L'ABBÉ DUBOIS

TOME SECOND

 

CHAPITRE DEUXIÈME.

 

 

Troubles intérieurs. — Querelles jansénistes. — Débats de la Pairie. — Déchéance des Princes légitimés. — Agitation de la noblesse de province. — Proposition d'États-Généraux. — Dubois en écarte l'idée.

 

Au moment où la France aurait pu goûter les douceurs de la paix, elle se vit plongée à l'intérieur dans la confusion et la discorde. L'esprit turbulent de la nation, contenu sous le règne précédent, retrouva toute sa fougue dès que le gouvernement parut s'affaiblir. Les passions refoulées reprirent leur cours aussitôt qu'il y eut moins de danger à désobéir. Tous les germes de divisions laissés par Louis XIV, devaient se développer sous la Régence du duc d'Orléans.

Les querelles de la Bulle Unigenitus avaient été le fruit du Jansénisme. Louis XIV s'était imaginé qu'il avait terminé la dispute parce qu'il supprima la discussion, en faisant enregistrer la Bulle en Parlement, comme une loi de l'État (1716). Mais il avait à peine fermé les yeux que les dissentiments éclatèrent avec plus de fureur.

On connaît mieux le nom que les causes de cette dispute ; il faut en dire les motifs pour faire comprendre la gravité de la querelle. Les questions obscures de la grâce et du pouvoir de Dieu dans les causes libres étaient déjà oubliées, lorsque le livre des Réflexions morales sur le Nouveau-Testament, par le P. Quesnel, vint réchauffer ces idées. Cent une propositions tirées de ce livre furent condamnées à Rome comme fausses, captieuses, impies, séditieuses et blasphématoires. Elles donnèrent lieu à la Constitution Unigenitus, publiée le 8 septembre 1713, par le Pape Clément XI, et qui fut reçue en France au nombre des lois du royaume. Le mécontentement que cette Bulle excita dans le public n'eut peut. être pas de cause plus active que son enregistrement au Parlement. Bien des gens s'intéressaient moins aux doctrines de Quesnel qu'aux libertés gallicanes, en faveur desquelles le Parlement avait cru devoir faire des réserves ; et pour ceux qui étaient indifférents aux unes et aux autres, il y avait l'attrait d'appartenir à la faction du Parlement contre l'autorité royale. On peut voir tout de suite de quel fond se formait l'opposition contre la Bulle.

Une faute du duc d'Orléans prépara le retour de la discorde au commencement de la Régence. La violence faite aux consciences jansénistes avait laissé le souvenir de ses rigueurs. Cette persécution très-modérée transforma les adhérents de Quesnel en martyrs. On sait la faveur populaire qui s'attache en général aux partis opprimés. Le Jansénisme apparut d'abord au Régent escorté de cet intérêt[1]. Sans prétendre jusqu'à réhabiliter des opinions qui le touchaient peu, le duc d'Orléans eut l'attention intéressée de réserver aux confesseurs de la foi janséniste toutes les places du Conseil de Conscience. Cette glorification inattendue fit admirer son zèle au Parlement. Le crédit accordé tout-à-coup aux adversaires de la Bulle produisit des défections dans les rangs des acceptants ; quelques évêques rétractèrent honteusement l'adhésion qu'ils avaient donnée à la Constitution. Le clergé fut bientôt divisé, et le public, à son exemple, se partagea entre des doctrines peu intelligibles pour la masse, mais dont le sens lui était traduit par ces deux termes, qui résumaient le fond et l'intérêt de la dispute : suprématie de Rome, liberté de l'Eglise gallicane.

Le Régent comprit alors les fautes qu'il avait faites en accordant tant d'importance aux Jansénistes. Les constitutionnaires avaient répondu aux premiers défis du Jansénisme, en essayant de s'appuyer sur l'armée, comme leurs adversaires s'appuyaient sur le gouvernement. Dans ce dessein, ils multiplièrent les associations parmi les troupes du Roi, et tels furent les progrès de cette propagande que le Régent, effrayé de ses conséquences, dut recourir à une déclaration royale pour les faire cesser.

Entre ces deux camps, tout prêts à s'ébranler et à s'entrechoquer, le gouvernement de la Régence était réduit à supplier pour la concorde. Il était condamné par sa faiblesse à voir les coups qui allaient être portés, sans pouvoir les détourner. Le Régent avait d'abord proposé un accommodement, basé sur un corps de doctrine où toutes les opinions devaient être fondues ; entreprise chimérique, qui tendait à concilier ce qui est le plus inconciliable, l'humilité et l'orgueil, la dépendance et la liberté. Des conférences qui eurent lieu au Palais-Royal, en présence du Régent, n'amenèrent pas le rapprochement désiré. Le gouvernement ne tarda pas à porter la peine de ses complaisances.

Lassés par ces tempéraments, les Jansénistes avaient résolu d'en finir par un coup d'éclat : le 5 mars, les évêques appelants, au nombre de quatre, se rendirent à la Sorbonne, et déposèrent, dans les formes authentiques, entre les mains du doyen de la Faculté de Théologie, un acte d'appel devant un futur Concile général. Les motifs de leur protestation énoncent clairement les griefs du parti janséniste : la Bulle est accusée d'ébranler la hiérarchie, les droits des évêques et les libertés du royaume ; dans les matières du dogme, de renverser les fondements de la morale chrétienne ; telles étaient les accusations que quatre prélats osaient avancer contre le chef de l'Église, sans crainte de porter le trouble dans les consciences catholiques et de les provoquer à la révolte.

La bannière était levée ; le Jansénisme fit en public la revue de ses troupes. L'esprit d'imitation ne pouvant manquer de donner des adhérents aux quatre évêques, entraîna d'abord la Faculté de Théologie de Paris, ensuite le clergé du second ordre en masse, et un grand nombre de congrégations religieuses. Les adhésions se déclarèrent tumultuairement. Une querelle religieuse dégénéra en guerre de faction.

Il est rare qu'un gouvernement faible, lorsqu'il est déterminé à sévir, ne fasse pas un usage inconsidéré de la puissance publique. L'appel des quatre évêques dérangea le plan de pacification. Le Régent en conçut des craintes pour le corps de doctrine auquel on continuait de travailler avec la même candeur. Décidé à maintenir la paix, il se vit dans l'obligation de frapper, et fit retomber ses coups sur les Jansénistes. Il renvoya de Paris les évêques appelants, jeta à la Bastille le notaire qui avait reçu l'acte d'appel, expédia à la Faculté de Théologie une lettre de cachet, pour avoir à effacer de ses registres la mention de l'appel, défendit les adhésions, blâma le cardinal de Noailles et les évêques qui vinrent lui présenter un mémoire en faveur des quatre appelants, et enjoignit aux Parlement de ne pas se mêler de la Constitution. Après avoir tout fait pour imposer l'audace aux Jansénistes, il essayait de les intimider. Rien n'arrêta l'élan des signataires de l'appel. Toute l'autorité du duc d'Orléans ne put retenir ceux qu'il avait d'abord enhardis, et le gouvernement fit sentir sa faiblesse jusque dans ses menaces.

Le 18 juillet 1727, le Régent, voulant de nouveau contenir l'ardeur des Jansénistes, écrivit aux évêques pour les assurer des efforts qu'il apportait à rétablir la concorde, et les informer qu'il envoyait à Rome le duc de la Feuillade, pour se concerter à cet effet avec le Saint-Père. Au surplus, ajoutait le Régent, s'il se trouve quelqu'un dans votre diocèse qui voulût en-troubler le repos, et le soulever contre votre autorité, ou traverser par des actes d'appel au futur Concile sans nécessité, ou contrarier les mesures que je prends pour parvenir à la paix, vous n'avez qu'à vous adresser à moi, et j'emploierai le pouvoir souverain dont je suis dépositaire pour les supprimer et les punir. Cette lettre avait été rédigée par le cardinal de Rohan et le cardinal de Bissy, évêque de Meaux, constitutionnaires zélés. Une altération du texte primitif changea l'esprit et la portée de cette circulaire. Le cardinal de Bissy crut devoir réclamer contre ces mots : sans nécessité, qui ne se trouvaient point dans la minute, et qui ôtaient à la lettre toute sa force.

Il était impossible de ne pas apercevoir dans ce fait la mollesse avec laquelle le Régent conduisait les affaires de la Bulle. Il manquait au duc d'Orléans quelque chose de plus effectif que la fermeté : c'était le sentiment religieux, qui pouvait l'intéresser sincèrement à la paix de l'Église. Par son système de composition, il montra la crainte qu'il avait des deux partis. Il se crut habile en temporisant, juste en ne décidant rien, heureux en retirant d'une politique lente et incertaine, le triste avantage d'ajourner des difficultés qu'il n'avait pas la force de résoudre.

Si l'on s'est bien pénétré de la gravité de la lutte janséniste, on croira difficilement qu'elle dût laisser à l'attention publique assez de liberté pour s'occuper d'une question de rang et de prérogative. Mais si l'on omettait de tenir compte d'une lutte d'ambition, qui s'éleva, dans ce temps, on négligerait certainement une des causes les plus influentes de l'agitation générale dont nous parlions, et un effet singulier de cet esprit de dissension qui semble naturel au peuple français.

Il suffit de rappeler les diminutions de rang et de crédit que Richelieu et Louis XIV avaient fait subir à la noblesse française, pour concevoir la satisfaction qu'elle dut éprouver, au commencement de la Régence, en voyant quelques-uns de ses membres les plus considérables recouvrer une importance politique que son ordre avait perdu. Les ducs et pairs en particulier furent enorgueillis de cette restitution d'influence. A peine rentrés en faveur, ils révèrent des privilèges plus grands, et se mirent à les poursuivre avec ardeur et opiniâtreté.

Les ducs et pairs avaient toujours affecté une supériorité méprisante à l'égard du Parlement, avec lequel ils faisaient corps sans se mêler à lui : conjonction bizarre, qui représente à l'esprit le cours de deux rivières coulant dans le même lit, sans confondre leurs eaux. Dans leur orgueil, les pairs avaient toujours supporté avec humeur le cérémonial de la cour, qui ne marquait pas assez, à leur gré, la distance d'un pair à un parlementaire. Ils demandèrent un règlement nouveau, où leur dignité fût mieux traitée, et répandirent beaucoup d'encre pour en prouver la nécessité. Saint-Simon tint la plume pour les ducs, et rendit la guerre piquante. Le Parlement resta 'calme, autant que la pairie se montra remuante ; il ne répondit point aux requêtes. Cet affront provoqua l'héroïsme : les pairs annoncèrent qu'ils se porteraient de leurs personnes contre le Parlement, et lui arracheraient par la force ce qu'ils ne pouvaient obtenir de sa justice. Le Régent, craignant le ridicule de cette expédition, se dépêcha d'accorder les fins de la requête des pairs. A la vérité, quelques jours après, il fut obligé de révoquer un arrêt qui avait indisposé le Parlement et diverti le public.

On a tout dit de ce démêlé quand on en a fait connaître le nom : on l'appela la querelle du bonnet[2]. Tout futile qu'il fût, il répandit quelques vérités sur ces possesseurs de fiefs qui étaient en même temps des officiers de la couronne, et continuaient seulement en fiction et sans utilité l'office des grands vassaux de nos premiers Rois.

Un écrit attribué au président Novion, et qui fut lancé dans le public pour venger le Parlement, peint en des termes peu ménagés ces ducs, si fiers de leur rang : Les pairs, disait cet écrit, veulent se donner pour redoutables. Serait-ce par leurs grands biens ? Ils n'en ont point, la plupart, autant qu'il en fallait pour être chevalier romain, et ils ne se maintiennent que par des alliances peu sortables. Ils servent mal dans l'armée ; il semble que l'exercice de la justice leur aille mieux... Ces pairs cabalent pour remettre les princes légitimés au rang de leur pairie, traitent le Parlement avec mépris, veulent faire marcher la noblesse à leur suite, exigent le titre de Monseigneur, prétendent entrer au Parlement l'épée au côté, comme les princes du sang, et refusent de mesurer leur épée avec des gentilshommes[3]. On voit que le Parlement était loin d'avoir de la pairie la bonne opinion que celle-ci avait d'elle-même.

Ce procès, jugé ridicule, eut des côtés sérieux : il servit à ameuter la noblesse du royaume, et à lui faire embrasser avec chaleur tous les partis contraires aux ducs et pairs. On verra, dans l'année suivante, les passions nées de cet antagonisme conspirer contre la Régence, et menacer l'État d'un effroyable bouleversement.

On n'aurait pas la clef des événements qui suivront, si on ne prenait une idée sommaire d'un autre procès plus fameux, et qui touchait à de plus hautes prérogatives que celles des pairs. On sait avec quelle résignation le duc du Maine s'était restreint au rôle peu apparent que le Régent avait bien voulu lui laisser. Il semble que, dans sa position décréditée, il n'y eût rien qui dût exciter l'envie et la haine. Le prince vit se dresser contre lui l'une et l'autre. Réduit à une charge qui ne lui donnait aucune autorité, il passait encore pour un ennemi dangereux. Les personnes qui entouraient le Régent lui représentaient le prince occupé de complots ; Madame la Palatine, troublée d'une inquiétude vague, avouait naïvement qu'elle redoutait M. du Maine comme le diable, et lui attribuait la responsabilité d'une bonne partie des libelles qui se répandaient déjà contre son fils. On essayait ainsi de donner au duc d'Orléans des rancunes, et de l'exciter contre le duc du Maine. Si l'insouciance du Régent, unie à sa générosité, le disposait à l'oubli des torts de son beau-frère, son inconcevable faiblesse devait le rendre l'instrument des jalousies intéressées à la perte des légitimés.

Le duc de Bourbon, jeune homme d'un caractère dur et méchant, nourrissait contre son oncle, le duc du Maine, un ressentiment profond, puisé dans les mauvaises impressions de son enfance. Cette haine avait dans son cœur la ténacité et la violence d'une haine héréditaire[4]. Mu par ces détestables sentiments, et la secrète ambition de remplacer le duc près du Roi, il présenta, conjointement avec les princes de sa famille, une requête aux fins de déclarer les légitimés déchus des droits de princes du sang. Le Régent fut assez malheureux pour écouter le duc de Bourbon, et assez faible pour ne pas résister à ses conseillers. Le 2 juillet 1707, le Conseil de Régence rendit un arrêt annulant l'édit de 1714 et la déclaration de 1715, qui avaient élevé les légitimés au rang et aux droits des princes du sang.

Cette inique décision fut reçue par les princes dépossédés avec une morne stupeur, et par le public avec cette généreuse indignation que l'infortune a le privilège d'exciter. Au milieu de l'abattement des princes, une femme délicate et faible, trempée au moral dans le sang des Condés, singulièrement active, encline à la faction, et ayant dans l'esprit toutes les aptitudes, la duchesse du Maine se relève fièrement sous l'arrêt, pour défendre les droits de son époux ; elle s'attaque à tout et dépose, dans les mémoires qu'elle rédige ou qu'elle fait rédiger, toutes les vivacités de son caractère et les passions qui l'animent.

Les espérances que les princes légitimés avaient fondées sur ces moyens de défense furent déçues ; le Parlement enregistra l'arrêt sans opposition. Ces rigueurs ne sont que le début d'une persécution qui ne doit s'arrêter qu'après l'abaissement du duc du Maine au-dessous des pairs.

Si le duc d'Orléans eût été plus attentif, il aurait pu distinguer, dans les dispositions du public, lés tristes effets d'un acte qui s'éloignait de la noblesse de son caractère. Environné des clameurs populaires, il n'en saisissait que le bruit, et restait sourd aux plaintes qu'elles lui apportaient. Il fallut, pour lui découvrir la vérité, des actes de sédition ouverte. A la nouvelle de l'attentat médité contre les droits des princes, la noblesse de province, irritée déjà des prétentions des ducs et pairs, s'indigna des injustes entreprises des princes du sang, et confondit les griefs des légitimés dans les siens. De toutes parts des mémoires ou des protestations 'furent signés, et ce mouvement de l'opinion fut si énergique que le Régent dut recourir à son autorité pour le réprimer. Une déclaration porte défense à la noblesse, à peine de désobéissance, de s'assembler ou de délibérer des mémoires et de les colporter. Malgré cette injonction, quelques nobles ont l'audace de signifier au Parlement un acte protestant contre la nullité de toute décision concernant les légitimés, dont la cause, disaient-ils, intéressait le corps de l'État qui ne pouvait être représenté que par l'assemblée des États .Généraux. Le Parlement effrayé de la hardiesse de bette proposition, casse la protestation. Le duc du Maine, voyant ces inquiétudes et ces frayeurs, fait ses réserves, et appelle du Conseil de Régence au Roi majeur ou mil États. Ce recours à des assemblées tombées en désuétude apparaissait comme Une idée neuve, et fit fortune. Le cri de ralliement des mécontents devint bientôt le cri de la nation. Chacun entrevoyait dans une tenue des États-Généraux un remède aux calamités publiques, et la fin des désordres qui avaient envahi le royaume.

Étrange pouvoir de la nouveauté ! La convocation des États-Généraux, qui était pour les uns un rempart contre les actes du Régent, pour les autres un moyen de démasquer ses fautes, pour tous une espérance de limiter les pouvoirs du duc d'Orléans et peut-être de les anéantir ; la convocation des États-Généraux avait aussi ses partisans dans les conseils de la Régence. Des politiques à courte vue, des conseillers d'une fidélité douteuse, et jusqu'à des amis du Régent, tous le pressaient de réunir les ordres de la nation.

Le duc d'Orléans lui-même, amoureux de l'extraordinaire, partageait l'engouement qui s'était déclaré. Seul, au milieu des illusions nées de cette prévention générale, l'abbé Dubois résistait au courant qui emportait l'opinion. Dominé par deux intérêts, l'intégrité de la puissance royale et la considération de son maître, il les voyait atteintes l'une et l'autre par les États-Généraux, et s'efforçait d'en éloigner le Régent. Il n'ignorait pas que l'empire du nouveau est passager ; et se confiant à l'inconstance de la nation, il ne désespérait pas d'un retour prochain de l'opinion. Son esprit juste lui montrait au dedans du royaume les mêmes dangers qu'il avait si heureusement prévenus au dehors, c'est-à-dire des intérêts divers pouvant, par une ligue, allumer une guerre intérieure. L'art des négociations difficiles qu'il possédait à un suprême degré, lui donna le secret de traiter avec les partis hostiles de l'État. On verra par quel prodige d'adresse il apaisa le Jansénisme, rabattit la pairie, maîtrisa le Parlement, déconcerta l'opposition des princes légitimés, refoula toutes les causes de trouble, et fonda la paix de l'État sur l'obéissance absolue de tous les ordres.

 

 

 



[1] La dénomination de Jansénisme ne présentait plus le sens précis qu'elle avait eu au temps d'Arnaud et de Pascal ; elle avait été conservée abusivement à des doctrines qui semblaient la conséquence de l'hérésie de Jansénius, et appliquée d'une manière générale à tous ceux qui étaient opposés à la bulle.

[2] Le fond de la querelle portait sur le mode d'opiner, il s'agissait de savoir si les pairs se découvriraient en donnant leur avis.

[3] Le mémoire attribué au président Novion est intitulé : Requête du Parlement au Régent, contre les pairs de France et leurs privilèges. L'auteur y donne la généalogie des pairs les plus marquants et rabaisse beaucoup leur ancienneté et l'excellence de leur noblesse. Il y a quelques vérités parmi beaucoup d'erreurs. Voici, par exemple, ce que l'auteur dit de Saint-Simon : Sa fortune est si récente que tout le monde en est instruit. Jamais il n'y eut de si mince noblesse. Un de ses cousins était, sous Louis XIV, écuyer de Madame Chalemberg. On sait que Saint-Simon prétendait descendre d'une princesse de Vermandois.

[4] Le duc du Maine avait épousé, le 19 mars 1692, Louise-Anne-Bénédicte de Bourbon, fille de celui qu'on nommait Monsieur le Prince, mort en 1709, et sœur du duc de Bourbon, communément Monsieur le Duc, père du prince dont il est parlé ici.