ANTIQUITÉS GRECQUES

DEUXIÈME PARTIE. — LA GRÈCE HISTORIQUE — QUATRIÈME SECTION. — RELATIONS INTERNATIONALES.

CHAPITRE QUATRIÈME. — LES GRANDES FÊTES.

 

 

Nous avons cité les fêtes instituées à l’instigation de l’oracle de Delphes comme un des moyens mis en couvre afin d’éveiller chez les Grecs le sentiment de l’unité nationale ; il convient maintenant de les étudier de plus près, en commençant par les plus anciennes et les plus renommées.

§ 1. — Les fêtes olympiques.

Ces fêtes, consacrées à Zeus, étaient célébrées à Olympie, dans la Pisatide, une des divisions de l’Élide. On en faisait remonter l’origine à la plus haute antiquité : tantôt on l’attribuait à Héraclès, soit à l’Héraclès Thébain, soit à un autre plus ancien encore, qui se rattachait à la légende des Dactyles du mont Ida, tantôt à Pisos le fondateur de Pisa, à Pélops ou à quelque autre héros fabuleux[1]. L’attribution à Pélops s’explique par les honneurs qui lui étaient rendus à Olympie. Les Éléens, dit un ancien[2], mettent Pélops autant au-dessus des autres héros que Zeus au-dessus des autres dieux. Il avait un temenos distinct, appelé πελόπιον ; on conservait comme une relique une de ses omoplates et divers ossements ; chaque année, on lui offrait. en sacrifice un bélier noir[3]. Pélops est l’auteur légendaire de la race royale qui, dans les temps antéhelléniques, gouverna une grande partie de la péninsule. Il est très probable que son culte à Olympie date de son règne, car, d’après les mêmes sources fabuleuses, l’Élide appartenait à la région qui lui était soumise. Pour Héraclès, ce qui le fit mettre en avant, c’est la part que prenaient à la solennité les États doriens fondés après le retour des Héraclides dans le Péloponnèse, États dont les familles dominantes se vantaient d’être les héritières du héros ; mais certainement les fêtes olympiques avaient devancé l’arrivée des Héraclides ; elles n’étaient d’abord, il est vrai, célébrées que par les Pisates, sur le territoire desquels était situé le sanctuaire, et par leurs plus proches voisins ; elles furent même complètement abandonnées à la suite de l’occupation par les Éléens de la partie de la Pisatide qui comprenait Olympie[4], et cela dura jusqu’au temps où Lycurgue et Iphitos se trouvèrent placés chacun à la tête de leurs concitoyens, l’un à Sparte, l’autre à Élis. L’Hellade ou du moins toute la péninsule était remplie par des discordes intestines et en proie à d’effroyables fléaux[5]. Iphitos, qui avait été demander un remède à l’oracle de Delphes, en reçut l’avis de restaurer les jeux olympiques tombés en désuétude[6]. Ce fut Iphitos aussi qui changea les sentiments des Éléens envers Héraclès, qu’ils avaient autrefois traité en ennemi, et les disposa à l’honorer, comme faisaient les Doriens. Un rapprochement s’établit en effet à cette occasion entre l’Élide et les États doriens du Péloponnèse. Le récit d’après lequel Lycurgue et Iphitos auraient fixé en commun les statuts de la trêve divine qui durant les fêtes suspendait toute hostilité entre ceux qui y prenaient part, montre que Sparte en particulier, parmi les États doriens, s’entendit avec l’Élide pour assurer à tous les peuples qui s’unissaient dans la pensée des fêtes le bienfait de la pais. Au temps de Pausanias, on montrait encore à Olympie, dans le temple d’Héra, un monument d’airain que l’on appelait le disque d’Iphitos, où étaient gravées les conditions de la trêve[7]. A côté du nom d’Iphitos, on y lisait celui de Lycurgue. Bien que ce témoignage ne fût pas contemporain des personnages qu’il mentionne, il était certainement d’une haute antiquité. Outre la suspension des hostilités durant la célébration des fêtes, la trêve disposait que toute la contrée dans laquelle était situé le sanctuaire serait considérée comme la propriété du Dieu, et à ce titre inviolable à tous ceux pour lesquels il était un objet de vénération. Quiconque eut cherché à s’emparer de vive force du territoire consacré était réputé anathème, et la malédiction s’étendait aux populations qui, en pareil cas, n’auraient pas prêté main-forte aux Éléens. Les troupes alliées, forcées de traverser le pays, devaient déposer leurs armes à la frontière, pour les reprendre au retour[8]. Ces statuts faisaient, pour ainsi dire, de l’Élide le temple de la paix. D’après une autre disposition qui s’accorde bien avec les précédentes, toutes les fois que les Hellènes étaient en guerre avec des Hellènes, l’oracle d’Olympie ne pouvait être consulté sur l’issue de la campagne. Cette défense était encore en vigueur au temps de Xénophon[9], et cependant à la même époque le sanctuaire fut souvent décoré avec les offrandes des vainqueurs[10]. Il y avait longtemps que la paix ne régnait plus dans le pays[11]. Le sol même sur lequel était bâti la cité olympique avait été enlevé par les Éléens aux Pisates lors de la conquête dorienne. Cela n’avait pas empêché les Éléens de réclamer, d’accord avec Sparte, le privilège de l’inviolabilité, mais les Pisates naturellement ne se crurent pas tenus de souscrire à cette exigence. Ils firent, au vine et au vite siècle, des tentatives répétées, qui ne furent pas toutes sans succès, pour recouvrer leur ancienne possession, jusqu’au moment où les Éléens, décidément vainqueurs avec le secours de Sparte, finirent par détruire la capitale de la Pisatide. Depuis cet événement, les Éléens ne se préoccupèrent plus de faire respecter le privilège qui protégeait leur territoire. Le temple de Zeus, bâti par Libon et achevé dans la LXXXVIe olymp. (av. J.-C. 433), fut payé par le butin conquis sur les populations voisines, et devint avec le statue du Dieu, chef-d’œuvre de Phidias, le monument de leur victoire. L’histoire nous montre souvent ainsi les Éléens en état de guerre ; l’enceinte même consacrée à Zeus servit de champ de bataille[12].

La loi qui, durant les fêtes, suspendait les hostilités entre les peuples représentés à Olympie (όλυμπιακή έκεχειρία) fut mieux observée. A l’entrée du temple construit par Libon, on voyait une statue d’Iphitos couronné par la personnification divine de l’Ékécheirie. Les Éléens, à l’approche des solennités, envoyaient des députés dans tous les États grecs, pour en faire l’annonce. Si quelqu’un de ces États violait la trêve, les Éléens avaient le droit de lui infliger une amende au profit du Dieu, et faute de payement, de lui interdire toute participation aux fêtes. Ils exercèrent cette autorité même contre les Spartiates qui ne la contestèrent pas, et se bornèrent à s’excuser sur ce que l’Ékécheirie ne leur avait pas été dénoncée officiellement[13]. Les Éléens pouvaient aussi prononcer des amendes pour toutes les contraventions aux règlements qui concernaient les fêtes et la célébration des jeux, et cela avec l’assentiment et l’appui de l’oracle de Delphes. Les Athéniens ayant un jour refusé cette satisfaction, l’oracle déclara qu’ils n’avaient aucune réponse à espérer de lui tant qu’ils ne se seraient pas acquittés, et les Athéniens se soumirent[14].

Il est impossible d’énumérer les États qui, avec le temps, accédèrent à la ligue olympique et reconnurent ses lois ; mais on peut affirmer que le nombre s’en accrut progressivement. Dans les siècles qui nous sont mieux connus, ces solennités apparaissent comme la fête générale de l’hellénisme ; on y voit affluer de toute part non seulement les pèlerins, les curieux et les concurrents, mais les Théories députées par les divers États. Les Théories, pour le dire en passant, n’étaient pas seulement de toutes les fêtes nationales ; on en envoyait aux fêtes étrangères que célébraient les populations amies, pour offrir des sacrifices et prendre part aux réjouissances. Ces ambassades étaient composées de personnages plus ou moins en évidence par leur crédit et leur richesse, dont l’un (άρχιθέωρος ou άρχεθέωρος) était placé à la tête de ses compagnons (συνθέωροι). Les frais étaient supportés pour la plus grande partie par l’État, mais comme on se faisait un point d’honneur de paraître avec éclat dans ces cérémonies, l’Archithéoros se trouvait entraîné à des dépenses considérables ; aussi cette fonction est-elle désignée comme une sorte de liturgie, et ceux qui la recherchaient étaient-ils réputés faire un sacrifice patriotique[15]. Les Théories étaient accompagnées de nombreux serviteurs ; elles emportaient avec elles, outre des vêtements magnifiques, divers objets qui devaient servir pour les processions et les cérémonies religieuses. Chez les Athéniens, les objets de ce genre étaient conservés dans un garde-meuble appelé Pompeion. L’État chez lequel la fête avait lieu devenait l’hôte des Théores. Il est fait çà et là mention de θεαροδόκοι chargés d’en prendre soin[16] ; toutefois il étain impossible, lorsque les fêtes attiraient un trop grand nombre de visiteurs, de les loger et de les entretenir. Dans ce cas, ils dressaient des tentes pour eux et leur suite, et l’État qui les recevait en était quitte pour les inviter à des banquets. Les bâtiments destinés à ces réunions s’appelaient έστιατόρια ; il en est fait mention à Olympie et ailleurs[17].

Depuis leur renouvellement par Iphitos et Lycurgue, les fêtes olympiques étaient quinquennales, c’est-à-dire qu’elles revenaient après quatre années accomplies, dans le courant de la cinquième[18]. Elles avaient lieu au commencement et au milieu d’une période de huit années ou de quatre-vingt-dix-neuf mois lunaires, divisée en deux parties de cinquante mois d’un côté, et de quarante-neuf de l’autre. Elles inauguraient alternativement ou terminaient l’année : dans le premier cas, elles tombaient au mois de Parthénios, dans le second à celui d’Apollonios, mais toujours dans la pleine lune qui suivait le solstice d’été[19]. La durée des fêtes, plus courte dans le principe, comprit plus tard au moins cinq jours, peut-être même six ou sept[20]. L’emplacement voué à cet usage était l’Altis, bois sacré situé dans une plaine que traversait l’Alphée, à l’endroit où ce fleuve recevait d’une hauteur voisine un ruisseau nommé Kladeos. Des montagnes qui entouraient l’Altis, l’une portait le nom d’Olympos ; l’autre, dont il est plus souvent question, était le Kronion. Une route, longue de trois cents stades, un peu plus de treize lieues, conduisait à la ville d’Élis ; on l’appelait ίερά όδός. L’enceinte sacrée était remplie d’un grand nombre de sanctuaires, parmi lesquels on signale, outre le temple de Zeus, qui dominait tout, celui de Héra et le Métroon ou temple de la mère des dieux. On y remarquait aussi des autels érigés en l’honneur des dieux et des héros, et surtout celui qui servait à brûler les victimes immolées à Zeus, et s’élevait de vingt-deux pieds au-dessus d’un soubassement qui n’avait pas moins de cent vingt-cinq pieds de circonférence. Les hommes seuls avaient le droit de monter jusqu’au faite ; les femmes et les filles ne pouvaient dépasser la Prothysis, c’est-à-dire la plateforme où l’on immolait les animaux, dont les débris étaient ensuite portés sur l’autel, pour être consumés avec du peuplier blanc, parce que, disait-on, Héraclès avait le premier apporté cet arbre des bords de l’Achéron, et s’en était servi à Olympie, pour offrir à Zeus le premier sacrifice[21]. Parmi les autres autels, on doit mentionner en particulier, sur la colline du Kronion, celui qui était placé sous l’invocation de tous les dieux, et les six autels jumeaux de Zeus et de Poséidon, de Héra et d’Athéna, d’Apollon et d’Hermès, de Dionysos ;et des Charites, d’Artémis et de l’Alphée, de Kronos et de Rhéa, dont l’ensemble était désigné par le nom de Dodékathéon[22]. Sur tous ces autels, qu’ils appartinssent à des dieux ou à des héros, les Éléens sacrifiaient régulièrement une fois par mois, mais le sang n’était pas toujours répandu. Ils faisaient brûler de l’encens et de la farine d’orge, mêlée à du miel, en y ajoutant des feuilles d’olivier, après quoi, on faisait des libations avec du vin, excepté lorsqu’on sacrifiait aux Nymphes, aux douze dieux ou à Δέσποινα. Le soin de ces cérémonies était confié à un θεηκόλος que l’on renouvelait tous les mois, et qui devait être assisté de devins (μάντεις) et d’un exégète. Un ξυλεύς était chargé de fournir le bois nécessaire aux sacrifices[23].

Dans la cinquième année de l’octaédride, les fêtes se divisaient en deux parties : les pratiques religieuses et les jeux. Les exercices pieux, bien que les plus importants en eux-mêmes, car les jeux ne devaient être en réalité qu’un accessoire, sont cependant ceux qui passionnaient le moins les Grecs et qui nous sont le moins connus[24]. Les principaux sacrifices s’adressaient à Zeus[25] ; ils étaient accomplis non pas seulement par les Cléens organisateurs de la fête ou par les Théores que les États envoyaient officiellement pour y prendre part, mais aussi par les particuliers qui se présentaient comme curieux ou comme concurrents. Toutefois les autres dieux n’étaient pas oubliés, non plus que les héros. Chacun d’eux recevait des offrandes, suivant le degré de vénération qu’il inspirait, et les ressources de ses fidèles. Comment procédait-on à ces cérémonies ? Dans quel ordre se suivaient-elles ? Comment les divers sacrifices étaient-ils répartis dans chaque journée ? Ce sont autant de questions que nous ne sommes pas en état de résoudre. Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que, à partir de la LXXVIIe olympiade, le grand sacrifice à Zeus, qui était le point culminant de la solennité religieuse, était précédé par une partie des jeux, probablement par le pentathlon et les courses de chevaux, et que les autres prix étaient disputés les jours suivants[26]. On ne sait au juste comment les choses se passaient dans les temps antérieurs, et ce n’est pas ici le lieu de se livrer à des recherches minutieuses sur ce sujet[27].

Pour le but que nous nous proposons, il suffit d’exposer brièvement ce qu’étaient les principaux concours[28]. La première lutte qui, si l’on en croit une tradition d’ailleurs très douteuse, fut la seule durant plusieurs olympiades, consistait en une course dans le stade long de six cents pieds olympiques. Les coureurs, réunis en groupes de quatre d’après un tirage au sort, se rangeaient sur la ligne qui marquait le point de départ. Le but était à l’autre extrémité. Les juges se tenaient par derrière sur une éminence en force de demi-lune. Ceux qui avaient obtenu l’avantage dans les épreuves partielles fournissaient une nouvelle carrière, à la suite de laquelle le vainqueur était proclamé σταδιονίκης. Dans la XIVe olympiade, on introduisit le δίαυλος, double course, dont les concurrents, après avoir tourné le but, devaient revenir au point d’où ils étaient partis, et quatre ans après le δόλιχος qui consistait à arpenter le stade non pas seulement deux fois, mais sept fois. A l’origine, les coureurs avaient les reins couverts, l’usage prévalut, depuis la XVe olympiade, de se montrer dans un état complet de nudité ; ce fut le Mégarien Orsippos ou, suivant d’autres, Akanthos de Laconie qui en donna l’exemple. Dans la LXVe olympiade, fut instituée la course armée (οπλίτης-δρόμος), c’est-à-dire que les coureurs portaient un bouclier, un casque et des jambières. Plus tard, lorsque la race eut dégénéré, ce bagage se réduisit au bouclier. Le pentathlon ou quintuple exercice date de la XVIIIe olympiade. Il se composait du saut, de la course, des jeux du disque et du javelot, enfin de la lutte[29]. Pour sauter, les athlètes montaient sur une hauteur (βατήρ) d’où, sans prendre de champ, et sans autre aide que des altères qu’ils balançaient pour se donner de l’élan, ils étaient tenus de franchir un espace de cinquante pieds. La course comprise dans le pentathle était la course simple ; le disque de métal que l’on devait lancer ressemblait à un bouclier de petite dimension. On montait sur une éminence, afin de le projeter le plus loin possible ; tout dépendait de la distance parcourue. Pour l’exercice du javelot, il fallait toucher au but. Il n’est pas nécessaire de donner ici une description de la lutte ; bornons-nous à faire remarquer qu’elle n’était pas seulement une partie du pentathlon ; elle fut l’objet de prix distincts, à partir précisément de la même olympiade où le pentathlon fut institué. Dans la XXIIIe, on y joignit le pugilat. On ne frappait pas seulement avec le poing, mais aussi avec des lanières de cuir, rendues plus meurtrières par des bossettes de métal. Enfin la XXXIIIe olympiade vit paraître le pancration, mélange de lutte et de pugilat. Seize ans plus tard, les jeunes garçons purent, aussi bien que les hommes faits, disputer des pris à la course et à lutte, et furent admis, dans l’olympiade suivante, aux exercices du pentathlon, faveur qui, du reste, leur fut retirée bientôt après. Dans la XLIe olympiade, ils purent prendre part au concours du pugilat, et dans la CXLVe à ceux du pancration.

Les courses de chars nie remontent qu’à l’olympiade XXV ; les attelages étaient de quatre chevaux. L’hippodrome parait avoir eu environ douze cents pieds de long, sur une largeur de quatre cents pieds. Les chars, traînés par des chevaux dans la force de l’âge, devaient faire douze fois le tour de l’hippodrome, en doublant la borne qui marquait le but. Plus tard on institua des courses de poulains qui ne devaient parcourir la même distance que huit fois. Il y avait aussi des courses de chars attelés de deux chevaux seulement ; quelquefois même les chevaux étaient remplacés par des mulets. Enfin on faisait courir des chevaux montés. Dans ce cas, les cavaliers devaient, avant la fin de l’épreuve, sauter à terre et suivre les mouvements de leur monture, en tenant les rênes dans la main. Il y avait beaucoup d’autres combinaisons dont le détail offrirait peu d’intérêt au lecteur. Les hérauts et les joueurs de trompette avaient même des concours spéciaux, qu’il suffit de signaler[30].

Tous les Hellènes étaient admis aux jeux sans exception, pourvus qu’ils rie fussent pas convaincus d’homicide, de sacrilège ou de quelque autre crime capital. Un État qui, après avoir violé l’Ékécheirie, n’avait pas acquitté l’amende, pouvait être exclu temporairement ; on en a vu un exemple plus haut. Les barbares et les esclaves étaient reçus comme simples spectateurs, mais il leur était interdit de prendre part aux exercices et aux cérémonies religieuses. On sait toutefois que les Romains, depuis qu’ils étaient entrés en relations plus étroites avec la Grèce, n’étaient pas comptés au nombre des barbares. Les femmes mariées ne pouvaient assister aux fêtes. Il ne leur était pas même permis de pénétrer dans l’Altis aux fours consacrés ; il ne s’agissait de rien moins pour celles qui violeraient cette défense que d’être précipitées du haut d’une montagne voisine (Τυπαΐον όρος). Rien n’empêchait, au contraire, les jeunes filles de circuler librement ; on sait que les usages des Doriens, particulièrement des Spartiates, accordaient aux filles beaucoup plus de liberté qu’aux femmes[31]. Les autres populations grecques étaient peu tentées sans doute d’amener leurs filles à Olympie, bien que cela ne fut interdit par aucune loi. Pour les femmes, il n’existait qu’une seule exception, en faveur de la prêtresse éléenne de Déméter Chamyné, à qui était réservée une place d’honneur[32].

Le citoyen qui voulait disputer les prix était .tenu, un certain temps à l’avance, de se présenter devant le magistrat éléen, et de prêter dans le Bouleuterion, bâtiment dépendant de l’Altis, un serment solennel, sur J’autel de Zeus Horkios. Ce serment comprenait la déclaration que, durant les dix mois au moins qui avaient précédé, il s’était préparé aux exercices pour lesquels il se proposait de concourir, et l’engagement formel d’observer loyalement toutes les conditions réglementaires de la lutte. Lorsque de jeunes garçons se faisaient inscrire, le serment était prêté par leur père ou par un frère aîné et par les maîtres qui les avaient exercés et qui les accompagnaient en cette circonstance ; on s’assurait en outre de leur aptitude par un examen. Les poulains étaient soumis aussi à une épreuve préliminaire. Les examinateurs de leur côté juraient de remplir loyalement leur devoir et de tenir secrets les motifs de leur décision[33]. La ville d’Élis offrait dans ses gymnases toutes les ressources nécessaires pour la préparation des dix mois, mais on n’était pas tenu de passer tout ce temps dans le même lieu ; il suffisait qu’on se fût exercé pendant trente jours à Élis[34] ; encore cette obligation était-elle imposée seulement aux novices qui se présentaient pour la première fois, non aux athlètes connus et éprouvés.

Les ordonnateurs et les juges des combats s’appelaient Έλλανοδίκαι, avant même que les jeux olympiques fussent devenus la fête nationale des Hellènes. Cette appellation était déjà en usage au temps d’Iphitos et de Lycurgue, sans doute parce que les peuples qui les premiers s’étaient unis pour célébrer les fêtes étaient justement les Hellènes proprement dits. Il est certain que les jeux olympiques eurent pour effet de généraliser le nom de cette race, et de l’étendre à tous ceux qui, par la suite, adhérèrent à l’association. Le nombre des Hellanodices ne fut pas toujours le même : à l’origine, il n’y en eut qu’un seul[35], pris dans le γένος auquel appartenait Iphitos, et qui se vantait de descendre d’Oxylos, le fondateur de la nation éléenne[36] ; plus tard il en fut nommé deux. On a supposé que cette innovation datait du temps où Élis et Pise se partageaient la direction des jeux, ce qui forcerait à rejeter la tradition d’après laquelle on aurait attendu la Le olympiade (av. J.-C. 577) pour créer deux Hellanodices, pris non plus dans un γένος déterminé, mais parmi toute la population éléenne indistinctement, ainsi que cela est attesté d’une manière formelle[37]. Plus tard, à une époque qu’on ne saurait toutefois fixer, les fonctions de juges furent réparties entre neuf Hellanodices ; il y en avait trois pour les courses de chevaux, trois pour le pentathlon, trois pour les autres concours. Peut-être le nombre de trois répondait-il à la division des tribus dans l’Élide, qui peut avoir eu pour base, bien que nous n’ayons pas à ce sujet de données précises, des distinctions de races et non des démarcations géographiques. Plus tard encore on compte dix Hellanodices ; cette augmentation coïncida sans doute avec une nouvelle distribution des tribus, les trois tribus patronymiques ayant été remplacées par dix tribus locales. Ce qui est certain, c’est qu’un nouvel accroissement, qui, dans la CIIIe olympiade porta le nombre des Hellanodices à douze, est formellement expliqué par ce fait que les Éléens avaient alors douze tribus, et quatre ans après ce peuple ayant été forcé d’abandonner aux Arcadiens une partie de son territoire, et les tribus ayant été réduites à huit, on ne compta plus également que huit Hellanodices ; toutefois le nombre de dix était rétabli dès la CVIIIe olympiade, et resta tel désormais. Les Hellanodices étaient nommés au choix[38]. S’il est question quelque part de tirage au sort[39], il faut supposer que le hasard prononçait entre des candidats désignés par le peuple, mode de nomination qui s’appliquait aussi à d’autres cas, en particulier aux fonctions concernant le service divin. La durée de ces magistratures parait avoir été d’une olympiade. Les élus séjournaient huit mois dans un bâtiment situé à Élis et nommé Hellanodikéon, où les Nomophylaques les instruisaient exactement de tout ce qu’ils avaient besoin de savoir. Pendant les fêtes, ils prenaient place sur des sièges élevés, en face du stade. Pour maintenir le bon ordre, ils avaient à leur disposition un certain nombre de serviteurs armés de bâtons (ραβδοΰχοι), par lesquels ils pouvaient même faire administrer des corrections corporelles. Ces subalternes s’appelaient άλύται et avaient pour chef un άλυτάρχης[40]. Les infractions aux règlements des jeux et les supercheries des combattants étaient punies, suivant les cas, par l’exclusion du concours on par des amendes qui allaient remplir la caisse, fort riche déjà, du temple de Zeus. On voyait dans l’Altis, au pied du Kronion, des images du dieu en airain qui étaient le produit de ces amendes[41]. Les décisions des Hellanodices pouvaient être portées en appel devant le Sénat olympique, qui avait le droit non seulement de réformer les jugements, mais de punir les juges prévaricateurs[42]. Les Hellanodices étaient d’ailleurs, au moins dans les premiers temps, renommés pour leur intégrité. Plus tard, ils ne se montrèrent plus aussi jaloux de justifier leur bonne réputation[43].

Aux jours fixés pour les jeux, des Hellanodices, vêtus de pourpre et couronnés de laurier, se rendaient à leur place, suivis des concurrents, par un chemin invisible aux spectateurs. La trompette donnait le signal ; un héraut annonçait due les luttes allaient commencer ; on faisait l’appel des concurrents, et l’un des Hellanodices les haranguait à peu près en ces termes : Si vous avez exercé vos forces, comme il convient à ceux qui prétendent entrer dans la lice d’Olympie, si vous n’avez oublié aucun de vos devoirs et n’avez commis aucun acte honteux, alors bon courage ! Mais si quelqu’un d’entre vous n’est pas suffisamment aguerri, si sa vie n’est pas irréprochable, qu’il sorte et qu’il aille où il voudra. Les athlètes étaient conduits à travers le stade ; un héraut proclamait le nom de chacun d’eux, avec mention du pays auquel il appartenait, et demandait s’il y avait quelqu’un dans l’assemblée qui entendit contester sa qualité de citoyen et la dignité de sa vie. On tirait ensuite au sort, pour répartir entre eux les adversaires. Les caractères alphabétiques qui servaient à cet usage étaient mêlés dans une urne d’argent consacrée à Zeus. Si les athlètes devaient être accouplés deux à deux, comme dans la lutte et le pugilat, et qu’ils fussent en nombre impair, celui à qui aucun adversaire n’était assigné était tenu en réserve pour disputer le prix au concurrent qui resterait vainqueur, d’où lui venait le nom d’έφεδρος. Il paraît que ceux qui avaient triomphé dans les combats deux à deux se mesuraient de nouveau les uns contre les autres, jusqu’à ce que l’un d’eux fût vainqueur de tous ses rivaux. Il avait cependant encore à compter avec l’έφεδρος[44], et à subir une nouvelle épreuve, non sans doute avant d’avoir pris le temps de réparer ses forces. Toujours est-il que l’έφεδρος avait un grand avantage ; c’est toujours ainsi que sa situation est présentée.

Le tirage achevé, le signal était donné aux concurrents mis en présence. Le son des flûtes encourageait les efforts des combattants[45]. Dès que l’issue de la lutte était connue, un héraut proclamait le nom du vainqueur et celui du pays qui lui avait donné naissance. Le vainqueur s’avançait auprès des Hellanodices qui lui offraient une branche de palmier, en l’invitant à revenir au jour fixé pour la distribution des prix. L’athlète contre qui aucun adversaire ne s’était présenté était réputé maître du terrain[46]. Les prix consistaient d’abord en objets de valeur, comme on avait coutume d’en décerner dans les temps homériques : un trépied, un tissu précieux, une somme d’argent ; mais par la suite l’oracle de Delphes fit changer cet usage, et le vainqueur reçut une couronne détachée de l’olivier sauvage qu’Héraclès avait planté de ses mains à Olympie[47]. Un jeune garçon, natif d’Élis, et dont le père et la mère vivaient encore, dépouillait l’arbre de ses branches. Les couronnes, ornées de bandelettes, étaient exposées sur un trépied dans le pronaos du temple de Zeus. Au jour désigné, chacun recevait celle qu’il avait méritée, et son nom, ainsi que celui de sa patrie, était de nouveau proclamé par le héraut[48]. Les vainqueurs se rendaient ensuite au Dodékathéon pour sacrifier sur les six autels. Les chœurs les accompagnaient en chantant leurs louanges. C’étaient quelquefois des vers faits pour la circonstance, mais le plus souvent un vieux chant d’Archiloque, composé en l’honneur d’Héraclès et d’Iolaos, son neveu et son compagnon :

Gloire à toi, puissant Héraclès vainqueur dans les jeux ;

Gloire à toi, Iolaos, gloire au noble couple !

Tenella, tenella, gloire au vainqueur ![49]

Les fêtes se terminaient par un banquet servi dans Hestiatorion, où les lauréats étaient traités aux frais des Éléens.

Plus brillants encore étaient les hommages rendus aux vainqueurs, durant le voyage qui les ramenait dans leur patrie : Lorsqu’ils s’arrêtaient chez des amis, et lorsqu’ils rentraient chez eux, parents, compagnons, compatriotes, tous s’enorgueillissaient de leurs succès et les célébraient de telle façon que, suivant l’expression de Cicéron, une victoire aux jeux olympiques était placée plus haut dans l’estime des Grecs que le triomphe dans celle des Romains[50]. Il n’était pas sans exemple que l’on abattît un pan de mur sous les pas du vainqueur, comme pour montrer, dit un ancien écrivain, qu’une ville qui possédait de pareils citoyens n’avait pas besoin de murailles[51]. Il faisait son entrée sur un char tiré par quatre chevaux blancs, paré de vêtements couleur de pourpre. Les parents et les amis, suivis d’une foule nombreuse, l’escortaient les uns à cheval, les autres sur des chariots. La procession allait au temple de Zeus, où la couronne, gage de la victoire, était consacrée au Dieu, et de là se rendait à l’Hestiatorion. Des hymnes, composés par des poètes célèbres et chantés avec art par des voix innombrables, accompagnaient la marche et le festin, et il arrivait souvent que les mêmes réjouissances se renouvelaient à plusieurs anniversaires. Ce n’était pas tout : chez les Athéniens, une loi de Solon assurait aux vainqueurs d’Olympie cinq cents drachmes, et il est possible que dans les temps antérieurs la somme allouée fût plus forte[52]. Il s’ensuivait aussi le privilège de la proédrie, c’est-à-dire le droit à une place choisie dans les représentations publiques, et l’avantage honorifique d’être nourri dans le prytanée, leur vie durant. Les récompenses étaient à peu près les mêmes dans les autres pays. Il est question quelque part de pensions annuelles[53], et dans les batailles, les Spartiates dont les noms avaient été proclamés à Olympie avaient leur place marquée aux côtés du roi[54]. A partir de la LIXe ou de la LXIe olympiade, les lauréats pouvaient faire dresser leur statue dans l’Altis ; mais pour que cette statue représentât exactement leur taille et leur visage (άγαλμα είκονικόν), il fallait qu’ils eussent été couronnés trois fois[55]. Souvent aussi on éleva des statues aux vainqueurs sur les places publiques de leur patrie[56].

Grâce à l’affluence de spectateurs que ces fêtes attiraient de toutes les contrées de la Grèce, les athlètes n’étaient pas les seuls qui trouvassent l’occasion d’v acquérir de la célébrité. Hérodote y lut, dit-on, une partie de son œuvre, et Gorgias de Léontini y prononça son célèbre discours Olympique. Le sophiste Hippias d’Élée se fit entendre aussi plusieurs fois au milieu de ces solennités. Un contemporain de Périclès, le mathématicien Œnopide de Chios, avait consacré à Olympie une table d’airain, sur laquelle était représenté le cours des astres pour un cycle de cinquante-neuf ans[57]. Il est question aussi de peintres qui auraient exposé leurs tableaux dans les mêmes lieux[58].

§ 2. — Les Pythiques.

Après les fêtes d’Olympie, les premières en importance et en considération étaient les Pythiques, qui se célébraient tous les cinq ans à Delphes on plus exactement près de Delphes, dans la plaine de Crissa, au pied du mont Parnasse. Avant la première guerre sacrée, à la suite de laquelle cette plaine devint une annexe du temple d’Apollon, une grande fête était déjà célébrée tous les neuf ans sous la direction des prêtres de Delphes, mais sans jeux et sans combats, à l’exception d’un concours de citharèdes qui devaient exécuter un péan en l’honneur du Dieu[59]. La guerre terminée, les Amphictyons instituèrent une fête quinquennale, sur le modèle des jeux olympiques, avec cette différence que les courses de chevaux et les exercices gymniques introduits récemment laissaient place aux épreuves musicales conservées et agrandies. Les joueurs de flûte (αύληταί), et les chanteurs, avec accompagnement de flûte (αύλωδοί) se disputaient en effet des prix, aussi bien que les citharèdes ; toutefois, les chanteurs cessèrent bientôt de se faire entendre[60]. Pour les courses de chevaux et les jeux gymniques, ils étaient, à part quelques différences de détail, la reproduction de ce qui se passait à Olympie. Ils ne tenaient cependant que le second rang dans les jeux ; les Muses avaient le pas. L’œuvre la plus considérable dont elles étaient les inspiratrices était une symphonie sur un thème fixé d’avance, d’après le mode ou le nôme Pythien[61], thème qui parait avoir été par la suite des temps développé et perfectionné. Ou cite cinq parties différentes qui devaient entrer dans la composition de ces symphonies, mais les témoignages ne s’accordent pas. Il est certain du moins que le πυθικός νόμος représentait la victoire du Dieu sur le serpent Python. L’instrument était la flotte ; l’exécutant chargé de la partie principale était accompagné par d’autres flûtistes. Il est probable qu’un danseur habile figurait le Dieu dans les situations diverses que le drame exprimait, et peut-être la mimique de l’artiste lançant un trait contre le monstre inspira-t-elle le sculpteur qui a donné à l’Apollon du Vatican l’attitude d’un dieu calme dans sa colère[62].

A partir de la seconde Pythiade (Olymp. XLIX, 3), on offrit aux vainqueurs qui d’abord avaient reçu pour prix un objet précieux[63] une couronne de laurier détachée de l’arbuste qui croissait dans la vallée de Tempé, et avait été l’occasion du sanctuaire consacré au Dieu[64]. Comme à Olympie, les rameaux étaient coupés par un jeune garçon qui avait encore père et mère, puis arrondis en couronnes. Ce jeune garçon était conduit solennellement à Tempé et ramené de même à Delphes ; toutefois cet usage ne subsista pas toujours[65]. Immédiatement après la victoire et avant le couronnement, on présentait au triomphateur une branche de palmier, suivant la coutume établie pour les jeux olympiques, coutume qui, pour le dire en passant, figure aussi dans les cérémonies des Isthmiques et des Néméennes. Les juges étaient choisis par les Amphictyons ; nous ne savons rien de plus sur leur compte, non plus que sur l’Épimélète ou ordonnateur des fêtes, qui était peut-être bien pris parmi les Amphictyons eux-mêmes[66]. Nous ne sommes guère mieux fixés sur le moment où étaient célébrées les solennités pythiques. Tout ce que nous savons, c’est qu’elles prirent naissance, à la suite de la première guerre sacrée, dans la troisième année de la XLVIIIe olympiade, qu’elles se renouvelaient tous les quatre ans et que le mois où elles avaient lieu s’appelait à Delphes βουκάτιος, c’est-à-dire le mois durant lequel on sacrifiait les taureaux ; mais dans quelle saison tombait ce mois, les opinions sont très partagées sur ce point. Quelques critiques le placent dans le printemps, d’autres ou du moins un autre dans le milieu de l’été, d’autres enfin aux approches de l’automne. Cette dernière conjecture est la plus probable[67].

§ 3. - Les Néméennes.

Les Néméennes étaient célébrées dans la vallée de Némée, sur le territoire de la ville argienne de Cléonæ, non loin de Sicyone. Depuis les temps historiques, elle était un hommage rendu à Zeus, qui possédait en ces lieux un temple magnifique, entouré d’un bois sacré[68] ; mais en remontant plus haut, on trouve que les Néméennes étaient une fête funèbre en l’honneur d’Archémore, divinité de la nature, dont il est difficile de démêler les véritables attributs, au milieu des obscurités mythologiques, mais qui, je crois, peut-être regardé comme l’emblème de la végétation arrêtée dans son essor par l’engourdissement de l’hiver ou les sécheresses de l’été. Le culte de Zeus fut substitué ou du moins ajouté à celui d’Archémore par Héraclès, ou pour mieux dire par les Doriens, et à partir de la LIe olympiade (av. J.-C. 572) des jeux furent institués sur le modèle de ceux d’Olympie. Tous les États amis furent invités à y prendre part, en particulier les Doriens, contre lesquels la population non dorienne de Sicyone s’était soulevée avec la connivence de chefs Orthagorides, et qui n’avaient pu encore retrouver leur prépondérance[69]. Les Néméennes devinrent peu à peu, comme les Olympiques, la fête universelle de l’hellénisme. L’intendance et la direction des jeux avait appartenu d’abord aux habitants de Cléonæ ; au bout de quelques années, les Argiens s’emparèrent du temple et remplacèrent les premiers ordonnateurs, mais ils furent dépossédés à leur tour, peu avant la LXXXe olympiade (av. J.-C. 457), par les premiers en date, qui d’ailleurs ne restèrent pas longtemps les maîtres[70]. La fête était mobile en ce sens que, dans l’espace de cinq ans ou plus exactement de quatre ans révolus, elle était célébrée deux fois, en été et en hiver. Il est certain que les Néméennes d’été revenaient régulièrement dans la quatrième année de chaque olympiade ; il est seulement vraisemblable que celles d’hiver tombaient dans la première année[71]. Nous ne savons rien de plus du principe sur lequel reposait le cycle des jeux néméens. Le seul détail que nous puissions citer encore, c’est que le mois qui ramenait les Néméennes estivales était le mois Panémos, lequel paraît correspondre au mois d’août. Les jeux ne consistaient pas seulement en exercices gymniques et en courses de chevaux ; il est fait mention aussi, du moins dans les temps postérieurs, d’un concours de cithare[72]. Le vainqueur recevait une couronne de lierre.

§ 4. — Les Isthmiques.

Les jeux isthmiques, avant de devenir une manifestation nationale, étaient comme les autres une fête particulière, qui réunissait les populations voisines. Cette fête était consacrée à Mélicerte, divinité évidemment ; phénicienne, que les Grecs nommaient aussi Palæmon, et qu’ils rattachaient par un lien généalogique à leurs demi-dieux nationaux[73]. Mélicerte ou Melkarth n’est autre que l’Héraclès de Tyr, patron des navigateurs phéniciens, et l’on ne peut clouter que des navigateurs phéniciens n’eussent en effet fondé des établissements dans l’isthme. Plus tard, le culte de Melkarth fut, sinon étouffé, du moins éclipsé par celui du Poséidon ionien, que Thésée, désigné par la fable comme fils de Poséidon, institua, dit-on, dans ces lieux[74]. Il faut donc en conclure que la race ionienne, dont Thésée est le représentant, possédait alors, outre l’Attique et la Mégaride, l’isthme qui, après la conquête des Doriens, fut rattaché au territoire de Corinthe. Les Isthmiques, aussi loin que remonte l’histoire, étaient une fête triennale. Elles se célébraient dans la première et dans la troisième année de chaque olympiade ou, pour parler plus exactement, entre la quatrième année et la première année de l’olympiade suivante, à la limite qui séparait la seconde année de la troisième, tombant tantôt dans le premier, tantôt dans le dernier mois de l’année olympique[75]. On a déjà vu, en effet, que les calculs des divers États ne concordaient pas exactement. Toujours est-il que ces solennités n’étaient jamais de beaucoup antérieures ou postérieures au solstice d’été. On ne sait au juste à partir de quel moment elles devinrent triennales ; les indications varient entre les années 586, 584 et 582[76], d’où il résulte que cette innovation doit être attribuée soit à Périandre, soit à son successeur Psammétique, à moins que, la tyrannie ayant été renversée vers 582, les Corinthiens n’aient voulu signaler leur allégresse en donnant à la fête un éclat inaccoutumé[77]. Les Athéniens étaient récompensés de la part qu’ils avaient prise à la fondation des jeux par les honneurs de la présidence. On rapporte aussi qu’ils donnaient à leurs concitoyens vainqueurs une somme de cent drachmes[78]. Les Éléens au contraire étaient frappés d’exclusion et ne pouvaient ni envoyer des Théories dans l’isthme ni disputer les prix[79]. Les combats ne se bornaient pas à des luttes et à des courses de chevaux ; une part était réservée aux Muses. Des poètes des deux sexes entraient en lice, et nous savons qu’une fois la victoire échut à une habitante d’Érythrée, Aristomaché[80]. Le prix consistait en une couronne de lierre, qui fut remplacée pendant quelque temps par une couronne de pin. Après la destruction de Corinthe par Mummius, les Sicyoniens eurent l’intendance des fêtes, mais lorsque César eut relevé cette ville de ses ruines, elle reprit possession de son ancien privilège.

Bien que ces quatre solennités, les Olympiques, les Pythiques, les Néméennes et les Isthmiques, soient les seules qui aient mérité d’être appelées les grandes fêtes de la nationalité grecque, il y en avait beaucoup d’autres auxquelles étaient joints des jeux, et dont la magnificence attirait une nombreuse affluence de Théories, de combattants ou de simples spectateurs. L’État qui les célébrait les faisait annoncer par des messagers envoyés dans toutes les directions, et ceux qui s’y rendaient réclamaient aussi le bénéfice de l’Ekécheirie, mais il s’en fallait que la trêve fit reconnue avec la même unanimité, et par cela même les fêtes, quel que fût d’ailleurs leur éclat, n’obtenaient pas la même considération. Les plus célèbres entre ces solennités étaient les Panathénées et les Eleusinies chez les Athéniens ; les Hérakleia ou les Iolæia, chez les Thébains ; les Héræa ou les Hécatombœa, chez les Argiens ; les Hérotidia, à Thespies ; les Aianteia, les Delphinia et les Héræa, chez les Æginètes ; les Géræstia et les Aramynthia, dans l’île d’Eubée ; les Lycæa, les Aléæa et les Koreia, en Arcadie ; les Diocleia, les Pythia et les Néméa, chez les Mégariens ; les Théoxénia, les Hermæa et les Pythia chez les Sicyoniens. On voit d’après cette énumération, qui est loin d’être complète, qu’il y avait des Pythiques et des Néméennes ailleurs qu’à Délos et à Némée. On signale encore des Pythiques à Céos, à Milet, à Pergame et dans d’autres villes de l’Asie. De même nous trouvons des Olympiques en Macédoine, dans l’Asie Mineure, ailleurs encore. Les Isthmiques avaient aussi des homonymes dans diverses localités. Toutes ces fêtes reproduisaient en petit celles dont nous avons tracé plus haut les programmes.

Nous ne pouvons abandonner ce sujet sans ajouter quelques mots sur la signification et l’importance de ces solennités, en particulier sur la partie de la fête qui, tout en n’étant que l’accessoire des cérémonies religieuses, tenait cependant la première place dans la pensée des Grecs. Jamais les processions, les chœurs et les sacrifices n’auraient, sans les jeux, attiré de toutes les contrées de la Grèce un pareil concours de pèlerins. Les esprits habitués à envisager les choses du point de vue moderne peuvent s’étonner que des exercices qui étaient la glorification de la force et de l’adresse corporelle fissent partie intégrante de fêtes religieuses, mais on le comprend en se mettant à la place des Grecs, pour lesquels le développement des forces et des aptitudes physiques n’importait pas moins que celui des facultés intellectuelles au perfectionnement de l’humanité[81]. Socrate faisait un devoir à l’homme de devenir physiquement et intellectuellement aussi accompli que sa nature le comportait. Il n’y avait pas loin de là à cette croyance que l’on devait, dans les fêtes religieuses, où, pour approcher de la divinité, on se faisait honneur de ce que l’on avait de meilleur et de plus beau, se présenter aussi avec l’excellence physique, condition de la victoire dans les jeux. Ces avantages n’étaient pas moins que les autres des présents célestes, et l’on était convaincu que c’était pour les dieux un spectacle agréable de voir les hommes témoigner leur reconnaissance, en jouissant pleinement des bienfaits qu’ils en avaient reçus. Ce n’était donc pas seulement pour le plaisir des combattants ou des spectateurs qu’une place considérable avait été donnée aux jeux dans les solennités olympiques ou autres ; il s’y joignait un sentiment puisé dans la tradition religieuse. Ainsi s’expliquent les honneurs rendus aux victorieux, honneurs d’autant plus éclatants que les prix étaient plus disputés et que les concurrents venaient de plus loin. L’emporter sur un si grand nombre de rivaux n’était pas en effet peu de chose, et la victoire pour les cœurs bien nés était déjà par elle-même une assez digne récompense. Si l’on y joint, au nom des Dieux, une couronne du feuillage qui leur est cher, la proclamation du vainqueur devant l’assemblée qui représente toute la Grèce, les chants d’un Simonide et d’un Pindare qui lui assurent l’immortalité, ou bien un monument dans l’Altis, avec une inscription qui doit transmettre son souvenir aux générations futures, il faut avouer qu’il était difficile de souhaiter rien de plus.

Mais plus nous avons pris soin de faire ressortir les côtés lumineux du monde antique, plus nous avons le devoir, pour être vrai, d’en laisser paraître les ombres. On ne saurait non plus méconnaître que l’estime dans laquelle on tenait les facultés physiques d’où dépendait le succès, n’était pas exempte de quelque exagération. Les anciens eux-mêmes en ont parfois jugé ainsi. Nous nous bornerons à citer le sentiment de Xénophane qui, après avoir énuméré les diverses épreuves des jeux olympiques et les récompenses auxquelles donnait droit la victoire, s’exprime en ces termes :

Cela est mal ordonné : il n’est pas juste de mettre la force au-dessus de la sagesse. Ce n’est pas parce qu’un citoyen aura gagné le prix au pugilat, à la lutte et au pentathle ou qu’il l’aura emporté par la rapidité de sa course, que la cité sera mieux gouvernée. Elle n’a pas grand sujet de s’applaudir si quelqu’un de ses enfants triomphe sur les bords du ruisseau qui coule à Pise ; ses greniers n’en seront pas mieux remplis[82].

Ce qui nous semble surtout surprenant, c’est l’estime dans laquelle on tenait des victoires dues moins aux qualités personnelles du vainqueur qu’à sa richesse, à la rapidité de ses chevaux ou de ses mulets, à l’habileté de son cocher. Si prisée que fût cette habileté, ce n’était pas le conducteur des chars qui recevait le prix, mais le propriétaire de l’attelage. La couronne sacrée et le titre de ίερονίκης étaient décernés nième à des absents et à des femmes qui s’étaient fait représenter aux jeux par leur écurie[83]. Cela explique que des poètes tels que Simonide et Pindare, lorsqu’ils étaient sollicités de célébrer de semblables victoires, aient mis un prix à leurs éloges. Il est difficile de croire en effet qu’ils fussent complètement sous le prestige. La personne des vainqueurs tenait peu de place dans les épinikies, autant que nous en pouvons juger par ce qui nous en reste. Le poète naturellement s’exprime sur leur compte en termes honorables, mais ils sont loin d’être le sujet principal du poème. Des matières d’un ordre plus général et plus élevé, applicables à toutes les circonstances, des considérations morales et politiques, rendues saisissantes par les exemples et les images que fournissaient en abondance les légendes de l’âge héroïque suppléaient à l’insuffisance du sujet. Il est probable même que les vainqueurs n’en demandaient pas davantage. L’anecdote du Thessalien Skopas qui voulait rogner le salaire de Simonide, parce qu’il trouvait trop petite sa part, comparée à celle des Tyndarides, est la seule réclamation dont la trace nous soit parvenue.

Parmi les exercices gymniques, le pentathle était surtout propre à faire valoir l’harmonie idéale des forces physiques[84] ; d’autres combats semblaient au contraire avoir pour but de mettre en relief telle ou telle aptitude particulière. Lé pugilat et le pancrace par exemple réclamaient des corps bien nourris ; celui-là était sûr de la victoire qui pouvait porter les coups les plus vigoureux et écraser ses adversaires sous son poids. Aussi ces sortes d’athlètes suivaient-ils un régime approprié. Ils consommaient une grande quantité de viandes[85] ; leur voracité était proverbiale, et on en cite des exemples merveilleux. Par là même un athlète redoutable était un mauvais soldat[86]. Il ne valait rien pour les fatigues de la guerre et n’était à craindre qu’en combat singulier. Au lieu d’entretenir ses forces par des exercices nobles, il était soumis à une sorte de dressage grossier et mécanique. On peut juger à quel point cet entraînement était exclusif et routinier, par ce fait que tel lutteur avait vaincu plus de mille fois au pugilat et au pancrace[87], passant incessamment d’un combat à un autre, et faisant de sa force musculaire une industrie lucrative. Dans plusieurs solennités, en effet, le vainqueur recevait une somme d’argent, et quand ce n’était pas le cas, il n’était pas sans exemple qu’il fit une quête parmi les spectateurs[88]. Semblable chose ne se vit pas seulement dans les temps de décadence ; cette absence de dignité est signalée dès le Ve siècle avant J.-C. On cite même des athlètes qui, pour de l’argent, faisaient le jeu de leur adversaire et lui abandonnaient la victoire[89]. Le pugilat et la lutte étaient fort dangereux et eurent souvent une issue mortelle. On ne peut s’en étonner quand on songe que les poings des combattants étaient enveloppés de lanières, garnies elles-mêmes de bossettes en métal. Gomme si ce n’était pas assez de ces armes meurtrières, il y eut des exemples de sauvagerie : Damoxénos de Syracuse qui, dans les fêtes de Némée, se trouva opposé à Kreugas d’Epidamne, a laissé sous ce rapport un nom célèbre[90]. Le combat était resté longtemps indécis ; on convint que chacun des deus adversaires assènerait un coup à l’autre comme il voudrait. Kreugas le premier frappa Damoxénos à la tête ; Damoxénos lui ordonna alors de lever le bras, ce que Kreugas ayant fait, Damoxénos le frappa au flanc d’une telle force que sa main plongea dans le corps et qu’ayant saisi les entrailles il les tira au dehors et les arracha. Les juges blâmèrent l’action de Damoxénos comme contraire à la loi des jeux et décernèrent le pris à Kreugas, tout mort qu’il était, mais il n’est pas dit que le meurtrier ait été puni. Un pancratiaste, Arrachion, étant serré au cou par son adversaire, parvint à lui écraser un doigt du pied et à le forcer de demander merci, mais Arrachion, quand il fut dégagé, était déjà mort[91]. De telles scènes étaient certainement de rares exceptions ; elles prouvent néanmoins que le pugilat et le pancrace, réputés en eux-mêmes les exercices les plus dangereux, étaient aussi ceux qui dégénéraient le plus facilement en actes barbares.

S’il nous faut, en finissant, caractériser l’influence que les grandes solennités durent exercer sur la conscience des Grecs et sur le fonds commun de leurs sentiments, nous ne nous refuserons pas à contresigner les apologies des anciens ni même celles des modernes[92]. Il est bien vrai que les Grecs pouvaient, en ces occasions, se sentir les enfants d’une même patrie, unie malgré ses divisions par les liens du culte, de la langue et des mœurs, recherchant les mêmes biens, jouissant avec la même ardeur de ces belles et grandes choses inconnues aux Barbares, et dont le germe ne pouvait se développer en dehors du sol de l’Hellade. Grâce à la trêve de Dieu, les citoyens mêmes des États en guerre les uns contre les autres entretenaient des relations amicales ; les inimitiés s’apaisaient ; les anciennes affections renaissaient, et il s’en formait de nouvelles. Rapprochés dans les temples, participant aux mêmes sacrifices, tels qui s’étaient abordés en adversaires se quittaient amis. Et cependant, si l’on nous demande de citer des exemples d’adoucissements apportés aux cruelles extrémités de la guerre, de concorde rétablie à la suite des fêtes nationales, nous éprouvons quelque embarras. L’histoire est muette à ce sujet. Elle atteste, au contraire, que ce qui divisait les Grecs eut de tout temps une action plus décisive que ce qui les unissait, et que les rapprochements durables ne se produisirent que dans des circonscriptions restreintes, sans jamais produire d’effets généraux.

 

 

 



[1] Voy. Meier, Olympia, dans l’Encyclop. d’Ersch et Gruber, t. III, p. 295, et H. Krause, Olympia od. Darstell. der Olymp. Spiele, Wien, 1838. Ces deux ouvrages sont à consulter pour tout ce qui suit.

[2] Pausanias, V, c. 13, § 1.

[3] Pausanias, V, c. 13, § 3, et VI, 22, 1 ; Pline, Hist. Nat., XXVIII, c. 6.

[4] Strabon, VIII, p. 354.

[5] Pausanias, V, c. 4, § 11.

[6] Apollon portait à Elis le surnom de θέρμιος pour θέσμιος (Pausanias, V, c. 15, § 3), en souvenir des règlements dont il était l’auteur ; de même l’έκεχειρία était, d’après Hesychius, appelée θερμά (τά θεσμά).

[7] Pausanias, V, c. 20, § 1 ; Plutarque, Lycurgue, c. 1.

[8] Strabon, VIII, p. 357 ; Polybe, IV, c. 73 et 74 ; Diodore, fragm. l. VII, (t. IV, p. 18, Biponti).

[9] Xénophon, Hellen., III, c. 2, § 22. C’est une erreur de croire que le même scrupule ait arrêté les autres oracles, comme le dit Meiners (Gesch. alter Relig., t. II, p. 684), et comme d’autres l’ont répété d’après lui.

[10] On en peut voir des exemples dans Pausanias, V, c. 10, § 2, 23, § 6, 24, § 1, 26, § 1, 27, § 7 ; VI, 19, § 9, et 21, § 2.

[11] Pausanias, V, c. 10 § 2, VI, 22, § 2 ; Strabon, VIII, p. 355 et 358. Xénophon (Hellen., VII, c. 4 § 28) mentionne un soulèvement des Pisates qui eut lieu du temps d’Epaminondas, mais dura peu ; voy. aussi Diodore, XV, c. 78.

[12] Pausanias, V, c. 4, § 5, 20, § 2, 27, § 7, et III, c. 8, § 2 ; Xénophon, Hellen., VII, c. 4, § 28 et suiv.

[13] Thucydide, V, c. 49.

[14] Pausanias, V, c. 21, § 3.

[15] Voy. Schœmann, Antiq. grecques, t. I, p. 506 ; cf. Bœckh, Staatshaush., t. I, p. 299 et 300.

[16] Bœckh, Corpus. Inscr. gr., t. I, p. 593 et 822, t. II, p. 459.

[17] Pausanias, V, c. 15 ; Strabon, X, p. 487 ; Hérodote, IV, c. 35 Plutarque, Convivium, c. 2.

[18] L’usage de calculer le temps par olympiade, devenu général depuis Timée, remonte, comme on sait, à l’an 777 avant J.-C. A partir de ce moment, les noms des vainqueurs furent inscrits régulièrement.

[19] Voy. Bœckh, die Mondeyklen der Griechen., I, p. 16.

[20] Schol. de Pindare (Olymp., V, v. 8 et 14).

[21] Pausanias, V, c. 13, § 4, et 14 § 3.

[22] Schol. de Pindare (Olymp., V, v. 10 et X, v. 61).

[23] Pausanias, V, c. 15, § 10. Il nous est impossible d’adopter la forme θεηκόος, proposée par Thiersch (Abhandl. der München. Akad., t. VIII, 1858, p. 437) pour θεηκόλος. Les manuscrits et les inscriptions donnent aussi θεηκόος.

[24] Les cérémonies religieuses sont appelées par Lucien (Timon, 4) le πάρεργον de la fête.

[25] Parmi les sacrifices offerts à Zeus, il y en avait un dans lequel il était invoqué sous l’épithète d’άπόμυιος chasse-mouches ; on espérait ainsi échapper à une incommodité grave dans les temps chauds ; on assure même que le moyen réussissait ; voy. Preller, Griech. Mythol., t. II, p. 262, et Meineke, Fragm. com., t. III, p. 135.

[26] Voy. Pausanias, V, c. 9, § 3, mais en remarquant que ce passage offre des lacunes.

[27] Voy. les passages cités par L. Schmidt, Pindar, p. 393.

[28] Philostrate, Gymnast., t. II, p. 267, éd. Kayser ; voy. aussi Gœtting. Nachrichten, 1867, p. 146.

[29] Voy. surtout Ed. Pinder, Ueber den Funfkampf der Hellenen, Berlin, 1867.

[30] Mentionnons au moins dans une note un remarquable joueur de trompette, Hérodoros de Mégare, qui vivait vers la fin du IVe siècle avant J.-C. il soufflait à la fois dans deux instruments, et avec une telle force qu’on pouvait à peine en supporter le bruit dans le voisinage. Il fut vainqueur dix fois dans les quatre fêtes nationales suivant les uns, seize fois suivant les autres ; il consommait par jour huit livres de viande, du vin et du pain en proportion ; il avait huit pieds de haut.

[31] Voy. Schœmann, Antiq. gr., t. I, p. 309.

[32] Pausanias, VI, c. 20, § 9.

[33] Pausanias, V, c. 24, § 8, et 6, § 8.

[34] Philostrate, Vita Appollonii, V, c. 113.

[35] Aristote cité par Harpocration, s. v. έλλανοδίκαι.

[36] Pausanias, V, c. 9, § 4.

[37] Pausanias, ibid. ; voy. aussi Curtius, Peloponesos, t. II, p. 23.

[38] Schol. de Pindare (Olymp., III, v. 22).

[39] Pausanias, V, c. 9, § 4.

[40] Etymolog. M., s. v. άλυτάρχης ; Lucien, Hermotimos, c. 40.

[41] Pausanias, V, c. 21, § 2.

[42] Pausanias, VI, c. 3, § 7.

[43] Voy. Cobet, de Philostr. Gymnast., p. 80.

[44] C’est la conjecture que Krause a rendue vraisemblable, Olympia, p. 119.

[45] Pausanias, V, c. 7, § 10, et 17, § 10 ; Plutarque, de Musica, c. 16 ; voy. aussi les notes de Volkmann sur ce passage et celle de Kayser sur Philostrate, p. 89.

[46] C’est à cette situation que s’applique l’expression άκονιτί νικάν ; voy. Krause, Ibid., p. 123, et Cobet, de Philostr. Gymnast., p. 64.

[47] On montrait encore cet arbre du temps de Pline ; voy. Hist. Natur., XV, c. 5, et XVI, c. 89.

[48] La fête commençait le 10 ou le 11 du mois ; les prix étaient décernés le 16 ; voy. le Schol, de Pindare (Olymp., V, v. 8 et 14).

[49] Pindare, Olymp., IX, v. 1 ; voy aussi les Scholies.

[50] Cicéron, pro Flacco, c. 13.

[51] Plutarque, Quæst. conviv., II, c. 5.

[52] On peut tirer cette conséquence d’un passage de Diogène de Laërte (I, c. 55).

[53] Galien, Protreptica, c. 9 ; voy. aussi Meier, de Vita Lycurgi, p. CIV.

[54] Plutarque, Lycurgue, c. 22.

[55] Pausanias, V, c. 20, § 5 ; Pline, Hist. Natur., XXXIV, c. 4.

[56] Lycurgue, c. Léocrate, c. 51 ; cf. les remarques de Mætzner sur ce passage.

[57] Ælien, Var. Hist., X, c. 7.

[58] Lucien, Herodotus s. Aétion, c. 3 et 4. Il est possible qu’il y ait eu aussi des expositions de tableaux, dans les jeux Pythiques, car Pline parle de luttes entre des peintres, qui auraient eu lieu à Delphes (Hist. Natur., XXXV, c. 9, § 3).

[59] Strabon, IX, p. 421.

[60] Pausanias, X, c. 7, § 4.

[61] Voy. les notes de Volkmann sur le de Musica de Plutarque, p. 470.

[62] Voy. Thiersch, Einleit. zur Pindar, p. 60.

[63] Bœckh, dans son Comment. sur Pindare (II, c. 2, p. 207) a démontré que l’institution des jeux Pythiques remontait à l’olymp. XLVIII, 3, contrairement à l’opinion de Corsini et de Clinton, qui avaient adopté l’Olymp. XLIX, 3.

[64] Dans les jeux Pythiques établis à Sicyone, le prix de la cithare consistait en une coupe d’argent (Pindare, Néméennes, IX, v. 51, et X, v. 43) ce qui fait supposer à Welcker (Ant. Denkmæler, t. I, p. 48) qu’il pouvait en être de même à Delphes.

[65] On peut du moins le supposer d’après l’expression μέχρι πολλοΰ qu’on lit dans l’ancienne introduction aux Pythiques de Pindare.

[66] Plutarque, Quæst. conviv., II, c. 4 ; voy. aussi Bœnecke, Forschunnen, p. 425.

[67] Voy. Schœmann, Antiq. Jur. publ. Græc., p. 381 ; Hermann, Gottesdienstl. Alterthümer, § 49, 12 ; Cobet, novæ Lection., p. 760 ; Kirchhoff, dans le Monatsber. der Berl. Akad. der Wissensch., 1864, p. 129, Héliodore (Æthiop., V, c. 18) place les jeux Pythiques aussitôt après le coucher des Pléiades, c’est-à-dire au commencement de l’automne ; il est vrai que cet écrivain ne mérite aucune confiance dans tout ce qu’il dit des Pythiques, notamment au liv. IV, c. 1, où la prêtresse d’Artémis remet la palme au vainqueur dans l’épreuve de la course, et au liv. IV, c. 16, où il introduit parmi les athlètes un marchand de Tyr qui remporte le prix de la lutte.

[68] Strabon, VIII, p. 377 ; Pausanias, II, c. 15.

[69] Voy. Duncker, Geschichte des Alterthums, t. IV, p. 50.

[70] Voy. Dissen, notes sur Pindare, p. 381 et suiv. ed. Bœckh. La fête fut organisée une fois simultanément par les Argiens à Argos et par Aratus à Cléonæ ; voy. Plutarque, Aratus, 28.

[71] Voy. Schœmann, Proleg. zu Plutarch. Agis u. Kleom., p. XXXVIII ; Heinrichs, dans la Zeitschr. f. d. Gymn., Wesen, t. IX, p. 208 ; Droysen, dans le Neues Rhein. Museum, t. IV, p. 430 ; Schmidt, Pindar, p. 123 et 482.

[72] Plutarque, Philopœmen, c. 11 ; Pausanias, VIII, c. 50, § 3.

[73] Apollodore, III, c. 4, § 3 ; Pausanias, I, c. 44, § 11, et II, c. 1, § 3 ; Athénée (VII, c. 47, p. 296) cite une conjecture d’après laquelle Mélicerte n’aurait été autre que Glaucos.

[74] Plutarque, Thésée, c. 25.

[75] Voy. Hermann, Gottesdienstl. Alterth., § 49, 14.

[76] Voy. Clinton, Fasti Hellen., t. I, p. 228.

[77] C’est l’opinion de J. Scaliger, dans son commentaire sur Eusèbe p. 92, a. Voy. aussi όλυμπιάδ. άναγραφ., p. 30, éd. Scheibel, et Solin, Polyhist., VII, c. 14, p. 63, éd. Mommsen.

[78] D’après Plutarque (Solon, c. 23) et Diogène de Laërte (I, c. 55), cette libéralité aurait été ordonnée par une loi de Solon, qui, si le fait est exact, doit être un peu postérieure à l’année de son archontat (avant J.-C. 594), d’où l’on peut tirer la preuve que la législation de Solon ne fut complétée au plus tôt qu’en 586. Voy. Duncker, Gesch. des Alterth., t. IV, p. 265.

[79] Pausanias, V, c. 2, § 3 ; VI, c. 3, § 4, et 16, § 2.

[80] Plutarque, Sympos. Quæst., V, c. 2.

[81] Voy. Schœmann, Antiq. Grecques, t. I, p. 575.

[82] Xénophane, cité par Athénée (X, c. 6, p. 414), qui a conservé en outre un passage analogue de l’Autolycus d’Euripide. Voy, aussi Kayser, dans ses notes sur le de Gymnast. de Philostrate (p. 413).

[83] Cyniska, sœur d’Agésilas, fut la première, mais elle ne fut pas la seule, ainsi que le prouve un épigramme de l’Anthol. Palatine, XIII, a 16 ; voy. aussi Pausanias, III, c. 8, § 1.

[84] Aristote, Rhetor., I, c. 5, § 11.

[85] Athénée, X, p. 412.

[86] Xénophon, Symposion, c. 2, § 17 ; Platon, République, III, c. 13, p. 404 B ; Plutarque, Philopœmen, c. 3 ; Alexandre, c. 4 ; Cornelius Nepos, Épaminondas, c. 2 ; Galien, Protrept., c. 10. Voy aussi Wyttenbach, Notes sur le de Educat., de Plutarque, p. 117. On a vu dans le tome Ier de cet ouvrage que les Spartiates avaient proscrit de leurs exercices le pugilat et le pancrace.

[87] Pausanias, VI, c. 11, § 5.

[88] Voy. Suidas, s, v. περιαγειρόμενοι ; Ruhnkénius, dans ses Notes sur le Lexique de Timée, p. 215.

[89] Philostrate, de Gymnast., p. 286.

[90] Pausanias, VIII, c. 40.

[91] Pausanias, ibid. ; Philostrate, Imag., II, c. 6.

[92] Voy. Schœmann, Antiq. Jur. publ. Græc., p. 334, n. 10.