LES ORIGINES POLITIQUES DES GUERRES DE RELIGION

LIVRE IV. — LA RÉCONCILIATION DES DYNASTIES CATHOLIQUES

CHAPITRE II. — LA PAIX CATHOLIQUE. - MORT DE HENRI II.

 

 

Le 5 avril, à Bruxelles, après la grand'messe et le Te Deum, les hérauts crièrent solennellement la paix sur deux places publiques[1]. Le dimanche suivant, Philippe II, ayant entendu la messe dans la cathédrale, suivit à pied une procession du Saint-Sacrement : tous remarquèrent l'incroyable dévotion du fils de Charles-Quint, qui s'avançait par les rues de la ville, le chef toujours découvert.

Le roi d'Espagne ne montrait point seulement sa piété par des gestes, ses paroles étaient toutes de louanges au Seigneur. Sa Majesté, écrit alors le nonce[2], ne se lasse pas, comme prince vraiment pieux et catholique, de remercier le Dieu béni de la sainte paix.

De cette sainte paix, Philippe goûta le triomphe. Pendant le printemps de 1559, Bruxelles fut la capitale politique de l'Europe catholique. Vers elle affluèrent, comme vers le centre incontesté de la puissance temporelle, tous les ambassadeurs, agents et députés, porteurs de félicitations et de requêtes, monde mouvant et trouble de mendiants astucieux, payés par les petits princes pour exploiter à leur profit la générosité du grand vainqueur. Il y avait là autour du trône de la monarchie espagnole, tous les fidèles de sa fortune passée ; il y avait aussi d'anciens protégés du roi de France. Gênes et Venise, Sienne et Lucques, les Médicis et les Farnèse, les Gonzague et, les Este, le pape, — ce Paul IV Carafa dont les rêves insensés avaient entraîné au désastre la politique de Henri II, — envoyèrent leurs hommages et leurs ambassadeurs. Du prince heureux, ils attendaient tous quelque chose : des terres, de ces terres que le roi de France abandonnait en Italie ; de l'argent, car le catholique, après la victoire, devait payer ses dettes qui étaient immenses ; quelques-uns demandaient simplement pardon de leur passé. La bonne volonté de Philippe II et de ses ministres ne suffisait même plus à écouter les voix qui sortaient de cette cohue[3]. Seul, à la cour espagnole, celui qui avait gagné sa fortune, Emmanuel-Philibert de Savoie, attendait, sans flatter personne, que les comptes de sa misère passée fussent réglés, pour aller consommer le mariage, par quoi il devait payer encore le recouvrement de ses Etats.

Au regard de cette cour européenne qui saluait sa puissance, Philippe II se montra généreux. Aussi bien, le traité du Cateau-Cambrésis marquait surtout le triomphe des alliés de l'Espagne. Le roi catholique devait accentuer ce caractère par une munificence, dont le prestige moral ne s'affaiblit qu'après plus d'un siècle : désintéressement prémédité, qui rendait scandaleuse la légèreté incroyable de Henri II envers les protégés de la France. En lisant les clauses de la paix, l'ambassadeur du Médicis s'écria : Mon maître devient le plus grand prince qu'ait connu l'Italie depuis les Romains.

C'était vrai : Cosme, duc de Florence, créature de Charles-Quint, ennemi tenace des Français, allait augmenter son État des territoires de Sienne et de Montalcino[4]. Les Farnèse, parjures et traîtres à l'amitié de Henri II, furent comblés de dons par Philippe : Octave, duc de Parme, venu à Bruxelles en février 1559, s'en retourna, au printemps, honoré de la Toison d'or et muni de lettres qui lui restituaient la forteresse de Plaisance ; bientôt son épouse, Marguerite d'Autriche, fut nommée gouvernante des Pays-Bas[5]. Gênes recouvra la Corse, les Gonzague reçurent le Montferrat.

Il est pénible de le dire, dans cette distribution que faisait le maitre à ses serviteurs après la récolte, les premiers récompensés furent les deux plénipotentiaires français, Montmorency et Saint-André, qui avaient favorisé les intérêts de l'Espagne au cours des négociations. Le Connétable devait encore cinquante mille écus de sa rançon au duc de Savoie : celui-ci, docile à sa propre gratitude et aux prières du roi d'Espagne, donna quittance à l'illustre prisonnier. Pour le maréchal de Saint-André, ce fut pis : comme il n'avait pas encore payé un denier de sa rançon, fixée à soixante mille écus, Philippe II le racheta au duc de Brunswick, qui l'avait fait prisonnier, et le libéra gratuitement. Bien plus, Montmorency reçut en don une crédence d'argent valant dix-huit mille écus, et le maréchal fut gratifié de quatre mille écus de joyaux. L'un et l'autre purent, comme on disait à la cour d'Espagne, jouir plus tôt du fruit de leurs bonnes œuvres dans cette négociation de la paix[6].

Au reste, pendant le mois de mai 1559, les plus fervents adulateurs du roi d'Espagne furent les princes français venus à Bruxelles. Henri II passait le printemps à Fontainebleau. Aussitôt après avoir revu ses plénipotentiaires, il désigna, pour aller recevoir de la bouche de Philippe II le serment de la paix, le cardinal de Lorraine, le maréchal de Saint-André et l'évêque d'Orléans, Jean de Morvillier. Ces trois personnages devaient être accompagnés de la fleur des princes de France et, en particulier, de tous les seigneurs de la maison de Guise. François de Lorraine lui-même et son beau-frère, Alphonse d'Este, iraient à Bruxelles saluer Philippe II.

Pourtant, le vainqueur de Calais ne partit pas ; il envoya seulement ses fils et ses frères. Il agit ainsi peut-être par pudeur ou plutôt par crainte de laisser Montmorency seul avec son maître[7].

Le cardinal de Lorraine quitta Fontainebleau le 27 avril, passa trois jours à Paris, d'où il partit le 1er mai, et se mit en route. A Cambrai, ville frontière, il rencontra deux chevaliers de la Toison d'or, le marquis de Berghes et M. de Molembais, qu'avait envoyés Philippe II pour le recevoir[8]. Le 10, le cardinal arrivait à Bruxelles, salué par le duc de Savoie : il n'amenait avec lui que les deux fils de son frère François, Louis d'Este, second fils du duc de Ferrare, et Jean de Morvillier. Le reste de la troupe nombreuse des seigneurs français entra peu de temps après. Saint-André était à la cour d'Espagne, depuis les premiers jours d'avril. Dans cette ville, on ne voit que des Français, écrivait l'ambassadeur de Lucques. De fait, il y avait là outre les précédents, Louis, cardinal de Guise, le duc de Lorraine, gendre de Henri II, le duc d'Aumale, gendre de Diane de Poitiers, le duc de Nemours, dix évêques du royaume et beaucoup de gentilshommes d'importance[9].

Le 15 mai, Philippe II prêta le serment solennel de la paix. Ce jour et le lendemain, il y eut des réjouissances : le cardinal de Lorraine et sa troupe restèrent émerveillés des caresses que leur fit le roi d'Espagne[10]. Celui-ci daigna féliciter le prélat de l'éloquence qu'il avait montrée dans les négociations. Le 17, Lorraine partit pour aller visiter, pendant deux ou trois jours, la ville d'Anvers, en compagnie du prince d'Orange et du comte d'Arenberg[11].

Même devant le roi d'Espagne, par une piquante et triste rencontre, fut étalée la rivalité de Montmorency et des Guises. La maison de Lorraine semblait accaparer les honneurs du cérémonial de réconciliation entre les deux rois. Or, le 18 mai, on vit arriver à Bruxelles, comme à l'improviste, l'un des fils du Connétable, Montmorency-Damville, avec une escorte de soixante gentilshommes. Tout le monde comprit que son père l'avait envoyé pour disputer aux Guises quelques-unes des grâces de Philippe II. L'amusant fut que Damville voulut aller, lui aussi, passer trois jours à Anvers[12].

Il semble même que Henri II ait senti comme une attraction personnelle l'entraîner vers l'orbite du roi d'Espagne. Sa dignité l'empêchait, sans doute, de se rendre à Bruxelles. Mais c'était de bon gré qu'il envoyait tant de seigneurs français saluer le fils de Charles-Quint. Avant même que le traité fût signé, il avait montré un vif désir de voir Philippe II[13]. Puis, par le duc de Lorraine, il le fit inviter à venir en France. Il pensait que son ancien rival accepterait de prendre la route de terre pour se rendre en Espagne[14]. Aussi bien, ne trouvait-on pas une bonne occasion de rencontre dans le mariage d'Élisabeth de Valois avec Philippe, mariage ordonné par une clause du traité ? Henri II, sur cette espérance, fondait de grands desseins, — desseins de fêtes et d'amitiés, suivant sa nature un peu puérile.

Mais l'Espagnol n'était pas désireux de caresses. Après avoir réfléchi, il répondit que l'usage voulait, non que les rois d'Espagne allassent chercher leur épouse, mais bien qu'on la leur amenât dans leur pays et dans leur maison. Au surplus, dit-il, la voie de mer était plus commode que toute autre pour se rendre de Flandre en Espagne[15]. Déçus, les représentants de Henri II montrèrent un réel déplaisir, mais ne ralentirent point leur empressement. On entendit les gentilshommes français, venus à Bruxelles, proclamer que leur maître, heureux d'avoir donné sa fille aînée comme épouse à Philippe II, offrirait l'autre, — la future reine Margot, — à l'infant Don Carlos[16].

En ce printemps 1559, si glorieux pour la monarchie espagnole, le meilleur courtisan du roi catholique, c'était le roi de France.

De retour d'Anvers, le cardinal de Lorraine rentrait à Bruxelles le 20 mai. Deux jours après, il partit pour la France et arriva le 27 à Paris, ou l'attendait Henri II[17]. A la cour d'Espagne resta, comme ambassadeur permanent, Sébastien de L'Aubespine, qui naguère avait pris part aux négociations de la paix, homme de grande réputation et plein de dignes qualités[18].

L'allégresse que montrait la cour de France ne cacha pas au regard de l'Europe la réalité. Partout, et en Italie plus qu'ailleurs, le traité du Cateau-Cambrésis fut estimé comme la victoire définitive de la maison d'Autriche. Le grand mot de réconciliation universelle et chrétienne ne troubla nullement, dans l'esprit des politiques clairvoyants, la vision lucide d'un fait étonnant : à savoir que, d'un coup, le roi de France, non seulement avait abandonné ses conquêtes et celles de son père, parmi lesquelles des terres françaises, — car, pour bien juger le traité, il faut ne pas oublier que Henri II restituait, en deçà des Alpes, la Savoie, la Bresse, le Bugey, le Valromey, la Maurienne, la Tarentaise, la vicairie de Barcelonnette, le comté de Nice, et ramenait au Var la frontière de son royaume[19], — mais encore, par une générosité, à notre avis, beaucoup plus grave, avait renié tous les droits, prétentions, occupations que les diplomates et les juristes français défendaient depuis soixante-dix ans. C'était comme un démenti solennel infligé à la politique et aux efforts de quatre règnes. Quelle leçon pour ceux qui avaient eu foi dans la fortune et dans la protection de la France ! A Rome, le 20 avril, quand arriva le secrétaire Boucher, portant les clauses de la paix, tous les Français, qui se trouvaient dans la Ville éternelle, se montrèrent atterrés : on ne put même tirer d'eux un mot de commentaire sur cet acte invraisemblable[20]. Les Italiens amis reçurent avec stupeur les lettres qui annonçaient l'abandon par la France de sa politique traditionnelle.

Tandis que Philippe II jouissait de cette révolution européenne, dont l'ampleur, à vrai dire, dut l'étonner lui-même, le roi de France était heureux, comme un malade libéré qui recommence sa vie. Parmi la ruine de ses efforts passés, il regardait l'avenir avec une joie sereine, inconscient de sa défaite : tous ceux qui l'approchèrent alors remarquèrent sa bonne humeur. Il ne faut pas s'en étonner. Henri II ne voyait pas le traité comme nous le voyons ni comme le virent les vieux pécheurs de la diplomatie. Lui, il se trouvait converti : loin d'éprouver de l'amertume, il était fier d'avoir fait un si beau sacrifice. Il avait hâte de quitter ses erreurs, de liquider la politique italienne pour vivre avec de nouvelles pensées. Ces pensées, elles étaient occupées d'abord par l'attente des fêtes, des mariages dont il préparait la splendeur : premier jouteur de sa cour, il allait offrir aux princes et ambassadeurs de l'Europe le spectacle d'un grand tournoi ; il regrettait naïvement que Philippe II ne voulût pas y assister. Mais la préoccupation qui remplissait alors toute sa conscience de roi, — cette conscience qu'il écoutait plus que ne fit aucun des Valois, — elle visait la réforme intérieure du royaume et, avant tout, l'extirpation de l'hérésie.

En 1562, le catholique Soriano, l'un de ces diplomates vénitiens qui ont été, avec les Florentins et les Comtois, les plus subtils connaisseurs d'hommes qu'ait enfantés la Renaissance, résumait en quelques mots la dernière histoire de Henri II : Ce roi ayant découvert, bien que tardivement, le péril où le mettait l'hérésie, fut contraint, pour ne pas perdre complètement son autorité et l'obéissance de ses sujets, de faire la paix avec le roi Philippe à de très graves conditions et de consacrer toute sa pensée à éteindre ce grand feu qui brûlait de toutes parts. Mais il mourut au début de l'exécution'[21]. Dans les derniers mois de sa vie, Henri II se montra le catholique le plus généreux de la Chrétienté. C'est lui qui donna surtout au traité de 1559 le caractère d'une réconciliation des princes catholiques contre l'hérésie. La maison d'Autriche n'avait pas de péchés à racheter. Toujours Charles-Quint avait su mêler, dans la conduite de sa politique, les prétentions de l'orgueil impérial à la défense rigoureuse de l'orthodoxie. Quant à Philippe II, il ne fit qu'accentuer les procédés de son père, en y ajoutant la fourbe habileté que lui suggéra Granvelle. Dans l'histoire de la monarchie espagnole, le traité du Cateau-Cambrésis n'est qu'une étape glorieuse sur une route droite : il n'y a pas là de tournant. Au contraire, cet acte signifie un revirement complet de la politique extérieure des Valois, politique jusqu'alors réaliste, que font dévier subitement des scrupules religieux : l'abandon de l'alliance avec les Luthériens d'Allemagne et avec le Turc, tel est le trait le plus saillant de ce changement.

Changement qui fut bien l'œuvre personnelle du roi. Henri II, depuis la bataille de Saint-Quentin, avait réellement gouverné et pris lui-même, souvent malgré les Guises, les plus graves résolutions. Dans son esprit, sous l'effroi des manifestations protestantes de l'année 1558, s'était opérée une conversion, dont on ne saurait exagérer l'efficacité. A la suite du traité se forma, entre les princes de la communion catholique, une sorte de fédération contre l'hérésie. Jusqu'aujourd'hui, les historiens ont attribué au roi .d'Espagne l'initiative de cet accord religieux. L'opinion traditionnelle n'est que partiellement vraie. Philippe II et ses ministres parlèrent de l'hérésie surtout pendant les négociations : ils cherchaient à intimider leur adversaire par cet argument de bons apôtres. Mais, une fois la paix conclue, Henri II prit l'initiative de la politique catholique, avec le zèle et l'entêtement qui lui étaient propres. Les témoins les plus sûrs l'affirment[22].

Le ter avril 1559, deux jours avant que le traité fût définitivement signé, le cardinal Trivulzio, légat, avait félicité le Roi de cet accord, qui rendait à la religion le service des princes fidèles. Henri II avait répondu qu'empêché, depuis longtemps par les guerres, de sévir contre l'hérésie, il voulait désormais vouer au salut de la foi son activité. Les Guises, la reine Catherine, la duchesse de Valentinois firent à Trivulzio la même promesse. Diane lui déclara qu'elle emploierait toute son influence à purger le royaume de l'infection de l'hérésie[23]. Le nonce du Saint-Siège à Bruxelles, Gian-Francesco Canobio, transmit au pape Paul IV, le 17 mai 1559, les renseignements suivants qu'il tenait du confesseur même de Philippe II : Le cardinal de Lorraine, au nom du Très-Chrétien, a prié et exhorté avec grande instance et piété le roi d'Espagne afin qu'il s'emploie à extirper l'hérésie de ses États. Le cardinal a déclaré que Sa Majesté Très Chrétienne ne veut plus désormais s'occuper d'autre chose dans son propre royaume et que déjà elle a interdit de séjourner sur son territoire aux voyageurs qui ne pourront exhiber une attestation authentique de leurs bonnes vie et mœurs, attestation émanant du prince ou du magistrat des pays d'où ils viennent. En outre, le cardinal a conseillé au roi d'Espagne de prêter ses troupes au duc de Savoie pour conquérir Genève, promettant que, de son côté, le roi de France fera de même[24]. Ce projet contre Genève, capitale et refuge des hérétiques, était déjà ancien. Pendant le mois de mai 1559, l'ambassadeur français à Bruxelles, Sébastien de L'Aubespine, déploya de grands efforts pour le faire accepter par Philippe II, et le représentant du duc de Savoie à Milan déclarait à qui voulait l'entendre que son maitre, aussitôt remis en possession de ses États, attaquerait Genève avec le concours de Henri II[25].

Ainsi, le roi de France s'efforçait de donner à son propre zèle pour la religion une ampleur internationale. Or, Philippe II commençait de trouver excessifs les pieux mouvements de son nouvel ami. L'Espagnol n'était point si mystique qu'il voulût sacrifier à la religion ses intérêts politiques. Il voyait, avec une crainte particulière, se dessiner un projet d'intervention contre les protestants anglais.

Henri II s'intéressait beaucoup au rétablissement de la foi catholique en Angleterre, à cause de l'agitation que provoquaient les calvinistes dans le royaume d'Écosse, devenu, depuis un an, par le mariage de Marie Stuart, le royaume du dauphin François. Une des dernières lettres de Henri II, adressée au pape Paul IV, le 29 juin 1559, est pour supplier le pontife de joindre ses efforts à ceux des Français contre les calvinistes d'Écosse : on y voit quelle passion religieuse s'était emparée d'un prince naturellement débonnaire. Nous ne voulons épargner aucun effort, dit le Roi, pour soutenir et défendre la cause de Dieu, bien que nous soyons à peine sorti d'une longue guerre pour entrer dans la paix, après avoir supporté une dépense incroyable, comme chacun le sait, et il annonce l'envoi d'une armée française, d'une multitude, s'il est besoin, pour détruire la secte d'Écosse. Quel tableau il peint des désordres de l'hérésie !

Les prélats et les gens d'Église se voyant en liberté de mal faire, sans être aucunement exhortés ni repris par leurs supérieurs, non seulement ont continué, mais ont augmenté de mal en pis leur triste et déshonnête vie : ils tiennent avec eux, en leurs maisons, des concubines qu'ils regardent comme leurs épouses légitimes ; la plupart d'entre eux suivent les nouvelles sectes, adoptant les doctrines fausses, réprouvées et contraires à notre sainte foi et religion. De même agissent presque tous les grands seigneurs et les gentilshommes du pays : ils prennent chez eux des prêcheurs apostats, imbus de l'érudition ou doctrine de Genève, pour induire le peuple à suivre leurs damnables erreurs et hérésies, d'où il résulte que la majeure partie de ce peuple est tout infectée et comme perdue. Les uns et les autres ont pris les armes et formé de grandes compagnies, avec de l'artillerie, pour contraindre tout le monde à épouser leur secte : ils ruinent les églises et les monastères, profanent les choses sacrées, brûlent en public les images des saints, leurs reliques vénérables et leurs ossements, ils ont fait déterrer les cadavres des rois d'Écosse, les ont brûlés et réduits en cendres, ils ont changé l'habit des religieux et des religieuses pour les séculariser et les contraindre d'abandonner leurs ordres et professions, ils menacent en se vantant de courir sus à la reine douairière et à tous ceux qui voudraient les contredire et les empêcher de s'unir dans leur nouvelle loi : les cruels barbares ne sauraient faire pis[26].

Ces intentions du roi de France troublaient, depuis quelque temps, les Anglais[27]. Leur jeune souveraine Elisabeth, montée sur le trône récemment, ne s'inquiétait guère de séduire les princes étrangers, et par surcroît, hérétique imprudente, elle était dénoncée à Rome comme une fille de Satan. On pouvait craindre que le Pape, en la condamnant solennellement, ne poussât sur l'Angleterre une armée catholique dont le gros serait formé de contingents français. Henri II avait bien envoyé à Londres, pour recevoir d'Elisabeth le serment de la paix, une ambassade présidée par le fils aîné du Connétable, mais, dès le mois d'avril 1559, on savait que le roi de France préparait une expédition catholique pour extirper la secte anglicane[28]. Philippe II s'opposa de toutes ses forces à ces projets trop confessionnels. Résigné de force à n'être point le souverain de l'Angleterre, il était bien décidé à ne pas souffrir que la dynastie de Valois s'emparât, sous prétexte de religion, du trône que lui-même avait perdu. Or, si le pape déclarait Élisabeth bâtarde et hérétique, comme il était à craindre, ce trône reviendrait de droit et de fait à Marie Stuart et partant au dauphin François. C'est pourquoi le roi d'Espagne résolut d'envoyer à Rome le cardinal Pacheco, avec mission de défendre auprès du pape la cause d'Elisabeth quant à l'orthodoxie[29].

Philippe II résista de même au projet d'une expédition contre Genève. En tout cas, il ne voulait point y collaborer. La situation de son trésor, de son armée et de ses peuples lui défendait d'ouvrir une nouvelle guerre. Dès l'automne de 1558, le duc de Savoie ayant prôné ce dessein, Granvelle lui répondit sèchement que, puisque l'on faisait la paix, il fallait s'y tenir et qu'au demeurant les Suisses étaient assez frais pour repousser les envahisseurs.

Ainsi, les deux grands princes de communion romaine entendaient fort différemment la pratique de l'alliance catholique, dans le domaine de la politique internationale. Mais, à défaut de l'extermination européenne des hérétiques que rêvait Henri II, restait la répression particulière à l'intérieur de chacun des Etats.

Il y avait lit de quoi occuper le plus beau zèle. Malgré la persécution qui avait suivi les affaires de la rue Saint-Jacques et du Pré-aux-Clercs, malgré l'arrestation bruyante de François d'Andelot, neveu du Connétable, la Réforme protestante s'était développée en France avec une ampleur que les historiens n'ont pas soupçonnée. Un témoin catholique bien informé écrit en novembre 1558 : Tout Paris et même toute la France sont pleins de Luthériens : si le Roi n'y pourvoit promptement, son royaume deviendra pire que l'Allemagne[30]. Un autre témoin déclare, au mois de mars suivant : Si le Roi ne forme pas une bonne armée pour châtier cette maudite secte, il risque de perdre son trône[31]. L'homme le mieux instruit des affaires du royaume, le cardinal de Lorraine, avoue : Plus des deux tiers des habitants de la France sont devenus luthériens[32]. Aussi bien des symptômes inquiétants apparaissent-ils. Au début de 1559, de nombreuses familles de la ville et du pays de Meaux s'enfuient à Genève, abandonnant leurs maisons et leurs biens[33]. Cet exode entraîne l'évêque de Nevers lui-même, Jacques Spifame[34]. En Normandie et en Poitou, dans ces riches provinces qu'a épuisées l'impôt, des bandes armées commencent à courir la campagne, attirées par l'opulence des grandes abbayes. Là même, comme en Limousin, en Saintonge, en Guyenne et en Gascogne, on célèbre publiquement le culte réformé, et des rixes éclatent entre les partisans des confessions ennemies. Ces manifestations religieuses se confondent, au regard du Roi, avec l'anarchie profonde qu'ont produite, dans l'organisme du gouvernement, tant d'abus exercés, depuis cinquante ans, pour soutenir à tout prix la guerre extérieure. Henri lI, ramenant son attention sur la politique intérieure, y voit tout à réformer, administration, justice, finances. Des guerres d'Italie, seuls les officiers de finances sortaient enrichis. Montmorency, revenu à la cour, constata des irrégularités, lit une enquête et découvrit que les receveurs et trésoriers avaient détourné plusieurs millions de livres[35].

Henri II voulait commencer les réformes nécessaires par l'extirpation de l'hérésie. Le cardinal de Lorraine l'avait annoncé à Philippe II. Et, de fait, aussitôt après la conclusion du traité, le Conseil des Affaires délibéra presque chaque jour sur les mesures de répression religieuse. Le cardinal Trivulzio, légat du Saint-Siège, écrit alors de Paris : Le roi montre un très ardent désir de réparer les nombreux désordres de son royaume et presque chaque jour il en parle dans son Conseil des Affaires : il déclare vouloir commencer cette réforme par le châtiment et l'extirpation des hérétiques. Je crois également que Sa Majesté suppliera le pape de réunir un concile, car elle paraît le désirer beaucoup[36]. A peine revenu des conférences du Cateau-Cambrésis, le cardinal de Lorraine se rendit au Parlement de Paris : L'opinion du Roy, dit-il, a esté de faire la paix à quelque prix et condition que ce fust, pour de là en avant vacquer plus à son aise à l'extermination et bannissement de l'hérésie de Calvin[37]. Le 2 juin 1559, parurent à Ecouen des lettres patentes, qu'il faut citer tout entières : c'est la déclaration de guerre de Henri II aux Protestants. Le Roi écrivait à ses officiers :

Chascung a peu veoyr et congnoystre que, despuys nostre advènement à la couronne, Nous avons tousjours eu en singulière recommandation l'extirpement des hérésies et faulses doctrines et comme Nous y avons travaillé, quelques affayres et empeschement de guerre qui nous soyent survenuz : lesquelz, touteffoys, ont esté si urgens et pressés qu'il ne nous a esté possible y donner l'ordre et provision que Nous avons sur toutes choses continuellement désirée ; mais ayans esté contraincts dissimuler et temporiser pour quelque temps, à nostre très grand regret et desplaisir, les sectateurs et inventeurs desdites hérésies et faulses doctrines, qui auparavant s'estoyent retenuz et longuement nourris en leur maligne volonté secrètement et couvertement, comme feu soubz la cendre pour après manifester la chaleur plus violente, se seoyent depuys quelque temps, avec artifices, inductions et persuasions d'aulcuns malheureux prédicans de Genève, tout en ung coup eslevéz en plusieurs lieux et endroicts de notre royaulme par turbes et nombres si effrénés, commettons toits les scandales qu'ilz ont peu et peu-veut penser et imaginer, au préjudice et contemnernent de nostre sainte foy et religion, qu'il est plus que requis et nécessayre de repoulser et reprimer ceste violence par une [mitre plus aigre et avec la force qu'il a pieu à Dieu nous mettre en la main, car Nous ne sçaurions mieulx l'employer ny exploicter que en ung tel effect que cestuy-là pour fayre chose qui luy soyt agréable, nous ayant tout à propos octroyé le bien de la paix tant désirée, laquelle Nous ne voullons aulcunement estre troublée par les damnées entreprises des héréticques ennemys de nostre dite foy et religion. A ceste cause, en attendant que Nous puyssions sur ce donner la provision nécessayre en telle importante affayre,que sera si tost que Nous aurons faict ce que Nous tenons pour l'exécution du traicté de ladite paix avec nostre très cher et très aymé bon filz et frère le Roy Catholicque, — Nous avons advisé d'envoyer par les provinces, gouvernemens, bailliaiges et seneschaulcées de nostre royaulme certains bons et notables personnaiges pour procéder à l'expulsion, punition et correction desdits hérétiques. A quoy Nous voulons et désirons que vous et aultres noz juges et officiers provinciaulx leur levez main et leur donnez toute l'ayde, port, faveur et assistance dont serez requis, avec main forte et armée si besoing est, par convocation et assemblée de nos ban et arrière-ban, prévosts et nos mareschaulx et leurs archers, en sorte que la force et authorité nous en demeure. Avec ce Nous envoyerons et ferons tenir sus les lieux et endroicts que besoing sera quelque bon nombre de nostre gendarmerye pour s'en servir au besoing. Et n'oublierez aussi de vostre part à faire toutes les diligences requises pour la vérification et capture desdits héréticques, sectateurs et inventeurs desdites faulses doctrines, de quelque qualité et condition qu'ilz soyent, pour procéder à l'encontre d'eulx en ensuyvant nos ecditz et ordonnances. Mays gardés en test endroict de n'user d'aulcune acception de personne, dissimulation ou connivence, ainsi que Nous avons esté advertiz que aulcuns de voz semblables ont faict et font ordinayrement, comme estons eulx-mesmes du nombre de ceulx qui doibvent estre recherchés et puniz pour ce crime : aultrement, et là où Nous en aurions aulcun sentiment ou advertissement, vous estes asseuréz que vous seriez des premiers ausquels Nous nous adresserons pour vous fayre punir et chastier, affin de servir d'exemple aux aultres. Et nous advertissant ordinayrement des dilligences que vous ferez et comme passeront les choses en vostre jurisdiction et ressort pour le regard du faict de ladite religion sans riens nous dissimuler. Car tel est Nostre plaisir[38].

Cet acte ne laissait aux Protestants d'autre issue que la fuite ou la révolte.

Henri II, de lui-même, s'engageait hardiment sur la voie sanglante. D'ailleurs, on l'y poussait fort.

Dans la foule catholique de Paris régnait un sentiment croissant de terreur. Par suite de révélations surprenantes touchant la diffusion secrète de l'hérésie, le peuple, qu'excitaient les prédicateurs, devenait fiévreux. A l'époque même où fut conclu le traité du Cateau-Cambrésis, un fait découvrait, à Paris, l'énervement de la population. Deux personnes y furent massacrées pendant un sermon, l'une pour avoir murmuré, l'autre simplement pour avoir tenté de secourir son ami[39]. Or, le Roi ressentait fortement les impressions collectives et ne résistait guère à l'entraînement : toutes ses entreprises, les plus folles surtout, comme la guerre de Sienne et la guerre des Carafa, montrent son esprit soumis à l'opinion d'autrui.

A vrai dire, les plus dangereux ennemis de la Réforme protestante se trouvaient à la cour. Il y avait, parmi les conseillers, beaucoup de gens intéressés à la répression de l'hérésie, courtisans avides ou endettés, robins prompts au gain, officiers de finances sans scrupules. Les favoris, Diane de Poitiers et le maréchal de Saint-André, apportaient dans cette affaire des sentiments aussi bas que furieux : ils désiraient étouffer les voix imprudentes qui s'élevaient depuis longtemps contre l'immoralité de leur fortune. D'autres adversaires de l'hérésie, tout aussi violents, étaient pourtant plus honnêtes d'intention. Les Guises avaient toujours représenté la stricte orthodoxie romaine. A leur zèle, il est sûr, se mêlaient beaucoup d'intérêts, mais, décidément, rien n'empêche de croire leur foi sincère. D'ailleurs, au printemps de 1559, leur influence sur Henri II était assez diminuée pour qu'on ne leur attribue pas toute la responsabilité des mesures prises contre les Protestants. Le vrai chef du gouvernement, c'était alors Montmorency, et rien ne se put faire sans son consentement. Le crédit que possédait encore la maison de Lorraine, elle l'exerçait par le dauphin François et par la reinette Marie Stuart, enfants chers au Roi, l'un et l'autre, il est vrai, fort excités contre les calvinistes qui troublaient l'Écosse[40]. Même, Henri II était encouragé à la violence par quelques hommes dont on ne peut contester la droiture et l'intelligence. Tournon nous paraît le plus remarquable de ces hommes. Informé des mesures ordonnées contre les hérétiques, le cardinal écrivait à son maître Sire, chacun espère et présume que Votre Majesté n'a pas fait un si beau et saint commencement pour ne le parachever comme il se doit, car, autrement, il vaudrait mieux ne l'avoir point commencé. On peut voir aisément que c'est une œuvre venant de Dieu, attendu que nous avons nouvelles que le Roi catholique a fait faire de grandes exécutions en Espagne et de dogmatisans et de gens de grosse maison, sans avoir égard qu'à réduire les choses comme un bon prince catholique doit faire. Qui est bien signe, sire, que tout ainsi que Dieu vous a voulu unir par bonne paix et alliances si proches, il faut espérer que vous le serez encore plus à vous accorder pour la conservation de son honneur et de sa sainte foy[41]. A suivre de près la carrière de Tournon, sous le règne de Henri II, il est impossible de ne pas reconnaître la capacité de ce ministre. Il a souffert, dans la tradition historique, de son attitude cruelle à l'égard des Protestants, et, de vrai, cette attitude surprend et désoriente le spectateur moderne. Comment un esprit aussi pénétrant et averti, tout hostile qu'il fut aux doctrines de la Réforme, n'a-t-il pas senti les pures intentions qui protestaient contre les hontes de la Renaissance dégénérée ? La vérité, c'est que la religion des hommes de ce temps ne répondait pas à l'image qui nous est familière. Peu mystiques, leurs croyances s'étaient durcies sous le poids de la raison d'État et de la raison monarchique, qui régnaient tant dans le domaine religieux que dans le domaine politique. L'hérésie, à leur regard, c'était non la réforme, mais la rébellion. Surtout, nous avons acquis une sensibilité et une intuition sympathique que la plupart des gens de la Renaissance ne possédèrent à aucun degré.

Enfin, depuis quelques années, Rome donnait l'impulsion aux mesures contre les dissidents. Les principes de l'orthodoxie pontificale étaient défendus surtout par les Jésuites. Les Guises aussi bien que Tournon, comme beaucoup d'autres, subissaient l'influence de la célèbre compagnie. L'intervention des Jésuites dans la dernière politique de Henri II nous paraît non douteuse : c'est à eux, croyons-nous, qu'il faut attribuer l'initiative de la fameuse mercuriale de juin 1559. Depuis plus de huit ans, la Compagnie de Jésus soutenait une lutte formidable contre le Parlement de Paris. Ce corps refusait d'enregistrer les lettres de naturalité qu'avait conférées le Roi à la nouvelle religion, en janvier 1551 ; des lettres de jussion étaient restées inefficaces devant la résistance des parlementaires, et les Jésuites voyaient menacée leur existence même dans le royaume. Dès le début, ils avaient expliqué l'hostilité de cette cour souveraine par l'esprit d'hérésie qui animait ses membres. Or, le 1er novembre 1558, le général de l'Ordre envoyait à Paris, pour en finir, un procès dont les historiens Jésuites eux-mêmes reconnaissent le caractère dangereux. C'était le Père Ponce Cogordan, homme actif, ambitieux et, au témoignage du cardinal de Lorraine, le plus fin négociateur qu'il eût jamais vu[42]. On sait ce qui se passa quelques mois après. Le 10 juin 1559, Henri II, informé que la majorité du Parlement s'opposait à l'exécution des édits contre l'hérésie, se rendit à l'assemblée générale des chambres et, indigné par les discours qu'il entendit, fit arrêter six conseillers, parmi lesquels Anne Dubourg[43].

Jadis, on avait vu les Jésuites défendre la cause romaine presque malgré le pape, alors tout occupé de politique temporelle. Mais, en 1559, Paul IV avait laissé les soucis profanes, pour restaurer la puissance et la vertu de l'Eglise. L'ambassadeur de France à Rome était un catholique zélé, Philibert Babou de la Bourdaisière, évêque d'Angoulême. Ce personnage bien disposé, d'ailleurs ami et créature du cardinal de Tournon, transmettait à Henri II les désirs du pape touchant la répression de l'hérésie. Dans cette exhortation, le vieux pontife Carafa apportait la fougue et la violence extraordinaires qu'il avait mises autrefois au service de ses passions politiques.

Une lettre de Babou adressée au Connétable de Montmorency, en février 1559, nous en apporte un exemple bien vivant. François d'Andelot, frère de Coligny, arrêté au mois de mai précédent pour cause d'hérésie, avait été absous par le Roi et remis dans ses charges, après une longue comédie où la politique eut plus de part que la religion. Averti trop tard de cette rentrée en grâce, Paul IV fit appeler Babou ; il lui déclara qu'il s'ébahissait grandement comme Sa Majesté ne faisait autre compte de punir les hérétiques de son royaume, et que l'impunité de M. d'Andelot donnait une très mauvaise réputation à Sadite Majesté, devant laquelle ledit sieur d'Andelot avait confessé d'être sacramentaire, et que qui l'eût mené tout droit au feu, comme il méritait, outre que l'on eût fait chose très agréable à Notre Seigneur, le royaume de France fût demeuré longtemps net d'hérésie. Et le pape rendit responsable de cette indulgence l'homme même qui avait tout fait pour perdre d'Andelot. Il prétendit que Monsieur le cardinal de Lorraine, lequel Sa Sainteté a fait son inquisiteur, ne se saurait excuser qu'il n'ait grandement failli, ayant laissé perdre une si belle occasion d'un exemple si salutaire et qui lui pouvait porter tant d'honneur et de réputation, mais qu'il montre bien que lui-même favorise les hérétiques, d'autant que, lorsque ce scandale advint, il était seul près du Roi sans que personne pût lui résister ni l'empêcher d'user de la puissance que Sa Sainteté lui a donnée. Le pontife termina sa diatribe en évoquant les calamités que Dieu envoie pour telles choses et la subversion des royaumes, empires et Etats qui adviennent avec la mutation de la religion, à quoi le Roi doit bien penser.

Accuser le cardinal de Lorraine de favoriser les hérétiques, c'était assurément l'indice d'un excès de zèle. Surpris, l'ambassadeur fit une réponse qui est fort intéressante, parce qu'elle nous montre comment le Roi et ses conseillers expliquaient la diffusion de l'hérésie dans le royaume. Je lui répondis en somme, écrit Babou, qu'il n'était pas possible, à cause même des guerres, qu'il ne fréquentât en France beaucoup d'hérétiques, qui, sous ombre de Dieu et de vérité, mettaient peine de séduire le plus de gens qu'ils pouvaient, et que les plus savants avaient bien peine à se sauver de leur malheureuse doctrine pour les arguments pleins d'une subtilité diabolique dont usaient ces malheureux qui sont grands simulateurs de charité et de sanctimonie, de sorte qu'ils trompent les plus habiles. L'opinion de la cour de France attribuait le développement de l'hérésie au passage et au séjour sur le territoire des soldats mercenaires venus de Suisse ou d'Allemagne et, d'une manière générale, à la grande affluence d'étrangers, marchands et fournisseurs qu'on tolérait en temps de guerre. Fondée ou non, cette opinion avait poussé fortement Henri II à conclure une paix qui lui permettait de renvoyer hors du royaume les soldats hérétiques et tous les étrangers mal sentans de la foi.

Ces explications n'adoucirent nullement le pape. Il s'écria que c'était un abus d'estimer qu'un hérétique revînt jamais, que ce n'était que toute dissimulation, et que c'était un mal où il ne fallait que le feu et soudain. L'ambassadeur objecta simplement que la justice de France ne se maniait pas de cette façon, mais marchait son train et par ses mesures, et que nul n'avait puissance sur elle que le Roi[44].

Aussi bien, Paul IV donnait l'exemple de la rigueur avec une impartialité dont on doit reconnaître le mérite. En plein consistoire, le 27 janvier 1559, il déclarait ses propres neveux coupables de mensonge et de fraude, les privait de leurs charges et les exilait de Rome[45]. Frappant durement ceux qu'il avait tant aimés, le pape n'inclinait pas à la pitié pour les sacramentaires. Dans la Ville éternelle, l'Inquisition faisait rage. Le feu dévorait les livres et les hommes. Les cardinaux libertins cachaient leurs bibliothèques. Ici, on ne fait plus que brûler les livres ou les porter à l'Inquisition, écrivait au cardinal Farnèse son bibliothécaire, fort inquiet pour la librairie du palais[46]. Au Campo de Fiori, les hérétiques, des Allemands surtout et des Suisses, mouraient dans les flammes[47]. Chaque consistoire entendait Paul IV publier des mesures extraordinaires pour détruire la secte et restaurer l'Église. Contre le relâchement de la discipline ecclésiastique, le pape prescrivait des sanctions étonnantes pour l'époque : au début de mars, une bulle parut sur la résidence des évêques, ordonnant que tous, excepté les officiers de la Curie, devaient se rendre dans leurs diocèses et donner avis de leur arrivée ; ils ne pourraient désormais quitter leurs sièges pendant plus de deux mois chaque année sous peine de suspension a divinis et, en cas grave, de privation complète de leurs bénéfices[48]. On ne fermait plus les yeux comme autrefois : Jacques Spifame, l'évêque de Nevers qui s'était enfui à Genève, fut privé de son siège, au mois d'avril, et cité pour se justifier devant l'Inquisition de Rome[49]. Des bulles armèrent le pouvoir séculier contre l'hérésie, comme celle qui donna faculté aux princes de confisquer les biens des mal sentans et d'en faire don à qui bon leur semblerait[50].

Entraînés par cette impulsion vigoureuse, tous les rois et ducs catholiques, en l'année 1559, après la réconciliation des maisons de France et d'Autriche, s'acharnaient à déraciner la Réforme protestante[51].

 

Attiré de plus en plus vers cette œuvre sainte, Henri II avait hâte de débarrasser sa route des débris du passé.

Les plaintes de ceux qu'il avait sacrifiés dans le traité de paix l'ennuyaient : à leurs doléances importunes, il répondait par des promesses vagues, par des phrases déconcertantes. En niai, des ambassadeurs corses arrivèrent à Paris ; ils dirent au Roi que les nobles et la majorité du peuple de l'île préféraient l'exil plutôt que d'accepter de nouveau la domination génoise, et ils demandèrent qu'on voulût bien leur prêter au moins un refuge en France. Henri II les jugea indiscrets[52]. Aux députés de Montalcino, il fit un aveu extraordinaire. Les ambassadeurs de l'héroïque république toscane, qu'on avait remise sous le joug espagnol, après avoir tenté de la vendre au duc de Ferrare, poussaient des lamentations jusques au ciel. Henri II finit par leur déclarer qu'il était bien fâché de leur sort, mais que cela avait été fait sans son consentement. N'était-ce pas confesser qu'il avait suivi, le cœur léger, dans les négociations, toutes les exigences des Espagnols[53] ?

Sans remords, le Très Chrétien abandonnait ses protégés et ses amis. D'une âme égale, il pardonnait à ses pires ennemis. Cosme de Médicis s'était montré, depuis plus de vingt ans, l'adversaire haineux, tenace et fourbe de la politique française en Italie : le Florentin avait lui-même une conscience si vive de ses méfaits passés qu'après la signature du traité, il n'osait pas envoyer un représentant à la cour des Valois. Scrupule bien superflu. Le Roi lui fit dire, par l'intermédiaire des Este et des Guises, que son ambassadeur serait reçu avec tous les honneurs et les caresses qu'il saurait désirer[54]. Et Leone Ricasoli vint apporter à l'ancien protecteur de la cité de Sienne et des fuorusciti toscans les félicitations du tyran de Florence[55].

Les Farnèse, Henri II les avait haïs profondément, furieusement, pour leur trahison éhontée : deux ans auparavant, il avait chargé le duc de Guise d'occuper leur duché et, en France, il avait séquestré leurs biens. En 1559, il accepta leur repentir intéressé. Cette réconciliation se fit par l'entremise du vieux cardinal du Bellay, de Montmorency et aussi, semble-t-il, de Diane de Poitiers[56]. Et le cardinal Farnèse, chef astucieux d'une famille de bandits, recouvra bientôt ses bénéfices français. Tant de générosité ne devait pas même inspirer à ceux qui en furent l'objet un peu de gratitude. En septembre 1559, au moment d'entrer au conclave pour élire le successeur de Paul IV, Alexandre Farnèse écrira à sa belle-sœur, Marguerite d'Autriche : Je vous assure que mon frère et moi et tous nos amis, après le service de Dieu, nous ne penserons qu'au service du roi d'Espagne[57].

Dans cette lamentable liquidation d'un passé pourtant glorieux, une seule chose intéressait Henri II, c'était les mariages qu'en vertu du traité on allait célébrer à Paris. Car il aimait toujours passionnément les fêtes. D'un regard heureux, il suivait, il ordonnait les préparatifs de la réconciliation universelle. Une fièvre joyeuse animait toute la cour : on n'y parlait que de robes de soie, de bijoux, de triomphes, de comédies[58]. En l'absence de Philippe II, qui avait refusé l'invitation, c'était Emmanuel-Philibert de Savoie, le vainqueur de Saint-Quentin, la grande victime des Valois, l'exilé naguère miséreux, qu'on appelait pour présider à ce spectacle somptueux.

Le sieur de Savoie aura à femme Mme Marguerite de France[59]. Ces simples mots constituent l'article le plus important du traité du Cateau-Cambrésis ; comme le dit un contemporain, c'est la clef de la paix et concorde universelle[60]. Le mariage de la duchesse de Berry avec Emmanuel-Philibert, dont le projet, depuis plus de dix ans, a offert aux diplomates adverses l'occasion de se rapprocher et de négocier, va se réaliser enfin. Considéré par le roi de France comme un heureux incident de famille qui doit clore de trop longues guerres, ce mariage est le signe excellent du triomphe de la maison d'Autriche ; il marque la renonciation de la diplomatie française à ses vieilles thèses ; il met fin aux guerres d'Italie et aux tentatives d'expansion politique de la France outre monts. Certes, Henri H ne vit pas la valeur et la portée de cet acte, et, sans doute, un seul prince, Emmanuel-Philibert lui-même, en estima tout le prix. C'est pourquoi l'héritier de l'infortuné Charles II se disposait allègrement à faire le dernier sacrifice que lui avaient demandé les négociateurs, à épouser la sœur du roi de France.

Les mémorialistes du XVIe siècle ont raconté la colère des soldats de l'armée de Piémont et les injures pittoresques dont ils couvrirent le nom de Marguerite de France en apprenant les clauses du traité. Les documents confirment et précisent le récit des Mémoires. La fureur du gouverneur Brissac fut émouvante, désespérée. Accablé de souffrances physiques et morales, torturé par la goutte, la fièvre et le flux, le glorieux maréchal qui, pendant dix ans, avait vaincu les Espagnols et organisé le Piémont se mit à détruire son œuvre avec une rage folle. Sous prétexte de démolir les fortifications qu'il avait lui-même construites, il fit sauter à la mine des villes et des bourgs entiers, comme Moncalieri. Lui qui avait appliqué jusqu'alors au Piémont une administration modèle, si bien ordonnée que les peuples de l'Italie du Nord avaient souhaité de passer sous la domination française, il perdit tout sang-froid, livra le pays à ses soldats et le fit saccager par vengeance : les biens furent pillés, les femmes violées. Douloureusement surpris, les députés du Piémont vinrent dire à Henri II qu'ils n'avaient jamais vu les Français commettre de pareils excès. Bien plus, Brissac lui-même prit sa part du pillage, et, dans les premiers jours de mai, le Roi faisait arrêter à Lyon vingt-quatre mulets chargés des plus riches dépouilles que le maréchal avait envoyées en France. Les révoltes qui se produisirent après la conclusion de la paix, dans une population jusqu'alors favorable aux Français, furent le fruit de ces excès désespérés. Henri II, pressé par sa sœur Marguerite, mit un terme aux débordements des soldats et de leur chef[61].

Emmanuel-Philibert, prévoyant que les capitaines français seraient moins accommodants que leur roi, s'efforça de recouvrer son bien avant qu'il fût trop endommagé. Le 21 avril arrivait à la cour de France le comte de Stroppiana, principal ministre du duc de Savoie ; il venait officiellement saluer Marguerite ; mais en réalité, il était chargé de presser la restitution des Etats subalpins. Il obtint de beaux résultats et, en rentrant à Bruxelles, il put attester l'admirable inclination du roi de France pour les intérêts du duc[62]. Celui-ci profita de ces dispositions : quelques jours après, il envoyait l'auditeur Coconat avec mission d'obtenir de Henri II qu'il arrêtât la démolition des forteresses de Piémont, démolition prévue par le traité[63]. A ces demandes, le gouvernement royal s'empressa de satisfaire. Le Connétable écrivit à Emmanuel-Philibert : Quand il vous plaira envoyer quelques personnages pour passer au pays de Piémont et voir ce qui se fera tant aux démolitions d'aucunes places que autres choses ordonnées par le traité, vous trouverez que l'intention du Roi est telle et si favorable à votre endroit que meilleure ne la sauriez-vous désirer[64]. Montmorency se montrait bienveillant au prince qui lui avait remis cinquante mille écus de sa rançon. II fut donc décidé qu'on démantèlerait seulement les places menaçant les territoires restés français. Quant à la restitution des États de Savoie, il avait été accordé par les plénipotentiaires qu'elle ne serait exécutée qu'après la consommation du mariage ; au lendemain des noces. Henri II devait donner à son gendre les lettres patentes de mise en possession. Or, le Roi, cédant à la prière de Marguerite, fit consigner, dès le début de mai, aux agents d'Emmanuel-Philibert tous les lieux non fortifiés[65]. Marguerite s'employait avec un zèle ardent auprès de son frère et même, par lettres, auprès du roi d'Espagne pour favoriser les intérêts de son futur époux[66]. Le duc de Savoie, en fait, ne répondait guère à cette bienveillance : pressés de recouvrer les anciens États de leur maitre, ses agents encourageaient la rébellion parmi des sujets longtemps dociles à l'administration royale. On apprenait alors que les habitants de Bourg-en-Bresse se révoltaient avec une notable insolence contre la garnison française, et des mouvements aussi fâcheux se manifestaient en divers pays de la région alpine. Non sans candeur, Montmorency priait le duc de faire entendre raison à ces révoltés, qui devaient tant à la bonne grâce et intention du roi[67].

Mais, à vrai dire, Henri II et ses conseillers ne regardaient point ces détails ennuyeux. On ne pensait qu'à la joie des fêtes à venir.

Quel accueil attendait le vainqueur de Saint-Quentin dans cette cour où il allait entrer pour la première fois ? Le Roi gardait-il un souvenir amer des heures qui avaient suivi la terrible journée de Saint-Laurent ? Le général de Charles-Quint et de Philippe II, dont la victoire avait affolé Paris pendant plus d'un an, trouverait-il, à son arrivée, quelque rancune ou défiance ? Emmanuel-Philibert n'eut pas d'inquiétude ; il savait qu'on l'accueillerait à cœur ouvert. De loin, tous déjà lui faisaient fête. En termes affectueux, Catherine de Médicis exprimait son allégresse : J'ai souhaité pour vous ce que je vois, lui écrivait-elle[68], et si jusqu'à cette heure j'ai eu envie de m'employer en ce qui vous touche, je vous prie croire que d'ici en avant je m'y emploierai de toute telle affection que pour mes propres enfants. La reine oubliait ainsi l'opposition tragique qu'elle avait faite naguère aux clauses italiennes du traité de paix. Pareillement, la duchesse de Guise, Anne d'Este daignait se conjouir infiniment avec Emmanuel-Philibert[69], et son mari, François de Lorraine, jadis défenseur acharné de la guerre, montrait aise et plaisir de la paix[70]. Henri II avait fait dire au duc de Savoie par le cardinal de Lorraine combien singulièrement il le désirait à sa cour ; puis il se plaignit qu'il ne vînt pas assez tôt[71]. On retarda la cérémonie du mariage d'Élisabeth de France avec Philippe II pour permettre au duc d'y assister[72]. Marguerite, plus que tous, désireuse de voir son futur époux, montrait une vive impatience. Emmanuel-Philibert se défendait contre cette importune recherche en tirant prétexte de la gravité des affaires qui l'arrêtaient aux Pays-Bas[73]. Lui ne s'abandonnait point aux tendresses sentimentales ; il réglait avec une froide méthode les comptes de son triste passé et préparait sa fortune nouvelle. A cette heure, dans toute l'Europe, l'héritier de Charles II, jadis méprisé, jouissait d'une renommée incomparable. Huit jours après la signature du traité, le doge Riuli avait porté à l'ambassadeur de Savoie, Malopera, les solennelles félicitations de Venise. A l'empressement des marchands de Saint-Marc, Emmanuel-Philibert put mesurer son bonheur : de mendiant il devenait souverain[74].

Au début d'avril, le duc avait dépêché un courrier à Rome afin d'obtenir du pape un bref de dispense pour son mariage avec Marguerite de France. Le cardinal Pio de Carpi, parent de la maison de Savoie, présenta cette requête à Paul IV. Expédié le 14 avril, le bref fut apporté à Bruxelles le 29[75]. Emmanuel-Philibert s'attarda encore plus d'un mois dans les Pays-Bas. Enfin, le 15 juin, il partit de Bruxelles, accompagné de deux cents cavaliers, tous accoutrés en velours violet cramoisi, doublé de toile d'or, tout passementé d'or, et ses pages vêtus de velours noir. Dans cette troupe qui allait au triomphe figuraient les conseillers fidèles du prince, Pancalieri, Osasco, Du Bouchet et, devant tous, l'artisan de ce triomphe, le comte de Stroppiana[76]. De Cambrai, le 18 juin, Emmanuel-Philibert annonça son arrivée à la cour de France. Le 21, vers six heures du soir, il entrait dans Paris ; Henri II le reçut avec les honneurs royaux et d'infinies caresses et l'emmena loger au Louvre[77].

Dans les premiers jours, les façons du duc de Savoie ne plurent guère aux gentilshommes français. Il montrait trop la rudesse du soldat et sa fameuse tête de fer était rebelle aux courbettes. Il se couvrait devant le Roi sans en avoir été prié. Tantôt il répondait aux courtoisies avec hauteur, tantôt il les accueillait par une grosse familiarité. Il répugnait aux déguisements somptueux et paraissait dans les cérémonies sous un costume dont la simplicité faisait scandale. Des observateurs malins attestèrent qu'il caressait peu Mme Marguerite. Les courtisans murmuraient contre ce général malappris. Mais le Roi aimait beaucoup les soldats : ses égards affectueux firent le duc plus civil[78].

Le 15 juin étaient arrivés à Paris et descendus à l'hôtel de Villeroy trois représentants de Philippe II, le duc d'Albe, le prince d'Orange et le comte d'Egmont, otages de la paix et ambassadeurs chargés d'épouser par procuration Élisabeth de Valois : cortège sans faste dont la pauvreté avait choqué la cour de France[79]. Quelques semaines auparavant, Henri II avait fait porter à Bruxelles par un Vénitien, Marcantonio Sidonio, le portrait d'Elisabeth, que Philippe avait suspendu dans sa propre chambre[80]. L'arrivée des ambassadeurs espagnols fut l'occasion d'un incident significatif. Le Roi avait chargé l'amiral de Coligny et son frère, François d'Andelot, d'aller à la frontière, à Péronne, recevoir les envoyés du Catholique. Or, le 10 juin, s'était produit le scandale fameux du Parlement, la mercuriale suivie de l'arrestation d'Anne Dubourg et de six conseillers protestants. Coligny et son frère apprirent en cours de route cette arrestation ; ils feignirent alors d'être malades et refusèrent d'accomplir leur mission. Henri II dut envoyer l'un des fils du Connétable, François de Montmorency, pour recevoir et accompagner les grands seigneurs espagnols[81]. A Notre-Dame, le 18 juin, en pompe solennelle, le roi de France prêta le serment de la paix[82].

Les journées des 22 et 23 juin furent remplies par les fêtes du mariage d'Elisabeth de Valois ; le luxe lourd de cette fin de la Renaissance s'étalait dans Paris avec une abondance qui choqua les Italiens eux-mêmes. Coligny et d'Andelot, informés qu'on allait relâcher les conseillers hérétiques  du Parlement, assistèrent, le 22, à la cérémonie de Notre-Dame[83]. Le 24, on apprit le décès du cardinal Trivulzio, — le légat qui avait tant travaillé pour la paix catholique, — mort au lieu de Saint-Mathurin, à cinq postes de Paris, d'une esquinancie[84].

Enfin, le tour du duc de Savoie arriva. Sans pompe, le 28 juin, après souper, le Roi présida aux fiançailles d'Emmanuel-Philibert avec Marguerite et le contrat de mariage fut signé[85]. Le duc se montrait satisfait. Il écrivit au comte de Collegno l'un de ses confidents : Je vous dirai seulement que le Roi Très-Chrétien, la Reine, les princes et les princesses de la cour manifestent une très grande allégresse et me font tant de signes d'amour que je ne le pourrais exprimer[86]. Les noces devaient être célébrées à Notre-Dame ; on y avait construit à cette occasion des théâtres et apprêts. Montmorency, que les poètes appelaient alors le Vulcain de la paix, dirigeait ces préparatifs. Une foule énorme avait envahi Paris, se pressait aux fenêtres et jusque sur le toit des maisons 3.

Dans la grand'rue Saint-Antoine, près du palais des Tournelles, on avait dressé des lices, des arcs triomphaux, des estrades et tout l'appareil d'un grand tournoi[87]. Les joutes y commencèrent au jour même des fiançailles, le mercredi 28 juin ; elles devaient durer jusqu'au dimanche. Au cours des deux premières journées, Henri II se montra d'une maîtrise incomparable dans la chevauchée et le jeu des armes : tout le monde l'admirait. Les principaux tenants furent, avec lui, le dauphin François, le duc Charles III de Lorraine, le duc de Guise, le prince Alphonse de Ferrare et le duc de Nemours. Parmi ces fêtes, il n'y avait de tristesse que dans les quartiers populaires où habitaient les pasteurs protestants et leurs humbles ouailles. Macar, ministre de l'Église réformée, écrivait alors à Calvin : Une trêve semble nous être accordée jusqu'au 10 juillet, jour du mariage de Savoie. Ensuite le Roi se retournera contre nous de toutes ses forces ; il a une longue liste de noms de diverses classes de la société. Il ne nous attaquera pas tous à la fois, mais, brisant l'un après l'autre, il purgera peu à peu la France de ce qu'il appelle la secte luthérienne[88].

Le vendredi 30 juin, à cinq heures de l'après-midi, bien que déjà fatigué, Henri II voulut engager une nouvelle joute avec le capitaine de ses gardes écossaises, Gabriel de Montgomery, fils du sieur de Lorges. La rencontre fut brutale. La lance de Montgomery porta sur la visière du Roi, se brisa et glissa en éclats sous le masque qu'elle releva : un gros éclat frappa le front au-dessus du sourcil droit et, déchirant la chair, vint s'enfoncer dans un coin de l'œil gauche ; plusieurs fragments percèrent l'œil même ; l'os frontal ne fut pas touché. On vit le Roi vaciller fortement vers la contre-lice, puis vers la lice. Les spectateurs le crurent seulement étourdi par le coup. Il allait tomber à terre quand les gens se précipitèrent pour arrêter le cheval. On ôta le casque du malheureux prince : un flot de sang couvrit aussitôt son visage. A cette vue, le Dauphin et les reines, qui se trouvaient dans la tribune avec le duc de Savoie, le duc d'Albe et les cardinaux, s'évanouirent au milieu des darnes de la cour qui poussaient des cris de douleur. On transporta le Roi au palais des Tournelles ; le Connétable prit un bras du blessé, le cardinal de Lorraine et le duc de Guise l'autre, M. de Sancerre soutenait la tête, le prince de Condé et M. de Martigues saisirent les jambes. Au bas du grand escalier, Henri II, montrant cœur et vigueur de vrai roi, voulut monter à pied ; on lui soutint seulement la tête, le buste et les bras. Derrière, suivait un autre cortège portant le Dauphin évanoui[89]. Le blessé fut étendu sur un lit, au milieu de sa chambre. Comme le duc de Guise et le Connétable lui arrosaient les doigts de vinaigre, il retira ses mains sur sa poitrine en forme de dévotion, leva vers le ciel son œil non blessé, se frappa deux fois la poitrine dans une attitude de contrition ardente et murmura, atteste le prince de Ferrare qui se trouvait auprès de lui, quinze ou seize mots de prière. A regret, on suspendit pour quelques jours les tournois et les comédies[90].

A Paris, en France, dans toute l'Europe, l'émotion fut énorme. Plaise à la bonté divine, écrivait le nonce, que les suites de cet accident soient conformes aux besoins de la république chrétienne et particulièrement de la religion catholique, pour le bien de laquelle Sa Majesté se montrait d'heure en heure plus ardente. Déjà j'apprends que le conseiller Dubourg, de plus en plus obstiné, a été condamné à la destitution et livré au bras séculier[91]. A Bruxelles, les courtisans de Philippe II prédirent que la mort du roi de France porterait un coup funeste à la religion catholique[92]. Quant aux protestants, ils virent dans cet accident la justice de Dieu. Les jugements de Dieu sont un profond abîme qui s'éclaire parfois d'une lumière plus éclatante que celle du soleil, écrit à Calvin un ministre de Paris. La tempête terrible de la persécution qui avait bouleversé tout ce royaume, sans épargner presque aucune ville ni aucun bourg, s'apaisera peut-être par ce coup de la Providence[93].

 

Des cavaliers partirent dans toutes les directions à la recherche des médecins célèbres. Le duc de Savoie dépêcha l'un de ses serviteurs à Bruxelles pour avertir l'illustre anatomiste André Vésale. Celui-ci, envoyé par Philippe II avec un autre chirurgien, quitta la cour d'Espagne le 2 juillet et arriva le lendemain à Paris. Ambroise Paré, convoqué par Jean Chapelain, premier médecin du Roi, vint aussi assister le blessé[94].

En attendant l'arrivée de ces oracles[95], Chapelain et les chirurgiens ordinaires avaient fait les premiers pansements. La blessure parut tout de suite très grave. Quand les reines, remises de leur évanouissement, vinrent aux Tournelles, elles trouvèrent Henri secoué par d'horribles vomissements. Les médecins lui arrachèrent du front, de l'œil et de la tempe cinq éclats de bois, dont l'un, de la longueur d'un doigt, était piqué au-dessus du sourcil. Le blessé souffrit cette terrible opération avec un courage étonnant ; une seule fois la douleur trop vive lui fit pousser un grand cri. Après avoir lavé et pansé la plaie au blanc d'œuf, les artistes administrèrent au patient une médecine chargée qu'il rendit trois heures plus tard ; puis ils laissèrent le malheureux en proie à la fièvre. On craignait une issue rapide[96].

La première nuit fut veillée par la reine Catherine, le duc de Savoie et le cardinal de Lorraine jusqu'à trois heures du matin, ensuite par le duc de Guise et Alphonse d'Este jusqu'à l'aurore. Les Guises semblaient monter la garde auprès du moribond. Pourtant, les jours suivants, ils ne purent empêcher Montmorency de soigner le maître qui l'avait tant aimé. Mais Diane de Poitiers n'osa pénétrer dans cette chambre, de peur d'en être chassée par la Reine : la vieille et cupide favorite ne revit plus son amant. Le blessé passa la nuit sans trop se plaindre ; seulement, il se retournait sur son lit, demandait à boire et s'endormait par moments d'un sommeil lourd[97].

Le lendemain matin, 1er juillet, l'état du Roi parut meilleur. Le souverain gisait, assoupi ou abattu, sans proférer ni plainte, ni parole, répondant par un murmure aux questions qu'on lui adressait, tenant fermé son œil resté indemne, de sorte qu'il semblait dormir sans cesse. A dix heures, les médecins arrivèrent. Ils détirent le bandage et constatèrent alors que l'os frontal n'était pas atteint, mais que l'œil gauche était perdu. Pour ne pas raviver la souffrance, ils ne lavèrent la plaie que superficiellement. Ils se montrèrent satisfaits. Le Dauphin, mis en présence de son père, s'évanouit deux fois de suite et, dès lors, on s'efforça de lui faire garder le lit. Après le pansement, à onze heures, on présenta au malade une gelée et d'autres nourritures spéciales : il mangea sans faim, pour boire. Puis il s'endormit profondément, se réveillant seulement de temps en temps pour demander à boire. Le pouls était à peine agité. A quatre heures du soir, la fièvre tomba. Cependant, les médecins analysaient l'urine : ils la trouvèrent vraiment un peu altérée, mais ils prétendirent que d'ordinaire le Roi en faisait de semblable[98].

Le 2 juillet, on vit le blessé reprendre vie ; il parla nettement et donna des preuves de son courage. Mais il souffrit du pansement plus que le jour précédent et les médecins, impressionnés par ses cris, commirent une seconde fois la faute de ne pas nettoyer la plaie à fond. Henri montrait une grande piété. Il demanda à voir celui qui l'avait blessé, et comme on lui dit que Montgomery s'était enfui de Paris, désespéré, il en fut attristé : Il faut à tout prix le faire venir, dit-il. Qu'a-t-il à craindre ? Je sais bien que cet accident est arrivé non par sa faute, mais par un mauvais hasard[99]. Autour du Roi qui souffrait en priant, les intrigues et les rivalités commençaient de s'exaspérer. Les Guises regardaient l'avenir ; ils parlaient de mettre en accusation le Connétable sous prétexte que celui-ci avait mal attaché la visière de son maître avant la joute fatale. Montmorency, lui, était affolé, il errait dans les Tournelles, poursuivant les médecins de ses questions angoissées ; il fit conserver le cadavre d'un .pauvre homme assassiné dans Paris, afin que le chirurgien Vésale, à son arrivée, lui expliquât l'anatomie du crâne humain et les effets de la blessure du Roi[100].

Les journées des 3 et 4 juillet furent excellentes. André Vésale était arrivé ; on espérait sauver le souverain et même le guérir à bref délai. Le malade demanda qu'on fît de la musique dans sa chambre, et il prit à l'écouter un très vif plaisir. Il exprima le vœu de se rendre à pied, s'il guérissait, en pèlerinage à Notre-Dame de Cléry, près d'Orléans. Enfin, jugeant qu'il n'était pas honnête que tant de gentilshommes eussent fait de grosses dépenses inutilement, il ordonna que les fêtes et les joutes reprendraient le dimanche suivant. Joyeuse, la cour se prépara à de nouveaux divertissements[101].

Dans la journée du 3 juillet, le Roi s'était inquiété de nouveau des protestants ; avec la vie renaissait son zèle contre l'hérésie. Il dicta une lettre adressée à l'ambassadeur de France à Rome ; après lui avoir annoncé l'arrestation d'Anne Dubourg et des parlementaires luthériens, il ajoutait : J'espère bien, puisque Dieu m'a donné la paix, d'employer le temps et les forces que j'aurai à faire punir, châtier et extirper tous ceux qui se trouveront imitateurs de ces nouvelles doctrines, sans y épargner personne, de quelque qualité ou dignité qu'ils soient ; en sorte que j'en purgerai mon royaume s'il est au monde possible. Ce vous pourrez, à l'occasion, faire connaître à Notre Saint-Père et ailleurs où besoin sera[102].

Subitement, dans la soirée du 4 juillet, la fièvre monta très vite et de violentes douleurs se firent sentir à la nuque. Les médecins, appelés en hâte, déclarèrent gravement le cas désespéré. Les symptômes indiquaient et, plus tard, l'autopsie confirma qu'un abcès s'était formé dans la tête. Un deuil plus profond et plus agité que le premier s'empara de la cour. L'approche de la mort fit lever des rumeurs sinistres. Des gens s'écriaient tout haut que les Luthériens menaçaient la sécurité du royaume. Les Guises ou leurs amis tenaient des conciliabules, où ils dénonçaient l'alliance hérétique des Bourbons et des Montmorency, — de Coligny, d'Andelot et du roi de Navarre, — pour préparer l'émeute et instaurer la maudite secte. En dehors du palais, une stupeur pesait sur Paris[103].

Le 8 juillet, les médecins condamnèrent définitivement le Roi. La fièvre se maintenait à un degré très élevé, la tête était enflée, le visage tuméfié, la plaie de mauvais aspect. Henri II eut encore la force de faire écrire par le Dauphin une lettre à son ambassadeur à Bruxelles, le priant d'invoquer la protection du roi d'Espagne pour son peuple et pour son fils après sa mort. Pauvre et naïf Valois ! Il autorisait ainsi d'avance toutes les intrigues de Philippe II. Puis commença une longue agonie : le malade, aveuglé, ne donnait plus signe d'intelligence que par secousses[104].

La journée du 9 fut infiniment triste. C'était un dimanche. A l'aurore, on donna la communion au moribond, qui parut la recevoir avec une grande piété. On le pansa de nouveau ; la plaie était sèche. Les médecins annoncèrent la mort. Le Roi eut un moment de lucidité pour demander son fils. On lui amena le Dauphin. Il mit longtemps à le reconnaître, car il ne pouvait même plus ouvrir son œil non blessé. Enfin, il prit les mains de son héritier et murmura : Mon fils, vous allez être sans père, mais non sans ma bénédiction. Je prie Dieu qu'il vous rende plus heureux que je n'ai été. Et il esquissa un geste pour bénir. Le Dauphin s'évanouit encore une fois, ainsi que Mme Marguerite qui assistait à cette scène. Pendant toute la journée, l'état de l'héritier du trône inspira beaucoup d'inquiétude aux personnes de la cour. Ce lamentable adolescent errait dans le palais, battant de la tête contre les murs et criant : Mon Dieu, comment pourrai-je vivre si mon père meurt ! On craignait qu'il ne devînt fou. La reine Catherine s'occupait beaucoup plus de son fils que de son mari. Scènes navrantes qu'interrompaient des bruits de disputes ; déjà dans les corridors du palais, éclataient des altercations entre les Guises et les Bourbons au sujet de la tutelle du futur roi. Ce jour-là une grande procession se déroula à travers Paris pour demander au ciel la guérison de Henri II ; on sortit les châsses de Monseigneur saint Marcel et de Madame sainte Geneviève, la vraie croix, la sainte couronne d'épines, le fer de la lance, les chefs saint Charlemagne et saint Louis, tous les reliquaires des ordres mendiants, les croix et les bannières des paroisses[105].

Le soir, les médecins administrèrent au Roi des narcotiques et parlèrent, comme ressource désespérée, de lui faire l'opération du trépan. En attendant, ils défirent le bandage de la tête pour un nouveau pansement : la plaie, sèche le matin, se l'emplit d'un pus abondant. Le malade parut soulagé et se remit à parler. Mais les médecins s'aperçurent que son corps était couvert de sueur ; ils déclarèrent que c'était la sueur de la mort et ils l'abandonnèrent. Henri II passa la nuit tranquille et dormit bien[106].

C'est pendant cette nuit qu'eut lieu le mariage d'Emmanuel-Philibert de Savoie avec Marguerite de France. Quelques historiens ont raconté que la cérémonie aurait été célébrée dans la petite église de Saint-Paul, à la lueur des torches, en présence de Catherine de Médicis pleurant au banc royal. En réalité, ces noces funèbres se firent dans la chambre d'Élisabeth de Valois, nouvelle reine d'Espagne. Catherine n'y assistait pas : souffrante, elle était couchée dans un appartement voisin[107].

Le 10 juillet, à neuf heures du matin, Henri II reçut l'extrême-onction. Sur ces entrefaites arrivait un gentilhomme espagnol, le marquis de Berghes, venant de Bruxelles. Il transmit les condoléances de Philippe II à la jeune Elisabeth et à la reine Catherine. Puis, assisté du duc d'Albe et de Ruy Gomez de Silva, qui se trouvaient encore à Paris, il déclara au Conseil que son maître, suivant la prière du moribond, était prêt à intervenir pour protéger les affaires du Dauphin si des troubles menaçaient le royaume. Au même instant, le bruit courut dans le palais que les partisans des Montmorency et des Bourbons s'armaient[108].

A une heure de l'après-midi, Henri II expira. Il était âgé de quarante ans, quatre mois et dix jours ; il avait régné douze ans, trois mois et onze jours. L'autopsie révéla que l'abcès avait altéré la substance du cerveau environ la grandeur d'un pouce. Pendant ces dix jours de souffrances, le malheureux Roi avait gagné tous les cœurs. Emmanuel-Philibert, endurci par tant de misères passées, ne put contenir son émotion : De ma part, écrivit-il au comte de Collegno, j'éprouve une douleur inexprimable de cette mort, voyant disparaître celui qui m'avait témoigné autant d'amour et de bonté que l'empereur Charles-Quint : car mon père lui-même ne m'aurait pas accueilli dans ses bras avec plus d'affection que ce bon Roi. Tous, nous sommes restés pénétrés de la plus grande tristesse du monde[109].

Cependant, la peste sévissait dans le royaume, surtout en Provence ; à Paris même, quelques maisons étaient atteintes. Sur la capitale pesait un calme sinistre : les cloches n'avaient pas sonné depuis l'accident. Les bourgeois en deuil allaient répétant que la moitié des sujets du royaume étaient luthériens ; ils regrettaient la mort du prince qui avait promis de brûler tin nombre infini des novateurs. On rapportait ses dernières paroles : Que mon peuple persiste et demeure ferme en la foi. D'aucuns prédisaient une révolution. La plupart étaient en larmes. Dans toute l'Europe comme en France, les catholiques accueillirent la nouvelle de cette mort avec consternation. D'Augsbourg, le 22 juillet, le P. Canisius écrivait au P. Laynez, général des Jésuites : On ne peut dire combien les catholiques sont peinés de la mort imprévue de Henri[110].

Le 12 août 1559, le corps du défunt fut porté à Saint-Denis et, le lendemain, enseveli. Cinq jours après, le 19, on brûla, sur la place Maubert, Marguerite Leriche, dame de La Caille, obstinée en son hérésie. C'est une chose étonnante, disait un contemporain, le Vénitien Thiepolo, qu'en brûlant une personne presque chaque semaine on n'arrive pas à éteindre le feu de l'hérésie, mais qu'au contraire il augmente de jour en jour[111].

 

 

 



[1] Canohio à Paul IV, 1559, 5 avril, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 297 ; orig.).

[2] Canobio à Paul IV, 1559, 11 avril, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 301 ; orig.).

[3] Sur cette cohue, voyez surtout les dépêches d'Andrea de' Nobili aux Anziani de Lucques, 1559, avril-mai, Bruxelles (Arch. d'Etat de Lucques, Ambascerie, 587 ; orig.).

[4] P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 2 avril, Bruxelles (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Spagna ; chiffre orig.).

[5] Ottaviano Vivaldino au duc de Mantoue, 1559, 12 février. Bruxelles (Arch. d'Etat de Mantoue, Fiandra ; orig.). — P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 12 février, Bruxelles (Arch. de Venise, D. al Senato, Spagna ; orig.). — Canobio au cardinal de Naples, 1559, 2 mai, Bruxelles. Le même, 15 mai ; le même à Paul IV, 17 mai (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 309, 318, 480 v° : orig.). — Bern. Collini à l'archidiacre de Camerino, 1559, 30 mai, Parme (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 400, fascic. 2 ; orig.). — L'évêque de Fermo au cardinal de Naples, 1559, 15 mal, Paris (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 4S0 va ; orig.). — Caligari à Commendone, 1559, 20 mai, Rome (Arch. vatic., Principi, XXIII, fol. 55 ; orig.).

[6] O. Vivaldino au duc de Mantoue, 1559, 9 avril, Bruxelles (Arch. de Mantoue, Fiandra ; orig.). — P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 9 avril, Bruxelles (Arch. de Venise, D. al Senato, Spagna ; orig.). — Canobio à Paul IV, 1559, 14 avril, Bruxelles. (Arch. Principi, XI, fol. 305 ; orig.). — Guido Bentivoglio au duc de Ferrare 1559, 22 avril, Fontainebleau (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). — Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1559, 30 mai, Paris (Arch. de Mantoue, Francia ; orig.).

[7] Le cardinal Trivulzio au cardinal de Naples, 1359, 20 avril, 28 avril, 30 avril, Moret (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 465, 473, 476 ; orig.).

[8] Canobio à Paul IV, 1559, 8 mai, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 311 ; orig.).

[9] Andrea de' Nobili aux Anziani de Lucques, 1559, 11 mai, 14 mai, Bruxelles (Arch. d'Etat de Lucques, Ambascerie, 587 ; orig.). — Journal des voyages de Philippe II (coll. des Chroniques belges, Voyages des souverains, t. IV, p. 66).

[10] O. Vivaldino au duc de Mantoue, 1559, 16 mai, Bruxelles (Arch. d'Etat de Mantoue, Fiandra ; orig.). — Canobio à Paul IV, 1559, 17 mai, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 317 ; orig.).

[11] O. Vivaldino au duc de Mantoue, 1559, 16 mai, Bruxelles (Arch. d'Etat de Mantoue, Fiandra ; orig.). A. de Nobili aux Anziani de Lucques. 1559, 17 mai, Bruxelles (Arch. de Lucques, Ambascerie, 587 ; orig.). — Journal des voyages de Philippe, II, p. 68.

[12] Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1559, 22 mai, Paris (Arch. de Mantoue, Francia ; orig.). — P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1539. 26 mai, Bruxelles (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Spagna ; orig.). — Canobio à Paul IV, 1559, 28 mai, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 321 ; orig.).

[13] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 29 mars, La Ferté-Milon (Arch. d'État de Modène, Francia ; orig.).

[14] Le cardinal Trivulzio au cardinal de Naples, 1559, 15 mai, Paris (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 382 v° ; orig.).

[15] P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 30 avril, Bruxelles (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Spagna ; orig.). — Canobio à Paul IV, 1559, 17 mai, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 317 v° ; orig.).

[16] Canobio à Paul IV, 1559, 28 mai, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 321 orig.).

[17] O. Vivaldino au duc de Mantoue, 1559, 21 mai, Bruxelles (Arch. d'Etat de Mantoue, Fiandra ; orig.). — Canobio à Paul IV, 1559, 28 mai, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 321 v° ; orig.). — J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 28 mai, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.). — L'évêque de Fermo au cardinal de Naples, 1559, 29 mai, Paris (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 493 : orig.). — Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1559, 30 mai, Paris (Arch. de Mantoue, Francia ; orig.).

[18] Canobio à Paul IV, 1559, 17 mai, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 318 ; orig.). — Correspondance de Séb. de Laubespine, 1559, mai, Bruxelles (Bibl. nat., ms. fr. 6614, passim ; orig.).

[19] Art. XXXV du traité. D'après l'expédition originale qui se trouve aux archives d'Etat de Turin.

[20] Le cardinal Trivulzio au cardinal de Naples, 1559, 9 avril, La Ferté-Milon (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 455 orig.). — Ascanio Celso au cardinal Farnèse, 1559, 8 avril, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 776 ; orig.). — Luca Centile au cardinal Farnèse, 1559, 8 avril, Venise (Arch. de Naples. C. Farn., fascio 67, fascio. C ; orig.). — Caligari à Commendone, 1559, 22 avril, Rome (Arch. vatic., Principi, XXIII, fol, 49 v° orig.). — Pasino de' Giusti au cardinal Farnèse, 1559, 16 avril, Rome (Arch. de Naples, C. Farn., fasci nuovi, II ; orig.).

[21] ALBERI, Relazioni..., 1a serie, t. IV, p. 130.

[22] Parmi les sources imprimées qui confirment les documents que nous allons citer, voyez La Place, éd. Buchon, p. 13, et les Acta tumultuum gallicanorum, publiés par H. HAUSER (Revue historique, t, CVIII, 1911, p. 72).

[23] Le cardinal Trivulzio au cardinal de Naples, 1559, 1er avril, La Ferté-Milon (Arch. Vatic., Principi, XI, fol. 429-430 ; orig.).

[24] Canobio à Paul IV, 1559, 17 mai, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 317-318 ; orig.).

[25] P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 2S mai, Bruxelles (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Spagna ; chiffre orig.). — Ippol. Orio au cardinal Farnèse, 1559, 19 mai, Milan (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fasci nuovi, V ; orig.). — Cf. les extraits de la Chronique de François de Bonivard, publiés par H. BORDIER (Bibl. de l'Ecole des Charles, 1845-1846, p. 396).

[26] Henri II à Paul IV, 1559. 29 juin, Paris (Arch. vatic., Cast. S. Angelo, arm. XIV, capsa 3, n° 9 ; trad. orig.).

[27] Kervyn de Lettenhove, Relations politiques des Pays-Bas et de l'Angleterre, t. I, p. 509.

[28] Le dauphin François et Marie Stuart à Elisabeth d'Angleterre, 1559, 12 mai, Paris (Bibl. nat., coll. Moreau, t. 717, fol. 267 ; copie). — L'évêque d'Aquila à Philippe II, 1559, 30 mai, Londres (Relations politiques des Pays-Bas et de l'Angleterre, t. I, p. 526).

[29] P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 23 avril, Bruxelles (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Spagna : chiffre orig.). — Cf. Relations politiques des Pays-Bas et de l'Angleterre, t. I, p. 533 et suivantes.

[30] Cristoforo Castelletti au duc de Ferrare, 4558, 15 novembre, Paris (Arch. d'État de Modène, Francia ; orig.).

[31] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 25 mars, La Ferté-Milon (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[32] P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 9 avril, Bruxelles (Arch. de Venise, D. al Senato, Spagna ; chiffre orig.).

[33] Giov. Michieli au Sénat de Venise, 1559, 15 mai, Paris (Arch. de Venise, D. al Senato, Francia, 3 orig.).

[34] DE THOU, l. XXII ; LA POPELINIÈRE, l. VIII ; BULLINGER, Historiae sui temporis, l. I.

[35] G. Raviglio au duc de Ferrare, 1559, 5 mai, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). — Le duc de Ferrare était seigneur engagiste d'une grande partie de la Basse-Normandie. — G. Michieli au Sénat de Venise, 1559, 15 mai, Paris (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Francia, 3 ; orig.).

[36] Le cardinal Trivulzio au cardinal de Naples, 1559, 20 avril, Moret (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 466 ; orig.).

[37] E. PASQUIER, Œuvres, t. II, pp. 78 et 450.

[38] D'après les expéditions conservées aux Archives d'Etat de Berne et de Zurich (série Frankreich). — Cf. Mémoires de Castelnau, l. I, ch. III.

[39] F. Hotman à Calvin, 1559, 4 kal. aprilis, Strasbourg, cité par H. Dareste dans Revue historique, t. II, p. 20.

[40] Canobio à Paul IV, 1559, 24 avril, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 307 ; orig.). — Sur l'Ecosse guisarde, cf. A. HEULHARD, Villegagnon, roi d'Amérique, p. 36.

[41] Le cardinal de Tournon au roi, 1559, 9 juillet, Bagni di Lucca, publiée par G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, p. 806-808.

[42] Est. PASQUIER, Catéchisme des Jésuites, fol. 23 v°. — Cf. H. FOUQUERAY, Histoire de la Compagnie de Jésus en France, t. I, p. 231-233.

[43] Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1559, 12 juin, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.). — Sommaire du faict d'anciens conseillers au Parlement de Paris, prisonniers pour cas d'hérésie, 1559, 15 juin (Arch. roy. de Bruxelles, coll. de Documents historiques, t. X, p. 171). — Cf. l'article bien informé, mais très partial, de F. Aubert, Le Parlement et la Réforme (Revue des questions historiques, t. LXXXIII, p. 111-112).

[44] Babou, évêque d'Angoulême, à Montmorency, 1559, 23 février, Rome (Bibl. nat., ms. fr. 3122, fol. 4446 ; orig.). Au sujet d'Andelot, Raban dit au pape : ... Qu'il faillait que led. sr d'Andelot fust tombé par ignorance entre tels séducteurs, qui luy peuvent avoir imprimé quelque opinion contrayre à la commune, mays non pas. comme je pensoye, telle que l'on avait référé à Sa Saincteté ; et que, sitost que le Roy avoit sceu qu'il ;avait tant soit peu d'opinion différente de celle de l'Eglise, il l'avoit incontinent fait constituer prisonier, et n'eust failly de le fayre punir bien aygrement, s'il eust esté tant soit peu obstiné, mays que tost il recongneut son erreur par la grâce de Dieu et par les remonstrances que certains bons docteurs luy feirent, y estans envoyés de la part de Mons. le cardinal de Lorrayne, qui surtout myst peyne de sauver son âme ; et qu'il luy sembla que c'estoit le moins qu'il pavait faire pour ung si notable chevalier ayant bien et si longtemps servy le Roy et la chose publicque et daventaige nepveu de vous, Monseigneur, les vertuz et labeurs duquel méritaient bien de vous porter plus grand respect, attendu mesmement le lieu où vous, Monseigneur, estiez lors prisonnier et que cela eust esté bien ]oing de la consolation qui vous estoit deue, ayant esté blessé et prinz en une guerre entreprinze pour secourir Sa Saincteté...

[45] Voyez, sur les Carafa, les travaux de G. Duruy, L. Riess et R. Ancel ; de ce dernier, en particulier, La disgrâce et le procès des Carafa (Revue bénédictine, 1905, p. 525 et suivantes).

[46] Ascanio Celso au cardinal Farnèse, 1559, 4 janvier, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 709 ; orig.).

[47] Diario romano di Niccolo Turinozzi (1558-1560), publié par PAOLO PICCOLOMINI (Estr. del Archivio romano di storia patria, pp. 7-8).

[48] Pasino de' Giusti au cardinal Farnèse, 1559, 8 mars, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fasci nuovi, II ; orig.).

[49] Pasino de' Giusti au cardinal Farnèse, 1559, 8-26 avril, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fasci nuovi, II ; orig.).

[50] Pasino de' Giusti au cardinal Farnèse, 1559, 15 février, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fasci nuovi, II ; orig.).

[51] P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 28 mai, Bruxelles (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Spagna ; orig.). — Le P. Canisius au P. J. Laynez, 1559, 1er juillet, Augsbourg, publiée par Otto BRAUNSBERGER, Beati Petri Canisii S. J. epistulae et acta, t. II, p. 469 (Fribourg, 1898, in-8°). — Philippe II à l'évêque d'Aquila, 1559, 9 juillet, Gand (Relations politiques des Pays-Bas et de l'Angleterre, t. I, p. 536).

[52] L'évêque de Fermo au cardinal de Naples, 1559, 15 mai, Paris (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 480 v° ; orig.).

[53] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1959, 5 mai, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). — G. Michieli au Sénat de Venise, 1599, 26 avril, Moret (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato. Francia, 3 ; orig.).

[54] Alphonse d'Este à Cosme de Médicis, 1559, 4 juin, Paris (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3879 ; orig.).

[55] Le duc de Florence à Octave Farnèse, 1559, 8 juin, Florence (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 86, fascic. 5 ; orig.).

[56] Ascanio Celso au cardinal Farnèse, 1559, 30 avril, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 776 ; orig.). — Le même au même, 1999, 7 septembre Rome (Arch. cit., fascio 709 .orig.).

[57] Le cardinal Alex. Farnèse à Marguerite de Parme, 1559, 5 septembre, du conclave (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 399, fascic. 2 ; orig.).

[58] Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1559, 16 avril, 9 mai, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.). — Ipp. Orio au cardinal de Farnèse, 1559, 19 mai, Milan (Arch. de Naples, Carte Farnes., fasci nuovi, V : orig.). — Registres du Bureau de la Ville de Paris, t. V, p. 23-29.

[59] Article 34 du traité.

[60] Guill. PARADIN, Chronique de Savoye (Lyon, 1561, in-fol.).

[61] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559,19 mars, La Ferté-Milon (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). — Ippol. Orio au cardinal Farnèse, 1550, 19 mai, Milan (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fasci nuovi, V ; orig.). — Lione Ricasoli au duc de Florence, 1559, 23 juin, Suse (Arch. d'Etat de Florence, Medicco, 4594, fol. 3 ; orig.).

[62] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 21 avril, Héricy (Arch. de Modène, Francia ; orig.). — P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 30 avril, Bruxelles (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Spagna ; chiffre orig.).

[63] Instructions à l'auditeur Coconat (Arch. d'Etat de Turin, Negociazioni, Francia, mazzo II ; orig.).

[64] Montmorency au duc de Savoie, 1559, 29 mai (Arch. de Turin, Lettere principi, Francia, mazzo 11 ; orig.).

[65] Le cardinal Trivulzio au cardinal de Naples, 1559, 20 avril-15 mai, More-Paris (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 465-482 v° ; orig.). — Canobio à Paul IV, 1559, 9 mai, Bruxelles (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 311 v° ; orig.). — A de' Nobili aux Anziani de Lucques, 1559, 17 mai, Bruxelles (Arch. d'Etat de Lucques, Ambascerie. 587 ; orig.). — Le prince Alphonse d'Este au duc de Ferrare, 1559, 9 juin, Paris (Arch. de Modène, Alfonso II ; orig.).

[66] Marguerite de France à Philippe II, 1559, 47 mai, Paris : ... Cella m'a faict prendre la hardiesse de vous escrire et faire très humble requeste qu'il vous plaise de remetre la garnison qui est dans Verseil en la ville de Santya, laquelle, comme le Boy mon seigneur et frère m'a accordé, ne sera point démolie, ainsy que je donne cherge au président de L'Ospital vous faire entendre... (Arch. nat., K 1492, B 10, n° 40 ; autogr.).

[67] Montmorency au duc de Savoie, 1559, 29 mai (Arch. de Turin, Lettere principi, Francia, mazzo 11 ; orig.).

[68] Catherine de Médicis au duc de Savoie, 1559, 25 avril, Fontainebleau, publiée par H. de LA FERRIÈRE, Lettres de Catherine de Médicis, t. I, p. 120.

[69] Anne d'Este au duc de Savoie, 1559, 26 avril. Fontainebleau (Arch. d'Etat de Turin, Lettere principi, Lorena, mazzo 1 ; orig.).

[70] Le duc de Guise au duc de Savoie, 1559, 26 avril, Fontainebleau (Arch. cit., Lorena, mazzo 1 ; orig.).

[71] Henri II au duc de Savoie, 1559, 29 avril. Fontainebleau (Arch. de Turin, Lettere principi, Francia, mazzo 1 ; orig.). — Le même au même, 1559, 9 juin, Paris (Arch. cit. ; orig.).

[72] Henri II au duc de Savoie, 1559, 14 juin. Paris (Arch. de Turin, Lettere principi, Francia, mazzo 1 ; orig.).

[73] Le duc de Savoie à Gio. Matteo da Cocona, 1559, 18 juin, Cambrai (Arch. de Turin, Lettere ministri, Francia, mazzo 1 : minute).

[74] Arch. de Turin, Lettere ministri, Venezia ; orig.

[75] Marchio Valerii au cardinal Farnèse, 1559, 15 avril, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 776 : orig.). — P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 30 avril, Bruxelles (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Spagna ; orig.).

[76] Diaire d'Emmanuel-Philibert, publié par L. ROMIER (Mél. d'arch. et d'hist. de l'Ecole de Rome, t. XXX, p. 50). — Journal des voyages de Philippe II (coll. des Chroniques belges, Voyages des souverains, t. IV. p. 68). G. CLARETTA, La successione di Emanuele Filiberto al trono sabaudo, p. 227.

[77] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 21 juin, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). — Cf. Reg. du Bureau de la Ville de Paris, t. V. p. 31.

[78] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 24 juin, Paris ; Giulio Raviglio au même, 1359, 24 juin, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[79] Ils avaient quitté Bruxelles le 5 juin. Ott. Vivaldino au duc de Mantoue, 1559, 4 juin, Bruxelles (Arch, d'Etat de Mantoue, Fiandra ; orig.). — Cf. Reg. du Bureau de la Ville de Paris, t. V, p. 29-31.

[80] P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 26 mai, Bruxelles (Arch. de Venise, D. al Senato, Spagna ; orig.).

[81] A. de Montmorency aux duc d'Albe, prince d'Orange et comte d'Egmont, 1550, 12 juin, Paris (Arch. roy. de Bruxelles, Audience, n° 232. fol. 119 ; orig.). — J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 16 juin, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.). — Confirmé par Giulio Raviglio au duc de Ferrare, 1559, 19 juin, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[82] Long récit par Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 15 juin, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[83] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 23 juin, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[84] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 24 juin, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[85] L'évêque de Fermo au cardinal de Naples. 1559, 1er juillet, Paris (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 497-498 ; orig.). Cf. les dépêches des ambassadeurs.

[86] Le duc de Savoie au comte de Colleguo, 1559, 30 juin, Paris (Arch. d'Etat de Turin, Lettere del duca ; orig.).

[87] Marc-Claude de BUTTET, Epithalame ou nosses de Emmanuel-Philibert, duc de Savoye, et de Marguerite de France, duchesse de Berry (Paris, Estienne, 1559, in-4°). Reg. du Bureau de la Ville de Paris, t. V, p. 33.

[88] Opera Calvini, t. XVII, p. 442.

[89] Alphonse d'Este au duc de Ferrare, 1559, 30 juin. Paris (Arch. d'Etat de Modène, Alfonso Il ; orig.). — J. Alvarotti au duc de Ferrare, 9559, 30 juin, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.). — L'évêque de Fermo au cardinal de Naples, 1559, 30 juin, Paris (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 495 ; orig.). — Louis de Gonzague au duc de Mantoue, 1559, 1er juillet, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.). — Vinc. Guerrero à Octave Farnèse, 1559, juillet, Paris (Arch. d'Etat de Parme, Francia ; orig.). — Voici la forme et la longueur des éclats de bois Reliés dans l'œil du Roi, d'après les dessins de L. de Gonzague et de l'évêque de Fermo :

Cf. l'autopsie de Henri II par Ambroise PARÉ, Œuvres, éd. Malgaigne, t. II, p. 23.

[90] Le prince Alphonse d'Este au duc de Ferrare, 1559, 30 juin, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[91] L'évêque de Fermo au cardinal de Naples, 1559, 1er juillet, Paris (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 498 ; orig.).

[92] Le comte de Feria à l'évêque d'Aquila, 1559, 9 juillet, Gand (Relations politiques des Pays-Bas et de l'Angleterre, t. I, p. 558).

[93] Opera Calvini, t. XVII.

[94] Lione Ricasoli au duc de Florence, 1559, 2 juillet, Cosne (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 4594, fol. 13 ; orig.). — G. Roviglio au duc de Ferrare, 1559, 3 juillet, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). — Journal des voyages de Philippe II, p. 68-69. — A. PARÉ, Œuvres, éd. Malgaigne, t. II, p. 25. — Dr LE PAUMER, Ambroise Paré (Paris, 1884, in-8°), p. 51. — André Vésale, premier médecin de Charles-Quint, puis de Philippe II, avait publié des Planches anatomiques (Venise, 1538, in-fol.) et De humani corporis fabrica (Bâle, 1543, in-fol.).

[95] Le mot est du temps.

[96] Sources supra citées. — Louis de Gonzague au duc de Mantoue, 1559, 1er juillet, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.).

[97] L. de Gonzague au duc de Mantoue, 1559, 1er juillet, Paris (Arch. de Mantoue, Francia ; orig.). — G. Roviglio au duc de Ferrare, 1er juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.). G. Roviglio était le secrétaire du prince Alphonse d'Este, qui resta au chevet de Henri II jusqu'à sa mort. — J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 6 juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[98] L. de Gonzague au duc de Mantoue, 1559, 1er juillet, Paris (Arch. d'État de Mantoue, Francia ; orig.). — Scipion Piovene au cardinal de Ferrare, 1550, 1er juillet, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[99] G. Roviglio au duc de Ferrare, 1559, juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[100] G. Roviglio au duc de Ferrare, 1559, 1er-3 juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[101] G. Raviglio au duc de Ferrare, 1559, 3 juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.). — J. Alvarotti au même, 3-5 juillet, Paris (Arch. cit. ; orig.).

[102] Cf. Lemonnier, Histoire de France, t. V, 2, p. 247.

[103] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 6 juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.). — Lione Ricasoli au duc de Florence, 1559, 7 juillet, Paris (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 4594, fol. 21 ; orig.).

[104] Philippe II à l'évêque d'Aquila, 1559, 12 juillet, Gand, annonce la mort de Henri II, (Arch. nat., K 4492, B 10, n° 53 ; orig.). — G. Raviglio au duc de Ferrare, 1559, 8 juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[105] G. Raviglio au duc de Ferrare, 1559, 9 juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.). — Reg. du Bureau de la Ville de Paris, t. V, p. 33-34.

[106] G. Raviglio au duc de Ferrare, 1559, lettres 9 et 10 juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[107] J. Alvarotti et G. Raviglio au duc de Ferrare, 1559, 10 juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[108] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1559, 10 juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig,.). — G. Raviglio au même, 10 juillet (Arch. cit. ; orig.).

[109] Le duc de Savoie au comte de Collegno, 1559,11 juillet, Paris (Arch. d'Etat de Turin, Lettere del duca ; orig.). — Fr. Beccio à la duchesse de Mantoue, 1559, 10 juillet, Paris (Arch. d'État de Mantoue, Francia ; orig.). — G. Raviglio au duc de Ferrare, 1559, 10 juillet, Paris (Arch. de Modène, Francia ; — Dino Serdini aux Anziani de Lucques, 1559, 10 juillet, Paris (Arch. d'État de Lucques, Ambascerie, 587 ; orig.). — A. PARÉ, Œuvres, éd. Malgaigne, t. II, p. 25.

[110] Dino Serdini aux Anziani de Lucques, 1559, 27 juillet, Paris (Arch. de Lucques, Ambascerie, 587 ; orig.). — Adr. Saraceni à la Balia de Sienne, 1559, 25 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. alla Balia, CCXXII, 50 : orig.). — Le P. Canisius au P. J. Laynez, 1559, 22 juillet, Augsburg (Otto BRAUNSBERGER, Beati Petri Canisii S. J. epistulae et acta, t. II, p. 480). — Reg. du Bureau de la Ville de Paris, t. V, p. 34.

[111] P. Thiepolo au Sénat de Venise, 1559, 10 juillet, Gand (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Spagna ; orig.). — L'évêque de Fermo au cardinal de Naples, 1559, 13 août, Paris (Arch. vatic., Principi, XI, fol. 504 ; orig.). — Le cardinal de Lorraine au duc de Ferrare, 1559, 20 août, Saint-Germain (Arch. de Modène, Cardinali ; orig.). — CRESPIN, Histoire des martyrs, fol. 509.