LE TRAITÉ DE CATEAU-CAMBRÉSIS

 

CHAPITRE QUATRIÈME. — Exécution du traité de Cateau-Cambrésis avec l'Espagne.

 

 

Accord prétendu entre les rois de France et d'Espagne contre les réformés. — Choix de l'ambassadeur d'Espagne en France. — Restitution des biens confisqués des partisans des deux rois. — Accord relatif aux prisonniers.

Affaire de Metz, de Toul et de Verdun. — Restitution à l'Espagne de Thionville, de Marienbourg, de Carignan, de Damvilliers et de Montmédy. — Restitution à la France de Saint-Quentin, du Catelet, de Ham et de Thérouanne.

 

Le préambule du traité de Cateau-Cambrésis stipulait expressément que les deux rois de France et d'Espagne s'efforceraient d'obtenir du pape la convocation et célébration d'un saint concile universel. Les historiens protestants, élargissant la portée de cette clause, racontent que les deux rois avaient fait alliance contre les réformés et s'étaient engagés à les exterminer. Bien que le pacte ne soit ni prouvé, ni même vraisemblable, il est des arguments qui laissent du soupçon. La question est grosse de conséquences, car la convention, si elle a existé, contient le principe du massacre de la Saint-Barthélemy. Elle mérite donc un examen de quelques lignes.

Le témoignage le plus autorisé en faveur de cet accord, le seul digne de discussion, parce que son auteur pouvait être exactement informé, est celui de Guillaume d'Orange, dit le Taciturne, le héros de l'indépendance des Pays-Bas. Guillaume avait été envoyé en France comme otage aussitôt après le traité de Cateau-Cambrésis. Réputé alors favori de Philippe II et dépositaire de ses desseins, il reçut les confidences de Henri II. C'est ainsi que le redoutable secret se serait échappé des lèvres du roi de France. Voici les propres paroles que l'on prête à Guillaume d'Orange : Estant en France, j'eu entendu de la propre bouche du roy Henri que le duc d'Albe traitoit des moiens pour exterminer tous les suspects de la religion en France, en ce pais[1] et par toute la chrestienté, et que led. s. roiqui pensoit, comme j'avoi esté l'un des commis pour le traité de la paix, avoi eu communication de si grandes affaires, que je fusse aussi de ceste partiem'eust déclaré le fond du conseil du roi d'Espagne et du duc d'Albe. Pour n'estre envers Sa Majesté en désestime, comme si on m'eust voulu cacher quelque chose, je respondi en sorte que led. s. roi ne perdist point ceste opinion, ce qui lui donna occasion de m'en discourir assés suffisamment pour entendre le fond du project des Inquisiteurs[2].

Ce témoignage serait formel s'il pouvait être accepté sans restriction, mais l'Apologie du prince d'Orange, d'où il est tiré, mérite peu de crédit. L'Apologie est un ouvrage de pure polémique, lancé au plus fort de la lutte entre Philippe II et les Pays-Bas ; elle est pleine d'assertions fausses, comme le meurtre de la reine d'Espagne et celui de don Carlos. L'auteur[3] s'inquiétait plus de frapper fort que de frapper juste. Toutes les armes étaient bonnes contre l'ennemi. Philippe II, qui, en ce moment même, mettait à prix la tête de Guillaume d'Orange, avait bien mérité cette injustice.

Les historiens, protestants et catholiques, qui ont soutenu l'existence de ce pacte odieux, ont été guidés par Guillaume le Taciturne[4]. La plupart s'en sont prévalus pour rajeunir des lieux communs sur l'intolérance des rois catholiques du XVIe siècle. Assez d'autres faits chargent la mémoire de Henri II et de Philippe II pour leur épargner des accusations imméritées. Sans nul doute, les affirmations du prince d'Orange, bien qu'un peu entachées de parti pris, présentent de l'autorité ; mais elles sont combattues et victorieusement réfutées selon nous par le silence de Philippe II. La correspondance de ce prince et de son ambassadeur en France, conservée presque sans lacune aux Archives nationales, ne contient aucune allusion à l'accord, signé ou tacite, des deux gouvernements sur la politique à suivre vis-à-vis de la réforme. Chantonnay et ses successeurs relèvent même, à chaque acte du roi de France, la divergence de vues des deux rois. Ils opposent ironiquement la faiblesse et la tolérance de François II, de Charles IX, de Henri III à la fermeté de Philippe II. Dans cette masse immense de dépêches, qui se succèdent pendant plus de trente ans à l'occasion de la guerre civile, le roi de France ne parle qu'une fois de l'union des deux royaumes, en matière religieuse, et il n'en parle que pour refuser de lier sa politique à celle de son puissant voisin. Le 26 juin 1559, le duc d'Albe écrit à Philippe II : Le connétable vint me parler et m'a dit que le roi lui avait commandé de me dire que je lui avais offert, de la part de V. M., toute l'assistance qu'il voudrait pour la réforme et le châtiment de ceux de la religion dans son royaume, où il voyait de jour en jour augmenter le mal, qu'il prisait ce qui lui était dit de votre part et qu'il ne pouvait moins que vous remercier.... que Genève était le foyer de toute cette malice, que les sujets de V. M. et les siens, qui étaient égarés, s'y réfugiaient et que de là ils pervertissaient les deux royaumes ; qu'il serait bon de se débarrasser du foyer, car, une fois détruit, ils n'auraient plus de refuge[5]. Ainsi, le roi de France donne acte au roi d'Espagne de ses propositions et l'en remercie, formule de refus courtois. Bien plus, il détourne l'objectif du roi catholique et le pousse à diriger contre Genève l'assistance que l'Espagne lui offre contre les réformés français. Les deux interlocuteurs étant précisément les principaux négociateurs de Cateau-Cambrésis, il parait évident que la conférence du 26 juin n'avait été précédée d'aucun engagement réciproque. Dans les derniers mois du règne de François II, les Guises, menacés par les revendications du roi de Navarre et du prince de Condé, demandèrent au roi d'Espagne un secours qui leur fut accordé avec empressement[6]. Plus tard encore, en 1562, aux premiers troubles, les troupes espagnoles franchirent la frontière à la demande du roi de France[7]. Mais ces faits sont absolument indépendants des stipulations de Cateau-Cambrésis. L'alliance fut déterminée par les événements, circonscrite à la guerre civile, close à la paix d'Amboise et ne prouve en rien que les deux rois, dès 1559, aient enchaîné leur liberté d'action vis-à-vis des réformés.

Après la signature du traité, le choix de l'ambassadeur espagnol auprès de la cour de France fut l'objet de pourparlers. Au mois de mai 1559, Granvelle sonda la cour de France sur la nomination de Perrenot de Chantonnay, l'aîné de ses frères[8] ; le 30, Philippe II, par une lettre autographe à la reine, confirma ce choix[9]. Dans les premiers jours d'août, le duc d'Albe présenta lui-même le nouvel ambassadeur à la cour de France. Chantonnay a laissé une correspondance très étendue. On y trouve de nombreuses révélations sur les intrigues du règne de François II et des quatre premières années du règne de Charles IX[10], sur les progrès de la réforme, sur les efforts de chaque prince pour tirer à lui un lambeau du pouvoir. Philippe II voulait tout apprendre ; il exigeait que ses représentants eussent une oreille à chaque porte, depuis l'alcôve de la reine jusqu'à la grand'chambre du Parlement. Jamais il ne fut mieux servi que par son ambassadeur en France.

La correspondance de Chantonnay, telle qu'elle existe dans les dépôts manuscrits de Paris, de Bruxelles et de Vienne, forme deux collections à peu près complètes. La première, en langue espagnole, est conservée aux Archives nationales de Paris. Elle se compose de lettres, généralement très longues, souvent en chiffre, que l'ambassadeur écrivait au jour le jour à Philippe II. Bien qu'elle offre un grand intérêt, les faits curieux y sont noyés dans les considérations, les raisonnements, le verbiage où se délectait le roi le plus paperassier qui fût jamais. La seconde, rédigée en français, est conservée, partie en original aux archives de Vienne, partie en copie aux archives de Bruxelles[11]. Elle ne contient que des lettres adressées à Marguerite de Parme ou à ses ministres, surtout au cardinal Granvelle. Le récit est plus condensé et plus confidentiel. Chantonnay réservait ses secrets à son frère, à la régente des Pays-Bas, les deux artisans de sa fortune politique. Il écrivait en diplomate en Espagne, en familier à Bruxelles. Ses lettres françaises sont les seules qui émanent de sa plume ; les lettres espagnoles sont l'œuvre d'un traducteur[12]. Il serait à souhaiter, dans l'intérêt de l'histoire, que les premières fussent publiées.

La guerre entre la France et l'Espagne durait depuis un si grand nombre d'années que beaucoup de seigneurs espagnols ou flamands avaient été dépouillés de terres situées en France. Un acte supplémentaire au traité, en date du 3 avril, les rétablit dans leurs biens. Ces seigneurs étaient le prince d'Orange, le comte d'Egmont comme héritier de la princesse de Gavre, Philippe de Croy, duc d'Arschott, les héritiers de la maison de Vergey, le s. de Troviliers, Charles de Poitiers, s. de Saint-Valier, comme héritier de Guillaume de Poitiers, s. de Saint-Valier, passé au service de Charles-Quint avec le connétable de Bourbon, le duc d'Albuquerque, vice-roi de la Navarre espagnole, pour quelque vaisselle qu'il dict luy avoir esté prise, Nicolas Polweiler et ses frères, seigneur franc-comtois, moitié capitaine, diplomate ou espion, qui avait habilement servi la cause impériale sur la frontière de l'Est. En retour de ces restitutions, le roi de France fit valoir les droits de ses partisans[13] ; de la princesse Marie de Bourbon, duchesse d'Estouteville, sur le comté de Saint-Pol[14] ; d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, propriétaire, du chef de la maison de Vendôme, du duché d'Enghien[15], entre Mons et Bruxelles, des terres d'Oisy, de Rhodes, de Flandrin, de Hambordin, de la châtellenie de Lille, des seigneuries de Dunkerque, de Gravelines et de Bourbourg[16] ; de Diane de Poitiers, qui avait reçu de son père plusieurs domaines dans le royaume de Naples ; et enfin de quelques Italiens dévoués à la France, Hippolyte d'Este, cardinal de Ferrare, Thomas d'Elbene, général des finances, Scipion de Fiesque[17] et Octave Fregose[18].

Un autre acte, signé par le duc d'Albe et le connétable de Montmorency, régla la situation des prisonniers des deux nations. La destinée de ces malheureux était digne de pitié. D'après les coutumes barbares du temps, ils devenaient la propriété du vainqueur. Les seigneurs, les gentilshommes de haut parage rachetaient leur liberté au prix d'une forte rançon. Les simples hommes d'armes, les gens de pied sans ressources étaient envoyés par troupes aux galères. Les navires espagnols et français étaient ainsi peuplés de rameurs, qui n'avaient commis d'autre crime que de se laisser désarmer sur le champ de bataille. Soumis au dur régime de la mer, battus, traités en vils criminels échappés de la potence, ces pauvres soldats, qui avaient porté glorieusement la pique et l'épée, mouraient pour la plupart sur le banc des galères sans avoir les moyens d'informer leurs familles qu'ils vivaient encore et qu'une faible rançon les rendrait à leur patrie. Il fut convenu entre le duc d'Albe et le connétable de Montmorency que tous les gens de guerre, tant de pied que de cheval, retenus dans les prisons ou sur les navires seraient relaxés de bonne foy sans rançon ; qu'ils n'auraient à payer que l'argent emprunté ; que, s'ils n'avaient pas les moyens d'acquitter leurs dettes, le montant en serait établi par acte devant les officiers du roi et le recouvrement poursuivi par voie diplomatique ; que, en échange de la nourriture des prisonniers français (environ 30.000 écus), le roi de France délivrerait sans rançon neuf capitaines de gens de pied[19] ; et enfin que les deux rois pourraient envoyer dans les villes et les forteresses, dans les ports et sur les navires, des commissaires chargés de reconnaître les captifs de leur nation[20].

Cette convention fut très mal accueillie par les capitaines espagnols. Ils se disaient frustrés de leurs droits les plus précieux et ruinés par les frais d'entretien de leurs prisonniers. Toute ruse servait à l'avarice castillane pour retenir sous clef les gages vivants de ses créances. Il y en a ici, écrit au roi Sébastien de l'Aubespine, ambassadeur auprès de Philippe II à Bruxelles, plus de deux ou trois cens, dont chacun veult tirer jusques au sang, et que l'on renvoie de saint Pierre à saint Paul quand il est question de juger leurs difficultés et différends[21]. Philippe II montra une générosité inattendue et donna l'ordre de relâcher tous ces malheureux ; mais ses secrétaires tirèrent bénéfice de la munificence de leur maitre. L'Aubespine donna 500 écus au secrétaire de la Torre et délivra d'un seul coup les gens d'armes et les archers des compagnies du dauphin, du comte de Villars, du s. d'Estampes[22] et les gens de pied de Villebon[23]. Il agit de même vis-à-vis du secrétaire Erazzu et obtint, malgré l'opposition de Philippe de Salm, dit le comte Rhingrave, le renvoi de Lansac, capitaine et négociateur, qui avait rendu des services signalés au roi en Italie[24].

Dans le courant de mai, une commission nommée par le roi de France parcourut les châteaux forts de la Flandre et libéra, en vertu de son autorité, une foule de soldats : les gens de pied, sans rançon ; les hommes d'armes, censés gentilshommes, moyennant une somme d'argent, équivalente à une année de leur solde[25]. Les seigneurs, auxquels les Espagnols supposaient des ressources, étaient tarifés à des chiffres plus ou moins élevés. Le s. de Fumel, du Périgord, fut obligé de s'engager pour 1.150 écus, d'Aubigny pour 5.000, Senarpont pour un chiffre excessif qui suscita une vive contestation. On demanda 15.000 écus au s. de Maintenon. Le s. d'Annebaut, au contraire, fut relâché moyennant quelques écus. La situation des pages semblait douteuse. En principe, le duc de Savoie les déclara de bonne prise ; mais le comte d'Egmont, mécontent de cette décision, les assimila aux gens de pied. Les compromis donnaient lieu à de tels débats que Philippe II désigna un tribunal composé de Berlaymont, de Glayon et du président Viglius pour juger en dernier ressort les prétentions des capitaines espagnols[26].

Les recherches des commissaires français ne furent sérieusement poursuivies qu'en Belgique[27]. Pas un officier du roi ne pénétra en Espagne. C'était là cependant que Philippe II entassait les prisonniers dont il voulait tirer vengeance. L'un d'eux, nommé Buade, arrêté à Cadix au retour d'une expédition en Afrique, se plaint, dans une lettre à l'ambassadeur, d'être traité en criminel d'État, chargé de fers et maintenu à la renverse depuis quarante-cinq jours[28]. Un autre capitaine, gentilhomme au service du roi de Navarre, nommé Boileau, neveu du baron de Clerc, avait été emprisonné comme corsaire à Saint-Jacques en Galice. Non seulement les Espagnols l'accablaient de violences, mais ils supprimaient ses lettres à son maitre. Enfin Boileau fit parvenir un mémoire à Sébastien de l'Aubespine à Madrid et trouva un défenseur[29].

En Italie, les captifs étaient aussi indignement traités. La requête de l'un d'eux, le seigneur Roch Chasteigner de la Roche-Posay, édifie sur la magnanimité espagnole. Il appartenait à une famille poitevine d'ancienne noblesse, mais sans fortune, et commandait une compagnie de cent chevau-légers en Piémont. Fait prisonnier, le 23 juin 1557, à Ascoli, pendant la campagne du duc de Guise, il fut acheté 500 écus à des soldats italiens par un trésorier espagnol, nommé François Divarre, conduit au château de l'Aquila, à Naples, puis à Gènes, puis à Milan, souvent battu et mis à la chitine des galériens. A Milan, Divarre signifia à La Roche-Posay qu'il aurait à payer une rançon de 15.000 écus. En vain le prisonnier objecta que cette somme était supérieure à son avoir. Divarre jeta son captif au cachot et l'y tint plusieurs jours sans manger. Heureusement arriva une lettre du duc d'Albe qui améliora le sort du prisonnier[30]. Divarre lui permit de se nourrir à ses frais, mais ne voulut rien rabattre du chiffre de sa rançon[31]. Après le traité de Cateau-Cambrésis, le connétable de Montmorency recommanda La Roche-Posay au roi d'Espagne[32]. Divarre arguait de ses droits et se montrait intraitable. Pendant les pourparlers, La Roche-Posay s'évada du château de Milan, et, aidé par une dame italienne qui l'aimait, emprunta des chevaux de poste et s'enfuit en France. Divarre furieux mit les gardiens en prison et livra l'un d'eux à la torture. Le prisonnier avait déjà passé la frontière et adressa au roi d'Espagne un mémoire justificatif en faveur de ses prétendus complices[33].

Les Français furent plus généreux que les Espagnols. Le duc de Sessa, amiral d'Espagne, réclama officiellement aux capitaines des galères de Marseille les sujets du roi d'Espagne[34] et Alonzo de Vargas fut dépêché en France. Vargas trouva à Marseille un grand nombre de captifs que les officiers du roi refusèrent de lui livrer sans ordre[35]. Il porta plainte au duc d'Albe, le duc d'Albe à Chantonnay, Chantonnay au duc de Guise. Le grand prieur de France offrit de rendre tous les prisonniers à la condition que Philippe II userait de réciprocité vis-à-vis des Français[36]. La proposition fut repoussée comme trop générale. A la suite de nouveaux accords, les galériens furent divisés en trois classes : les soldats pris les armes à la main, les passagers maritimes ou les habitants des côtes enlevés par voie de représailles, les condamnés par autorité de justice. La liberté était accordée aux deux premières classes, toujours à charge de revanche, mais refusée à la troisième parce qu'elle contenait de nombreux espions[37]. Ainsi réduite, la convention fut immédiatement exécutée à Marseille. On dressa un état de tous les Espagnols retenus sur les galères du roi ; ils étaient au nombre de 975, répartis sur 35 navires[38], et furent libérés sans rançon au mois d'octobre 1559. Mais les commissaires français attendirent en vain l'échange. Philippe II préparait une campagne contre les barbares d'Afrique. Sa flotte était prête à prendre la mer. Il craignit de démonter ses vaisseaux et ajourna à la fin de la guerre le renvoi des malheureux Français[39].

La délivrance des capitaines espagnols souffrit encore moins de difficultés, car les réclamations des intéressés ont laissé peu de trace[40]. Un seul seigneur, Francisco de Luna, gentilhomme de haut rang, négociateur et homme de guerre, fut retenu longtemps à Paris[41]. Une troupe de gens de pied, entassés à Péronne, fut remise sans rançon au comte de Meghem[42]. Malgré la générosité du roi de France, Chantonnay, dans sa correspondance, se plaint du traitement de ses nationaux. Le s. de Fumel, gentilhomme périgourdin, est signalé comme un geôlier exigeant et impitoyable[43]. Le conseil du roi jugeait en dernier ressort les demandes des capitaines français et les offres des captifs étrangers. Bien qu'il y apportât de l'impartialité, ses arrêts soulevaient quelquefois les protestations de l'irascible ambassadeur d'Espagne. Un seigneur italien, le major de Lombardie, au service du roi catholique, avait requis le conseil du roi de France de fixer le chiffre de sa rançon. Le prisonnier était riche de 15.000 écus. Le conseil le taxa à 1,500 écus. Chantonnay, qui poursuivait le succès de cette requête comme une affaire personnelle, se plaignit à la reine mère, insulta les Guises, oncles du roi, et exigea la révision de l'arrêt. L'arrêt fut maintenu et lui fut apporté avec une lettre du roi. Il print cette ordonnance signée de moy, écrit François Il, à luy portée de par moy et la royne ma mère, et la gecta contre terre disant que c'estoit le plus meschant et le plus malheureux jugement qu'il estoit possible et que c'estoit une injustice de MM. de Guise, avec mille autres paroles insolentes et peu sentantes la dignité du lieu....  Il courut chez la reine, remplissant les salles du château de Blois du bruit de ses menaces. Catherine le reçut avec hauteur et lui dit qu'elle estoit asseurée qu'il n'avoit pas charge du roy son maistre de parler et se conduire ainsi ; si bien qu'il se retira fort confus[44].

Le traité de Cateau-Cambrésis avait oublié Metz, Toul et Verdun, mais les négociateurs de France et d'Espagne avaient longuement discuté le sort de ces trois villes. Au commencement de la guerre, elles avaient la qualité de villes libres et ne reconnaissaient d'autre souverain que l'empereur d'Allemagne. En 1552, Henri II s'en empara et Charles-Quint, en 1553, essaya vainement de les reprendre. Pendant les conférences, Philippe II réclama les trois villes au nom de l'empire. Les ambassadeurs du roi de France déclinèrent le débat sous raison que le droit de revendication n'appartenait qu'à la Diète. Alors commença une négociation interminable où la France, intéressée à gagner du temps, lutta, à coups de représentations diplomatiques, avec l'empereur, qui, menacé par les Turcs sur les bords du Danube, ne pressait point la solution. Au mois de janvier 1560, Ferdinand envoya des ambassadeurs en France[45]. Le roi les reçut avec de bonnes paroles et les renvoya à la Diète[46]. Le renvoi équivalait à un ajournement indéfini. La Diète, inhabile à prendre une résolution, était encore plus incapable de l'exécuter. Si par impossible elle se fût mise en mouvement, il restait au roi la ressource d'acheter les princes dont le vote était à vendre[47]. Metz, Toul et Verdun étaient donc destinés à rester à la France. Philippe II ne les réclamait que pour l'honneur, afin de ne pas être accusé d'indifférence par ses alliés d'outre-Rhin[48].

L'article 10 du traité de Cateau-Cambrésis restituait à la France les villes de Saint-Quentin, du Catelet, de Ham et de Thérouanne, et au roi d'Espagne les villes de Thionville, de Marieur bourg, d'Yvoi (aujourd'hui Carignan), de Damvilliers et de Montmédy. L'échange de ces villes, estimées alors pour leur forte position et surtout pour le souvenir des héroïques combats qui avaient été livrés au pied de leurs murailles, souleva des difficultés qu'il est intéressant d'étudier, parce qu'elles font connaître les mœurs militaires du XVIe siècle.

Les fortifications de Thérouanne[49] ayant été rasées par les Impériaux durant la dernière guerre, l'article 11 du traité stipulait que le roi de France serait autorisé à démolir les murs d'Yvoi. La clause fut difficile à exécuter. Les capitaines français voulaient forcer les habitants à leur servir de pionniers. Ceux-ci refusaient de travailler à la destruction de leurs défenses et prièrent le duc de Savoie d'intercéder auprès du roi de France[50]. — Au 20 juin 1559, Yvoi était encore entre les mains du maréchal de Vieilleville[51]. Les pourparlers durèrent plusieurs mois. Pendant ce temps la démolition avait continué. Enfin la ville fut rendue trop complètement désarmée au gré des Espagnols, trop peu dans l'intérêt de la France[52]. Yvoi redevint ce qu'il avait été dans la première moitié du siècle, l'un des boulevards de la puissance espagnole au nord.

La restitution des autres villes ne pouvait donner lieu à aucune discussion de principe, mais l'impopularité du traité, l'amour-propre des gens de guerre suscitaient des protestations ardentes de la part des capitaines qui s'étaient attachés à la défense de la frontière. L'évacuation de Thionville, place forte de la rive gauche de la Moselle, qui rappelait un des plus brillants exploits du duc de Guise, était particulièrement douloureuse aux soldats. Thionville avait été démuni aussitôt après la publication du traité et les armes, canons et munitions apportés à Metz[53]. Vers le milieu de juin, Pierre de Mansfeldt, lieutenant du roi d'Espagne, précédé d'un trompette, suivi de quelque pouvre peuple qu'estoit là venu pensant entrer aud. Thionville, se présenta aux portes. Un capitaine français lui répondit du haut des murs qu'il n'avait pas reçu l'ordre d'ouvrir la place. Un autre lui cria que si led. peuple ne se retiroit tost, qu'il scavoit bien le moyen de les y faire à penser et qu'il les feroit retirer à cop d'arquebuse. Sur cette menace, le comte de Mansfeldt eut la sagesse de battre en retraite jusqu'à Roussy[54]. Le 19 du mois, François de Coligny, seigneur d'Andelot, arriva à Thionville avec des ordres qui restèrent secrets. Le lendemain, le gouverneur écrivit à Mansfeldt qu'il n'évacuerait la ville que quand il en recevrait l'ordre du s. de Senectaire, lieutenant du roi à Metz, son chef immédiat. Mansfeldt répondit à cette bravade qu'il ne demanderait la ville qu'à ceux qui l'occupaient. L'insinuation cachait une menace. Mansfeldt campait à peu de distance et faisait des préparatifs de guerre[55]. Cependant les menaces restèrent sans effet. D'Andelot s'interposa et les deux capitaines s'accordèrent quelques jours plus tard.

Montmédy, place raisonnablement forte, fut livré sans dégâts ; Damvilliers, en bien petit estat, sans provisions ni munitions[56]. Le roi d'Espagne y envoya le capitaine Julien Romero[57], qui, sous prétexte de ravitailler la ville, pilla Verdun et y commit toute sorte d'excès[58]. Mariembourg fut rendu quasy inhabitable, de sorte que, advenant l'hiver, écrit un capitaine, les soldats seront mal accommodés. Les puits étaient ors et sales, et infectés d'ordures ; les moulins brûlés, les maisons sans toiture. Pas un ornement n'était resté dans l'église[59]. Ces dégradations n'ont rien qui étonne au XVIe siècle. Les lois de la guerre n'obligeaient pas le roi de France à restaurer ces places au profit du roi d'Espagne. Aussi l'ambassadeur de Philippe II, malgré ses dispositions à la censure, ne trouva à formuler aucune réserve[60].

L'article 18 du traité stipulait que le Charolais serait rattaché à la Franche-Comté et retournerait au roi d'Espagne. Le 2 juillet 1559, Henri II signa l'ordre de restitution et le fit exécuter[61].

Philippe II montra moins d'empressement à faire honneur à sa parole. Dès son arrivée à la cour, Perrenot de Chantonnay fut mis en demeure, d'abord avec modération, puis avec insistance, d'obéir aux stipulations du traité. Chaque jour il justifiait ses délais par de spécieuses raisons. Tantôt il attendait les ordres de son maitre ; tantôt les capitaines français n'avaient pas rempli toutes leurs obligations. Le voyage de Philippe II en Espagne, en août 1559, lui fournit longtemps un prétexte. Sans doute, le roi catholique, informé des rapports tendus de la France et de l'Angleterre, jugeait que la guerre était proche et que, dans une campagne qui pivoterait autour des murs de Calais, la possession des villes de Saint-Quentin, de Ham et du Catelet serait un précieux appoint à offrir, suivant l'intérêt de l'Espagne, aux deux nations belligérantes. Le 22 octobre, le cardinal de Lorraine adressa de sérieuses représentations à l'ambassadeur[62]. Philippe II avait inventé une autre défense. Il élevait des réclamations au sujet de quelques villages, voisins de Metz, que d'anciens états féodaux rattachaient au duché de Luxembourg[63], et avait envoyé à la duchesse de Parme l'ordre de rendre Ham et Saint-Quentin, si les réclamations du roi de France devenaient trop pressantes, mais de garder à tout prix le Catelet comme gage de la restitution des villages messins[64]. Sur ce terrain, des négociations nouvelles s'engagèrent et prirent bientôt tant d'aigreur que le duc de Guise jugea prudent d'envoyer son frère, le duc d'Aumale, à Metz, et de renforcer les compagnies commandées par le s. de Saint-Nectaire[65]. Vers les derniers jours de novembre, à Amboise, le roi appela Chantonnay dans l'embrasure d'une fenêtre et lui reprocha en termes amers les tergiversations de son maitre. Le cardinal de Lorraine, qui rôdait comme par hasard auprès du roi, se mêla à l'entretien. Dans une sorte de discours étudié, nourri de faits, il fit valoir la ponctualité du roi de France vis-à-vis de son bon frère d'Espagne, par comparaison avec l'inexactitude du roi catholique. Il y ajouta des plaintes fondées. Les capitaines, campés à Saint-Quentin, à Ham et au Catelet, y commettaient toute sorte d'excès. Dans la campagne, ils empêchaient la semence des terres en réquisitionnant le grain et le bétail ; dans les villes, ils écrasaient les habitants de taxes de guerre, enlevaient les meubles et démontaient les toitures pour le chauffage des soldats. Sans doute, ajoutait le cardinal de Lorraine, le bon frère du roi ne devait pas être rendu responsable de l'inexécution du traité, mais il n'en était pas moins vrai que la France n'avait reçu aucune des compensations promises. A ces reproches, Chantonnay balbutia quelques excuses. Il n'osait avouer le motif des nouveaux délais de son maitre. Philippe II ne pouvait payer ses troupes et livrait les villes françaises et leurs habitants aux exactions de ses soldats[66]. Le soir même, Chantonnay écrivit à Marguerite de Parme. La princesse avait l'esprit droit et n'aimait pas à suivre Philippe II dans les sentiers tortueux de sa politique. Elle emprunta à un marchand d'Anvers, Juan Lopez Gallo, l'argent nécessaire à la solde et licencia les compagnies. Le roi de France, fatigué d'attendre, s'était décidé à une démonstration d'un grand effet moral : il avait rappelé les otages espagnols pour le 20 décembre, le duc d'Albe à Bayonne, le prince d'Orange et le comte d'Egmont à Péronne[67]. Le 8, Marguerite écrivit au roi de France que les places seraient restituées le 18 de ce mois. Aussitôt François II lui répondit :

Ayant, comme j'ay faict, procédé de ma part si sincèrement et franchement en ce que j'ay den faire, il me sembloit que l'on en devoyt faire ainsi. Et à vous parler franchement ay trouvé estrange que l'on ayt voulu retarder cela pour l'occasion d'aucuns petitz villages, dont l'ambassadeur du Roy, mon bon frère, me parla dernièrement, lesquels il dict estre de Luxembourg

Je ne laisse de despécher présentement courrier exprès sur les lieux, affin que, l'ayant entendu, j'en puisse respondre plus seurement, estimant néanmoins que une si légière occasion ne sera pour rien retardée de ladicte restitution, joincte qu'il fault croyre que, entre les amys, telz que nous sommes, ledict seigneur roy et moy, nous n'aurons jamais hutte de bon compte[68]....

La restitution des places fortes eut lieu après quelques jours de retard, au mois de janvier[69]. Le roi dit à Chantonnay qu'il n'attendait pas moins de son bon frère d'Espagne. L'ambassadeur, toujours malveillant, trouva moyen de donner tort à la France et écrivit à Marguerite de Parme que François II et ses conseillers avaient fait preuve d'une susceptibilité puérile en rappelant les otages[70]. Il se dédommagea de sa défaite en soulevant des difficultés sur la propriété de certains villages riverains de la frontière, dont la nationalité était douteuse, entre autres sur l'abbaye de Saint-Jean de Haumont[71]. Plus tard, il revendiqua les terres qui entouraient le fort de l'Écluse et l'embouchure de la rivière de Gravelines près de Saint-Omer. La question soulevée en 1563 ne fut résolue qu'en 1618[72]. Les successeurs de Chantonnay imitèrent son exemple. En 1579, la propriété de la châtellenie de Beaurain en Artois fut l'objet de longues conférences à l'abbaye de Saint-André-aux-Bois[73]. Ces discussions de frontière avaient peu d'importance, mais elles démontraient l'âpreté querelleuse des représentants du roi d'Espagne.

L'alliance des rois de France et d'Espagne, malgré de légers nuages, dura jusqu'à la Ligue ; mais elle n'eut jamais la cordialité et la franchise qui, au milieu des tempêtes de la réforme, auraient dû lier les deux grands souverains catholiques. Philippe II, aveuglé par sa méfiance jusqu'à méconnaître ses propres intérêts, ne cessa de miner sourdement la monarchie des Valois. Il fut habilement servi par son ambassadeur. Perrenot de Chantonnay était un diplomate d'une pénétration remarquable, mais d'un caractère trop soupçonneux. Dans toutes ses missions il avait apporté un esprit brouillon plus propre à créer des ennemis que des alliés à son maître. Il plaisait au roi d'Espagne par ses défauts mêmes, car Philippe II, qui ne croyait à la bonne foi de personne, aimait que ses agents fussent toujours en garde. Le souverain et l'ambassadeur se flattaient que leur méfiance les mettrait à l'abri du danger d'être dupes. Partout Chantonnay voyait des adversaires. Tous les actes de François II, des Guises, et plus tard de Catherine de Médicis, du roi de Navarre et de Charles IX étaient incriminés. Crédule aux faux rapports, aux dénonciations ramassées par des intrigants pour le satisfaire, il faisait la cour à son maitre en représentant le roi, la reine, les princes, les seigneurs de la cour comme des ennemis cachés ou déclarés. Ses mauvaises dispositions se dévoilèrent si ouvertement que le roi de France demanda son rappel. François II se plaignit à Sébastien de l'Aubespine, ambassadeur à Madrid, des déportemens de l'ambassadeur estant auprès de moy, lequel, depuis le commancement de sa venue jusques à ceste heure, ne m'a jamais donné une seule occasion de me contenter de luy, ny d'avoir d'autre oppinion sinon qu'il ne prenoit nul plaisir de nous voir, son maistre et moy, si bons amys[74]. La démarche fut mal accueillie à Madrid. Les plaintes du roi de France étaient des gages de confiance aux yeux du roi d'Espagne. Malgré le malcontentement du roy de se voir si mes-prisé et desdaigné d'un tel galand, Chantonnay fut maintenu à la cour de France pendant plusieurs années. Son aigreur, son mauvais vouloir continuèrent à compromettre la bonne entente des deux rois. Heureusement pour l'alliance, Marguerite de Parme, en outre de ses inclinations conciliantes, avait des raisons personnelles de plaire à la cour de France. Depuis longtemps elle était en procès avec Catherine pour la succession de la maison de Médicis. Les biens épars en Italie lui importaient peu, mais elle désirait rentrer en possession du logis à Rome de son premier mari, Alexandre de Médicis, duc de Florence. Aussitôt après la paix de Cateau-Cambrésis, elle chargea Chantonnay de demander à la reine mère une simple renonciation aux droits qu'elle pouvait avoir sur ce palais. La lettre, écrite par une princesse, dont on ne conne guère que le génie politique, est touchante. Elle expose qu'elle a longtemps habité cette maison, que son fils y est né, que les meilleurs souvenirs de sa jeunesse s'y rattachent, qu'elle désire s'y retirer et y finir ses jours. A ce prix, dit-elle, elle renoncerait sans regret à tout le reste des biens de l'opulente famille de Médicis[75]. Catherine se hâta de satisfaire la princesse et acquit une alliée fidèle en retour de la concession. Marguerite l'en récompensa par ses habiles intercessions auprès de Philippe II. Jamais, pendant le temps de son administration dans les Pays-Bas, l'alliance franco-espagnole ne fut sérieusement troublée, même par la mauvaise volonté de Chantonnay.

 

 

 



[1] Ces mots, en ce pays, désignent les Pays-Bas.

[2] Apologie du prince d'Orange publiée en 1581 (Édit. de 1858, p. 88).

[3] Il est douteux que Guillaume d'Orange soit l'auteur de son Apologie. Beaucoup d'historiens en attribuent la rédaction à Pierre Loiseleur, dit de Villiers.

[4] Nous citerons particulièrement Pontus Payen, auteur catholique impartial, dont les mémoires ont été publiés dans la collection de Mémoires de la Société de l'Hist. de Belgique. Voyez t. I, p. 7.

[5] Lettre du duc d'Albe à Philippe II, du 26 juin 1559 (Orig. espagnol ; Arch. nat., K. 1492, n° 43).

[6] Mémento pour Ruy Gomez de Silva, en date du 24 septembre 1560 (Arch. nat., K. 1493, n. 90). — Lettre de Catherine de Médicis à Philippe II, s. d. (Lettres de Catherine de Médicis, t. I, p. 149). — Lettre de Chantonnay à Philippe H, du 7 octobre 1560 (Orig. espagnol ; Arch. nat., K. 1493, n° 100).

[7] Nous avons raconté ces faits dans Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret, t. IV, passim.

[8] Lettre autographe de Morvillers au connétable, en date du 13 mai 1559 (F. fr., vol. 6617, f. 42).

[9] F. fr., vol. 3159, f. 66.

[10] Chantonnay fut remplacé en janvier 1564 par François de Maya (Arch. nat., K. 1501).

[11] Nous ne mentionnons pas la partie imprimée dans le tome II des Mémoires de Condé.

[12] Chantonnay avoue plusieurs fois dans ses lettres qu'il ne connait pas la langue espagnole.

[13] Lettre de Henri II à Philippe II, du 30 avril 1559, en faveur du s. Jehan-Marye Tisson, comte de Dezane (Orig. ; Arch. nat., K. 1492, Er 34).

[14] Article 17 du traité de Cateau-Cambrésis. Cette restitution souffrit quelques difficultés de la part des Espagnols (Correspondance de la duchesse de Parme, in-4°, t. I, p. 52).

[15] Le duché d'Enghien fut vendu par Henri IV au prince d'Aremberg. Depuis le traité de Cateau-Cambrésis, la maison de Bourbon sollicitait vainement du roi d'Espagne l'autorisation de s'en défaire. La négociation avait commencé en 1560 (Lettre de Chantonay au cardinal Granvelle, en date du 31 juillet 1560 ; registre de copies conservé aux archives de Bruxelles).

[16] Nous prenons cette liste dans une lettre de Ségur, envoyé longtemps après en Flandre pour mettre ces biens en gage (Ve de Colbert, vol. 402, f. 86).

[17] Scipion de Fiesque, comte de Lavagne, marié à Alphonsine Strozzi, un des plus ardents capitaines du parti français en Italie. La restitution de ses biens et notamment de la terre de Poutre-mon souffrit des difficultés. Voyez les lettres de François U et de Catherine de Médicis à Philippe II, en date du 3 février 1559 (1560) (Arch. nat., K. 1493, n° 33 et 35), et celles de Charles IX et de Catherine à la république de Gènes, du 18 avril 1563 (Ibid., X. 1499, n° 52, 53 et 60).

[18] Acte du 3 avril 1559 ; copie du XVIIe siècle ; f. fr., vol. 3153, f. 155.

[19] Cet acte est imprimé dans Négociations sous François II, p. 250. Parmi ces prisonniers se trouvait le célèbre don Bernardino di Mendoca.

[20] Copie authentiquée ; f. fr., vol. 3119, f. 44. — Autre copie authentiquée ; f. fr., vol. 15872, f. 75.

[21] Lettre originale de Sébastien de l'Aubespine au roi, en date du 23 mai 1559 (F. fr., vol. 6614, f. 36).

[22] Lettre originale de Sébastien de l'Aubespine au roi, en date du 1er juin 1559 (F. fr., vol. 6614, f. 23).

[23] Lettre originale de Sébastien de l'Aubespine au roi, en date du 27 mai 1559 (F. fr., vol. 6614, f. 44).

[24] Lettre de Sébastien de d'Aubespine, du 1er juin (Orig., f. fr., vol. 6614, f. 23).

[25] L'un des procès-verbaux de cette commission, daté du 2 juin, est conservé dans le vol. 6617 du fonds français, f. 64. La liste des prisonniers ne contient aucun nom connu.

[26] Lettres originales de Sébastien de l'Aubespine, du 1er juin et du 2 juillet (F. fr., vol. 6614, f. 23 et 27).

[27] Négociations sous François II, p. 94.

[28] Négociations sous François II, p. 506.

[29] Lettre de Boileau, du 13 avril 1561 (Orig., f. fr., vol. 3192, f. 124).

[30] Après la prise de Calais, le 15 février 1557 (1558), le père de La Roche-Posay avait écrit au duc de Guise pour le supplier d'intercéder auprès des Espagnols en faveur de son fils (Orig., f. fr., vol. 20537, f. 86).

[31] Requête de La Roche-Posay à l'ambassadeur d'Espagne (Orig. sans date ; Arch. nat., K. 1492, n° 17).

[32] Lettre du connétable à Philippe II, du 3 juillet 1559 (Orig. ; Arch. nat., K. 1492, n° 45).

[33] Ce mémoire est imprimé dans les Négociations sous François II, p. 255.

[34] Lettre originale de Sébastien de l'Aubespine au connétable (F. fr., vol. 6814, f. 30).

[35] Lettre de Vargas au duc d'Albe, du 3 août 1559 (Arch. nat., K. 1492, n° 64).

[36] Lettre de Chantonnay à Marguerite de Parme, du 24 août 1559 (Recueil de copies conservé aux archives de Bruxelles).

[37] Correspondance de la duchesse de Parme, in-4°, t. I, p. 39.

[38] L'état est imprimé dans Négociations sous François II, p. 248.

[39] Lettres de Chantonnay à Marguerite de Parme, du 1er décembre 1559 (Registre de copies conservé aux archives de Bruxelles).

[40] Les négociations durèrent plus d'une année (Lettre de Chantonnay à Marguerite de Parme, du 11 janvier 1560 ; registre de copies conservé aux archives de Bruxelles).

[41] Lettre de Chantonnay à Marguerite de Parme, écrite vers le 21 septembre 1559, et du même au cardinal Granvelle, du 11 janvier 1560 (Registre de copies conservé aux archives de Bruxelles).

[42] Lettre de Chantonnay à Marguerite de Parme, du 19 septembre 1559 (Registre de copies conservé aux archives de Bruxelles).

[43] Il était sans doute parent du prisonnier du même nom que nous avons signalé plus haut.

[44] Minute d'une lettre du roi à Sébastien de l'Aubespine, juin 1560 (F. fr., vol. 15874, f. 53).

[45] Le discours des ambassadeurs allemands au roi, longue et verbeuse harangue en latin, est conservé aux Archives nationales (K. 1493, n° 34).

[46] Cette mission est racontée dans une lettre de Chantonnay à Philippe II, du 2 février 1560 (Arch. nat., K. 1493, le 38). — Un peu plus tard, à cette même occasion, l'archevêque de Vienne fut envoyé eu ambassade en Allemagne (Lettre de Chantonnay à Philippe II, du 31 août an 8 septembre 1580 ; Arch. nat., K. 1493, n° 77).

[47] Chantonnay expose que telle était la politique du roi de France (Lettre de Chantonnay à Philippe II, du 7 octobre 1560 ; Orig. espagnol ; Arch. nat., K. 1493, le 100).

[48] Instruction de Philippe II à don Manrique de Lara, envoyé en France, datée du 4 janvier 1561 (Orig. espagnol ; Arch. nat., B. 1495, n° 14).

[49] La restitution de Thérouanne s'opéra sans opposition, mais en 1566 s'éleva, entre les deux rois de France et d'Espagne, une difficulté sur la division de l'évêché. Les conseillers du roi de France prétendaient que la souveraineté entière de l'évêché appartenait à leur maure, et l'administration ecclésiastique à l'archevêque de Reims. La duchesse de Parme, gouvernante des Pays-Bas, soutenait que le diocèse avait été partagé par le pape du consentement des deux rois. La discussion se termina par une transaction. Voyez sur cette affaire les Lettres de Catherine de Médicis, t. II, p. 384, et une importante note diplomatique remise par Fourquevaux à Philippe II (Arch. nat., K. 1505, n° 55).

[50] Lettre du comte de Mansfeldt au duc de Savoie, du 14 mai 1559, datée de Louvain (Orig. ; Arch. de Bruxelles ; Lettres des seigneurs, vol. 21, f. 139).

[51] Lettre de Mansfeldt du 20 juin 1559 (Orig. ; ibid., f. 168).

[52] Négociations sous François II, p. 63, 80, 95, 209 et 259.

[53] Lettre de La Ferté-Saint-Nectaire au duc de Guise, du 19 avril 1559 (Orig., f. fr., vol. 20512, f. 1).

[54] Lettre de Mansfeldt à Philippe III, du 19 juin (Ibid., f. 166).

[55] Lettre de Mansfeldt du 20 juin (Ibid., f. 168).

[56] Lettre de Mansfeldt du 19 juin (Ibid., f. 166).

[57] Ce capitaine était fort connu en France et servait depuis le règne de François Ier. II mourut à Cremone, en 1578, premier maitre de camp général de l'armée espagnole. Voyez Brantôme, t. VI, p. 261 et note.

[58] Lettre de Sébastien de l'Aubespine au connétable, du 9 juillet 1559 (Orig., f. fr., vol. 6614, f. 30). Cette affaire donna lieu à une enquête (Lettres de Chantonnay au cardinal de Lorraine et à Marguerite de Parme, du 20 décembre 1559 et du 21 janvier 1560 ; registre de copies conservé aux archives de Bruxelles). Voyez aussi la Correspondance de la duchesse de Parme, in-4°, t. I, p. 81 et 131.

[59] Lettre autographe de A. de Blondel au roi d'Espagne, du 29 juin 1559 (Arch. de Bruxelles ; lettres de seigneurs, vol. 21, f. 164).

[60] Lettre de Chantonnay à Marguerite de Parme, du 1er décembre 1559 (Registre de copies conservé aux archives de Bruxelles).

[61] Une copie de cette pièce est conservée dans la collection Moreau, vol. 740, f. 3.

[62] Lettre de Chantonnay à Marguerite de Panne, du 22 octobre 1559 (Registre conservé aux archives de Bruxelles).

[63] Ces villages étaient Lames, Saulcy, Ennery, Bousy, Fleny, Ay, Malroy, Arcancy, Trummery, Estauges, Villers-les-Cuvisy et Servigny. Lumes était un fief du Hainaut ; tous les autres étaient des dépendances du Luxembourg (Correspondance de la duchesse de Parme, t. I, p. 85, note).

[64] Correspondance de la duchesse de Parme, t. I, p. 58, 63, 65, 84 et 91.

[65] Cette affaire est longuement traitée dans les lettres de Chantonnay des 3 et 14 et 20 février, 2 mars, 22 avril et 21 mal 1560 (Registre de copies conservé aux archives de Bruxelles). L'affaire n'était pas encore terminée à la date du 4 janvier 1561 (Instruction de Philippe II à don Manrique de Lare ; orig. espagnol ; Arch. nat., K. 1495, n° 14).

[66] Correspondance de la duchesse de Parme, t. I, p. 58, 94, etc.

[67] Lettre de Chantonnay à Marguerite de Parme, du 1er décembre 1559 (Registre de copies conservé aux archives de Bruxelles). — Autre du 5 décembre (Ibid.). — Le comte d'Egmont s'était rendu à Reims le 14 septembre (Correspondance de Philippe II publiée par M. Gachard, in-4°, t. I, p. 86).

[68] Registre de la correspondance de Chantonnay conservé aux archives de Bruxelles.

[69] Déclaration de Sébastien de l'Aubespine rapportée dans une dépêche de Chantonnay à Philippe II (fin janvier 1560) (Arch. nat., K. 1493, n° 24). — Voyez aussi les lettres contenues dans la Correspondance de la duchesse de Parme, t. I, p. 87 et 103.

[70] Lettres de Chantonnay à Marguerite de Parme, du 11 et du 17 janvier 1560 (Registre de copies conservé aux archives de Bruxelles). — Lettre de Philippe II à Chantonnay (Arch. nat., K. 1493, n° 24).

[71] Lettres de Chantonnay des 12, 20, 21 et 30 décembre 1559, et 1er janvier 1560, etc. (Ibid.).

[72] Les négociations de cette affaire sont contenues en copie dans les vol. 18741, 18742 et 23416 du fonds français.

[73] Les procès-verbaux de la conférence de Saint-André-aux-Bois sont conservés en copie dans les vol. 197 de la coll. Dupuy et 17869 du fonds français.

[74] Lettre de François II à Sébastien de l'Aubespine, juin 1560 (Minute, f. fr., vol. 15874, f. 53). La lettre est accompagnée d'une minute de lettre du cardinal de Lorraine an même ambassadeur sur le même sujet (f. 51).

[75] Cette curieuse lettre, datée du 1er août 1560, est conservée aux archives de Bruxelles (Collection de documents historiques, t. XI, p. 23). Un peu plus tard, Marguerite renonça au palais Médicis pour se retirer à Orlons, dans le royaume de Naples, et Catherine reprit possession, le 15 janvier 1572, de la maison patrimoniale. On conserve dans les Ve de Colbert, vol. I, une série de pièces relatives à cette affaire.