LA PIRATERIE DANS L’ANTIQUITÉ

 

CHAPITRE VII

 

 

LA PIRATERIE GRECQUE - CALAMINE - ÉGINE

L’histoire grecque depuis les temps historiques jusqu’aux guerres médiques est riche en brigandage et en violences commises par les différents peuples qui envahissaient la Péninsule. Pendant presque toute la durée du siècle qui suivit la prise de Troie, la Grèce fut extrêmement agitée par les dissensions existant dans les familles souveraines, principalement dans celles de Pélops, et par les invasions des tribus du nord, surtout par celles des Doriens qui occupèrent le Péloponnèse avec les Héraclides, quatre-vingts ans après la prise de Troie. Quelles guerres ont été plus cruelles, plus horribles, que les guerres de Messénie et que celles des Crisséens ? Pendant que Sparte, soumise aux lois de Lycurgue, organisait la plus forte armée de terre de la Grèce, Corinthe devenait de son côté la première puissance maritime de cette contrée ; elle possédait une flotte qui pouvait rivaliser avec les flottes des Samiens et des Phocéens, ces derniers fondateurs de Marseille et vainqueurs des Carthaginois.

Si, d’après Thucydide[1], les Athéniens furent les premiers parmi les Grecs, qui prirent des mœurs plus douces, il n’en est pas moins vrai que, à l’origine, ils exercèrent la piraterie comme tous les autres peuples de la Méditerranée. J’ai rappelé la peine sévère que leur infligea Minos pour venger le meurtre de son fils dont les Athéniens s’étaient rendus coupables. Thésée, frappé de l’ordre admirable de la législation crétoise, avait introduit de salutaires réformes dans l’Attique, mais la forme du gouvernement établie par le héros athénien éprouva plus tard de grandes altérations. Comme Démosthène l’a dépeint en traits énergiques, les magistrats pillaient le trésor et les temples, le riche tyrannisait le pauvre, le pauvre alarmait continuellement la sûreté du riche ; la rapacité des créanciers ne connaissait aucunes bornes ; ils contraignaient les débiteurs insolvables à cultiver les terres qu’ils possédaient, à faire le service des animaux domestiques, à livrer leurs fils et leurs filles pour les exporter et les vendre à l’étranger. La partie de la population qui habitait sur le bord de lit mer se livrait à une piraterie effrénée. Ce fut l’exercice de cette profession qui fit naître une rivalité acharnée entre Athènes et Mégare. Ces deux villes se disputaient, de temps immémorial, la possession de l’île de Salamine, riche, en pins, d’où son antique nom de Pityussa, pour construire les navires, et surtout admirablement située au fond du golfe Saronique et séparée de la côte par un canal de 1800 mètres de large. Placée sur le trajet des vaisseaux qui se rendaient au port de Cenchrée ou qui se dirigeaient de Corinthe en Égypte ou en Asie-Mineure, elle était un poste important d’attaque et un refuge assuré pour ceux qui guettaient une proie à saisir au passage ou fuyaient devant un ennemi plus fort.

En 612 avant J.-C., les Mégariens enlevèrent Salamine aux Athéniens, leurs rivaux ; ceux-ci tirent de grands efforts pour la reprendre, mais découragés par des échecs répétés, ils y renoncèrent entièrement et même décrétèrent, sous peine de mort, de jamais rien proposer, ni par écrit ni de vive voix, pour en revendiquer la possession. Solon résolut de relever le courage de ses concitoyens. Indigné d’une telle humiliation, et voyant d’ailleurs que les jeunes gens ne demandaient qu’un prétexte de recommencer la guerre et n’étaient retenus que par la crainte de la loi, il imagina de contrefaire le fou et fit répandre dans la ville, par les gens mêmes de sa maison, qu’il avait perdu la raison. Mais il avait composé en secret urne élégie, et, un jour, il sortit brusquement de chez lui, un chapeau sur la tête[2], et courut à la place publique. Le peuple l’y suivit en foule, et la, Solon, monte sur la pierre des proclamations publiques, chanta son élégie, qui commence ainsi :

Je viens moi-même, en héraut, de la belle Salamine,

Au lieu d’un discours j’ai composé pour vous des vers.

Ce poème est appelé Salamine et contient cent vers que Plutarque dit d’une grande beauté. Quand Solon eut fini, ses amis applaudirent : Pisistrate surtout encouragea si bien les Athéniens que le décret fut révoqué, la guerre déclarée, et Solon nommé général.

Solon résolut de s’emparer de Salamine au moyen d’un stratagème de corsaire audacieux. Il fit voile, avec Pisistrate, vers Coliade[3], où il trouva toutes les femmes athéniennes rassemblées pour faire à Cérès un sacrifice solennel. De là, il envoie à Mégare un homme de confiance qui se donne pour un transfuge, et qui propose aux Mégariens, s’ils veulent s’emparer des premières citoyennes d’Athènes, de partir avec lui pour Coliade. Les Mégariens, avides d’un bon coup de main, dépêchent à l’heure même un vaisseau rempli de soldats. Solon, ayant vu le navire sortir de Salamine, fait retirer les femmes et accoutre de leurs vêtements, de leur coiffure, de leurs chaussures, les jeunes gens qui n’avaient encore point de barbe. Ceux-ci cachent des poignards sous leurs robes et vont, d’après son ordre, jouer et danser sur le rivage jusqu’à ce que les ennemis soient descendus à terre et que le vaisseau ne puisse échapper. En effet, les Mégariens, abusés par ce spectacle, débarquent et se précipitent à l’envi pour enlever les prétendues femmes ; mais ils furent tous tués sans exception. Les Athéniens firent voile aussitôt vers l’île et s’en emparèrent. D’autres, ajoute Plutarque, prétendent que ce fut un autre moyen de surprise qu’employa Solon. L’oracle de Delphes, consulte par lui, aurait répondu :

Rends-toi propices, par tes offrandes, les héros indigènes, patrons du pays,

Ceux que les champs de l’Asopus enferment dans leur sein,

Et dont les tombeaux regardent le couchant[4].

En suite de cette réponse, Solon passa la nuit à Salamine et immola des victimes aux héros Périphémus et Cychrée, anciens rois de l’île. Les Athéniens lui donnèrent 300 volontaires, auxquels ils avaient assuré, par un décret, le gouvernement de Salamine s’ils s’en rendaient les maîtres. Solon les embarqua sur un certain nombre de bateaux-pêcheurs, escortes par une galère à trente rames, et fit jeter l’ancre vers une pointe de terre qui regarde l’Eubée. Les Mégariens qui étaient à Salamine n’avaient eu, sur sa marche, que des avis vagues et incertains : ils coururent aux armes en tumulte et envoyèrent un vaiseau à la découverte. Ce vaisseau s’approcha de la flotte des Athéniens et fut pris. Solon mit sous bonne garde les Mégariens qui le montaient, et les remplaça par les plus braves de sa troupe. Il leur enjoignit de cingler vers Salamine, en se tenant le plus couverts qu’ils pourraient ; il prit lui-même quelques-uns de ses soldats et s’en fut attaquer par terre les Mégariens. Pendant le combat, les Athéniens du vaisseau surprirent Salamine et s’y établirent. Il y a des usages qui semblent confirmer ce récit. Tous les ans un navire partait d’Athènes et se rendait sans bruit à Salamine. Des habitants de l’île venaient au-devant du navire, tumultueusement, en désordre, et un Athénien s’élançait sur le rivage, les armes à la main et courait, en jetant de grands cris, du côté de ceux qui venaient de la terre. C’était au promontoire de Sciradium, et l’on voyait encore, du temps de Plutarque, non loin de là, un temple dédié à Mars, que Solon fit bâtir après avoir vaincu les Mégariens.

Tous ceux qui n’avaient pas péri dans le combat restèrent libres par le bénéfice d’un traité. Les Mégariens irrités de la perte de Salamine, cherchèrent à s’en venger en substituant l’artifice et la force ; ils préparèrent en secret un armement pour enlever, à la faveur des ténèbres, les femmes athéniennes pendant la célébration nocturne des sacrifices d’Éleusis. Pisistrate, averti de ce dessein, se mit en embuscade avec la jeunesse d’Athènes. Les Mégariens qui ne se croient pas découverts, débarquent sans obstacle ; mais, au moment de faire leur coup, ils sont surpris, enveloppés et taillés en pièces. Pisistrate profite de sa victoire, met les femmes athéniennes sur les vaisseaux mégariens et cingle avec sa troupe vers Mégare. Les habitants de la ville, apercevant leurs vaisseaux chargés de femmes d’Athènes, courent en foule sur le rivage pour féliciter leurs concitoyens de l’heureux succès de leur expédition. Pisistrate profite de l’erreur, se jette sur eux, les passe presque tous au fil de l’épée et il s’en faut peu qu’il ne s’empare de Mégare. Les deux peuples continuèrent se faire réciproquement tous les maux qu’ils purent, mais à la fin ils prirent les Lacédémoniens pour arbitres, et Salamine fut définitivement attribuée à Athènes[5].

Les mêmes actes de piraterie de peuple à peuple se retrouvent dans la lutte qui eut lieu entre Athènes et Égine.

Située au milieu du golfe Saronique, l’île d’Égine, l’ancienne Œnone, était à quelques heures des villes les plus florissantes de la Grèce, le Pirée, Éleusis, Mégare, Corinthe, Épidaure, Trézène. Elle est protégée par un rempart d’écueils qui forment une fortification naturelle sortie des flots à la voix d’Éaque, suivant la tradition mythique rapportée par Pausanias (II). Elle a devant elle, du côté de la mer, les Cyclades, la Crète, Rhodes et Chypre, placées entre la Grèce et l’Asie. Elle se trouvait ainsi sur la route que suivaient les nombreux navires qui allaient des îles de l’archipel au continent de la Grèce, et du continent dans des îles le la Méditerranée et aux entrepôts de la mer Noire. Outre les avantages de leur position, les Éginètes étaient encore poussés vers les entreprises maritimes par le peu d’étendue et de fertilité de leur territoire. Aussi les voit-on tourner de bonne heure leurs efforts vers la navigation. A l’époque de la guerre de Troie, ils possédaient déjà une forte marine, et leurs navires peints en noir, allèrent à cette fameuse expédition sous la conduite du vaillant Diomède[6]. Égine eut bientôt sur les autres puissances de la Grèce une supériorité maritime qu’elle dut à la hardiesse de ses marins et à l’habileté de ses constructeurs. Tandis que les autres Grecs n’avaient que des vaisseaux ronds, Égine possédait des galères longues, à grandes rames et dont la proue et la poupe étaient travaillées avec un art assez avancé[7]. Le négoce maritime était aussi développé à Égine qu’à Corinthe. Égine dont les habitants ne méprisaient d’ailleurs aucun moyen de s’enrichir, avait aussi donné à la fabrication et au commerce des poteries une extension qui lui valut dans l’antiquité l’épithète de χυτροπωλις, marchande de marmites[8]. Les Éginètes fondèrent Cydonie, dans l’île de Crète, et une colonie chez les Ombrici, en Italie[9]. En Égypte, Amasis leur fit don du port de Naucratis, situé près de la bouche Canopique[10], qui devint une République grecque, gouvernée par des magistrats indépendants. Les Éginètes se rencontrèrent dans les eaux de Naucratis avec les Sauriens, leurs rivaux sur mer. Ils en vinrent aux prises, et les proues des navires samiens, qui représentaient des sangliers, capturées dans un combat naval (518 av. J.-C.) et consacrées à Égine, dans le temple de Minerve, attestaient que les Éginètes avaient eu l’avantage dans la lutte[11]. Naucratis fut désormais le seul port ouvert en Égypte aux étrangers. Lorsqu’un navire marchand poursuivi par les pirates, assailli par la tempête ou contraint par quelque accident de mer, abordait sur un autre point de la côte, son capitaine devait se présenter devant le magistrat, le plus proche, afin d’y jurer qu’il n’avait pas violé la loi de son plein gré, mais forcé par des motifs impérieux. Si l’excuse paraissait valable, on lui permettait de faire voile vers la bouche Canopique : quand les vents ou l’état de la mer s’opposaient à ce qu’il partit, il pouvait embarquer sa cargaison sur des bateaux du pays et la transporter à Naucratis par les canaux du Delta[12]. Cette disposition de loi fit la fortune de cette ville qui devint rapidement un des entrepôts les plus considérables du monde ancien[13].

C’est à Égine que furent frappées, en 895 av. J.-C. les plus anciennes médailles grecques que nous connaissions. Les riches marchands de l’île favorisèrent les beaux-arts, qui déjà au VIe siècle, atteignirent une grande perfection. Egine fut pendant un certain temps le centre de l’art grec, et donna son nom a une école dans laquelle on remarque Smilis, inventeur de la sculpture sur bois, Glaucias, qui fit les statues de plusieurs athlètes vainqueurs, Myron, auteur de la statue d’Hécate, ornant le temple de cette déesse dans l’île, Onatas, sculpteur et peintre qui n’est inférieur, dit Pausanias, à aucun des artistes qui sont sortis de l’école d’Athènes, fondée par Dédale. L’art éginétique semble se distinguer surtout par un caractère plus réaliste que celui d’Athènes, il n’a jamais atteint l’idéal de Phidias[14].

La fortune d’Égine devint la cause de ses malheurs et de sa ruine. Colonie d’Épidaure, elle en avait reconnu la souveraineté : les procès des Éginètes étaient jugés par les Épidauriens[15]. Mais bientôt l’opulente colonie allait se révolter contre la métropole, ravager son territoire, enlever ses dieux et, du même coup, commencer contre Athènes cette guerre implacable qui, née avec la haine de la race dorienne contre la race ionienne, devait traverser l’invasion médique et ne se terminer que par l’anéantissement des Éginètes (505 à 460 avant J.-C.).

Le stimulant de la nécessité, la ruse, le vol, la piraterie, l’emploi permanent de la force caractérisent la lutte entre Égine et Athènes. C’est à ce titre que cette guerre, ou plutôt cette piraterie de peuple à peuple, rentre dans le cadre de cette histoire. Un motif religieux servit de prétexte aux hostilités. Les Épidauriens, affligés de la grande stérilité de leur territoire, consultèrent l’oracle de Delphes, qui leur ordonna d’ériger à Damia et à Auxésia, divinités qui étaient les mêmes que Cérès et Proserpine, des statues sculptées en bois d’olivier. Les Épidauriens, persuadés que les oliviers de l’Attique étaient les plus sacrés, demandèrent aux Athéniens d’emprunter cette offrande à leur sol. Les Athéniens y consentirent, à la condition que, tous les ans, les Épidauriens amèneraient des victimes à Minerve Polias et à Érechtée[16]. Ce pacte religieux et politique était observé, lorsque que les Éginètes, devenus maîtres de la mer, profitèrent de leur puissance pour armer une flotte, exercer la piraterie et ravager le territoire d’Épidaure, leur métropole. Dans une de leurs expéditions, ils enlevèrent les statues consacrées, les transportèrent chez eux et les placèrent au centre de leur territoire, en un lieu appel Œa, environ à vingt stades de leur ville. Ils consacrèrent à chacune des déesses des chorèges et instituèrent en leur honneur des sacrifices et des chœurs de femmes qui s’adressaient des invectives[17]. Depuis l’enlèvement des statues, les Épidauriens avaient cessé de payer aux Athéniens le tribut établi. Aux menaces d’Athènes, Épidaure répondit que tant qu’elle avait possédé les statues sacrées, les engagements avaient été remplis, mais que désormais les Éginètes, qui les avaient ravies, devaient paver le tribut. Les Athéniens envoyèrent alors à Égine des ambassadeurs qui n’obtinrent aucune satisfaction[18]. Une flotte athénienne opéra une descente dans l’île ; mais les Éginètes, avertis des projets de l’ennemi, firent alliance avec les Argiens et tombèrent à l’improviste sur les Athéniens, au moment où ceux-ci, croyant ne rencontrer aucune résistance, avaient passé des cordes autour des statues et cherchant à les enlever de leur base, les avaient fait tomber à genoux, posture, ajoute Hérodote, qu’elles ont conservée depuis cette époque. Les dieux, irrités d’une telle profanation, firent trembler la terre sous les pas de l’armée sacrilège, qui fut anéantie aux lueurs de la foudre. Un seul homme survécut pour aller annoncer à Athènes la vengeance céleste ; et encore, pour que l’expiation fut complète, les femmes de ceux qui avaient été de l’expédition s’attroupèrent autour de l’unique survivant, et, lui demandant compte de la mort de leurs maris, le firent périr en le piquant avec les agrafes de leurs robes. L’atrocité de cette action parut aux Athéniens plus déplorable que leur délite même, et, ne sachant quelle punition infliger aux coupables, ils les obligèrent à prendre les habits de lin des Ioniennes. Elles avaient porté jusqu’alors le costume dorien. Les Argiens et les Éginètes, au contraire, en souvenir de cette action, décidèrent qu’à l’avenir leurs femmes porteraient des agrafes une fois et demie plus grandes qu’auparavant : la principale offrande des femmes aux déesses consisterait en agrafes consacrées, et que, dans la suite, on n’offrirait aucune chose qui vint de l’Attique, pas même un vase de terre[19].

Après la réduction de Chalcis, en Eubée, par les Athéniens, les Thébains cherchèrent à tirer vengeance de leur défaite et s’unirent aux Éginètes, qui dévastèrent les côtes de l’Attique. Une trêve suspendit pendant trente ans les hostilités. La guerre recommença en 491 avant J.-C. par un coup de main audacieux des Éginètes. S’étant placés en embuscade, ils enlevèrent, à la hauteur du promontoire Sunium, la Théoris, cette galère à cinq rangs de rames qui allait périodiquement à Délos accomplir le vœu de Thésée, et jetèrent aux fers les premiers citoyens d’Athènes qui la montaient[20]. Les Athéniens mirent tout en œuvre pour se venger de cet attentat. Ils soulevèrent la démocratie d’Égine contre l’oligarchie qui était à la tête du gouvernement. Nicodrome, un banni d’Égine, instruit du projet des Athéniens, leur promit de leur livrer sa patrie. La flotte des Athéniens, forte de soixante-dix navires, n’osa cependant livrer bataille à celle d’Égine. Nicodrome, quoique maître de la vielle ville, s’enfuit sur une barque à Sunium, en voyant l’inaction des Athéniens. L’insurrection fut écrasée par l’aristocratie éginète. Sept cents hommes du peuple furent conduits au supplice. Un sacrilège, commis à ce moment, laissa parmi les Grecs un long et odieux souvenir. Un des insurgés que l’on menait à la mort s’échappa et se réfugia dans le temple de Cérès-Thesmophore. Il saisit le marteau de la porte et s’y tint fortement attaché. Les exécuteurs réunirent tous leurs efforts pour lui faire lâcher prise. Comme on n’y pouvait réussir, on scia au fugitif ses mains suppliantes qui restèrent suspendues à la poignée de la porte pendant que le malheureux fut traîné au dernier supplice[21]. La lutte continua entre les deux peuples. Après quelques succès, les Athéniens éprouvèrent un désastre sur mer : quatre de leurs vaisseaux furent enlevés avec tous leurs équipages par les Éginètes.

Ce fut pendant ces alternatives de victoires et de défaites des deux puissances rivales que Darius envoya demander aux Grecs la terre et l’eau, en signe de soumission, et que commença la lutte mémorable entre la Grèce et la Perse.

 

 

 



[1] Hérodote, I, 6.

[2] C’était la coutume des malades, et le chapeau est une des prescriptions médicales recommandées par Platon dans le 3e livre de la République.

[3] Promontoire de l’Attique, près du port de Phalère.

[4] Les Athéniens tournaient les morts du côté du couchant, et les Mégariens les tournaient du côté du levant.

[5] Plutarque, Vie de Solon.

[6] Iliade, I, 562 et suiv.

[7] Thucydide, I, 14.

[8] Julius Poliux, Onomasticon, VII, 197.

[9] Strabon, VIII, 376.

[10] Hérodote, II, 178 ; Athénée, IV, 149 ; Letronne, Civilis égypt., 11, 12.

[11] Hérodote, III, 59.

[12] Hérodote, II, 179.

[13] Maspero, Histoire ancienne, p. 527.

[14] Pausanias, II, 32 ; V, 9, 1, 14, 17, 22, 23, 27 ; VIII, 42, 53 ; X, 4, 5, 9. — Histoire de l’art grec d’après les marbres d’Égine, et la description de la Glyptothèque de Munich, dans le livre de H. Fortoul, De l’art en Allemagne. — About, Mém. sur Égine, Arc. des missions scientif. et littér., t. III. — Ch. Garnier, L’île d’Égine, Revue de l’Orient, mai 1837 ; A travers les arts, p. 826, Paris, 1869 ; et sur le Temple d’Égine, Revue archéologique, 1854.

[15] Hérodote, V, 83.

[16] Hérodote, V, 82.

[17] Hérodote, V, 83.

[18] Hérodote, V, 84.

[19] Hérodote, V, 90-93.

[20] Hérodote, VI, 85-88.

[21] Hérodote, VI, 90-93.