HISTOIRE NARRATIVE ET DESCRIPTIVE DU PEUPLE ROMAIN

 

CHAPITRE XX. — LES EMPEREURS DE LA FAMILLE D'AUGUSTE[1].

 

 

Premières années de Tibère. — Tibère, fils adoptif d'Auguste, lui succéda. Il avait déjà 56 ans et l'expérience des affaires. Il avait gouverné la Gaule, traversé neuf fois le Rhin et fait de rudes campagnes au milieu des forêts, mangeant comme les soldats et souvent dormant par terre. Il garda l'habitude de vivre très simplement ; il mangeait peu de viande et il se faisait servir les restes de son dîner de la veille ; il aimait les choux et les concombres ; il logeait dans une simple maison et travaillait beaucoup, s'occupant lui-même des affaires.

Tibère ne changea rien au système établi par Auguste. En prenant le pouvoir, il convoqua le Sénat pour délibérer sur la façon de régler le gouvernement et laissa même un sénateur proposer de partager le pouvoir. Il donna au Sénat des droits nouveaux et lui fit juger toutes les accusations contre des nobles.

Comme Auguste, il affectait de traiter le Sénat avec déférence. Il envoyait un questeur lire ses messages et consulter les sénateurs. Il lui arriva de venir voter en personne et même de voter avec la minorité.

Un jour, dit-on, un gouverneur était accusé d'avoir pillé sa province. Tibère irrité voulait parler contre lui ; un sénateur lui dit : A quel rang veux-tu parler ? Si c'est avant nous, tu nous dictes notre opinion ; si c'est après, j'aurai à craindre d'émettre un avis différent du tien. Tibère renonça à parler.

Tibère ne tenait pas aux honneurs publics, indifférence très rare chez les Romains. On voulait lui élever des temples comme à un dieu ; il refusa. Le Sénat lui offrit le titre de Père de la Patrie ; il refusa. Il refusa de se laisser appeler seigneur, il défendit qu'on parlât de ses occupations divines. Le Sénat voulait donner son nom à un mois, comme on avait fait pour César (juillet) et pour Auguste (août). Il refusa. Comment ferez-vous, dit-il, quand vous aurez eu treize empereurs ?

Il était de caractère sombre. Il faisait son métier d'empereur en conscience, mais sans plaisir, dégoûté des flatteries et se méfiant des complots.

On raconte qu'il disait en parlant des sénateurs : Ô ces hommes prêts à la servitude ! — Il disait aussi : Vous ignorez quel monstre c'est que l'Empire. — Et encore : C'est un loup que je liens par les deux oreilles.

Plusieurs nobles s'irritaient d'être soumis à un homme qui n'était pas plus noble qu'eux. Mais le Sénat n'osait pas désobéir, et Tibère, comme Auguste, était le seul maître.

Au commencement, les légions du Danube et du Rhin se mutinèrent. Les soldats du Danube demandaient 1 denier par jour de solde et 16 ans de service au lieu de 20. Tibère leur envoya son fils Drusus ; une éclipse de lune leur fit peur, et ils se calmèrent.

Les légions du Rhin réclamaient en outre la somme qu'Auguste leur avait donnée par testament. Celles de basse Germanie massacrèrent leurs centurions et voulurent proclamer empereur leur général, Germanicus, neveu et fils adoptif de Tibère. Germanicus protesta et, devant les soldats assemblés, il tourna son épée vers sa poitrine en disant qu'il aimait mieux se tuer. On lui cria : Frappe donc ! Et un soldat lui présenta son épée : Prends-la, elle est mieux affilée. Germanicus fit semblant d'avoir reçu une lettre de Tibère accordant aux soldats l'augmentation de solde qu'ils réclamaient, et les paya de son argent et de celui de ses amis.

Tibère retira plus tard les concessions faites au moment de la révolte. Il maintint la discipline et il n'y eut plus sous son gouvernement d'émeutes de soldats.

Germanicus emmena l'armée du Rhin en Germanie pendant trois ans. Il revint célébrer son triomphe à Rome ; on éleva un arc de triomphe en son honneur ; il fut honoré comme un grand général, et, à cause de ses manières affables, fut aimé du peuple et des soldats. Puis Tibère l'envoya en Orient régler les affaires de l'Arménie ; il y mourut à l'âge de 34 ans (19). Plus tard les ennemis de Tibère prétendirent qu'il l'avait fait empoisonner.

On disait qu'un noble, Pison, ennemi personnel de Germanicus, avait mis du poison dans ses aliments, et la preuve c'est que Germanicus était mort avec de l'écume à la bouche, que son corps était parsemé de taches livides et qu'après l'avoir fait brûler on avait retrouvé le cœur intact[2]. On ajoutait qu'à la nouvelle de sa mort Tibère et sa femme Livie avaient laisse voir leur joie.

Tibère et les provinces. — Tibère s'occupait beaucoup des provinces. Il cherchait à leur donner des gouverneurs honnêtes, ce qui n'était pas facile, car il ne prenait pour gouverner que des nobles, et les nobles romains étaient habitués à n'aller gouverner une province que pour s'y enrichir vite aux dépens des habitants. Tibère surveillait les gouverneurs, punissait ceux qui pillaient, les empêchait d'augmenter les impôts, même au profit du Trésor. Un bon berger, disait-il, tond son troupeau, il ne l'écorche pas. Les nobles ne se souciaient pas d'aller loin de Rome faire consciencieusement le métier d'administrateur. Aussi Tibère trouvait-il peu de candidats aux fonctions de gouverneur ; il prit le parti de laisser les gouverneurs très longtemps dans la même province.

Il y eut de son temps trois révoltes.

En Afrique, les montagnards de l'Aurès se soulevèrent, conduits par Tacfarinas, un chef de brigands numide. Tacfarinas, ancien déserteur de l'armée romaine, leur apprit à combattre à la façon des Romains. Il n'y avait en Afrique qu'une légion ; Tibère en envoya une autre de Pannonie. La guerre dura huit ans (17-24). A la fin Tacfarinas fut tué en combattant.

En Gaule, deux nobles essayèrent de soulever leur peuple : Florus, les Trévires (Trèves) ; Sacrovir les Éduens (Autun). Florus fut poursuivi jusque dans la forêt des Ardennes et se tua. Sacrovir occupa Autun ; il avait réuni, dit-on, 40.000 hommes, mais la plupart n'avaient pas d'armes. Deux légions du Rhin arrivèrent ; elles n'eurent que la peine de massacrer. Sacrovir et ses amis, réfugiés dans une maison de campagne, se tuèrent les uns les autres et mirent le feu à la maison. Tibère annonça au Sénat à la fois la révolte et la fin de la guerre[3]. Les druides avaient poussé à la révolte ; Tibère défendit, sous peine de mort, de célébrer leurs sacrifices (25).

Les Frisons devaient fournir à l'armée romaine des peaux de bœufs. L'officier romain voulut leur faire donner des peaux d'aurochs ; ils l'assommèrent, massacrèrent les Romains épars dans leur pays et assiégèrent la forteresse romaine. Les légions de Germanie envoyées contre eux eurent beaucoup de peine à manœuvrer dans ce pays coupé de bras de rivières. Les Frisons ne furent soumis qu'à la mort de Tibère.

Dernières années de Tibère. — Tibère avait un fils, Drusus, qu'il destinait à lui succéder ; Drusus fut empoisonné par sa propre femme. Il ne restait plus à l'empereur d'héritiers que ses petits-fils adoptifs, les trois fils de Germanicus.

Il y avait eu déjà des querelles, dans la famille de Tibère, entre sa mère, Livie, et la veuve de Germanicus, Agrippine. Les nobles de Rome, ennemis de Tibère, commencèrent à former un parti en faveur d'Agrippine et de son fils aîné Néron.

Tibère isolé devint soupçonneux ; alors commencèrent les procès de lèse-majesté. Une ancienne loi, faite d'abord pour les tribuns de la plèbe, puis appliquée à l'empereur, prononçait la peine de mort contre celui qui portait atteinte à la majesté du peuple romain en offensant par des actes ou des paroles l'empereur, son représentant. Le Sénat, devenu le grand tribunal de l'Empire, se chargea de poursuivre les coupables de lèse-majesté. Dans les premières années, il voulait rechercher les gens coupables d'avoir mal parlé de l'empereur ou de sa mère ; Tibère s'y était opposé. Dans un État libre, disait-il, la langue et la pensée doivent être libres. Maintenant il laissa faire des procès de lèse-majesté et peut-être il y poussa. Le Sénat se mit à poursuivre et à condamner, surtout les gens des grandes familles. On confisquait les biens des condamnés. Ceux qui avaient dénoncé recevaient une partie des biens de la victime ; ce fut alors un métier lucratif d'être délateur (dénonciateur).

Un historien, Cremutius Cordus, fut accusé d'avoir fait dans son Histoire des Guerres civiles l'éloge de Brutus ; il vint plaider devant le Sénat, rentra chez lui et se laissa mourir de faim. Dans les années suivantes, beaucoup de nobles furent accusés et plusieurs condamnés ; d'ordinaire, l'empereur leur envoyait l'ordre de se tuer, et ils se tuaient. Les biens des condamnés étaient confisqués ; il ne restait rien à la famille du condamné. Il y eut des gens qui n'attendirent pas d'être accusés et se suicidèrent ; ils pouvaient ainsi laisser leurs biens à leurs enfants.

Tibère quitta Rome et alla s'établir dans la petite ile de Caprée, près de Naples. Il laissait à Rome son homme de confiance, Séjan, un simple chevalier, qu'il avait fait commandant des soldats prétoriens (préfet du prétoire). Les prétoriens étaient logés par bandes dans les faubourgs ; Séjan fit bâtir près de la ville une forteresse où ils furent tous réunis ; il allait les voir souvent, choisissait leurs officiers et cherchait à s'en faire des amis. Séjan détestait la famille de Germanicus, sa veuve Agrippine, qui lui avait donné un soufflet, son fils aîné, Néron, qui lui reprochait d'abuser de la faiblesse d'un vieillard. Il parvint à persuader Tibère qu'ils voulaient le tuer (on avait découvert un complot pour faire Néron empereur). Le fils et la mère furent relégués au loin.

Séjan était devenu le plus grand personnage de l'Empire ; il devait épouser la petite-fille de l'empereur. Il voulut davantage, et se prépara à supprimer Tibère pour prendre sa place. Tibère en fut informé ; il résolut de faire périr Séjan, mais il prit des précautions pour ne pas lui laisser le temps de faire révolter les prétoriens.

Une nuit un officier de prétoriens envoyé de Caprée arrive à Rome, il va porter les ordres de Tibère au consul et au commandant des vigiles (gardes de nuit). Puis il va montrer aux gardes prétoriens, chargés de garder le Sénat, un ordre de le reconnaître comme leur chef et leur promet une somme d'argent ; il les relève de faction et met des vigiles à leur place autour de la salle du Sénat. Le Sénat se rassemble ; Séjan y vient ; l'officier remet aux consuls une lettre de Tibère et s'en va aussitôt au camp des prétoriens. On lit la lettre, une longue lettre, faite exprès pour durer longtemps, où il était question de plusieurs choses. A la fin on arrive au passage où l'empereur ordonne d'arrêter Séjan ; le consul le saisit et le mène en prison ; le soir même il fut exécuté. Son cadavre fut livré au peuple, qui pendant trois jours le traîna dans la rue. On mit à mort son oncle, ses enfants, ses amis ; leurs corps furent traînés aux gémonies et jetés dans le Tibre.

Tibère apprit alors que son fils Drusus avait été empoisonné sur le conseil de Séjan. Il se mit à rechercher lui-même les complices de Séjan ; il se fit amener les accusés et les fit torturer devant lui pour les forcer à avouer. On raconta plus tard des histoires sinistres sur ces procès.

Tibère, disait-on, faisait jeter des gens du haut d'un rocher dans la mer ; quand ils vivaient encore, des matelots les achevaient à coups de rames.

Un Rhodien que Tibère avait invité à venir le voir arriva à Caprée pendant ces opérations. Tibère, avant de s'informer, le fit mettre à la torture ; il s'aperçut de son erreur et, pour qu'elle restât secrète, fit tuer le malheureux Rhodien.

Le deuxième fils de Germanicus, Drusus, était enfermé ; on le fit mourir de faim. Sa mère Agrippine se laissa mourir de faim, et le Sénat remercia l'empereur de n'avoir pas fait traîner son corps dans le Tibre.

Tibère passa ses dernières années à Caprée, vivant simplement et s'occupant des affaires, pendant qu'à Rome le Sénat continuait à condamner. Enfin il s'affaiblit, s'évanouit et mourut. Il laissait les provinces bien administrées et le Trésor rempli (37).

On raconta qu'il avait été empoisonné, ou qu'on l'avait étouffé sous un matelas.

Caligula (37-41). — Il ne restait qu'un fils de Germanicus, le plus jeune, Caïus, âgé de vingt-cinq ans. Tout enfant, quand il était en Germanie avec son père, les soldats l'avaient surnommé Caligula (parce qu'il portait la chaussure gauloise la caliga), le surnom lui était resté. Les prétoriens le proclamèrent empereur.

Il commença par se faire aimer. Pour fêter son avènement, il distribua un donativum : 500 deniers par tête aux prétoriens ; 125 aux soldats des cohortes urbaines ; 85 aux légionnaires ; il distribua un congiaire aux citoyens (75 deniers par tête). Il traita le Sénat avec respect. Il fit sortir de prison les accusés et permit de lire les livres défendus sous Tibère. Ce fut une grande joie dans Rome ; en trois mois on sacrifia 160000 animaux aux dieux pour les remercier d'avoir donné un si bon empereur.

La joie fut courte. Le nouvel empereur se conduisit bientôt comme un fou dangereux. Il épousa sa sœur, et quand elle mourut il ordonna de l'adorer comme une déesse. Lui-même se déclara dieu et il exigea qu'on l'adorât ; il ordonna de mettre son image dans tous les temples ; il allait au Capitole causer avec Jupiter ; il venait s'asseoir sur le Forum entre les statues de Castor et de Pollux et se faisait adorer par le peuple. Il se fit bâtir un temple à Rome, et y établit des prêtres pour lui offrir des sacrifices. On dit même qu'il nomma prêtre son cheval favori, Incitatus, et qu'il voulait le faire consul.

Il fit sans raison battre de verges un questeur, mettre à la torture des sénateurs. Pendant une maladie, qui faillit l'emporter, des gens s'étaient dévoués pour le salut de l'empereur (c'était une cérémonie religieuse) ; il s'amusa à leur faire tenir leur promesse en les forçant à se tuer. Il épousa successivement trois dames qu'il enleva à leurs maris, il répudia vite les deux premières et il s'amusait à dire à la troisième : Si je faisais seulement un signe, cette tête tomberait. Il était comme enivré de sa toute-puissance.

On raconte qu'il disait : Tout m'est permis à l'égard de tous. — Un jour, dans un banquet qu'il donnait aux consuls, il se mit tout à coup à rire : Je riais, dit-il, en pensant que d'un seul mot je peux vous faire étrangler tous. — Il dit aussi : Je voudrais que le peuple romain n'eût qu'une tête pour pouvoir la trancher d'un seul coup.

Il mangeait et buvait à l'excès. Il lui arriva de donner des soupers qui coûtaient 10 millions de sesterces. Il invitait avec lui dans son palais les cochers du cirque, les gladiateurs, les mimes, grand scandale pour les Romains qui regardaient comme déshonorant de fréquenter des gens de cette sorte. Il donna des courses de chars où lui-même parut comme cocher.

Il donna, dit-on, une fête de nuit qu'il termina en faisant jeter ses invités à la mer.

Il eut bientôt fini de gaspiller le trésor amassé par Tibère, et pour se procurer de l'argent, il se mit à condamner à mort des gens riches et à confisquer leurs biens.

Une de ses victimes n'avait pas laissé une fortune qui valût la peine d'être confisquée : Celui-là m'a trompé, dit l'empereur, il pouvait vivre.

Il établit un impôt sur la vente de tous les objets achetés au marché de Rome et, avant même qu'il fût proclamé, commença à le faire lever. On se plaignit. Il fit alors afficher son décret, mais écrit si fin et placé si haut que personne ne pouvait le lire.

A Lyon, il vendit aux enchères les meubles et les vêtements du palais et dirigea lui-même la vente, forçant les assistants à acheter à des prix exorbitants.

Pendant le temps qu'il passa en Gaule, il menait toujours un bourreau avec lui ; tous les dix jours, il choisissait sur la liste des contribuables quelques-uns des plus riches et les condamnait à mort ; il appelait cela apurer ses comptes.

Un jour qu'il venait de perdre au jeu, il sort de la salle, va prendre sur la liste les noms de quelques riches propriétaires, les condamne à mort, puis revient près de ses compagnons de jeu et leur dit : Vous autres, vous jouez pour quelques misérables sesterces ; moi, d'un seul coup, je viens d'en gagner 150 millions.

Il s'occupait de littérature ; il défendit de lire Homère et Tite-Live, parce qu'il en était jaloux. A Lyon, il y avait des concours de poètes et d'orateurs ; il ajouta au règlement que les mauvais poètes seraient condamnés à effacer leurs vers avec leur langue.

Il voulut avoir la gloire d'un général et traversa le Rhin avec une armée pour aller vaincre les Germains. Tout d'un coup il entend dire que l'ennemi arrive (c'était un faux bruit) ; il saute à bas de son char, monte à cheval et court vers le pont du Rhin ; il le trouve encombré par ses troupes et, pour revenir plus vite, se fait passer de main en main par les soldats. Il ne renonça pas cependant à se procurer un triomphe. Un jour, pendant qu'il dînait, on vint lui annoncer l'approche de l'ennemi ; il sortit de table, alla avec ses troupes dans la forêt et revint, ramenant des prisonniers germains ; c'étaient ses propres gardes germains qu'il avait fait cacher pour avoir le plaisir de les prendre. L'année suivante, il fit une expédition contre la Bretagne et s'arrêta au bord de la Manche. Pour ces succès, il se fit proclamer sept fois imperator et célébra son triomphe, il y fit paraître de faux prisonniers, des Gaulois, choisis parmi les plus grands, les cheveux teints en roux et habillés en Germains.

Bien des gens désiraient se délivrer de ce fou qui déshonorait même les armées romaines ; on conspira pour le tuer. Deux complots manquèrent. Un officier des prétoriens, Chéréas, que Caligula avait traité de lâche, voulut se venger. Un jour, vers midi, l'empereur sortait du théâtre, un théâtre provisoire bâti près du Palatin ; pour rentrer plus vite il avait laissé ses gardes germains et passait seul par une galerie souterraine entre le théâtre et le palais ; c'est là que Chéréas le surprit et le tua. On tua aussi sa femme et sa fille. Ses gardes germains, apprenant le meurtre, entrèrent dans le palais, et se mirent à massacrer tous ceux qu'ils rencontrèrent.

Claude (41-54). — Le Sénat s'assembla et voulut d'abord rétablir l'ancien gouvernement, sans empereur ; Chéréas, en signe que le pouvoir était revenu aux anciens magistrats, vint demander le mot d'ordre aux consuls qui donnèrent le mot Liberté.

Mais les soldats voulaient un empereur. Les prétoriens, en fouillant le palais, trouvèrent un homme qui se cachait et leur demandait grâce : c'était le frère de Germanicus, Claude, qu'on regardait comme à demi imbécile. Les prétoriens lui dirent : Sois notre empereur. Et comme il tremblait de peur et ne pouvait marcher, ils l'emportèrent dans leur camp et le proclamèrent empereur. Claude leur fit un discours et leur promit un donativum de 15.000 sesterces par tête.

Les consuls et le Sénat avaient pour se défendre une troupe de gladiateurs, et surtout les soldats des cohortes urbaines et des vigiles toujours jaloux des prétoriens. On se prépara à combattre. Mais les soldats du Sénat eux-mêmes demandèrent un empereur et les sénateurs se disputèrent à qui serait cet empereur. Les soldats alors, abandonnant le Sénat, partirent pour rejoindre les prétoriens. Les sénateurs, restés seuls, furent forcés d'aller au camp des prétoriens et de reconnaître le nouvel empereur. Les prétoriens avaient la force, ils disposaient de l'Empire.

Claude avait 50 ans ; tenu à l'écart par Tibère comme incapable, il n'avait jamais eu d'autre fonction que celle d'augure ;il avait vécu dans le palais, s'occupant d'antiquités étrusques ; il avait aussi inventé trois nouvelles lettres. Devenu empereur il voulut remplir ses devoirs en conscience. Il abolit les impôts de Caligula, rappela les exilés, rendit les biens confisqués injustement et interdit de faire des procès de lèse-majesté. Il venait lui-même rendre la justice et cherchait à juger suivant l'équité. Mais il avait l'air d'un vieillard imbécile, la tête branlante, les mains tremblantes ; il bégayait, faisait des plaisanteries ineptes. On le trouvait ridicule et on ne le respectait pas. On se moquait de ses édits, où il parlait de tout, des éclipses, de la façon de conserver le vin, des remèdes contre la morsure des vipères.

Quand il se levait de son siège de juge, l'avocat le tirait par le pan de sa toge pour le forcer à se rasseoir et à écouter. — Un jour un plaideur grec lui dit en pleine figure : Tu es une vieille bête.

Il traitait avec déférence le Sénat, se levait devant les magistrats comme un simple citoyen. Mais, ayant peur d'être assassiné, il se faisait accompagner partout, même à table, de gardes armés de lances ; il ne laissait approcher personne avant de l'avoir fait fouiller, et faisait entrer avec lui des officiers en armes jusque dans le Sénat. Il indisposait ainsi les nobles contre lui.

Il était gourmand et adorait le spectacle ; il restait au théâtre, même pendant que la foule s'en allait manger. Le peuple aimait cet empereur bonhomme, tout en se moquant de lui.

Incapable de diriger les affaires, il laissait gouverner ses affranchis : Narcisse son secrétaire, Polybe son lecteur, Pallas l'intendant de ses domaines, Calliste qui se vantait de lui avoir sauvé la vie.

Les nobles romains s'indignaient d'obéir à d'anciens esclaves, de voir Pallas amasser une fortune énorme, avoir une maison de grand seigneur et donner des festins à ses favoris, se conduire enfin comme le descendant d'une grande famille romaine. Ils appelèrent avec mépris ce régime le règne des affranchis.

Ces gens, Grecs ou Asiatiques, assez instruits et très habiles, n'administraient pas mal. Sous Claude comme sous Tibère, les gouverneurs furent surveillés. Leurs employés, d'ordinaire des affranchis, restaient longtemps dans le même poste, connaissaient les affaires du pays et les dirigeaient sous le nom du gouverneur.

Les provinces, gouvernées régulièrement, s'enrichirent ; on augmenta le nombre des citoyens. A la fin de 48, on en compta près de 7 millions.

En Italie, on fit à Ostie un grand port de 70 hectares, avec deux jetées et un phare, ce qui permit aux grands navires de venir débarquer près de Rome. On donna des primes à ceux qui y amenaient des navires. On travailla à dessécher le lac Fucin en creusant à travers la montagne un tunnel des kilomètres et demi de long[4], qui devait conduire les eaux du lac dans une rivière.

Sous Claude plusieurs lois nouvelles commencèrent à adoucir le vieux droit romain : en déclarant libre l'esclave malade abandonné par son maître ; en donnant à la mère le droit d'hériter de son fils, au fils le droit de disposer de l'argent qu'il avait gagné.

Claude se laissait diriger par sa femme comme par ses affranchis. D'abord[5] ce fut sa troisième femme, Messaline, fameuse par sa conduite effrontée. Elle fit condamner à mort les gens qui lui déplaisaient, et elle finit par épouser publiquement un jeune noble. Claude se décida alors à la faire tuer.

Son affranchi Pallas lui fit épouser en quatrièmes noces sa nièce, fille de Germanicus, Agrippine. C'était une femme fière et ambitieuse, elle voulut partager le pouvoir et les honneurs ; elle recevait le Sénat et les ambassadeurs étrangers, elle assistait, vêtue du manteau de général, aux revues des soldats. Elle fit fonder une colonie sous son nom, Colonia Agrippina (Cologne). Jamais à Rome une femme n'avait fait pareille chose.

Claude avait un fils, Britannicus, qui devait lui succéder. Agrippine le décida à adopter son fils à elle, Néron, qu'elle avait eu de son premier mari, et à lui faire épouser sa fille Octavie. Il lui donna le pouvoir proconsulaire, fit distribuer en son nom le donativum aux soldats et le congiarium au peuple ; enfin il le choisit pour successeur au lieu de son fils Britannicus.

Lorsque Agrippine fut assurée de voir son fils empereur, Claude mourut, empoisonné, dit-on, par sa femme (54).

Néron (54-68). — A la mort de Claude, le fils d'Agrippine, Néron, devint empereur, n'ayant pas encore 17 ans. Il avait appris à faire des vers et des discours, à peindre, à chanter en s'accompagnant de la lyre ; il ne connaissait ni les armes ni les affaires.

Sa mère gouverna d'abord avec lui ; elle écrivait les dépêches de gouvernement, recevait les ambassadeurs, passait les revues. La loi interdisait à une femme de siéger dans le Sénat, Agrippine faisait venir les sénateurs dans le palais et assistait à leur séance, cachée derrière une tenture. Quand son fils sortait dans la ville, elle montait dans la même litière que lui, ou le faisait aller à pied à côté de la sienne.

Néron se lassa vite de cette surveillance. Il voulait se débarrasser de sa femme Octavie. Agrippine lui fit des reproches et le menaça, dit-on, de faire proclamer empereur Britannicus. Néron fit empoisonner Britannicus son frère ; puis il renvoya sa mère du palais.

Dès lors il gouverna seul. Pendant les cinq premières années de son règne, on fut content du gouvernement. Néron suivait les conseils du préfet du prétoire, Burrhus, et de son précepteur Sénèque. Il traitait le Sénat avec respect et paraissait désireux d'être un bon prince. Un jour qu'on lui apportait à signer deux condamnations à mort, il dit : Je voudrais ne pas savoir écrire.

Mais déjà il s'amusait d'une façon singulière pour un empereur. La nuit, il courait les rues avec une bande de jeunes gens, déguisé en esclave, battant les passants, enfonçant les boutiques. Au théâtre, il excitait le public à crier, à casser les bancs et à se battre ; lui-même jetait d'en haut les objets qui lui tombaient sous la main.

Puis il s'éprit de Poppée, la femme d'un de ses compagnons, une coquette qui, pour se conserver la peau fine, prenait des bains de lait d'ânesse et se garantissait du soleil en portant un masque. Il se débarrassa d'abord de sa mère Agrippine, puis de sa femme Octavie. Il accusa sa mère d'avoir voulu le faire assassiner et l'envoya tuer par des soldats ; le Sénat vota des sacrifices pour remercier les dieux d'avoir sauvé l'empereur. Néron, à son retour dans Rome, fut reçu en cérémonie par tout le peuple comme après une victoire.

Quand il répudia Octavie pour épouser Poppée, le peuple indigné envahit le palais et renversa les statues de Poppée. Néron se vengea en accusant Octavie d'un crime dont elle était innocente. On la tua et on apporta sa tête à Poppée.

Burrhus étant mort (62), Néron le remplaça par un de ses flatteurs. Alors commencèrent les procès de lèse-majesté et les exécutions. Le gouvernement redevint cruel comme au temps de Tibère.

Néron voulait faire admirer son talent de chanteur. Il avait commencé par se montrer sur un théâtre installé dans ses jardins et réservé aux nobles ; mais il tint bientôt à se faire voir au peuple tout entier. Il vint chanter sur le théâtre public de Rome dans le costume des chanteurs ; suivant les règles de la profession, en finissant, il mettait un genou en terre et tendait la main en suppliant vers le public. Mais dans le public se trouvaient des bandes de claqueurs organisées pour l'applaudir (5.000 hommes, dit-on), qu'on appelait les Augustiens. Les spectateurs, surveillés par des espions, ne pouvaient se dispenser d'admirer. Cette fantaisie de Néron était un grand scandale pour les Romains ; mais il eût été dangereux de le dire, et les sénateurs offraient des sacrifices à la voix divine de l'Empereur.

En 64, le feu prit à Rome dans les magasins des marchands d'huile ; l'incendie, activé par le vent, dura huit jours et brilla 10 quartiers de la ville (sur 14). Néron, absent de Rome, trouva en arrivant son palais brûlé, courut sans gardes diriger les secours et recueillit dans ses jardins les gens sans asile. Mais il était si détesté qu'on l'accusa d'avoir fait allumer l'incendie pour s'amuser.

On disait que du haut du Palatin, vêtu d'un costume de chanteur, la lyre à la main, Néron avait regardé brûler la ville en chantant des vers sur l'incendie de Troie.

Rome fut rebâtie plus belle, avec des rues larges et droites, des maisons moins hautes, en bonne pierre, isolées l'une de l'autre et le long des grandes rues des portiques couverts (des arcades). Néron se fit faire un grand parc ; avec des bois, des pelouses, des étangs, et un palais, le plus luxueux qu'on eût vu à Rome, la Maison-d'Or, ainsi nommée à cause des dorures ; il y avait des salles dont le plafond était formé de tablettes d'ivoire mobiles par où on pouvait faire descendre des parfums ou une pluie de fleurs ; il y avait une salle qui tournait sans cesse.

Néron s'entoura d'un luxe contraire aux habitudes romaines : il avait des meubles de nacre et d'ivoire, des vêtements de soie et de laine pourpre qu'il ne portait qu'une fois ; en voyage il emmenait un millier de chars. Il distribuait des cadeaux, même des domaines, à des acteurs, des musiciens, des gladiateurs.

Ses mules étaient ferrées d'argent. On disait que Poppée faisait ferrer ses chevaux avec de l'or, et se faisait suivre de 500 ânesses pour pouvoir toujours prendre ses bains de lait.

L'argent commença à manquer. Néron diminua le poids des monnaies. Il fit enlever dans les temples de Rome, de Grèce, d'Asie l'or et l'argent consacrés aux dieux, et même leurs statues. Il exigea que dans les testaments on donnât quelque chose à l'Empereur.

Plusieurs nobles de Rome conspirèrent pour tuer Néron et le remplacer par Pison, sénateur riche et aimé du peuple. Un des consuls, un préfet du prétoire, plusieurs officiers étaient du complot. Un sénateur s'était chargé de frapper Néron pendant les jeux du cirque. Mais il fit tant de préparatifs qu'un de ses affranchis eut des soupçons et alla le dénoncer. Néron envoya l'ordre aux complices de se tuer ; ils s'ouvrirent les veines. Sénèque, qui n'avait pas révélé le complot, reçut le même ordre. Une femme, Epicharis, mise à la torture, refusa de rien révéler ; ses membres furent tellement brisés que le lendemain il fallut la ramener en litière à la torture ; dans le trajet elle se passa un lacet au cou et s'étrangla (65).

Dans les années suivantes on condamna à mort plusieurs nobles innocents. Le plus célèbre, Thraséas, le plus respecté des sénateurs, fut condamné parce qu'il avait depuis trois ans cessé de venir au Sénat, et n'avait jamais sacrifié pour la santé de l'Empereur et pour sa voix divine. Un questeur vint lui apporter la sentence prononcée par le Sénat ; Thraséas renvoya ses amis pour ne pas les compromettre, empêcha sa femme de se tuer, puis il se fit ouvrir les veines du bras et dit au questeur : Regarde, jeune homme. Tu es né dans un temps où il est bon de se fortifier par des exemples de courage.

Néron désirait faire admirer sa voix aux Grecs, les plus fins artistes du temps. Il partit pour la Grèce avec une escorte nombreuse d'acteurs et de musiciens. Il alla de ville en ville, chantant dans tous les concours, à Olympie, à l'Isthme, à Delphes — les Grecs pour lui plaire avaient changé la date des jeux de façon à la faire coïncider avec son passage —. Partout on lui décerna le prix ; à Corinthe un chanteur voulut lutter avec lui, il le fit étrangler. Il revint enchanté de son voyage : Il n'y a que les Grecs qui sachent écouter, disait-il. Pour les récompenser il lut, devant la foule assemblée aux jeux, un décret qui déclarait libres les cités grecques. De retour en Italie, dans les villes où il passait, il entra sur un char attelé de chevaux blancs, par une brèche faite dans la muraille, comme autrefois les vainqueurs des jeux Olympiques. Il traversa Rome vêtu de pourpre, en triomphe, ayant sur la tête la couronne d'Olympie et devant lui les 1.800 couronnes qu'il venait de gagner en Grèce ; il les suspendit dans les salles de son palais. Pour ménager sa voix il ne parlait plus aux soldats, tenait un linge devant sa bouche et se faisait suivre partout de son maître de chant qui lui recommandait de se soigner.

Conquête de la Bretagne. — Depuis l'expédition de César, les peuples bretons, restés indépendants dans leur île, continuaient d'être en rapport avec les peuples de la Gaule, qui parlaient la même langue qu'eux ; des deux côtés de la mer on parlait celte et on obéissait aux druides. Les Celtes de Bretagne excitaient les Celtes de Gaule contre Rome et recevaient les déserteurs échappés de l'armée romaine.

Le gouvernement romain se décida à conquérir la Bretagne. Sous le règne de Claude, on y envoya 4 légions, environ 40.000 hommes.

Les Celtes étaient braves, belliqueux et bons cavaliers ; mais divisés en petits peuples et mal organisés. Leurs fantassins, sans cuirasses et sans casques, avaient des boucliers trop petits, des javelots trop courts, des épées trop larges.

Les Romains débarquèrent sans combat et campèrent au bord de la Tamise pour attendre Claude ; quand l'empereur fut là ils traversèrent la rivière et dispersèrent l'armée barbare de Caractacus, roi de Camulodunum ; les autres chefs demandèrent la paix. Claude revint avec le surnom de Britannicus (conquérant de la Bretagne) (44).

Le général resta quatre ans dans le pays pour organiser la nouvelle province de Bretagne. Une colonie de vétérans romains fonda une ville romaine, Camulodunum, où le gouverneur s'établit. On commença à exploiter les mines de plomb, les marchands romains arrivèrent et il se forma des villes romaines ; la plus grande fut Londinium (Londres), près de l'embouchure de la Tamise.

Les Romains avaient soumis sans peine toute la plaine qui forme le sud de l'Angleterre. Dans les montagnes de l'Ouest (pays de Galles), les habitants se défendirent ; le roi Caractacus s'y était réfugié et continuait la guerre. Les peuples de l'Ouest et du Nord s'entendirent pour attaquer la province romaine, mais les Romains les soumirent l'un après l'autre. Caractacus livra bataille dans une vallée ; ses soldats, sans casques ni cuirasses, furent massacrés ; il s'enfuit chez la reine d'un peuple voisin qui le livra aux Romains.

Quand il arriva à Rome et vit les monuments de la grande ville, il s'étonna : Comment, dit-il, vous qui avez de si magnifiques palais, pouvez-vous avoir envie de nos pauvres cabanes !

La conquête n'était pas finie. Les Romains n'occupèrent jamais les montagnes du pays de Galles, ils se bornèrent à établir de ce côté des villes fortes pour arrêter les montagnards[6] Même les peuples de l'Angleterre se soulevèrent encore et il fallut une grande guerre pour les soumettre.

Il y avait dans l'île de Mona (Anglesey) une forêt sacrée où se réunissaient les druides pour sacrifier des victimes humaines et pour décider les affaires communes ; ils excitaient les habitants contre les étrangers. Le gouverneur romain résolut de détruire ce sanctuaire ; son armée traversa le détroit qui sépare l'île du continent. Les druides, les mains levées au ciel, prononçaient des imprécations ; des femmes, en vêtements noirs, les cheveux épars, la torche à la main, couraient, semblables aux Furies, exciter les guerriers. Les Romains dispersèrent ces défenseurs, coupèrent les arbres et abattirent les autels.

Les peuples bretons étaient irrités contre les vétérans qui avaient pris aux habitants de Camulodunum leurs maisons et leurs terres, contre les marchands et les banquiers romains qui voulaient tirer de l'argent d'un pays pauvre.

Pendant que l'armée était occupée à Mona, ils se soulevèrent tous à la fois, massacrèrent non seulement les soldats, mais tous les étrangers établis dans le pays (70.000, dit-on), et détruisirent les villes romaines. Une légion venue au secours de Camulodunum fut presque toute exterminée. Le chef de la révolte était une femme, la reine Boadicée ; les officiers romains l'avaient battue, avaient insulté ses deux filles et gardé son héritage.

Le gouverneur, revenu de Mona avec 10.000 hommes seulement, livra bataille à une armée énorme de Bretons, accompagnés de leurs femmes. Boadicée, montée sur un char avec ses deux filles, passa devant les rangs en disant : Il s'agit de vaincre ou de mourir, je vous donnerai l'exemple. La petite armée enfonça et massacra cette foule (80.000 barbares, dit-on). Boadicée s'empoisonna (61).

Les Romains, maîtres du Sud, établirent un camp de 2 légions dans le Nord, à Eboracum (York). Puis, quand ils eurent fini la guerre contre les montagnards de l'Ouest, ils attaquèrent les montagnards du Nord. Agricola, beau-père de l'historien Tacite, leur fit la guerre pendant sept ans (78-85). Il réunit une flotte pour porter les provisions dans ce pays où l'armée n'aurait pu trouver de quoi se nourrir et s'avança peu à peu avec 4 légions jusqu'à l'endroit de l'Écosse où les deux mers, en se rapprochant, forment un isthme. Les montagnards de Calédonie (nord de l'Écosse) vinrent l'attaquer. Il les repoussa.

Les empereurs ne voulaient pas occuper l'Écosse et l'Irlande ; ils aimèrent mieux maintenir la frontière plus au sud et la défendre par un retranchement.

 

 

 



[1] César était le nom de famille du fondateur de l'Empire. En comptant César et Auguste, il n'y eut en tout que six empereurs de la famille de César. Mais on a pris l'habitude d'appeler les douze premiers empereurs les douze Césars.

[2] Il est à peine besoin de dire qu'aucune de ces preuves ne prouve rien.

[3] L'arc de triomphe d'Orange a été élevé en souvenir de cette victoire.

[4] Le travail abandonné a été achevé de nos jours (1869-74).

[5] Il avait eu avant elle deux femmes, et les avait répudiées pour leur mauvaise conduite.

[6] Deux villes ont conservé le nom de camp retranche (castra), Caerieon (Castra Legionis), Chester (Castra).