HISTOIRE LA TERREUR 1792-1794

NOTES, ÉCLAIRCISSEMENTS ET PIÈCES INÉDITES

 

XXVI. — DÉPOSITIONS FAITES À L'OCCASION DU PROCÈS INTENTÉ CONTRE FOURNIER L'AMÉRICAIN.

 

 

La procédure commencée en l'an m par le tribunal de Versailles contre Fournier, et suivie à Orléans au moyen de commissions rogatoires, contient un très-grand nombre de dépositions relatives aux incidents qui précédèrent le départ des prisonniers et aux vols qui se commirent à leur préjudice. Nous avons choisi parmi toutes ces dépositions celles qui, par leur précision et la position exceptionnelle des témoins, nous ont paru devoir mériter une attention spéciale.

 

DÉPOSITION DU CITOYEN SAUNIER, LIEUTENANT DE GENDARMERIE.

Le 9 floréal, l'an IIIe de la république française, s'est présenté le citoyen Louis-François Saunier, lieutenant de la gendarmerie d'Orléans, demeurant rue de l'Égalité, section de la Liberté, pour faire la déclaration suivante :

Je déclare avoir connaissance que, vers le 31 août 1792, la force armée parisienne, ainsi que Léonard Bourdon, qui l'avait précédée, sont venus à Orléans pour enlever les prisonniers de la haute Cour nationale ; que j'ai été commandé avec quatre hommes de cavalerie pour les aller reconnaître à Cercottes, qu'ils sont arrivés sur les deux heures après-midi, que j'ai appris de Birre, concierge alors de la maison d'arrêt des Minimes, de son épouse et de ses enfants, que Léonard Bourdon et une partie de la force armée des Parisiens s'étaient rendus à la maison d'arrêt des Minimes ; qu'ils avaient pris aux prisonniers des assignats, des bijoux, des pièces monnayées et des jetons d'argent ; que, dans le nombre des Parisiens, un d'eux logeait chez le citoyen Ladureau, chevecier, et que là il a partagé avec d'autres de ses camarades les jetons d'argent, ce que je sais par la déclaration qui m'en a été faite par la citoyenne Ladureau. Qu'au moment où les Parisiens et Léonard Bourdon allaient sortir de la maison d'arrêt, Birre, concierge, fit rendre à Léonard Bourdon une boite pleine d'argenterie qu'il emportait. Ce fait m'a été répété plusieurs fois par la citoyenne Birre et le guichetier. La force armée, ainsi que Léonard Bourdon et autres, sont restés, ainsi que le général Fournier, en cette ville, jusqu'au mardi 11 septembre. La Commune, ainsi que les autorités constituées, sont restées assemblées pendant toute la nuit et j'y étais aussi. Pendant la nuit il y a en des pourparlers entre Léonard Bourdon, Lazouski et autres et les membres des autorités constituées, à qui on demandait de l'argent, ce que les autorités refusèrent, parce que le décret de la Convention prescrivait de conduire les prisonniers à Saumur, et qu'au contraire Léonard Bourdon et ceux qui dirigeaient la force armée voulaient les conduire à Paris. Que, d'après cela, les autorités leur ont donné une somme sur la promesse qu'ils firent de le conduire à Saumur ; qu'au contraire, le matin, ils prirent la route de Paris avec les prisonniers, au nombre desquels était Mal-voisin qui, la veille, avait eu la jambe cassée, et ce malgré les plaintes et les réclamations de son épouse ; que le peuple d'Orléans voulait au contraire que les prisonniers fussent transférés à Saumur pour obéir au décret ; que Fournier, général, avait eu l'air de s'y prêter après avoir, dit-on, donné des instructions la veille à sa troupe. J'ajoute que le séjour des Parisiens était marqué par la plus grande licence, la plus grande insolence et les menaces réitérées qu'ils faisaient aux citoyens d'Orléans, tellement que pendant plus de vingt-quatre heures ils ont laissé leurs canons sur la place, chargés et mèches allumées.

 

DÉPOSITION DU CITOYEN LAROUSSE.

Le 9 floréal, l'an IIe de la république française, s'est présenté devant nous le citoyen Pierre François Larousse, ci-devant porte-clefs de la maison d'arrêt des Minimes, à présent demeurant rue du Petit-Horloge, n° 10, section des Piques, qui a fait la déclaration suivante :

Je déclare que le 22 ou le 23 août[1], Léonard Bourdon, avec deux autres citoyens de Paris que je ne connais pas, se sont transportés dans la maison dite les Minimes, dont j'étais alors porte-clefs. Ils ont demandé à faire la visite des prisonniers à l'effet d'en connaître la quantité, ont monté dans les corridors, sont entrés dans toutes les chambres, ont pris les noms de tous les prisonniers et le numéro de chaque chambre, en leur promettant qu'ils allaient s'occuper de leurs affaires, et que sous peu ils auraient leur élargissement. De cette époque à celle du 31 août, Léonard Bourdon et les deux antres particuliers n'ont plus paru en ladite maison.

Je déclare que le 31 août, sur les une heure après-midi, la force armée arrivant de Paris, commandée par Lazouski, Fournier et autres, s'est transportée à la prison, a forcé le guichet, a pris au collet le portier pour avoir retardé à ouvrir la porte, qu'il avait voulu lui refuser à moins qu'elle ne fût chargée d'ordre, elle répondit qu'elle avait droit, et, dans l'instant, se répandit dans la cour, au nombre d'environ cent hommes, qui se sont rangés en bataille en face du corps de logis où étaient les prisonniers, et là ont chargé leurs armes. Un des hommes ayant aperçu le déposant à une croisée avec deux ou trois prisonniers qui lui marquaient leurs inquiétudes sur l'arrivée de ces Parisiens, ayant été remarqué par plusieurs d'entre eux, il fut à l'instant mis en joue et tous furent obligés de se retirer. Plusieurs d'entre les prisonniers me prièrent de les enfermer dans leur chambre et de tenir de même les portes du corridor fermées pour les mettre en sûreté, si cela était possible. Dans le même moment, vingt-cinq hommes se portent pour frapper aux différentes portes et me forcent de les ouvrir. En même temps ils se jettent sur moi en me demandant, en jurant, ce que je faisais : l'un me prit au collet, l'autre m'arracha mes clefs en me disant que je voulais les faire sauver. Ce fut le caporal qui m'arracha les clefs, et j'étais si occupé que je ne puis assurer si Léonard Bourdon y était ou non à ce moment. Je sais seulement que, quelque temps après, il parut. Je déclare en outre qu'ayant les clefs entre leurs mains, ils se portèrent dans différentes chambres, et ayant trouvé plusieurs prisonniers renfermés ensemble, d'autres chambres où il n'y avait personne, cette circonstance m'attira de leur part les plus vifs reproches. De là ils entrèrent dans la chambre de Dubry, qui venait d'être guillotiné, ils tirèrent les matelas pour faire une recherche, ouvrirent la commode, où ils trouvèrent plusieurs assiettes, et me dirent que j'avais laissé sauver le prisonnier. Sur la réponse que je leur fis que nous étions dans la chambre du malheureux qui venait d'être guillotiné, sur le nom de malheureux que j'avais lâché ils voulurent m'assassiner.

En ce moment, et après cette scène, je fus débarrassé, et alors je me rendis à la chambre du citoyen de Brissac, où je trouvai une partie de la même garde qui était occupée à piller l'argenterie. Pourtant, sur l'observation que quelques-uns de leurs camarades qu'il ne fallait pas piller ainsi et qu'il fallait appeler leur chef, et c'est Léonard Bourdon avec Fournier et autres qui leur dirent qu'il ne fallait rien déranger et que l'on verrait tout cela le soir, et que l'on en prendrait le compte dans un autre moment. Malgré cela, on trouva un sceau d'argent, ainsi qu'un couvert, de manque. Cette opération faite, ils quittèrent le corridor pour se porter dans l'autre, où il se faisait un mouvement assez considérable occasionné par la chute de M. de Malvoisin, que la peur avait forcé de se jeter par une fenêtre, on le ramena à sa chambre, où le déposant vit plusieurs soldats occupés à piller sa chambre ; Léonard Bourdon était assis sur une chaise et voyait tranquillement le pillage. Un des pillards trouva la croix de Saint-Louis du citoyen Malvoisin, il la montra à Léonard Bourdon en jurant et blasphémant beaucoup. Léonard Bourdon la lui demanda, il lui répondit en jurant : Tu ne l'auras pas ; il la mit dans sa poche en disant : Cela m'annoblira, et Léonard Bourdon se tut. Le tumulte s'apaisant, les officiers municipaux, qui s'étaient rendus à la prison, se retirèrent. Le déposant ne peut assurer si Léonard Bourdon était un de ceux qui sont restés ; mais le pillage commença, et la plupart des prisonniers le furent de leurs effets, bijoux, argenterie, meubles, papiers et autres effets, dont dans le temps je fis ma déclaration à la Commune. Quatre prisonniers ont été pillés en ma présence, et les Parisiens ont fini par se porter dans ma chambre, où ils volèrent tous mes effets et ont tout emporté.

 

DÉPOSITION DE LA CITOYENNE BIRRE.

Le 5 floréal, l'an IIIe de la république française, s'est présentée la citoyenne Marguerite-Anne Rousseau, veuve de François-Gabriel Birre, demeurant à Orléans, rue de la Force, n° 23, section de la Liberté et de l'Égalité, pour déclarer ce qui suit :

Je déclare qu'il est à ma connaissance que le 31 août 1792 la force armée de Paris est arrivée en cette ville pour la translation des prisonniers qui étaient aux Minimes et à Saint-Charles ; que Léonard Bourdon et Prosper Dubail sont aussi arrivés en cette ville pour le même objet en qualité de commissaires du pouvoir exécutif. Il était à peu près l'heure de midi ; que peu de temps après Léonard Bourdon est venu à la prison des Minimes, accompagné d'environ deux cents hommes de la garde parisienne ; que la garde a été par eux forcée, et de suite ils se sont introduits dans la maison après avoir contraint d'en ouvrir les portes, nonobstant les représentations qui leur étaient faites par la déclarante ainsi que par son mari, alors concierge de la maison d'arrêt ; qu'ils se sont aussitôt jetés avec violence sur le guichetier, qui s'appelle Jacques Provenchère, qu'ils l'ont pris à la gorge, voulant le forcer de livrer les clefs des chambres des prisonniers ; que ledit Provenchère leur ayant assuré que ce n'était pas lui qui avait les clefs, mais bien le citoyen Birre, concierge, ils se sont fait conduire à sa chambre, que la déclarante avait eu la précaution de fermer sur elle ; qu'ils ont frappé à la porte à coups de crosse de fusil, ce qui l'a forcée d'ouvrir ; qu'ils lui dirent alors de donner les clefs, à quoi j'ai répondu : Ce n'est pas moi qui les ai, mais le porte-clefs. Ils ont monté aussitôt, et, un moment après, quelques-uns d'entre eux sont descendus et m'ont dit : Tu en as d'autres, que j'ai remises sur-le-champ ; que, muni de ces clefs, ils ont été dans les chambres des différents prisonniers, qu'ils ont dépouillés en s'emparant de tout ce qu'ils avaient et les maltraitant, ce que je tiens des prisonniers, qui m'en ont fait des plaintes ; que la terreur s'est emparée des détenus au point que trois d'entre eux ont essuyé divers accidents : Malvoisin eut la cheville cassée, Delahaut a eu les reins rompus, Duroux est tombé dans les latrines ; que la force armée ne trouvant point Duroux, quelques-uns d'entre eux se sont adressés à mon mari, qu'ils tenaient le pistolet sur la gorge, lui disant qu'il répondrait sur sa vie de ce prisonnier, qui depuis fut retrouvé dans les latrines ; qu'ils se sont emparés de tous les postes, et ils sont restés maîtres de la maison, où ils ont vécu à discrétion jusqu'au septembre, jour de leur départ ; que, pendant tout ce temps, ils ont tenu la conduite la plus odieuse, couchant en joue tous les prisonniers qui paraissaient aux fenêtres en criant : Tue, tue ! que Léonard Bourdon y venait fréquemment, ainsi que le général Fournier et un autre commandant dont je ne me rappelle pas le nom. J'observe que, huit jours avant cet événement, Léonard Bourdon, accompagné d'un particulier qui avait l'air de son secrétaire, était venu à la même maison d'arrêt, où il s'était fait connaître à moi déclarante en montrant ses pouvoirs ; qu'alors il s'est transporté dans les chambres de tous les détenus, dont il a pris les noms, ce qui lui a servi d'indication dans le second voyage dont j'ai parlé ci-dessus.

Que, le mardi 4 septembre de la même année, sur les sept heures du matin, la même force armée parisienne est venue, accompagnée de Léonard Bourdon, de Prosper Dubail, qui dirigeaient cette force. Alors je faisais la décharge des prisonniers en faisant mention qu'ils allaient être transférés à Paris, en lui observant cependant que leur destination devait être pour Saumur, à quoi Bourdon répondit : Eh bien ! mettez pour Saumur ; que, la décharge étant faite, les prisonniers furent enlevés de la maison inhumainement et sans égard pour la triste situation de quelques-uns d'entre eux. le dois néanmoins rendre justice à la conduite de Dubail, qui a toujours désapprouvé celle de Bourdon qui était, ainsi que lui, commissaire du pouvoir exécutif.

 

DÉPOSITION DE LA CITOYENNE ROSALIE ÉDOUARD.

Le 8 floréal, l'an me de la République française, s'est présentée devant nous Rosalie Édouard, fille majeure, demeurant à Orléans en qualité de fille de confiance chez le citoyen Benoist Mera, rue de Courville, section de la Vérité, laquelle a fait la déclaration suivante ;

Je déclare qu'il est à ma connaissance que le 31 août 1792 la force armée parisienne est arrivée à Orléans pour enlever les prisonniers des Minimes et de Saint-Charles ; que Léonard Bourdon était arrivé en cette ville la veille ou la surveille, et logeait à la maison du Dauphin, rue Bannier, où je demeurais en qualité de fille de confiance ; que différentes personnes l'environnaient et mangeaient avec lui habituellement, entre autres les nommés Resserve, Laguette, Vigoureux, Nicole, Goulu, Duplessis, Chamouillet et autres de cette espèce ; que Prosper Dubail était le collègue de Léonard Bourdon ; que le général Fournier venait aussi souvent manger avec lui, ainsi que Lazouski et un appelé Bécard. Il est aussi de ma connaissance que, le jour de l'arrivée de la force armée parisienne, Léonard Bourdon est monté en voiture pour aller au-devant d'elle, qu'il était toujours accompagné de deux gendarmes ; il est revenu avec la force armée. Je ne sais ce qui s'est passé dans l'intérieur des prisons, mais seulement que Bourdon est allé aux prisons et qu'on a apporté dans sa chambre différents portefeuilles, effets, et assignats qui ont été remis audit Bourdon, ainsi que des croix de Saint-Louis ; que le général Fournier en a mis une à la tête de son cheval.

 

DÉPOSITION DU CITOYEN PROZET.

Le 1er floréal, l'an IIIe de la république française, est compère Proust, pharmacien, demeurant à Orléans, rue de l'Égalité, 84, section de la Vérité, qui a fait la déclaration suivante :

Je soussigné déclare que Léonard Bourdon et Prosper Dubeil vibrent à Orléans cama commissaires de Paris, au mois d'août 1792, pour s'informer de l'état des prisons et des prisonniers près la haute Cour nationale ; que, le 30 dudit mois, il y eut une conférence au département entre les trois corps administratifs et lesdits deux commissaires ; que, dans cette conférence, à laquelle j'assistai comme officier municipal, il fut question de la réception à faire à la garde nationale de Paris, qui devait arriver le lendemain ; que Léonard Bourdon et Lachaux, maire, insistaient beaucoup pour qu'il leur fût fait un grand banquet à leur arrivée ; que l'impossibilité et les inconvénients qui pourraient résulter d'un pareille entreprise, aussi prompte, ayant été démontrés, il fut décidé unanimement de surseoir, d'après l'avis du citoyen Dubail, qui vint à la maison commune pendant que nous tenions une séance publique à laquelle il assista ; qu'après il passa dans la chambre du conseil, et que là, après que le plus grand nombre des officiers municipaux se fut retiré, il dit aux membres restants, dont moi, déposant, étais du nombre, qu'il venait pour nous prévenir que son collègue Bourdon était venu avec les plus mauvaises intentions contre notre ville, et que ses démarches étaient combinées avec quelques membres de la commune, et nommément le maire ; qu'en conséquence il nous exhortait à être très-circonspects dans tout ce que nous dirions devant lui ; qu'il ajouta qu'à leur arrivée le maire Lachaux et deux autres officiers municipaux avaient été souper avec eux, que si les Parisiens venaient à Orléans, c'était à Léonard Bourdon qu'on devait l'attribuer, que le citoyen Dubail les avait pérorés à Longjumeau et les avait déterminés à retourner sur leurs pas, mais que Léonard Bourdon, après les avoir fait déjeuner, les avait fait changer d'avis et leur avait fait faire une pétition qu'ils avaient envoyée par une députation au corps législatif, dans laquelle ils demandaient un décret pour les autoriser à venir ;

Que, le 2 septembre, un garde national de Paris, dont je ne me rappelle pas le nom, vint me prévenir que Fournier, commandant du détachement parisien, avait assemblé sa troupe sur le Mail et que là, avec Léonard Bourdon, ils avaient annoncé qu'il y avait un décret qui ordonnait de conduire les prisonniers à Saumur, mais qu'il ne fallait point y obéir, mais au contraire les conduire à Paris ; qu'il les prévenait que, par la place qu'ils occupaient, ils seraient obligés de paraître vouloir faire exécuter la loi, mais qu'alors la troupe n'aurait qu'à crier : Nous voulons aller à Paris ! que, sur leur observation qu'eux, Léonard Bourdon et Fournier leur faisaient remarquer qu'ils allaient se rendre coupables de désobéissance et qu'ils seraient regardés comme brigands, qu'alors ils n'auraient qu'à crier plus fort : Eh bien, oui, nous voulons être des brigands et nous voulons mener les prisonniers à Paris !

Que je fis part au citoyen Dubail et au citoyen Garran-Coulon de l'avis que je venais de recevoir ; que ces deux citoyens firent venir Fournier et le sommèrent de déclarer s'il voulait obéir à la loi, oui ou non ; qu'après plusieurs tergiversations, Fournier demanda à se retirer dans une chambre avec un nommé Bécard, qui était son commandant en second ; que le citoyen Léonard Bourdon vint dans ladite chambre où j'étais aussi, et que là il dit à Fournier : Dis que tu vas les conduire à Saumur, mais demain matin tu n'en feras pas moins ce dont nous sommes convenus ; que l'essentiel était d'avoir de l'argent dans ce moment et qu'il lui conseillait d'en demander et de déclarer qu'il ne pouvait partir sans cela ; que Fournier alors se retourna vers Bécard et lui dit : Combien demanderons-nous ? Crois-tu que douze mille francs seront assez ? A quoi Bécard répartit : Demandes-en quinze ; que je rapportai ces propos aux citoyens Dubail et Garran-Coulon, qui étaient pénétrés de douleur de ne pouvoir retirer les prisonniers des mains des Parisiens qui s'en étaient emparés, et qui me dirent qu'ils n'osaient requérir la force armée d'Orléans, parce qu'ils étaient certains que ce serait le signal du massacre des prisonniers.

 

 

 



[1] Le témoin se trompe ici de date. Bourdon n'arriva que le 26 à Orléans.