LE TRAITÉ DE CATEAU-CAMBRÉSIS

 

CHAPITRE PREMIER. — Négociation du traité de Cateau-Cambrésis.

 

 

Ouverture des conférences de Cercamp (12 octobre 1558). — Mort de Marie Tudor (17 novembre 1558). — Conférences de Cateau-Cambrésis (février 1559). — Signature du traité de paix (2 et 3 avril). — Appréciation du traité. — Mariage du duc de Savoie et de Marguerite de France. — Blessure et mort de Henri II (30 juin-10 juillet 1559).

 

Quelle était la situation de la France vis-à-vis des états voisins à la fin du règne de Henri II et quelle était la situation des états voisins vis-à-vis de la France ? La guerre avec l'Espagne durait presque sans interruption depuis l'avènement de Charles-Quint. Les succès et les revers avaient été partagés. Au nord, dans les Pays-Bas, au sud, en Italie, les garnisons françaises et espagnoles se coudoyaient sur tous les points. Il n'y avait d'autre frontière que la ligne des places fortes occupées par chaque parti, et tous les jours le hasard de la guerre avançait ou reculait la limite.

Des événements décisifs marquèrent la fin de cette longue lutte. Le 10 août 1557, le connétable de Montmorency et le maréchal de Saint-André perdirent la bataille de Saint-Quentin. La France se releva de ce désastre, le 8 janvier 1558, par la prise de Calais, et, le 22 juin, par la prise de Thionville. Le 13 juillet, le maréchal de Thermes fut vaincu à Gravelines. Au mois d'août, Philippe II et Henri II se mirent à la tête de leurs troupes. Les deux armées étaient en face l'une de l'autre au nord de la Picardie. On s'attendait à un choc formidable. Ce fut la paix qui survint.

Vincent Carloix raconte que Vieilleville, à la première nouvelle de la maladie de Marie Tudor, envoya à Philippe II un moine chargé de lui reprocher l'outrageux et insatiable désir qu'il avoit de verser le sang chrétien, et de lui proposer, s'il arrivait fortune à la reine d'Angleterre, une alliance matrimoniale avec la maison de France. Élisabeth de Valois, seconde fille de Henri II et de Catherine de Médicis, était alors âgée de près de quatorze ans. Philippe II, oinct et gressé de ceste emmielleure, ne repoussa pas telle inspiration divine. Henri II, sollicité à son tour, fut touché de la tremeur de l'ire de Dieu et mit au moine la bride sur le col. Celui-ci retourna au camp du roi d'Espagne et joua si bien du plat de la langue qu'un matin don Ruy Gomez de Silva, comte de Melito, se présenta aux avant-postes et demanda à parler au marquis de Boisy, grand écuyer de France[1]. Les négociations durèrent assez longtemps sans donner de résultats. D'un côté, le connétable Anne de Montmorency et le maréchal de Saint-André, prisonniers en Flandre depuis la bataille de Saint-Quentin, de l'autre, les agents espagnols entassaient les propositions et les demandes. Les deux partis formulaient des exigences inacceptables et s'accusaient mutuellement de pousser à la guerre. On commença d'abord à parler de trêve, puis de désarmement, puis de licenciement des troupes étrangères. Enfin, le 6 octobre 1558, les deux rois désignèrent leurs plénipotentiaires. Ceux de la France étaient le connétable de Montmorency, le maréchal Saint-André, Jean de Morviliers, évêque d'Orléans, Claude de l'Aubespine[2] et plus tard son frère, Sébastien de l'Aubespine, évêque de Limoges, conseillers du roi, magistrats sans grande initiative, mais capables de défendre les intérêts de la France, et enfin le cardinal de Lorraine, ministre remuant et plein de ressources, le véritable homme d'état de ce groupe[3]. L'Espagne était représentée par Ferdinand Alvarez de Tolède, duc d'Albe, favori du roi, Guillaume de Nassau, prince d'Orange, dit le Taciturne, le héros de l'indépendance des Pays-Bas, Ruy Gomez de Silva, comte de Melito, l'époux complaisant de la belle duchesse d'Eboli, maîtresse de Philippe II, Antoine Perrenot de Granvelle, évêque d'Arras, l'âme de la politique espagnole, l'adversaire indiqué du cardinal de Lorraine, comme le duc d'Albe était celui du connétable, et enfin par le président Viglius. Ce dernier était malade et ne put assister aux négociations[4].

Le 8 octobre, Henri II concéda aux députés la ville de Cercamp et donna aux Espagnols un sauf-conduit pour eux et leurs gens[5]. La première réunion s'y tint le 12 octobre[6]. Elle commença par des échanges de pouvoirs et des protestations de pure forme. On parla de trêve. Les Espagnols ne l'acceptaient que jusqu'à la fin du mois. Ils voulaient même circonscrire étroitement la terre neutralisée ; mais la discussion prouva la difficulté de répartir équitablement les sauvegardes, les immunités, et la trêve fut généralisée à la frontière du nord de la France. Les ambassadeurs des deux rois signèrent l'acte, le 17 octobre, à leur seconde réunion.

Le 18 octobre, arriva à Cercamp une princesse qui tenait presque également aux deux cours de France et d'Espagne, Christine de Danemarck, duchesse douairière de Lorraine, cousine de Philippe II et belle-mère d'une fille de Henri II. Le jour même, elle réunit les députés sous sa présidence et aborda les questions graves. Les Espagnols voulaient laisser les Français formuler leurs demandes sans se prononcer. Le cardinal de Lorraine avait dévoilé cette tactique à l'occasion des premiers pourparlers. Un mois auparavant, il avait écrit au connétable : Qui m'en croiroit, ils parleroient d'oires en avant les premiers, car nous avons trop faict les gracieulx  Quant à faire offres nouvelles et de s'eslargir plus avant, je ne vois une seulle raison pourquoy le roy le doibge faire, et ne serviroient nos négociations à aultre fin que en chacune leur accorder quelque chose d'aventaige[7]....

Cette lettre a d'autant plus d'autorité qu'elle est datée d'Amiens et écrite sous les yeux du roi. Il ne parait pas que le connétable et le maréchal Saint-André en aient tenu grand compte. Ils sacrifiaient tout à la paix, à leur désir de revoir la cour et d'y reprendre leur influence. Le cardinal de Lorraine et les secrétaires du roi montraient plus de fermeté. Les hommes de guerre se faisaient les avocats de la paix et les hommes de robe les avocats de la guerre.

Les ambassadeurs espagnols prirent un autre avantage. La guerre se poursuivait contre la France par une coalition composée de l'Espagne, de l'Angleterre et de la Savoie ; la France n'avait pour allié que le roi de Navarre. Le duc d'Albe fit entrer aux conférences les députés anglais ; le connétable ne sut pas faire admettre les députés béarnais. L'iniquité était flagrante ; si le duc de Savoie avait été injustement dépouillé du Piémont pendant la guerre, la maison d'Albret avait perdu la Navarre espagnole. Antoine de Bourbon, devenu roi de Navarre par son mariage avec Jeanne d'Albret, protesta, mais il fut mollement soutenu par les gens du roi de France[8]. Le cardinal de Lorraine dit confidentiellement au duc d'Albe qu'ils ne pourroyent délaisser de parler du royaulme de Navarre, mais que l'on n'y persisteroit[9]. Sur cet aveu, les ambassadeurs espagnols daignèrent faire mentre d'équité. Quand on annonça à Cercamp l'arrivée des plénipotentiaires de la maison d'Albret, le duc d'Albe fut le premier à proposer à la conférence de les recevoir solennellement. Le 12 novembre, Nicolas Dangu, évêque de Mende, et Jean-Jacques de Mesmes, représentants du roi de Navarre, entrèrent en séance sous la présidence de la duchesse de Lorraine. De Mesmes prononça une longue harangue, parfaitement en règle avec les principes de la dialectique du XVIe siècle, qui prenait la question à l'origine de la maison d'Albret[10]. Les ambassadeurs espagnols répondirent que, tenant depuis longtemps la contestation de la Navarre pour résolue au profit de leur maitre, ils ne lui avaient pas demandé d'instructions spéciales[11]. Antoine de Bourbon se retira alors en Béarn et envahit sans déclaration de guerre, à la tête d'un corps de partisans, la Navarre espagnole. Cette expédition, mal combinée et mal conduite, échoua misérablement[12].

Le roi d'Espagne profita habilement des fautes de ses adversaires. Au moment de l'ouverture des pourparlers, l'épuisement de ses finances et de ses armements ne lui permettait pas de continuer la guerre. La flotte turque ravageait l'île de Minorque ; les Marocains avaient détruit l'armée espagnole d'Afrique ; la réforme se propageait en Espagne ; l'empereur Charles-Quint, dont les conseils et la sagesse étaient encore une force, venait de mourir au monastère de Yuste (M septembre 1558). Dans les Pays-Bas, le feu des guerres religieuses couvait sous un calme apparent. En Angleterre, l'époux de Marie Tudor[13] rencontrait tant d'aversion chez le parti anglican que la haine traditionnelle de la France en était presque oubliée. Telle était sa détresse qu'il écrivait à Granvelle : Je dois vous dire qu'il m'est de toute impossibilité de soutenir la guerre ; j'ai déjà dépensé un million deux cent mille ducats que j'ai tirés d'Espagne, il y a deux ou trois mois, par le moyen des banquiers, et j'ai besoin d'un autre million d'ici au mois de mars prochain. On m'envoie d'Espagne le docteur de Lasco pour me certifier qu'on ne peut rien faire de plus pour moi. La situation me semble tellement grave que, sous peine de me perdre, je dois en venir à un arrangement. J'attends avec une vive impatience le récit de ce qui se sera passé ultérieurement ; mais que l'on ne rompe, en aucune manière, les négociations entamées[14].

Malgré sa faiblesse, Philippe II, convaincu que celui qui se montrerait le plus accommodant passerait pour le plus affaibli, n'hésita pas à demander, en échange du Vermandois, la restitution de la Savoie, du Montferrat, du Milanais, de l'Italie centrale et de Calais. Les Espagnols dévoilèrent enfin leurs prétentions dans la séance du 21 octobre. Les ambassadeurs français répondirent, d'après leur lettre au roi : S'ils nous avoient tenu ce langage, nous n'aurions jà perdu tant de temps. Les Espagnols demandèrent alors combien nous voudrions retenir de places en Piémont, et nous, combien ils nous y voudroient laisser, afin de sentir quelque chose de leur intention, mais il n'a esté possible. Et, nous estant levez pour plus meurement considérer ce qu'aurions à leur répondre, leur avons à la fin dit que jà ledit s. de Savoie vous avoit par divers moyens faict scavoir qu'il s'accommoderoit à vous en laisser six ; que, s'ils vouloient doubler ce nombre, nous essayerions de le faire trouver bon à Votre Majesté, ce qu'ils ont fort rejeté[15].... Le connétable balançait : Le connestable, écrit l'évêque d'Arras, se montre fort étonné et dolent ; il veult la paix, mais nous cognoissons que le cardinal tient son crédit fort opprimé et est le cardinal plus brave[16]. On consulta le duc de Savoie. Le 23 octobre arriva sa réponse ; au lieu de douze places, il en laissait quatre au roi de France à son choix. Mais le sacrifice était compensé par de nouvelles exigences ; le duc d'Albe réclama la restitution de la Corse sous prétexte qu'elle appartenait au royaume d'Aragon. Le duc était sourd ; son infirmité rendait les dialogues pénibles. De plus, les conversations se traitaient en latin ; les hommes de guerre, le connétable, Saint-André, le duc d'Albe, s'exprimaient difficilement dans cette langue ; les cardinaux de Lorraine et Granvelle devaient le plus souvent servir d'interprètes à leurs collègues[17].

Les contestations relatives au Piémont s'aplanirent cependant dans les séances de novembre, grâce à la modération du duc de Savoie. Dès le début des conférences, il avait sollicité la main de la princesse Claude, seconde fille de Henri II, déjà promise au duc de Lorraine. Le connétable lui offrit Marguerite de France, fille de François Ier et sœur de Henri II, alors âgée de trente-cinq ans. Le duc l'accepta avec empressement[18]. Dès ce jour, il considéra ses intérêts comme séparés de ceux de Philippe II, et, malgré de nouveaux succès en Piémont, il n'éleva pas ses demandes[19].

La ligne des frontières du Nord souleva un plus long débat. Le connétable, qui, depuis sa première jeunesse, avait guerroyé en Picardie et en Champagne, connaissait les moindres villes et prétendait au rôle d'arbitre. Les autres plénipotentiaires français remarquèrent qu'il les soutenait faiblement et que, dans les points douteux, il capitulait sans discussion. Il conférait souvent seul avec le duc d'Albe, avec la duchesse de Lorraine, et portait en séance des concessions toutes faites. Le cardinal de Lorraine se plaignit de la condescendance de son collègue pour les ambitions espagnoles et en informa le duc de Guise. Sur cette dénonciation, le parti des princes lorrains, rivaux des Montmorency, donna libre cours à ses calomnies.

On apprit bientôt dans l'entourage du roi que le duc de Savoie insinuait que le chiffre de la rançon du connétable pourrait être abaissé à la fin de la guerre[20], et enfin que le roi d'Espagne l'avait fixé à cent mille écus en cas de paix et à deux cent mille en cas de reprise des hostilités[21]. Malgré les recommandations, ces conditions s'étaient ébruitées. Une lettre autographe du roi à Montmorency porte en post-scriptum : Beauregard et Roquancourt m'ont dist à ce matin que Meru[22] leur avoit dict que vous estiés à ranson à sant mille escus au cas que la pays se fist, et, sy elle ne se fayt, à deux sens myle[23]. Les ennemis de Montmorency l'accusèrent d'avoir sacrifié les intérêts du roi et de la France au désir de recouvrer sa liberté. Ces reproches étaient mal fondés. En montrant ses dispositions conciliantes, le connétable obéissait à des ordres impérieux dont il était seul dépositaire. Le roi Henri II lui écrivait pendant les conférences : Mon amy,... je vous assure que M. de Guyse ne désire la pays, me remontrant tous les jours que j'é plus de moyan de fayre la guerre que je n'us jamès... Faytes se que vous pourés afin que nous ayons la pays ; et ne monterés sete lestre que au maréchal Synt André et la brulés aperès. Le dyst personnage (le duc de Guise) a dyst isy à quelquen que, tant que la guerre durera, pas ung de vous deus ne sortirés jamès de prison ; et, pour se, pansési, comme chose qui vous touche[24]. Dans une autre lettre : Pour l'année qui vient jé autant ou plus de moien que je né eu setecy, et croy que l'on ne se fut pas esforcé de trouver ses moiens isy, sy se neust esté l'esperance que l'on a que vous ne serés rien[25]. Henri II écrit encore au connétable, dans le style hyperbolique du temps, qu'il subiroit volontiers la mort, laquelle j'estimerois heureuse et mouroys contant quant je veroys une bonne pays et lonme du monde que jayme et estime le plus[26]. Comment un vieux courtisan aurait-il résisté à de tels encouragements?

L'Angleterre n'avait encore pris aucune part aux négociations. Les ambassadeurs de Marie Tudor n'arrivèrent à Cercamp que le 21 octobre. C'étaient Thomas Thurlby, évêque d'Ély, Thomas Howard d'Effingham, premier gentilhomme de la Chambre, et Nicolas Wootton, doyen d'Yorck. Ils entrèrent en séance le 24 octobre. Une grave querelle divisait la France et l'Angleterre, la possession de Calais. Le sujet avait été touché dans les réunions précédentes, mais d'un commun accord il avait été ajourné à l'arrivée.des commissaires anglais. Dès l'ouverture de la conférence, les ambassadeurs de Marie Tudor, soutenus par les Espagnols[27], déclarèrent que la reprise de Calais était la condition de leur acquiescement à la paix. Les Français ne se montrèrent pas moins absolus ; ils refusèrent d'accepter la discussion de la clause. Ce début ne permettait aucune transaction. Les plénipotentiaires espagnols proposèrent alors à Philippe II de laisser les Anglais et les Français en présence les uns des autres, et dans l'intervalle de renvoyer le connétable en France, puisque, regaignant le crédit, il se pourroit opposer à ces jeunes gens, désirant le trouble, et peu à peu, par ses prudentes raisons, persuader le roy[28]. Le connétable accepta la mission. Il déclara qu'il estoit amateur de la paix, comme l'on l'avoit toujours cogneu, et que, s'il se pouvoit veoir libre vers le roy, son maistre, il feroit librement l'office[29]....  Mais il ne donna pour le moment aucune suite à ce projet.

Les séances des 26 et 88 octobre, 7, 9, 13, 16 et 21 novembre montrèrent l'opiniâtreté des Anglais. La restitution de Calais devenait le nœud de la négociation. Les trois parties s'éloignaient chaque jour davantage d'un accommodement, quand, le 24 novembre, arriva à Cercamp un courrier d'Angleterre. On crut qu'il apportait l'ultimatum de la reine Marie Tudor, mais bientôt s'ébruita, malgré les dénégations des députés anglais, une plus grave nouvelle : la reine d'Angleterre était morte le 17 du même mois. Le 26, avant la confirmation de sa mort, le duc d'Albe et Ruy Gomez proposèrent au connétable et au cardinal de Lorraine de se réunir encore une fois et de conclure ensemble un traité en dehors des Anglais. Les plénipotentiaires français répondirent qu'ils ne pouvaient rien arrêter avant d'avoir obtenu Calais.

Les conférences furent suspendues et les ambassadeurs se retirèrent[30]. Leur retraite mettait la paix en péril. Il suffisait d'un coup de main heureux, de la surprise d'une place, d'une rixe entre les postes avancés pour rompre la trêve et rallumer la guerre. Le roi ne confia ses inquiétudes qu'à Montmorency, mais il les manifesta en termes qui justifiaient l'attitude conciliante du connétable : Mon amy, je ne sauroys vous dire le regret que j'é de vous voir separer sans rien fere et ne scay quand Dieu permetera que vous vous rassenbliés[31].

La mort de Marie Tudor ne laissait dans le cœur de Philippe II qu'un vide facile à remplir. Le prince ne s'abandonna pas à des regrets hypocrites, et le duc de Feria fut envoyé aussitôt en Angleterre pour saluer la nouvelle reine, Élisabeth, fille de Henri VIII et d'Anne de Boleyn[32].

Marie Tudor reposait à peine dans son tombeau de Westminster que le roi d'Espagne demanda la main d'Élisabeth[33], à la condition qu'elle professerait la religion catholique. La princesse écouta avec faveur ces propositions, mais évita d'y répondre. Peu de temps après, Philippe II lui écrivit de sa propre main une première, puis une seconde lettre[34]. Déjà la reine d'Angleterre s'engageait avec le parlement dans la guerre à l'Église romaine. Son acharnement était un refus déguisé. Philippe II renonça à la couronne d'Angleterre.

Un mois après son avènement, Élisabeth ratifia les pouvoirs des ambassadeurs anglais et leur donna ses instructions[35]. Les trois rois désiraient la reprise des conférences, surtout Philippe II, qui n'avait plus rien à espérer de son ancienne alliée[36]. Le connétable de Montmorency montrait autant d'empressement que le roi d'Espagne : Me ferez bien grand plaisir, écrivait-il à Granvelle, de me mander de vos nouvelles et le temps et le lieu où nous nous devons assembler, afin de nous y trouver et parachever ce qui estoit bien commencé[37].

Dès les premiers jours de janvier, les ambassadeurs cherchèrent un lieu de rendez-vous. On ne pouvait songer à Cercamp, abbaye délabrée, inhabitable pendant l'hiver, ni à Cambrai, ville pleine de gens de guerre. La duchesse douairière de Lorraine proposa Cateau-Cambrésis[38]. L'évêque de Cambrai y possédait un château démeublé et sans fenêtres. On y pourvut en faisant faire, à grande diligence, fenestres de papier en châssis de latteaulx[39]. Ces réparations furent menées avec négligence et parcimonie. Les ambassadeurs arrivèrent à Cateau-Cambrésis dès les premiers jours de février ; ils s'y trouvèrent plus mal qu'à Cercamp.

Avant de reprendre officiellement les négociations, le 10 février, les ambassadeurs français signifièrent aux Espagnols qu'ils rapportaient de France le même esprit de conciliation, mais qu'ils ne pouvaient abandonner Calais. La question paraissait insoluble ; les uns et les autres invoquaient le même droit, le droit de la force : les Anglais, la conquête d'Édouard III de 1347, les Français, la conquête du duc de Guise ; du 8 janvier 1558.

La première réunion générale eut lieu le 11 février, dans la chambre de la duchesse de Lorraine, à une heure. Les Anglais s'assirent au haut bout de la table, les Espagnols sur les côtés, comme spectateurs de la farce qui se devoit jouer. Milord Howard prit la parole en français et déclara que la reine Élisabeth ne voulait point séparer ses intérêts de ceux du roi d'Espagne, qu'elle faisait des vœux pour la paix de tous les princes chrétiens, mais que son premier devoir de reine d'Angleterre était de rendre Calais à son peuple. Cette déclaration, dit un témoin, fut lancée d'un ton sec et absolu qui ne comportait pas de tempérament. Les Français répliquèrent à l'instant d'une voix unanime que le roi ne rendrait jamais la ville. Le cardinal de Lorraine se montrait le plus ardent et rappelait que le duc de Guise avait juré qu'il luy cousteroit la vie de cent mille hommes et la sienne avec plutôt que d'évacuer sa nouvelle conquête. Après cette double déclaration, la séance fut suspendue. Les Anglais se mirent en conférence dans un coin de la salle avec les députés espagnols. Le docteur Wootton s'étonnait de l'opiniâtreté des Français. Granvelle lui rappela qu'il l'en avait averti. Les Anglais reprirent leur place en face des Français et les deux partis entamèrent une longue discussion où les droits des deux couronnes sur Calais furent soutenus par des arguments juridiques et canoniques. Assurément la casuistique n'avait rien à voir dans la querelle. Le connétable proposa de laisser Calais aux mains du roi et d'en réserver la propriété nominale jusqu'à des conférences ultérieures. Plusieurs députés prirent la parole. Le cardinal de Lorraine témoigna encore une fois de la volonté du roi de conserver Calais. Les Anglais demandèrent au connétable des éclaircissements sur sa proposition, mais il ne fit que se répéter. Personne ne concevait clairement, et le connétable moins que tout autre, comment la propriété d'une ville pouvait être séparée de la souveraineté et enfin quelle sanction assurerait l'exécution de ce partage singulier. Cependant les Anglais en référèrent à leur maîtresse[40].

Le lendemain matin, 4 février, le connétable, sous prétexte d'entendre la messe, descendit du château dans la ville, où logeaient les ambassadeurs d'Élisabeth. Il rencontra l'évêque d'Ély et le docteur Wootton, qui le saluèrent sans lui parler. Un peu plus loin, milord Howard l'accosta. Mais les deux interlocuteurs ne purent rien obtenir l'un de l'autre. Dans la journée, les plénipotentiaires français et espagnols se réunirent dans la chambre de la duchesse douairière de Lorraine. Chacun cherchait un moyen terme et n'en trouvait point. Le cardinal proposa un parti qui prouve la fertilité de son imagination. Calais resterait pour le moment au roi de France ; la fille aînée du dauphin épouserait un jour le fils aîné d'Élisabeth et lui porterait la ville de Calais en dot ; de cette façon Calais rentrerait à l'Angleterre sans déshonneur pour la France. On tranchait de la même façon certaines difficultés d'argent qui divisaient les deux couronnes : la fille aînée d'Élisabeth épouserait le fils du dauphin et lui porterait ces sommes en dot. Or, le dauphin et Marie Stuart n'avaient ni fils ni fille et Élisabeth n'était pas mariée. Les députés espagnols se chargèrent de transmettre la proposition aux Anglais[41].

La séance du 13 février n'amena aucun changement. Les ambassadeurs anglais n'y assistaient pas ; ils attendaient les ordres de la reine. Les négociations se trouvèrent suspendues officiellement, mais elles se continuèrent secrètement dans les conversations, dans le cabinet de la duchesse,. au milieu des intrigues de chaque parti. Le connétable, homme de lutte ouverte, embarrassé dans ces toiles d'araignée, prit la poste et se rendit auprès du roi. Son départ fut un soulagement pour tout le monde. Depuis la réunion des députés au Cateau, il avait été informé des sourdes accusations répandues contre lui à la cour par le parti des Guises, et, malgré l'approbation du roi, il en éprouvait un amer dépit. Son humeur se faisait jour à chaque séance. Il soulevait des difficultés inattendues, menaçait ses contradicteurs de les jeter à la porte et prononçait même le mot de rupture. Les ambassadeurs étrangers, mal informés des bruits de la cour de France, se demandaient avec étonnement la cause de ce changement d'attitude. Le cardinal de Lorraine, qui en était bien instruit, poussa habilement son rival dans cette évolution, et, quand il l'eut amené à se compromettre, il écrivit au duc de Guise que le connétable troublait la négociation par des exigences de parti pris. Ainsi l'infortuné. Montmorency, qui la veille avait été accusé de trop de faiblesse, fut représenté au roi comme un plénipotentiaire imprudent, capable de faire échouer le fragile bâtiment de la paix.. Le roi ne se laissa pas persuader ; il révéla au connétable que le duc de Guise lui avait montré la lettre du cardinal de Lorraine : Il se plainct que c'est vous qui mestés oposition à la pays.... Ne prenés pas garde à tout cecy, mais faytes la pays sy vous pouvés, et lesé-les discourir à leur fantesie[42].

Le 3 mars 1559, les négociateurs se réunirent de nouveau dans la chambre de Christine de Danemarck. Les Anglais parlèrent les premiers et repoussèrent dédaigneusement le compromis du cardinal de Lorraine. Après un débat plein d'aigreur, où les parties ne s'épargnèrent aucune des récriminations qui couvaient sourdement au fond de l'âme des deux peuples depuis la guerre de Cent ans, les Français se levèrent avec vivacité et se retirèrent dans le jardin du château. Un page apporta la nouvelle qu'ils avaient donné l'ordre de préparer leurs équipages pour retourner en France. Aussitôt la duchesse alla les retrouver et s'efforça de les ramener.

Quelques jours se passèrent encore. On touchait à la fin de la trêve. Il fallait s'accorder ou recommencer la guerre. Les propositions se croisaient entre les ambassadeurs des trois rois. Dès les premiers jours de la négociation, au mois de septembre, le connétable et le maréchal de Saint-André avaient proposé au cardinal Granvelle un mariage entre la princesse Élisabeth, fille de Henri II, et l'infant don Carlos. Cette proposition avait été bien accueillie. La mort de Marie Tudor et le refus de la nouvelle reine d'Angleterre donnèrent une autre direction aux projets de Philippe II ; il songea pour lui-même à Élisabeth de France. Montmorency lui épargna les premiers pas : Le connétable, écrit Granvelle, a dit, à part moy et le comte de Melito, qu'il seroit bien que Vostre Majesté se mariast avec leur fille aynée et que Monseigneur nostre prince print la troisième[43]. Comme les enfants à naître d'Élisabeth de Valois devaient souffrir des droits de progéniture de don Carlos, fils aîné de Philippe II, celui même à qui le connétable offrait la main de la princesse Marguerite, il demandait pour eux la propriété du duché de Milan, mais les ministres espagnols objectèrent que la couronne du roi catholique ne pouvait être divisée. Le mariage de Philippe II fut fixé au printemps suivant. Les projets relatifs à don Carlos et à Marguerite, troisième fille de Henri II, plusieurs fois abandonnés et repris pendant le règne de François II et de Charles IX, n'eurent aucune suite.

Les conséquences de cette alliance de famille se firent sentir au Cateau. On remarqua que le cardinal Granvelle soutenait plus mollement les prétentions de l'Angleterre, que le duc d'Albe cessait de glorifier les exploits des deux armées réunies, que le prince d'Orange se souvenait de la rivalité commerciale des Flamands et des Anglais. A. Londres, le duc de Feria, ambassadeur de Philippe II, laissa pressentir à la reine Élisabeth que l'appui du roi d'Espagne ne s'étendrait pas au delà de certaines limites[44]. C'était un présage d'abandon. Au Cateau, le cardinal de Lorraine redoublait d'empressement auprès du cardinal Granvelle. Le connétable et milord Howard avaient des entrevues secrètes et chassaient quelquefois ensemble. Un agent italien, Guido Cavalcanti, à la grande jalousie des Espagnols, allait d'un camp à l'autre[45]. Le 8 mars, la duchesse de Lorraine convoqua les Espagnols et les Français et leur soumit, comme venant d'elle, la proposition suivante : le roi de France s'obligerait absolument à rendre Calais dans quatre, six ou sept ans ou autre délai, en donnant des sûretés pour l'exécution de son engagement[46]. La duchesse avait pris de l'autorité par sa modération et par sa qualité de souveraine ; son fils venait d'épouser, le 22 janvier précédent, la princesse Claude, fille de Henri II ; elle passait pour favorable à la France. Cependant le connétable voulut soumettre la proposition au roi.

Enfin, le 12 mars, les ministres anglais acceptèrent l'accord suivant : Calais resterait à la France pendant huit ans ; après ce délai, le roi devait rendre- la ville ou payer cinq cent mille écus aux Anglais, qui n'en conservaient pas moins leurs droits, La question de souveraineté devait être tranchée par un arbitrage[47]. Toute attaque des Anglais contre la France ou l'Écosse libérait le roi de France de ses engagements. Les ministres de Henri II comptaient sur cette clause pour conserver la ville. Le traité avait l'avantage de laisser Calais à la France et de ménager l'orgueil britannique.

La fin de mars fut employée à rédiger le traité. Le 28 seulement, le connétable écrit à ses neveux, l'amiral de Coligny et le cardinal de Chastillon, que la paix est faite, et les charge d'annoncer à Marguerite de France que son mariage avec le duc de Savoie est décidé[48]. Le 2  avril, les plénipotentiaires signèrent la paix entre l'Angleterre et la France[49], et, le 3, la paix entre la France et l'Espagne[50].

La cour apprit alors les conditions du traité de Cateau-Cambrésis[51]. La France rendait Mariembourg, Thionville, Damvillers, Montmédy, en échange de Saint-Quentin, de : Ham, du Catelet et de Thérouanne ; elle gardait Calais ; elle rendait sans compensation Bovigny et Bouillon à l'évêque de Liège, tandis que Philippe II conservait Hesdin. En Italie, la France évacuait le Montferrat, le Milanais, la Corse, Montalcino, Sienne, la Savoie, la Bresse, le Bugey, le Piémont, excepté les places de Turin, Chieri, Pignerol, Chivasso et Villeneuve d'Asti, qu'elle ne conservait qu'en gage[52].

Le traité de Cateau-Cambrésis fut mal accueilli en France. Les Guises condamnaient surtout la restitution de ces villes que la guerre n'avait pu enlever à nos armes : Sire, disait le duc de Guise au roi, quand vous ne feriez que perdre durant trente ans, si ne scauriez-vous perdre ce que vous voulez donner en un coup. Mettez-moy dans la pire ville de celles que vous voulez rendre, je la conserveray plus glorieusement sur la bresche que je ne ferois jamais parmy une paix si désadvantageuse que celle que vous voulez faire. Vous avez, Sire, assez d'autres serviteurs qui en feront autant que moy et deçà et delà les monts[53].

Presque tous les contemporains partagent ces regrets. Blaise de Monluc écrit dans ses Commentaires : La paix se feit au grand malheur du roy principalement et de tout son royaulme, car ceste paix fust cause de la rendition de tous les païs et conquestes qu'avoient faict les roys François et Henry, qui n'estoient pas si petites qu'on ne les estimast autant que la tierce partie du royaulme de France. J'ay leu dans un livre escript en espaignol que le roy avoit rendu cent quatre vingt dix huit terres de préside, qui s'entend forteresses[54].

Le maréchal de Vieilleville seul, le plus sage des conseillers de Henri II, approuvait les conditions de la paix. Chargé de porter au roi l'instrument original du traité, il révéla aux courtisans que l'armée de Metz commençait à se désorganiser, que l'armée espagnole, au contraire, se renforçait tous les jours, que les Pays-Bas, l'Allemagne des bords du Rhin et la Livonie dépêchaient des troupes à Philippe II dans l'espoir de livrer une grande bataille, comme celle de Saint-Quentin, sous les murs de Paris[55].

Aussitôt après la signature du traité de Cateau-Cambrésis, le roi quitta Villers-Cotterets, en Valois, et rentra à Paris au château des Tournelles[56]. Le lendemain, il convoqua les présidents du Parlement et de la Cour des comptes, les prévôts et les échevins de la ville, leur annonça la paix et commanda au Parlement de se transporter aux Augustins, afin de laisser le palais libre pour les fêtes du mariage d'Élisabeth[57]. La paix fut criée à son de trompe dans les rues par Vigneron, héraut d'armés du roi[58].

Le 15 juin, le duc chargé d'épouser par procuration, au nom de Philippe II, la princesse Élisabeth de Valois, et les autres ambassadeurs espagnols arrivèrent à Paris. Le 18, le roi ratifia le traité de paix que Philippe II avait déjà confirmé le 7 avril[59]. Le 21 juin, le duc Emmanuel-Philibert de Savoie, accompagné de cent cinquante gentilshommes, vêtus de pourpoints de satin rouge, de chausses cramoisies.et d'une casaque de velours noir brodé. de passements d'or, fit une entrée solennelle. Chaque cavalier portait sur son cheval une mallette de velours noir fermée de boucles d'argent[60]. Le duc d'Orléans, second fils du roi, plus tard Charles IX, le reçut aux portes de la ville et le conduisit au Louvre[61].

Le roi avait résolu de célébrer les mariages du roi d'Espagne et du duc de Savoie par des fêtes éclatantes. Le e8 juin, après la cérémonie des fiançailles de Marguerite de France et de Philibert-Emmanuel, les tournois commencèrent. Le troisième jour, vendredi 30 juin, le roi entra en lice[62]. Il rompit une lance contre le duc de Savoie, puis contre François de Lorraine, duc de Guise. A la troisième passe, il fut si rudement ébranlé par le jeune Gabriel de Lorges, comte de Mongonmery, un des capitaines des gardes, qu'il faillit perdre les étriers. Aussitôt il commanda à son adversaire de lui donner une revanche. En vain, les princes et les dames le supplièrent de ne pas tenter l'épreuve. Henri II, dépité d'avoir été presque désarçonné par un jeune homme de vingt-sept ans sous les yeux de la cour et de tous les ambassadeurs étrangers, jura, foy de gentilhomme, qu'il courroit ceste lance sans plus[63]. Il n'attendit même pas pour rentrer en lice que la visière de son casque fût bouclée[64]. Les deux cavaliers prennent leur élan à l'extrémité de la carrière. Mongonmery touche le roi en pleine poitrine. Le bois de lance vole en éclats, relève la visière du roi, frappe le front au-dessus de l'œil droit et pénètre profondément dans la tempe gauche. Sur le premier moment, la blessure fut jugée sans danger, mais, le quatrième jour, la fièvre, les douleurs de tête se déclarèrent avec violence, et bientôt se dissipèrent les espérances de la cour. Il avait été décidé que le mariage du duc de Savoie et de Marguerite de France serait ajourné jusqu'après le rétablissement du roi[65]. Henri II voulut assurer avant sa mort l'exécution de ses volontés. Le huitième jour, de son lit d'agonie, il fit appeler Catherine de Médicis et lui ordonna de célébrer sans retard les noces de la princesse. Catherine obéit, et le dimanche, 9 juillet, à minuit, la messe nuptiale fut dite à la lueur des torches, dans la petite église Saint-Paul. Jamais cérémonie n'avait présenté un aspect plus lugubre. Le roi touchait à ses derniers moments. Catherine, seule assise au banc royal, était inondée de larmes. Le duc de Savoie et la princesse Marguerite, attentifs aux bruits du dehors, tremblaient de voir apparaître au seuil du sanctuaire le héraut chargé de proclamer la mort du roi. Enfin, la messe se termina. Le roi vivait encore. Les nouveaux époux traversèrent le palais des Tournelles et se retirèrent au logis du duc de Savoie. Henri II mourut le lendemain, 10 juillet.

 

 

 



[1] Vincent Carloix, Mémoires sur Viellleville, liv. VII, ch. XVIII.

[2] Flassan observe dans son Traité de la diplomatie, t. II, p. 46, qu'en signant le traité, Claude de l'Aubespine prit le titre de secrétaire d'Estat, et que ce fut le premier acte où cette qualification se trouva substituée à celles de secrétaire du roi ou de secrétaire des finances, précédemment employées.

[3] Une copie des pouvoirs donnés par le roi à ses plénipotentiaires est conservée dans le f. fr., vol. 3153, f. 147.

[4] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 399, dans la collection des Documents inédits pour servir à l'histoire de France.

[5] Mémoires-journaux de Guise, p. 429, dans la Collection de mémoires sur l'histoire de France, de Michaud et Poujoulat. La nouvelle de l'ouverture des négociations était publique à Paris à la date du 11 octobre. Ce jour-là, le conseil de la ville fit une grande procession en faveur du succès des négociations (Cérémonial de l'Hôtel de Ville, f. fr., vol. 18528, f. 1).

[6] Traité de paix fait à Chasteau-Cambrésis, Paris, in-4°, p. 19. Recueil de lettres des ambassadeurs français pendant les négociations. Ce recueil est attribué à Henri de Mesmes de Roissy.

[7] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 203.

[8] Jeanne d'Albret avait écrit deux lettres, l'une au roi, l'autre au connétable, pour les prier de soutenir les réclamations de la maison d'Albret aux conférences de Cateau-Cambrésis. Nous les avons publiées dans Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret, t. I, p. 419 et 420.

[9] Lettre des plénipotentiaires espagnols à Philippe II, du 17 octobre 1558 (Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 261).

[10] Le discours de de Mesmes est imprimé dans les Mémoires pour l'histoire de Navarre et de Flandre, par Galland, in-fol., 1648, preuves, p. 72, et par Dumont, Corps diplomatique, t. IX, P. 23.

[11] Traité de paix fait à Chasteau-Cambrésis, in-4°, 1632, p. 64. Le mémoire de de Mesmes est dans le volume, p. 171.

[12] Cette campagne, connue sous le nom de Guerre mouillée, a été racontée avec détails dans Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret, t. I, p. 303.

[13] Philippe II avait épousé Marie Tudor le 15 juillet 1554.

[14] Granvelle, t. V, p. 453. La correspondance de Philippe II contient plusieurs aveux analogues.

[15] Traité de paix fait à Chanteau-Cambrésis, in-4°, p. 32.

[16] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 281.

[17] Traité de paix fait à Chasteau-Cambrésis, p. 36.

[18] Les négociations du mariage de Marguerite de France sont postérieures au 15 octobre 1558, car une lettre de cette princesse à Charles de Cossé-Brissac, de cette date, l'encourage à faire la guerre au duc de Savoie (Orig., f. fr., vol. 20451, f. 74).

[19] Traité de paix fait à Chasteau-Cambrésis, p. 26 et 36. Une lettre du Dr Wootton à lord Cecii, datée de Bruxelles et du 9 janvier 1558 (1559), parle avec détails de la modération du duc de Savoie (Calendar of State papers, foreign series, 1559, p. 83).

[20] Bibi. nat., f. fr., vol. 3139, f. 40. Lettre autographe du cardinal de Châtillon au connétable, datée du 30 novembre 1558.

[21] Relations des ambassadeurs vénitiens, t. I, p. 409, dans la Collection des documents inédits.

[22] Le roi écrit Tetu. C'était le surnom familier de Charles de Montmorency, seigneur de Meru, un des fils du connétable. Il s'était rendu à Bruxelles auprès de son père ; mais nous voyons par deux lettres, une du dauphin François, l'autre du cardinal de Châtillon, qu'il allait et venait de France à Bruxelles (F. fr., vol. 3139, f. 34 et 49).

[23] Lettre autographe, sans date, de Henri II au connétable ; f. fr., vol. 3139, f. 18.

[24] Lettres inédites de Dianne de Poytiers, p. 155, note. Dans une autre lettre, le roi conseille au connétable de traîner la négociation en longueur à moins que les Espagnols le laissent partir sur parole, auquel cas il faudra se montrer facile et conciliant (Autogr. s. d. ; f. fr., vol. 3139, f. 20).

[25] F. fr., vol. 3139, f. 8. Lettre autographe an connétable, sans date.

[26] F. fr., vol. 3139, f. 5. Lettre autographe au connétable, sans date.

[27] L'opinion publique en Angleterre rendait Philippe II responsable de la perte de Calais. Voyez les pièces publiées dans une étude, Apuntamientos para la historia del reg Philippe II (Mémoires de l'Académie hist. de Madrid, t. VII).

[28] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 325 et 326.

[29] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 365.

[30] Traité de paix fait à Chasteau-Cambrésis, p. 74 et 76. Les ambassadeurs anglais et espagnols se retirèrent à Bruxelles ; le cardinal de Lorraine et les secrétaires d'État du roi de France à Villers-Cotterets. Le connétable, prisonnier sur parole, obtint l'autorisation de se rendre à Paris dans les premiers jours de janvier (Lettre du connétable à François de Noailles, du il janvier ; copie ; f. fr., vol. 20620, non paginé, pièce 20).

[31] F. fr., vol. 3139, f. 20. Lettre autographe au connétable, sans date. Dans le reste de la lettre, le roi regrette la suspension d'armes qui, dit-il, n'aura servi qu'à l'Angleterre, et donnera à la reine Élisabeth le temps de s'établir.

[32] Les ambassadeurs français réunis à Cercamp savaient déjà, le 25 novembre, que le duc de Ferla était parti pour Londres (Traité de paix fait à Chasteau-Cambrésis, p. 74 et 75).

[33] Les négociations de Philippe II pour épouser Élisabeth d'Angleterre étaient déjà connues à la cour de France le 10 décembre 1558. A cette date, Henri II commande à son ambassadeur à Rome, Babou de la Bourdaizière, évêque d'Angoulême, de conseiller au pape de refuser les dispenses nécessaires (Catal. d'autographes de M. Filon, 1877).

[34] Les relations de Philippe II et d'Élisabeth sont savamment exposées dans les Mémoires de l'Académie royale d'histoire de Madrid, t. VII, p. 249.

[35] Voyez la lettre de Henri II à la reine Élisabeth, concernant l'affermissement de l'union entre les deux royaumes, en date du 20 janvier 1559 (Copie ; coll. Moreau, vol. 717, f. 285).

[36] Papiers d'Estat. de Granvelle, t. V, p. 453.

[37] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 408.

[38] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 409.

[39] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 410.

[40] Traité de paix fait à Chasteau-Cambrésis, p. 82.

[41] Granvelle, t. V, p. 468. — Traité de paix fait à Chasteau-Cambrésis, p. 90.

[42] F. fr., vol. 3139, f. 11. Lettre autographe an connétable, sans date. Une lettre originale de Henri II au duc de Nevers, en date du 26 mars 1559, à la veille de la clôture des négociations, témoigne de son désir ardent d'obtenir la paix (F. fr., vol. 3130, f. 104).

[43] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 429. La troisième était Marguerite de Valois, plus tard femme de Henri IV.

[44] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 472.

[45] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 529.

[46] Traité de paix fait à Chasteau-Cambrésis, p. 91 et es.

[47] Papiers d'Estat de Granvelle, t. V, p. 538.

[48] F. fr., vol. 3139, f. 74. Lettre originale.

[49] Après la signature du traité, le roi envoya en Angleterre le maréchal de Vieilleville et François de Montmorency. Le dauphin et Marie Stuart écrivirent à cette occasion une lettre de salutation à la reine Élisabeth (Copie datée du 12 mai ; coll. Moreau, vol. 717, f. 267. — Autre copie ; coll. Brécquigny, vol. 93, f. 267).

[50] Le roi envoya à Bruxelles, auprès de Philippe II, le cardinal de Lorraine (Lettre de Sébastien de l'Aubespine au roi et au connétable, du 13 mai ; orig., f. fr., vol. 6614, 8 et 10), et Henri de Montmorency-Damville (Lettre du même au connétable, du 19 mai ; orig., f. fr., vol. 6614, f. 34).

[51] La plupart des correspondances entre le roi et ses plénipotentiaires pendant les négociations de Cateau-Cambrésis ont été imprimées dans un volume in-4°, publié à Paris en 1632 chez Camusat et attribué à de Mesmes, Traité de paix fait à Chasteau-Cambrésis, que nous avons souvent cité. Il est encore beaucoup de lettres -Inédites sur ces négociations, notamment dans le f. fr., vol. 3153, 3253, 5139, 15839, 18062, 18744, 23628, coll. Dupuy, vol. 177, et ailleurs. On frappa une médaille qui représentait deux mains jointes avec cet exergue : Regum concordia, 1559. Cette médaille, qui est fort rare, est dessinée dans le vol. 4921, f. 11, du fonds français.

[52] A la dernière séance des négociations, les ambassadeurs du roi de France avaient été forcés de faire de nouvelles concessions en Piémont (Lettre de Henri II au duc de Nevers, du 26 mars ; orig., f. fr., vol. 3130, f. 104).

[53] Mémoires de Boyvin du Villard, liv. X, édit. du Panthéon littéraire, p. 846.

[54] Commentaires de Blaise de Monluc, édit. de la Société de l'hist. de France, t. II, p. 318.

[55] Mémoires sur Vieilleville, par Vincent Carloix, liv. VII, chap. XXII.

[56] Le 8 avril 1559, on célébra à Paris, en présence du roi, une procession d'actions de grâces en l'honneur de la paix (Cérémonial de l'Hôtel de Ville ; f. fr., vol. 18528, f. 8).

[57] Mémoires sur Vieilleville, par Vincent Carloix, liv. VII, chap. XXIII.

[58] Extrait des registres de l'Hôtel de Ville de Paris (Bibi. nat., Ve de Colbert, vol. 252, f. 189).

[59] Les ratifications des deux rois sont conservées en copie à la Bibliothèque nationale ; celle de Philippe II (F. fr., vol. 3113, f. 119) ; celle de Henri II (F. fr., vol. 3153, f. 149). Après la mort de Henri II, au mois de décembre 1559, François II ratifia le traité (Orig. sur parchemin ; colt. Moreau, vol. 739).

[60] Sébastien de l'Aubespine écrit, le 23 mai, que le duc de Savoie doit partir le 10 Juin de Bruxelles (Lettre au connétable ; orig., f. fr., vol. 6614, f. 39). Le récit de l'entrée de ce prince est conservé dans le cérémonial de l'Hôtel de Ville de Paris (F. fr., vol. 18528, f. 11).

[61] Ve de Colbert, vol. 140, f. 517. Extrait des registres de l'Hôtel de Ville de Paris. — Le contrat de mariage du duc de Savoie et de la princesse Marguerite ne fut signé que le 27 juin. Il est imprimé dans le Corps diplomatique de Dumont, t. IX, p. 50. L'énumération de son trousseau est conservée dans le f. fr., vol. 3119, f. 55.

[62] Nous avons raconté ce terrible accident d'après des documents nouveaux dans le tome I de Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret, p. 320 et suiv.

[63] Mémoires de Tavannes, chap. XXV. Gaspard de Tavannes, plus tard maréchal de France, était Juge du camp.

[64] Ces détails et ceux qui suivent sont mot à mot extraits d'une lettre de l'ambassadeur Ricasoli au duc de Florence (Négoc. de la France et de la Toscane, t. III, p. 400).

[65] Lettre d'Estienne Guillaume, bourgeois de Paris, à Claude Jacob (F. fr., vol. 20153, f. 87).