LA GUERRE DE TROIE

 

INTRODUCTION.

 

 

L'action des troupes et des flottes alliées sur les Dardanelles rapproche et confond l'héroïsme du présent et les souvenirs les plus illustres d'un lointain passé. Le Simoïs et le Scamandre, qu'encadrent encore comme aux temps homériques les ormes, les saules et les tamaris, ont rougi de nouveau du sang des guerriers ; nos soldats campent en vue des murailles troyennes ; notre canon réveille dans la grande plaine l'ombre de ces héros fameux qui, depuis trente siècles, sont restés à travers les âges les types les plus accomplis de la grandeur héroïque. Et, tandis que les femmes grecques jettent des fleurs à la mer et brûlent de l'encens sur le rivage, en se lamentant, à la façon antique, sur nos valeureux marins engloutis dans l'Hellespont[1], nous saluons les irréprochables guerriers d'Homère comme les premiers champions de cette civilisation, qui a résisté à tous les assauts et qu'il échoit à la France et à ses alliés de défendre contre une nouvelle barbarie.

Cette action nous fait saisir en même temps, d'une façon concrète et immédiate, l'importance qui s'attache à la liberté et à la maîtrise des détroits et fait bien comprendre, par analogie, le rôle économique, militaire et politique qu'ils ont joué dans l'histoire. Toute la politique orientale de l'Europe en a été remplie au cours des derniers siècles. Au XVIIe, les Turcs, qui voulaient en barrer l'accès aux Vénitiens, s'y sont vu infliger une sanglante défaite par l'amiral Mocenigo. Au moyen âge, les galères vénitiennes, génoises, catalanes, byzantines et turques s'y entrechoquaient. En 335 avant notre ère, c'est Alexandre qui, de la Chersonèse de Thrace, y lançait sur la côte d'Asie, contre l'armée perse, 20.000 fantassins. Quelques années auparavant, Démosthène, de la tribune de la Pnyx à Athènes, insistait sur le rôle vital des détroits dans l'approvisionnement en blé de la Grèce. Dans les dernières années du Ve siècle, les flottes athénienne et spartiate s'y concentraient devant Ægos Potamos, où se décida le malheureux sort d'Athènes. En 480, Xerxès établissait un pont de bateaux sur les Dardanelles pour y transporter ses légions. Au VIe siècle, Darius les traversait. Aux VIIe et VIIIe siècles, à l'époque des grandes courses maritimes et de l'expansion des colonies grecques en Orient, Phocée, Mégare, Milet créaient sur les bords de l'Hellespont, de la Propontide et jusque sur le pont Euxin, toute une série de comptoirs et de colonies, afin d'assurer le libre passage aux produits échangés entre la mer Noire et la Méditerranée.

Mais ne peut-on pas remonter plus haut ? N'y avait-il pas déjà avant l'histoire écrite une question des détroits ? Et ne peut-on trouver dans la préhistoire[2] des indices sur l'origine de la question d'Orient ?

Il y a cinquante ans, c'était là un problème purement littéraire. En rapprochant les uns des autres les textes historiques ou légendaires que nous ont laissés les anciens, en accordant aux uns une confiance ou une autorité plus grandes qu'à d'autres, on pouvait aboutir à des combinaisons plus ou moins vraisemblables, mais dont aucune n'était fondée sur une connaissance positive des faits.

Il n'en est plus de même depuis que de nombreuses explorations géographiques et archéologiques et des fouilles ont été poursuivies dans l'aire méditerranéenne et que des comparaisons ont pu être faites entre les vestiges découverts dans cette région et ceux qu'a révélés l'étude de l'Europe continentale et de l'Orient sémitique. Ces fouilles et ces recherches nous ont apporté des données plus certaines, quoique encore très fragmentaires, sur l'état de la Méditerranée et de ses côtes entre le XXe et le Xe siècle avant notre ère. Je rappelle brièvement les faits généraux les plus importants qu'elles ont mis en lumière et qui éclairent notre sujet.

C'est d'abord l'existence, dans tout le bassin de la Méditerranée, d'une grande civilisation, qui n'était ni sémitique, ni indo-européenne, la civilisation minœnne ou égéenne, qui a rendu aux vieilles légendes du roi Minos de Crète une part de réalité. Elle remonte, sur certains points, jusqu'à l'époque néolithique, couvre tout l'âge du bronze, atteint son apogée vers le XIXe ou le XVIIIe siècle et décline au XIVe. Son centre de rayonnement passe alors de la Crète aux côtes de la Grèce préhellénique, à Mycènes ; la civilisation mycénienne, qui se confond avec la dernière période du minœn, disparaît elle-même vers le XIe ou le Xe siècle, par l'envahissement de populations indo-européennes venues du Nord. De la Crète, cette civilisation s'est répandue sur presque toutes les côtes de la Méditerranée, dans la Grèce des îles et la Grèce continentale, en Sicile, en Sardaigne et jusqu'en Espagne, à Cadix et à Saragosse, où des restes en ont été découverts dans des tombes ; on en a trouvé des vestiges en Égypte, jusque sur le haut Nil, en Syrie à Sidon, et surtout à Chypre où ils sont très abondants ; sur les côtes de l'Asie Mineure, ces vestiges sont encore très peu importants : sauf en Troade et en Mysie, où leur présence est nettement attestée, Milet est le seul point où des tessons mycéniens aient été jusqu'ici mis à jour ; mais les explorateurs anglais ont trouvé de la céramique égéenne dans les vallées de l'intérieur, sur les bords du Rhyndacos, du Sangarios et de l'Halys[3] et E. Chantre a découvert, en 1894, de la poterie non lustrée semblable à la poterie mycénienne de Troie, dans la Phrygie centrale et à Ptéria (Boghaz-Kieuï), la capitale du grand empire hittite en Cappadoce[4].

Cet empire hittite, dont nous avions des mentions dans des textes israélites, égyptiens et cunéiformes, commence aussi à renaître au jour. Ses monuments, explorés d'abord par Texier et Hamilton en 1835, par Perrot et Guillaume en 1861, puis par E. Chantre en 1893-1894, et tout récemment par Winckler et Garstang[5], témoignent d'une civilisation autonome, indépendante des civilisations égéenne, égyptienne et babylo-assyrienne, qui remonte au IIIe millénaire, et qui a constitué, à partir du XVIe siècle, un État considérable, dont le centre était à Boghaz-Kieuï en Cappadoce. Cet État a étendu sa domination sur le Nord de la Syrie et le Nord-Ouest de la Mésopotamie, il est entré en lutte avec Ramsès II et a passé des conventions, au XVIIIe siècle, avec Babylone et l'Égypte, qu'il traite d'égal à égales. A cette époque son pouvoir, ou tout au moins son influence, se fait sentir jusqu'à la Phrygie et à la région côtière qu'occupe la Lydie des temps historiques : il subsiste toute une série de vestiges hittites dans la région du Sipyle près de Smyrne. Mais le centre de l'empire parait être passé bientôt de Boghaz-Kieuï à Carchemish, en Mésopotamie, sur l'Euphrate, et son importance semble décroître dans la partie centrale et occidentale de l'Asie Mineure, peut-être sous la poussée d'une première migration thraco-phrygienne. L'empire hittite reste néanmoins la plus grande puissance de la Syrie et de l'Asie Mineure jusqu'au XIe siècle, où elle commence à céder, d'une part, aux conquêtes assyriennes et, d'autre part, aux migrations de peuples indo-européens, qui continuent à affluer du Nord. Après une courte renaissance au Xe siècle, elle est complètement détruite, au VIIIe siècle, par l'expansion et la puissance assyrienne, et de ses ruines sortent deux monarchies, qui probablement lui avaient été d'abord soumises : la Phrygie et la Lydie[6].

Les mouvements de peuples, qui ont brisé la puissance hittite et submergé la civilisation égéenne, paraissent dus, pour la plus grande part, à des migrations successives de populations indo-européennes, qui s'étendent sur un grand nombre de siècles et qui, tantôt par infiltrations lentes, tantôt par invasions violentes, se sont répandues des vallées du Danube et de la Russie méridionale en Asie Mineure et en Grèce. Leur présence est attestée en Asie Mineure[7], à partir du XVe siècle au moins, par les tablettes égyptiennes de Tel-el-Amarna (vers 1400) publiées par Champollion et par les tablettes hittites (vers 1370) découvertes en 1907 par Winckler à Boghaz-Kieuï en Cappadoce. L'arrivée de peuples apparentés en Thessalie, dans la Grèce centrale et méridionale, est également démontrée, à la fin de l'époque égéenne, par les changements qui se produisent dans l'industrie, dans le type et le style des poteries et qui substituent le décor géométrique aux divers décors qui caractérisent la période mycénienne.

Ces mouvements sont donc certains. Mais leur histoire est encore très confuse et les divisions qu'on est tenté d'y introduire, dans le temps et dans l'espace, sont nécessairement artificielles et sujettes à révision. On peut cependant, à titre d'hypothèse tout au moins, se les représenter comme une double série de migrations.

L'une, la migration thraco-phrygienne, s'est produite d'Europe en Asie, par la Thrace, les Dardanelles et le Bosphore ; les populations qui y ont pris part se sont infiltrées en Troade, en Phrygie, peut-être en Arménie et sur les côtes de la mer Noire. Ce sont elles qui contribuèrent plus tard à repousser vers le Sud, puis à détruire l'empire hittite, attaqué en même temps par les armées assyriennes, et c'est peut-être de leur mélange avec les populations locales, asiatiques, de la Troade que s'est formé le peuple des Troyens, que les Achéens réduisirent vers le XIIe siècle.

L'autre série de migrations a envahi la Grèce au cours et vers la fin de l'époque mycénienne ; elle a infusé à la vieille société égéenne en déclin un sang nouveau et y a déterminé, après une période obscure qui ressemble à notre moyen âge, cette merveilleuse renaissance qu'a été la civilisation hellénique, ce miracle grec, dont on peut aujourd'hui suivre avec plus de précision les origines et les antécédents, mais dont le développement admirable et prodigieusement rapide n'en est pas moins la véritable source de la civilisation occidentale. C'est à ces poussées venues du Nord que sont dues les émigrations maritimes des populations installées en Grèce et qui, s'y trouvant trop à l'étroit, se sont répandues, du XIIe au VIIIe siècle, sur les côtes de l'Asie Mineure.

La plus ancienne parait avoir été constituée par les Achéens d'Homère, ou plus exactement les Achéo-Éoliens ; car au groupe achéen était joint tout un ensemble d'éléments complexes, en provenance de plusieurs régions de la Grèce, que l'antiquité a désignés par le mot aiolos, qui veut dire mélangé, bigarré. Ces Achéo-Éoliens sont partis de la côte orientale de la Grèce et, par le chapelet d'îles qui font une sorte de pont naturel entre le golfe de Volo et le Nord-Ouest de l'Asie Mineure[8], ils ont débarqué en Troade et y ont trouvé, sans doute, les descendants des émigrés de Thrace, détachés comme eux du rameau indo-européen et mêlés aux populations locales, égéennes et surtout asiatiques, qu'ils avaient absorbées.

Après la prise et la destruction de Troie, vers le XIIe siècle, le mouvement a continué et appartient désormais dans ses grandes lignes à l'histoire. Les Achéo-Éoliens ont occupé peu à peu toutes les côtes et les îles au Nord-Ouest de l'Asie Mineure, puis les Ioniens et les Doriens sont venus s'installer, jusqu'au VIIIe siècle, au centre et au sud et ont donné à la carte des rivages de l'Anatolie la physionomie définitive, dont les écrits des historiens et des géographes anciens nous ont conservé une image assez précise.

Cette hypothèse d'un mouvement thraco-phrygien, antérieur aux mouvements achéo-éolien, ionien et dorien, semble de plus en plus vraisemblable. Les découvertes faites d'une part en Troade, d'autre part en Thrace et dans l'aire balkanique et danubienne, offrent de réelles analogies[9]. Que la culture danubienne de l'époque néolithique et de l'âge du bronze dérive de la civilisation égéenne, que celle-ci lui ait au contraire emprunté des éléments, ou qu'elles soient l'une et l'autre indépendantes[10], c'est une question qu'il est impossible de trancher à l'heure actuelle ; mais il parait probable qu'à ces époques lointaines la Grèce septentrionale, la Serbie, la Bulgarie, la Transylvanie et la Roumanie actuelles ont été en connexion avec la Thrace et la Troade et que, par les routes de la Macédoine et de la Thrace, des échanges se sont produits entre Troie et les peuples qui occupaient le Nord des Balkans. Cette aire d'influence semble même s'être étendue, dans l'Asie Mineure, en Phrygie et en Arménie, à l'Est de Troie, qui aurait été un point de contact important entre l'Orient et l'Occident.

S'il en a été ainsi, si Priam et les chefs troyens qui étaient groupés autour de lui étaient par leur origine, tout au moins partiellement, des indo-européens venus de Thrace, apparentés dans un passé plus ou moins lointain aux chefs des confédérés hellènes, l'un des caractères les plus frappants de l'Iliade s'expliquerait facilement : l'identité des mœurs, des pratiques, des idées qu'elle présente entre les deux groupes de peuples divisés par la guerre. L'habitation, les costumes, les armes, les coutumes, les conceptions religieuses, le culte, les rites funéraires, la mythologie sont les mêmes ; les héros troyens sont traités avec la même sympathie que les héros achéens ; les haines qui les opposent ne sont que des haines de circonstance, ou des haines individuelles, il n'y a pas de haine profonde de peuple à peuple : l'antagonisme entre l'Europe et l'Asie, si puissant dans l'histoire, n'existe à aucun degré ; la distinction entre le Grec et le Barbare, entre la civilisation européenne et la barbarie orientale, est encore complètement inconnue ; elle ne fera son apparition que beaucoup plus tard, au vie siècle, à l'époque des guerres médiques, pour se maintenir pendant toute l'antiquité hellénique, jusqu'à l'époque des conquêtes d'Alexandre en Asie et pour renaître, après quinze siècles d'hellénisme gréco-romain et byzantin, avec l'occupation des côtes asiatiques par les nouveaux barbares ottomans et turcs.

La guerre de Troie nous apparaît donc, dès maintenant, comme une image de l'expansion achéo-éolienne, comme une création de la poésie, qui aurait concentré en un épisode unique tous les souvenirs héroïques de cette expansion.

Mais la question doit être serrée de plus près. Cet épisode n'est-il que le symbole d'un grand mouvement d'ensemble dispersé sur plusieurs siècles, un jeu de l'imagination brillante et inventive de l'esprit grec se créant une gloire légendaire ? Ou présente-t-il en lui-même certains éléments précis ayant un caractère historique ? La ville de Troie a-t-elle existé, quel rôle a-t-elle pu jouer, a-t-elle été réellement détruite ? L'expédition des confédérés hellènes est-elle autre chose qu'un poème héroïque ? Si elle a vraiment eu lieu, était-ce simplement pour reconquérir la beauté d'une femme et venger l'hospitalité outragée, ou seulement par besoin d'expansion, par goût des aventures, du pillage et de la rapine ? N'y avait-il pas à la puissance de Troie et au désir des Grecs de lui porter un coup fatal des causes plus précises ?

C'est ce que je me propose d'examiner en cherchant à dégager avec clarté les résultats des travaux les plus récents.

Je commencerai par les faits les plus positifs : la description des fouilles de Troie[11], qui nous ont apporté un témoignage incontestable sur l'existence et le caractère de la ville et sur sa destruction, et je comparerai ces caractères avec les descriptions qui en sont éparses dans l'Iliade. Puis, dans une deuxième partie, plus géographique et ethnographique qu'archéologique, je rapprocherai d'abord les données homériques de l'état des lieux, dans la plaine de Troie et dans la Troade environnante. Je montrerai que, si l'Odyssée, comme V. Bérard l'a développé, nous donne des renseignements très positifs sur la Méditerranée préhellénique, il en est de même de l'Iliade pour le Nord-Ouest de l'Asie Mineure ; elle repose incontestablement sur une connaissance très exacte de la topographie et de la géographie. Il en est encore de même du catalogue des Grecs, des Troyens et de leurs alliés, qui, s'il n'est pas une fiction, comme l'exactitude des données qu'il contient paraît bien le prouver, fait apparaître le conflit sous son véritable jour ; par l'ampleur et la portée qu'il lui donne, il montre que ce conflit n'était pas une simple entreprise de brigandage, qu'il ne constitue pas seulement un épisode de l'expansion achéo-éolienne et que la question d'honneur, qu'il avait pour objet de régler, ne suffit pas non plus à l'expliquer complètement. Je terminerai enfin en rassemblant les données que nous trouvons dans l'Iliade sur les procédés de combat et le plan de campagne des Grecs contre les Troyens.

La guerre de Troie nous apparaîtra ainsi, tout au moins à titre d'hypothèse, mais d'hypothèse assez probable, comme la forme la plus ancienne des conflits qui, toujours pour les mêmes causes, se sont produits autour des Dardanelles et de la question des détroits, et la lutte qu'ont engagée les Hellènes contre les Troyens, à l'âge préhistorique, nous présentera des analogies curieuses avec celle que les Alliés soutiennent aujourd'hui contre les Turcs et les Austro-Allemands.

Ainsi le présent rejoint le passé le plus lointain, des causes et des fins analogues produisent des résultats semblables ; une folie meurtrière s'empare à certains moments des peuples ; mais, comme dit le vieux Polonius, il y a quelque méthode dans cette folie.

 

 

 



[1] Le Temps, 22 mars, 3 avril 1915.

[2] J'emploie le mot préhistoire dans son sens général d'antérieur à l'histoire ; quoiqu'il s'agisse surtout, dans ce qui suit, de l'âge du bronze et non du paléolithique et du néolithique, et qu'une terminologie plus exacte eût exigé le mot protohistoire, j'ai préféré conserver au terme préhistoire son sens le plus courant.

[3] D. G. Hogarth, Ægean Civilisation, Encycl. Brit., p. 246.

[4] E. Chantre, Mission en Cappadoce, 1893-1894, Paris, 1898, p. 38. Sur la civilisation minœnne et mycénienne en général, voir : R. Dussaud, Les civilisations préhelléniques dans le bassin de la mer Égée, Paris, 2e édit., 1914, et l'excellent tableau d'ensemble de D. G. Hogarth, dans Encyclopædia Britannica, article Ægean Civilisation, Cambridge, 1910, où l'on trouvera une documentation méthodique et abondante.

[5] Sur les explorations et les fouilles hittites : G. Perrot et E. Guillaume, Exploration archéologique de la Galatie, etc. (1862-72) ; E. Chantre, Mission en Cappadoce (1898) ; W. M. Ramsay, Athen. Mitteilungen, 1889, Recueil de travaux, etc. (1892-1895), The thousand and one Churches (1909) ; von Luschan et autres, Philol. Wochenschrift, 1891, p. 803, 951, Mitteilungen aus der Orientalistischen Sammlungen, Hefte XI, XII, XIII et Ausgrabungen in Sendshirli, I, II, III, IV, Berlin, 1893-1907 ; H. Winckler, Mitteilungen der deutschen Orient. Gesellschaft et Orient. Literaturzeitung, Berlin, 1907 ; Macridy Bey, La Porte des Sphinx à Euyuk dans Mitteilungen der Vorderasiatischen Gesellschaft, Berlin, 1908, 3 ; Liverpool annals of archœology, I, 19o8 ; J. Garstang, Annals of archæology and anthropology, I, 1938, et surtout The land of the Hittites, Londres, 1910, où l'on trouvera, p. 392 à 401, une abondante bibliographie. On voit qu'ici, comme dans presque toute l'Asie Mineure, la France, qui a été une initiatrice et a fait les premières explorations, s'est laissé supplanter par les autres nations et surtout par l'Allemagne, qu'on retrouve partout, dans l'intérieur comme sur les côtes, là où nous nous étions acquis des titres ou même, parfois, des droits.

[6] Sur les Hittites en général, voir : G. Perrot et Ch. Chipiez, Histoire de l'art dans l'antiquité, IV, p. 483-804. Paris, 1887 ; A. H. Sayce, The Hittites, Londres 1888, traduction française : Les Hétéens, histoire d'un empire oublié, Paris, 1894 ; D. G. Hogarth, Ionia and the East, Oxford. 1909 ; J. Garstang, The land of the Hittites, Londres, 1910 ; W. Leonhard, Hettiter und Amazonen, Leipzig, 1911 ; bons résumés : L. Messerachmidt, Die Hettiter, collection Der alte Orient, I, 1, Leipzig, 1903 et D. G. Hogarth, Hittites, article de l'Encycl. Britan., 1910.

[7] Sur les Indo-européens en Asie Mineure, voir d'Arbois de Jubainville, Les premiers habitants de l'Europe, Paris, 2 vol., 1889 ; S. Reinach, Le mirage oriental, dans L'Anthropologie, 1893, réimprimé dans Chroniques d'Orient, II, 1896, p. 509 et sq. ; J. de Morgan, Les premières civilisations, Paris, 1909, p. 319 et sq. ; Ad. Reinach, Le disque de Phæstos et les peuples de la mer dans Revue archéologique, 1910, I, p. 1-65 ; Les Harri et les Aryens dans l'Anthropologie, XXIII, 1912, p. 207-210 ; H. R. Hall, The ancient history of near East, Londres, 1913.

[8] Le chemin est indiqué par Homère, dans le voyage qu'Achille menace d'entreprendre pour rentrer à Phthia (Iliade, IX, 362 et sq.) ; il compte trois jours, ce qui correspond bien à la distance.

[9] Sur cette question difficile, il n'existe encore que des travaux épars. Voir : H. Schmidt, Schliemann's Sammlung trojanischer Altertümer, Berlin, 1902 ; Troja Mykene Ungarn, dans Zeitschrift fur Etnologie, 1904, 1905 ; Ch. Tsoundas, Αί προΐστορικαί άκροπόλεις Διμηνίου καί Σέσκλου ; Vassits, Prähistorische Zeitschrift, II, 1910, p. 23 et sq. ; Von Stem, Die prämykenische Kultur in Südrussland. Bon résumé dans A. J. B. Wace et M. S. Thompson, Prehistoric Thessaly, Cambridge, 1912, p. 231-235 et 257-258, où l'on trouvera une abondante bibliographie. Voir aussi : Ad. Reinach, Les peuples de la mer et l'apparition des Hellènes dans la mer Égée, dans L'Hellénisation du monde antique, leçons faites à l'École des Hautes Études Sociales, Paris, 1914, p. 1-44 ; J. Déchelette, Manuel d'archéologie préhistorique celtique et gallo-romaine, Archéologie préhistorique, Paris, 1910, p. 362 ; G. Leroux, Les origines de l'édifice hypostyle, Paris, 1913, p. 165.

[10] Wosinsky et Vassits tiennent pour la première hypothèse, Schmidt et von Stern pour la deuxième, Wace et Thompson pour la troisième ; voir pour la discussion et les références bibliographiques : Wace et Thompson, Classical Review, Londres, Déc. 1908, p. 233 et sq., The connection of the ægean civilisation with central Europe, et Nov. 1909, p. 209 et sq., The connection of ægean culture with Servia, et loc. cit., p. 233.

[11] Les fouilles de Troie ont été résumées par G. Sortais, Ilios et l'Iliade, Paris, 1892, p. 3 et sq., et par Perrot et Chipiez, Histoire de l'art dans l'antiquité, VI, Paris, 1894, p. 154 et sq. ; mais ces descriptions sont antérieures aux derniers travaux qui ont dégagé la ville d'Homère. Les indications de Déchelette dans Manuel d'archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine, L'âge du bronze, Paris, 1910, p. 31 et sq., de R. Dussaud dans Les civilisations préhelléniques dans le bassin de la mer Égée, 2e édit., Paris, 1914, p. 118 et sq., de L. de Launay dans La Turquie que l'on voit, Paris, 1913, p. 224 et sq., et celles que j'ai données dans le guide Joanne De Paris à Constantinople, Paris, 1912, p. 383 et sq. sont très sommaires. W. Leaf, Troy a study in homeric geography, en a fait un excellent compte rendu. Il m'a paru intéressant de résumer pour le public français les ouvrages compacts et arides de Schliemann, Ilios, trad, franç., Paris, 1885, et de Dörpfeld, Troja und Ilion, Athènes, 2 vol., 1902.