HISTOIRE LA TERREUR 1792-1794

NOTES, ÉCLAIRCISSEMENTS ET PIÈCES INÉDITES

 

IX. — DOCUMENTS SUR LA JOURNÉE DU 20 JUIN 1792.

 

 

En majeure partie, les pièces officielles relatives à la journée du 20 juin 1792 ont été imprimées soit à la suite de l'arrêté du directoire de département, en date du 6 juillet 1792 qui suspendit Pétion de ses fonctions de maire, soit par ordre du conseil général de la commune. Ces deux recueils sont très-rares.

En 1835 la Revue rétrospective (2e série, tome I, page 161 et suivantes) a publié un très-grand nombre des pièces qui se trouvent aux archives de l'Hôtel de ville, et qui évidemment proviennent des papiers du département de Paris. Elles y furent probablement apportées aussitôt après le 10 août 1792. L'auteur de ce recueil a cru que toutes les pièces qu'il donnait étaient inédites. Il se trompait la plupart avaient été imprimées dans les deux recueils de 1792 que nous venons de mentionner. MM. Buchez et Roux, dans leur Histoire parlementaire (tome XV), ont reproduit une grande partie des pièces données par la Revue rétrospective.

Enfin, à peu près à la même époque, M. Rœderer, l'un des acteurs principaux du grand drame qui se déroula en juin et août 1792, publiait un récit détaillé de ces événements sous le nom de Chronique des cinquante jours, et donnait à la fin de cet ouvrage un certain nombre de pièces justificatives.

Le recueil de tous les documents imprimés formerait au moins un volume. Nous donnons plus bas la nomenclature aussi exacte que possible des pièces officielles relatives au 20 juin, afin que nos lecteurs aient une idée du travail auquel nous nous sommes livré, et aussi afin de fournir à ceux d'entre eux qui voudraient contrôler nos assertions les moyens de recourir aux sources auxquelles nous avons nous-même puisé. Les pièces officielles sur la journée du 20 juin 1792 peuvent se diviser en quatre catégories

1° Rapports et procès-verbaux dressés par les officiers municipaux qui ont joué un rôle dans les diverses phases de cette journée ;

2° Rapports des officiers de la garde nationale, de la gendarmerie et de l'armée ;

3° Déclarations des gardes nationaux, gendarmes et autres témoins qui constatent certains faits épisodiques ;

4° Rapports et arrêtés émanés des autorités officielles, relatifs à l'instruction entamée par le directoire du département de Paris sur la conduite de Pétion et des divers officiers municipaux.

 

I. — RAPPORTS ET PROCÈS-VERBAUX DRESSÉS PAR LES OFFICIERS MUNICIPAUX.

Procès-verbal dressé par Perron, administrateur de police, sur les événements qui se sont passés au faubourg Saint-Marcel, le 20 juin 1792, sur les dix heures du matin. Il se trouve dans les pièces imprimées en 1792, par ordre du conseil général de commune. Il a été réimprimé dans la Revue rétrospective (pièce n° 12, page 160), et dans l'Histoire parlementaire (page 122). Par une erreur sans doute typographique, ce rapport est signé PÉTION et non Perron, dans la Revue rétrospective. Cette erreur est corrigée dans l'Histoire parlementaire.

Procès-verbal dressé par Sergent, administrateur de police, divisé en trois parties relatant : A. Sa conversation avec Rœderer et les membres de directoire du département, le 20 juin à cinq heures du matin ; B. Sa visite au faubourg Saint-Antoine dans la matinée ; C. Ce qui s'est passé en sa présence aux Tuileries, de six à neuf heures du soir. — Ce procès-verbal se trouve parmi les pièces imprimées par ordre du conseil général ; mais il n'a pas été réimprimé depuis.

Procès-verbal dressé à midi, le 20 juin, par Mouchet, Girard et Thomas, tous trois officiers municipaux, relatant les faits qui se sont passés en leur présence au faubourg Saint-Marcel. Imprimé en 1792 par ordre du conseil général de la commune, réimprimé dans la Revue rétrospective (p. 172) et dans l'Histoire parlementaire (tome XV, p. 124).

Procès-verbal dressé 20 juin 1792, par Mouchet et Boucher-Saint-Sauveur, officiers municipaux, sur les faits qui se sont passés en leur présence au château des Tuileries. Imprimé en 1792 par ordre du conseil de la commune, n'a pas été réimprimé depuis.

Rapport de Patris.

Rapport de Boucher-René.

Rapport de Hu.

Ces trois rapports ont été publiés par ordre du conseil générât de la commune.

Déclaration de Jallier.

Déclaration de Champion.

10° Déclaration de Borie.

11° Déclaration de J.-J. Leroux.

Ces quatre déclarations ont été publiées également par ordre du conseil de la commune.

12° Déclaration de Desmousseaux, substitut du procureur-syndic.

Elle a été publiée en 1792 dans le recueil des pièces imprimées par ordre du conseil général du département.

Les pièces signées Mouchet, Guiard, Thomas, Boucher-Saint-Sauveur, Hu, Patris, Boucher-René, sont intitulées rapports, parce que ces sept officiers municipaux avaient été officiellement délégués par le maire et le corps municipal pour se rendre dans les faubourgs et ensuite aux Tuileries. Les pièces signées Jallier, Champion, Borie, J.-J. Leroux, Desmousseaux, sont intitulées déclarations, parce que ces cinq officiers municipaux n'avaient pas ce jour-là de caractère officiel et qu'ils ne furent que spectateurs bénévoles des scènes qui se passèrent aux Tuileries. Chose digne de remarque, c'est que ces cinq derniers officiers municipaux, qui par leur conduite au 20 juin montrèrent un attachement inviolable aux principes constitutionnels, faisaient tous partie de la première formation du conseil général. Jallier était architecte ; Champion, avocat à la cour de cassation Desmousseaux, homme de loi J.-J. Leroux et Borie, régents de la Faculté de médecine. Au contraire, les cinq officiers municipaux qui, à raison de leurs opinions avancées, furent choisis par Pétion pour exercer des fonctions officielles aux Tuileries et aux abords du château — Guiard et Thomas n'allèrent' qu'au faubourg Saint-Marcet et ne furent plus en scène pendant tout le reste de la journée du 20 juin —, appartenaient tous à la seconde moitié du conseil général, laquelle fut élue au commencement de 1702. Mouchet était entrepreneur de bâtiments ; Hu, marchand épicier ; Boucher-René, homme de loi ; Boucher-Saint-Sauveur est qualifié de citoyen, et Patris, de commissaire de section, par l'Almanach royal de 1792.

 

II. — RAPPORTS DES OFFICIERS SUPÉRIEURS DE LA GARDE NATIONALE ET DE LA GENDARMERIE.

Rapport du commandant général de la garde nationale, Romainvilliers, et éclaircissements à la suite, imprimé dans les pièces publiées par ordre du département en 1792, sous les n° XV et XXXI ; reproduit dans la Revue rétrospective (pièce n°52, p. 214) et dans l'Histoire parlementaire (p. 147).

Rapport de Saint-Prix, commandant du bataillon du Val de Grâce, avec pièces à l'appui ; imprimé sous le n° XXXV dans les pièces du département.

Rapport d'Alexandre, commandant du bataillon de Saint-Marcel. Il est, nous le croyons, complètement inédit. Nous le donnons plus loin.

Rapport Santerre, commandant du bataillon des Enfants-Trouvés. Nous n'avons pu, malgré toutes nos recherches, en découvrir qu'un extrait, envoyé par l'administrateur de police Sergent au comité de surveillance de l'Assemblée nationale nous le donnons plus loin.

Toutes les pièces qui suivent ont été imprimées en 1792 dans le recueil publié par ordre du département :

Rapport de Pinon, chef de la 5e légion (sous le n° XXXVI) ;

Rapport de Mandat, chef de la 4e légion (sous le n° XXXIV) ;

Rapport d'Acloque, chef de la 2e légion (sous le n° XVI) ;

Rapport de La Chesnay, chef de la 6e légion (sous le n° XXIX) ;

Rapport de Leclercq, adjudant général de la 1re légion (sous le n° XXX) ;

10° Rapport de Rulhières, colonel de la 29e division de gendarmerie (sous le n° XXIV) ;

11° Rapport de Carle, lieutenant-colonel de la 30e division de gendarmerie (sous le n° XX) ;

12° Rapport de Lassus, premier capitaine de la 29e division de gendarmerie (sous le n° XXVI).

 

III. — DÉCLARATIONS DE GARDES NATIONAUX, GENDARMES ET AUTRES TÉMOINS.

Déclarations des sieurs Lecrosnier, Gossé, Guibout et Bidaut, tous quatre grenadiers du bataillon Sainte-Opportune, qui se trouvaient aux côtés du roi, au moment de l'envahissement du Château. Elles ont été imprimées en 1792 dans le recueil publié par les ordres du conseil général du département, sous les n° XI, XII, XIII et XIV ; réimprimées dans la Revue rétrospective et dans l'Histoire parlementaire.

Déclaration de Fontaine, garde national du bataillon de Sainte-Geneviève, qui se trouvait également à côté du roi ; imprimée dans le recueil publié par le département (sous le n° XXXVII).

Déclaration de Jaladon, garde national et citoyen actif de la section du Roi-de-Sicile, qui se trouvait dans les appartements de la reine (recueil de 1792, n° XVII).

Déclaration de Lareynie, garde national du bataillon de l'île Saint-Louis, imprimée dans le recueil de 1792, sous le n° XXXVII bis ; réimprimée dans les pièces justificatives du tome III de la Révolution française de M. Thiers, et dans l'Histoire parlementaire de MM. Bûchez et Roux (page 116).

Déclaration de Perré, commandant du bataillon des Petits-Pères et de plusieurs grenadiers du même bataillon (recueil de 1792, n° X).

Déclarations de Marotte, adjudant de la 29e division de gendarmerie ; de Pierre Moiteaux et de Jean Foret, gendarmes de la 29e division. — C'étaient les deux gendarmes qui se trouvaient en vedettes devant la porte de la cour royale. — Recueil de 1792 (sous les n° XXVII, XXV et XXVIII).

Déclaration de Joseph Brou, suisse de la porte royale (n° XXXII du recueil de 1792).

Lettre de Laporte, intendant de la liste civile, adressée à M. Terrier de Montciel, ministre de l'intérieur, à la date du 27 juin, relativement à l'ouverture des portes des Tuileries. Cette lettre ne paraît pas avoir été jamais publiée. Nous la donnons plus loin.

Lettre de Terrier de Montciel, ministre de l'intérieur, au directoire du département, en date du 26 juin et relative à la conversation que Louis XVI eut, le 20 juin, vers trois heures, avec les municipaux Mouchet, Boucher-Saint-Sauveur et Boucher-René ; imprimée dans le recueil de 1792 et reproduite dans la Revue rétrospective.

10° Déclaration de Muserey, employé au bureau de liquidation, et relative à la présence de Manuel dans le jardin des Tuileries au moment de l'envahissement du Château (recueil de 1792, n° XXIII).

11° Déclarations reçues par le juge de paix de la section du Roi-de-Sicile, comprenant, outre la déclaration de Lareynie, citée déjà plus haut, celle de Mussey, commandant en deuxième du bataillon du petit Saint-Antoine, des gardes nationaux Turot, Cuvillier, Balin, Guffroy et Legrand, appartenant au même bataillon. Elles ont été imprimées — sous le n° XXXVII —, dans le recueil de 1792.

12° Extrait du procès-verbal des déclarations reçues par le juge de paix de la section des Tuileries. Cette pièce ne paraît pas avoir été imprimée. Nous la donnons plus loin.

 

IV. — RAPPORTS ET ARRÊTÉS.

Arrêté du directoire du département, en date du 19 juin 1792, défendant tout rassemblement imprimé dans le Moniteur et dans le Journal des Débats et Décrets, dans la Revue rétrospective (p. 164) et dans l'Histoire parlementaire (p. 114).

Extrait des procès-verbaux du comité de la section de la rue de Montreuil, imprimé dans la Revue rétrospective (p. 175).

Conduite tenue par le maire de Paris, à l'occasion des évènements du 20 juin 1792 ; imprimé en 1792 reproduit par la Revue rétrospective et l'Histoire parlementaire.

Rapport du procureur-général-syndic Rœderer, sur la conduite de Pétion et de Manuel, lu à l'assemblée, presque en entier, par Brissot, à la séance du 13 juillet ; donné in extenso par le Moniteur du 16 juillet 1792, reproduit en très-grande partie dans l'Histoire parlementaire.

Rapport fait au conseil dit département par MM. Garnier, Leveillard et Demautort, commissaires nommés par le conseil imprimé dans la Revue rétrospective (p. 255).

Arrêté du conseil général du département qui suspend Pétion, imprimé en tête du recueil de 1792.

 

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PIÈCES INÉDITES.

Extraits du procès-verbal des déclarations reçues par le juge de paix de la section des Tuileries sur la journée du 20 juin, daté, au commencement, du 25 juin 1792.

I. — M. WITINGHOFF, lieutenant général, commandant en chef de la Indivision, demeurant aux Tuileries, a déclaré que le commandant général de la garde nationale n'ayant pas donné d'ordre aux troupes de l'intérieur ni de l'extérieur du Château de défendre l'entrée à la troupe du sieur Santerre, évaluée à sept ou huit mille hommes, n'ayant pas même fait connaître la loi de repousser la force par la force, deux officiers municipaux, qu'il a appris depuis être les sieurs Patris et Hu, à la tête de sept à huit mille hommes, ont demandé l'ouverture de la porte royale.

II. M. GENTY, premier valet de garde-robe du roi, demeurant rue du Chantre, a déclaré qu'étant de service le mercredi 20 juin, il vit arriver dans le cabinet du roi, sur une heure après midi, trois officiers municipaux qui dirent au roi que la porte de là terrasse des Feuillants était fermée, et que les citoyens ne pouvaient défiler par cette porte qu'ils avaient été surpris d'y voir un canon, et que des citoyens qui marchaient légalement ne pouvaient qu'être offensés de se voir soupçonnés de mauvaises intentions ; que l'un d'eux, qu'il a su depuis être le sieur Mouchet, ajouta que le rassemblement n'était autre chose que des citoyens qui s'étaient réunis pour faire une pétition à l'Assemblée nationale, et ensuite célébrer une fête civique à l'occasion de l'anniversaire du serment du Jeu de Paume ; qu'à la vérité, ces citoyens étaient revêtus des mêmes habits et avaient les mêmes armes qu'au 1er juillet 1789 ; — que le roi leur répondit : Vous devez faire exécuter la loi. Concertez-vous avec le commandant général de la garde nationale, si vous le jugez nécessaire. Messieurs, faites ouvrir la porte des Feuillants qu'ils défilent le long de la terrasse ; faites en sorte que la tranquillité publique ne soit pas troublée votre devoir est d'y veiller.

III. — M. MONTMORIN, maire de Fontainebleau, demeurant rue de la Pépinière, faubourg Saint-Honoré, a déclaré que M. Vergniaud, ni les autres députés de l'Assemblée nationale, ni les huissiers, ni les officiers de paix ne purent calmer l'effervescence, ni ramener le silence que M. Pétion étant arrivé, H se fit un grand silence, et qu'il tint à peu près le discours suivant, après avoir rappelé la confiance qu'on avait en lui. : Citoyens, vous vous êtes présentés ici avec dignité et avec la majesté d'un peuple libre. Vous avez représenté ce que vous désirez ; vous l'avez fait avec sagesse ; le roi ne peut pas s'expliquer dans ce moment ; il faudrait lui laisser le temps de délibérer. Il serait peut-être même dangereux qu'il levât son veto, parce qu'on pourrait dire qu'il n'était pas libre. Maintenant, il faut vous retirer avec sagesse, de peur qu'on ne calomnie les intentions du peuple.

IV. — LE SIEUR HÉMERY, négociant, grenadier volontaire du bataillon Saint-Jacques-l'Hôpital, demeurant rue Saint-Denis, a déclare que M. Pétion étant arrivé entre cinq et six heures au Château, assisté d'officiers municipaux, parla au roi, puis, se retournant vers le peuple, le harangua, en disant : Vous êtes entrés en hommes libres, vous avez fait votre motion ; en restant plus longtemps, vous donneriez lieu à la calomnie. Citoyens, défilez devant le roi, et retirez-vous avec la même dignité avec laquelle vous êtes entrés.

V. — LES SIEURS DORIVAL ET DOSSONVILLE, officiers de paix, demeurant tous deux rue de Bourbon, ont déclaré que M. Pétion a dit au peuple qu'après être entré avec dignité il ne devait pas donner lieu à calomnier sa démarche, qu'il ne devait pas souiller cette journée. L'un d'eux a observé qu'un officier municipal, en habit gris, revêtu de son écharpe, qui n'est pas M. Sergent, sollicitait le peuple de demander le rappel des ministres patriotes et la sanction du décret du camp de vingt mille hommes ; mais il n'a pu dire le nom de cet officier.

VI. — LE SIEUR GUINGUEULOT, lieutenant-colonel de la 30e division de la gendarmerie nationale, a déclaré qu'au moment où l'on forçait les portes du Château, il a entendu dire à plusieurs volontaires de la garde nationale : Nous périrons plutôt que de les laisser entrer ; et à d'autres : Nous n'avons pas d'ordres, ni d'officiers pour nous commander.

VII. — M. LESIEUR, député du département de t'Orne, a déclaré que, vers six heures du soir, on entendit annoncer l'arrivée de M. Pétion ; qu'il entra au milieu des applaudissements, M. Sergent avec lui qu'il pénétra jusqu'au roi, et lui dit qu'il n'avait rien à craindre au milieu du peuple ; que le roi répondit qu'il ne craignait rien et qu'on pouvait remarquer sa tranquillité ; que M. Pétion obtint le silence, et dit au peuple qu'après s'être conduit avec dignité et avoir exprimé sa volonté au roi i) devait se retirer, crainte de donner occasion de calomnier les citoyens et les magistrats en qui ils avaient confiance, et exhorta le peuple à continuer de se conduire en hommes libres.

VIII. — M. BECQUEY, député du département de la Haute-Marne, a déclaré que le mercredi 20 juin, s'étant rendu au château des Tuileries avec quelques-uns de ses collègues, sur ce qu'il apprit des dangers du roi et de sa famille, il vit arriver, deux heures après les députés, M. Pétion, qui parla au roi et ensuite-a la multitude, et commença par la féliciter sur ce qu'elle avait exprimé son vœu avec dignité, et l'engagea à ne commettre aucune violence envers le roi, observant que si le roi levait sur-le-champ son veto, comme on l'exigeait, les ennemis de la Constitution diraient qu'il n'était pas libre, et qu'on ne manquerait pas de calomnier encore le peuple.

IX. – M. VINFRAY, capitaine de la 1re division de la gendarmerie nationale, demeurant à Villejuif, a déclaré qu'il a remarqué dans la foule et dans la salle de l'Œil-de-Bœuf un jeune homme d'une très-jolie figure qui, ayant pénétré assez près du roi, lui dit avec une véhémence qui était plutôt de l'audace : Sire, vous n'êtes pas accoutumé à entendre la vérité. Je vais vous la dire au nom du peuple, et le peuple en ce moment parle par ma voix. Si vous ne sanctionnez pas les décrets de l'Assemblée, si vous ne rappelez pas les ministres patriotes, si vous ne marchez pas la Constitution à la main, nous vous ferons descendre du trône : le règne des tyrans est passé ! que M. Pétion, qui était près de ce jeune homme, écoutait ce discours et n'a pas dit un mot pour lui en imposer.

Signé : MENIAUD, juge de paix.

 

RAPPORT D'ALEXANDRE.

Monsieur le maire,

J'ai l'honneur de vous faire passer, comme j'en suis convenu avec vous de vive voix, l'exposé de ma conduite dans l'affaire du 20 juin dernier.

Je vous laisse le maître d'y faire les changements, augmentations ou retranchements que vous croirez convenables. Si vous croyez qu'il soit nécessaire que j'aie à cet égard une conférence particulière avec vous, je suis et je serai toujours à vos ordres. Mais, en tout état de choses, je vous prie de m'honorer d'une prompte réponse.

Le quartier continue d'être dans la plus parfaite tranquillité ; et M. le commissaire de police et moi contribuons de tous les moyens à le maintenir dans cet état, et a nous conformer aux sages intentions que vous nous avez manifestées à cet égard. n Je suis avec respect, etc.

Signé : ALEXANDRE.

 

Exposé de la conduite du commandant en chef du bataillon de Saint-Marcel dans la journée du 20 juin 1792.

Je n'ai jamais eu la sotte vanité d'être un personnage, ni même la pensée de jouer un rôle dans les affaires actuelles ; appelé à la place de commandant sans l'avoir briguée, sans même l'avoir désirée un moment, j'ai toujours cru que le bataillon rie devait point adopter d'opinion particulière ; qu'il ne devait point être influencé et dirigé selon les vues particulières d'un homme, d'un parti ou d'une faction, et je me suis constamment efforcé de le faire marcher droit dans la ligne de devoir qui lui est tracée par les décrets de t'Assemblée nationale.

Cette conduite, qui aurait dû me mettre à jamais à l'abri de tous reproches, de tous soupçons, de toutes inquiétudes, a produit un effet précisément contraire ; quelques hommes sans mérite réel sans considération méritée, mais bouffis de cet orgueil qu'inspirent la sottise, un peu de fortune, des places sans doute plus à craindre qu'à désirer, ayant peut-être par la position où ils se trouvent des vues particulières et rien moins que civiques, se sont depuis deux à trois mois acharnés, contre moi, et ont constamment empoisonné les démarches les plus simples et les plus innocentes. Ils ont cherché à me faire passer pour un brûlot, un factieux, lorsqu'en vérité je n'ai rien de ce qu'il faut pour mériter ces titres sublimes. Enfin, ils ont saisi avec une sagacité rare la circonstance du 20 juin dernier, pour me porter, selon eux, le dernier coup. Un exposé simple de ma conduite dans cette journée sutura, j'espère, pour détruire les impressions fâcheuses que la calomnie maladroite de mes détracteurs aurait pu produire chez ce qu'on peut appeler à juste titre les honnêtes gens. Quant aux autres, comme ce n'est pas pour eux que j'écris, je m'inquiète peu de l'opinion qu'ils auront de moi.

Je savais, comme tout le public, que les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel devaient se réunir pour aller ensemble, en armes, planter l'arbre de la liberté sur la terrasse des Feuillants, présenter une pétition à l'Assemblée nationale et une adresse au roi. Mais quand et par quels moyens devait s'opérer cette réunion, ce que devaient contenir et la pétition et l'adresse, c'est ce dont on ne m'instruisit pas, malgré la confiance que m'ont toujours témoignée les citoyens, et il est de fait que j'ignore encore ce que contenaient l'adresse et la pétition, dont les motifs et les expressions ne sont jamais parvenus jusqu'à moi.

Le 19 dans la journée, je reçus une lettre, sans date, du président de la section des Gobelins, par laquelle il me prévenait de ce qui devait se passer et me priait d'examiner si, dans une circonstance aussi délicate qu'extraordinaire, il ne convenait pas que je parusse an milieu de mes frères, et il finissait par ces mots : La présence d'un commandant comme vous, qui réunit l'estime et la confiance générales, est seule capable de maintenir l'ordre nécessaire à un grand rassemblement d'hommes armés.

Il y avait assemblée de section le soir. Je m'y rendis et j'eus lieu de me convaincre que le parti était tellement pris qu'on le ferait difficilement changer. Là, on m'apporta une lettre par laquelle MM. les administrateurs au département de police me priaient de me trouver sans faute à neuf heures du soir chez M. le maire, pour causer avec eux et lui d'un objet important.

Cette lettre me paraissant avoir une liaison intime avec les événements qui se préparaient, j'en donnai connaissance à l'assemblée, en la priant de trouver bon que je me rendisse à cette invitation, de ne se dissoudre qu'à mon retour, lors duquel je lui rendrais compte de ce qui aurait été arrêté au comité qui allait se tenir chez M. le maire. Je me rendis sur-le-champ à la mairie et j'y vis arriver successivement M. Santerre, que je connais très-peu, et d'autres commandants que je ne connais pas du tout.

M. le maire et MM. les administrateurs de police nous demandèrent quelles étaient les dispositions de nos concitoyens ; je répondis, pour ce qui me concernait, que leur opinion me paraissait bien prononcée, que l'on tenterait vainement de la faire changer ; qu'il y aurait peut-être un grand danger à vouloir opposer la force pour en empêcher le résultat ; qu'au surplus, je n'avais remarqué dans le peuple aucune disposition à insulter les personnes ou les propriétés de qui que ce soit, encore moins les autorités constituées, et qu'un moyen aussi sage que simple serait non pas d'empêcher la démarche projetée, mais de la diriger, de la suivre, de la légaliser en quelque sorte, et qu'alors j'oserais répondre de l'événement.

M. le maire me parla alors de l'arrêté que venait de prendre le département, et je pensai, en en faisant l'observation, que cette mesure, très-bonne en elle-même, arrivait trop tard pour obtenir quelque succès.

Il me demanda ensuite quelles étaient mes dispositions particulières et ce que je comptais faire, et je lui répondis sans balancer que, si les citoyens de mon arrondissement ne changeaient pas d'idée, j'étais résolu de marcher avec eux, et j'expliquai mes motifs que voici

Il ne fallait pas une grande force de raisonnement pour sentir que, dans les circonstances aussi neuves que délicates ou je me trouvais, il n'y avait que deux partis à prendre celui de rester ou celui de marcher.

Mais en restant j'aigrissais mes concitoyens et je perdais par là, et dans un moment, toute la confiance qu'ils avaient en moi, j'exposais tout à la fois ma personne et ma maison à être forcées, et je n'empêchais point du tout l'effet de la marche projetée. D'ailleurs, j'étais fort aise qu'en cas d'un événement fâcheux ma maison, qui sans doute aurait été respectée, pût servir d'asile à mon père et à quelques amis qui me sont infiniment chers. Or, à quoi bon une .résistance qui ne peut être d'aucune utilité pour la chose publique, qui même peut la compromettre davantage. Certes, s'il m'eût été démontré qu'elle eût pu empêcher la démarche sur laquelle quelques personnes affectent de gémir aujourd'hui, j'aurais eu sans doute assez de fermeté et de courage pour m'y opposer. L'un et l'autre ne m'ont jamais manqué au besoin, et je crois l'avoir prouve dans l'affaire des sucres.

En marchant, au contraire, je conservais cette même confiance, et tel était l'heureux effet.que j'en attendais, que j'empêcherais mes camarades de se porter à aucuns excès fâcheux, et à modérer leur courage et leur impatience si on venait à les provoquer et à les insulter, comme il n'y avait que trop lieu de le croire d'après les rapports aussi fréquents que fâcheux que l'on venait faire à la mairie.

M. le maire questionna les autres commandants convoqués, et ils firent les réponses qu'ils crurent convenables.

Alors, espérant faire changer quelque chose à t'arrêté du département, M. le maire et les administrateurs passèrent dans une autre pièce pour se concerter et écrire au directoire ; bientôt après ils rentrèrent et nous invitèrent à nous retirer, en nous disant que nous serions instruits de la réponse qui leur serait faite, et, à tout événement, M. le maire m'engagea d'écrire à M. le commandant générât pour le prévenir de ce qui se préparait et le prier de me donner à cet égard les instructions qu'il croirait convenables il était alors une heure du matin. Je retournai à t'assemblée de la section où je rendis compte de ce qui venait de se passer. On me dit que, pendant mon absence, on avait pris une délibération pour marcher, et en même temps le président me remit une lettre, pour me prier de me trouver au lieu du rassemblement qui devait s'opérer sur le boulevard de l'Hôpital, d'où l'on partirait à huit heures du matin. Avant de rentrer chez moi, j'entrai au corps de garde, où je fis la lettre que M. le maire m'avait recommandé d'écrire à M. le commandant général, et je donnai l'ordre à un soldat de garde de la .porter vers les quatre heures du matin. J'étais à peine chez moi, dans mon lit, que je reçus, par une ordonnance de M. — le nom est omis —, capitaine, faisant les fonctions de chef de la seconde légion, une lettre conçue en ces termes : En vertu de l'ordre de M. le commandant général, je vous prie de vous tenir à votre poste prêt à marcher avec votre bataillon qui peut être très-prochainement. On voit que ces derniers mots ne sont ni français ni intelligibles. A six heures on m'apporta la réponse de M. le commandant général. On avait eu beaucoup de peine à l'obtenir, et il ne la fit qu'après avoir déploré pendant une demi-heure ce qu'avait de triste sa position, et combien il était dur d'être éveillé à cinq heures du matin quand il n'avait pu se coucher qu'à dix heures du soir.

Elle contenait des principes très-bons et très-vrais en eux-mêmes, mais qui n'avaient aucune application à la circonstance dont je lui avais rendu compte et méritait — c'était bien le cas de le dire avec le fou de Scarron — :

Cette réponse est bonne et belle,

Mais en enfer de quoi sert-elle ?

D'ailleurs elle impliquait en quelque sorte contradiction avec l'ordre que je viens de copier littéralement, puisqu'ici il invoquait la loi qui défend de marcher sans réquisition ; et que là je recevais l'ordre de me tenir prêt à marcher avec mon bataillon, ce qui nécessitait un rassemblement préliminaire.

A sept heures je reçus, par une ordonnance de gendarmerie, copie de la lettre répondue à M. le maire par le directoire, avec prière de m'y conformer et d'éclairer mes concitoyens.

Peu de moments après arriva chez moi M. Perron, administrateur de police, qui venait au nom de la commune engager les citoyens à se désister de leur projet.

Je le conduisis au comité de la section où il remplit sa mission, et de là nous fûmes, lui, le président du district, le commissaire de police en chaperon et moi, au lieu du rassemblement.

Je fis faire un roulement les citoyens s'étant rangés en cercle, je donnai à haute voix lecture : 1° de la lettre du chef de légion ; 2° de la réponse du commandant général ; et 3° de la lettre du directoire du département. Je demandai ensuite qu'on fît un grand silence pour écouter M. l'administrateur. A peine avait-il commencé à parler pour rappeler le peuple à son devoir et à l'obéissance due aux lois, qu'il s'éleva de violents murmures ; inutilement le commissaire de police et moi fîmes-nous les plus grands efforts pour rétablir le calme, nous ne fûmes pas écoutés, et un volontaire s'étant approché de moi me dit publiquement : Monsieur le commandant, vous marcherez forcé.

Voyant qu'il était impossible d'être entendu, je priai M. Perron de constater ce qui venait de se passer, pour sa décharge et la mienne il me le promit et se retira.

On s'ébranlait pour partir, quand il arriva trois officiers municipaux, en écharpe et les larmes aux yeux, pour nous conjurer de rester ; on les écouta, non sans les interrompre fréquemment, et ils ne purent rien changer à la résolution déjà prise.

Au moment où l'on se mettait en marche, je reçus l'arrêté du corps municipal qui, sur la réquisition du. procureur-syndic, permettait de marcher aux citoyens de tous uniformes et de toutes armes sous le commandement des officiers du bataillon, et j'avoue que cet arrêté me soulagea d'un poids énorme et que, dans la circonstance, je le regardai comme un grand bienfait.

Nous marchâmes donc et nous joignîmes les habitants du faubourg Saint-Antoine dans leur quartier.

La jonction s'étant opérée sans accident, nous dirigeâmes ensemble nos pas vers l'Assemblée nationale.

La route était longue ; tout se passa en ordre, personne ne fut insulté, et presque partout le peuple témoigna sa joie et sa satisfaction par des applaudissements et des acclamations multipliées.

Arrivés au bout de la rue Saint-Honoré, près des Feuillants, on fit halte ; Les pétitionnaires entrèrent sans armes, et peu de temps après on vint nous dire que l'Assemblée nous permettait de défiler devant elle.

Alors je donnai l'ordre aux canonniers et à un fort piquet qui escortait les pièces de canon d'aller nous attendre dans la place du Carrousel et de se ranger le long des murs de l'hôtel de Longueville, et ils exécutèrent cet ordre avec exactitude et précision.

Nous défilâmes donc devant l'Assemblée nationale, et aux applaudissements que nous prodigua la grande majorité il parut que notre démarche ne lui déplaisait pas.

Le défilé fut long, mais enfin, après avoir rassemblé le gros de mes camarades, nous fûmes rejoindre en ordre les canons et les piquets qui nous attendaient à l'hôtel Longueville.

Il y avait déjà longtemps que nous y étions dans le meilleur ordre possible, sans que personne se fût écarté de son poste, et déjà nous délibérions si nous ne reprendrions pas le chemin de notre quartier, lorsque plusieurs camarades, voyant le Château ouvert et le peuple défiler en armes dans les appartements, crurent que le roi avait accordé la même grâce que l'Assemblée nationale, et me prièrent de me mettre à leur tête pour traverser les appartements comme les autres..

Nous pénétrâmes donc dans la cour des Tuileries ; mais, quand ils virent la confusion et le désordre qui y régnaient, quand ils surent que c'était contre le gré du roi qu'on s'était introduit dans ses appartements, pas un n'insista pour y monter, et je puis assurer, affirmer que pas un de ceux que je commande, avec lesquels je vis habituellement, en un mot, pas un de ceux qui composent le bataillon proprement dit, ne fit un pas, une démarche tendant à augmenter le trouble ; bien plus, voyant que pas un des officiers supérieurs de la garde nationale ne se présentait pour donner des ordres tendant à faire évacuer les appartements et à rétablir le calme, mes camarades se rangèrent en haie de chaque côte, à partir de la grille du vestibule, pour tâcher de former un passage, et moi-même je me portai à cette grille avec quelques grenadiers, sur la force et l'intelligence desquels je comptais, pour empêcher, d'une part, qu'on ne montât plus dans tes appartements, et, de l'autre, tâcher de faire écouler ceux qui s'y étaient introduits et, a cet égard, j'invoque le témoignage de M. le maire qui, quand il arriva, me trouva à ce poste mais n'étant pas secondés, après une heure et demie de peine, de fatigue, de résistance et d'injures, nous fûmes enfoncés, dispersés par l'affluence de ceux qui se précipitaient pour entrer.

Après nous être cherchés mutuellement dans la foule, nous parvînmes à nous rallier ; nous rejoignîmes nos canons qui n'avaient pas changé de place, et nous partîmes tous ensemble pour rejoindre nos foyers :

Tel est le récit exact des faits dont j'ai eu connaissance et auxquels j'ai pris part. Je laisse à ceux qui se sont fait le système de calomnier toutes mes actions le soin d'empoisonner ma conduite par tous les moyens possibles, car je ne leur ferai pas l'honneur de leur répondre. Tout ce que je puis dire avec une grande vérité c'est que, dans toutes mes actions, dans toutes mes démarches depuis, je n'ai eu qu'un but unique celui du bien et de l'intérêt dé ma patrie. Si je me suis trompé, c'est faute de talents et de connaissance, mais mon intention était pure. Encore un mot sans avoir la présomption de me mettre sur la même ligne que M. le maire, auquel je voudrais bien ressembler, je finirai comme lui en disant que personne n'a reçu une blessure, et que c'est le plus bel éloge de ce peuple que l'on calomnie d'une manière si indigne et si peu méritée. Comme lui, je conclus par rendre du fond de mon cœur des actions de grâces à l'Être suprême.

 

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EXTRAIT DU RAPPORT FAIT PAR SANTERRE AU MAIRE.

M. Santerre adresse un rapport à M. le maire contenant la conduite qu'il a tenue dans la journée du 20. Il le prévient en même temps que leurs deux têtes sont à prix ; que les ennemis de la révolution sont actuellement en gardes nationaux, qu'ils sont mêlés dans les bataillons et soulèvent les gens de bonne foi. Il engage M. le maire à prendre des mesures, soit en convoquant les sections, soit en convoquant une députation de chaque bataillon pour se concerter avec le magistrat sur les mesures à prendre pour empêcher la guerre civile. M. Santerre dit dans son rapport qu'ayant pénétré avec beaucoup de peine dans la chambre du conseil où était la reine, il lui adressa, en présence de M. Lajard et de plusieurs personnes de la cour, ces paroles : Madame, vous êtes trompée ; le peuple ne vous veut pas de mal ; si vous vouliez, il n'y aurait pas un d'eux qui ne vous aimât autant que cet enfant — en montrant le prince royal — ; sauvez la France, vos amis vous trompent, il n'y a pas à craindre pour vous. Je vais vous le prouver en vous servant de plastron. Cet officier observe que toutes les personnes de la cour ont été témoins que, sans ses forces physiques et ses soins envers le peuple, on ne serait pas venu à bout de faire évacuer les appartements malgré la garde immense à quoi il n'avait cependant réussi complètement que lorsque le roi eut promis justice au peuple et s'était retiré.

 

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OUVERTURE DE LA PORTE DE LA COUR ROYALE.

Paris, le 27 juin d792.

À la réception, monsieur, de la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire hier, j'ai envoyé chercher les suisses des portes des cours du château des Tuileries qui y étaient de service le 20 de ce mois. Comme, d'après la lettre de M. le procureur-général-syndic dont copie était jointe à la vôtre, monsieur, il n'y a rien de judiciaire dans les informations du département, je n'ai pas cru devoir faire signer les suisses. Je me suis contenté de prendre par écrit leur déclaration, mais ils sont prêts à la signer dans telle forme, même judiciaire, qu'on jugerait à propos de leur prescrire.

L'intendant de la liste civille,

Signé : LAPORTE.

 

De la main de Laporte, la note qui suit :

Je n'ai, monsieur, pu encore joindre que le suisse de la porte royale dont j'ai l'honneur de vous adresser la déposition. Je vais voir ceux des cours des Princes et des Suisses, mais il paraît qu'il n'y a eu de forcé que la porte royale.

M. Terrier de Montciel, ministre de l'intérieur.