents soldats anglais n’étaient point payés de leur solde : ils désertèrent et se répandirent en pillards dans la banlieue. Journal, p. 705, 706.

[11] Ordonnances Barbines, X. X. 8594, fus 32, 33. Du Tillet, Traités, p. 241.

[12] Journal, p. 704 à 706. Monstrelet, 187, 21 S. J Chartier, 183, 222. Berry, 392, 393. Gruel, 380, 381. Basin, 120, 121. Gagny, chapitre 135.

[13] Cabinet des titres, dossier Laillier. Bourgneuf, Mémoire sur les privilèges des Trésoriers de France, etc., Orléans 1145, in-4°, p. 9. Denys, Armorial de la chambre des Comptes, Paris, 1789, in-4°, p. t. I, p. liij et s.

[14] En 1410, Michaud Laillier était seigneur de La Chapelle près Paris, et du Vivier-lès-Aubervilliers. Il fit édifier, en 1416, sur le pont Saint-Michel, 16 loges ou maisons, louées en bail aux vies de lui et de Jeanne, sa fille, âgée de 8 ans. Il possédait à Gonnesse un hôtel et ses dépendances avec 145 arpents de terre. En 1436, il s’enrichit des confiscations opérées après la réduction de Paris sur les partisans des Anglais. Michel de Lallier devint enfin seigneur d’Hermenonville et autres terres ; toutes situées, comme les précédentes, en France et dans les environs de Paris. Dossier Laillier. P. P. 118, f° 198. Sauval, Antiquitez de Paris, t. III. p. 271.

[15] Religieux de S. Denis, IV, 763 ; VI, 173. Fournival, Recueil des Trésoriers, 1655, in-f°, p. 13. Monstrelet, III, 140. Cousinot, p. 178. J. Chartier, III, 282, 287.

[16] Denys. Dossier Laillier. Monstrelet, t. IV, p. 135, note 2.

[17] Denys. Beaurepaire, Administration, p, 5. Ms. Fontanieu, 115-116. X. X. 1481, f° 118. Félibien, Histoire de Paris, t. II, p. 822 et s. Dossier Laillier. Chronique de Cousinot, p. 21, 23.

[18] Parc. de Cagny, ch. 136. Berry, p. 393. Gruel, p. 362. Kausler, Atlas des batailles, Carlsruhe, 1831, grand in-folio, planche 34 : le texte, in-4°, page 151. On trouvera dans cet ouvrage un excellent précis des opérations militaires, accompagné d’un plan fort intéressant de Paris, en 1436. Les Chartreux : aujourd’hui Jardin du Luxembourg.

[19] Gruel. Cagny, ch. 137. J. Chartier, I, 224. N. Gilles, 1557, t. II, f° lxxxv.

[20] Journal de Paris, p. 706. X. X. 1481, f° 120 v°. J. Chartier.

[21] Gruel, 362. Monstrelet, 249. Basin, p. 122. J. Chartier, 226. Registre capitulaire de Notre-Dame de Paris. L. L. 217, 2e partie, f° 206. Violet le Duc, Architecture militaire, p. 115.

[22] La croix rouge, droite, était l’insigne des Anglais ; la croix blanche, droite, celui de Charles VII, et la croix rouge en sautoir ou de Saint-André était l’insigne de Bourgogne.

[23] Journal. Gruel.

[24] Le Vavasseur et Morbier pouvaient être compères : 1° si tous deux avaient tenu un même enfant sur les fonts ; car un baptisé avait plusieurs parrains ; 2° si Vavasseur avait été parrain d’un enfant de Morhier ; 3° si Morhier avait donné son nom à quelque enfant de Vavasseur.

[25] Eh quoi, traître, es-tu contre nous ?

[26] J. Chartier, 255. Journal, 706.

[27] Journal, p. 707. Gruel, 382. Cagny, chap. 137. Monstrelet, 220. Livre vert vieil 2e, f° 25.

[28] Les épiciers (aujourd’hui bien déchus) occupaient, au XVe siècle, le deuxième rang parmi les six principaux corps de métier de la capitale. ... A Jehan Asselin, espicier ; bourgeois de Paris, la somme de 22 liv. ou 3 s. t. ; pour avoir vendu une chandelle de cire, qui ard (brûle), jour et nuit, en l’église de N. D. de Paris, devant la représentation de ladite Vierge ; ladite chandelle pesant 110 livres de cire, présentée le 3 juin 1425. — Au sonneur des petites cloches en l’église de N. D. de Paris, et allumeur de la chandelle qui ard jour et nuit... pour ses gages d’un an, 100 s. p. Comptes de la ville : K. K. 402, f° 65 et 66 v°.

[29] L. L. 217, P 206. Gruel, 387. L’hôtel du Porc-Épic, où logeait le connétable, avait appartenu à Louis, duc d’Orléans.

[30] Du Boulai, Historia Univ. Paris., t. V, p. 435. Félibien, Histoire de Paris, p. 823 et les preuves citées. Ms. 2882, f° 108. Etc.

[31] Terres basses, cultivées par les maraîchers.

[32] J. Chartier, 225. Gruel, 382.

[33] Livre vert vieil 2e, pièce 2. Félibien, 823, 824 ; preuves 559, 597. Mémorial K, f° 1. Ms. Arsenal, Histoire, n° 467, f° 406, v°. Fournival, Trésoriers, p. 13. Ordonnances, XIII, 218. Ms. de la préfecture de Troyes VII, d, 1, f° 160 v°. Liney, Histoire de l’Hôtel de Ville de Paris, 1846, in-4°, p. 156. Journal, p. 707 b. Godefroy, Charles VI, p. 527.

[34] L. L. 217, f° 206. Basin, I, 122. Berry, 394. Gruel, 382, 388. Cagny, ch. 137. Journal, p. 707, 708. Et à leur département firent lesdits parisiens Brant huée en criant : A la keuwe ! (Monstrelet, 221) ; ... au regnard ! (J. Chartier 228). La queue de renard était l’emblème particulier de Henri V.

On lit dans le registre des élections municipales de Paris K. K. 1009, f° 5 v° : Le lundi vingt-troisième jour de juillet 1436 (terme ou époque légale), auquel [an] la ville de Paris fut réduite et mise par les bourgeois et habitants d’icelle et par leur entreprise en l’obéissance du roy, notre sire Charles VIIe, fut faicte nouvelle élection de prévost des marchands et de quatre eschevins, c’est assavoir des personnes de sire Michel de Laillier, esleu pour prévost ; et lequel avoit esté éhief et conducteur desdits bourgeois et habitants, en faisant ladite réduction, en reboutant les Anglois et adversaires dudit seigneur ; — et Jehan de Belloy, Nicolas de Neufville, Pierre de Laudes et Jehan de Grant-rue, esleus pour eschevins ; — tous iceulx prévost et eschevins, natifs de la ville de Paris ; et lesquels firent le serment ès mains de M. le doyen de Paris (Jean Tudert), lors tenant et gardant le petit scel du roy notre sire.

Il s’agit ici du sceau de la prévôté ou du Châtelet de Paris. Cette élection régularisa les pouvoirs de Laillier, qui exerçait en fait depuis le 14 avril.

Le 20 avril 1436, les chanoines de Paris eurent besoin d’argent pour répondre aux demandes de contributions que le connétable leur adressait au nom du roi Charles. Par délibération du Chapitre, des chanoines-commissaires visitèrent l’argenterie du trésor. On résolut de sacrifier le tableau d’or émaillé donné par Bedford, présent et souvenir de la dynastie déchue. Ce tableau fut vendu à un orfèvre de Paris, moyennant 300 livres, et le prix, remis aux receveurs du roi. L. L. 217, 2e partie, P 207.

1436 et 1437. Horoscopes politiques sur les révolutions de la nativité de Henri VI et de Charles VII. Ms. lat. 7443, f- 84, 85. Figura revolutionis Henrici regis Anglie pro anno 1436. (Ibid.)