HISTOIRE DE CHARLES VII

TOME DEUXIÈME

LIVRE V. — DEPUIS LA PUCELLE JUSQU’À LA RÉDUCTION DE PARIS SOUS L’AUTORITÉ DE CHARLES VII (1429-1436).

CHAPITRE V. — Depuis l’enlèvement de La Trimouille jusqu’à la paix d’Arras (juin 1433-21 septembre 1435).

 

 

Sous le coup de cet événement, les États généraux furent convoqués à Blois, puis à Tours. Ils se réunirent, aux mois de septembre et octobre, dans cette dernière ville. Comme assemblée politique, ce conseil de députés muets ne fut pas moins stérile que les précédents. Le rôle actif des États se bornait, de leur part, à se plaindre, lorsque toutefois les députés avaient cette hardiesse. Ce rôle était encore d’écouter les déclarations que les commissaires faisaient entendre au nom du roi et en sa présence. Il consistait enfin et surtout à voter les subsides demandés[1].

R. de Chartres avait fini par se voir lui-même en butte aux deux La Trimouille. Il survécut, dans le conseil, à Georges, et sut se conserver la faveur du roi. Devant les États de Tours, l’archevêque de Reims, chancelier de France, porta la parole au nom du prince. Il désavoua publiquement son ancien collègue, avouant au contraire les sires d’Anjou, de Bueil, de La Varenne et de Coëtivy. Ces quatre seigneurs étaient là présents. Le connétable et le sire de Chaumont servaient dans leurs commandements militaires. Les nouveaux ministres du roi revendiquaient leur œuvre avec une franchise de bon augure. Chacun avait pris immédiatement son poste, ceux-ci au conseil, devant les États ; ceux-là, au péril, affrontant l’ennemi[2].

Cette courte période (1433-1435) fut témoin de quelques mesures déjà réparatrices. On peut s’en rendre un compte détaillé, si l’on veut bien recourir aux actes que nous devons nous borner à indiquer. Le recueil des ordonnances offre la série de ces mesures administratives. Nous Citerons, comme dignes d’une mention particulière, les lettres données à Amboise le 24 octobre 1433. Elles portent commission pour le recouvrement des biens du roi, aliénés ou engagés dans le Dauphiné, ainsi que dans les comtés de Valentinois et de Diois. La série des hypothèques et des aliénations avait commencé par le domaine du Dauphiné : par les terres du Dauphiné, commença une série d’actes en sens inverse. L’administration, désormais, entra dans la voie de la revendication et de la restauration du patrimoine royal[3].

Le roi, à cette époque, eut pour compagnons assidus sa belle-mère Yolande, et son beau-frère Charles d’Anjou. Parmi les divers membres ou branches de la dynastie royale, les princes d’Anjou se distinguent en général de tous leurs parents ou alliés par leur caractère moral. A défaut de génie et, d’un désintéressement exemplaire, on remarque leur conduite inoffensive ; débonnaire, le plus souvent sage et affectionnée au bien de l’État. Cette heureuse influence s’enracina dès lors ; elle s’exerça désormais sur l’esprit du roi, avec cette puissance qui provient de l’affection naturelle, jointe à l’habitude. Le roi avait besoin de déplacements et de spectacles. On le conduisit à Vienne (Dauphiné), où il tint, en avril 1434, de nouveaux États généraux. Cette assemblée lui accorda cent soixante-dix mille moutons d’or pour la guerre, pour l’hôtel du roi, de la reine et de ses enfants ; pour les ambassades et les frontières de Guyenne[4].

Le roi, durant son séjour sur les bords du Rhône, envoya en effet différentes légations vers le pape et vers ses alliés d’Italie. Aux mois de mars-avril, Charles résidait à Vienne. Le cardinal de Chypre et le cardinal d’Arles vinrent l’y trouver : ces princes de l’Église étaient aussi les députés du concile de Bâle ; ils haranguèrent le roi en faveur de la paix. Charles VII les écouta volontiers ; il leur bailla bonne et douce, réponse : puis les ambassadeurs poursuivirent leur route jusqu’au concile. Marguerite de Savoie, fille d’Amédée VIII, et femme de Louis III, roi de Naples, aîné des fils d’Yolande, vint également trouver le roi à Vienne. La jeune princesse était accompagnée d’un nombreux cortège de chevaliers, écuyers ; dames et damoiselles, Savoisiens, Provençaux et autres. Le roi, dans sa cour plénière, avait autour de lui Charles, duc de Bourbon, qui venait de succéder à son père. Là, se trouvait aussi le connétable, qu’une sévère disgrâce tenait encore naguère éloigné de la présence royale[5].

Le roi accueillit sa noble hôtesse de l’accueil le plus gracieux. Après le souper, Marguerite s’approcha du prince et lui fit la révérence ; le roi la choisit pour danseuse, et tous deux dansèrent longuement. Puis le roi de France et la reine de Naples prirent ensemble le vin et les épices. Charles, duc de Bourbon, servit le roi de vin, et le comte Arthur, connétable, le servit d’épices[6].

Cette fête terminée, la reine Marguerite s’embarqua sur le Rhône, Yolande d’Aragon, pour ses états d’Italie et dans l’intérêt du roi Charles, qui avait besoin du pape. Elle ménageait Eugène IV, en ce moment bloqué, pour ainsi dire, à Rome, par les Romains. Marguerite navigua jusqu’à cette ville, et fournit au saint-père des vaisseaux armés. Eugène IV, grâce à ce secours, trompa la vigilance des Romains : il quitta Rome, et vint s’établir, plus libre de ses mouvements, à Florence[7].

Charles VII, de son côté, se rendit à Lyon, où il fit son entrée vers le 26 juin. L’église primatiale de Saint-Jean reçut sa visite solennelle. Arrivé au porche de la cathédrale, ce prince revêtit la chape et l’aumusse de chanoine, qu’il porta jusqu’au maître-autel. De là, le roi retourna, par Aigueperse et Amboise, à Chinon, puis à Bourges[8].

La guerre sévissait toujours. Elle comprenait les régions que nous avons désignées. Les vicissitudes se succédaient. Philippe le Bon partit d’Arras le 19 juin 1433 : il fournit contre la Champagne une expédition meurtrière, qui fut marquée, au préjudice des Français, par des pertes de places et d’hommes, assez considérables. De là, il poussa en Beaujolais, désolant ces contrées, qui appartenaient à son gendre (le nouveau duc de Bourbon). Mais celui-ci, aidé de son beau-frère, Rodrigo de Villa-Andrando, du bâtard Chapelle et de Salazar, reprit avec éclat, sur le duc, le mont Saint-Vincent en Charolais (6 janvier 1434). Les journées de Saint-Céneri et Sillé-le-Guillaume (vers mars 1434) furent profitables aux Anglais ; mais elles ne demeurèrent pas sans gloire pour les nouveaux conseillers du roi. Les armes à la main, ces braves serviteurs de la cause française inaugurèrent dignement la carrière qu’ils venaient d’embrasser[9].

En Picardie, et jusque sous les murs de la capitale, l’impétueux La Hire remporta des avantages signalés. Les Rochelais, en mars 1434, armèrent une flottille qui remonta la Charente, et délogèrent les Anglais de Mornac. Le 17 juin suivant, le mont Saint-Michel fut attaqué de nouveau par les ennemis, et conserva intacte sa glorieuse virginité. Un grave événement militaire marqua la première semaine de mai 1435. Le comte d’Arundel, vaincu à Gerberoy, mourut peu après de ses blessures. La Hire, enfin, s’empara de Saint-Denis le 17 juin suivant[10].

La guerre, du temps de la Pucelle, avait été une lutte nationale, une guerre sainte. Cette lutte conservait le même but, mais non les mêmes moyens, ni le même rayonnement moral. La guerre traînait avec elle, sans compensation, son cortége d’atrocités, non plus modérées, mais exaspérées. D’aiguë, la barbarie militaire devenait chronique. Un chef de bandits étrangers occupait la place de Jeanne Darc. A la tête de ses huit à dix mille routiers, il était l’arbitre de la situation. Le 6 mars 1434, le concile de Bâle délibérait pour rétablir la paix au sein de la chrétienté : Rodrigo de Villa-Andrando écrivit aux pères assemblés, pour leur offrir la protection de ses services[11].

Au physique aussi bien qu’au moral, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, ne ressemblait aucunement à son père. Grand, mince, élancé[12], ses mœurs étaient élégantes et voluptueuses. L’orgueil, la pompe, une sorte de morgue frivole et hautaine, l’infatuaient ; mais il avait plus de vanité que d’ambition. Dominé par le luxe, la sensualité, l’habitude de la mollesse et des plaisirs ; il ne tenait de la nature, ni la perversité, ni l’énergie de Jean Sans Peur. Au quinzième siècle, le sentiment patriotique trouvait peu d’accès dans le cœur des princes. Philippe le Bon, toutefois, avait conscience d’appartenir à la fleur de lis. Quatorze ans d’hostilités acharnées ne s’étaient point succédé sans lui coûter plus d’une déception et d’irréparables dommages. Ces hostilités, en outre, lui semblaient impies, contre nature. Elles le condamnaient à rompre ou à trancher violemment les liens d’alliance et d’affection les plus sensibles.

Plus d’une fois, le duc de Bourgogne, traitant avec le régent anglais, avait été blessé au point vif : dans son amour-propre. Philippe et Bedford représentaient deux arrogances et deux iniquités, respectivement incompatibles. Leur alliance factice devait tôt ou tard périr et se terminer par une profonde désunion. Grâce à ses qualités personnelles, Anne de Bourgogne, duchesse de Bedford, réussit à maintenir la paix entre les deux beaux-frères. Mais l’habile et conciliante princesse mourut à Paris le 14 novembre 1432. Jean de Lancastre, né en 1389, était plus que quadragénaire : il épousa, le 20 avril 1433, à Thérouanne, Jacqueline de Luxembourg, âgée de dix-sept ans, fille du comte de Saint-Paul. Louis de Luxembourg, chancelier de France pour les Anglais, oncle de l’épousée, avait fait ce mariage. Les Luxembourg étaient vassaux de Philippe le Bon ; à ce titre, une nouvelle obligation s’imposait au comte : en premier lieu, au nom du droit strict, et secondement, de par les lois de la courtoisie. C’était de signifier et même de déférer au suzerain cette alliance politique. Philippe n’en fut pas même prévenu. Une vive irritation pénétra, dès ce moment, dans le cœur du fier Bourguignon[13].

Cette blessure était encore saignante, lorsque, le mois suivant, Jean, due de Bedford, se disposait à traverser le détroit : il retournait à Londres. Instruit de cette division, le cardinal d’Angleterre et d’autres médiateurs s’entremirent pour la faire cesser. Une rencontre courtoise fut préparée à Saint-Omer. Des honneurs égaux devaient réunir les deux ducs en ce point commun. Mais lorsque Bedford et Philippe eurent pris possession de leur logis, nul des deux ne consentit à visiter l’autre. Tous deux s’éloignèrent sans s’être rencontrés[14].

Cette querelle de préséance suffit pour occasionner de graves résultats historiques. Le concile ou congrès de Corbeil était encore ouvert. Des négociations, qui n’avaient jamais été complètement rompues, furent reprises avec plus de suite et d’activité. Le conseil anglais lui-même dut prêter une oreille moins hautaine et moins évasive, qu’il ne l’avait fait jusque-là, aux médiations de la diplomatie. Le 27 décembre 1434, Philippe de Bourgogne signa une procuration pour tendre à la paix définitive et générale. En janvier 1135, le duc se rendit à Nevers. Là, il trouva sa sœur Agnès de Bourgogne, duchesse de Bourbon, et ses deux jeunes neveux, enfants de la duchesse. Les uns et les autres furent accueillis tendrement et avec fête. Bientôt arriva son beau-frère, le duc Charles de Bourbon. Les deux ducs conclurent ensemble une réconciliation qui devait être le prélude de la pacification du royaume[15].

Parmi les ambassadeurs envoyés au congrès de Nevers, se trouvaient le chancelier de France, R. de Chartres ; le connétable de Richemont, Chr. de Harcourt, le maréchal de La Fayette, etc. Ces membres du grand conseil avaient pour mission expresse de poser, dans cette assemblée, les bases d’une nouvelle diète, relative à la querelle propre du roi de France. Philippe, le 18 mars, accepta la conférence fixée au lieu d’Arras. Jean, duc de Bedford ; accompagné de la nouvelle régente, s’était montré dans un court séjour au sein dé la capitale. Les Parisiens, abandonnés, inquiets, accueillirent, le 15 avril, parmi eux, le duc de Bourgogne[16]. Philippe le Bon y déploya sa pompe habituelle[17].

Le duc, après avoir fait ses pâques et reçu l’Université, tint cour plénière à. tout venant. Une députation de dames et damoiselles de Paris fut admise auprès de la duchesse de Bourgogne, qui habitait son hôtel d’Artois. Isabelle de Portugal, princesse très grave, très entendue et fort solennelle, accueillit les visiteuses. Celles-ci prièrent moult piteusement la duchesse qu’elle eût la paix pour recommandée. Isabelle, dans une réponse toute politique, agréa hautement leurs vœux. Le duc et la duchesse, en effet, ne quittèrent Paris, le 21 avril, que pour prendre le chemin d’Arras[18].

Vers les premiers jours de juillet 1435, l’assemblée s’ouvrit enfin dans cette ville. Les ambassadeurs et leur suite arrivèrent successivement. L’abbaye bénédictine de Saint-Waast fut le lieu des conférences. Vers les premiers jours d’août seulement, le congrès put commencer sa session[19].

Le pape avait envoyé, comme légat du saint-siège, Nicolas Albergati, cardinal de Sainte-Croix. Hugues de Lusignan, cardinal, fils de Janus, roi de Chypre, était le principal délégué du concile. Un grand nombre de prélats, archevêques, évêques ; abbés et docteurs, l’assistaient au même titre. Ces députés appartenaient à la Suède, au Danemark, à la Pologne, à la Castille, au Portugal, aux différentes régions de l’Italie ; de la France et de l’Allemagne. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, s’y trouvait en personne, ainsi que la duchesse et son fils. Autour d’eux s’étaient réunis le chancelier (N. Rolin), le conseil et toute la cour de ce prince et grand vassal.

Les principaux diplomates anglais se nommaient Henri Beaufort, cardinal d’Angleterre ; Thomas Kempf, archevêque d’York ; William-Alnwick ; évêque de Norwich ; Thomas Rodburn, évêque de Saint-David au pays de Galles ; le docteur Will. Lindwood, privé-scel d’Angleterre ; John Holland, comté de Huntingdon ; W. Pole, comte de Suffolk ; John Radcliff, chevalier, sénéchal de Guyenne ; Pierre Cauchon, évêque de Lisieux, et Me Guillaume Érard, vicaire de Rouen, tous deux juges de la Pucelle ; Me Guillaume Lejeune, bailli d’Amiens, pour les Anglais, etc. etc.[20]

Le roi de France avait choisi pour ses mandataires Charles, duc de Bourbon ; Louis de Bourbon, comte de Vendôme ; le connétable de Richemont ; R. de Chartres, son chancelier ; Christophe d’Harcourt, le maréchal de La Fayette ; Théodore de Valperga, milanais ; Maîtres Adam de Cambray, premier président ; Guillaume Chartier, conseiller au parlement ; Jean Tudert, doyen de Paris ; Robert Mallière, Jean Chastenier, secrétaires du roi ou maîtres des requêtes, et beaucoup d’autres. La reine de Sicile, le duc de Bretagne, le duc de Lorraine et de Bar, le duc d’Alençon, l’Université de Paris, l’échevinage de la capitale, et la plupart des bonnes villes comptèrent également des délégués au sein du congrès[21].

Les ambassadeurs anglais arrivèrent tout d’abord, le 1er juillet, à Arras. Ils espéraient ainsi prévenir les autres diplomates et gagner le duc par des communications isolées. Philippe, en effet, était le véritable arbitre de la situation. Des envoyés d’Henri VI présentèrent au duc une commission royale : dans cet acte, le roi d’Angleterre transmettait à Philippe ses pleins pouvoirs et le nommait son commissaire général pour la paix. Mais le duc déclina cette nomination. Il déclara se restreindre à ne stipuler que pour lui-même[22].

Le cardinal de Sainte-Croix, de l’ordre des Chartreux, homme doux, expérimenté, diplomate persévérant et délié, était assisté de son secrétaire, Énée Piccolomini, qui depuis porta la tiare sous le nom de Pie II. Albergati fut le principal agent du congrès. Il traça le programme et conduisit les négociations. Sur son initiative, le débat entre les deux couronnes royales prit le premier rang dans les délibérations. Albergati provoqua les offres respectives des ambassadeurs. Du 1er au 10 août, des propositions furent émises par l’archevêque d’York pour le roi d’Angleterre et par les ambassadeurs français : elles ne purent amener aucun accord. P. Cauchon arriva le 11 août dans la ville d’Arras ; dès le 12, il reprit en main les ouvertures diplomatiques. P. Cauchon et ses collègues proposèrent, au nom du roi d’Angleterre, les articles qui suivent[23] :

Henri VI prendra pour épouse, à son choix, l’une des filles de l’adversaire de France ou Dauphin (Charles VII). Des trêves longues, après cette alliance, comme de 20 à 50 ans, seront signées entre les parties. Charles VII rendra toutes les villes qu’il occupe. Moyennant cet abandon, et pour indemniser Chartes des droits qu’il peut avoir en qualité de prince Dauphin, le gouvernement anglais lui constituerait de 120 à 190 mille saluts d’or de rentes assises sur les pays de Langue d’oc. Comme ultimatum, les diplomates anglais offrirent de reconnaître au prince Charles ce qu’il occupait outre Loire, c’est-à-dire les pays de Langue d’oc, moins la Guyenne[24].

Les ambassadeurs français émirent également des propositions progressives.

Ils acceptèrent d’abord la condition du mariage et des trêves, en repoussant tout le reste. Ils offrirent, comme dernier terme et à titre de contre-proposition, de laisser à Henri VI la Guyenne et la Normandie, sauf le mont Saint-Michel et les états du duc d’Alençon. Le roi anglais devait tenir ces grands fiefs, ainsi que les avaient tenus les princes français Charles (depuis, Charles V) et Jean le Bon ; c’est-à-dire à charge d’hommage et sous la souveraineté du roi de France.

Le congrès déclara inacceptables les offres des ambassadeurs anglais. Celles des représentants de Charles VII furent déclarées, au contraire, justes et raisonnables. Les Anglais néanmoins refusèrent de se prêter à de nouvelles concessions[25].

Cependant un épisode caractéristique se produisit durant le cours même des débats. Le 25 août 1435, le duc de Bourgogne, dans son logis d’Arras, avait reçu à sa table le duc de Bourbon, le comte de Vendôme et le connétable, ambassadeurs de France. Les négociations commençaient laborieusement. à. se nouer ; ce jour même, un message est apporté au duc de Bourgogne : La Hire et Saintrailles venaient de passer la Somme, les armes à la main. Au mépris des trêves et du congrès ; La Hire s’était emparé des faubourgs d’Amiens. Il ravageait les terres de Philippe le Bon et les terres du roi de France. Aussitôt, le duc et le connétable, de concert, envoyèrent, chacun de son côté, une division de troupes vers La Hire, avec ordre de le combattre. Divers chevaliers, préposés au commandement de ces forces, rejoignirent, en Picardie, le redoutable batailleur. A l’aide de leur autorité morale et de leurs troupes, ils le déterminèrent, non sans peine, à discontinuer son entreprise[26].

Les Anglais rejetèrent donc toute nouvelle tentative de conciliation ; ils comprirent bientôt, en effet, que le résultat du congrès ne pouvait être pour eux qu’un échec. Le 1er septembre, les ambassadeurs d’Henri VI adressèrent aux cardinaux une sorte de protestation, pour dénier aux arbitres le droit de continuer seuls, et sans le concours des Anglais, leur rôle de médiateurs entre la France et la Bourgogne. Les cardinaux, au nom du congrès, répondirent qu’ils aviseraient. Puis, le 6 septembre, le cardinal d’Angleterre quitta la ville et s’en retourna, suivi de toute l’ambassade. Le congrès, sans hésiter et sur le défaut de l’Angleterre, reprit immédiatement le fil des négociations entre la France et la Bourgogne[27].

A partir de ce jour, la cause anglaise fut perdue[28].

L’Université de Paris était enfin lasse de la domination étrangère. Dès le mois d’avril, elle avait nommé des ambassadeurs. Ceux-ci n’arrivèrent à Arras que le 1er septembre. Thomas de Courcelles, l’un de ces envoyés, prit, le lendemain 2, la parole. Il manifesta les vœux non équivoques de la Ville et de l’Université, qui faisaient cause commune en faveur de la paix. Les envoyés d’Henri VI purent reporter ce témoignage au duc de Bedford, et le régent anglais en conçut un tel déplaisir que, déjà miné d’amer chagrin, il mourut au manoir de Chantereine, près Rouen, le 14 septembre 1435[29].

Jean, duc de Bedford ; périt ainsi, dans l’âge de la force et en pleine virilité. Ses talents et ses qualités méritent d’être loués par l’impartiale histoire. Pour lui, la couronne de France était plus encore que le légitime héritage d’Henri VI, son neveu : c’était un dépôt sacré que son frère, en mourant, avait légué à son honneur ; il ne se reconnaissait point le droit de la discuter, ni de l’aliéner. Un historien, compatriote de Bedford, l’a dit avant nous : Bedford, par ses mérites, était digne de servir une autre cause[30].

Le 21 septembre 1435, l’église de Saint-Waast avait été tendue et ornée magnifiquement. Hugues, cardinal de Chypre, occupait, comme célébrant, la stalle ou chaire de l’abbé. Ce fut lui qui dit la messe solennelle. Le duc de Bourgogne et sa cour remplissaient une partie de la collégiale. L’ambassade française, celles des puissances et du concile y assistaient également. Une multitude de peuple se pressait dans la nef, trop étroite pour contenir cette affluence. Après l’office, maître Laurent Pinon, évêque d’Auxerre, de l’ordre des Jacobins et confesseur du duc, prononça un sermon. Il prit pour thème : Qu’il est bon et doux de fraterniser en union. Puis maître Pierre Brunet, chanoine d’Arras, succéda au prédicateur. Il lut en chaire, pendant la durée d’une heure et plus, le traité d’Arras, qui fut signé ce jour même entre les parties[31].

Le roi de France, par l’article premier de ce contrat, demandait pardon au duc du meurtre accompli en 1419, à Montereau, sur la personne de Jean sans Peur. Neuf autres articles stipulaient des dommages et réparations envers le duc, tels que l’érection à Montereau d’une croix et d’une chartreuse expiatoire[32].

Le roi reconnaissait au duc en apanage ou en pairie le Mâconnais, l’Auxerrois, Bar-sur-Seine, la garde de Luxeuil, Péronne, Montdidier et Roye ; l’Artois ; les villes de la Somme et le Ponthieu, rachetables par le roi au prix de 400 mille écus de 64 au marc, et le comté de Boulogne[33].

Le roi ne conservait à l’égard de ces terres que la suzeraineté : Philippe, de son vivant, était dispensé de l’hommage. Il reconnaissait le roi souverain ; mais le roi ne pouvait, à raison du passé, le rechercher, judiciairement, ni le poursuivre. Le roi s’engageait envers le duc par voie de compromission entre les mains des cardinaux. Il se soumettait, en cas de violation, à l’excommunication de l’Église. Il fournissait comme plèges et à titre de garantie temporelle, le duc d’Anjou, le comte du Maine, le duc de Bourbon, le connétable de Richemont, les comtes de Vendôme, de Foix, Armagnac, Pardiac, et autres que le dit duc voudra désigner[34].

Immédiatement après la lecture de cet acte, le cardinal de Sainte-Croix exposa le saint Sacrement de l’autel. A côté, sur un coussin, il plaça une croix d’or. Puis le duc de Bourgogne, touchant de la main cette croix, jura de ne jamais rappeler la mort de son père. Il s’engagea de plus à garder inviolablement le traité. Philippe promit aussi d’entretenir bonne paix et union, dans l’avenir, avec le roi son souverain seigneur. Le duc de Bourbon et le connétable, au nom du roi, se présentèrent ensuite. Ils touchèrent le même symbole et demandèrent merci au duc, qui pardonna pour l’amour de Dieu. Aussitôt les deux cardinaux, imposant les mains à Philippe le Bon, le déclarèrent délié et absous du serment qu’il avait prêté aux Anglais. Le traité fut enfin juré par toute l’assistance, et proclamé au dehors en grande pompe et allégresse[35].

 

 

 



[1] Ms. Dupuy, 519. Ms. fr. 5038, f° 4. Ms. 500 Colbert, n° 195, f° 19. Boutiot, Guerre, p. 40. Bibl. de l’Éc. des Chartes, 4e série, t. V, p. 510. Duchesne, Œuvres d’Alain Chartier, 1617, in-4°, p. 838.

[2] J. Chartier, t. I, p. 171. Gruel, p. 372, 373. Preuves de Bretagne, t. II, col. 1267.

[3] Actes administratifs de 1433 (juillet à octobre) : Ordonnances, XIII, 188 à 192. Lépinoy, Hist. de Chartres, I, 545. 1434, mars à novembre : Ordonnances, XIII, 191 à 204 ; XV, 166, 222, 238, 275, 575 ; XVII, 375 ; XVIII, 676 ; XIX, 340. Ms. De Camps, 49, f° 181 à 146. Catalogue de D. Fontenau, p. 332. Gall. Christiana vetus, 1656, in-f°, t. I, p. 58. — E. di Pietro, Hist. d’Aigues-Mortes, 1849, in-8°, p. 181. 1435, mars à juillet : Ordonnances, XIII, 205, 210 ; XVIII, 500 ; XIX, 299. Ms. Harlay, 101, 5, f° 254. Ms. Gaignières, 649, 5, f° 39.

[4] K.-K., 244, f° 28, 29. Berry dans Godefroy, p. 388. D. Vaissète, livre XXXIV, chapitre 54. Chronique de Flandres, citée, p. 419.

[5] Godefroy, ibid. Amplissima Collectio, 1733, in-f°, t. VIII, col. 719, 720. Bibl. de l’Éc. des Chartes, t. VIII, p. 145, 146. Histoire de l’Église gallicane, in-8°, t. XX, p. 255, 256. Chroniques de Flandres, ibid.

[6] Berry cité. Monstrelet-d’Arcq, V, 89. — Les épices étaient de menus aliments qui se consommaient en dehors des repas. Elles consistaient en sucreries et conserves de fruits diversement préparées.

[7] Berry. Monstrelet.

[8] Péricaud, Notes sur Lyon, 1839, in-8°, p. 50. Itinéraire : 1434, juillet 8, Aigueperse ; 9, Amboise ; 10, Chinon ; 25, Bourges.

[9] Monstrelet, V, 63 à 102. Chroniques de Flandres, ibid. Saint-Remi, p. 528 à 538. Boutiot, Guerre, p. 61 à 64. Bibl. de l’Éc. des Chartes, t. VI, p. 147. Gruel, p. 372. Du Tillet, Traités, p. 241. Berry, p. 389. Z. Z. 765, p. 17. Ms. Collection de Bourgogne, t. X, p. 402. Beaurepaire, États, p. 46. Catalogue Teulet, p. 404 à 407.

[10] Arcère, Hist. de La Rochelle, t. I, p. 272. Le ms. fr. 1278 contient au f° 73 un document inédit et sans date, qui commence par ces mots : Pour le secours de la flotte estant présentement à La Rochelle, etc. (Com. de M. P. Paris.) Cette pièce provient d’un secrétaire de Philippe le Bon et pourrait se rapporter à l’expédition de 1434 ? Journal de Paris, p. 700-3. Massiou, Hist. de Saintonge, t. II, p. 275. Monstrelet, V, 91 à 131. Gruel, 374-379, 386, 387. Janvier, Rech. sur les Arbalétriers, p. 13. Berry, 387-9. Histoire de Chartres, I, 252. Preuves de Bretagne, 1267. Dom Huynes, St-Michel ; ms. cité p. 214. Cagny, ch. 124, 128, 134. Basin, 1, 109. J. Chartier, I, 170, etc. Ce jour, après mie nuit, par faulte de bon guet, entrèrent en la ville de St-Denis les capitaines de Melun et de Laigny, accompaignez comme on disoit, de trois à quatre cents combattants, gens de guerre. (X. X. 1481, f° 101.)

[11] Quicherat, Rodrigo, mémoire cité. Amplissima Collectio, VIII, 528.

[12] Il nous est resté, de Philippe le Bon, de nombreux et excellents portraits. L’un des plus distingués, peint en miniature et d’une exécution exquise, se voit en tête de la Chronique de Hainaut, ms. 9242 de la bibliothèque de Bourgogne. Cette merveilleuse vignette est datée, par le manuscrit même, de 1449. Elle a été lithographiée pour accompagner le tome V de M. de Barante (Ducs de Bourgogne), éd. belge de M. de Reiffenberg.

[13] Journal de Paris, p. 698, 699. Monstrelet, V, 44, 55. Félibien, Preuves, t. II, p. 594. D. Plancher, t. IV, p. 168. K. de Lettenhove, Histoire de Flandres, 2e éd. 1854, in-12, t. III, p. 194.

[14] ) Monstrelet, p. 57, 58. Le 14 avril 1432, H. de Beaufort avait tenu sur les fonts Josse de Bourgogne, né à Gand, fils de Philippe le Bon et d’Isabelle de Portugal. Monstrelet, V, 49, 50.

[15] D. Plancher, t. IV, Preuves, page cxliv et s. Journal de Paris, p. 699. Lettres des Rois et Reines, t. II, p. 420. Monstrelet, p. 106, S. Remi, p. 538. Gruel, p. 376. Du Tillet, Traités, p. 225. Collection de Bourgogne, ms. ancien s. fr. n° 292, t. X, p. 348 et s. ; 410. Basin, 1, 96. Bréquigny, ms. 81, p. 143, 145. Proceedings, IV, 155, 159. Delpit, Documents anglais, p. 266. 1435, janvier, 31, Traité de paix et alliance, signé à Madrid entre les ambassadeurs de Charles VII et le roi de Castille. Ms. lat. 6024, f° 34. Du Mont, Corps diplom., t. II, partie II, p. 298. Ms. s. fr. 4805, f° 235, v°.

[16] Le 2 avril 1435, il est donné lecture à MM. de Notre-Dame en chapitre, d’un projet d’adresse rédigé au nom des trois États pour être envoyé au duc de Bourgogne. Ce projet obtient l’approbation du chapitre (L. L., 414, f° 91.). Le 14, réception de ce duc. Le 29, procession afin d’obtenir la paix ; 13 mai, le chapitre nomme des députés au congrès d’Arras. (Ibid., 92.)

[17] Journal, p. 702. Monstrelet, 109. Guill. Gruel, p. 377. Amplissima Collectio, VIII, 799, 800. Gachard (Dijon), p. 37. Vint à Paris le duc de Bourgogne à moult noble compagnée de seigneurs et de dames. Il admena avec lui sa femme la duchesse et un bel fils qu’elle avoit eu de lui en mariage ; et avec ce admena trois jeunes jouvenceaux, qui moult beaux estoient ; qui n’estoient pas de mariage, et une belle pucelle ; et le plus vieux n’avoit pas plus de 10 ans ou environ, et avoit en sa compagnée trois chariots tous couverts de drap d’or, et une litière pour son fils de mariage, car les autres chevauchoient très bien..... (Journal, p. 703.)

[18] Journal de Paris, p. 703. Delpit, Documents, p. 251. D. Plancher, t. IV, p. 196.

[19] Garnefeldt, Vita beati Nicolai Albergati, etc. Cologne, 1618, in-4°, p. 96 et s. Rymer, Fœdera, t. V, p. 18. Journal de la paix d’Arras (en français) ; Paris, 1651, in-12, p. 1, 118 et passim. Et a esté estimée la convention faicte audit lieu d’Arras, par Gouville, fourrier dudit duc de Bourgogne, la somme de 500 chevaliers ; et en nombre l’assemblée toute estoit de neuf à dix mille, qui est la plus belle convention c’om saiche avoir esté de longe temps. J. Chartier, t. I, p. 207, 208.

[20] Rymer, 1741, t. V, p. 18. Sir H. Nicolas (Journal of an Embassy of the count of Armagnac, 1828, in-8, p. IX) mentionne comme existant dans le ms. Harléi en 1763 le journal d’une ambassade accomplie en juin 1435, à Arras, etc. Cette mention, peu exacte, s’applique exclusivement à la pièce diplomatique publiée par D. Plancher ; t. IV, Preuves, p. cxlviij et s.

[21] Journal français cité. Journal anglais (en latin) ; ms. 81 de Bréquigny, f° 151, v°. Armorial du Congrès ; Bibl. de l’Éc. des Chartes, t. VIII, p. 1.18 tt s. J. Chartier, t. I, p. 185 et s. Cagny, chapitre 128. C. Zantfliet, Amplissima Collectio, t. V, p. 437.

[22] Ms. de Bourgogne, t. X, p. 348 et s. Ils. Bréquigny, ne 81, f° 149,160 à 172. Ms. Fontanieu, n° 117, à la date du 16 mai 1435. D. Plancher, t. IV, p. 280. Proceedings, t. IV, p. 301 et s.

[23] Pii Commentarii, 1614, in-f°, p. 3, 4, 158. Ms. 81 ; D. Plancher, ibid.

[24] Ms. 81, f° 172 et s. Stevenson, Henri VI, t. I, p. 51 et s. Basin, I, 95. Journal de Paris, p. 704. Journal français d’Arras, p. 81. Monstrelet, V, 132. Amplissima Collectio, VIII, 364. Etc.

[25] Sources indiquées. Ms. 81, f° 177-186.

[26] Monstrelet, V, 146. Gruel, p. 378. Journal d’Arras, p. 64. Biographie Didot, article La Hire. Ms. fr. 371, f° 269.

[27] Sources citées. Relation latine de l’ambassade, écrite au nom du concile de Bâle ; ms. 500 Colbert n° 64, pages 621 et s. ; 634. En général, l’attitude de la papauté, dans le débat qui s’agitait entre la France et l’Angleterre, fut toujours digne et impartiale. Ainsi, dès 1420, la cour de Rome, malgré la pression du roi anglais, refusa de reconnaître le traité de Troyes. Elle ne cessa point de considérer Charles VII comme roi légitime. Voir sur ce sujet un document important : Discussion des différends entre les roys de France et d’Angleterre, dans Leibnitz, Mantissa codicis juris gentium. Hanovre, 1700, in-f°, page 76, § 67.

[28] Ea enim dies fuit quæ regnum Franciæ Carolo restituit. (Pie II, loc. cit., p. 158.)

[29] Du Boulai, V, 429. Chron. de Normandie, f° 98, 182. Gall. christ., IX, 88. Dugdale, Baronagium, III, 102. Journal de Paris, 704. Journal d’Arras, 73. Beaurepaire, États, p. 49. Ms. s. f. 4805, f° 240 v°.

[30] Stevenson, préface d’Henri VI, p. xlj et s. — Jean de Lancastre était né le 21 juin 1387. (Livre d’heures de Bedford, ms. La Vallière, n° 82 ; au calendrier : 21 juin.)

[31] Et par ce que madame la duchesse (Isabelle de Portugal) vouloit voir tout ce qui se feroit au dit jour et sans être veüe, entra en la chambre de dom Jacques de Bertangle, seigneur de Moutier et Vivier (associé bénédictin de St-Waast) ; laquelle chambre a regard sur le chœur de l’église, où elle fut durant la messe et autres cérémonies faites en lad. église. » Journal d’Arras, p. 97. Berry-Godefroy, p. 392. Olivier de la Marche, p. 353.

[32] L’article 4 portait : Item. Monseigneur de Bourgogne nommera ceulx, dont il en sera lors informé, qui perpétrèrent le dit mauvais cas ou en furent consentants. Ici on lit en marge sur l’une des copies manuscrites du traité : Nota que M. le duc a nommé T. du Chastel, J. Louvet, président de Provence, chevaliers ; P. Frotier, escuyer ; M. Jean Cadart, physicien. Ms. Dupuy, 172, f° 14. D. Plancher, t. IV, p. 219. Gachard, Dijon, p. 68, 71, 117, 118.

[33] La Trimouille élevait des prétentions sur ce comté.

[34] J. Chartier, t. I, p. 194, et s. Monstrelet, V, 155 et s. St.-Remi, p. 540 et s. Ms. 308 dans les 500 de Colbert, et beaucoup d’autres copies.

[35] Monstrelet, p. 183. Journal français, p. 99 et s. 1435, sept. 20. Acte du légat du pape qui délie Philippe le Bon de son serment aux Anglais. K. 64, n° 36 bis. On peut consulter encore, sur le traité d’Arras, Commynes-Dupont, t. I, p. 66 ; Olivier de la Marche, Panthéon, 1842 in-8°, p. 353 et s. ; P. de Cagny, organe des griefs de la maison d’Alençon-Orléans, chap. 130. Il y a là, dans ce dernier auteur, une critique sévère et intéressée, mais juste, toutefois, du traité d’Arras et de l’inertie personnelle manifestée jusqu’à cette époque par Charles VII.

Parmi les nombreux documents inédits que nous avons eu l’occasion de consulter, relativement à ce congrès, nous signalerons, pour terminer, un écrit curieux : c’est le livre composé en latin, sous forme de vision, par Jean Jouvenel des Ursins, évêque de Beauvais. Trois dames : France, Angleterre et Sainte-Église, se réunissent à Arras afin de ramener la Paix. France s’appuie sur la loi salique, édictée par les Troyens. Charles VII, en droit, y est proclamé roi de France et d’Angleterre, etc. Ms. fr. 5028, f° 15 à 39. Voy. aussi mss. fr. n° 8354, 3, et Lancelot, n° 110.