HISTOIRE DE CHARLES VII

TOME DEUXIÈME

LIVRE IV. — JEANNE DARC - 1429-1431.

CHAPITRE II. — Jeanne Darc. Du 8 mai au sacre de Charles VII (17 juillet 1429).

 

 

La venue de la Pucelle produisit sur les Anglais une impression subite et considérable.

Le grand conseil ou conseil privé du roi s’assembla le 15 avril 1429 à Westminster. On y lut d’abord une dépêche de Jean, duc de Bedford. Le régent demandait que Henri VI, malgré son jeune âge, fût amené en France et sacré comme roi, pour recevoir personnellement des diverses autorités le serment d’allégeance. Bedford espérait ainsi devancer le dauphin : ce prince, en effet, ne possédant ni Reims, ni Paris, n’avait pu jusque-là, se faire administrer l’onction sainte[1].

Le lord haut trésorier du royaume prit ensuite la parole. Il exposa que les revenus de la couronne, en déficit de vingt mille marcs par an, se trouvaient au-dessous des charges existantes. Il ajouta que des circonstances nouvelles aggravaient la situation. Pour conclure, il sollicitait, auprès de l’assemblée, un remède à cet état de choses.

Une autre dépêche du régent notifia au conseil que, tant avant la mort du comte de Salisbury que depuis cette perte, l’armée anglaise occupée au siégé d’Orléans avait vu diminuer par la désertion le nombre de ses soldats. Il terminait en réclamant avec instance l’expédition d’un renfort. Le duc demandait seulement deux cents lances et douze cents archers, pour servir à la solde du roi pendant une demi-année[2].

Le conseil, après en avoir délibéré, arrêta le surlendemain les résolutions suivantes : 1° envoi de cent lances et sept cents archers en France, aux gages d’Angleterre pour demi-année ; 2° mise sur pied d’une escadre croisière. Cette dernière expédition devait s’opposer au passage d’une armée d’Écosse, forte de six mille hommes. Ayant à bord la princesse Marguerite Stuart, ces six mille hommes se préparaient, disait-on, à débarquer sur la côte française et conduisaient au dauphin sa jeune fiancée. Dans le même temps, des négociations diplomatiques furent rouvertes par le gouvernement anglais avec le roi d’Écosse et les autres alliés de Charles VII[3].

L’éclatant succès qui marqua les débuts de l’héroïne, remplit le duc de Bedford de douleur et d’amertume. Ces sentiments se font jour, en termes curieux, dans une lettre qu’il adressa vers cette époque au roi d’Angleterre Henri VI. Tout prospérait, dit-il, pour, votre cause, jusqu’au siège d’Orléans, entrepris, Dieu sait sur quel avis ! Depuis ce temps, et après la catastrophe advenue à mon cousin de Salisbury, votre peuple, assemblé devant Orléans en grand nombre ; a reçu un coup violent, qui semble être tombé du ciel. Ce choc lui est survenu, à mon avis, de la folle pensée et du déraisonnable effroi qu’a causés sur lui un disciple et limier de l’ennemi (du diable), appelé la Pucelle, qui a usé de faux enchantements et de sorcellerie[4].

Lorsque Bedford apprit à Paris la délivrance d’Orléans, il ne se crut plus en sûreté dans cette capitale. Le régent se retira sans délai au château de Vincennes. Là, il manda gens de toutes parts. Mais peu y en vint ; car les picars et autres nations du royaume qui tenoient son party, se prirent à deslaisser les Anglois, et à les haïr et les despriser. Avant la venue de la Pucelle, deux cents Anglais mettaient en fuite huit cents ou mille soldats de Charles VII. Depuis le ravitaillement d’Orléans, une sortie de quatre ou cinq cents Français, commandés par cette jeune fille, suffisait pour intimider toutes les forces anglaises réunies devant la même ville[5].

Le 10 mai 1429, la Pucelle partit d’Orléans, se dirigeant vers le roi, qui habitait Chinon. Jeanne coucha cette nuit et la suivante à Blois : Charles VII vint, de son côté, à Tours ; le 13 mai, la Pucelle et le roi se rencontrèrent dans cette ville. Jeanne, dit aine chronique peu connue, alla au-devant de lui, son étendard à la main, et lui fit révérence, s’inclinant sur son cheval le plus bas qu’elle put, la tête découverte. Le roi, à cet abord, ôta son chaperon et embrassa Jeanne, en la redressant. Et, comme il sembla à pluiseurs, voullentiers le (la) euist baisée, de la joie qu’il avoit. Et le lendemaïn vinrent nouvelles au roi que le sire de Scale estoit à Gergeau[6]...

Après cette entrevue, Charles VII ne tarda pas de retourner à Loches. Jeanne le suivit également dans cette résidence. A Loches, comme à Tours, Jeanne fut reçue avec honneur ; mais l’attitude que le roi garda vis-à-vis d’elle excite un légitime étonnement. Après la merveilleuse délivrance d’Orléans, il semble que toute hésitation fût en quelque sorte, de la part du, roi, contre le bon sens et contre nature. Le prince le plus timide devait se sentir assez rassuré pour prendre au moins possession, en personne, de cette aide extraordinaire que la Providence lui octroyait si libéralement. La Pucelle invita Charles VII, dans les termes les plus chaleureux, à la suivre sans retard. Elle le pressa de marcher contre un ennemi qui déjà fuyait pour ainsi dire de lui-même devant elle.

Charles VII demeura insensible à ces instances[7].

Les prières et les avis de la Pucelle, toutefois, rie furent point absolument repoussés. A Tours et à Loches, le roi tint conseil sur conseil, et mit la délibération de ces avis à un ordre du jour perpétuel. Les ministres accueillirent honorablement l’héroïne ; mais ils ne lui donnèrent point accès dans ces conseils. Jeanne, désolée de pareilles lenteurs, se présente un jour auprès du roi. C’était au château de Loches. Le roi Charles se trouvait en ce moment dans son retrait ou chambre de secret ; on appelait ainsi des cabinets de bois, pratiqués au sein des vastes salles murées du moyen âge. Les conseillers les plus hostiles aux vues de la Pucelle n’accompagnaient point le roi. Ce prince avait seulement autour de lui Christophe d’Harcourt (frère de Jacques), le sire de Trèves, et Gérard Machet, son confesseur. Jeanne frappa, sans introducteur, à la porte. Aussitôt entrée, elle se jeta à genoux devant le roi, embrassant ses jambes et lui disant avec larmes : Noble Dauphin, ne tenez plus tant et de si longs conseils ; suivez-moi, et venez prendre, à Reims, votre digne couronne. Le roi, par la bouche du seigneur d’Harcourt, répondit à cet acte d’effusion... Séance tenante, il fit subir à l’héroïne une sorte d’interrogatoire, véritable répétition abrégée des enquêtes de Chinon et de Poitiers[8] !

A la suite de cette scène, des gens d’armes furent mandés. Charles VII nomma le due d’Alençon lieutenant général, chargé d’accompagner la Pucelle. L’un et l’autre reçurent ordre d’affranchir les rives de la Loire et les environs d’Orléans. Tous les abords de cette ville, en effet, obéissaient encore aux Anglais. Le 2 juin 1429, le roi Charles VII, comme s’il eût épuisé son activité dans cette campagne parlementaire, était de retour à sa résidence favorite de Chinon. Ce même jour, la Pucelle fut autorisée à prendre pour armoiries un écu d’azur, à l’épée d’argent, enmanchée d’un pommeau d’or, soutenant une couronne du même, férue eu pointe et accostée de deux fleurs de lys d’or.

Elle partit aussitôt et se remit en campagne[9].

La mémoire de Bertrand du Guesclin, vainqueur des Anglais sous Charles V, rajeunie par les circonstances actuelles, était alors présente à tous les esprits. L’héroïne, avant de poursuivre sa carrière, voulut célébrer à sa manière cette grande renommée. La veuve du connétable survivait : Jeanne, le 1er juin 1429, lui envoya spontanément un petit anneau d’or. Elle joignit à cette offre légère un compliment qui, trois jours après, fut transmis à l’illustre veuve par l’un de ses petits-fils. André de Laval était venu visiter la Pucelle ; Jeanne chargea ce jeune gentilhomme de dire à son aïeule que c’étoit bien petite chose et qu’elle vous eust volontiers envoyé mieulx, considéré votre recommandation[10].

Le 11 juin, là Pucelle et le duc d’Alençon vinrent mettre le siège devant Gergeau. L’armée royale s’accroissait journellement de recrues qui venaient combattre sans compter sur aucune solde. Suffolk et sa division occupaient cette place fortifiée. Au montent de l’attaque, la Pucelle distingua une pièce d’artillerie, braquée et pointée de la ville vers le duc d’Alençon. Beau duc, lui dit-elle, ostez-vous du logis où vous estes, vous seriez en danger des canons. Le prince ne s’était point écarté de deux toises, que le boulet partit. Un écuyer d’Anjou, qui avait remplacé le duc, eut la tête emportée du coup. Jeanne accomplit ainsi la promesse qu’elle avait faite aux dames d’Alençon. Le lendemain 12, la Pucelle descendit dans le fossé au plus fort de l’assaut. Elle tenait son étendard à la main. Frappée d’une grosse pierre, jetée par les assiégés, qui la fit tomber assise, elle remonta sur l’échelle et entraîna les assaillants. Venez hardiment, dit-elle, et entrez dedans ! A ces mots, ils pénétrèrent dans la place et n’eurent que la peine de chasser les fuyards[11].

Un des combattants français poursuivit sur le pont le comte de Suffolk et se disposait à le prendre. Es-tu gentilhomme, lui demanda le comte ? — Oui. — Et chevalier ?Non. Le comte alors fit chevalier son interlocuteur, puis se rendit à lui. La ville ennemie, ses munitions, ses richesses, tombèrent au pouvoir des vainqueurs, ainsi que le général et la garnison anglaise, forte de six à sept cents hommes. William Pole, frère du général, demeura également prisonnier, et son deuxième frère, Alexandre Pole, y perdit la vie[12].

A cette nouvelle, Charles VII, encouragé, quitta subitement Chinon et fit un pas remarquable, mais très mesuré dans la direction de Reims, que lui conseillait la Pucelle. Le roi vint s’établir à Sully-sur-Loire. Cette ville et le château où Charles prit son gîte, en compagnie de la Trimouille, appartenaient à ce favori. Dans le même temps, la Pucelle, réunie à Orléans avec les principaux capitaines, délibéra d’aller mettre le siège devant Meung et Beaugency. Le connétable de Richemont, exilé de la cour, se tenait depuis longtemps à l’écart. Instruit des événements, il accourut à Blois, suivi d’un contingent, et résolut, malgré sa disgrâce, de prendre une part active à la guerre[13].

Sur la requête de Richemont, la Pucelle, d’accord avec le lieutenant général, duc d’Alençon, donna au comte un commandement provisoire, à Beaugency. Elle se chargea en outre de plaider sa cause devant le roi et la Trimouille. Beaugency, ainsi que Meung, se rendirent, le 15, aux Français. Cependant Talbot et Falstalf, exaspérés par cette série de revers, se réunirent en Beauce pour marcher, de concert, au secours de leurs compatriotes. Jeanne, après avoir débarrassé les rives de la Loire, marcha au-devant d’eux. La rencontre des deux armées s’opéra en un lieu dit Coinces, près Patay (Eure-et-Loir), le 18 juin 1429[14].

C’était la première fois que les Anglais se voyaient affrontés, depuis la venue de la Pucelle, en rase campagne. Le duc d’Alençon avait en sa compagnie les comtes de Vendôme, de Richemont, le maréchal de Sainte-Sévère, Louis de Culant, amiral de France ; Poton, La Hire ; les sires d’Albret, de Laval, de Chauvigny, de Loré, de Termes-Armagnac, etc. Le lieutenant général dit à la Pucelle : Jeanne, voila les Anglais en bataille, combattrons-nous ?Avez-vous vos éperons, lui répondit la Pucelle ?... Allez sur eux, et ils s’enfuiront... et pour ce fault il vos esperons pour les suivre[15].

Lord J. Talbot, qui commandait l’avant-garde anglaise, rangea ses archers en bataille avec leurs épieux, suivant le mode accoutumé. Il choisit pour s’établir un poste favorable, qui contraignait les Français à se jeter entre deux haies dans un étroit passage. A la voix de la Pucelle, les Français fondirent avec impétuosité sur Talbot. Sir John Falstalf, chef de la bataille ou corps principal, vint rejoindre Talbot, qui était suivi de l’arrière-garde. En peu de temps, la déroute des Anglais fut complète : Talbot, Scales, Th. Ramston, lord Hungerford, prisonniers, et plus de deux mille des leurs, morts, demeurèrent sur la place[16].

Sir J. Falstalf ne s’enfuit point, comme il a été dit trop souvent, mais il opéra sa retraite, après avoir déployé dans toute cette affaire une très grande prudence ; unie à un courage désespéré. Les Anglais, démoralisés, abandonnèrent la Beauce, et fuyant d’Étampes à Corbeil, se replièrent jusque sous les murs de la capitale[17].

La Pucelle avait fait itérativement ses preuves devant l’ennemi. Les premiers hommes de guerre du temps de Charles VII, tels que La Hire, Dunois, Gaucourt, Ambroise de Loré, etc., s’accordèrent à vanter, même de son vivant, la capacité militaire de l’héroïne. Elle excellait, disent-ils, à manier la lance, à former les pelotons, à faire prendre aux troupes leurs emplacements et à disposer l’artillerie. Leurs éloges sur ce point, comme sur tous les autres, aboutissent à exalter en sa personne un être surnaturel, et à l’idée du miracle[18].

Jeanne Darc, évidemment, était une de ces intelligences neuves et puissantes qu’on remarque surtout parmi les personnes illettrées. Aidée d’une observation précoce, patiente, concentrée, d’une mémoire excellente, elle s’était assimilée avec un merveilleux succès les notions pratiques nécessaires à l’accomplissement de sa mission. Ces témoins ont tous été frappés, chez elle, de l’art si précieux, et qu’elle possédait au plus haut degré, l’art d’enlever le soldat sur le champ de bataille. En effet, à chaque affaire, Jeanne, payant de sa personne, se montrait à l’instant décisif et criait : Ils sont à vous !... Elle emportait ainsi la victoire[19].

Après la bataille de Patay, l’armée revint à Orléans, où elle fut reçue en triomphe. Les habitants de la ville tapissèrent les rues pour l’arrivée du roi, qu’ils attendaient également. Mais le roi se tint à Sully, sans faire un pas. La Pucelle et le duc d’Alençon se rendirent auprès du prince. Ils n’osèrent point, toutefois, conduire avec eux le connétable, dans la demeure de la Trimouille. En vain le premier chef militaire offrit-il de s’humilier jusqu’à implorer du ministre, à genoux, l’autorisation de rester sous les armes. Toutes ses protestations ne purent vaincre les refus de l’ombrageux favori[20].

Il en fut de même, entre autres, du comte de Pardiac, fils du dernier comte d’Armagnac. Ce personnage, très recommandable, était venu, ainsi qu’Arthur de Richemont, pour aider militairement le roi contre ses ennemis. La comparaison d’un homme de bien ne semblait pas moins redoutable au premier ministre que les censures du justicier. Le roi, à cette époque, voyait avec les yeux de la Trimouille et n’exprimait que ce que la Trimouille avait pensé. Par ordre du roi, Arthur de Richemont fut contraint de se retirer à Parthenay, et le comte de Pardiac, en Guienne[21].

Tout ce que la Pucelle et ses adhérents purent obtenir de Charles VII, fut qu’il se rapprochât d’Orléans, jusqu’à Châteauneuf. En passant par Saint-Benoît-sur-Loire, le roi dit à la Pucelle qu’il avait pitié d’elle et de la peine qu’elle se donnait, l’engageant à se reposer ! A ce douloureux compliment, l’héroïne fondit en pleurs ; conjurant le sceptique monarque de ne plus douter, elle lui protesta encore une fois qu’il recouvrerait tout son royaume et recevrait prochainement la consécration royale. Charles VII accueillit à Châteauneuf les chefs de guerre victorieux et tint divers conseils. Le voyage de Reims y fut en dernier lieu résolu. Lorsque les troupes eurent été rassemblées, que tout fut prêt, le roi et quelques familiers opposèrent de nouvelles résistances. La Pucelle, pour couper court, donna le signal et prit les champs le 27. Deux jours après, le roi se mit en route[22].

La Trimouille, jusque-là, n’avait point encore fait flotter au vent sa bannière. Il partit, conduisant le roi, le conseil et l’armée. La reine, probablement à la demande de la Pucelle, avait été mandée de Bourges, afin qu’elle fût associée, suivant la coutume, à la cérémonie du sacre et du couronnement royal. Marie d’Anjou, timide, modeste, fut jugée de peu de ressource, en cas de péril. On la renvoya, sans respect, de Gien à Bourges. Tant il y avait encore de doute, dans l’esprit de la Trimouille, sur le succès de cette campagne[23] !

Comme contraste avec ce trait de scepticisme, on peut citer la lettre que la Pucelle écrivit de Gien, le 25, à la ville de Tournay. La Pucelle, qui, dès lors, embrassait dans son influence une sorte d’action quotidienne sur les affaires publiques, n’oublia pas la ville patriote et française. Elle écrivit aux Tournaisiens de persévérer dans leurs sentiments ; et, renouvelant avec une parfaite opportunité leur titre de bonne ville, elle convoqua le corps municipal de Tournay pour assister, en cette qualité, au sacre de Reims. La Pucelle adressa une lettre analogue au duc de Bourgogne, comme pair de France[24].

L’armée, forte d’environ 12.000 hommes, partit de Gien le 29, et arriva, le même jour, à Auxerre. Des héraults du roi vinrent sommer cette ville de se mettre en obéissance. Auxerre appartenait comme fief à Philippe le Bon. La. Trimouille, en 1427, s’était fait nommer lieutenant-général du roi en Bourgogne et gouverneur d’Auxerre. Les habitants- refusèrent de reconnaître Charles VII. Jeanne voulait donner l’assaut : la Trimouille s’y opposa ; moyennant deux mille écus d’or donnés au ministre, la ville conserva la neutralité. C’était un cas de lèse-majesté royale, c’est-à-dire de trahison contre l’État, accompagnée de concussion. La Pucelle et d’autres furent indignés de ce double crime : mais les Auxerrois n’eurent qu’à fournir des vivres à l’armée, et l’on passa outre[25].

Après avoir traversé la ville de Saint-Florentin, qui se soumit immédiatement, ainsi que Brinon l’Archevêque, le roi, la Pucelle et les forces arrivèrent le 4 juillet devant Troyes. Depuis le fameux traité, cette ville, fort travaillée par les partis politiques, s’était façonnée au joug de l’étranger. Une faction puissante, animée des passions bourguignonnes, y dominait. La garnison se composait de cinq à six cents hommes d’armes très résolus, maîtres d’une ville fermée, solidement défendue de murs, de fossés et de remparts. Les troupes royales s’emparèrent du château de Saint-Lyé, sur la Seine, qui appartenait à l’évêque de Troyes. Le roi s’établit ensuite au faubourg Croncels et envoya ses héraults sommer la ville de lui ouvrir ses portes. Bien loin d’obéir à une telle injonction, la garnison exécuta contre les troupes royales une vigoureuse sortie. Cette irruption fut refoulée avec succès, et les assiégés se renfermèrent dans la ville, qui bientôt se trouva étroitement investie[26].

L’armée de Charles VII, néanmoins, n’avait ni argent, ni artillerie de siège, ni subsistances. Plusieurs jours se passèrent dans cette attente, dans cette situation d’impuissance et de péril. Prières et menaces, jusqu’alors, n’avaient rien obtenu des assiégés. Les choses en étaient là, quand le 8 juillet, un dernier conseil fut tenu par Charles VII. La majorité penchait pour quitter la place et poursuivre la route. Déjà le chancelier R. de Chartres recueillait les suffrages : le sire de Trèves, appelé à voter, émit l’avis de consulter la Pucelle. Jeanne, mandée, assura qu’avant trois jours la ville se soumettrait au roi de France[27].

L’héroïne, en effet, tint parole. Jusqu’ici-le résultat seul de cette campagne devant Troyes a été révélé par l’histoire. Or, le silence ou le mystère prête au merveilleux. Sans diminuer en rien l’admiration due à la libératrice, nous pouvons toutefois présenter, sous un autre jour, le mérite qui lui revient. Nous pouvons aujourd’hui faire connaître les moyens d’influence qui se rattachaient à son initiative, et qui furent mis en action dans cette circonstance.

On a vu précédemment le rôle politique joué, dans les affaires de France, par le dominicain saint Vincent-Ferrier et ses disciples. Nous retrouvons ici un nouvel effet de cette propagande politique et religieuse. Parmi les élèves de saint Bernardin de Sienne et de saint Vincent-Ferrier, se trouvait un cordelier nommé Frère Richard, probablement originaire d’Italie. En 1428, il avait passé par Troyes et prêché l’avent dans cette ville. Frère Richard et ses coreligionnaires préconisaient cette doctrine, qu’un grand renouvellement allait s’accomplir. Sous des traits mystérieux et singuliers, il annonçait le prochain avènement d’une sorte de messie, à la fois réformateur et vengeur[28].

Frère Richard obtint auprès des. Troyens un immense succès. Il leur disait chaque jour (décembre 1428) : Semez des fèves largement ; celui qui doit venir, viendra en bref. De là, il se rendit à Paris, où l’influence du prédicateur sur la population ne 6t que s’accroître. Cet ascendant et le caractère de ses sermons causèrent de l’ombrage au gouvernement anglais. Frère Richard fut taxé, par l’autorité, d’être Armagnac. Dénoncé à la Sorbonne et, au prévôt de la capitale, il s’esquiva pendant la nuit, au moment où on allait l’arrêter. Ces faits se passaient en avril 1429. Richard, se voyant persécuté, confessa hautement ses sympathies pour la cause de Charles VII. Il se rendit immédiatement en Orléanais et devint un des aumôniers de la Pucelle[29].

Bien que bourguignonnes, les villes de Troyes, Reims, Châlons, qui connaissaient ce prédicateur, professaient pour lui beaucoup d’estime et d’admiration. Hésitantes, intimidées, déjà ébranlées par la marche des événements, ces villes se consultaient entre elles. De fréquents messages avaient lieu de l’une à l’autre. Troyes était la première cité importante qui dût prendre une décision. Frère Richard influa sur cette détermination de tout le poids de sa réputation et de la confiance qu’il avait inspirée[30].

Les fèves, que les Troyens avaient semées largement, servirent à la nourriture des troupes affamées. Jean Laiguisé, évêque de Troyes, intervint aussi favorablement. Ce prélat était un ancien élève du collège royal de Navarre, collège particulièrement attaché, de tradition, à la cause Armagnac. Là, il avait eu pour condisciple Gérard Machet, devenu confesseur du roi et l’un des appuis de la Pucelle. Durant le séjour de Richard à Paris, un synode ou concile de la province de Sens s’était réuni dans la capitale. Laiguisé avait accompagné Richard à Paris ; il venait assister au concile, comme suffragant de Sens. Lors de cette visite récente, l’évêque avait pu s’enquérir, au chef-lieu politique, de l’état des esprits et de la situation des affaires ; Laiguisé retrouva Richard et son condisciple Machet, dans sa demeure épiscopale de Troyes, au milieu de ces circonstances critiques[31].

Les instances du confesseur agirent puissamment sur l’évêque. Jean Laiguisé, natif de Troyes, tenait à la ville dont il était le premier personnage, par les attaches les plus fortes et les plus nombreuses. Le doyen de la cathédrale, nommé Jean Pougeoise ; Jean Bareton, l’un des principaux conseillers de la ville, étaient ses proches parents. Guillaume Andouillette, maître de l’Hôtel-Dieu de Troyes, puis abbé de Saint-Loup, se prononça comme les précédents, pour le parti de Charles VII[32].

En sortant du conseil, Jeanne parut de nouveau devant les remparts. Communiquant, par son exemple, une nouvelle activité, elle donna ordre qu’on apportât des, fagots, dès portes, tables et chevrons, pour construire des taudis d’approche. Elle fit pointer contre la ville la faible artillerie de campagne qui l’avait suivie. Cependant les négociations, les pourparlers avec l’évêque, continuaient leur cours. F. Richard exaltait, par ses prédications, les sentiments de crainte et de terreur qui avaient gagné les esprits. La population civile, anxieuse et troublée, se précipitait dans les églises[33].

Le lendemain 9, l’évêque vint trouver le roi. Des lettres d’abolition, datées de ce jour, furent accordées à la ville. Jean Laiguisé stipula en outre une capitulation, dans laquelle tous les intérêts du pays étaient sauvegardés et satisfaits avec la plus grande sagesse. Troyes ouvrit enfin ses portes au roide France. Charles VII y fit, le 11 juillet 1429, son entrée solennelle[34].

De là l’expédition se dirigea vers Châlons-sur-Marne. Arrivée à Bussy-l’Estrée, le roi envoya aux Châlonnais son hérault Montjoie, chargé de requérir leur soumission. Les clefs de la ville furent apportées par l’évêque de Châlons à Charles VII, qui, le 15, prit son gîte à Châlons. En passant par cette ville, Jeanne y rencontra quatre on cinq de ses compatriotes. Ces derniers étaient accourus de Domremy pour voir et saluer la jeune fille du pays, dans sa gloire. A Jean Morel, son parrain, elle donna une huque rouge, qu’elle avait portée. Un autre, nommé Gérardin, d’Épinal, avait été du parti bourguignon : Jeanne lui dit qu’elle ne craignait qu’une chose, à savoir, d’être trahie. Mot amer et profond, jeté dans ce témoignage détourné comme un oracle énigmatique, et que l’histoire doit enregistrer. Vers la même époque, elle disait au roi, en présence du duc d’Alençon : Employez bien mon temps ; car, ajoutait-elle, je ne durerai guère plus d’une année[35].

Gerson venait de mourir à Lyon, le 12 juillet 1429. L’illustre docteur, à la requête de son ami Gérard, confesseur du roi, avait été consulté sur le fait de la Pucelle. Gerson consigna son témoignage dans un opuscule daté du 14 mai, après le signe donné par la jeune fille en chassant d’Orléans les Anglais. Ce mémoire, tout hérissé des épines de la Scholastique, se ressent peut-être un peu de l’affaiblissement intellectuel que cause le poids des années. Sa solution, toutefois, est complètement favorable à l’héroïne. Un mot, tiré de l’Écriture, termine cet opuscule, digne testament politique du grand théologien. Ce mot résume et pourrait remplacer tout le reste : A Domino factum est istud : Ceci est l’œuvre de Dieu[36].

On touchait à la ville du sacre. Reims, métropole de la seconde Belgique, était également la capitale religieuse de la France primitive des Mérovingiens. A ce titre, l’un de ses archevêques avait sacré, en la personne de Clovis, le premier roi chrétien. D’après la légende de la monarchie française, un ange apporta au fondateur, avec l’écu aux trois fleurs de lis, cette célèbre ampoule contenant l’huile sainte et toujours renaissante. Une bulle de 1179 légalisa ces traditions et confirma authentiquement à l’archevêque de Reims la prérogative dont il avait joui dans le passé[37].

En 1429, le successeur de saint Remy se nommait Regnauld de Chartres, chancelier de France. Le premier ministre de Charles VII, dans l’ordre hiérarchique, occupait ce siège, avec le titre de duc et pair, depuis 1414. II n’y avait point encore fait, cependant, son entrée solennelle. Dès le 11 juillet, il écrivit de Troyes aux bourgeois, aux fidèles et à son clergé rémois, de se préparer à la réception du roi de France. Avant de parvenir jusqu’à sa métropole, l’archevêque reçut au gîte Charles VII et lui offrit l’hospitalité dans son château de Sept-Saulx. Ce manoir, qui faisait partie du domaine archiépiscopal, se trouvait sur la route de Châlons à Reims, à quatre lieues de cette dernière ville[38].

Le 16 juillet, les députés de Reims vinrent, dans ce château, faire leur soumission au roi Charles. Des lettres d’abolition furent accordées aux Rémois pour avoir obéi à l’autorité anglo-bourguignonne. Le roi coucha ce soir même à Reims. Au moment où il y entrait, les capitaines bourguignons, délaissés par la population civile, s’éloignèrent librement et de leur propre volonté. Le 17 était un dimanche ; on procéda, dès ce jour, à l’importante cérémonie qui formait le but principal de l’expédition[39].

La nuit tout entière fut activement employée à improviser les préparatifs de cette grande solennité. Les habitants de Reims, à qui incombaient les dépenses d’une telle pompe, redoutaient fort l’entrée des gendarmes du roi. Ceux-ci n’avaient point encore pénétré dans leurs murs, et la présence des soldats était toujours un fléau pour les villes. Les Rémois contribuèrent avec zèle, par ce motif, au prompt accomplissement du sacre royal. Le gouvernement anglais, informé de la campagne de Reims, avait conçu le projet de transférer ailleurs la sainte-ampoule, afin que cette relique ne pût servir à l’onction du roi Charles. Toutefois, Bedford ou Pierre Cauchon, son commissaire général en Champagne, recula évidemment devant les périls et les difficultés morales d’une telle soustraction. Les conseillers du prince avaient préparé d’avance une riche couronne pour être employée en cette circonstance. Mais ce joyau était demeuré en arrière, parmi les bagages : Afin d’éviter les retards et l’arrivée de l’armée, on passa outre et l’on se contenta d’une couronne beaucoup plus simple, qui fut trouvée dans le trésor de la cathédrale. Il fallut suppléer enfin, à l’absence des autres regalia, qui, notamment à l’époque du dernier sacre, en 1380, avaient été déposés dans le trésor de l’abbaye de Saint-Denis[40].

Le matin, quatre otages furent députés par le roi pour aller recevoir et pour escorter la sainte ampoule ; savoir les seigneurs de Boussaç et de Rais, maréchaux de France ; le sire de Graville, grand maître des arbalétriers, et le sire de Culant, amiral. Ces quatre seigneurs, à cheval, tout armés et portant chacun leur bannière, se rendirent à l’abbaye de Saint-Remi. Là, ils firent serment de conduire et reconduire sûrement cette relique. Alors l’abbé, nommé Jean Canard, revêtu de ses riches habits pontificaux, monta sur un cheval, qui lui fut, conformément à son privilège, alloué et payé par le roi. L’abbé suspendit à son cou la sainte ampoule et prit place sous un poêle, ou dais magnifique. Le cortège se mit ainsi en marche, jusqu’à l’église de Saint-Denis de Reims[41].

L’archevêque-chancelier, en habits ecclésiastiques et suivi de ses chanoines, se porta au-devant du cortège. Parvenu au portail de Saint-Denis, il rencontra l’abbé de Saint-Remi et reçut de ses mains la fiole miraculeuse, qu’il apporta jusque sur le maître-autel de sa cathédrale. Les quatre otages pénétrèrent, à cheval, dans l’église et ne mirent pied à terre qu’à l’entrée du chœur. Charles VII revêtu d’habillements intaillés sur la poitrine et aux épaules pour recevoir les onctions, se tenait au lieu assigné. Il prêta d’abord les serments obligatoires : 1° de conserver la paix de l’Église et ses privilèges ; 2° de préserver le peuple des exactions et ingravances ; 3° de gouverner avec justice et miséricorde. Puis, le duc d’Alençon fit le roi chevalier[42].

Berry, roi d’armes de France, évoqua ensuite, par leurs noms, devant le grand autel, chacun des douze pairs, en les requérant de faire leur service au roi leur seigneur. Le duc de Bourgogne et d’autres ne répondirent point à cet appel. Divers personnages les suppléèrent. Parmi les pairs ecclésiastiques, Regnauld de Chartres, archevêque-duc de Reims, Guillaume de Champeaux, évêque-duc de Laon, Jean de Sarrebruck, évêque-comte de Châlons, étaient présents. Les évêques de Seez, d’Orléans, et un autre prélat, assistèrent les trois premiers. Les six pairs laïques furent représentés, en habits royaux, par le duc d’Alençon, les comtes de Clermont, de Vendôme, les sires de la Trimouille, de Laval et de Maillé en Touraine. Charles d’Albret tint l’épée, au lieu du connétable de Richemont[43].

L’archevêque, alors, procéda, suivant le pontifical du sacre, aux onctions, puis à la consécration et aux bénédictions rituelles. Au moment où les pairs confirmèrent de la main la couronne, sur la tête du roi, le cri de Noël retentit unanimement dans l’assistance, et les voûtes de la cathédrale s’ébranlèrent au bruit d’une éclatante fanfare. Le roi de Sicile (René d’Anjou), le duc de Lorraine, et le damoiseau de Commerci étaient venus trouver le roi pour assister à son sacre. Malgré la difficulté des circonstances, tout le matériel nécessaire à la cérémonie se trouva réuni comme à point nommé. Rien ne manquait à la pompe du spectacle ; ni le nombre et l’animation, aux spectateurs[44].

Charles VII, sacré roi, fit à son tour chevalier, dans l’église même, le damoiseau de Commerci (Robert de Sarrebruck), neveu de Jean, évêque de Châlons. Par lettres datées du même jour, le roi, en l’honneur des damés de Laval et de Guy de Laval, héritier de ce nom, érigea la baronnie de Laval en comté. Gilles de Rais fut promu à la dignité de maréchal et le sire de la Trimouille, baron de Sully, à celle de comte[45].

Au milieu de cette pompe officielle, la Pucelle était là : elle tenait à la main son étendard, qui, déjà béni du ciel, avait guidé le roi de Bourges, alors dénué, vaincu, jusqu’au pied de ces autels. Sa vue, son maintien, excitait l’universelle sympathie. Lorsque le cérémonial fut accompli, elle s’agenouilla aux pieds de son prince et lui dit avec larmes : Gentil roy, ores est exécuté le plaisir de Dieu, qui vouloit que vinssiez à Reims, recevoir votre digne sacre, en monstrant que vous estes vray roy et celui auquel le royaume doit appartenir[46].

 

 

 



[1] Proceedings, etc., of privy council, t. III, p. 322.

[2] Proceedings, ibid. Rymer, t. IV, partie IV, p. 143.

[3] Proceedings, p. 324. Rymer, part. cit. passim.

[4] Le texte anglais dans Rymer, p. 141.

[5] Montreuil, p. 286 (cf. déposition de Dunois, Procès, t. III, p, 8) ; Montreuil, p. 297. P. Cochon, p. 456.

[6] Montreuil, p. 298. Chronique de Tournai, publiée en 1856, par M. le chanoine De Smet, dans la collection des Chroniques belges, Bruxelles, in-4° ; Chroniques de Flandres, etc., t. III, p. 411. II faut distinguer ici l’embrassement du baiser ou accolade.

[7] Montreuil, p. 298. Procès, t. III, p. 9 et s. 80, etc. ; t. IV, p. 331 ; etc. Vers ce temps, Gilles de Rais battit les Anglais commandés par Blankburn, devant Le Lude sur le Loir (Sarthe) : D’Argentré, Hist. de Bretagne, 1618, in-f°, p. 776.

[8] Déposition du comte de Dunois, Procès, t. III, p. 11 et 12.

[9] Ibid. Nouvelles recherches sur la famille de Jeanne Darc, p. 29. La Pucelle ne porta point personnellement ces symboles héraldiques. Elle conserva de préférence les emblèmes qu’elle avait choisis et adoptés.

[10] Cousinot, etc., p. 355. Procès, t. V, P. 109.

[11] Montreuil, p. 299 et suiv. P. Cochon, p. 455. Déposition du duc d’Alençon, Procès, t. III, p. 96. Chronique Martinienne, f° 276.

[12] Ibid. Jean Chartier et suites, t. I, p. 82 ; t. III, p. 203.

[13] Itinéraire. Montreuil, p. 302 et suiv. Procès, t. III, p. 97. D’Argentré, p. 777.

[14] Montreuil, p. 306. Archives de Tours, Cabinet historique, p. 109. J. Chartier, etc., t. III, p. 201-209. D’Argentré, ibid.

[15] Gagny, Procès, t. IV, p. 12 et suiv. Berry. Godefroy, p. 318. Montreuil, ibid.

[16] J. Chartier, t. I, p. 83 et suiv. Wavrin-Dupont, t. I, p. 292. Chronique Martinienne, f° 276.

[17] Wavrin, ibid. Monstrelet, ch. LXI. P. Cochon, p. 455. Biographie Didot : Falstalf. Registre du conseil dans Procès, t. IV, p. 452, etc.

[18] Montreuil, p. 295, 312. ... Elle faisoit merveilles d’armes de son corps et manyoit ung bourdon de lance très puissamment et s’en aidoit radement, comme on véoit journellement. (Ms. Cordeliers, n° 16, f° 484 ; Chronique bourguignonne). Procès, t. III, p. 32, etc. (voir à la table, ces mots : Jeanne, entendue au fait de la guerre.)

[19] Animando armatos, Procès, t. III, p. 120 et passim.

[20] Montreuil, p. 308 et suiv. Gruel, Procès, t. IV, p. 320.

[21] Ibid. Montreuil, p. 304. Monstrelet, ch. LXIII.

[22] Ibid. Procès, t. III, p. 116 ; t. IV (Cagny), p. 18. Après la campagne, selon toute apparence, les états du Languedoc votent une aide de 150.000 liv. pour le sacre, etc. (Ms. Fontanieu, 115, à la date du 15 juillet 1430.)

[23] Montreuil, p. 310.

[24] Procès, t. V, p. 125, 127. Jean de Thoisy, évêque de Tournay, conseiller de Philippe le Bon, était favorable aux Anglais. Voy. Monstrelet, ch. LXIX. Ces deux lettres donnent lieu de présumer que des convocations semblables furent adressées aux autres autorités et bonnes villes.

[25] Montreuil, p. 313. Anselme et biographie Didot : articles La Trimouille (Georges de). D. Plancher, t. IV, p. 130.

[26] Montreuil, p. 315 Ms. Cordeliers, n° 16, f° 484 v°. Ms. La Ravalière 108, p. 215. Boutiot, Guerre des Anglais, 1861, in-8°.

[27] Montreuil, ibid.

[28] Cette doctrine était celle de l’Antéchrist. Voy. sur ces faits : Revue archéologique, 1861 ; mémoire intitulé : Notes sur deux médailles de plomb, etc., relatives à Jeanne Darc.

[29] Richard partit de Paris le 30 avril. En juin, il était à Gien près de la Pucelle. Le 10 mai 1429, mandement de Philippe le Bon contre les prédicateurs étrangers. (Bull. Soc. hist. de France, 1860, p. 232, 233). Sur Richard : Montreuil, p. 315 ; Journal de Paris, p. 679 ; Monstrelet, IV., 635 ; Biographie Didot : Richard.

[30] Procès, t. I, p. 99 et suiv. ; t. IV, p. 290 et suiv. D. Marlot, Hist. de Reims, t. IV, P. 172.

[31] Montreuil, p. 315. Launoy, Historia colleg. Navarræ, t. II, p. 549. Archon, Histoire ecclés. de la chapelle des rois de France, t. II, p. 362. Conciles de Hardouin, t. VIII, p. 1039.

[32] Ms. la Ravalière, t. LI, p. 32 ; t. LVII, f° 6, v° ; t. CVIII, p. 203, 215. Gall. christ., t. XII, p. 514, 515, 590. Mémoires de l’Académie de l’Aube, 1853, p. 28. Camusat, Auctuarium promptuarii, 1620, in-8°, p. 25. M. M. 835, f° 190.

[33] Et aucunes simples gens disoient qu’ils avoient vu autour de l’estendard de ladite Pucelle, une infinité de papillons blancs. Montreuil, p. 318. Procès, t. III, p. 14 ; t. IV, p. 296, etc. Sur l’influence de la Pucelle par rapport aux conseillers de Troyes, conférer Boutiot, Guerre des Anglais, p. 8.

[34] Montreuil. J. Chartier, I, 93 et suiv. Basin, I, 75. Camusat, Promptuarium, p. 234. Ordonnances, t. XIII, p.142. Henri VI, par lettres du 31 août 1429, ordonne au prévôt de Paris de faire vendre, sans aucun délai ni forme judiciaire, les biens que possèdent, à Paris, divers personnages dénommés dans l’acte. Ces personnages sont : l’évêque de Troyes, le maître de l’Hôtel-Dieu Illec, l’archidiacre de Gaucourt (Jean de Gaucourt, oncle de Raoul VI, archidiacre de Joinville en l’église cathédrale de Châlons-sur-Marne), Pierre de Lignières (grande famille du Berry), et plusieurs autres qui se sont naguère mis hors de nostre obéissance et rendus en celle de nostre adversaire. Livre noir, f° 59 ; Archives de la préfecture de police. Ibid., f° 265. Ms. Fontanieu 115, à cette date.

[35] Montreuil, p. 319, 320. Procès, t. II, p. 391, 422 ; t. III, p. 99 ; t. IV, p. 19, 298. Barthélemy, Histoire de Châlons, p. 183. Lettres d’abolition, pour Châlons, données à Lestrée le 13 juillet 1429. (Ibid. p. 331, 335.) C.-E. Dumont, Histoire de Commercy, 1843, in-8°, t. I, p. 218.

[36] Procès, t. III, p. 301. Cette même année, Gerson dicta les instructions qui devaient être transmises au précepteur du dauphin, pour l’éducation de ce prince. (Lannoy, Hist. colleg. Navarræ, t. I, p. 139.)

[37] Ordonnances, t. XIII, feuillet iij. D. Marlot, t. II, p. 91.

[38] Entre Verzy et les Petites-Loges. Montreuil, p. 320. Papiers de Rogier, Procès, t. IV, p. 297 et suiv., etc.

[39] Ms. Cordeliers, n° 16, f° 485 v°. Ms. Dupuy, n° 657, f° 288, et Brienne, n° 197, f° 301 et suiv.

[40] Mémoire sur le sacre, dans Varin, Archives de Reims, t. III, p. 559 et suiv. Procès, t. 1, p. 91, Mémoires de Pie II (ibid., t. IV, p. 513). Ms. fr. 6356, f° 294. Godefroy-Hermant, Histoire ecclésiastique du Beauvaisis, ms. s. fr. 5, 2, t. III, p. 1157-9.

[41] Montreuil, 321. Journal du siège (Procès, IV, 185). Marlot, IV, 175.

Sur l’abbé de Saint-Remi et la sainte ampoule. — A révérend père en Dieu Jehan, abbé de l’église, Monsieur Saint-Remy de Reims, la somme de 50 livres tournois, qui, du commandement et ordonnance du roy nostre sire, lui a esté paiée et baillée par ledit trésorier, pour un cheval, que ledit seigneur lui doibt le jour de son sacre et couronnement, qu’il prist et receut (le sacre) en la grande église du lieu de Reims, le 17e jour de juillet 1429, pour apporter, dessus icellui cheval, dudit lieu de Saint-Remi, la Sainte-Ampole et pour icelle reporter, après son dit sacre fait et receu, audit Saint-Remy, etc. Ms. s. f. 2342 (Extraits de la chambre des comptes), f° 37. La sainte ampoule, proprement dite, consistait en une petite fiole de verre blanc. Vers le douzième siècle, époque où la tradition miraculeuse parait avoir pris toute sa consistance, cette ampoule de verre (qui remontait, dit-on, à saint Remi, c’est-à-dire au cinquième siècle), fut enchâssée, selon l’usage, dans le ventre d’une colombe d’or. L’oiseau, dont les pattes et le bec étaient de corail, fut en outre serti dans une sorte de plat, en vermeil ciselé et enrichi de pierreries. Une chaîne d’argent était fixée par deux extrémités à ce reliquaire, qui se conservait en l’abbaye de Saint-Remi, à côté des ossements ou tombeau du saint. Cette chaîne pouvait servir à suspendre la sainte ampoule dans le lieu où on la conservait. Passée au cou de l’abbé ou grand prieur de Saint-Remi, la chaîne servait aussi à porter cette relique de l’abbaye à la cathédrale. (Voy. sur ce sujet D. Marlot in-4°, t. II, p. 51, notes des éditeurs et les renvois.)

[42] Montreuil. Journal. Plans de Reims. Varin, loc. cit., p. 557-8. Lettre sur le sacre, Procès, t. IV, p. 129. Ms. La Ravallière, n° 126, f° 86.

[43] Lettre citée. Monstrelet, chap. LXIV. Ms. Cordeliers n° 16, f° 486. Ms. s. f. 2342, f° 39 v°. Cagny. Procès, t. IV, p. 20. Gall. christ., t. IX, col. 551 ; t. XI, 693. Sur le privilège du connétable et son office dans les cérémonies du sacre, voy. Anselme, à la charge de connétable, éd. de 1712, t. I, p. 343-4. Les évêques-pairs de Langres, Noyon et Beauvais, absents, servaient le roi d’Angleterre. Parmi les pairs laïques, le duc de Bourgogne était le seul qui subsistât des anciens titulaires ; les autres pairies avaient été réunies à la couronne.

[44] Montreuil. Lettre. J. Chartier, t. I, p. 97 ; t. III. p. 205. Ordo du sacre : Mss. latins 1246 et 8886. ...La sainte ampoule, jadis envoyée de par Dieu des cieulx ; qui par avant estoit vuyde, s’en trouva pleine et illec receutes vous, par miracle divin, les enseignes royales dont vous estes merchié (marqué). Discours historique adressé en 1449 à Charles VII par Robert Blondel. Ms.1341, s. G. f° 85.

[45] Par l’absence de La Fayette et des pairs, il manquait un maréchal de France et deux comtes-pairs laïques : Rais, Laval et La Trimouille furent promus eu conséquence. Ms. Dupuy, 416, f° 17 et suiv. Lettre, p. 129. Cagny, p. 20. Dumont, Histoire de Commercy, t. I, p. 218. Charles Vil fit présent à la cathédrale des tapis de satin vert qui avaient servi à son sacre. II offrit, en outre, à cette église un ornement de chapelle, ou collection de vêtements sacerdotaux en velours rouge. Il donna enfin un ornement de Damas blanc à Saint-Remi (D. Marlot, t. IV, p. 175).

[46] Sources citées. Montreuil, p. 322-3. Jacques Darc père de Jeanne, et l’un de ses frères, Pierre, accompagnaient à Reims leur fille et leur sœur. Procès, t. III, 198, etc. Noms des seigneurs, etc., qui suivirent le roi à la campagne de Reims : Delort, Essai sur Charles VII, etc., 1824, in-8°, p. 174.