HISTOIRE DE CHARLES VII

TOME DEUXIÈME

LIVRE III. — DEPUIS L’AVÈNEMENT DE CHARLES VII AU TRÔNE (21 OU 22 OCTOBRE 1422), JUSQU’À LA VENUE DE LA PUCELLE (MARS 1429).

CHAPITRE VI. — PÉRIODE CRITIQUE DU RÈGNE DE CHARLES VII (1424-1429).

DEUXIÈME PARTIE. — Événements militaires (De 1424 août 1427 septembre).

 

 

Après la bataille de Verneuil, la situation militaire du roi Charles n’était point encore désespérée. Les barons d’Auvergne et de Bourbonnais, au nombre de cinq ou six cents, vinrent alors lui offrir leurs services. Ceux de Guyenne et de Languedoc imitèrent cet exemple. Le sire d’Arpajon doit être signalé parmi ces derniers. Il accourut auprès du roi, lui disant que Charles VII restait assez puissant pour résister à ses ennemis. Ce seigneur ajouta que, dans les pays d’où il venait, le roi trouverait encore, pour sa défense, dix à douze mille arbalétriers, armés d’arbalètes d’acier[1].

Il est un point du sol français qui, dans l’histoire de ces guerres, se recommande par un intérêt spécial.

A l’extrémité occidentale de la Normandie, une petite place, dit M. de Beaurepaire, fortement protégée par une ceinture de solides murailles, par le sable mouvant des grèves et la mer, qui chaque jour l’entoure de ses flots, restait invariablement fidèle à la cause nationale et bravait les menaces et les efforts de la puissance étrangère. Par un privilège admirable, pendant une domination d’une trentaine d’années, lorsque tout en Normandie avait passé sous le joug, ce fut la seule place qui sut se défendre, le seul point où il fut impossible aux ennemis de pénétrer[2].

Cette petite place, aujourd’hui prison d’État, s’appelait le Mont-Saint-Michel-au-péril-de-la-Mer. Saint Aubert, en 748, suivant la légende locale, éleva sur ce rocher ou Mont de la Tombe, par le conseil de saint Michel, un monastère consacré à Dieu. Du haut du clocher de l’église, dédiée à Saint-Sauveur, le divin archange veillait, jour et nuit, sur le Mont. Armé de sa flamboyante épée, il le protégeait contre les malins esprits, contre les monstres qui hantent les bords de la mer, et contre les ennemis du dehors. Les papes, ainsi que les rois, s’étaient plu à doter l’abbaye de nombreux privilèges. Entre autres prérogatives, on peut noter celle-ci. L’abbé de Saint-Michel, depuis le quatorzième siècle, était en même temps, le capitaine du Mont. Inspirés par une piété qui se confondait avec la meilleure politique, les rois de France n’avaient pas voulu confier à d’autres mains la garde de cette importante forteresse[3].

Dès la première invasion de Henri V, le mont Saint-Michel fut tout d’abord en butte aux attaques des Anglais. Robert Jolivet, 32, abbé pet 4e capitaine, occupait alors le siège du monastère. Mieux fait pour les calmes loisirs de l’opulence et de l’étude que pour les agitations de temps difficiles, l’abbé Robert, toutefois, commença par marcher sur les traces de ses prédécesseurs. Il garda fidèlement son poste, releva et agrandit les fortifications, mit la ville et le monastère dans un bon état d’approvisionnement et de défense. Mais bientôt il se fatigua de cette vie guerroyante. En 1419, au mépris de tous ses devoirs, il déserta l’abbaye et vint résider à Rouen[4].

Les meilleurs revenus de sa mense abbatiale étaient assis en Normandie. Robert fut circonvenu par le roi d’Angleterre. Pour jouir en paix des émoluments attachés à sa prélature, il se laissa gagner et se fit Anglais. Mais les religieux et les défenseurs de la place demeurèrent fermes et fidèles. L’un de ces religieux, nommé Jean Gonault, homme de tête, énergique, fut élu par le chapitre, vicaire général de l’abbaye et tous les pouvoirs du prélat, deux fois apostat, passèrent entre les mains du vicaire[5].

Dans ces temps d’extrêmes périls, le couvent s’adressa au prince Charles, dont il avait embrassé la cause. Sur la demande des religieux, et sans préjudice de leur privilège, le régent leur donna pour capitaine, en 1420, un véritable homme de guerre. Jean d’Harcourt, comte d’Aumale, remplit en premier lieu cet office. Ce jeune comte étant mort à la journée de Verneuil, Jean, bâtard d’Orléans, fut nommé, en sa place, capitaine de la forteresse[6].

Les Anglais, au mois d’avril 1424, essayèrent premièrement de se faire livrer l’abbaye par trahison, en achetant des intelligences à l’intérieur. N’ayant point réussi dans leur entreprise, ils vinrent poser le siège devant cette place, le 26 août de la même année, au lendemain, pour ainsi dire, de la bataille de Verneuil. Robert Jolivet, chancelier du duc de Bedford, membre du grand conseil d’Angleterre, et capitaine du Mont, fut préposé par le régent anglais pour diriger l’attaque. Passant les revues aux armes, l’abbé Robert, à sa honte et pour son châtiment, essuya toutes les fatigues de cette infructueuse campagne[7].

Nicol Burdett, sous ses ordres, commandait le siège de terre. Diverses caraques, venues de Normandie, d’Allemagne (villes hanséatiques) et d’Angleterre, investirent la place du côté de la mer. Une bastille avait été établie au village d’Ardevon. Laurent Haulden, autre capitaine anglais, occupait le roc fortifié de Tombelaine. Du côté des Français, le baron de Coulonces, capitaine de Mayenne, appelé par Jean Gonault, vint prendre au Mont la charge de la défense[8].

D’autre part, une flottille bretonne avait été armée à Saint-Malo. Briand de Châteaubriand, seigneur de Beaufort, en fut l’amiral. Dans les premiers jours de mai 1425, Coulonces défit sur terre les Anglais devant Ardevon, et prit le capitaine Burdett. Battu le 16 juin, sur mer, l’ennemi abandonna le siège et se retira dans les bastilles environnantes. Le comte de Suffolk, successeur de Burdett, tenta de nouveaux efforts, sans obtenir plus de succès[9].

Par lettres du 10 février 1426, le roi nomma capitaine du Mont, pour succéder à Jean d’Orléans[10], Louis d’Estouteville, seigneur et baron d’Aussebose en Normandie. Un accord survenu (juillet 1426), entre les parties, maintint les Français dans la possession de la forteresse. Le 9 septembre 1427, veille de Saint-Aubert, fut la date d’une mémorable bataille. Les Anglais, vaincus par le nouveau capitaine, y laissèrent deux mille morts[11].

Un tableau, peint à cette époque (1427), fut placé dans l’église du monastère, sur la muraille, devant l’autel de Saint-Sauveur. Les armes de France ou de Charles VII, reproduites en tête de l’œuvre, précédaient celles d’Estouteville. A la suite de ces blasons, on y voit encore les noms et les armoiries de cent dix-neuf chevaliers et écuyers. Ce tableau consacrait ainsi le souvenir des hommes d’armes qui, sous le commandement du sire d’Aussebose, avaient repoussé l’ennemi et défendu cette frontière du territoire national[12].

Jean Gonault régit heureusement l’abbaye et le Mont pendant toute la domination anglaise. Tant qu’il vécut, l’honorable dépôt qui lui était confié demeura intact. Aidé par les secours et la protection de Charles VII, il releva son église écroulée, compléta les fortifications de la ville et acheva le bâtiment du monastère. Ce fut lui qui mit la dernière main à cette ville monumentale, si attrayante pour le voyageur, au double point de vue de la beauté naturelle ou pittoresque, et des souvenirs historiques[13].

Dans la période que nous parcourons (1424-1429), la guerre comprit çà et là tout le théâtre dont l’étendue a été plus d’une fois indiquée. Le désordre le plus complet règne parmi les chroniques et récits contemporains. De là, une double et presque inextricable difficulté pour l’historien moderne, qui veut ramener à un ordre clair et suivi le tableau de ces épisodes.

L’Anjou et le Maine avaient pour duc et comte les héritiers de Louis II, dernier roi de Sicile, mineurs sous la tutelle d’Yolande. Des lettres, rendues à Paris, le 21 juin 1424, sous le nom de Henri VI, transportèrent, par voie de donation ou de confiscation, la seigneurie de l’Anjou et du Maine, à Jean duc de Bedford. L’acte, délibéré en présence et du consentement de Philippe le Bon, imposait au donataire la condition de conquérir ces domaines. Le même jour et dans le même conseil, un second diplôme, rendu au nom du roi et délibéré en présence de Bedford, accordait à Philippe le Bon les comtés d’Auxerre, Mâcon et Bar-sur-Seine, que la maison de Bourgogne convoitait depuis longues années[14].

En ce qui concerne le duc de Bedford, cette donation fut immédiatement suivie d’actes d’hostilités contre l’Anjou et le Maine. Des lettres rendues à Rouen le 25 août 1424, instituèrent des commissaires pour traiter de gré ou de force avec les populations. Olivier le Forestier, capitaine de Sillé-le-Guillaume, capitula le 1er octobre suivant, avec ces commissaires[15].

Le 18 septembre 1424, la ville de Guise en Thiérache tomba, par capitulation, au pouvoir de Jean de Luxembourg. Cette place, capitale du comté de Guise, appartenait à la maison de Bar ou Lorraine-Anjou, sous la suzeraineté du roi de France. Après le mariage de René, comte de Guise, Jean de Luxembourg, par lettres du mois de février 1422, s’était fait donner ce comté au nom de Charles VI, Le terme ou délai stipulé, suivant l’usage, au traité de capitulation, expirait le lei mars 1425. Guise, à cette date, n’ayant pas été secourue, demeura au lieutenant bourguignon[16].

Marchenoir, vers le même temps, fut également pris par les Bourguignons. Les Anglais s’emparèrent, le 17 octobre, de Senonches, puis de Nogent-le-Rotrou. Ainsi se passa l’année 1424[17].

Le 11 février 1425, John Harpelay, bailli d’Alençon et du pays conquis au Maine, rassemblait des archers, pour opérer ou achever la conquête du Maine et des environs. Vers le mois de mai, de nouvelles recrues arrivèrent d’Angleterre. Ces forces comprenaient un total d’environ douze mille hommes, qui furent successivement dirigés, par divers points, vers l’Anjou et le Maine. Parmi les capitaines qui les commandaient, on remarque les noms des principaux hommes de guerre de l’Angleterre. Tels étaient lord Scales ; sir John Falstaff, personnage très sérieux, si étrangement défiguré par le poétique caprice de Shakespeare ; W. Old-Hall ; Lancelot de Lisle, John Montgomery, Thomas Popham, W. Glasdale, Mathieu Gough (le Matago des chroniques françaises), W. Kirkeby, etc. Les comtes de Suffolk et de Salisbury partageaient avec lord Scales le commandement supérieur[18].

Le gouvernement de Charles VII était alors en proie à ses dissensions intestines les plus vives ; Salisbury s’empara en premier lieu d’Étampes et de Rambouillet. Durant ce temps, Falstaff prit par capitulation Tanis et autres châteaux du Maine. La jonction de ces deux chefs de guerre s’effectua vers le 15 juillet, sous les murs du Mans, capitale du comté. Baudouin de Champagne, seigneur de Tucé et deux autres capitaines, à la tête d’une faible garnison, occupaient cette ville au nom de la reine Yolande et du roi Charles. Le 17 juillet, Charles VII envoya, de Poitiers au Mans, quelques gendarmes de secours, sous la conduite de Jean Girard, écuyer[19].

Pierre-le-Porc, capitaine de Mayenne, fut instruit de la venue du comte anglais. Accompagné de cent soixante à deux cents combattants, il s’éloigna momentanément de sa garnison et vint se poster dans une embûche, près de Seez en Normandie, sur la route du général anglais. Lorsque l’avant-garde du comte parut, le capitaine Pierre fondit aussitôt sur cette troupe, à laquelle il tua et prit beaucoup de monde. Il retourna ensuite à Mayenne, chargé de butin[20].

Le comte de Salisbury, poursuivant sa route, posa le siège devant la ville du Mans le 20 juillet 1425. Jean Harboutelles, écuyer, maître de l’artillerie et des ordonnances du régent, était préposé à la surintendance de cette arme et du matériel de l’attaque. Philibert de Moleyns, son lieutenant, avait acheté entre autres munitions et moyennant le prix très élevé de 1365 livres, à un marchand de Barcelone, deux cent soixante-cinq arbalètes de Rouménie. La poudre de guerre fut fabriquée ou du moins vendue à Paris. Jean Harboutelles dirigea aussi vers le Mans de grosses bombardes, sorte d’obusiers à boulets de pierre, d’un diamètre et d’une puissance explosive inusités. Le courage des assiégés et leurs faibles ressources ne résistèrent pas longtemps à de tels moyens d’agression[21].

Bientôt la ville, dépourvue de vivres, fut démantelée d’une partie notable de ses remparts. Les principaux ravages de l’artillerie anglaise avaient porté sur les murs de la place, du côté de l’hôtel de l’évêque. Dans ce péril, Adam Châtelain, évêque du Mans, se porta intermédiaire près des Anglais, au nom des Manceaux, pour capituler. Le 2 août, un traité fut signé, sous les auspices de ce prélat, dans le couvent des frères prêcheurs ou jacobins du Mans, hors la ville[22].

Suivant ce traité, qui fut célébré à Paris, le 9, par une procession des gens d’Église et du parlement, les Manceaux durent payer au vainqueur une indemnité de 1500 écus d’or, pour les frais du siége. Les défenseurs eurent le droit de se retirer, chaque homme d’armes avec son cheval et son harnais militaire de pied en cap, mais en laissant toute espèce d’autres objets ou munitions de guerre. Les bourgeois conservèrent corps et biens, à condition de reconnaître l’autorité du roi d’Angleterre. Le 10 août, jour du délai fixé, les clauses du traité furent exécutées. Le comte de Salisbury nomma capitaine de la place le comte de Suffolk et lui donna comme lieutenant sir John Falstalf. Après avoir établi garnison anglaise dans la ville, il se dirigea vers Rouen[23].

De septembre à décembre 1425, Rochefort-en-Yveline (Seine-et-Oise), fut pris et repris des deux parts, puis incendié parles Français. Salisbury ou ses lieutenants soumirent à la domination anglaise les villes de Sainte-Suzanne et de -Mayenne. La première obéissait au capitaine Ambroise de Loré, la seconde à Pierre le Porc. Toutes deux succombèrent et payèrent deux mille écus d’or. Sir John Popham succéda, comme capitaine de Sainte-Suzanne, à Ambroise de Loré. Mayenne se rendit le 31 octobre aux Anglais, qui, après l’avoir bombardée et ruinée par le canon, emportèrent, dit-on, les titres les plus anciens et les plus précieux de la baronnie. La ville fut remise en garde par le vainqueur à lord John Montgomery[24]

Le 15 octobre 1425, Richemont écrivait d’Angers aux autorités de Lyon une lettre qui nous a été conservée. Il expose dans cette dépêche que les gendarmes du roi sont aux frontières d’Anjou et du Maine. Le connétable ajoute que, depuis deux mois, ces troupes n’ont pas reçu un denier de solde et menacent de se débander. Le comte adjure en conséquence les Lyonnais de le ‘secourir par quelque contribution pécuniaire. Raoul de Coëtquen, chevalier breton, assisté d’Olivier de Mauny, tenta, vers la fin de cette année, une irruption contre les Anglais. Ils se portèrent du côté de la Normandie, vers une châtellenie occupée par l’ennemi. Cette place, nommée le Parc-l’Évêque, appartenait à l’évêque d’Avranches. Mais ils furent taillés en pièces, et le sire de Mauny demeura prisonnier des Anglais[25].

Vers le 2 février 1426, le comte de Salisbury et lord Willoughby mirent le siége devant la Ferté-Bernard. Louis d’Avaugour résista pendant quatre mois dans cette forteresse et finit par capituler. Cependant la prise du Mans, opérée au préjudice de Louis III, mineur, gendre de Jean VI, duc de Bretagne, avait déterminé ce dernier à rompre la neutralité. A la suite de cette prise, le duc de Bedford s’empressa d’envoyer auprès de Jean VI, afin de prévenir les effets de son mécontentement. Ces négociations n’obtinrent point le résultat qu’il s’en promettait. Le duc de Bretagne, cédant à des influences que nous avons fait connaître, prit le parti de la guerre, et favorisa les mouvements militaires du connétable[26].

Lorsque l’armée ducale fut prête, Jean VI manda son frère pour lui en livrer le commandement. Arthur se rendit à Rennes et dirigea ses troupes vers la frontière de Normandie. Les soldats, après s’être réunis à Antrain, furent conduits devant une petite ville nommée Saint-James de Beuvron. C’était la première fois que le nouveau connétable exerçait sa haute charge militaire en présence de l’ennemi. D’après le témoignage unanime des historiens, les Anglais sous les ordres de Thomas Ramston, de sir Philipp Branch et de Nicol Burdett, ne comptaient pas plus de six à sept cents combattants. L’ensemble des forces placées sous le commandement du connétable s’élevait, pour le moins, au nombre d’environ quinze à seize mille hommes[27].

Les Anglais s’étaient fortifiés avec soin dans Saint-James, qui fut investi par Richement vers les premiers jours de mars 1426. Le principal fonds de l’armée bretonne provenait de mauvaise milice, récemment levée ou créée par le duc, et qu’il avait tirée de ses villages de Bretagne. Dans ce fonds de recrues sans valeur et inexpérimentées, le connétable avait à la hâte incorporé ou amalgamé ce que les favoris du roi lui laissaient d’Écossais et de Français disponibles. Soit enfin qu’il faille accuser le peu de capacité militaire de Richemont, soit qu’on doive apprécier par là toute la puissance du prestige moral que les Anglais exerçaient alors, le début du comte Arthur fut -un échec des plus humiliants et des plus complets.

Le 6 mars, après diverses escarmouches, le connétable livra, contre la place, un assaut général, par deux côtés à la fois. Certaine poterne, voisine d’un étang, marquait le point qui séparait les deux lignes assiégeantes et la disposition des lieux ne leur permettait pas de communiquer entre elles. A l’aide de cette issue, les Anglais pratiquèrent, vers la nuit, une vigoureuse sortie. Ils vinrent à leur tour attaquer les assiégeants par derrière, aux cris de : Salisbury et saint George ! Une panique factice, ou irréfléchie, s’empara de toute la ligne assaillie. Celle-ci crut voir survenir quelques corps de secours anglais formidables accourant du dehors[28].

Grâce à ce mouvement, un nombre considérable de Bretons, etc., fut noyé dans le vivier, fait prisonnier, ou passé au fil de l’épée. Le reste de la division prit la fuite. Dix-huit étendards et une bannière demeurèrent aux Anglais. Arthur de Bretagne, occupé sur l’autre front du siège, ignorait ce résultat. Lorsque le corps d’armée placé sous son commandement immédiat fut instruit de ce désastre, la déroute et la désorganisation v pénétrèrent en même temps. Vainement le connétable, désespéré, montra-t-il l’exemple de la fermeté unie au sang-froid et d’une courageuse persévérance. Les fuyards désertaient, en allumant l’incendie de leur propre campement. Bientôt on vint lui dire, ainsi qu’à son frère Richard de Bretagne, comte d’Étampes, que s’ils ne se sauvaient, ils seraient brûlés[29].

Les deux princes montèrent alors sur de petits chevaux, pensant barrer la fuite de leurs gens. Mais tous deux furent renversés dans la presse et foulés par les soldats, qui leur passèrent sur le corps. Jean de Malétroit, chancelier de Bretagne, fut notoirement accusé d’avoir machiné cette désertion, de concert avec les Anglais. Ceux-ci lui donnèrent, dit-on, des terres en Normandie et une pension. Arthur demeura sur le terrain jusqu’à minuit et ne partit que lorsqu’il se vit presque seul. Par Fougères, il retourna près, de son frère le duc, à Rennes, avec les débris de son armée dissoute ou anéantie. De là, il se rendit à Chinon vers le roi de France, après avoir fait arrêter et mettre en justice le perfide chancelier. Indépendamment de la victoire et de cette grande perte d’hommes, Arthur laissait entre les mains de l’ennemi d’immenses munitions et un butin considérable[30].

La défaite de Saint-James fut le principal événement militaire qui eut lieu en 1426, durant l’absence du régent Bedford. Diverses autres forteresses du Maine tombèrent, dans la même période, au pouvoir des Anglais[31].

La Ferté-Bernard fut reprise par la compagnie de La Hire au nom du roi de France. Après l’insuccès du connétable, le duc de Bretagne obtint du comte de Suffolk, lieutenant pour les Anglais en basse Normandie, des trêves ou abstinence de guerre, valables pour trois mois. Ces trêves coûtèrent au duc 4.500 francs. Elles expirèrent en juin et ne furent point renouvelées, par le comte de Warwick, qui succéda, dans le même temps, au comte de Suffolk. Les hostilités se ranimèrent alors, mais sans résultat sensible. Le reste de l’année s’écoula dans un état d’observation armée, sauf quelques escarmouches aux environs de la capitale[32].

Vers le mois de mai 1427, Jean, duc de Bedford, était de retour à Paris. Le comte de Salisbury, de son côté, retourna chargé de richesses en Angleterre. Les comtes de Warwick et de Suffolk demeurèrent en France les principaux lieutenants chargés de la poursuite de la guerre[33].

Ces deux capitaines réunirent, au commencement du mois de juillet, quelques milliers d’hommes, et vinrent mettre le siège devant Montargis. Située sur une hauteur et entourée de divers cours d’eau, cette ville présentait un accès difficile. Les Anglais, suivant la tactique de siége qui leur était habituelle, firent leurs approches successives et investirent la ville de manière à l’étreindre le plus étroitement possible. La ceinture des assiégeants offrait trois sections de cercle ou de zone, interrompues par le Loing, l’Ouanne et le Vernisson[34].

Le comté de Warwick était logé, au midi de la ville, dans une abbaye de religieuses. A peu de distance se tenait le comte de Suffolk. Son frère, sir John Pole et sir Henry Biset, occupaient, au nord et du côté du château, les autres postes les plus importants. L’ensemble des approches présentait une série de tentes ou taudis de campement, couverts de chaume. Des fossés et des pieux obliques servaient de fortifications à ces ouvrages d’attaque[35].

La ville de Montargis, approvisionnée dès le mois d’octobre 1425, par les soins de Richement, avait pour capitaine un gentilhomme gascon, nommé Bouzon de L’ailles. Un petit nombre de vaillants soldats l’accompagnaient et la population civile, animée d’un excellent esprit, avait toujours suivi le parti du roi Charles. La garnison fit une bonne contenance. Elle pratiqua même avec succès diverses irruptions. Mais, les ressources de la place diminuant de jour en jour, les assiégés envoyèrent auprès du roi demander assistance[36].

Le 17 juillet, Charles VII, par lettres données à Niort, chargea J. Girard, capitaine de gendarmes, de conduire hâtivement quelque renfort à Montargis. Une première expédition eut lieu en conséquence de cet ordre ; mais elle produisit peu d’effet. Cependant, sur les instances réitérées des assiégés, et sur les représentations de différents capitaines, une seconde tentative fut résolue. Le conseil de guerre se tint à Gergeau, sous la présidence du connétable. Bien que le comte Arthur se montrât défavorable à l’entreprise, des hommes et des munitions se réunirent promptement dans cette ville. L’expédition partit, sous la conduite de La Hire, consommé capitaine, et du jeune bâtard d’Orléans, qui allait inaugurer, par ce fait d’armes, son illustre carrière[37].

Des femmes de la campagne, à la solde des Anglais, observaient les environs. Cherchant à pénétrer les desseins des Français, ces espions féminins revenaient, de temps à autre, instruire les assiégeants, des notions qu’ils avaient pu recueillir. La Hire et le bâtard réussirent à tromper leur vigilance. Le 5 septembre 1427 au matin, la petite armée de secours arrivait sous les murs de Montargis, au moment où les escoutes des Anglais venaient d’y rentrer[38].

La Hire, après avoir rapidement exploré les abords, fit choix d’un point par lequel il lui sembla que l’attaque devait avoir lieu de préférence. Il mit alors sa salade ou heaume de combat, sur sa tête ; et, la lance au poing, il se dirigea vers cet endroit. La Hire était suivi du seigneur de Graville, normand ; de Brangonet ou Bérangeonnet d’Arpajon et autres hommes d’élite, chevaliers ou écuyers gascons, ses compatriotes. En ce moment, passait un chapelain, à qui La Hire demanda hâtivement l’absolution. Le prêtre, ainsi interpellé, lui prescrivit de se confesser. Mais La Hire objecta qu’il n’en aurait pas le temps ; qu’il fallait sans retard frapper sur l’ennemi et qu’il avait fait, en matière de péché, tout ce que gens de guerre ont accoutumé de faire. Sur quoy le chapelain luy bailla l’absolution telle quelle. Et lors La Hire fit sa prière à Dieu, en disant en son gascon, les mains jointes : Dieu, je te prie que tu fasses aujourd’hui pour La Hire autant que tu voudrois que La Hire fit pour toi, s’il estoit Dieu et tu fusses La Hire. Et il cuidoit, ajoute le chroniqueur, très bien prier et dire[39].

Cependant le bâtard et La Hire s’étaient distribué les rôles. Tous tombèrent en même temps, avec la plus grande vigueur, sur les Anglais. Ceux-ci furent attaqués par divers points à la fois, avant que d’avoir eu le temps de se reconnaître. La lutte dura pendant tout le jour et fut accompagnée de brillantes passes d’armes[40].

Les habitants de Montargis déployèrent en cette journée un mémorable patriotisme. Des écluses, formées sur le Loing dans l’intérieur de la ville, avaient fait déborder cette rivière, jusqu’à la distance d’une lieue en amont de Montargis. Les assiégeants, de leur côté, construisirent des ponts pour communiquer d’un siège, ou section de zone, à l’autre. Mais lorsque, pressés par l’ennemi, ils voulurent s’aider de ces passages, les ponts submergés ne leur fournirent point de services. Beaucoup d’Anglais, en essayant ce mode de sauvetage, tombèrent à côté des parapets et se noyèrent. Un autre de ces ponts, sis au midi, était demeuré à sec : les assiégeants du nord, chassés de leurs cantonnements s’y précipitèrent à la fois, pour marcher au secours de Warwick. L’édifice s’écroula sous cette charge subite. Un grand nombre d’Anglais y périrent, ou tombèrent au pouvoir des Français[41].

La population tout entière se confondit avec les troupes françaises du dedans et du dehors, pour repousser vaillamment les ennemis. Suivi du comte de Suffolk, le comte de Warwick, sortit de la ligne du siège et vint s’adosser à une colline plantée de vignes, sur le territoire de Chalette, en un lieu nommé le pâtis. Après un combat infructueux, qui eut lieu sur ce point, il donna le signal du départ. En un mot, la déroute des Anglais fut complète. La bannière de Warwick conquise par les Montargiens, se conserva comme trophée, dans leur hôtel de ville jusqu’en 1792. Les Anglais, pendant la nuit, se retirèrent à Château-Landon, à Nemours, qu’ils occupaient ; et d’autres, jusqu’à Paris[42].

Le siège de Montargis était levé : Jean d’Orléans et La Hire entrèrent le soir même dans la ville et furent accueillis en libérateurs. Des vivres, des munitions, une artillerie précieuse accompagnée d’un riche butin, dépouille des Anglais, restèrent en la possession des vainqueurs[43].

Le succès remporté à Montargis causa, sur les partisans de la cause française, une impression d’autant plus sensible, qu’ils étaient alors moins accoutumés à ces faveurs de la fortune. Charles VII récompensa la conduite exemplaire des habitants : par quatre diplômes successifs, rendus de 1430 à 1447, il leur accorda divers privilèges et exemptions. Dans une de ces chartes, le roi glorifie la levée du siége de Montargis comme ayant été le commencement et la cause de notre bonheur à l’encontre de nos dits ennemis. La cité reçut le surnom de Montargis-le-Franc, avec cette prérogative, acquise à ses magistrats et représentants, de porter pour devise, en tout temps, la lettre M, couronnée, en broderie, orfèvrerie, ou autrement, ainsi qu’il leur plairoit.

Ces titres historiques, renouvelés et confirmés, de règne en règne, jusqu’à Louis XVI, se conservent en original, dans les archives de cette ville. Un monument, détruit à la même époque et dans le même sentiment que la bannière de Warwick[44], perpétua durant des siècles le souvenir de cet événement. Tous les ans, une cérémonie militaire et religieuse s’accomplissait auprès de cet édifice nommé la Croix aux Anglais. Il s’élevait sur le lieu même où avait été vaincu le comte de Warwick[45].

 

 

 



[1] Montreuil, p. 232.

[2] Administration, etc., p. 48. Voyez aussi un très bon mémoire de M. Puiseux : Des insurrections populaires en Normandie, etc. 1851, in-4°, p. 7 et suiv.

[3] Dom Huynes, Histoire du mont Saint-Michel, Ms. Saint-Germain, français, n° 924, 3. Sur les pèlerinages du mont Saint-Michel, voyez Revue archéologique, 1861, p. 380 et suiv. Dons royaux au mont Saint-Michel : J. 4167, n° 96 (1423, avril 6) ; Ms. français 5024, f° 192.

[4] D. Huynes, p. 89 et suiv. Gallia christiana, t. XI, col. 527.

[5] Apostat politique et religieux. Mêmes autorités.

[6] D. Huynes, Lettres du 28 mars 1425, p. 202, 206.

[7] Beaurepaire, lieu cité. Montreuil, p. 219. Jean Chartier, t. I, p. 38. Abrégé bourguignon, dans Godefroy, Charles VII, p. 329, 330.

[8] Les mêmes. D. Huynes, p. 204. Beaurepaire, États, p. 24. Catalogue Teulet, p. 369.

[9] Les mêmes. Administration, p. 54. Teulet, p. 372, D. Morice, t. I, p. 492.

[10] Le bâtard ne fut jamais que titulaire de cette charge militaire. Il s’était fait remplacer au Mont par Jean Paynel, son lieutenant (D. Huynes).

[11] D. Huynes, p. 217, 540 et suiv. Le Héricher, Histoire du mont Saint-Michel, p. 38. Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 2e série, t. V, p : 212. Notice généalogique (autographiée) sur la maison de Sainte-Beuve, en Normandie. On conserve au mont Saint-Michel deux canons du temps pris sur les Anglais. Voyez Carro, Voyage chez les Celtes jusqu’au mont Saint-Michel, 1857, in-8°, planche lithographiée entre les pages 128 et 129. Études sur le passé et l’avenir de l’artillerie, t. III, 1862, p. 109, pl. V, fig. 1 et 2. Musée d’artillerie, n° 2798 à 2800.

[12] Auteurs cités. Le tableau héraldique du mont Saint-Michel décore aujourd’hui l’hôtel de ville de cette commune. Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, 1841, p. 143, 147. Grafton, p. 572. Actes de Bretagne, t. II, col. 1143, etc.

[13] Charles VI, en l’honneur de saint Michel, donna le nom de cet archange à l’une de ses filles. Frère de Michelle de France, Charles VII s’appropria ce culte et le transmit à son fils. En 1446, le roi fit construire à Amboise une chapelle de Saint-Michel dans l’église du château. Louis XI, en 1469, y institua l’ordre de Saint-Michel. (Voyez Lemaire, Histoire d’Orléans, p. 188, répété par Anselme, Palais d’honneur, p. 126, et les Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest, 1841, p. 233.) Vers 1424, Charles VII, voulant subvenir aux nécessités des religieux, leur accorda l’autorisation de battre monnaie au coin du roi et à leur profit, en or, argent ou billon (D. Huynes, p. 213). Voir les belles planches de M. Bouet dans la monographie de M. Le Héricher sur le mont Saint-Michel. On trouvera une vue perspective de la ville et du mont Saint-Michel, peinte en miniature dans le manuscrit latin, 1159, f° 160. Ce manuscrit n’est autre que le livre d’heures de Pierre II, duc de Bretagne, et l’œuvre d’un très habile artiste. La miniature a été exécutée de 1455 à 1457.

[14] J. J. 172, pièce 315, f° 290. Dom Plancher, t. IV, Preuves, p. xlj.

[15] Ms. Arundel, n° 26 du British museum, copie d’A. Salmon, bibliothèque de Tours. Voyez Mémoires de la Société archéologique de Touraine, 1859, t. XI, p. 327.

[16] Monstrelet d’Arcq, IV, 199 et s. Saint-Remi, p. 470 b. J. J. 172, f° 122, v°. Beaurepaire, États, p. 24. Administration, p. 46 et suiv. Cousinot, ch. CCXII. Fenin, p. 216. Delort, Essai, etc., 1824, p. 247. Claude Hémerée, Augusta Viromanduorum, etc., 1643, in-4°, p. 311.

[17] États, ibid. Administration, p. 19, 48. Cousinot et suites, p. 198, 472, 475.

[18] Catalogue Teulet, p. 370 et suiv. Journal de Paris, p. 668 a. Administration, p. 9. Grafton, p. 559. The names of the nobles sent with lord Scales, etc. Ms. Harleien, n° 782, f° 49, v° ; dans la Revue d’Anjou, 1853, t. II, p. 81 (article de M. Marchegay.)

[19] ... Their capteynes named sir Baldwyn of Champaigne, lorde of Toisse, sir Guilliam de Marignie, and sir Hughe de Goos (?) ... invented all wayes possible, howe to defende themselves. Grafton, p. 558. Montreuil., ch. XI. Chartier, ch. XIII. Ms. Gaignières, 772, t. I, p. 545. Journal, p. 668 a. Berry, p. 373. Marchegay, Archives d’Anjou, II, 308.

[20] Montreuil, ch. XII. J. Chartier, ch. XIV.

[21] Grafton. Montreuil. Pesche, Dictionnaire de la Sarthe, t. III, p. 675. Administration, p. 42. Musée d’artillerie, n° 2798 et suiv.

[22] Les mêmes. Courteilles, Évêques du Mans, p. 681. Monstrelet, p. 247. S. Remi, p. 577 b. Dugdale, Baronagium, t. I, p. 652. Voir, pour l’intelligence du siége et des localités, le plan du Mans tiré de la collection Gaignières, cabinet des estampes : Topographie.

[23] Grafton. Monstrelet. Montreuil. S. Remi. X. X., 1480, f° 330.

[24] Journal de Paris, p. 669 a. Montreuil, ch. XII. J. Chartier, ch. XVI et XVII. Administration, p. 42. États, p. 26. Grafton, p. 559. Histoire des seigneurs de Mayenne, par Guyard de la Fosse, Le Mans, 1850, in-12, p. xij et 81.

[25] Archives du Rhône : B. B. 1. Montreuil, ch. XVI. J. Chartier, ch. XX. Le 29 novembre 1425, le duc de Bedford donne commission à sir J. Popham pour faire les montres (revues) de la garnison de Montsur (arrondissement de Laval, Mayenne) et des troupes destinées à la conqueste du Maine et de l’Anjou. (Titre communiqué à Fontanieu par Dom Pernot, bibliothécaire de Saint-Martin-des-Champs. Ms. 4805, Histoire de Charles VII, f° 142, v°.)

[26] Montreuil, ch. XIV. J. Chartier, ch. XVIII. Grafton, p. 559. S. Remi, p. 469, b.

[27] Gruel, p. 363 b. Montreuil, p. 240. Monstrelet, p. 580. J. Chartier, t. I, p. 49, donne à Richemont vingt mille combattants et Grafton quarante mille, p. 561.

[28] Monstrelet. Gruel. Montreuil. Ms. Gaignières, n° 572, p. 549.

[29] Monstrelet. Gruel.

[30] Les mêmes. Grafton, p. 562. Journal de Paris, p. 669, b, Cousinot, ch. CCXIX. D. Morice, t. I, p. 498 ; Preuves, t. II, col. 1188, 1193. Dom Plancher, t. IV, p. 112. Le chancelier de Bretagne échappa aux poursuites du justicier à force d’excuses, de protestations et de promesses (Gruel, p. 364 b).

[31] Grafton, p. 559, 560, désigne ces localités sous les dénominations suivantes : Saint-Kalès (Saint-Calais), Chanteaux-Lermitage (Chanteaux ?), Guerlande, Malicorne, Lisle-Soubz-Boulton, Lowpelland, Mountseur (Monsur) and La Susze ; and besides this, above -XL- castels and pyles. (Voyez, dans le même auteur, p. 558, une autre énumération analogue.)

[32] Journal de Paris, p. 669 b. Cousinot et suites, p. 471. Raoulet, p. 170. Gruel, p. 365. Montreuil, p. 237, ch. XVIII. Monstrelet, p. 284 et suiv. Catalogue Teulet, p. 376. Ms. 4770 français, acte du 19 nov. 1428. Le 6 janvier 1427, préparatifs de siége dirigés par le comte de Warwick contre Pontorson. Ms. Fontanieu 115, à la date.

[33] Cousinot, p. 201, ch. CCXXIV.

[34] Biographie Didot, article Morhier. Monstrelet, p. 271 et suiv. Gruel, p. 367. Journal de Paris, p. 672 b. Berry, p. 374.

[35] Topographie : cartes de Cassini et de la guerre. Du Cerceau, Les plus excellents bastiments de France, 1576, in-folio ; texte p. 5 et quatre planches pour Montargis. Viollet-le-Duc, Essai sur l’architecture militaire, etc., p. 83 et 115.

[36] Les mêmes. D. Morice, Preuves, t. II, col. 1133. Raoulet, p. 192. Bouzon de Failles ou de Fages, écuyer, est qualifié, la même année (probablement après le siège), bailli de Montargis. Ms. Gaignières, 772, t. I, p. 549, 552.

[37] Les mêmes. Cousinot, p. 201, ch. CCXXV. Jean Chartier, ch. XXVII. Ms. latin 6024. Baluze, f° 25. Ms. Gaignières 2772, 1, p. 546.

[38] Catalogue Joursanvault, t. II, p. 225, n° 3390 Raoulet, p. 192.

[39] Montreuil, p. 246.

[40] Montreuil, p. 246.

[41] Gruel, 357. Monstrelet, ibid. Berry, 374. Les chroniqueurs originaux ne s’accordent pas entre eux sur l’appréciation numérique des forces exposées ou perdues de part et d’autre dans ce conflit. Voici les nombres fournis par l’un de ces chroniqueurs et qui nous paraissent les plus vraisemblables : Assiégeants anglais : de cinq à six mille hommes. Armée de secours française : de deux à trois mille. Anglais tués : de sept à huit cents. Prisonniers, plus de deux cents. Tout le surplus tourna en fuie. (Perceval de Cagny, ch. LXXXIV.) Saint-Remi, p. 484, évalue, en morts, la perte des Anglais à sept mille hommes.

[42] Monstrelet. Berry. Girardot (le baron de), Documents relatifs à Montargis, Montargis, 1853, in-4°, p. 26, 20 et 30. La bannière de Warwick fut généreusement brûlée dans une fête de fédération dédiée à la fraternité des peuples.

[43] X. X. 1480, f° 384. Montreuil, p. 247. Là mourut un seigneur d’Angleterre de qui le corps fut rachepté pour porter en son pays. Et en portant cedit corps, ainsi comme les Anglois approchoyent de Dieppe pour passer en Angleterre, ceux de la ville issirent en procession au devant d’iceluy corps. Là y avoit un fol qui hayoit les Anglois et ainsi que les gens d’église chantoyent le libera, chacune fois qu’ils disoient dùm veneris, ce fol crioit : De Montargis ! de Montargis ! Chronique de Normandie, f° 181. Dùm se prononçait don, en français du quinzième siècle de ond, en latin de onde ; de là le jeu de mots macaronique rapporté par le chroniqueur normand dum veneris : d’où venez-vous ?De Montargis !

1427, septembre 1, subside levé à Paris sur le clergé pour reprendre Montargis aux Français. (Actes capitulaires de Notre-Dame ; Varia monumenta, de Sarrasin, L. L. 414, f° 73.)

[44] Ci-dessus, note 42.

[45] Girardot cité p. 26. Recueil des privilèges de la ville de Montargis, 1608, in-12. Ordonnances, t. XIII, p. 152, 154 ; t. XV, p. 105, 107.