HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION DE 1848

PREMIÈRE PARTIE

 

CHAPITRE III. — SITUATION EXTÉRIEURE. – FAMILLE ROYALE.

 

 

Ainsi embarrassé, tenu en échec à l’intérieur par l’opposition réformiste, le ministère n’avait pas au dehors une situation beaucoup plus nette. L’alliance anglaise, toujours précaire et chèrement achetée, fortement ébranlée sous le ministère Thiers par les dissentiments sur les affaires d’Orient, n’existait plus, même en apparence, depuis le mariage du duc de Montpensier. En vain Louis-Philippe épuisait-il les petits artifices de sa diplomatie personnelle pour déjouer l’influence hostile de lord Palmerston et ramener à de meilleurs sentiments la reine Victoria ; en vain s’était-il efforcé, dans des lettres intimes, d’expliquer, de commenter, de justifier, pièces en main, les négociations de cette alliance espagnole qui offusquait si fort l’orgueil de l’Angleterre ; toutes ces condescendances étaient demeurées sans résultat. Lord Palmerston continuait à nous attaquer partout, en Italie, en Espagne, en Orient.

M. Guizot dépité se tournait vers l’Autriche, et faisait au prince de Metternich des ouvertures auxquelles le vieux ministre prêtait depuis quelque temps une oreille plus favorable. Quoiqu’il ne prévit pas des catastrophes immédiates, le prince de Metternich s’abusait moins que le cabinet français sur l’état de l’Europe, parce qu’il le connaissait mieux. Il voyait s’amasser les difficultés, se compliquer les événements ; il comprenait l’importance, pour l’Autriche, d’enlever l’appui de la France au mouvement révolutionnaire[1]. Ce fut le but de son rapprochement ; il eut bientôt à s’en applaudir. Au lieu de seconder en Suisse l’effort des radicaux pour créer un pouvoir central qui les mit à même de réviser le pacte fédéral, cette œuvre absurde du congrès de Vienne, M. Guizot soutenait, avec une opiniâtreté inconcevable, l’intégrité des traités de 1815, qu’il avait naguère, devant les Chambres, déclaré violés par l’occupation de Cracovie. S’éprenant d’un amour singulier pour les libertés cantonales, le protestant, le philosophe défendait avec véhémence les jésuites de Lucerne et la ligue séparée. Notre ambassadeur avait ordre d’encourager par tous les moyens la résistance, et de menacer la Diète en termes à la fois violents et ambigus, qui fissent croire à une intervention sans y engager, car on la savait chez nous impossible. La politique de Louis-Philippe, c’était de fomenter la guerre civile pour se donner le temps de concerter une médiation des cinq puissances[2] qui eût détruit l’indépendance helvétique. Triste dessein, conçu et conduit avec hésitation, avorté en quelques heures, par la faiblesse de ce parti dont on avait voulu enfler l’audace sans lui accorder d’autres secours que des promesses vagues et des envois d’armes clandestins ; mis à néant par la fermeté de la Diète, qui, avertie par la diplomatie anglaise du peu qu’elle avait à redouter de nos velléités d’intimidation, termina, sans presque verser de sang, une lutte insensée[3] !

En Prusse, Frédéric-Guillaume, après avoir convoqué, par fantaisie d’imagination et désir de popularité, les États-généraux, refusait de leur accorder une charte, et, tout en lançant des épigrammes contre le régime constitutionnel de la France, il donnait à la sagesse, à l’énergie ; à l’habileté avec lesquelles le roi éludait les conséquences fâcheuses de ce régime, des louanges qui n’étaient pas de nature à réconcilier Louis-Philippe avec les libéraux français.

En Italie, le pape Pie IX avait accordé des réformes auxquelles le pays tout entier applaudissait. De proche en proche, le Saint-Père, qui n’avait songé d’abord qu’à des réformes administratives, se voyait conduit à l’émancipation politique, et reculait effrayé, mais trop tard. L’esprit de liberté s’était ranimé soudain dans ces belles populations italiennes. Le royaume de Naples, la Toscane, le Piémont demandaient des constitutions. La Lombardie s’agitait. L’Autriche faisait avancer des troupes. Nos diplomates assistaient indécis à cette résurrection des nationalités ; ils parlaient un langage équivoque ; ils rendaient à M. Guizot, préoccupé de l’alliance autrichienne bien plus que de l’affranchissement de l’Italie, un compte si peu exact de la situation, que celui-ci, quarante-huit heures avant la révolution de Palerme, croyait encore la répression aisée et la cause des Bourbons hors de péril.

Pour se consoler de ses échecs et de l’indignation que soulevait, en France et à l’étranger, une politique si contraire à nos traditions, à nos intérêts, à notre honneur, M. Guizot se berçait d’un vague espoir de rapprochement avec l’empereur de Russie. Depuis quelque temps, Nicolas se montrait, non pas plus gracieux, mais moins insultant envers la gouvernement français ; il avait imposé silence à cette verve sarcastique qui, depuis 1850, s’exerçait impitoyablement sur la personne de Louis-Philippe ; il venait d’acheter pour cinquante millions de rentes françaises. Enfin le grand-duc Constantin, autorisé à passer quelques heures à Toulon au retour d’un voyage en Afrique, échangeait des présents avec le duc d’Aumale. C’est sur d’aussi faibles indices de bon vouloir que M. Guizot, tout prêt à effacer seize ans d’injures, fondait l’espérance d’une alliance chimérique. C’est dans une situation telle, à l’extérieur et à l’intérieur, que sa présomption redoublait, et que le ministre ouvrait les Chambres par le discours le plus provocateur qui eût encore été prononcé depuis 1830.

Et cependant une tristesse pleine d’anxiété pesait sur les esprits. On ne prévoyait point encore, mais on pressentait quelque catastrophe. Les conservateurs murmuraient tout bas que Louis-Philippe vieillissait, qu’il voyait moins juste et s’opiniâtrait davantage dans ses erreurs. Le silence de M. Guizot accréditait une opinion qui le soulageait par moments d’une responsabilité incommode. On discutait, sans trop se gêner, les éventualités qui pourraient surgir à la mort du roi[4] ; on s’effrayait des troubles qu’amènerait une régence disputée. La mort subite de madame Adélaïde parut à chacun le présage de jours néfastes pour la dynastie. Personne n’ignorait la part considérable que cette princesse avait toujours eue dans les conseils du trône. Seule confidente des pensées intimes de Louis-Philippe, parce que seule, dans tout ce qui l’entourait, elle avait, par nature et par éducation, des ambitions de même trempe que son frère, madame Adélaïde, depuis la révolution de Juillet, jouait un rôle important aux Tuileries. Femme d’habileté et de résolution, elle avait pris, lors de cette révolution, une initiative hardie dont Louis-Philippe était incapable. Ce prince lui savait gré de l’avoir, en quelque sorte, poussé au trône. Madame Adélaïde était, d’ailleurs, pour lui un négociateur officieux, un précieux intermédiaire dans ses rapports compliqués et délicats avec les hommes politiques. Elle laissait par sa mort une place vide que personne ne pouvait occuper. Comme elle ne comptait que quatre années de moins que Louis-Philippe, sa fin semblait un avertissement. L’existence du roi pesait d’un si grand poids dans l’opinion que toutes les craintes, toutes les espérances demeuraient suspendues et s’ajournaient après son dernier soupir[5].

Depuis quelque temps aussi l’on s’entretenait des rivalités qui divisaient la famille royale. L’attendrissement qu’avait causé, en 1830, à la bourgeoisie, le spectacle de cet intérieur où régnait alors la plus parfaite concorde, avait fait place à des observations malignes qui donnaient cours à mille bruits injurieux. Le roi, disait-on, surveillait ses enfants avec une défiance extrême : il redoutait de les voir devenir trop populaires, et les retenait, sans jamais se relâcher de sa rigueur, dans une dépendance détestée. Se souvenant de l’influence qu’avait exercée son salon sous le règne de Charles X, il voulait surtout éviter que les salons des jeunes princes devinssent des foyers d’opposition et de cabales. La dévotion de la reine servait, en cela comme en beaucoup d’autres choses, la politique d’un époux auquel elle vouait une admiration sans bornes et une soumission passionnée. Autour de la table à ouvrage de Marie-Amélie, une étiquette rigide rassemblait chaque soir de jeunes princesses que le bruit des fêtes et des plaisirs, les images lointaines d’une vie libre et joyeuse faisaient soupirer. Un ennui mortel glaçait ces réunions, d’où la gaieté était bannie comme une inconvenance. La duchesse d’Orléans pouvait seule, par le privilège de sa position, s’en exempter quelquefois. Assez mal vue du roi, qui la trouvait trop intelligente, objet d’un ressentiment caché de la part de la reine, qui attribuait à des alliances hérétiques, réprouvées par le ciel, la mort prématurée de ses deux enfants de prédilection[6] ; peu recherchée des autres princesses à cause de ses goûts sérieux et des ambitions qu’on lui supposait, la mère de l’héritier du trône se tenait à l’écart. L’éducation de ses deux fils occupait le temps le plus considérable de son veuvage sévère. Le culte qu’elle consacrait à la mémoire de son mari remplissait les heures que les soins de la maternité n’absorbaient pas. Bien qu’observée et suspecte, la duchesse d’Orléans entretenait discrètement quelques relations politiques et cherchait avec mesure à se faire connaître du peuple. M. Molé exerçait de l’empire sur son esprit, tandis qu’elle montrait beaucoup de froideur à M. Guizot ; celui-ci ne s’en troublait guère. Tenant en grand dédain ce que le roi et lui appelaient la rêverie germanique[7], la Schwärmerei de la princesse et les pressentiments de son cœur maternel, il demeurait avec elle dans une réserve polie[8]. On me traite de jacobine, disait la duchesse d’Orléans à une personne de son intimité, peu de jours avant le 24 février ; et ses appréhensions redoublaient avec sa sollicitude pour cet enfant débile, pâle et frêle, sous lequel elle sentait le sol trembler[9].

Si Louis-Philippe estimait trop la duchesse d’Orléans pour l’aimer, en revanche il estimait trop peu le duc de Nemours pour l’initier à sa politique. Le futur régent demeurait étranger aux choses par son manque d’initiative et aux hommes par une certaine timidité hautaine dont il ne se délivrait que dans des compagnies subalternes[10].

Malgré la beauté de son visage et de son port vraiment royal, malgré toute une apparence charmante de jeunesse, qui séduit si aisément lorsqu’il s’y joint, comme chez le duc de Nemours, une éducation excellente, ce prince, seul entre ses frères, ne jouissait d’aucune popularité ; loin de là, l’antipathie des uns, l’indifférence des autres faisaient le vide autour de lui.

Le duc de Montpensier, le plus jeune des fils du roi, récemment uni à l’infante Louise, cherchait précisément ce que le duc de Nemours paraissait négliger ou dédaigner. Il poursuivait la popularité, mais sans discernement. Il en aimait l’éclat et le tapage plus que les avantages solides ; protégeait avec ostentation, plutôt qu’avec goût, les artistes et les hommes de lettres, les journalistes surtout, qui payaient en flatteries hyperboliques les privautés inaccoutumées auxquelles ils se voyaient admis à Vincennes[11].

Plus studieux, mieux appliqué à ses devoirs, le duc d’Aumale, marié à une princesse napolitaine d’une grande intelligence, avait des partisans sérieux. Quant au prince de Joinville, il jouissait dans le pays, dans l’armée de mer surtout, d’une popularité véritable. En dépit d’une affectation de brusquerie qu’il jugeait nécessaire à son rôle de marin, la douceur paraissait sur son visage mélancolique. Son attitude ne manquait ni de fermeté, ni de noblesse. Les personnes qui l’approchaient assez pour le pénétrer disaient bien que le prince de Joinville cachait, sous des allures franches et simples, un charlatanisme héréditaire et un désir de l’effet qui l’entraîneraient en mille travers ; mais le peuple, qui n’a pas ces finesses de discernement, se laissait aller aux apparences. La précoce surdité du prince le rendait intéressant. On aimait à voir à ses côtés cette belle Brésilienne, qu’il avait si cavalièrement épousée, et dont les grâces un peu sauvages charmaient les Parisiens. Enfin, on croyait savoir que le prince haïssait plus que ses frères le despotisme intérieur du roi, qu’il blâmait sa politique, et qu’il affrontait souvent les colères royales par de véhéments reproches[12].

Reconnaissant en lui des qualités toutes françaises, le peuple accueillait, en les exagérant, tous les bruits favorables au prince de Joinville. Lorsqu’il alla rejoindre en Algérie le duc d’Aumale, nommé gouverneur à la place du maréchal Bugeaud, on dit hautement qu’il allait expier dans l’exil des vues trop justes, un langage trop sincère pour n’être pas importun ; on ajoutait qu’une rivalité jalouse entre lui et le duc de Nemours, rivalité qui, malgré l’intervention de madame Adélaïde et de la princesse Clémentine[13], jetait le prince de Joinville dans le parti de la duchesse d’Orléans, avait rendu nécessaire son éloignement indéfini[14].

Ces ferments de discordes, ces passions contenues avec tant de peine par la main despotique du roi, présageaient au pays une régence orageuse. Le prestige du droit divin, effacé en 1830, montrait à nu les misères de ces familles royales. Ce prestige une fois disparu, les idées républicaines surgissent de toute part ; la république apparaît à la raison publique, comme une nécessité plus ou moins éloignée, mais inévitable.

 

 

 



[1] M. de Metternich prévoyait dès lors les éventualités qui pourraient forcer le pape à quitter ses États. Il admettait, dans ce cas, l’occupation française comme plus prudente et moins antipathique aux Italiens que l’intervention autrichienne.

[2] M. Guizot était tombé d’accord avec M. de Metternich pour résoudre concurremment la question suisse. Il se flattait de renouer ainsi l’alliance continentale et de montrer à l’Angleterre qu’on pouvait se passer d’elle. Mais Louis-Philippe, malgré l’avis du duc de Broglie, alors ambassadeur à Londres, ne put se décider à courir la chance d’une rupture, et voulut absolument attirer lord Palmerston dans ces négociations. De là des lenteurs et des duplicités qui ne contribuèrent pas médiocrement au salut de la Diète helvétique.

[3] Guizot arrêtait au commencement de janvier, avec MM. de Radowitz et de Colloredo, envoyés de Prusse et d’Autriche, le texte de la déclaration à la Diète helvétique. La Russie attendait, disait-elle, pour entrer dans cette coalition, qu’on en vint à des mesures plus décisives. Quant à lord Palmerston, il soutenait, plutôt par opposition à la politique de la France que par sympathie pour le radicalisme helvétique, la pleine indépendance de la Suisse dans son régime intérieur.

[4] Je crains moins la mort que la caducité, avait répondu l’un des ministres aux inquiétudes que lui exprimait un conservateur.

[5] Plusieurs fois, au bruit de sa mort, la Bourse baissa. Un jour M. de Rothschild envoya son fils au Château pour savoir ce qui en était. Dites à votre père, lui dit le roi en l’abordant, que je n’ai été ni saigné, ni purgé. Louis-Philippe, comme tous les vieillards, aimait à faire parade de sa santé et plaisantait volontiers sur la régence, qu’il comptait bien empêcher en vivant jusqu’à la majorité du comte de Paris.

[6] La princesse Marie, épouse du prince de Wurtemberg, morte à vingt-six ans, avait, ainsi que le duc d’Orléans, par un mariage protestant, affligé et inquiété l’âme ardemment catholique de Marie-Amélie.

[7] Le passage suivant du testament de feu M. le duc d’Orléans semble indiquer qu’il ne croyait pas non plus l’intelligence de la princesse Hélène propre au maniement des affaires : Si par malheur l’autorité du roi ne pouvait veiller sur mon fils aîné jusqu’à sa majorité, Hélène devrait empêcher que son nom ne fût prononcé pour la régence. En laissant, comme c’est son devoir et son intérêt, tous les soins du gouvernement à des mains viriles et habituées à manier l’épée, Hélène se dévouerait tout entière à l’éducation de nos enfants.

[8] Un jour que la duchesse d’Orléans, en causant avec M. Guizot, lui reprochait sa politique contre-révolutionnaire : Ah ! madame, lui répondit le ministre, quand le National ou la Réforme m’adressent ce reproche, j’y suis préparé ; mais il m’était permis de ne le point attendre de la bouche de V. A. R.

[9] La fin lamentable de M. Bresson, qui, en arrivant à l’ambassade de Naples, s’était coupé la gorge, avait frappé, comme un mauvais augure, l’imagination de la duchesse d’Orléans, dont ce diplomate habile avait négocié le mariage. Il est curieux de voir comment s’exprimait à propos de cet événement le prince de Joinville La mort de Bresson m’a funestéBresson n’était pas malade : il a exécuté son plan avec le sang-froid d’un homme résolu. J’ai reçu des lettres de Naples, de Montessuy et d’autres, qui ne me laissent guère de doute. Il était ulcéré contre le père. Il avait tenu à Florence d’étranges propos sur lui ; le roi est inflexible, il n’écoute plus aucun avis, il faut que sa volonté l’emporte sur tout, etc., etc. On ne manquera pas de répéter tout cela, et on relèvera ce que je regarde comme notre grand danger, l’action que le père exerce sur tout, cette action si inflexible que lorsqu’un homme d’État, compromis avec nous, ne peut la vaincre, il n’a plus d’autre ressource que le suicide. (Lettre du prince de Joinville au duc de Nemours, 7 novembre 1847.)

[10] Du vivant du duc d’Orléans, on attribuait à de la réserve et à une louable déférence cette froideur et ce manque d’initiative qui se trahirent dès qu’il eut à paraître au premier rang. Les légitimistes avaient été plus loin dans leurs interprétations chimériques. Si le duc de Nemours se montrait si peu aimable, c’est que l’usurpation de son père lui pesait. Si jamais, disait-on, il venait à monter sur le trône, ce serait pour en redescendre aussitôt et y appeler Henri V.

[11] Le duc de Montpensier commandait à Vincennes et y recevait une fois la semaine dans des appartements restaurés et ornés avec beaucoup de goût.

[12] Une lettre du prince de Joinville au duc de Nemours montre qu’en effet il attribuait au roi les dangers, très-nettement définis par lui, de la situation politique. (Voir aux Documents historiques, à la fin du second volume, n° 2.)

[13] La princesse Clémentine, troisième fille du roi, avait épousé le prince de Cobourg, et résidait habituellement aux Tuileries. C’était une personne aimable et d’une intelligence cultivée.

[14] Il n’est peut-être pas sans intérêt de connaître l’opinion que feu M. le duc d’Orléans exprimait, dans l’intimité, sur ses frères et sur le rôle qu’ils joueraient au jour d’une insurrection populaire, toujours prévue au Château. Nemours est l’homme de la règle et de l’étiquette, disait le duc d’Orléans ; il emboîte bien le pas, et se tient derrière moi avec une attention scrupuleuse. Jamais il ne prendra l’initiative, mais on peut le charger de défendre les Tuileries ; il se fera tuer avant d’en ouvrir les portes. D’Aumale est un brave troupier qui ne restera pas en arrière. Joinville a la passion du danger ; il fera mille imprudences brillantes, et recevra une balle dans la poitrine à l’assaut d’une barricade. Quant au petit, ajoutait-il en désignant le duc de Montpensier, depuis que les cadets ne sont plus abbés, je n’imagine pas trop ce qu’on en pourra faire. — Nemours aurait dû naître archiduc, disait Louis-Philippe.