HISTOIRE DE CHARLES VII

TOME DEUXIÈME

LIVRE V. — DEPUIS LA PUCELLE JUSQU’À LA RÉDUCTION DE PARIS SOUS L’AUTORITÉ DE CHARLES VII (1429-1436).

CHAPITRE I. — Reprise des événements en dehors de l’action personnelle de Jeanne Darc (1429-1431).

 

 

Lorsque Charles VII, au mois de septembre 1429, se retira en Berry, l’armée du sacre fut licenciée. Le duc d’Alençon, au rapport de son chroniqueur domestique, s’en alla devers sa femme, en sa vicomté de Beaumont, et les autres capitaines, chacun en sa frontière[1].

Ainsi, le roi, ou son conseil, désertait sa propre cause au milieu d’une glorieuse expédition. Il s’arrêtait avec pusillanimité devant quelques obstacles : renonçant à poursuivre l’entreprise si fructueusement commencée, il se réduisait à une attitude expectante. Mais le gouvernement de la Trimouille ne possédait ni la généreuse énergie de l’action, ni même assez d’autorité pour discipliner l’inertie. L’armée de la Trimouille, toujours composée foncièrement de mercenaires étrangers, recevait peu ou point de solde. Une multitude de Français, nobles et peuple, étaient accourus sous les drapeaux à l’appel de l’héroïne. Le gouvernement des favoris n’osa point repousser de tels auxiliaires qui, la plupart, venaient servir à leurs frais. Une partie des aides levées pour la guerre était distribuée à ces troupes comme émoluments. Au surplus, la coutume générale des gens de guerre, il ne faut pas l’oublier, consistait à vivre sur le pays, ami ou ennemi.

Les capitaines les plus braves et les plus renommés ne connaissaient ni frein ni hiérarchie. Pour eux, la logique de la guerre et le ressort des passions étaient les seuls guides. Cette logique elle-même, conforme sur un point aux prescriptions de la Pucelle et du bon sens, devait ramener à l’offensive et vers l’ennemi, les efforts des belligérants. La Trimouille réussit à paralyser, dans leur activité, le duc d’Alençon et le connétable ; mais d’autres chefs de corps francs échappèrent à l’autorité royale et défendirent le roi sans ses ordres ou contre ses ordres[2].

Au mois d’août 1429 (avant le signal de la retraite), la ville d’Aumale, sur la Bresle, tomba au pouvoir des Français. Il y avait dans cette place un prêtre ou chapelain, partisan de la cause nationale. Charles de Longueval, confédéré de la ligue picarde, entretenait des intelligences avec cet ecclésiastique. Il se fit livrer par ce moyen la forteresse d’Aumale. La citadelle prise, quatre ou cinq Anglais qui l’occupaient passèrent par les armes. Quant aux habitants, en faisant serment d’estre bons François, ils furent reçus à merci, en payant aulcune somme d’argent. Bientôt une garnison nombreuse s’établit, pour Charles VII, à Aumale, et de là pratiqua des excursions offensives dans les environs[3].

Peu de temps après (août-septembre), les places de Blangis, Étrépagny, Torcy et Beaucamp, situées à quelques lieues de Rouen, subirent le même sort. Pendant que cette dernière ville était cernée au nord et à l’est par ces points menaçants, des succès analogues se produisaient à la frontière du Maine et sur la limite méridionale de la Normandie. Bons-Moulins, Saint-Céneri, Laval au Maine, etc., tombèrent également au pouvoir des Français.

Le plus remarquable de ces capitaines était un gascon Etienne de Vignoles[4]. Le nom de guerre que portait ce gentilhomme, et qu’il a conservé dans le souvenir de la postérité : La Hire[5], nous offre un pittoresque témoignage de son caractère. La violence et l’emportement composaient en effet les principaux attributs de son naturel. Soldat armagnac, le hasard qui l’avait fait tel, maintint La Hire parmi les plus redoutables auxiliaires du roi Charles. Le contact même de l’héroïne exerça peu d’action sur le moral de ce personnage. Tout ce qu’elle obtint de lui fut de se confesser mieux, plus souvent, de sacrer en termes moins immodérés et de ne jurer devant elle que par son bâton. Quant à la notion de l’ordre ou du droit, du devoir ou de l’obéissance, cette notion n’entra jamais dans son esprit. Seulement, il accepta de bonne foi la Pucelle. Par là, il se distingua de certains autres capitaines plus froids et attrempés seigneurs que lui. La Hire ne poursuivit pas la jeune guerrière d’une basse et mesquine jalousie[6].

Étienne de Vignoles n’avait point quitté la Pucelle pendant toute l’expédition du sacre. Il suivit la Pucelle et le roi sous les murs de Paris. Mais lorsque le roi leva son camp pour regagner les bords de la Loire, Vignoles ne le suivit plus ; il reprit spontanément la campagne. En dépit de la Trimouille et des vues ou instructions politiques de ce ministre, il se dirigea vers la Normandie. Par une nuit de décembre, en 1429, La Hire, escorté de cinq à six cents compagnons, se présenta devant Louviers. Cette ville, surprise, fut escaladée. La garnison anglaise, très faible d’ailleurs, mise à mort, le capitaine gascon s’installa en maître dans la place. Établi de la sorte, à sept lieues de Rouen, il fournit des courses armées jusque sous les murs de la grande cité anglaise[7].

Sir Th. Kiriel tenait garnison à Gournay-en-Bray. Au mois de janvier 1430, il marcha par la route de Beauvais, en passant devant cette ville, jusqu’aux faubourgs de Clermont (Oise). Thomas Kiriel rasa le pays : il fit main basse particulièrement sur le bétail et sur les chevaux. Puis le capitaine anglais s’en retourna vers Gournay, chargé de proie. Charles de Bourbon, guerrier peu habile ou peu fortuné jusque-là, se trouvait à Beauvais. Ce prince assembla dans les environs jusqu’à huit cents combattants, avec lesquels se mirent, dit Monstrelet, grand nombre de paysans, tant de Beauvais que des villages d’alentour. Les Anglais, suivant ce même auteur, n’étaient qu’au nombre de quatre cents sous les armes. La rencontre eut lieu aux portes de Beauvais. Les Anglais s’adossèrent contre un bois ; défendus par leurs pieux inclinés, ils déjouèrent l’attaque des cavaliers français et percèrent l’ennemi de leurs redoutables flèches. Th. Kiriel remporta l’avantage de cette journée ; il revint sain et sauf à Gournay, joignant à son butin une centaine de paysans pris sur le champ de bataille. Ceux de cheval, dit l’auteur bourguignon, s’en retournèrent de leur côté, tous confus et anoyeux, à Beauvais. Une rencontre semblable eut lieu dans les mêmes localités, au mois de février suivant (1430), et fut terminée par un semblable résultat[8].

La Hire vengea ce double échec avec éclat. Le 24 février 1430, il prit Château-Gaillard. Placé sur le mamelon d’un roc, ce donjon était jugé le plus fort et imprenable de toute la Normandie. La Hire, accompagné d’auxiliaires nombreux, partit de Louviers et passa nuitamment la Seine en bateaux. Il enleva la place par escalade. Le commandant anglais se nommait Kingston. Voyant ses jours en péril, Kingston s’empressa de capituler et rendit le château, sa vie sauve[9].

C’est là que Barbazan, l’illustre prisonnier de Melun, avait été définitivement transféré. Sur ce pic inaccessible, les Anglais le gardaient enfermé dans une cage de fer[10]. Aussitôt maîtres de la citadelle, les vainqueurs rompirent les barreaux de sa prison et lui rendirent la liberté. Mais Barbazan ne voulut point sortir ; des liens plus solides que ces barreaux de fer le retenaient : prisonnier sur parole, il avait donné sa foi à Kingston. Déjà, le gouverneur anglais s’était éloigné ; à la requête des vainqueurs, Kingston retourna sous un sauf-conduit et délia le prisonnier de son serment. La Hire, après avoir mis garnison dans Château-Gaillard, revint à Louviers. Là, il conduisit avec lui Kingston, captif à son tour, Barbazan et quelques chevaliers (ses compagnons d’armes à Melun), qui avaient partagé sa prison[11].

Barbazan, libre désormais, s’empressa de retourner auprès du roi. Charles VII et sa cour résidaient alors à Sully, chez le ministre La Trimouille. Jeanne Darc s’y trouvait aussi. Barbazan reprit immédiatement son service comme membre du grand conseil, office qu’il remplissait dès 1416 auprès du prince Charles. La jonction de cet éminent homme de guerre avec l’héroïne d’Orléans et de Reims suscita nécessairement de graves et nouvelles délibérations. Le texte de ces entretiens politiques ne nous est point parvenu, mais le commentaire des événements peut nous aider à comprendre le caractère et le résultat de ces délibérations[12].

Charles de Bourbon ayant fait ses preuves d’insuffisance en Picardie, avait été nommé, par le roi, lieutenant du prince en Champagne. Dès la fin de septembre 1429, vraisemblablement, il eut pour successeur, dans les pays situés entre la Somme et la Seine, Louis de Bourbon, comte de Vendôme. Peu après son retour, Barbazan fut nommé capitaine général et gouverneur en Champagne, au lieu et place du comte de Clermont. C’est de ce côté, vers la Champagne, que se dirigea tout l’effort de la guerre. Les hostilités officielles se concentrèrent exclusivement sur ce nouveau théâtre[13].

Cependant, la Normandie, l’Ile de France s’agitaient. Là était le nœud de la situation, le point vif du conflit. Charles VII, ou son gouvernement, n’institua même pas en Normandie de lieutenant général. Ces parages furent systématiquement désertés..... La Trimouille et Regnauld de Chartres négociaient ! La Normandie et l’Ile de France demeurèrent comme un champ abandonné par cette politique, d’une part, en ce qui concerne l’action militaire, aux corps francs ; ce champ, d’autre part, s’ouvrait aux mouvements spontanés des partisans civils, dévoués, dans ces mêmes régions, à la cause nationale.

Les Anglais, après les succès de La Hire et l’importante libération de Barbazan, redoublèrent d’activité. Ils reprirent Aumale, en janvier 1430. Saint-Cénery, Etrépagny, Torcy, Conches, Blangis ; en un mot, tous les postes qu’ils avaient perdus devinrent les points de mire sur lesquels se concentra la vigueur soutenue de leurs efforts.

Guillaume d’Estaing, chambellan du roi, fut envoyé à Torcy et reçut tardivement quelques subsides. Mais les hardis champions de la querelle du roi et de la France, en Normandie, implorèrent vainement, de la part des ministres de Charles VII, une aide loyale, énergique, décidée. Le patriotisme des hommes d’élite soutint, seul, tout le faix de cette lutte. Le 21 mars 1430, un coup de main heureux fut tenté par des Armagnacs aux portes mêmes de Paris ; deux chefs bourguignons, attirés dans une embuscade, y demeurèrent prisonniers des Français. Le 23, autre expédition analogue. Cette dernière s’effectua sur Saint-Denis avec avantage. Au même moment, la nouvelle conspiration, que nous avons racontée, se formait au sein de la capitale. C’est alors, vers le commencement d’avril, que la Pucelle accourut à Lagny, puis à Melun, récemment soulevé[14].

Après la captivité de la Pucelle, on ne vit plus se maintenir sous nos drapeaux cette heureuse fortune que Jeanne avait, pour ainsi dire, attachée à sa bannière. Château-Gaillard, en juin 1430, retomba au pouvoir des ennemis. Le 8 juin, Paris-Anglais reçut de nouveaux renforts. Peu après, Saintrailles remporta, sous Guerbigny, près Roye, l’avantage d’une journée. Mais, en même temps, le maréchal de Boussac essaya vainement le siège de Clermont. Il fut battu devant les murs de cette ville. Au mois d’août, Torcy rentra sous la domination anglaise ; Denis de Chailly perdit Coulommiers. Le recouvrement de Louviers excitait spécialement la sollicitude de Bedford. D’énormes préparatifs eurent lieu pour y parvenir[15].

Cette place restait comme le dernier boulevard des défenseurs de la cause française en Normandie. Vers la fin de mars 1431, Jean, bâtard d’Orléans, se rendit à Louviers et ès marches d’environ, avec certain grant nombre de gens.... pour résister à nos anciens ennemis les Anglois qui lors y estoient assemblez en grant puissance. Il pratiqua en même temps, dit l’acte royal que nous analysons, deux entreprises secrètes sur nos dits ennemis pour le bien de nous et de notre seigneurie[16]...

Au moment où se tentèrent ces entreprises, Jeanne captive voyait arriver le terme de ses jours. Aucun lien rationnel, malheureusement, ne permet de rapporter ces actions militaires à la volonté expresse de la délivrer. Encore moins parviendrait-on à y découvrir l’effet d’une communauté de vues, concertées entre la prisonnière et le gouvernement de la Trimouille[17].

Mais le cœur de Jeanne palpita, jusqu’à la dernière heure, pour le salut de son pays. Tout ce qui importait à cette’ cause, soit revers, soit, succès, avait dans son âme un écho, où l’instinct, l’intuition suppléait aux communications dont elle était privée. Peut-être, à travers la triple garde qui l’épiait, quelque vent de ces tentatives parvint-il jusqu’à ses oreilles ? Peut-être son inspiration enthousiaste et des notions réelles, antérieurement recueillies, lui tinrent-elles lieu des nouvelles qui lui manquaient ! Ainsi s’expliquerait cette inépuisable énergie qui la soutint jusqu’à sa mort. Nous aurions par là le mot de ces ardentes apostrophes, qui marquent surtout ses premiers .interrogatoires. On comprendrait mieux alors ces menaces, par lesquelles, reprenant tout à coup l’offensive, elle terrifiait ses persécuteurs.

Tant que Jeanne fut vivante, les Anglais, ainsi que le lecteur peut s’en souvenir, n’osèrent point procéder en règle au siège de Louviers. Le lendemain du supplice, ils coururent à ce siège. Ils y consacrèrent de grands sacrifices. Le 19 juin 1431, l’ennemi avait rassemblé devant la place d’abondantes munitions de guerre. On fabriquait de la poudre au parc de l’artillerie anglaise, nommé l’hôtel des ordonnances du palais[18].

Une explosion leur tua cent hommes. Niais en ce même temps, La Hire, qui défendait la ville, se voyait à bout de ressources. Un secours s’organisait à la Ferté-Bernard. La Hire s’esquiva de la place, pour aller au-devant de ces auxiliaires ; la fortune, malheureusement, le trahit : il fut découvert sous le déguisement qui le couvrait ; des Bourguignons l’arrêtèrent et le firent prisonnier. Instruits de ce fait, les Anglais retournèrent au siège avec des munitions nouvelles. Le 25 octobre 1431, ils entrèrent en vainqueurs dans Louviers et rasèrent tous les ouvrages de défense[19].

Vers la tin de juin 1431, Poton de Saintrailles, poussant jusqu’à Eu, place maritime, pilla et saccagea cette ville. Peu après, une tentative de soulèvement parait avoir eu lieu sur Chartres. Car nous possédons le texte de lettres d’abolition données en faveur de cette dernière cité, et datées du 4 juillet 1431. Il y est dit que les habitants, après avoir tenu le parti de la rébellion, sont disposés à rentrer sous l’autorité légitime[20].

Vers les mois de juillet-août 1431, le chancelier de France dirigeait les opérations de concert avec le maréchal de Boussac. Senlis et Beauvais formaient les points de départ et la double base des entreprises projetées. Le duc de Bedford, en passant par Nantes, faillit être pris. Il arriva toutefois sain et sauf à Paris le 4 août. Ces dispositions parvinrent à la connaissance des Anglais, et ceux-ci apprirent en même temps que les Français allaient marcher sur Rouen. Les forces rassemblées à Louviers, pour l’Angleterre, celles de Gournay ainsi que d’autres postes, fournirent des détachements. Ces troupes se réunirent et se dirigèrent ensemble vers Beauvais[21].

Les comtes de Warwick, d’Arundel, de Salisbury, de Suffolk, lord Talbot, sir Th. Kiriel, conduisaient les Anglais, au nombre de deux mille. Ils s’avancèrent jusqu’à Milly. Le lendemain[22], au point du jour, les Français partirent de Beauvais. Ils étaient commandés par le maréchal de Boussac, Poton de Saintrailles, Louis de Waucourt, La Hire, etc. La rencontre s’effectua près de Beauvais, entre Savignies et la ville[23].

Nos Français avaient à leur tête un jeune berger, visionnaire idiot, natif du Gévaudan, et nommé Guillaume. On ne détruit que ce qu’on remplace, dit un adage moderne : R. de Chartres, archevêque de Reims, non content d’avoir détruit la Pucelle, avait osé la remplacer ainsi ! Ce malheureux enfant était probablement suborné. Il obéissait ainsi à la crédulité qui, en ces temps d’exaltation populaire, multipliait les thaumaturges. Il chevauchoit de costé, dit le Journal, et monstroit de temps en autre ses mains, ses pieds et son costé ; et estoient tachés de sanc, comme saint François[24].

Le nombre des Français s’élevait à environ six cents lances, appuyées par quatorze cents hommes d’infanterie. La cavalerie se trouva enveloppée et surprise, avant que les chefs se fussent entendus pour ordonner le plan de bataille. Une manœuvre habile de l’ennemi prit à dos la réserve elle-même. Dès le premier choc, la confusion et le désarroi se mirent parmi les Français. Poton de Saintrailles commandait environ cent hommes d’armes. Il marcha résolument à l’ennemi et fut soutenu par l’élite de ses chevaliers. Mais le maréchal partagea la panique. Il donna le signal de la retraite et fut suivi de l’infanterie, qui se sauva à qui mieux mieux dans les bois, puis enfin à Beauvais. Poton de Saintrailles et Louis de Waucourt demeurèrent captifs. A la journée de Patay, Saintrailles avait pris lord Talbot et l’avait libéré sur parole. Saintrailles fut conduit à Rouen après la bataille dite du berger. Il fit échange avec Talbot et ne tarda pas à recouvrer sa liberté[25].

Guillaume le Berger tomba également au pouvoir des Anglais. Sa capture avait été opérée, comme celle de Jeanne, sur le diocèse de Beauvais ; Pierre Cauchon s’empara de cette nouvelle proie. Guillaume fut d’abord conduit à Rouen ès prisons de l’évêque de Beauvais. Quelques mois plus tard, Henri VI entra solennellement dans Paris. Parmi les chevaliers et écuyers qui lui firent cortége, figurait le Berger, captif et lié de cordes. Peu après, il disparut, probablement sans aucune forme de procès. Toison-d’Or, hérault et chroniqueur bourguignon, atteste avoir ouy dire que le pauvre Bregier avoit esté gecté en la rivière de Seine et noyé[26].

Au mois de mai 1430, Arnald Guilhem, seigneur de Barbazan, siégeait au grand conseil, à Gergeau, en présence du roi. Nous le trouvons délibérant, dans la même assemblée, entre la reine Yolande et la Trimouille, à Gien, le 15 juillet suivant. Barbazan était entré sans retard en fonctions, comme gouverneur de Champagne. Mais placé au rang des ministres, il résidait tantôt à la cour, tantôt aux postes divers, que lui assignaient les affaires et les besoins de sa province[27].

Donc, au moment où le gouvernement de Charles VII perdait et mieux sacrifiait la Pucelle, le chevalier sans reproches entrait au conseil. Il ne lui appartint pas, vraisemblablement (non plus qu’à la reine Yolande), de changer la ligne politique adoptée. Barbazan embrassa la voie qui, seule, était ouverte à ses services. Il suivit cette route, sans regarder ailleurs, avec la droiture et l’intrépidité qui caractérisent sa vie entière.

Troyes et Châlons avaient arboré l’étendard de Charles VII. Mais ces deux villes étaient à peu près les seuls points, dans ces parages, où flottât le drapeau de l’affranchissement. Le plat pays, presque tout entier, obéissait au duc de Bourgogne, nouveau feudataire de la Champagne, et à ses vassaux ou alliés. Il s’agissait d’affermir ces deux points principaux. De là, il fallait ensuite étendre la propagande et la soumission à toute la province. Pour réussir dans cette œuvre, l’habileté du politique ou de l’administrateur n’était pas moins nécessaire que les qualités du capitaine.

On doit placer la réduction de Troyes au nombre des faits remarquables de cette période. La merveilleuse influence de la Pucelle, jointe à la fortuite coïncidence d’une amitié de collège, avait, en réalité, déterminé cet heureux événement. Mais, au lendemain de sa réduction, l’ancienne capitale d’Henri V et d’Isabeau se trouvait isolée. Autour d’elle, s’agitaient des populations, hier ses alliées, aujourd’hui ses antagonistes.

L’évêque Jean Laiguisé était fils d’un teinturier de la ville. Depuis Urbain IV, notamment, la Champagne avait vu plus d’une fois des hommes de mérite s’élever des rangs les plus humbles aux plus hautes situations, par la carrière des lettres et de l’Église. Les Pougeoise, les Barton et d’autres, comme on l’a dit, parents et alliés de Laiguisé, occupaient à Troyes les premiers sièges : ceux-ci, dans le chapitre épiscopal ; ceux-là, dans les conseils de la cité. Or Jean Pougeoise de Nogent, et Jean Barton de Méry-sur-Seine, étaient deux serfs de l’évêché de Troyes, affranchis par l’évêque, Etienne de Givey, prédécesseur immédiat de Jean Laiguisé[28].

D’autre part, Jean Laiguisé comptait, parmi ses alliés par les femmes, les Dormans et les Jouvenel des Ursins, ces nobles de robe du quatorzième et du quinzième siècle : Car, en Champagne, le travail, sanctifié par les disciples de saint Bernard, par la règle de saint Benoît, était demeuré en honneur. Au temps des comtes Henri et Thibaut, l’agriculture et les arts utiles avaient fait la prospérité du pays. Là, sous l’empire de ces idées, plus libérales et plus saines, les privilèges aristocratiques du moyen âge dominaient avec moins de rigueur. Les femmes anoblissaient et l’industrie ne dérogeait pas[29].

Jean Laiguisé, en 1426, avait dû sa mitre épiscopale à la libre élection du chapitre. Il resta évêque malgré le gouvernement anglais, qui voulait imposer au diocèse un prélat politique, à sa nomination. Jean occupa le siège de Troyes pendant un quart de siècle. Pasteur des âmes, il fut aussi, en ces temps difficiles et troublés, le defensor civitatis des anciens jours. Il avait rendu au roi Charles sa ville et le diocèse : il demeura ensuite, auprès du gouvernement légitime, le tuteur vigilant des intérêts de cette contrée[30].

A cette influence du haut clergé, de l’Église séculière, il faut joindre l’influence qu’exerçaient l’Église militante et le clergé régulier. La religion, comme la poésie, eut une part notable à l’œuvre du quinzième siècle. En général, le principal ébranlement se communiqua, non pas des rangs supérieurs de la hiérarchie ecclésiastique, mais d’en bas. Le clergé inférieur fut le confident, et souvent l’auxiliaire de cette immense aspiration vers la justice de Dieu, qui remplissait les cœurs. Entre tous les ordres de l’Église, les religieux mendiants (Augustins, Carmes, Jacobins, Cordeliers), doivent être cités au premier rang sous ce rapport. Comme institutions publiques, ces ordres, il est vrai, portaient déjà en eux-mêmes les signes de la décadence. Et pourtant, ils firent briller, avec un visible éclat, les dernières lueurs de l’esprit chrétien du moyen âge, en ce qu’il eut jamais de plus noble et de plus grand.

Prolétaires du monachisme, ils furent aussi comme les chevaliers errants de la foi et de la fraternité chrétienne. Alors florissaient saint Vincent Ferrier, saint Bernardin de Sienne, et bien d’autres dont les légendes, exclues par les hagiographes[31], méritent une place au martyrologe de l’histoire laïque. Ces hommes pauvres, sans maison, sans patrie, combattirent moralement en faveur de la France. Par leur parole, par leurs ouailles et par leurs disciples, ils contribuèrent à fonder pour nous une patrie.

On se rappelle frère Richard et Jean de Gand. Le premier, selon toute apparence, avait précédé à Troyes le second. Devenu vieux, Jean de Gand se retira aux Jacobins de Troyes. 11 y mourut le 29 septembre 1439, et fut inhumé dans le couvent de ces frères prêcheurs. Un célèbre religieux du même monastère, F. Didier, fut son admirateur et son disciple. Lorsque Didier mourut, il voulut être déposé dans la tombe aux pieds de Jean de Gand. Troyes était une étape entre Paris et Lyon, sur le chemin d’Italie. Les Jacobins de Troyes communiquaient avec les Jacobins de Lyon, la ville qui avait servi de retraite à Gerson. D’Italie, les prédicateurs qui agitaient alors cette péninsule, refluaient jusqu’à Troyes. Les couvents de Troyes fournirent une pépinière d’orateurs éloquents et populaires. Ceux-ci, depuis la venue de frère Richard, ne cessèrent de plaider la cause de la France et du roi Charles. La capitale de la Champagne une fois rendue à ce prince, les prêcheurs de Troyes ne contribuèrent pas seulement à raffermir les populations dans leur fidélité. Ils portèrent bien loin une propagande hardie au profit de cette cause, et la confessèrent publiquement, jusque sur les États de Philippe le Bon[32].

Sous le commandement de Barbazan, la campagne de Champagne s’ouvrit, en 1430, avec la belle saison. La place de Chappes appartenait à Jacques d’Aumont, du parti de Bourgogne : vers le mois de mai, René de Sicile s’unit au gouverneur, pour l’assiéger. Troyes et Châlons, par les soins du capitaine général et par ordre du roi, furent mis à l’abri des attaques. L’une et l’autre pourvurent, de leurs propres ressources, à leur défense. Troyes surtout revendiquait en cela ses prérogatives communales, dont elle se glorifiait depuis des siècles. Les deux villes éloignées se préparèrent en outre à se soutenir mutuellement et à prêter secours aux points faibles[33].

Des succès importants couronnèrent les efforts du vaillant capitaine. Villeneuve-le-Roi (août 1430), Sens en Bourgogne (janvier 1431), Ervy et Saint-Florentin (avril 1431), furent soumis au roi de France. La guerre eut aussi et successivement pour théâtre les places de Bar-sur-Seine, Jully, Saint-Thiébault (nommé aujourd’hui Estissac), La Croisette, Notre-Dame de l’Epine près Châlons, Marigny-le-Châtel, Ponts-sur-Seine, Villeneuve-aux-Riches-Hommes, Provins, Nogent-sur-Seine et Anglure. Tous ces lieux, généralement, sont situés, soit en Champagne, soit sur la frontière de Bourgogne. Les armes de Charles VII, ou de Barbazan, y subirent des fortunes diverses. Plusieurs de ces places, prises et reprises à tour de rôle par les belligérants, ne furent définitivement ralliées que plus tard à l’obéissance de la couronne. Mais, sur tous ces points, Barbazan remplit avec honneur la mission militaire dont il était chargé[34].

Dans l’ordre civil, le lieutenant du roi sut ménager les intérêts des populations et se concilier leur attachement. En 1430, il réunit à Châlons les trois états de la province, pour obtenir de leur bénévole consentement les subsides dont il avait besoin. Nos riches archives de Troyes et de Châlons-sur-Marne ont conservé les documents les plus précieux pour l’histoire de cette époque. Ici, comme à Tours, à Orléans, à la Rochelle, on ne peut qu’admirer l’intelligence, le patriotisme et la maturité ; qui se manifestent dans la conduite de ces administrations municipales. Les conseillers de Troyes ne prennent pas une mesure, sans se concerter volontairement avec l’évêque et le gouverneur. Le dévouement des uns, la protection des autres ne se font jamais défaut. Dès l’époque de la réduction, Jean Laiguisé prit en main les sollicitations nécessaires auprès du roi, pour obtenir la canalisation de la Seine. Organiser la hanse de Troyes importait également au commerce de cette ville. Troyes obtint satisfaction sur ces deux points. Enfin, par lettres données à Poitiers au mois de mars 1431, Jean Laiguisé fut anobli, ainsi que ses collatéraux[35].

Une telle faveur était à peu prés de pure forme pour un prélat, qui, à ce titre, et de plein droit, jouissait des prérogatives féodales. Mais la même grâce (qui profitait à sa famille) ne tarda point à être accordée aux Barton, aux Pougeoise et à divers citoyens de la même contrée. Cette concession fut motivée par les services de guerre et autres, que les impétrants avaient rendus à la cause de l’indépendance[36].

C’est ainsi que le principe du mérite individuel se faisait jour et place, peu à peu, dans nos institutions, à côté du principe héréditaire, fondé sur le hasard de la naissance. Ces atteintes portées aux vieux privilèges de la noblesse de race ou d’épée, cette accession, étendue ou multipliée, des affranchis de la veille, aux supériorités civiles, constituaient autant de pas faits vers le droit commun et vers l’égalité moderne.

 

 

 



[1] Perceval de Cagny, chap. CVI ; dans Quicherat, Procès, t. IV, p. 29.

[2] Gruel, Panthéon, p. 371.

[3] Montreuil, p. 334, 337. J. Chartier, t. I, p. 110, 113. Bourdigné-Quatrebarbes, t. II, p. 158, 159. Holinshed, History of England, 1574, in-f°, t. II, p. 603. K. 80, liasse 7. Catalogue Teulet, p. 384. S. Céneri ou S. Célerin, près Alençon ; Bons-Moulins, près Mortagne. Ms. Cordeliers, n° 16, f° 496 v°.

[4] En Bigorre, aujourd’hui Haute-Garonne, arrondissement de Saint-Gaudens.

[5] Ira, colère ; en français du XVe siècle : La Hire. La Chronique Martinienne, spécialement consacrée à glorifier La Hire, Chabannes, etc., s’exprime ainsi par manière de plaisanterie : Et aucuns Anglois appelèrent icelle Hire : Gente ire de Dieu ! Sainte Hyre de Dieu ! Madame La Hyre ! Car icelle hyre, par plusieurs et diverses fois, leur faisoit plusieurs et maulvaises rencontres dont les dits Anglois avoient peu de gaing. Édition Vérard in-f°, gothique, f° lxxvi.

[6] Biographie Didot : La Hire. Journal de Paris, Panthéon, p. 691. Le Jouvencel, 1493, in-f°, p. xj.

[7] Monstrelet, liv. II, chap. LXXVIII, édition d’Arcq, t. IV, p. 372. P. Cochon, p. 463. Basin, t. I, p. 78. Holinshed, 1575, in-f°, t. II, p. 603. 1429, décembre ; Paris et Rouen menacés : Proceedengs of privy council of England, t. IV, p. 9. Lettres des rois et reines, t. II, p. 410.

[8] Monstrelet, ibid., p. 363 et 375. Le château de Clermont était alors entre les mains du duc de Bourgogne. Thomas Kyriel trouva moyen de le faire passer dans les siennes. Voy. Monstrelet. t. V, p. 18 ; et Ms. s. fr. 5, 2, Histoire de Beauvais, t. III, f° 1332.

[9] Berry dans Godefroy, p. 381. Mathieu de Coucy, ibid., 586. Monstrelet, p. 350. P. Cochon, p. 464. Barante, Ducs de Bourgogne, VI, p. 41.

[10] Barbason was found in a dungeon, enclosed within a great grate of iron, lyke to a lyttle chamber, and fortwith they breake open the grate ; but Barbason would not tome forth... The frenchemen... judged that he had bene rather deade than alive, ail that time of bis imprisonement. (Holinshed, Chronicles of England, 1577, in-f°, t. II, p. 1244-5). Le Ms. Cordeliers, n° 16 (chronique bourguignonne), présente sous un autre jour la délivrance de Barbazan, f° 496 v°.

[11] Holinshed. Auteurs cités. Cuvelier, le poète historien de Duguesclin, rapporte un trait analogue à celui qui concerne Barbazan. Le connétable étant mort durant la capitulation de Randon, les assiégés, dit-il, vinrent déposer les clefs sur les genoux du cadavre. Le 28 février 1430, les Anglais tentèrent, mais inutilement, de reprendre Château-Gaillard. Monstrelet, 364. P. Cochon, 465.

[12] Auteurs cités. Berry dans Godefroy, 381. Itinéraire. Charles VII et ses conseillers, au mot Barbazan.

[13] Th. Boutiot, Guerre des Anglais, 1429-1435 ; Troyes et Paris, 1861, in-8°, p. 9 et s. Berry-Godefroy, p. 379. On se souvient que la Champagne, offerte en apanage à Philippe le Bon par Charles VII, lui avait été donnée le 8 mars 1430, par le gouvernement anglais.

[14] Ms. Gaignières, n° 649, 5, f° 30. Ms. Fontanieu, n° 115, aux dates 1430, janvier, 23 ; juin, 29 ; décembre, 24. Ms. s. fr. 4805, f° 186, 187. Léchaudé d’Anisy, Chartes normandes du Calvados, 1835, in-8°, t. II, p. 394, n° 169. Monstrelet, p. 365, 370, 378. P. Cochon, p. 464, 465. Journal de Paris, p. 684. Berry dans Godefroy, p. 380. Jean Chartier, I, 119. Beaurepaire, États de Normandie, p. 39.

[15] K. 80, liasse 27. Catalogue Teulet, p. 386 à 398. Proceedings, IV, 52. Monstrelet, 370, 420 ; 421, 428. P. Cochon, 466, 468. Beaurepaire, États, p. 41. Voy. encore Monstrelet, 431, 439, et Godefroy, Charles VII, p. 334.

[16] Gratification de 1.200 livres accordée par le roi le 2 avril 1431. Quittance du bâtard en date du 20 juin suivant. Originaux dans Fontanieu, vol. 115. Ms. Gaignières, n° 594, f° 134.

[17] La Hire et ses semblables combattaient pour combattre et non pour délivrer la Normandie ni même la Pucelle. On ne peut à cet égard conserver la moindre illusion. Un proverbe du temps peint la pensée que nous voulons mettre en lumière : Mieux vaut terre gâtée que perdue ; c’est-à-dire mieux vaut ravager une terre que de la laisser tranquille à l’ennemi. Voy. Basin, Mémoires, t. I, p. 102.

[18] Le grand maître de l’artillerie anglaise portait le nom de general master of ordinances of the king.

[19] Pièce tirée des mss. de Gaignières, en date du 28 août 1431, copié communiquée par M. L. Paris. Catalogue Teulet, p. 392. Procès, t. II, p. 3, etc. Beaurepaire, États, p. 42, 43 ; Notes sur Ricarville, 1857, in-8°, p. 7. Chronique de Normandie, 1581, in-8°, p. 182. Mémoires de Th. Basin, I, 89. Journal de Paris, p. 692, 693. Le siège de Louviers fut marqué comme celui d’Eu, par la perte des archives publiques. Voy. Aug. Le Prévost, Notes pour l’histoire du département de l’Eure, 1862, in-8°, t. I, p. 101 et 214.

[20] Berry-Godefroy, p. 381. J. Chartier, I, 114. Montreuil, 335. — La ville d’Eu fut saccagée par P. de Saintrailles environ la St. Jehan Baptiste, 1431. Et fut le livre rouge (registre municipal P) emporté par les gens du dit Poton. (Ms. Duchesne, n° 48, f. 181). — Ms. Dupuy, vol. I, p. 221 et s. Ms. Brienne, 197, f° 316, 318. Fontanieu, (ms. 115, au 2 avril 1431), pense que les entreprises secrètes mentionnées dans l’acte qui porte cette date devaient s’attaquer à la ville de Chartres.

[21] Bernier, Chronique de Senlis, 1534, in-8°, p. 21. Journal de Paris, p. 692 et suiv. Berry-Godefroy, p. 384. Monstrelet, t. IV, p. 434.

[22] Vers le 10 ou le 12.

[23] Jean Chartier, t. I, p. 132. Abrégé chronologique, dans Godefroy, p. 334. Berry, 354. S. Remy, Panthéon, p. 526.

[24] Journal de Paris, p. 632. Monstrelet, p. 433.

[25] Berry. Beaurepaire, Notes sur Ricarville, p. 12, note 1. Ms. fr. 1968, f° 148. Le 13 août 1431, le chapitre de N. D. de Paris, sur la requête de Bedford, décide qu’une messe solennelle sera dite pour la victoire remportée près Beauvais (probablement la veille). Le 19, procession générale pour deux victoires. (L. L., 414, f° 82).

[26] Ms. 1968. Journal, p. 693. S. Remi, loc. cit.

[27] Itinéraire. Conseillers. Ordonnances, t. XIII, p. 154. Ms. Fontanieu, 115. Lettre des archives de Reims, 30 mai 1431.

[28] Généalogies troyennes. J. J. 176, f° 278. M. M. 835, Mémoire sur les anoblissements, f° 190. Des Guerrois, La Saincteté chrestienne de Troyes, etc. 1637, in-4°, f° 385.

[29] Archives de l’Aube, liasse 145, p. 274, 322. Voir les recherches (si singulièrement commentées de nos jours) sur la noblesse maternelle ou noblesse de Champagne.

[30] Gallia christiana, t. XII, col. 514. Camusat, Promptuarium antiquitatum Tricassensium, 1610, in-8°, p. 234 et s. Boutiot, Guerre des Anglais (passim). Etc.

[31] Voy. notamment l’histoire de Thomas Couette, carme de Nantes, brûlé à Rome par ordre d’Eugène IV.

[32] Fontana, Monumenta dominicana, 1675, in f°, p. 307. Wading, Annales Minorum, 1642, in-f°, t. V, p. 130 et s. Des Guerrois, La Saincteté chrétienne, etc., p. 385 à 401. Camusat, Promptuarium, p. 325. Ms. La Ravallière, Champagne, t. LI, f° 79, v°. Boutiot, Guerre des Anglais, p. 51, 56. Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1853, p. 108 ; 1858, p. 12. Bibl. de l’École des Chartes, t. XXII, p. 470 et suiv.

[33] Monstrelet, p. 385. Boutiot, Guerre des Anglais, p. 6, 14, 15. Edouard de Barthélemy, Histoire de Châlons-sur-Marne, p. 63, 184. Archives de l’Aube, p, 373. Villeneuve-Bargemont, Histoire de René d’Anjou, 1825, in-8°, t. I, p. 103, 105.

[34] Chronique Antonine, ms. fr., 1371, f° 268 v°. J. J. 177, charte, 8, f° 4 v°. Boutiot, Guerre des Anglais, p. 7 à 22. Barthélemy, Histoire de Châlons, p. 183-4. Berry, dans Godefroy, p. 382. Monstrelet, p. 440. J. Chartier, t. I, p. 128 et s.

[35] Boutiot, Guerre des Anglais, p. 13, 15, 25, etc. ; Notice sur la navigation de la Seine et de la Barse, 1856, in-8°. Ordonnances, XIII, 157. Anoblissement de Laiguisé, bibliothèque de M. Corrard de Breban, à Troyes ; Ms. Duchesne, 72, f° 127 (communication de M. G. de Beaucourt).

[36] J. J. 176, charte 418, f° 278. J. J. 177, charte 8, f° 4 v°. M. M. 835, Mémoire de D. Carpentier sur les anoblissements, f° 190, 227 et s. Ce mémoire a servi de base à l’article Nobilitatio : supplément au Glossaire de la basse latinité de Du Cange.