L'ASSASSINAT FRANÇOIS DE LORRAINE

 

CHAPITRE SECOND.

 

 

Le premier président de Thou. — Le duc d'Aumale envoie la déposition de Poltrot au camp de l'amiral (22 février 1563). — Réponse de Coligny (12 mars). — Le duc d'Aumale demande justice de l'assassinat (fin avril). — Seconde apologie de Coligny (5 mai). — Requête de la duchesse de Guise à Meulan (26 septembre). — Assassinat de Charry (31 décembre 1563). — Arrêt du conseil privé qui évoque l'affaire de Coligny et renvoie le jugement à trois ans (5 janvier 1564). —Départ de la cour pour le voyage en France (24 janvier 1564). — Échauffourée du 8 janvier 1565 à Paris. — Catherine résolue à régler la querelle des Guises. — Arrivée de la cour à Moulins (22 décembre 1565). — Première séance du conseil (12 janvier 1566). — Arrêt qui clôt l'instruction (17 janvier). — Arrêt du conseil qui renvoie Coligny des fins de la plainte (29 janvier). — Réconciliation apparente des Guises et des Coligny. — Henri de Lorraine, duc de Guise, en Hongrie. — Seconde et troisième guerre civile. — Coligny revient à la cour (12 septembre 1571). — Coligny pousse le roi à envahir les Flandres. — Haine des Guises pour Coligny. — Arrêts du conseil relativement à la réconciliation des deux maisons (27 mars et 1er mai 1572). — Le duc de Guise se soumet à l'arrêt de Moulins (12 mai).

 

On s'étonne de l'attitude du premier président, Christophe de Thou, dans l'instruction de l'assassinat du duc de Guise. Ce magistrat, qui porte un grand nom, un nom plus illustre par le génie du fils[1] que par l'indépendance du père, appartenait au parti catholique. En 1560, dans le procès du prince de Condé[2], il avait montré de la servilité aux Guises. En 1563, il cherche à accabler Coligny. Récapitulons ses actes.

Le 27 février, il reçoit Poltrot de Meré à la Conciergerie. Les interrogatoires se multiplient, mais toujours en présence du greffier. De ce chef on ne peut l'accuser que de timidité.

Le 15 mars, Poltrot se rétracte. De Thou écrit à la reine que l'accusé maintient ses dépositions précédentes ; mais il suppose qu'il peut varrier et desdire. Nous admettons, pour l'honneur du premier président, que sa lettre a été expédiée avant la séance de torture.

Le 17 mars, le greffier du Tillet informe la reine des variations de Poltrot. Le même jour, de Thou écrit à la reine et ne lui en dit pas un mot.

Le 18 mars, le meurtrier est condamné à mort. Au sortir de la chambre criminelle, il est soumis à la question ; il subit successivement trois interrogatoires et trois fois il désavoue les accusations qu'il a fait peser sur Coligny. Cependant de Thou assure à la reine, que, devant le parlement, Poltrot a confessé le cas et que tout ce qu'il avoit dit tant en la présence de Vostre Magesté que par devant moy estoit véritable[3]. Il oublie les quatre démentis que Poltrot, du 15 au 18 mars, s'est infligés à lui-même.

L'alternative se pose : ou les rétractations de Poltrot de Meré sont un mensonge inventé par le parti huguenot pour blanchir Coligny et de Bèze ; ou de Thou a essayé de les dissimuler à la reine. La première conjecture pouvait se soutenir autrefois puisque les trois dépositions du 18 mars ne sont connues que par l'Histoire ecclésiastique et que l'on pouvait soupçonner l'auteur de les avoir inventées ou gravement falsifiées au profit de la mémoire de ses chefs. Aujourd'hui il n'en est plus de même. Les dernières versions de Poltrot de Meré ou du moins le fait principal qu'elles contiennent, la décharge de Coligny, sont certifiées par des documents que nous avons mis au jour pour la première fois, la lettre de du Tillet du 15 mars, los dépêches détaillées de Barbaro (23 mars) et de Chantonay (22 avril), citées plus haut. Reste la seconde conjecture : de Thou voulait-il cacher la vérité à la reine pour rendre plus certaine la culpabilité de Coligny. C'est la seule explication de sa conduite.

Il est plus difficile de juger le rôle des chefs protestants dans l'instigation du crime[4]. Nous ne parlerons ni de Brion, ni de Feuquières, ni de Soubise[5], ni de Théodore de Bèze[6], personnages secondaires. L'intérêt ne se porte que sur l'amiral Coligny.

D'après l'ambassadeur d'Espagne, le duc de Guise et soixante seigneurs ou magistrats avaient été condamnés à mort, l'année précédente, dans une assemblée de sectaires tenue à Heidelberg au palais de l'électeur palatin. Seul, le duc de Wurtemberg se serait élevé contre cette fanfaronnade criminelle[7]. Que cet arrêt ait été rendu ; rien n'est plus incertain. Mais que le bruit s'en Soit répandu dans les rangs du parti, rien n'est plus vraisemblable. Les grandes commotions politiques ou religieuses donnent toujours naissance à de sombres rumeurs, souvent sans fondement, qui prédisent des catastrophes ou des forfaits. Barbaro raconte que le prince de Condé avait prié son frère, le cardinal de Bourbon, d'inviter le duc de Guise à se tenir sur ses gardes, et, le jour même de l'assassinat, arriva de Guyenne une lettre de Blaise de Monluc qui portait les mêmes avertissements. Le duc de Guise ne put la lire qu'en revenant du Portereau[8]. Ici se place une coïncidence qui donnerait à penser que Condé était informé de la date du crime. Après avoir mis sa conscience en repos par ses avis, il aurait pris ses mesures pour profiter de la mort de son rival. Le 18 au soir, déguisé en paysan, il tenta une évasion. Déjà il avait passé devant le front du premier et du second corps de garde, quand il fut reconnu au troisième. Montmorency-Damville, son gardien, fit exécuter les complices du prisonnier, et la reine le transféra du château d'Onzain au château d'Amboise[9].

Le 12 et le 13 février, le parlement de Paris avait déchargé le duc de Guise de toute responsabilité dans le massacre de Vassy[10]. Cet arrêt porta au comble l'irritation du parti réformé. Est-ce dans un mouvement de colère que les meneurs résolurent de se faire justice eux-mêmes ? Poltrot de Meré n'était pas à Orléans, mais, à la courte distance où il se trouvait, il était facile à ses chefs dé lui envoyer un message.

On a lu le récit de l'assassinat et l'analyse des aveux de l'assassin. Le 21, le 27 février et le 7 mars, il accuse Coligny de lui avoir conseillé le crime. Le 15 et le 18 mars, il rétracte ses dépositions. Le 18, à l'heure du supplice, il renouvelle ses premiers aveux.

Quelles conclusions peut-on tirer de ces variations ?

L'imputation portée par Poltrot de Meré contre Coligny ne supporterait pas la discussion si elle ne reposait que sur le témoignage de l'assassin. Outre l'indignité du témoin, son inconstance enlève tout crédit à sa parole. D'ailleurs quelle confiance accorder à des déclarations arrachées par la crainte d'être égorgé sur place, par la torture, par les affres du supplice. La question semble donc absolument indécise, mais l'amiral se défendit mal, presque en coupable. Oubliant l'adage Is fecit cui profecit, il crut s'abaisser en discutant des allégations moins invraisemblables qu'il ne semblait le croire. Condamné par les apparences, il chercha des circonstances atténuantes en inventant des complots dirigés contre sa vie par les chefs du parti catholique. Il se trahit par son attitude ; ainsi il montra une joie au moins déplacée et applaudit à l'assassinat comme à un bienfait de la Providence. Il n'en fallait pas davantage pour donner du corps à l'accusation.

Le lendemain de l'interrogatoire de Poltrot de Meré, présidé par la reine-mère au camp de Saint-Hilaire, le 22 février, Claude de Lorraine, duc d'Aumale, frère du duc de Guise, avait proposé au conseil d'envoyer une copie authentique du procès-verbal aux reitres de Coligny, dans l'espoir que l'indignité d'un tel fait pratiqué par M. l'admiral les mutineroit tous et les feroit tous révolter, et si (aussi) promectoit qui (qu'ils) se saisiroient de la personne de mond. s. l'admiral et le mectroient entre les mains de la royne pour en faire justice. D'Aumale avait fait prisonnier à la bataille de Dreux et gardé à son service un reître qui paraissait propre à cette mission[11]. Les princes allemands se disaient les alliés du roi et prétendaient n'avoir envoyé leurs troupes que pour délivrer le roi de ses oppresseurs. Déjà, un mois auparavant, une protestation du roi, de la reine et de tous les princes du sang[12], y compris le prince de Navarre[13], contre l'entrée des reîtres en France avait ébranlé la fidélité de ces troupes. Que ne pouvait-on espérer en convainquant d'assassinat le chef du parti huguenot ? Le serviteur du duc d'Aumale, nanti de plusieurs copies de la pièce accusatrice, partit pour la Normandie et alla trouver Jean de Nogaret de la Valette, qui guerroyait contre l'arrière-garde de l'amiral[14]. De là il passa au camp huguenot[15].

Coligny lut la déposition de Poltrot[16] et y répondit sur le champ, articlé par article. Sa réponse fut probablement rédigée par Théodore de Bèze, le rhétoricien du parti, dont elle porte la signature à côté de celle de François de la Rochefoucauld[17]. On y trouve des démentis, des protestations inutiles et des aveux graves. Il reconnaît qu'il a vu Poltrot de Meré, qu'il l'a envoyé comme espion au camp royal, qu'il lui a donné 20 écus, puis 100 écus pour se monter, qu'il a reçu, sans insister sur ce propos, d'autant qu'il l'estimoit pour chose du tout frivole, la confidence des intentions criminelles de l'assassin. Il avoue que, depuis le commencement des troubles, il a été informé de plusieurs conjurations contre la vie de Guise ; il assure qu'il a toujours blâmé ce crime, mais que, ayant appris que sa propre vie était menacée par les sicaires du duc et du maréchal Saint-André (ce dont il ne peut donner aucune preuve), quand il a ouy dire à quelqu'un que, s'il pouvoit, il tueroit le duc de Guise jusques en son camp, il ne l'en a destourné. Jamais, dit-il par deux fois, sur sa vie et sur son honneur, il ne se trouvera que jamais il ait recherché, induit ni sollicité quelqu'un à le faire, ni de paroles ni d'argent, par soy ni par autruy, directement ni indirectement[18] ; mais il a encouragé les Sicaires qui voulaient frapper le nouvel Holopherne. Il n'a practiqué personne pour cet effect, mais il estime que ce soit le plus grand bien qui pouvoit arriver à ce royaume[19]. Poltrot lui représente qu'il seroit aisé de tuer led. s. de Guise ; aussitôt Coligny lui donne cent écus pour se monter. Cet acte de générosité ressemble à un conseil. Il nie avoir soudoyé l'assassin, mais il avoue avoir approuvé le crime et fourni les moyens de le commettre. La nuance n'est pas assez tranchée pour l'honneur de sa mémoire.

Ce n'est pas ainsi que pensait Jeanne d'Albret ; elle traite la mort de Guise de piteux événement[20]. Le prince de Condé est aussi formel. Le 25 février il parle à la duchesse de Guise de son mari qui a esté fort misérablement blessé[21] ; et après la mort .... qui a esté si misérablement tué. Ces généreux sentiments sont certifiés par le prince de la Roche-sur-Yon : M. le prince, dit-il, a autant pris à tueur la mort de M. de Guise que de son propre frère, estant mort son amy, et qu'à son fils ils ne le pardonneroit, désirant sa punition, où n'y espargnera sa propre vye au chastiment de si meschant acte[22]. L'ambassadeur d'Espagne, l'ennemi né du parti réformé, porte un témoignage inattendu de la noblesse de cœur du prince. Condé, écrit-il à son maître, a dit que cet acte était tellement criminel que, s'il savait que la princesse[23] y eut consenti, il ne pourrait plus jamais la voir[24].

En terminant son apologie, Coligny demande à la reine à être confronté avec l'accusé et jugé par devant juges non suspects, à l'exclusion de tous les parlements. La confrontation n'était pas un moyen d'arriver à la connaissance de la vérité. Il y avait trop d'inégalité entre un aventurier, inconscient de son forfait, et un grand dignitaire de France. Elle était d'ailleurs impossible. Poltrot de Meré était sous les verrous et l'amiral à la tête de son armée en Normandie. Pour mettre les deux accusés face à face, il fallait donc attendre de longs jours et suspendre le cours de la justice jusqu'à la paix. La paix même ne rendait pas la confrontation plus efficace puisqu'elle devait entraîner, selon les mœurs des temps, une amnistie générale, et que l'on savait bien que la reine, pour éclaircir une question de complicité sans sanction possible, ne rouvrirait pas les dangereuses querelles de la veille. Ces difficultés étaient connues de l'amiral, mais il n'en demandait pas moins la confrontation avec d'autant plus d'insistance qu'il la savait impraticable.

Catherine de Médicis ne doutait pas de la culpabilité de Coligny. Poltrot de Meré, écrit-elle à sa belle-sœur, Marguerite de France, duchesse de Savoie, m'a dist, san qu'il est aysté menacé, que l'amiral luy a donné sant ayceu (écus) pour fayre set meschant coup.... Plus loin, elle rapporte, avec plus de précision que le procès-verbal du 21 février, les complots de l'amiral-contre la vie du roi et conclut en ces termes : Velà, Madame, corne set homme de bien, qui dist qu'i ne fest ryen que pour la religion, y nous veult despécher ; néanmoins cela, je suis après à reguarder de fayre heunne pays, car je voy bien que, durant sesy, y me teuret à la fin mes enfans[25]. Tel est le premier mouvement de Catherine de Médicis, celui qu'elle laisse échapper dans les angoisses de la première heure. Si l'amiral Coligny avait été fait prisonnier, il aurait payé cher ses dons à Poltrot. Mais il se passa quelques jours. La paix fut signée le 12 mars, et promulguée le 19. Condé ne contenait pas sa joie de rentrer à la cour, de reprendre son rôle de premier prince du sang et peut-être de recevoir la lieutenance générale à laquelle il se croyait des droits ; les simples capitaines se félicitaient de terminer une campagne aussi pénible, aussi sanglante que les guerres d'Italie. Coligny se soumettait, il est vrai, de mauvaise grâce et comme par contrainte ; il gardait l'attitude d'un combattant qui attend de meilleurs jours pour reprendre la guerre ; mais la reine se flattait de le retenir par la crainte d'un procès. On voit poindre cette évolution dans une lettre autographe et sans date qu'elle écrit à Philippe II vers le 15 mars[26]. Elle y déplore la mort du duc de Guise ; elle ne parle plus de Coligny[27]. Et cependant nulle part l'annonce d'un procès criminel, une parole de plainte ou de menace contre l'amiral n'auraient été accueillies avec plus d'approbation.

Il n'y eut pas d'instruction judiciaire officiellement dirigée contre l'amiral Coligny ; La paix d'Amboise (19 mars 1563) amnistiait légalement les crimes et les forfaits les plus odieux. C'eut été déchirer le traité que de rechercher Coligny. Le parlement était donc désarmé, mais non pas la maison de Guise. Il restait aux Lorrains le droit de recours à titre privé, le droit de citer, en leur nom personnel, les meurtriers du chef de leur maison et de poursuivre les coupables. Ils n'y manquèrent pas. Ni le supplice de Poltrot, ni le traité d'Amboise, ni le temps, ni la guerre, ni les ordres du roi n'étouffèrent leurs requêtes. A la fin d'avril, le duc d'Aumale[28] vint à Paris et annonça publiquement qu'il allait traduire l'amiral devant le parlement comme tuteur de Henri de Lorraine, fils aîné de la victime. Il attendait la duchesse de Guise encore retenue par son grand deuil. La citation fut lancée suivant les formes légales[29] le 26 avril 1563. Elle devait être appuyée, dit Chantonay, par un mouvement militaire du duc de Lorraine et des seigneurs catholiques. Coligny s'était retiré à Chastillon avec ses amis et s'y fortifiait publiquement. Mais le duc d'Aumale exerçant les fonctions de gouverneur titulaire de la Bourgogne et de gouverneur intérimaire de la Champagne pendant la minorité de son neveu, le parti catholique espérait forcer le repaire du coupable[30].

L'amiral résolut de prendre l'initiative. Il fit imprimer une nouvelle apologie[31], plus habile, plus vraisemblable, plus modérée que la première, corrigée des paroles haineuses qui déparaient sa première défense. Il demanda à la reine l'autorisation de la lire au conseil, et, sans attendre la réponse, il se mit en route avec une compagnie de 300 chevaux, qu'il devait grossir en route. A cette nouvelle, Catherine fut frappée de terreur. Nul doute que Coligny ne se présentât avec une puissante suite et que la maison de Guise, alors à la cour, ne convoquât le ban et l'arrière ban de ses partisans. Un combat pouvait s'engager et la guerre civile se rallumer sous les yeux du roi. La cour était à Saint-Germain. Catherine rappela les Suisses, qui se préparaient à regagner leurs montagnes, et, dans la nuit du 7 au 8 mai et les jours suivants, le château fut occupé comme en temps de guerre. La reine envoya chercher le prince de Condé et le supplia de détourner l'amiral d'un dessein si redoutable. Cependant Coligny s'avançait à petites journées. Beaucoup de capitaines armés le suivaient. Le 11, François d'Andelot le rejoignit avec une troupe de 200 cavaliers. Le 12, ils rencontrèrent le prince de Condé à Essonne et entrèrent en conférence. Condé représenta que la reine redoutait leur arrivée à la cour, que leur vie serait peut-être en danger et la paix générale certainement compromise[32]. Il avait même pour mission, écrit Catherine à d'Hebrard de Saint-Suplice, de faire entendre à l'amiral qu'elle ne trouvoit bonne ceste grande compagnie et que, s'il venoit plus avant, elle feroit approcher une si bonne force que le roy demeureroit le plus fort et se feroit obéir par amour ou par force[33]. Quelles promesses, quels accords secrets furent la contre partie de ces menaces ? les documents ne les révèlent pas.

Les trois chefs huguenots couchèrent à Essonne. Coligny voulait marcher en avant, mais la nuit lui porta conseil. Le lendemain, 13 mai, Condé et d'Andelot partirent pour Saint-Germain et Coligny reprit la route de Chastillon-sur-Loing. Deux jours après, le 15 mai, la reine réunit les membres de son conseil. Le secrétaire d'état Bourdin donna lecture d'une déclaration hautaine, par laquelle Coligny offrait de prouver son innocence par voie de justice par devant juges toutesfois non suspects. Condé se porta garant de son oncle[34] ; François de Montmorency, garant de son cousin germain ; François d'Andelot, de son frère[35].

La reine avait probablement connu d'avance et approuvé le texte de ce manifeste. Le lendemain, le roi, sur avis conforme du conseil privé, défendit a tant à ceux de la maison de Guyse que de Chastillon, de ne s'offencer ni faire offencer les uns les autres, par voye de fait ou de force sous peine de désobéissance au roi[36]. Le connétable allait assiéger le Havre, que l'Angleterre retenait depuis le mois de septembre de l'année précédente, et il importait à la reine de ne pas compliquer une guerre étrangère d'une guerre intestine.

Le débat recommença après la prise du Havre (28 juillet 1563), mais la reine inventa de nouveaux moyens dilatoires. Elle fit entendre aux Guises que le roi aurait plus d'autorité que sa mère pour imposer aux parties un arrêt équitable, que l'heure de sa majorité était proche, qu'il était donc de l'intérêt des deux maisons de laisser dormir leur querelle[37]. Charles IX avait treize ans accomplis. A cet âge, suivant les traditions de l'ancienne monarchie, la majorité des rois pouvait être prononcée. Le jeune prince fit une entrée solennelle à Rouen, le 12 août[38], et, le 17, dans un lit de justice tenu au parlement, il se déclara majeur[39]. Le même jour il inaugura son métier de roi par une lettre à Damville en faveur de la paix[40].

La duchesse de Guise se préparait à entamer une action judiciaire, quand un accident arriva à la reine. A la suite d'une partie de chasse, à Mantes[41], sa haquenée en beau chemin tomba assez lourdement sous elle. Catherine se blessa à la tête et au bras[42]. Le mal empira et elle subit une incision à la tête. Déjà le bruit de sa mort se répandait à Paris et les partis se disposaient à conquérir le pouvoir de haute lutte. La reine-mère avait été transportée à Meulan. Le duc d'Aumale y accourut avec les fidèles de la maison de Guise, décidés à enlever le roi de gré ou de force et à le ramener à Paris[43]. La reine s'était déjà remise et avait repris le gouvernement.

L'heure n'était pas favorable aux revendications des Guises. Catherine ne pouvait pardonner au duc d'Aumale son empressement à se rendre à Meulan. Fidèle au système qui lui avait cependant si mal réussi avant la guerre, elle s'efforçait de plaire à tout le monde et passait, suivant les circonstances, de l'un à l'autre parti. Chacun prenait à son tour le premier rang dans sa faveur. Au mois de mars, elle soutient les Guises ; au mois de septembre, elle se livre aux conseils du prince de Condé et du cardinal de Chastillon[44]. Elle en était là quand les Guises furent convoqués à la cour. Un ajournement qui eût coïncidé avec un retour de crédit eût convenu aux impétrants ; mais ils ne pouvaient l'attendre. L'occasion s'offrait ; il fallait la saisir. Le dimanche, 26 septembre, à l'issue des vêpres, la vieille duchesse de Guise, Antoinette de Bourbon, la veuve de François de Lorraine, Anne d'Este, accompagnées des enfants et des frères du héros catholique, en grand deuil, se jetèrent aux pieds du roi et lui demandèrent  l'autorisation de faire poursuite du meurtre commis[45]. Le roi convoqua le conseil privé et un arrêt ouvrit l'instance. Aussitôt, le cardinal de Chastillon demanda au conseil la récusation du Parlement de Paris. Catherine ne se souciait pas, plus que le cardinal, de livrer une affaire politique, autour de laquelle gravitaient la paix et la guerre, à des magistrats civils, capables de faire tel esclandre qu'on ne le scauroit aisément réparer. Elle prétexta que l'instance était contraire à l'édit de pacification[46] ; la requête du cardinal fut trouvée si raisonnable que la cause fut évoquée à la personne du roy et renvoyée au grand conseil[47].

Le parti des Guises, arrêté dans son droit, protesta solennellement contre l'évocation. Le 30 septembre, à sept heures du matin, les deux duchesses, escortées de leurs enfants, de tous les princes de la maison de Lorraine et de 200 gentilshommes, se présentèrent inopinément au palais de justice. L'audience n'était pas ouverte. Les dames attendirent l'heure à la Sainte-Chapelle et les seigneurs dans le jardin. A huit heures, ils furent appelés à la grand'chambre, et leurs avocats, Saint-Meloir et Versoris, présentèrent à la cour une demande d'information contre les assassins du duc de Guise. Coligny n'était point désigné et il n'était fait aucune allusion aux dépositions de Poltrot[48]. C'était une requête tout autre que celle de Meulan, et qui réservait à l'instruction la découverte des coupables. A Meulan, les Guises avaient porté plainte contre Coligny ; à Paris, ils imploraient seulement justice sans accuser personne. Par cet artifice de procédure, Versoris échappait aux lettres d'évocation du roi et pouvait engager l'instance. Il plaida longuement et prononça un éloquent éloge de la victime[49]. La chiquanerie réussit. Le parlement, sans entendre les gens du roi, retint l'affaire et nomma deux conseillers pour l'instruire[50].

Alors s'engagea une interminable procédure, au grand profit des chicanous que de si illustres plaideurs traînaient avec eux. La duchesse de Guise supplie le roi d'annuler les lettres d'évocation. Un procès s'engage d'abord sur la validité de la signification, puis sur la communication de l'arrêt de Meulan[51]. Requête de la duchesse de Guise pour obtenir que l'instance soit portée devant le parlement de Toulouse, ou de Bordeaux, ou de Rouen, ou de Dijon (27 octobre 1563)[52]. Le roi décide de soumettre ce choix à Coligny. La duchesse de Guise signifie qu'elle n'entend point se porter partie contre l'amiral (23 novembre)[53]. L'amiral déclare que, puisque la duchesse renonce à se porter partie, il n'a plus besoin de répondre à sa requête (24 novembre)[54]. Arrêt du conseil privé qui autorise le parlement à retenir l'action judiciaire, mais qui maintient l'évocation eu ce qui concerne Coligny (25 novembre)[55]. La cour, se jugeant trop liée, se dessaisit (3 décembre)[56]. La duchesse représente au roi que les lettres d'évocation empêchent la cour d'en connaître. L'amiral riposte que, pour ce qui le regarde, il s'en tient à ces lettres. Protestation de la duchesse. Le roi propose aux parties de reconnaître la compétence de l'un des quatre parlements, précédemment nommés, auxquels se joindront les membres du conseil privé. L'amiral ne renonce pas aux lettres et ajoute que, si la duchesse est recevable en sad. accusation, il prétend aussi introduire une instance contre la mémoire du feu s. de Guise. Dans cette pièce, Coligny fait allusion aux complots dont il avait accusé son rival[57].

L'agitation du parti catholique, malheureusement justifiée par les requêtes, protestations, surtout par les dénis de justice vis à vis des enfants de Guise, et habilement entretenue par les meneurs, avait franchi l'enceinte du parlement. Le 13 août 1563, le premier président de Thou s'applaudit de quinze jours de tranquillité[58]. Ces quinze jours furent les derniers. Bien que la grand'chambre, à chaque audience, ordonnât le huis-clos, la salle était envahie par une foule tumultueuse qui accueillait de ses vociférations les actes de défense de Coligny[59]. Les séjours du roi n'étaient pas plus paisibles. Pendant les trois mois que dura l'instance, les Guises allaient et venaient à la cour, toujours avec une troupe qui ressemblait à une armée. Lés Coligny gardaient la retraite à Chastillon, mais ils y faisaient de telles levées que le roi leur adressa des reproches[60]. Il était impossible que la paix publique résistât longtemps à de telles secousses. Ordres et défenses, promesses et menaces n'offrant plus de garantie, le roi fit signer aux deux parties l'engagement de n'employer, dans leur différend, que les voies judiciaires[61].

Au milieu de novembre, le roi vint à Fontainebleau ; Coligny monta à cheval pour aller le saluer. Aussitôt la reine lui manda de retourner à Chastillon. Coligny lui répondit qu'il ne pouvait rebrousser chemin qu'il n'eut baisé les mains du roy ; autrement ce luy seroit faire un grand tort et déshonneur et pour la seconde loys. Catherine, terrifiée de l'approche d'un visiteur si menaçant, partit en hâte pour Paris. Coligny rattrapa le cortège royal à Chailly. L'entrevue fut aussi amicale que le permettaient les souvenirs de la guerre civile et vainqueurs et vaincus feignirent d'avoir tout oublié[62]. La cour arriva à Paris le 20 novembre, à l'improviste, et s'installa sans ordre, mais à couvert des surprises que le roi pouvait redouter hors de sa capitale. L'amiral reprit avec empressement son service de gentilhomme de la chambre, comme s'il eut toujours été un fidèle serviteur du roi, et logea au Louvre. La jalousie des Guises fut telle que le duc d'Aumale déserta ses fonctions de grand maître et se retira à l'hôtel de Guise avec tous les siens. Sa retraite donnait tout à craindre. Le roi se fit remettre le rôle des suivants des deux rivaux, en réduisit le nombre et chassa de la ville ceux qui n'y étaient point domiciliés[63]. Le 28 novembre, il convoqua au Louvre tous les gentilshommes présents à Paris, et, dans une allocution solennelle, sans désigner personne, il leur commanda de restreindre leur suite à leur train ordinaire.... Les contrevenants, dit le roi, ceux qui prendraient les armes les uns contre les autres seront chastiés si vivement que l'on cognoistra que je veux estre aussi bien obéy en l'aage où je suis que si j'avois cinquante ans[64].

Cette allocution ne produisit pas plus d'effet que les innombrables ordonnances qui, depuis trois ans, s'entassaient dans les archives de la chancellerie. Le 31 décembre 1563, un nouveau crime faillit donner le signal de la guerre.

Parmi les capitaines de la maison du roi, aucun ne montrait plus de haine aux réformés que Jacques Prévost de Charry. Créature des Guises[65], il s'était si bien distingué par sa bravoure que Catherine le choisit pour le commandement de la garde du roi. Dès ce jour Charry parla un peu trop haut. D'Andelot était colonel général de l'infanterie. Charry refusait de lui obéir. Ils eurent de graves disputes à la cour, presque jusqu'à se défier. Charry bravoit toujours. Le 31 décembre 1563, entre 8 et 9 heures du matin, Charry, accompagné d'un capitaine et d'un soldat, allait prendre son service au Louvre, quand, en passant devant le pont Saint-Michel, il fut assailli par trois hommes d'armes, embusqués chez un armurier. L'un d'eux, Chastelier Portaut, se précipite sur Charry : Te souvient-il dutort que tu me tiens ? Mets la main à l'épée. Avant que Charry fut en garde, il reçut deux coups de pointe et un troisième que l'assassin lui tortilla par deux fois dans le corps. Charry tomba mort à côté de ses deux compagnons. Les assassins s'enfuirent par le faubourg Saint-Germain et sortirent de Paris avant que la nouvelle du crime arrivât au Louvre.

La reine était en conférence avec les Chastillons, et d'autres seigneurs. Avertie par un page, elle se tourna vers d'Andelot et son premier mouvement fut de l'accuser. La présence de l'un des assassins, nommé Constantin, semblait le compromettre. Il fit un peu la mine d'estre esmeu et répondit : Madame, Constantin estoit ast'heure icy et est entré dans la salle avec moy. Il feignit de l'appeler et l'envoya chercher par un archer. Coligny lui-même n'était pas moins compromis. Chastelier Portaut était de sa compagnie, son favori et son commensal. Le matin du crime, il avait eu avec son chef un entretien secret de deux heures. Devant ces charges, qui s'accumulaient de minute en minute, les Chastillons firent bonne mine, car de leur naturel, ils estoyent si posez que malaisément s'émouvoient-ils. L'un d'eux raconta à la reine, que, quatorze ans auparavant, en Italie, Charry avait eu une affaire d'honneur avec un des frères de Chastelier Portaut. La querelle, réglée depuis longtemps, était oubliée à la cour ; le parti des Chastillons s'efforçait de la réveiller pour justifier le meurtre de la veille. La reine affecta de se laisser tromper. Tous les courtisans l'imitèrent, mais chacun garda ses soupçons[66].

La régente avait décidé un grand voyage en France, qui dans sa pensée devait relever le prestige de la royauté au milieu des provinces les plus troublées par la guerre civile, en Provence, en Languedoc, en Guyenne et se terminer par une entrevue avec Philippe II à Bayonne. Elle avait besoin de paix, de tranquillité au moins apparente, et redoutait d'engager, même par une simple instruction judiciaire, un procès qui pourrait découvrir de trop puissants coupables. Le crédit des trois Chastillons ne fut même pas ébranlé par l'assassinat de Charry. Chaque soir, écrit Chantonay, quand les courtisans se retirent de la chambre de la reine, les Chastillons y demeurent jusqu'à ce qu'elle commence à se dévêtir. De là ils entrent à la chambre du roi et y restent jusqu'à ce que le roi se couche et que les rideaux soient tirés pour dormir[67]. Le roi combla de bienfaits les chefs du parti réformé. Condé reçut une assignation, de 50 mille écus sur le trésor de l'épargne ; Coligny, d'Andelot et La Rochefoucauld un don de 60 mille livres[68].

Mais il était dangereux de traiter avec la même indifférence l'assassinat du duc de Guise. Catherine imagina une combinaison qui, sans blesser personne, assurerait au roi trois ans de repos.

Quatre jours après la mort de Charry, le 4 janvier 1564, la duchesse de Guise présente une nouvelle requête. D'accord avec la reine, elle soumet au roi la querelle de ses fils contre Coligny et s'engage à reconnaître l'arrêt[69]. Le lendemain, au conseil privé, le roi déclare que l'affaire requiert le sage conseil d'un prince plus expérimenté et de plus grand âge que le sien et ajourne sa décision à trois ans[70]. Le même jour, Coligny et d'Andelot signent la promesse de n'attenter à la vie et honneur de MM. les ducs de Guise, d'Aumale, leurs frères, neveux et parents[71]. Les ducs de Guise et d'Aumale souscrivent le même engagement[72]. Le marquis d'Elbeuf, alors absent, signe quelques jours plus tard[73]. Satisfaite d'avoir assoupi une affaire aussi périlleuse, la reine mère pressa les apprêts du départ.

Catherine de Médicis comptait sur le temps, qu'un autre personnage, de race italienne comme elle, le cardinal Mazarin, mettait au premier rang de ses collaborateurs pour la résolution des affaires embarrassantes. Mais le temps ne lui rendit pas les services qu'elle attendait, La cour partit de Paris le 24 janvier 1564 et visita successivement les provinces de l'Est et du Midi. Au commencement de janvier 1565 elle était en Languedoc. Elle fut surprise à Carcassonne par de menaçantes nouvelles.

Le cardinal Charles de Lorraine était le prélat de France le plus haï des huguenots. La science, l'éloquence, dont il avait donné des preuves dans la lutte théologique avec Théodore de Bèze au colloque de Poissy, et plus tard au concile de Trente[74], son âpreté à l'intrigue avaient fait échouer leurs tentatives pacifiques, comme l'habileté du duc de Guise avait fait échouer leurs efforts militaires. En 1564 ils avaient contre lui de nouveaux griefs. Le cardinal avait cru deviner la jalousie de Condé contre Coligny. Armé de ce secret, il s'efforçait de détacher le prince de la faction huguenote[75]. Condé était veuf depuis le 23 juillet 1564. Au mois de décembre, le cardinal le visita à Soissons et lui proposa d'abandonner les réformés, les Montmorency, le parti des mécontents et d'épouser une des filles du duc de Guise. La charge de lieutenant général du royaume devait être le prix de cette évolution[76].

Condé refusa, mais la négociation s'ébruita. Coligny accourut à Chantilly. Vers la fin du mois de décembre, un jour de chasse, la maréchale de Montmorency lui donna rendez-vous dans les bois. L'amiral monta dans le coche de sa cousine et vint secrètement à Paris. Logé à l'hôtel de Montmorency, il eut des conférences avec le maréchal, le prince de Porcian et quelques capitaines du tiers parti[77]. Là, furent arrêtées de graves décisions pour humilier le plénipotentiaire mitré du parti catholique.

Après la négociation secrète de Soissons, le cardinal résolut de faire une entrée solennelle à Paris. Dans quel but ? on l'ignore. Peut-être obéissait-il simplement à un sentiment de vanité qui lui était ordinaire. Il partit de Soissons vers la fin de décembre (1564), s'arrêta à l'abbaye de Saint-Denis et y convoqua de nombreux amis de sa maison, les s. de Lignières, le dénonciateur de la conjuration d'Amboise, de Crenay, le compagnon du duc de Guise aux Vaslins et une foule d'autres. Une ordonnance royale toute récente, du 13 décembre 1564, défendait aux seigneurs de se montrer à Paris avec un cortège armé[78]. Le cardinal ne l'ignorait pas, mais il n'en tint compte ou se crut dans son droit, car il avait obtenu, quelques années auparavant, l'autorisation d'entretenir une garde de cinquante arquebusiers[79]. Le lundi 8 janvier 1565, il se préparait à paraître triomphalement à Paris. Le gouverneur de Paris, François de Montmorency, son ennemi, informé de ses desseins, lui signifia à Saint-Denis l'ordonnance du 13 décembre précédent. Le prélat méprisa le message, et, pour marquer sa supériorité sur les lieutenants de roi, refusa de communiquer son exemption au messager[80]. C'était un vrai défi. Le gouverneur se rendit au parlement à l'ouverture de l'audience et déclara à la cour qu'il ne comporteroit pas que le cardinal de Lorraine entrat à Paris avec sa garde d'harquebusiers[81].

Déjà l'orgueilleux Lorrain était aux portes de la ville. Sommé par un prévôt de faire déposer les armes à ses arquebusiers, il dédaigne de répondre. Les sergents de justice essaient de procéder au désarmement. Ils sont battus et mis en fuite. Le maréchal les rallie au Louvre et les renvoie au-devant du cardinal avec une compagnie de quinze arquebusiers. Les deux troupes se choquent dans la rue Saint-Denis et les gens du maréchal sont enfoncés. Montmorency accourt avec une nombreuse garde de l'une et de l'autre religion et rencontre le cortège au coin de la rue Saint-Honoré. D'après les récits officiel qu'il envoya au roi, il adresse une dernière sommation au cardinal ; les soldats du prélat y répondent par une arquebusade qui tue un des gentilshommes du prince de Porcian[82]. D'après les narrateurs du parti catholique, Montmorency, de prime abord, commande une décharge. Charles de Lorraine défend la riposte à ses gens. Le cortège se disperse et s'enfuit au galop. Le cardinal se réfugie avec ses neveux dans une boutique entrouverte. Un serviteur, en repoussant la porte, reçoit une arquebusade et tombe mort à ses pieds. L'ambassadeur espagnol raconte que Montmorency lui-même s'élance sur les fuyards, arrête de sa main un seigneur qui ressemblait au cardinal : Tu vas mourir, cardinal, meurs, dit-il. Et il le tue d'un coup de pistolet. Le jeune duc dé Guise, l'épée à la main, voulait continuer le combat. et charmait par son attitude martiale les partisans de sa maison. Il s'attaque au maréchal et Montmorency ne réussit à lui échapper qu'en se jetant à bas de son cheval[83].

La nuit venue, le cardinal sortit de sa retraite et se retira à l'hôtel de Cluny. Il y trouva le duc d'Aumale qui, averti de la mésaventure de son frère, était entré secrètement par la porte du Louvre. Les deux Lorrains passèrent la nuit dans l'angoisse. Le lendemain le cardinal communiqua au maréchal les lettres du roi qui l'autorisaient à avoir une garde. Que ne l'avait-il fait la veille Le mercredi, Il janvier, à deux heures du matin, les deux frères, en petit équipage, armés seulement de lanternes, se retirèrent à Meudon et bientôt le cardinal à Reims et le duc à Saint-Denis.

Après le combat, Montmorency se rendit au parlement et présenta les événements du jour comme une exécution de justice. La cour, en majorité composée de magistrats dévoués aux Lorrains, n'osa protester. Le premier président répondit que ce n'estoit rien.... mais qu'ils désiroient pour la continuation du repos.... qu'on n'en vint plus avant.... Christophe de Thou, s'il en avait eu le courage, aurait pu ajouter que le maréchal avait durement abusé de son droit ; Summum jus, summa injuria.

Le soir même, François de Montmorency écrivit à la reine, puis à Jeanne d'Albret, au duc de Montpensier, probablement à tous les princes, pour atténuer la gravité du combat[84]. Catherine fut consternée. Elle apprit bientôt que le duc d'Aumale, escorté de quelques aventuriers, faisait, aux environs de Paris, des courses plus dangereuses pour les bourgeois de l'Isle de France que pour le gouverneur de la province, que le maréchal avait massé autour de Paris les compagnies de Charles de Montmorency-Meru et de Coligny, que l'amiral lui-même était venu à Paris, le 22 janvier, que le maréchal avait tenu en sa présence un conseil de guerre[85], que le prince de Condé s'était rapproché de Paris et avait engagé aux portes de la ville une lutte où le prévôt avait été tué[86], que le duc d'Aumale se faisait le promoteur d'une ligue catholique destinée à combattre les huguenots[87]. Ces nouvelles aggravaient la situation au moment même où la paix était plus nécessaire à la reine, à la veille de son entrevue avec le roi d'Espagne. Catherine crut la guerre ouverte dans l'Isle de France. Son premier mouvement fut de l'empêcher de s'étendre en province[88], son second d'éloigner de Paris Condé et l'amiral[89]. Le prince désobéit et vint à Paris le 7 mai. Sa présence fut encore une fois là cause de quelques désordres[90]. Aussitôt le roi lui commanda de sortir de la ville, et, pour éviter tout conflit ou tout accord avec une population impressionnable et fanatique, il étendit la défense d'y entrer aux ducs de Guise, d'Aumale, de Nevers, à tous les chefs de l'une et de l'autre faction dont l'arrivée pouvait remuer le peuple[91].

Ces troubles, ces allées et venues en armes, qui sonnaient le tocsin de la guerre, rappelaient à la reine que l'assassinat du duc de Guise n'avait pas reçu de répression. On se querellait à la cour[92], on se battait dans les rues de Paris pour ou contre l'honneur de Coligny. Dans un pays, où les chefs arrivent si rapidement à incarner les principes, où les questions de personnes passionnent plus profondément les partis que les idées abstraites, catholiques et protestants faisaient bon marché de leurs disputes religieuses et se partageaient entre accusateurs et défenseurs de l'amiral. Le procès ne pouvait rester éternellement en suspens et servir éternellement de plate-forme à la lutte. Des trois années de délai que le roi avait imposées aux demandeurs par son arrêt du 5 janvier 1564, lés deux premières touchaient à leur fin. Catherine résolut d'utiliser la troisième à rendre un arrêt définitif et à le faire accepter par les deux maisons ennemies.

Après avoir visité la Provence, le Languedoc, la Guyenne, après l'entrevue de Bayonne, la cour avait lentement traversé les Landes, l'Angoumois, le Poitou, l'Anjou, la Touraine, le Berry et était arrivée le 22 décembre à Moulins[93]. C'est là qu'allait se jouer la comédie dont la reine espérait tirer un dénouement si avantageux à sa politique.

Le roi convoqua à Moulins les Guises et les Coligny, et, le 7 janvier 1566, il édicta un règlement minutieux sur l'ordre qui devait être gardé pendant le séjour de la cour[94] ; défense aux seigneurs calvinistes de célébrer les cérémonies de leur culte, de s'armer, de s'entourer de gardes, etc. La sévérité de ces ordres souleva quelques soupçons. Soubise craignait que la reine mère eut attiré ses compagnons d'armes dans un piège[95]. Il connaissait bien peu la politique de la reine à cette date. L'amiral arriva le premier au rendez-vous[96]. Le cardinal de Lorraine entra à Moulins le 11 janvier escorté d'une foule de seigneurs que la reine mère avait envoyés au devant de lui, le duc de Montpensier et son fils, le prince de Condé et son fils, le maréchal de Bourdillon, le duc de Longueville et d'autres. Le roi et la reine le reçurent avec tout l'honneur qu'il eut su désirer[97]. La duchesse de Guise était à la cour ; le jeune duc ne vint pas[98].

Aussitôt commencèrent de sourdes intrigues. Le connétable tenait résolument le parti de son neveu de Coligny. En crédit auprès du roi et de la reine, plus qu'on ne le croyait à la cour[99], il ne cessait de rappeler son dévouement éprouvé sous quatre rois et de l'opposer à la courtisanerie récente de ces petits princes lorrains, qui n'avaient pris du service en France que pour exploiter les faveurs royales. Les Guises étaient puissants, peut-être plus puissants que le connétable, à cause de l'appui que prêtait à leur cause l'unanimité des catholiques, mais ils n'étaient pas absolument d'accord entre eux. Les ducs d'Aumale et d'Elbeuf, esclaves de leur propre fortune, avaient des ambitions étrangères et souvent même opposées aux intérêts du chef de leur maison. Le cardinal de Lorraine travaillait à se rapprocher du prince de Condé par haine des Montmorency. Au milieu de ces menées, la reine mère, fidèle à son système, flattait les uns et les autres et s'efforçait de convaincre chaque seigneur qu'elle était de cœur avec lui. L'ambassadeur d'Espagne, qui se croyait tout puissant à la cour depuis l'entrevue. de Bayonne, blâmait très haut les tergiversations de la reine. Un jour il l'accusa de diviser pour régner. Catherine lui répondit que le désir d'éviter la guerre était le secret de sa politique, et, comme l'ambassadeur citait les faveurs accordées à l'amiral, elle se mit, dit-il, à me rire au nez d'une manière telle qu'il me sembla qu'elle traitait de sottise ce que je lui disais. Blessé de la raillerie, Francès de Alava répondit aigrement. Catherine riposta plus aigrement encore qu'elle connaissait mieux qu'un étranger les affaires de sa maison[100].

Le lendemain de l'arrivée du cardinal de Lorraine, après dîner, le roi tint un grand conseil. Tous les seigneurs étaient présents, excepté le chancelier de l'Hospital, qui le matin avait pris médecine. La reine parla la première, et, dans un discours étudié, représenta au cardinal que on ne pouvoit pourvoir aux affaires du royaume ni au repos public des sujets d'iceluy, que, premièrement, on n'eut apaisé les querelles particulières, et qu'il y en avoit deux principales qui le concernoient ; l'une en sa propre personne contre le maréchal de Montmorency, l'autre pour l'homicide commis en la personne de feu M. de Guise, que le roy et elle et toute la compagnie le prioient d'adviser de leur estre aydant à trouver quelque moyen d'en faire bon accord.... Ce discours était habile. Il élevait le cardinal à la dignité d'arbitre ; il soumettait à sa décision la question de la paix et de la guerre. La comparaison de l'assassinat de Guise avec l'échauffourée du 8 janvier n'était pas moins flatteuse. Quelle importance la reine attribuait-elle au cardinal puisqu'elle comparait l'attaque de Montmorency, une simple offense, avec le crime de Poltrot, un forfait qui avait décapité le parti catholique.

A ce début, bien propre à caresser l'amour-propre du cardinal, la reine mère ajouta l'énumération des moyens de défense de l'amiral. Coligny se soumettait à toute bonne raison ; il proposait de jurer qu'il n'est aucunement coupable de cet homicide ; il vouait le coupable aux gémonies ; il appelait ses accusateurs en champ clos. La démonstration de l'amiral n'était pas péremptoire ; moins de protestations et plus d'arguments eussent mieux démontré son innocence ; il demandait à être jugé, mais par des juges de son choix ; il n'offrait réellement que son serment et son démenti l'épée à la main.

Le cardinal de Lorraine répondit à la reine que tels accords ne se jetoient au moule, que sa dignité ecclésiastique lui défendait de tirer l'épée, qu'il subirait les volontés du roi relativement à Coligny, mais que, si le châtiment des coupables était refusé à la mémoire du chef de sa maison, avec le temps, tels accords, dit-il, ne garderoient point que mes frères et nepveux et, à faulte d'eux, ceulx qui m'attouchent de quelque parenté, ne fissent mourir l'admiral. Ce discours donnait tout à craindre. Il contenait en germe de sanglantes luttes, des représailles acharnées, le massacre de la Saint-Barthélemy, toutes les horreurs de la guerre civile. La querelle était plus menaçante que la reine ne l'avait jugée puisque l'hostilité des deux maisons résistait aux tentatives les plus conciliantes. Le roi décida que le duc de Guise ne serait convoqué à la cour qu'après le prononcé de l'arrêt, que la duchesse de Guise enverrait chercher à Paris les pièces du procès, et prit délai jusqu'aux fêtes de Pâques (14 avril) pour étudier le dossier. La reine mère espérait que trois mois lui suffiraient pour nouer un accord définitif[101].

Après cette déclaration le roi leva la séance et rentra dans son cabinet. Il commanda immédiatement certaines mesures de prudence ; il renouvela l'acte d'évocation au conseil privé[102] ; il défendit aux deux parties de se provoquer, insulter, ne mesdire de faict ni de parole... et à ceste fin les met et baille en garde les ungs aux autres[103]... Il fit signer cet engagement par le cardinal de Lorraine et la duchesse de Guise[104], et par Coligny[105]. Le duc d'Aumale et François d'Andelot étaient absents ; le roi leur envoya un messager et exigea leur assentiment sans réserve[106].

L'affaire devait être solennellement plaidée. Le cardinal de Lorraine et la duchesse de Guise se préparaient à présenter les témoignages qu'ils avaient rassemblés et s'efforçaient d'en trouver de nouveaux. Ils obtinrent un répit pour la production des pièces[107]. L'amiral se tenait sur la réserve, ne faisait aucune recherche et gardait l'attitude d'un innocent injustement poursuivi. La cour s'attendait à des enquêtes, contre enquêtes, citations et dépositions de témoins, interrogatoires de l'accusé, aux incidents d'instruction que la procédure du XVIe siècle, plus verbeuse encore que la nôtre, entassait dans les instances criminelles.

Tout d'un coup le roi changea de dessein. Au lieu d'apporter à l'information la lenteur et le soin que comportait un si grave débat, il brusqua la solution[108]. Le délai accordé aux plaignants fut supprimé et la duchesse sommée de produire sur l'heure les pièces dont elle entendait se servir. La duchesse obéit et le roi lui répondit, le 17 janvier, que l'instruction était close[109]. Quel intérêt avait la reine à abréger le délai de trois mois ? Avait-elle été frappée des dangers qu'une longue instance pouvait faire courir à la paix publique et prétendait-elle remplacer par un jugement précipité, par une mesure incomplète sans doute, mais immédiate, une solution judiciaire qu'aucune puissance humaine n'aurait la force de maintenir ?

Après l'arrêt du 17 janvier, le procès pouvait être considéré comme jugé. En vain la duchesse de Guise souleva un interlocutoire pour gagner du temps. Elle demanda au roi l'autorisation de poursuivre devant le Parlement les auteurs du meurtre sans les désigner[110]. La compétence de la cour de Paris avait été plusieurs fois repoussée et tout récemment par l'acte d'évocation du 12 janvier. Le roi répondit le 26 janvier par un arrêt qui réservait l'affaire à son conseil[111].

Trois jours après, le 29 janvier, le roi réunit le conseil privé. Étaient présents : Henri de Valois, duc d'Anjou, plus tard Henri III, le cardinal Charles de Bourbon, le prince de Condé, le duc de Montpensier et son fils, les ducs de Longueville et de Nevers, le connétable de Montmorency, le chancelier de l'Hospital, les maréchaux de Vieilleville et de Bourdillon, Jean de Morvilliers, évêque d'Orléans, et Jean de Monluc, évêque de Valence, Antoine de Crussol d'Uzès, Artus de Cossé Gonnor, Sébastien de l'Aubespine, évêque de Limoges, Louis de Saint-Gelais Lansac, le s. de Chaulnes, le baron Escalin de La Garde, Christophe de Thou et Pierre Seguier, du parlement de Paris, Claude de l'Aubespine, secrétaire d'État, Jacques du Maur, abbé de la Cazedieu, Baptiste du Mesnil, avocat général au Parlement de Paris[112], et plusieurs autres[113]. Sur cette longue liste ne figure aucun magistrat indépendant. Le duc d'Anjou était un enfant de quatorze ans ; le cardinal de Bourbon, le duc de Montpensier et son fils, les ducs de Longueville et de Nevers, les maréchaux de Vieilleville et de Bourdillon, dépendaient trop directement du roi pour conserver leur liberté. Condé était protestant ; le connétable et le chancelier, du tiers parti. Les autres étaient des agents de la reine mère. Les trois membres du parlement auraient pu éclairer leurs collègues, mais ils manquaient de cette fermeté qui porte un juge à rendre des arrêts plutôt que des services.

Le chancelier donna lecture des actes de la procédure depuis la requête présentée par la duchesse de Guise le 26 septembre 1563, et Coligny fut introduit. Interrogé par le roi, il affirma et déclara devant Sa Majesté comme devant Dieu qu'il n'avoit faict ni faict faire ni approuvé ledit homicide.

Les parties furent admises à exercer leur droit de récusation. Le représentant de la duchesse de Guise[114], probablement l'avocat Versoris, récusa le connétable, le chancelier, plusieurs autres conseillers, et enfin le prince de Condé, qui, malgré une maladie grave, s'était fait porter dans la chambre du conseil. Coligny, plus fier et plus habile, ne récusa personne. L'avocat général, Baptiste du Mesnil, prit la parole et requit l'acquittement de l'amiral. Puis commença le défilé des votes individuels. Le premier président du Parlement de Paris, Christophe de Thou, engagé par ses déclarations précédentes, exposa timidement qu'il ne trouvait rien dans le procès de l'amiral qui permit de le proclamer innocent et conseilla d'instruire l'accusation. Dix-neuf conseillers, princes, seigneurs ou magistrats, inféodés à la politique de la reine, se prononcèrent pour l'acquittement., Le maréchal de Bourdillon dit que les questions de droit lui étaient étrangères et supplia le roi de le dispenser de rendre un arrêt, prétexte mal fondé mais ingénieux dans la bouche d'un vieux capitaine. Le duc de Nemours allégua l'amitié qu'il professait pour M. de Guise et toute sa maison[115] afin de ne point opiner. Le cardinal de Bourbon et le duc de Montpensier représentèrent qu'ils chargeraient leurs consciences en adoptant les conclusions des autres juges et demandèrent au roi l'autorisation de s'excuser. En résumé, dit l'ambassadeur d'Espagne, le seul narrateur de cette audience mémorable, sur 24 conseillers présents, 19 s'étaient prononcés pour l'acquittement, un pour l'instruction judiciaire, quatre s'étaient récusés[116]. Le chancelier compta les voix et le roi déclara l'amiral purgé et deschargé et innocent du fait dud. homicide et commanda aux parties de vivre en amitié sous son obéissance, sous peine de crime de lèse-majesté[117].

Restait à imposer une obéissance au moins apparente aux parties. Le roi et la reine firent venir la duchesse de Guise, et, dans le cours d'une longue conférence, mêlée de caresses et de menaces, ils s'efforcèrent d'obtenir sou assentiment sans réserves à l'arrêt du 29 janvier. Mais en vain ils la pressèrent ; la duchesse, sous les dehors d'une femme faible, cachait une force de résistance invincible. Le roi et la reine, dit Alava, ne parvinrent qu'à la faire pleurer. Elle supplia le roi de se contenter de sa soumission sans lui imposer, pour l'avenir, d'engagements au sujet de la vengeance que réclamait un si grand crime. Le cardinal de Lorraine se montra aussi ferme. Un jour, la reine le rencontra dans un jardin. Sur votre vie, lui dit-elle, prenez en bonne part ce qui s'est fait en voyant que cela nous convient ainsi, et avec le temps vous verrez des choses qui vous satisferont beaucoup. Le cardinal répliqua sèchement qu'il n'avait pas à s'expliquer sur l'arrêt, mais qu'il devait à la mémoire de son frère d'informer les souverains catholiques de la partialité des juges, et des dangers qu'elle faisait courir à la foi orthodoxe en France. Cette allusion à l'intervention de Philippe II en France, troubla la reine. Vous ne devez point faire une telle démarche, dit-elle. Le cardinal insista et présenta des excuses qui laissèrent la reine sans réponse[118].

Coligny se montra de plus facile composition ; il n'avait pas grand mérite puisque le roi était son défenseur. Le roi l'appela dans son cabinet avec la duchesse de Guise et le cardinal ; il leur commanda de sacrifier leurs ressentiments à sa volonté et de vivre ensemble pacifiquement, en serviteurs fidèles, sinon en amis, à la suite de la cour. Le cardinal de Lorraine répondit qu'il obéirait toujours aux ordres de son maitre. Coligny remercia Dieu et le roi d'avoir fait éclater son innocence, et ajouta qu'il avait toujours ouy dire que la cause pour laquelle le cardinal de Lorraine et les siens luy vouloient mal, c'estoit qu'ils avoient opinion qu'il fut cause de la mort de M. de Guise ; que maintenant le contraire leur apparaissoit ; et que, s'il pouvoit prendre seureté qu'ils eussent perdu leur mauvaise volonté et qu'ils ne luy voulussent plus de mal, il leur voudroit faire service[119].

Coligny avait été accusé et acquitté ; il n'avait pas été jugé. C'est le sort des crimes politiques d'être réprimés, amnistiés ou glorifiés au nom de la politique. Quelquefois même, suivant les passions dominantes, ils passent par ces trois phases et sont glorifiés après avoir été justement punis. Qui de nous n'a vu les plus odieux forfaits qualifiés d'actes héroïques ? Cependant l'assassinat du duc de Guise ne trouva d'apologistes que chez les plus fanatiques chansonniers du temps[120]. Parmi les historiens, les mémorialistes, les pamphlétaires même du parti réformé (et les bibliophiles seuls en connaissent le nombre) pas un écrivain n'a tenté la justification de Poltrot de Méré.

L'innocence ou la culpabilité de l'amiral Coligny est une de ces questions obscures qui rallument périodiquement d'ardentes querelles historiques. Beaucoup de démonstrations ont été tentées ; beaucoup d'autres le seront encore sans éclaircir le mystère[121]. Il est certain que l'innocence n'est pas évidente, mais la culpabilité n'est pas prouvée. Coligny est accusé par certaines circonstances ; il n'est convaincu par aucune. Dans le doute, aux termes du droit criminel, s'impose l'acquittement de l'inculpé. Le grand de Thou ne se prononça pas[122]. Estienne Pasquier, témoin intègre et sérieux, Brantome, courtisan sagace et pénétrant, tous deux catholiques modérés, hommes d'esprit et très bien informés, ont rendu peut-être un arrêt sans appel. — Pasquier : Il (l'amiral) n'advoue pas franchement avoir consenty à ceste mort, mais aussy s'en défend-il si froidement que ceux qui luy veulent du bien souhaiteroient ou que du tout il se fust teu ou qu'il se fust mieux défendu[123]. — Brantome : Un mot luy (à l'amiral) nuisit fort, quand il disoit souvent : Je n'en suis l'autheur nullement et ne l'ay point faict faire et pour beaucoup ne le voudrois avoir faict faire ; mais je suis pourtant fort aise de sa mort. Et ailleurs : Pour fin, jamais ne se peut-il tant purger qu'il n'en fust fort accusé et soupconné. Et Brantome ajoute avec un sens rare .... ce qui luy cousta la vie par amprès[124]. Allusion transparente au massacre de la Saint-Barthélemy.

Dans la préparation d'un crime, il y a un genre de complicité que les juges ne peuvent peser, c'est la complicité par suggestion. Coligny avait une immense autorité sur les soldats. Ce n'était pas du dévouement, c'était du fanatisme qu'il inspirait à ses fidèles. De son propre aveu il avait dit et probablement souvent répété que le duc de Guise était le plus redoutable adversaire du parti réformé et que le hardi soldat qui le frapperait de mort serait un héros. Quel effet devaient faire de telles excitations, tombant de la bouche d'un chef vénéré, sur une âme mystique, peu clairvoyante, sans discernement du bien ou du mal, mais animée du plus grand courage et passionnée pour les entreprises extraordinaires. De l'excitation à l'exhortation il y a peu de distance. Un esprit faible peut confondre ces nuances. Depuis le commencement de la guerre, Poltrot disait qu'il assassinerait le duc de Guise[125]. S'il est vrai qu'il eut ce dessein, les anathèmes de Coligny contre l'ennemi commun devaient lui paraître des encouragements venus du ciel à faire la chose la plus belle qui fust oncques faite[126].

Le jeune Henri de Lorraine, duc de Guise, n'était pas venu à Moulins. Son absence était préméditée. Prévoyant que le roi forcerait la main à son oncle et à sa mère, il se réservait et gardait le droit, suivant les circonstances, d'accepter ou de repousser la réconciliation des deux maisons. Le roi avait décidé que tous les Guises souscriraient les mêmes engagements. Mais divers événements retardèrent cette conclusion. Le 5 mai 1566, le duc de Nemours épousa la duchesse de Guise au mépris des serments jurés à Françoise de Rohan, qui lui avait donné un fils[127]. Françoise de Rohan était protestante et cousine-germaine de Jeanne d'Albret. Ses droits et la félonie de Nemours avaient passionné la cour en sens clivera et avivé la haine qui divisait les deux partis. L'occasion n'était pas favorable à la reprise des négociations de Moulins. L'affaire fut ajournée. Catherine n'avait que trop de dispositions à attendre. Mais, au mois de mai 1566, elle fut bien inspirée.

Au mois de juillet le duc de Guise partit pour la Hongrie avec une foule de gentilshommes français. Soliman s'avançait avec une armée de quatre-vingt mille hommes. Incapable de lui tenir tête, l'empereur Maximilien reculait à chaque marche des Turcs. Heureusement pour le Saint Empire, Soliman mourut d'une attaque d'apoplexie. L'hiver approchait. Le nouveau sultan, Selim, rentra à Constantinople et le duc de Guise en Franco au commencement de 1567.

Son retour fut fêté par le parti catholique comme le retour d'un héros. Bien qu'il n'eût guère remporté que des succès personnels à la cour de Vienne, ses partisans feignirent de croire qu'il avait repoussé les Turcs. On publia des récits, des mémoires où le fils de François de Lorraine était représenté en sauveur de la Chrétienté[128]. Les souvenirs du moyen-âge donnaient au jeune prince l'auréole d'un croisé. Catherine sentit qu'elle devait compter avec le nouveau chef du parti catholique. Le roi s'efforça de lui inspirer des sentiments pacifiques à l'égard des ennemis de son père. La paix, toujours précaire, régnait en France, mais la moindre étincelle pouvait rallumer la guerre. Vous ne voudriez, écrit le roi, estre cause de la ruyne de mon royaume, laquelle dépend de l'accord d'entre vous et M. l'admiral[129].... Cette lettre plongea le duc de Guise dans une profonde perplexité. Il manquait de conseils. Son beau-père, le duc de Nemours, était un exalté ; son oncle, le duc d'Aumale, un soldat borné ; tous les cieux incapables de le guider ; le cardinal de Lorraine, un conseiller habile, mais prisonnier de ses propres intrigues. Il s'adressa à Louis de Gonzague, duc de Nevers, personnage modéré, fidèle au roi et très circonspect. Nevers lui répondit que, s'il voulait s'en tenir au contrat de Moulins, il fallait expliquer sa conduite, afin que la Chrétienté ne pensat pas, dit-il, que eussiez le tueur si lasche que de endurer telle injure. Si, au contraire, le duc de Guise croyait à la complicité de l'amiral, j'estimerois, écrit Nevers, bien difficile que l'on peult embrasser un tel personnage et, de mesme, que l'on n'en feist la vengeance ou se mettre en devoir de le faire[130]. Ces deux alternatives laissaient le jeune Guise dans le même embarras.

La seconde guerre civile (septembre 1567) le dispensa de prendre une décision. La paix fut signée le 25 mars 1568, mais l'abîme se creusait tous les jours davantage entre les deux partis. L'amiral ne venait plus à la cour, même dans les intervalles de tranquillité relative que les historiens décorent du nom de paix de Longjumeau. Retiré à Chastillon, entouré de gentilshommes plus ardents que lui, il attendait, il espérait, il pressait l'heure de reprendre les hostilités. Survinrent la troisième guerre civile, les batailles de Jarnac et de Moncontour. La reine ne pouvait commander au duc de Guise, à un de ses plus fidèles serviteurs, de sacrifier sa vengeance, de se réconcilier- avec le chef des ennemis du roi, de signer avec celui qu'il considérait comme le meurtrier de son père une paix que le roi lui-même ne pouvait obtenir. La fortune de la guerre pouvait amener ces deux seigneurs en face l'un de l'autre sur le champ de bataille et la querelle des deux maisons se dénouer par les armes. L'hypothèse ne déplaisait pas à l'esprit aventureux de la reine mère.

Ce ne fut qu'après le traité de Saint-Germain (8 août 1570) que les pourparlers entre les maisons de Lorraine et de Chastillon furent sérieusement repris.. Le roi liait le succès de la réconciliation à un traité encore plus important, celui d'une paix générale et durable avec les réformés, dont le mariage du prince du Béarn avec Marguerite de Valois, la sœur du roi, devait être le gage. François de Montmorency, le chef des Politiques, avait proposé cette union, et le maréchal de Cossé s'employait activement à la faire réussir. De longues négociations, traversées par les hésitations des intéressés, retardèrent la conclusion. Enfin le mariage fut arrêté et Coligny invité à revenir à la cour.

Un secrétaire d'État, Claude Pinart, homme lige de la reine mère, nanti de pouvoirs illimités, s'était mis en campagne en faveur de l'appointement des deux maisons rivales. Avec une fertilité d'esprit digue de plus de succès, il rédigeait projets sur projets et multipliait les correspondances avec le duc de Guise. Un gentilhomme, François de Casillac de Cessac, était le porte parole de Pinart auprès du chef des catholiques. Mais le premier élément de toute convention, la sincérité, la bonne foi manquait à l'une des parties. Le duc de Guise n'était pas décidé à capituler, même devant les ordres du roi. Il cherchait, il trouvait des prétextes pour ne rien signer et se dérobait habilement quand il n'avait plus de prétextes. Michel de la Huguerye, secrétaire de François de Bricquemault, tenait l'amiral au courant des péripéties. Coligny était à Chastillon. Sans crainte sur sa destinée et pressentant que le retour de son crédit était proche, il ne montrait ni empressement ni mauvaise volonté. Il ne recula jamais de sa part de dire, écrit la Huguerye, qu'encore que les armes luy eussent acquis ce droit, pratiqué de tout temps entre ennemys, de se servir de tous moyens pour parvenir à une victoire, si est-ce qu'il ne l'a jamais pratiqué et ne le vouldroit avoir jamays faict ni faict faire[131]. Remarquons la gravité de cette déclaration. Si l'on doit prendre au pied de la lettre le récit de la Huguerye, l'amiral affirme qu'il avait le droit de faire assassiner le duc de Guise, mais qu'il ne l'a fait ni fait faire.

Lassé des subterfuges de son ennemi, Coligny se mit en route pour Blois. Aussitôt le duc de Guise quitta la cour[132]. L'amiral entra à Blois le 12 septembre 1571 et reçut du roi, de la reine, des ducs d'Anjou et d'Alençon, l'accueil le plus flatteur. Le roi lui donna 200 mille livres par une traite sur Lyon, 50 mille livres sur l'arriéré de ses appointements et une pension de 20 mille. On lui fait tant de régal, écrit l'ambassadeur d'Espagne, on lui accorde tant de faveurs qu'il semble vraiment qu'on veuille lui créer des engagements. Du moins il y a de quoi le soupçonner[133]. L'amiral répondait à ces avances par une raideur inflexible. Il entra un jour dans la chambre de la reine sans demander audience. Un prêtre disait la messe. Il s'accouda sur un bahut, le chapeau sur la tête, sans se découvrir, même à l'élévation. Après la cérémonie la reine lui dit en riant : Vous êtes attentif à notre messe. — Madame, répondit-il, la messe ne me fait point de mal. Cette réponse, dictée par l'indifférence, fut autrement interprétée, et, à quelques jours de là, le roi l'invita à assister à sa messe. Il y alla et affecta, pendant là durée de l'office, de rester couvert comme pour braver les catholiques[134].

Malgré ces rudesses, malgré le refus de rendre la Rochelle au roi[135], Coligny, logé au château, prit rapidement de l'influence sur l'esprit de Charles IX. Il assistait à tous les conseils et les présida plusieurs fois en l'absence du roi. Alors commence la plus belle partie de sa vie, celle qu'il faut louer sans réserve, celle qui l'élève au rang des plus grands politiques. Averti par le spectacle des passions qui s'enflammaient au moindre incident, il avait reconnu que le maintien de la paix intérieure était impossible, à moins d'offrir un puissant dérivatif aux sectaires, aux capitaines, aux soldats qui ne pouvaient vivre que les armes à la main. Les Flandres, en 1572, frémissaient sous la domination de Philippe II. Plusieurs tentatives de révolte avaient été noyées dans le sang, mais le feu couvait sous la cendre, et il paraissait évident que la moindre intervention française serait la ruine des armées espagnoles. Rejeter sur les Flandres, prêtes à se soulever, cette tourbe de gens de guerre sans emploi, los détourner de leurs querelles religieuses, de leurs rancunes passionnées par une campagne patriotique entre toutes, était un dessein de génie qui sauvait la France et doublait ses richesses[136].

Le roi hésitait à rompre sans motifs avec son fidèle allié d'Espagne. La reine qui ne comprenait les œuvres de la grande politique que pour faire monter ses enfants sur des trônes étrangers[137], hésitait plus encore que son fils. Avant de s'engager dans une campagne aventureuse, qui pouvait aussi bien mener la dynastie des Valois à une victoire, comme celle de Cérisoles, qu'à un désastre, comme celui de Saint-Quentin, le roi voulut mettre fin à la querelle de Guise et de Coligny.

Le prince lorrain ne respirait que la vengeance. Le roi lui commanda de venir à Blois et de se réconcilier avec son rival[138]. Le duc ne vint pas. Il arma ses partisans pour surprendre l'amiral. Celui-ci, retiré à Chastillon, arma les siens, et chaque parti se tint sur ses gardes[139]. Guise continuait à bouder loin de la cour et guettait son ennemi[140]. Le 14 janvier 1572, il demanda au roi, de concert avec son oncle, le duc d'Aumale, et son frère, le marquis du Maine[141], ou l'autorisation de provoquer Coligny en duel, en chemise, l'épée au poing ou celle de faire appel à l'arbitrage d'un conseil composé des frères du roi et des maréchaux de France[142]. La demande était peu réfléchie. Une rencontre entre un jeune homme alerte de 21 ans et un vieux capitaine de 55 ans[143], perclus de goutte, n'avait rien de chevaleresque. Quant à l'arbitrage, il impliquait la nullité de l'arrêt de Moulins, et le roi ne pouvait désavouer un de ses actes judiciaires les plus importants.

Cependant l'ambition de régner sur les Flandres, le pays le plus riche de l'Europe au XVIe siècle, mordait le cœur du roi. Il autorisa secrètement un corps de volontaires à franchir la frontière, et les villes de Mons et de Valenciennes furent prises sans coup férir. Il fit des armements considérables ; il signa un traité avec la reine d'Angleterre. Avant de se mettre en campagne, il fallait en finir avec les Guises. Le 27 mars 1572, il déclara par lettres closes que l'honneur de la veuve et des enfants du duc de Guise n'était point attaché aux poursuites dirigées contre Coligny[144]. La déclaration était sans portée ; la. veuve et les enfants de Guise auraient pu répondre qu'ils étaient seuls juges de leur honneur. Le 1er mai il confirma les dispositions de l'arrêt de Moulins[145] et chargea un seigneur de la cour, Gaspard de la Chastre de Nançay, de signifier aux deux parties la défense de se poursuivre mutuellement. Nançay se mit en route le 6 mai et visita d'abord les Guises à Reims, puis Coligny à Chastillon. Les ordres du roi étaient si formels que personne n'osa résister ouvertement[146]. Mais avant de signer, les Guises essayèrent. d'un subterfuge qui leur avait réussi à Moulins. A la première nouvelle de l'arrêt du 1er mai, le marquis du Maine, frère cadet du duc de Guise, partit précipitamment pour l'Italie sans prendre l'autorisation du roi. Aussitôt le roi -se plaignit au cardinal de Lorraine de la désobéissance de son neveu et expédia au duc de Nemours, à Lyon, un courrier chargé de retenir le voyageur[147]. Celui-ci n'était pas éloigné et rebroussa chemin.

Quelques jours après, Nançay rapporta au roi une série de pièces qui semblaient clore le débat : les procès-verbaux de la signification du mandement du premier mai aux princes de la maison de Lorraine, à Coligny et au cardinal de Lorraine[148], et enfin l'acte d'assentiment des Guises à l'arrêt de Moulins.

Nous, enffans, frères et nepveus de feu Monsieur le duc de Guise, soubsignés, certifions que l'arrest donné par le roy en son conseil privé à Moulins, le xxive jour de janvier mil-cinq-cent-soixante-six, sur le malheureux acte advenu de la mort dudict deffunct, nostre pèrè, frère et oncle, à la descharge de Monsieur l'admiral, nous a esté ce jourd'huy signiffié, et semblablement la déclaration de Sa Majesté pour l'observation d'icelluy, faicte à Bloys, estant en son dit conseil privé, le xxviie jour de mars passé ; et de tout baillé copie, signée Pinart ; et ce par le sieur de Nançay, chevalier de l'ordre et cappitayne des gardes de sa dicte Majesté. A laquelle promettons de jamais ne contrevenir aux-dits arrest et déclaration, directement ou indirectement, sur les peines y contenus. En tesmoing de ce, nous avons signé ces présentes de nos mains et fait sceller des cachets de nos armes. A Reims le douziesme jour de may, l'an mil-cinq-cent soixante-douze[149].

C. car. de Lorraine. — Henry de Lorraine. — Claude de Lorraine. — Charles de Lorraine. — Loys de Lorraine. — Charles de Lorraine[150].

Le roi montra sa satisfaction ce la cour, aux ambassadeurs étrangers, à ses propres représentants[151]. Il feignait de croire, il croyait peut-être en effet que la paix était assurée. D'un côté la guerre des Flandres détournait sur l'Espagnol les passions religieuses ; de l'autre le mariage du prince de Navarre avec Marguerite de Valois était un gage pacifique assez important pour assurer la paix. Le roi pouvait se faire illusion de bonne foi. Mais les témoins clairvoyants ne s'abusaient pas. Le duc de Guise et l'amiral revinrent à la cour, le premier au mois de mai, le second au mois de juin, et, dès les premiers jours, leur attitude réciproque permit de prévoir l'avenir. Le 21 juin 1572, l'ambassadeur du duc de Savoie écrit à son maître : L'amiral et le duc de Guise se voient, mais ne se parlent pas ; l'amiral se trouble de ce qu'il lui semble que Monsieur, frère du roy, porte le duc de Guise. Tout n'est pas encore bien rapaisé[152].

 

 

 



[1] Jacques-Auguste de Thou, le plus grand des historiens français s'il eut écrit dans sa langue, était le troisième fils du premier président Christophe de Thou.

[2] Novembre 1560. Voyez Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret, t. II, chap. X.

[3] Toutes ces lettres de de Thou sont publiées aux Pièces justificatives.

[4] Nous ne mentionnons que pour mémoire un article, très Ingénieux mais sans fondement, de M. Marcks (Bulletin de la Soc. du Prot. français, 1891. p. 144) aux termes duquel ce serait peut-être Catherine de Médicis qui aurait armé le bras de l'assassin. Cependant une note de l'ambassadeur d'Angleterre rapporte que ce bruit courait dans le camp des réformés. (Calendars, 1563, p. 162).

[5] Soubise, dans ses Mémoires, repousse l'accusation en termes vraisemblables et donne des détails sur les antécédents de Poltrot. (Mémoires de Soubise, publiés par M. Bonnet, 1870, p. 70).

[6] Théodore de Bèze est le plus incriminé de tous (lettre de l'ambassadeur d'Angleterre citée dans l'avant-dernière note ; — lettre de Barbaro du 2 mars ; — lettre de Chantonay du 2 mars. — Nous avons cité ces documents plus haut).

[7] Lettre de Chantonay au roi d'Espagne, 22 avril 1563 (orig. espagnol ; Arch. nat., K. 1490, n° 56).

[8] Lettre de Barbaro du 2 mars 1563, citée plus haut. — Lettre de Chantonay du 2 mars (id.).

[9] Lettre de Chantonay du 22 et du 24 février 1563 au roi d'Espagne (orig. espagnol ; Arch. nat., K. 1500, n° 50). Voyez Jeanne d'Albret et la guerre civile, t. I, p. 389.

[10] Ces arrêts sont imprimés dans les Mémoires de Condé, t. IV, p. 230.

[11] Discours sur l'examen de Poltrot déjà cité.

[12] Cette pièce, datée du 24 janvier 1562 (1563), est imprimée dans les Mémoires de Condé, t. IV, p. 205.

[13] Le prince de Navarre, Henri de Béarn, était élevé, presque retenu prisonnier, à la cour de France.

[14] Lettre de Robertet au duc de Nemours, 4 février 1562 (1563). (Orig., f. fr., vol. 3180, f. 51).

[15] Lettre de Coligny à la reine, Caen, 12 mars 1562 (1563), imprimée avec la réponse de Coligny.

[16] Coligny avait déjà reçu, le 28 février, une lettre de d'Andelot qui lui annonçait la mort du duc de Guise. (Calendars, 1563, p. 170).

[17] L'original est conservé dans le f. fr., vol. 6610, f. 13.

[18] Réponse à l'interrogatoire fait à Jean Poltrot sur la mort du duc de Guise, Caen, 12 mars 1562 (1563). Pièce très souvent imprimée. (Du Bouchet, Hist. de la maison de Coligny, in-fol., p. 523. — Mémoires de Condé, t. IV, p. 285. — Hist. ecclés., 1881. t. I, p. 638). Cette réponse avait paru pour la première fois en 1563, in-4°, puis dans les petits Mémoires de Condé, 1565, t. II, p. 725.

[19] Lettre de l'amiral à la reine en lui envoyant la protestation ci-dessus, 12 mars 1562 (1563) ; Mémoires de Condé, t. IV, p. 303. Cette lettre est toujours publiée avec la protestation. (Voyez la note précédente).

[20] Voyez la lettre de Jeanne d'Albret que nous avons publiée dans Jeanne d'Albret et la guerre civile, t. I, p. 348. La modération sereine avec laquelle elle parle de l'assassinat de Guise est d'autant plus digne d'être remarquée qu'elle avait de plus grands griefs contre ce prince. Voyez les Mémoires de Jeanne d'Albret.

[21] Delaborde, Éléonore de Roye, p. 177.

[22] Duc d'Aumale, Histoire des Condé, t. I, p. 398 et 399.

[23] Éléonore de Roye, princesse de Condé, était alors à Orléans.

[24] Lettre de Chantonay au roi d'Espagne, 22 et 24 février 1563. (Orig. espagnol ; Arch. nat., K. 1500, n° 50).

[25] Lettres de Catherine de Médicis, t. I, p. 517. Lettre de la reine à Marguerite de France, duchesse de Savoie, du 25 février 1562 (1563).

[26] Cette lettre fut reçue le 23 mars. (Note de chancellerie jointe à la lettre). Elle fut donc écrite environ huit jours auparavant.

[27] Lettres de Catherine de Médicis, t. I, p. 520.

[28] Chantonay mentionne ces démarches, et constate que le duc d'Aumale était généralement considéré, depuis la mort du duc de Guise, comme le chef du parti catholique. (Lettre au roi d'Espagne, 22 avril 1563, déjà citée). Voyez aussi la lettre de Chantonay du 24 avril dans les Mémoires de Condé, t. II, p. 153.

[29] Cabinet historique, t. III, p. 53, première partie.

[30] Lettre de Chantonay du 22 avril déjà citée.

[31] Cette pièce, datée du 5 mai 1563, est imprimée dans les Mémoires de Condé, t. IV, p. 339.

[32] Occurrences de France. (Calendars, 1663, p. 340).

[33] Lettres de Catherine de Médicis (mai 1563), t. II, p. 35.

[34] Éléonore de Roye, princesse de Condé, était la nièce de Coligny ; François de Montmorency, son cousin-germain.

[35] Le récit de cette séance du conseil est imprimé dans les Mémoires de Condé, t. V, p. 17. Il avait été publié en 1563, in-8° de 8 p. Il fut envoyé au roi d'Espagne. (Arch. nat., K. 1500, n° 65).

[36] L'arrêt est imprimé par du Bouchet, Hist. de la maison de Coligny, p. 537. L'ordonnance d'exécution est conservée en copie dans le f. fr., vol. 3320, f. 37.

[37] Discours sur l'instruction du faict de la mort de M. de Guise ; f. fr., vol. 6610, f. 80.

[38] Récit de l'entrée solennelle conservé dans le f. fr., vol. 4318, f. 131.

[39] La déclaration de majorité a été souvent imprimée. On la trouve notamment dans les Mémoires de Condé, t. IV, p. 574.

[40] Cette lettre est conservée dans le f. fr., vol. 3191, f. 68.

[41] La chute eut lieu entre le 10 et 14 septembre 1563, dates extrêmes du séjour de la cour à Mantes.

[42] Lettres de Catherine de Médicis, t. II, p. 98.

[43] Pièce du temps dans les Mémoires de Condé, t. V, p. 23.

[44] Lettre de Chantonay à Grandvelle, 17 août 1563, publiée dans les Lettres de Catherine de Médicis, t. II, p. 84, note.

[45] Cette requête est imprimée dans les Mémoires de Condé, t. IV, p. 667. — La réponse des trois Coligny, datée du 8 octobre 1563, est imprimée dans les Lettres de Catherine de Médicis, t. II, p. 101.

[46] Ces arguments sont reproduits dans un mémoire remis à la reine probablement par le chancelier de L'Hospital. (Mémoires de Condé, t. IV, p. 493).

[47] Les lettres d'évocation datées du 28 septembre 1563, sont reproduites dans une pièce du temps ; f. fr., vol. 6610, f. 108. — Le 18 octobre, le roi raconta au s. de Saint-Suplice, son ambassadeur à Madrid, toute cette procédure pour en informer Philippe II (Lettres de Catherine de Médicis, t. II, p. 105, note).

[48] Ce moyen est exposé dans un récit de la procédure (f. fr., vol. 6610, f. 80).

[49] Ce mémoire est conservé dans la coll. Dupuy, vol. 500.

[50] Récit du temps, f. fr., vol. 6610, f. 80. Voyez aussi la lettre de Chantonay dans les Mémoires de Condé, t. II, p. 180, et le journal du chanoine Bruslard (ibid., t. I, p. 136).

[51] Ce procès, qui n'apprend rien de nouveau, est raconté dans une pièce du temps ; f. fr., vol. 6610, f. 108.

[52] Cette pièce est conservée en copie du temps dans le f. fr., vol. 6610, f. 78.

[53] Récit du temps, f. fr., vol. 6610, f. 80. La protestation de la duchesse de Guise y est reproduite intégralement.

[54] Pièce originale signée de Couligny, f. fr., vol. 6610, f. 124.

[55] Copie du temps, f. fr., vol. 6610, f. 126.

[56] Copie du temps, f. fr., vol. 6610, f. 128.

[57] Pièces des 8, 18 et 28 décembre (Orig. et copies. f. fr., vol. 6610, f. 130 et 94). — Autres pièces non datées mille analysées, dans les deux énoncés de procédure (f. fr., vol. 6610, f. 80 et 164). — Le récit contenu dans les Mémoires de Condé, t. V, p. Il est beaucoup plus. abrégé.

[58] Lettre autographe de de Thou à la reine de cette date (f. fr., vol. 6615, f. 36).

[59] Pièce du temps, f. fr., vol, 22429, f. 192.

[60] Lettre du roi du 5 octobre 1563 publiée par le comte Delaborde. (Gaspard de Coligny, t. II, p. 593).

[61] L'engagement des Guises, signé de presque tous les princes de cette Maison et daté du 5 octobre, est conservé en copie du temps dans le volume 20461 du fonds français, f. 73. — L'engagement des trois Coligny est publié avec d'autres pièces sur le même sujet par le comte Delaborde. Coligny, t. II, p. 295. — Voyez aussi un ordre du roi aux Guises et aux Coligny qui nous parait se rapporter à la même période (minute sans date ; f. fr., vol. 6610, f. 104).

[62] Pièce du temps dans les Mémoires de Condé, t. V, p. 27.

[63] Lettre de la reine à Saint-Suplice, 23 novembre 1563 (Lettres de Catherine, t. II, p. 108). — Registres du bureau de la ville de Paris, t. V, p. 329.

[64] Le sommaire des propos que le roy a tenus à sa noblesse qu'il a faict assembler en la salle de son château du Louvre à Paris, le dimanche 28 novembre 1563. Placard in folio destiné à être affiché, imprimé chez Robert Etienne s. l. n. d. Nous n'en connaissons qu'un seul exemplaire, qui est conservé aux Archives, K. 1500, n° 99. Il s'en trouve une copie dans la coll. Dupuy, vol. 755, f. 136.

[65] Journal de Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 140.

[66] Brantôme, t. V, p. 341 et suivantes. — Le laboureur, Mémoires de Castelnau, t. II, p. 284 et 628. — La Popelinière, 1581, t. I, p. 374, V. — Lettre de Chantonay à Philippe II, 3 janvier 1564. (Arch. nat., K. 1501, n° 5).

[67] Lettre de Chantonay au roi d'Espagne, 3 janvier 1564. (Orig. espagnol ; Arch. nat., K. 1501, n° 5).

[68] Lettre de Chantonay au roi d'Espagne, 27 janvier 1564. (Orig. espag., Arch. nat., K. 1501, n° 40).

[69] L'original de cette requête est conservé dans le fonds français. vol. 6610, f. 97.

[70] Imprimé dans les Mémoires de Condé, t. IV, p. 495. Voyez la lettre de Catherine du 12 janvier 1564 à l'évêque de Rennes, ambassadeur à Vienne (Lettres de Catherine de Médicis, t. II, p. 137).

[71] Original ; f. fr., vol. 6610, f. 91. Il est à remarquer que les deux frères ont signé de Coulligny. Cette pièce est imprimée dans le Cabinet historique, t. III, 1re partie, p. 61.

[72] Copie moderne, f. fr., vol. 6610, f. 101. — Imprimé dans le Cabinet historique, t. III, 1re partie, p. 61.

[73] Original, f. fr., vol. 6610, f. 88.

[74] Le cardinal de Lorraine était au concile de Trente lorsque le duc de Guise fut assassiné. Voyez un beau passage des Essais de Montaigne, liv. I, chap. II.

[75] Un long récit du temps, conservé dans le fonds français, vol. 5791, raconte les efforts du parti catholique pour détacher Condé de la cause protestante.

[76] Lettre de Francès de Alava, ambassadeur d'Espagne à Philippe II, 18 janvier, 7 février, 2 mars 1565. (Orig. espag., Arch. nat. K 1503, n° 33, 46 et 53).

[77] Lettre de Francès de Alava au roi d'Espagne, 23 janvier 1565. (Orig. espag., Arch. nat. K 1503, n° 35). La lettre est écrite de Toulouse, ce qui explique le retard de certains détails.

[78] Rapport à l'ambassadeur d'Espagne, 9 janvier 1565. (Orig. espag., Arch. nat., K. 1505, n° 31).

[79] De Thou, liv. XXVIII. — Félibien, Hist. de Paris, t. II, p. 4092.

[80] Lettre de Suriano, ambassadeur Vénitien, au doge de Venise, 2 février 1564 (1565). Suriano n'était pas à Paris mais il suivait la cour et y recueillait ses informations. Son récit est d'autant plus intéressant qu'il est inspiré par le cardinal d'Armagnac. (Bibl. nat., f. Ital., vol. 4724, f. 247).

[81] Lettre du maréchal de Montmorency à Jeanne d'Albret, 11 janvier 1565. (Copie du temps, Arch. nat. K. 1503, n° 2).

[82] Lettre de François de Montmorency à la reine publiée par nous dans le tome VI des Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris et de l'Isle de France.

[83] Tous les historiens protestants présentent cette affaire dans un sens favorable à Montmorency. — De Thou, qui détestait les Guises, donne à son récit la même couleur (liv. XXXVIII). — Journal de Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 151. — Rapport adressé à l'ambassadeur d'Espagne et communiqué à Philippe II. (Arch. nat. K. 1503, n° 28 et 35). Nous avons publié dans le tome VI des Mémoires de la Soc. de l'Hist. de Paris les parties les plus saillantes de cette pièce.

[84] Ces trois lettres, la base principale du récit de cette affaire, ont été publiées dans le tome VI des Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris.

[85] Lettre d'Alava à Philippe II, 4 février 1565 (Arch. nat., K. 1503, n° 44). — Papiers d'estat de Granvelle, t. VIII, p. 656. — Lettre de Suriano au doge, 11 février 1564 (1565) (f. ital., vol. 1724, f. 251). — De Thou, liv. XXXVIII. — Discours du voyage fait à Paris par M. l'admiral du mois de janvier dernier, petit in-8°, s. l. n. d., pièce du temps fort rare, écrite au point de vue protestant, presque textuellement reproduite par de Thou.

[86] Lettre d'Alava au roi d'Espagne, 4 février 1565. (Orig. espagnol ; Arch. nat., K. 1503 n° 44). — Autre du 26 avril (ibid., n° 76).

[87] Lettre du duc d'Aumale au marquis d'Elbeuf, 24 février 1565. (Mémoires de Condé, t. V, p. 272).

[88] Circulaire du roi à tous les lieutenants de roi, 17 janvier 1565. (Minute ; f. fr., vol. 15880, f. 99).

[89] Lettre du roi au maréchal de Montmorency, 2 février 1565. (Orig., f. fr., vol. 3204, f. 71). — L'ordre fut renouvelé au mois de mai.

[90] Journal de Bruslard dans les Mémoires de Condé, t. I, p. 155 et suiv.

[91] Lettre du roi à François de Montmorency, Mont-de-Marsan, 21 mai 1565. (Orig., f. fr., vol. 3194, fo 60). — Roole particulier de ceulx que le roi ne veult entrer en sa ville de Paris jusques à son retour en lad. ville. (Deux pièces, orig., f. fr., vol. 3194, f. 49 et 51).

[92] Un espion espagnol, don Juan Martinez Descurra parle au secrétaire d'état Erasso d'une grave querelle à la cour entre Condé et Nemours au sujet de la mort de Guise (Lettre du 19 juillet 1563 ; Arch. nat., K. 1499, n° 81).

[93] Journal d'Abel Jouan dans le tome I des Pièces fugitives du marquis d'Aubais.

[94] Original daté du 7 janvier 1566, contresigné par Claude de l'Aubespine ; f. fr., vol. 3207, f. 5.

[95] Mémoires de Soubise, 1879, p. 93. Le comte de la Ferrière a réfuté ces soupçons. (Lettres de Catherine de Médicis, t. II, introduction, p. 105).

[96] Lettre de Coligny, du 11 janvier, publiée par le comte Delaborde, Coligny, t. II, p. 396.

[97] Propos d'accommodement fait par la reine au cardinal de Lorraine et ses réponses touchant la mort de son frère. Cette pièce, dont il existe de nombreuses copies à la Bibliothèque nationale, a été imprimée par du Bouchet, Hist. de la maison de Coligny, p. 538.

[98] L'absence du duc de Guise est constatée par la relation que nous signalons dans la note précédente, ainsi que par Castelnau, Mémoires, liv. VI, chap. II.

[99] Lettre d'Alava à Philippe II, Moulins, 19 janvier 1566. (Arch. nat., K. 1505, n° 67).

[100] Lettres d'Alava à Philippe II, 19 janvier et 3 février 1566. (Arch. nat., K, 1505, n° 67 et 71).

[101] Propos d'accommodement fait par la reine.... pièce citée dans l'avant-dernière note.

[102] Une copie moderne de cet acte, datée du 12 janvier 1566, est conservée dans f. fr., vol, 6621, f. 119.

[103] Original sur parchemin, daté du 12 janvier 1566, contresigné de l'Aubespine ; f. fr., vol. 6610, f. 139.

[104] Original signé du cardinal de Lorraine et de Anne d'Est, 12 janvier 1566 ; f. fr., vol. 6610, f. 135.

[105] Copie du temps, 12 janvier 1566 ; f. fr., vol. 20461, f. 49.

[106] La promesse du duc d'Aumale est datée d'Anet et du 19 janvier 1566 (Orig., f. fr., vol. 6610, f. 146). Celle de d'Andelot porte la même date, s. l. (Orig, ibid., f. 150).

[107] Voyez le texte de l'arrêt dans du Bouchet, Histoire de la maison de Coligny, p. 542.

[108] Une lettre du roi à du Ferrier, ambassadeur à Venise, nous apprend combien il avait hâte de terminer cette affaire. (Copie du temps, 27 janvier 1566 ; f. fr., vol. 10735, f. 128).

[109] Original ou copie authentiquée sur parchemin, 17 janvier 1566, signée de l'Aubespine ; f. fr., vol. 6610, f. 141.

[110] Cette requête est imprimée dans le Cabinet historique, t. III, p. 64, 1re partie.

[111] La requête de la duchesse est sans date. L'arrêt du roi est du 26 janvier. (Orig. ou expédition authentique, signée de l'Aubespine, f. fr., vol. 6610 f. 154).

[112] Cette liste figure à la suite de l'arrêt. Voyez l'arrêt dans du Bouchet, p. 542.

[113] Une lettre de l'ambassadeur d'Espagne, que nous analysons plus loin, cite plusieurs magistrats dont la signature ne figure pas au procès-verbal.

[114] Alava, le seul narrateur de cette séance, ne le nomme pas.

[115] Le duc de Nemours courtisait ouvertement la duchesse de Guise et l'épousa quelques semaines après.

[116] Lettre d'Alava à Philippe II, Moulins, 3 février 1566 (Arch. nat., K. 1505, n° 71). — Suriano, ordinairement très bien informé, ne parait pas avoir connu le détail de l'assemblée de Moulins aussi complètement que son collègue d'Espagne. Il est vrai qu'il était à Bourbon l'Archambault. (Lettre de Suriano du 30 janvier 1566, f. ital., vol. 1724, f. 316).

[117] Arrêt du 29 janvier 1566 dans du Bouchet, p. 542. L'original de cet acte, sur parchemin ; signé de Gilles Bourdin, est conservé dans le f. fr., vol. 6610, f. 158.

[118] Lettre d'Alava à Philippe II, 3 février 1566 (Arc. nat., K, 1505, n° 71).

[119] Pièce ajoutée à l'arrêt dans du Bouchet, Histoire de la maison de Coligny, p. 545. Plusieurs historiens ajoutent que le cardinal et la duchesse, sur la demande du roi, s'embrassèrent. Du Bouchet n'en dit rien.

[120] Tarbé, Recueil de poésies calvinistes, in-8°, 1866, d'après le recueil de Rasse des Nœuds.

[121] Nous avons mentionné ci-dessus un mémoire de M. Erich Marckz qui attribuait à Catherine de Médicis l'initiative du crime. Le même érudit a publié dans Historiche Zeitschrift. neue folge, t. XVI, p. 42, une habile apologie de Coligny.

[122] Histoire universelle, liv. XXXIX.

[123] Lettre de Estienne Pasquier à M. de Foussomme (Œuvres complètes, 1723, t. II, col, 108).

[124] Brantome, t. IV, p. 253.

[125] Soubise, qui avait eu Poltrot à son service, cite ce mot dans ses Mémoires, avec de nombreux traits d'audace de Poltrot de Meré, in-8°, 1879, p. 72.

[126] Premier interrogatoire de Poltrot.

[127] Nous avons publié un volume sur cet incident galant de la cour des Valois, Jacques de Savoie et Françoise de Rohan.

[128] Voyez le Père Lelong, ann. 1566 et 1567.

[129] Voyez la lettre du duc de Nevers citée dans la note suivante.

[130] Minute de lettre du duc de Nevers au duc de Guise, s. l. n. d. ; f. fr., vol. 3353, f. 74.

[131] Mémoires de la Huguerye, t. I, p. 35 et suiv. et surtout p. 90.

[132] Mémoires de l'Estat de France sous Charles neuf, t. I, p. 85.

[133] Lettre d'Alava au duc d'Albe, 3 octobre 1571. (Espagnol ; Arch. nat., K. 1522, n° 41).

[134] Lettre d'Alava au duc d'Albe, 5 octobre 157L (Espag., Arch. nat., K. 1522, n° 22).

[135] Grands détails sur cette affaire dans la lettre d'Alava à Philippe II, 6 novembre 1571. (Orig. espagnol ; Arch. nat., K. 1522, n° 68).

[136] Tous les historiens sont unanimes à attribuer cette politique à Coligny. La Popelinière lui prête une harangue au roi (1581, t. III, f. 44). On en conserve une autre dans le fonds français, vol. 23335, pièce 3.

[137] La reine songeait même à faire du duc d'Anjou un roi d'Alger sous la suprématie du Sultan. Voyez un article de M. le comte Fromy dans la Revue diplomatique, 1888, p. 593.

[138] Sommaire de chancellerie des lettres d'Aguilon, avant le 27 novembre 1571. (Copie espag., Arch. nat., K. 1524, n° 44).

[139] Lettres publiées par le comte Delaborde, Coligny, t. III, p. 364 et suiv.

[140] Lettre du secrétaire Aquilon au duc d'Albe, 17 décembre 1571. (Orig. espagnol ; Arch. nat., K, 1524, n° 55).

[141] Plus tard duc de Mayenne.

[142] Lettre de l'ambassadeur espagnol citée et traduite par M. Henri Martin, Histoire de France, t. IX, p. 288, note (édit. de 1858). — Lettre de l'ambassadeur du duc de Savoie. (La Ferrière, Le XVIe siècle et les Valois, p. 318).

[143] Le duc de Guise était né le 31 décembre 1550 et Coligny le 16 février 1517.

[144] Coll. Brienne, vol 206, f. 516.

[145] Coll. Brienne, vol. 206, f. 518.

[146] Lettre de Nançay au s. du Bouchage, Blois, 5 mai 1572. (Orig., f. fr., vol. 3188, f. 27).

[147] Lettre du roi au cardinal de Lorraine, 8 mai 1572. (Minute originale ; f. fr., vol. 15554, f. 123).

[148] Actes datés du 12 mai 1572 ; coll. Brienne, vol. 206, f. 520.

[149] L'original de cette pièce, muni de tous les sceaux des princes lorrains, était conservé à la Bibliothèque du Louvre dans le fonds français, vol. 209 f. 37, et a péri dans l'incendie de cette bibliothèque. Il avait ét6 imprimé dans le Cabinet historique, t. III, Ire partie, p, 68.

[150] Charles, cardinal de Lorraine, frère du duc de Guise. — Henri de Lorraine, duc de Guise. — Claude de Lorraine, duc d'Aumale. — Charles de Lorraine, marquis du Maine. — Louis de Lorraine, cardinal de Guise. — Charles de Lorraine, fils du duc d'Aumale.

[151] Lettre du roi à Noailles, évêque de Dax, 11 mai 1572, Chambord. (Copie du XVIIe siècle ; f. fr., vol. 21009, f. 233).

[152] Fragment rapporté des Archives de Turin par M. le comte de la Ferrière, Le XVIe siècle et les Valois, p. 318.