LES ORIGINES POLITIQUES DES GUERRES DE RELIGION

LIVRE II. — L'EXPÉDITION DE FRANÇOIS DE GUISE EN ITALIE. - SAINT-QUENTIN

CHAPITRE III. — LES AVENTURES DU DUC DE GUISE EN ITALIE.

 

 

Après quelques semaines de séjour parmi les Italiens, Marillac, en mars 1557, déclarait ce peuple le plus fourbe, le plus menteur et le plus indigne. Il ajoutait : Quelque chose qu'ilz disent et qu'ilz promettent, ilz ne se meuvent jamais synon en tant que cela tourne à leur prouffict, leur coutume est de changer au premier vent et de se livrer toujours au plus offrant et dernier renchérisseur[1]. Dès les premières étapes, Guise avait expié sa confiance dans les promesses italiennes et vu son élan brisé. Il allait subir des épreuves plus dures encore.

François de Lorraine courut la poste, pendant une semaine, par les routes difficiles de l'Ombrie, en compagnie du cardinal Carafa. Ils arrivèrent à Rome le 2 mars : Odet de Selve, ambassadeur de France, le duc de Paliano, Piero Strozzi, une foule de gentilshommes et d'officiers de la Curie vinrent à leur rencontre ; l'entrée fut solennelle. On donna un logis au général français dans les stanze de Carafa, au Vatican[2]. Paul IV accueillit les nouveaux venus avec une joie fougueuse[3]. La situation militaire dans la Campagne romaine n'était pas mauvaise. Depuis la prise de Vicovaro par Piero Strozzi, les hostilités se trouvaient arrêtées ; par crainte du mauvais temps et pour attendre l'arrivée de Guise, on avait suspendu le projet d'une attaque contre Nettuno. Des manifestations publiques eurent lieu pendant les jours suivants : au cours de l'audience solennelle, le pape prononça des discours sonores et violents ; le 7 mars, dans la basilique de Saint-Pierre, Guise remit les insignes de l'Ordre de Saint-Michel au duc de Paliano et à Paolo Giordano Orsini[4].

François était venu à Rome avec des intentions très nettes. Fortement déçu par les premiers faits de la campagne, il voulait, avant de conduire son armée au delà de l'Emilie, obtenir du pontife des garanties précises touchant les problèmes militaires, financiers et politiques que soulevait une entreprise si mal préparée par les alliés du Roi. Dans cette discussion à pied d'œuvre, Carlo Carafa, — piètre homme que les historiens ont trop vanté, — se montra, comme chaque fois qu'il s'était agi d'organisation pratique, l'esprit le plus inconsistant et le caractère le plus tortueux. Jamais le cardinal-neveu ne parut si embarrassé dans ses propres combinaisons. La cause en est claire. Jusqu'alors, l'aventurier avait été inspiré, animé et poussé par des fuorusciti aussi passionnés que subtils, Giovanni della Casa et Silvestro Aldobrandini, qui avaient fait de lui l'instrument de leur parti. Or, ces deux politiques disparurent de la Curie à l'heure même où se réalisait l'expédition de Guise. Della Casa était mort le 14 novembre 1556[5] ; quant à l'Aldobrandini, Paul IV, par un de ces gestes subits qui jaillissaient de sa nature, l'avait chassé de la Curie dans le temps même que Guise et Carafa y arrivaient : les supplications du cardinal n'empêchèrent point que la disgrâce de son ami ne fût définitive[6]. Privé de l'excitant et des conseils qu'il avait reçus de ces deux élèves de la politique florentine, l'aventurier napolitain vacilla, entraîné par les soupçons, les appétits ou les craintes. Des hommes qui l'avaient poussé dans la voie désormais ouverte, il ne restait plus que Piero Strozzi, bon soldat, mais esprit brouillon.

Naturellement le duc de Guise était soucieux de résoudre surtout les problèmes militaires et financiers qui arrêtaient le succès de son entreprise. D'abord, ayant éprouvé pendant un mois l'inconvénient qu'il y avait à se fier au zèle d'alliés peu scrupuleux et sans ressources, comme aussi bien lui apparaissaient les risques que courait une petite armée à se promener sur des territoires neutres, menacée chaque jour d'un nouvel accident, il désirait obtenir des bases d'opérations et de ravitaillement : il pria donc le pape de lui céder temporairement le port d'Ancône sur l'Adriatique et celui de Civitavecchia sur la Méditerranée[7]. Par Ancône, les secours venant de la route des Grisons et de Vénétie, en particulier l'artillerie fort difficile à charrier, lui arriveraient sans encombre sur des navires frétés soit à Ferrare, soit à Venise. Au port de Civitavecchia aborderaient et se rassembleraient les secours envoyés de Marseille, de Toulon et de Corse ; on pourrait, en outre, y attacher une flotte royale qui empêcherait le passage des renforts espagnols destinés au royaume de Naples. Ces places de sûreté, depuis longtemps il en était question : l'année précédente, lors du voyage de Carafa en France, Henri II les avait demandées au cardinal-neveu ; plus tard, au début de novembre 1556, l'ambassadeur D'Avanson y avait fait une allusion très précise dans un mémoire secret ; et il semble que, dès le début des négociations, le gouvernement français en avait exigé la remise comme première condition d'une entreprise sur Naples[8]. Dès son arrivée à Rome, dans les derniers jours de février 1557, Marillac avait présenté de nouveau cette requête au pape, qui l'avait accueillie favorablement[9]. Mais Carafa, rentré dans la Ville éternelle, ne voulut plus rien entendre d'un tel projet. Aux sollicitations de Guise il répondit par un refus aigre et soupçonneux, s'appuyant sur des raisons futiles. Peut-être le cardinal, gêné par ses combinaisons antérieures et trahi par la fugue d'un confident, son secrétaire, qui avait révélé ses intrigues avec les Espagnols, craignait-il de voir les Français garder les places comme gage de sa fidélité ! Lui répugnait-il de livrer la ville d'Ancône, qui appartenait à sa légation ? En fait, on se disputa pendant plusieurs semaines, sans que Guise pût obtenir satisfaction[10].

Sur le but même de la campagne, peu s'en fallut qu'on ne s'entendît pas mieux. François n'abandonnait point le projet de conquérir Naples, mais il pensait auparavant à écraser le duc de Florence, de peur que celui-ci n'attaquât l'armée française par derrière lorsqu'elle serait engagée dans les Abruzzes. Sur les instances du pape, il dut renoncer à ce plan : Paul IV, séduit par Cosme de Médicis, ne voulait pas qu'on lui fit la guerre et s'en tenait étroitement à la conquête de Naples. Bien qu'il ne partageât aucunement les illusions du pape touchant la bonne foi du Florentin, Guise se soumit, mais il exigea qu'en tout cas, on fournît à l'armée française des renforts suffisants pour la garder d'une surprise. De fait, les Carafa consentirent à envoyer vers les Marches et la Romagne quelques enseignes de Gascons et d'Italiens, qui se trouvaient à Rome. Quant aux finances, après d'assez longues discussions, on s'accorda pour le partage des frais. Cette entente se fit aux dépens du duc de Ferrare, qu'on priva de quelques subsides qui lui avaient été promis. Guise envoya son secrétaire Marseille informer Hercule d'Este de ces décisions[11].

La promotion de cardinaux, qui fut publiée le 15 mars 1557, marqua le plus grave échec de François de Lorraine. Le gouvernement royal obéissait, depuis deux ans, dans son attitude à l'égard du Saint-Siège, à des motifs qui n'apparaissent point de prime abord, parmi le fatras des dépêches diplomatiques. En 1557, Paul IV était âgé de quatre-vingt-un ans : si fidèles qu'on supposât les sentiments du pontife, l'alliance de la Curie avec le Roi paraissait précaire au regard de tout homme sensé. Les cardinaux du dernier conclave n'avaient élu le Théatin que parce qu'ils espéraient sa mort prochaine. Fonder une politique sur la vie de ce vieillard, ç'eût été agir en dupe. Les ministres de Henri II le savaient bien, puisque Montmorency avait trouvé dans cet argument la plus forte de ses objections. Aussi, dès le début des négociations, les Guises et les agents royaux avaient-ils demandé des garanties secrètes au cardinal Carafa. Il avait été convenu qu'on dicterait à Paul IV une longue liste de cardinaux français à promouvoir dans un délai restreint, et qu'en même temps on lui persuaderait d'éloigner ou de destituer la plupart des cardinaux espagnols. A ce dessein se rattachait la demande de quelques places de sûreté dans l'Etat pontifical, qu'occuperaient les troupes royales[12]. De sorte que Henri II se fût trouvé maître, non seulement du conclave futur, mais du Saint-Siège même. Par malheur, le pape, si passionnée que fût sa haine contre les Espagnols et bien qu'il inclinât à les traiter sans scrupules, était, pourtant, un homme fort religieux : il ne voulait pas favoriser une manœuvre qui eût livré la Papauté au roi de France. Son adhésion avait été très vivement sollicitée : D'Avanson, en particulier, s'était efforcé d'obtenir de lui la disgrâce, l'éloignement ou la destitution des cardinaux qu'il n'avait pu acheter, et il semble que Paul IV, en frappant quelques représentants de l'Espagne au Sacré-Collège, comme Santa-Fiora, avait commencé de réaliser, sans y prendre garde, ce qu'on attendait de lui. Mais il était dangereux d'exciter le zèle du pontife contre les cardinaux, et les Français, tout en se réjouissant des coups qui blessaient leurs adversaires, avaient subi, pour leur compte, de rudes épreuves. Paul IV appliquait ses pensées réformatrices à l'un et l'autre partis. Aussi n'avait-il pas hésité à chasser de l'Etat pontifical le chef même de la faction française, Hippolyte d'Este, cardinal de Ferrare. En décembre 1555, une promotion, faite pendant le séjour à Rome du cardinal de Lorraine, avait déçu, une première fois, les espérances de Henri II[13]. Enfin, Tournon avait dû quitter la Ville éternelle sous les injures du pape. Il y avait donc loin du rêve à la réalité.

Lorsque le duc de Guise partit pour l'Italie avec une armée, le Roi attendait qu'en récompense d'une telle preuve de dévouement, le pontife promût au cardinalat les prélats dont il lui avait fait remettre la liste. De peur qu'on n'oubliât cette mesure essentielle, il avait dépêché à Rome un gentilhomme, M. de Vineu, chargé d'instructions spéciales[14]. Parmi les candidats, l'un, Bernardo Salviati, évêque de Saint-Papoul, était très cher à Catherine de Médicis, sa cousine. Or, dans la promotion du 15 mars 1557, Paul IV ne nomma ni l'évêque de Saint-Papoul ni la plupart des protégés français. Seuls de la liste, Lorenzo Strozzi, en considération de son frère Piero, et l'ancien garde des sceaux, Bertrand, qui avait résigné son évêché de Comminges en faveur de Carlo Carafa, reçurent la pourpre. Les autres promus étaient d'opinions neutres ou inconnues[15]. Cet acte de Paul IV marquait un véritable désastre pour la politique royale. Le pape ruinait ainsi d'avance le fondement de la conquête de Naples : en effet, à supposer que cette conquête pût être effectuée, comment en assurer la stabilité, si Paul IV étant venu à mourir, son successeur, qui inclinerait vers l'Espagne, refusait de conférer l'investiture au représentant de Henri II ? Nous verrons quelle fureur déchaîna cette promotion, à la cour de France : la Reine, personnellement offensée, se détourna de l'entreprise de Guise, qu'elle avait soutenue jusqu'alors avec passion[16].

Le 19 mars, François de Lorraine dépêchait en France M. de Carnavalet pour informer le Roi de la conduite des Carafa et l'instruire des résolutions prises quant à la poursuite du plan de campagne. Le général ne cachait pas son écœurement. En passant par Ferrare et Venise, Carnavalet devait régler quelques détails de comptabilité avec les commis de la trésorerie des armées[17].

Guise, depuis plusieurs semaines, avait accepté, quoique en maugréant, le dessein du pape d'orienter tout de suite l'expédition vers les Abruzzes et la frontière septentrionale du royaume de Naples. Ce ne fut, pourtant, que le 21 mars qu'on établit les moyens d'exécution de ce plan. Un conseil de guerre réunit à Rome le duc de Guise, le cardinal Carafa, le duc de Paliano, le maréchal Strozzi, l'ambassadeur de Selve et Charles de Marillac. On décida que Strozzi conduirait en Romagne une partie des troupes qui se trouvaient dans la Campagne romaine, huit enseignes de gens de pied français, trois mille Italiens, une compagnie de cent hommes d'armes, — celle d'Alphonse d'Este, — et trois cents chevau-légers : ces forces, échelonnées sur les confins de la Romagne, de l'État de Ferrare et du duché de Florence, formeraient un rideau, derrière lequel François de Lorraine, reprenant le commandement de sa petite armée augmentée des troupes du comte de Montorio, pousserait l'offensive au Sud, tandis que Blaise de Monluc, à la tête de trois mille hommes de pied et trois cents chevaux, surveillerait Cosme de Médicis du côté de Montalcino. D'ailleurs, on annonçait l'arrivée de nouveaux secours de France[18].

Il était plus difficile de mettre d'accord les sentiments que les projets. Ces longues et âpres discussions avaient irrité et démoralisé ceux qui y furent mêlés. Les lettres du duc de Guise attestent la révolte intime de cet esprit énergique, réaliste et prompt, obligé de suivre les vains détours de ses partenaires napolitains. Le général garda, pourtant, la maîtrise de soi et put, au bout du compte, retrouver quelques moyens d'action. Mais, autour de lui, tous murmuraient, intriguaient, cultivaient les soupçons et les trahisons. Carlu Carafa donna la mesure de son incapacité, tour à tour se querellant avec le pape lui-même et opposant aux desseins de Guise une résistance sournoise. Mal assuré de ses propres résolutions et même de ses désirs, il se sentait devenir suspect et craignait qu'on voulût le perdre. Son attitude le discrédita, jusque dans l'esprit de ses frères et de ses serviteurs[19].

Dans une fièvre aussi malsaine, il était à prévoir que quelqu'un perdrait patience et provoquerait un scandale. Les fuorusciti napolitains avaient fondé de grandes espérances sur l'expédition du duc de Guise, dont le but était de délivrer leur patrie du joug espagnol. De leur enthousiasme ils avaient soutenu l'entreprise, et aussi de leurs efforts, au péril de leurs biens et de leur vie, essayant de fomenter des révoltes dans le royaume de Naples. Les complots ne réussissent que par leur soudaineté. Or, le retard imprévu, occasionné par les dissentiments des alliés, risquait de faire crouler toute l'œuvre secrète qui avait été préparée, d'autant qu'on soupçonnait Carafa de trahison. Dans les derniers jours de mars, le duc de Somma, chef des fuorusciti napolitains et général de l'infanterie italienne, ne put contenir son indignation. Il se plaignit à Guise qu'on eût perdu plus d'un mois sans rien faire, au préjudice des intérêts et de l'honneur du Roi. ; il observa vivement que ce retard, en avilissant les serviteurs de Sa Majesté, donnait aux Espagnols l'occasion de découvrir et de réprimer les complots de Naples ; enfin il dénonça nettement à son chef les intrigues du pape et de son neveu, qui, dit-il, trahissaient la cause française et traitaient en secret avec l'ennemi. Dans le premier conseil qui suivit, François de Lorraine, très ému, demanda des explications à Carafa et au duc de Paliano. Les deux frères s'indignèrent, conduisirent Guise chez le pape et là exigèrent de lui qu'il nommât l'accusateur. Découvert et injurié, Somma s'enfuit à pas de velours, le 1er avril, par la porte del Popolo : on crut qu'il était parti pour la France ; il rejoignit simplement l'armée française en Romagne. Il avait été longtemps l'ami et le confident de Carafa. Cet incident éclaire l'anarchie où sombrait peu à peu le parti qui s'était formé jadis autour du neveu de Paul IV, — soldat d'aventures devenu cardinal[20].

La nervosité qui agitait alors la Curie produisit d'autres manifestations. Une des plus fâcheuses fut celle qu'occasionna le procès de François de Montmorency, fils du Connétable. Ce jeune homme était arrivé à Rome le 9 novembre 1556, pour solliciter du pape une dispense qui lui permît, en dépit de ses engagements avec Mlle de Piennes, d'épouser la fille naturelle du Roi, veuve d'Horace Farnèse, Diane de France. Comme de coutume, la cause fut plaidée longuement, parmi les disputes infinies des canonistes et des théologiens. Montmorency se fâcha de ces longueurs : le 23 mars, ayant appris qu'une congrégation, réunie la veille, ne s'était point montré favorable à sa thèse, persuadée, d'ailleurs, que Guise et les Carafa travaillaient contre lui, il lâcha tout et partit de Rome à l'improviste. Il revint en France par Pesaro, Venise et la Suisse, bien résolu à se venger et se plaignant à qui voulait l'entendre de François de Lorraine et du pape[21].

Cependant, la saison avançait et le royaume de Naples se remplissait de troupes espagnoles : il parut opportun que Guise retournât prendre le commandement de son armée et rompît l'inaction. Le général ne put, pourtant, s'en aller avant deux autres semaines, qu'il employa à préparer des choses de détail et à vaincre l'incapacité ou la mauvaise foi de Carafa. Enfin, le 4 avril, Paul IV pria le duc à dîner, lui offrit un diamant de trois mille écus et le festoya jusqu'à minuit. Le lendemain, après avoir vénéré la Sainte Face et la lance de Saint-André, Guise montait à cheval et sortait de la Ville, un peu après midi : il dîna à deux postes de Rome dans une villa du cardinal Guaddi et alla coucher à Civita-Castellana[22]. Il laissait à la Curie, avec l'ambassadeur de Selve et Charles de Marillac, un officier de finances, Vialart, chargé de négocier des emprunts et d'en faire parvenir les deniers à l'armée[23].

Après un mois passé dans les disputes et les travaux mesquins, Guise se trouvait heureux de respirer enfin le grand air. Nous avons gaingné une bonne part des meilleurs pardons de Rome ! écrivait plaisamment son secrétaire[24].

Paul IV, lui, recommença la guerre à sa façon. Dans le consistoire du 9 avril, il révoquait solennellement tous les nonces et légats accrédités auprès de l'Empereur ou de son fils Philippe, roi d'Angleterre. Ce lui fut occasion de prononcer, selon sa coutume, quelques discours violents. Il ne convient pas, s'écria-t-il, que le Saint-Siège maintienne des nonces et des légats auprès d'un certain Philippe, qui se fait roi schismatique, et auprès d'un certain Charles, empereur, lequel on ne sait s'il est vivant ou mort. A ceux de notre juridiction qui se mettraient en rapport avec de telles gens, nous ferons telle démonstration de notre colère que l'on s'en souviendra jusqu'à la troisième génération. Pendant trois mois, Nous avons entretenu, avec grands dommages et dépenses, une armée dans notre État, attendant que ces schismatiques vinssent reconnaître leur faute et nous demander pardon ; mais, puisque le cœur de Pharaon est endurci, Nous, fort de l'aide des bons chrétiens, avons résolu de châtier cet ex-roi, schismatique, excommunié de Dieu et de Nous[25]. Par un fréquent retour des choses, Paul IV lançait contre Charles-Quint et son fils les mêmes anathèmes dont Jules III, jadis, s'était servi contre Henri II.

Sous les auspices de cette rhétorique, Guise allait tenter d'envahir le royaume de Naples par les Marches et les Abruzzes. Brève campagne du printemps 1557, que les historiens, stratèges en chambre, mentionnent d'ordinaire comme un lamentable échec et dans laquelle, pourtant, François de Lorraine, harcelé par des difficultés imprévues, luttant contre les défections, les embûches et les trahisons, sur un terrain très difficile, se montra l'égal de lui-même, le meilleur capitaine de son temps.

 

Depuis six semaines, l'armée française, arrêtée en Romagne et laissée au commandement du duc d'Aumale, souffrait cruellement de l'inaction.

Les troupes n'avaient pas séjourné longtemps à Bologne, dont les habitants, travaillés par les espions du duc de Florence, étaient mal disposés[26]. Après le départ de leur chef, elles s'étaient avancées vers les confins de la Romagne et du duché d'Urbin, où elles devaient attendre les ordres à venir de Rome. Le 2 mars, l'avant-garde entrait à Forli[27]. En passant par Imola et Faenza, l'armée avait été mal accueillie de la population[28]. Les jours suivants, le duc d'Aumale établit ses cantonnements : les gens de pied français campèrent dans la ville et les faubourgs de Rimini ; les Suisses à quatre milles de là dans un lieu appelé Santa Giustina, les gens d'armes à Ravenne, Cesena et Forli, les chevau-légers dispersés à travers la campagne de Rimini. Quant à l'artillerie, — celle de La Mirandole que, faute d'autre, on avait été forcé d'enlever, — on l'embarquait alors à Primaro, au sud de la lagune de Comacchio, pour la transporter par mer à Rimini. Sur ces positions l'armée demeura quinze jours, attendant vainement des nouvelles de son général. Des pluies continues tombaient sur la plaine stérile et froide. Les vivres et le fourrage manquaient. Après dix jours de cette tristesse, le duc d'Aumale lui-même était affolé. On ne recevait rien de Rome, et, pourtant, il fallait bouger à tout prix. Par bonheur, le cardinal de Tournon, qui séjournait depuis sept mois dans le duché d'Urbin, redonna quelque confiance aux gentilshommes français[29].

Enfin, le 23 mars, arriva l'ordre d'avancer en droite ligne vers la Marche d'Ancône. Le 24, l'armée entrait sur le duché d'Urbin. Guidobaldo II della Rovere eut une longue entrevue, à Pesaro, avec le duc d'Aumale et le cardinal de Tournon. Puis, les troupes traversèrent San Germano, Fano, Stracciola, Mondolfo, sous une discipline remarquée : l'armée, écrivait un témoin, a montré non seulement du respect, mais de la révérence envers le duché d'Urbin. Aux gens du pays une entreprise sur Naples paraissait chimérique ; on croyait généralement que les Français, tournant soudain par la route d'Ombrie, envahiraient la Toscane par Pérouse. Dans la Marche d'Ancône, à Jesi, Osimo, Lorette et Fermo, l'armée s'établit pour attendre la fin des pluies et l'arrivée du duc de Guise[30].

Le samedi saint, 10 avril, François de Lorraine rejoignit son armée à Lorette ; il fit ses pâques le lendemain[31].

Le plan qu'avait conçu le général, ressort, très clair, de sa correspondance. En attaquant le royaume de Naples par le versant oriental, il voulait, non pas engager une guerre de sièges et d'escarmouches, mais y attirer le duc d'Albe, livrer une grande bataille dont le gain lui était assuré, puis traverser les Abruzzes à marche forcée et prendre la Campanie à revers, soutenu par les flottes française et turque qui attaqueraient la côte tyrrhénienne et par les troupes romaines qui suivraient la via Latina[32]. Le succès d'une telle entreprise dépendait surtout de la solidité matérielle et morale de l'armée et de la sécurité de ses derrières. De fait, pour tenir en bride le duc de Florence, Guise, à peine arrivé, envoyait camper à Bologne, sous les ordres de Piero Strozzi, quatre cents gens d'armes et trois mille Gascons[33]. Mais les Bolonais refusèrent d'accueillir cette garnison et Strozzi dut revenir vers le Sud, pour surveiller la route d'Ombrie[34].

Derrière ce rideau, Guise, informé d'ailleurs que des renforts de France débarquaient à Civitavecchia, se préparait à l'offensive[35]. Mais, dès son arrivée à Lorette, il pressentit les amertumes qu'il aurait à subir : ses troupes n'avaient touché ni la paie de mars ni celle d'avril, el le trésor de l'armée était en déficit de cent mille écus. Cela par la faute du duc de Ferrare. Après les conférences de Reggio, Hercule ne s'était plus soucié d'une expédition qui ne se faisait pas à son profit. Pourtant il n'avait point laissé d'être attentif aux opérations financières, attirant à soi les deniers du roi de France. Les procédés employés par le duc étaient aussi habiles que compliqués. On peut les résumer ainsi. Suivant la lettre du traité de ligue, Hercule s'était procuré, au nom du Roi, le dépôt prévu de trois cent mille écus ; mais, une fois en possession de cette somme, dont les intérêts restaient à la charge du budget de Henri II, il prétendait la garder comme remboursement de l'argent que les Este avaient prêté jadis aux Valois, argent que, d'ailleurs, l'astucieux prince avait su recouvrer par des moyens détournés et sans en donner quittance. De sorte que l'armée française se trouvait privée des deniers destinés à son entretien : le duc ne voulait s'en dessaisir ni sous forme de prêt, ni, moins encore, sous forme de contribution[36].

François de Lorraine ne put imaginer d'abord que son beau-père pousserait l'avarice jusqu'à l'extrême. Il lui écrivait, deux jours après son arrivée à Lorette : Le principal, Monsieur, c'est que, pour la part du Roy de mars et avril, nous sommes redevables de cent mille escus, qu'yl n'est à la puyssancé de personne d'estre trouvéz, sy vous n'y mettez la main. Et, sy ne les avons, ceste armée est du tout ruynée. Je vous supplie, Monsieur, considérer que les affaires du Roy s'en iront en ruine sy vous ne les maintenez, qui sera par le moyen de mettre entre les mains d'ung des commis du trézorier de l'extraordinaire de la guerre la susdite somme de cent mille escus[37]. Quand Millet, secrétaire de Guise, remit cette lettre au duc de Ferrare, il fut accueilli par de grossières injures. Je vous confesse, écrivait Millet à son maître, que je ne vis jamais personne, non en sy grande colère, mais en une sy grande furie... Il me dit de l'abord qu'il sçavoit assez pourquoi j'estois venu et qu'en quatre parolles il me despescheroit : que c'estoit qu'il ne me bailleroit rien de ce que je luy deniandois. Me dit qu'il ne croyoit ny en parolle ny en lettre de roy, ny d'homme de ce monde, sinon en soy-mesme... qu'il n'estoit un banquier comme on le croyoit, ne luy estant jamais parlé que de bailler argent[38].

Cependant, Guise, averti que le duc d'Albe recevait chaque jour des renforts par la Méditerranée, avait décidé de prendre hardiment l'offensive, pour forcer son adversaire à la bataille avant qu'il n'eût réuni trop de secours. L'armée française se mit en marche et, dès le 20 avril, après quelques coups heureux, elle campait devant Civitella[39].

Là il fallut s'arrêter. Les mercenaires refusaient d'aller se perdre dans les gorges des Abruzzes avant d'avoir touché la solde des mois passés. Hercule d'Este ne montrait aucun signe de meilleure volonté. La partie devenait dangereuse. Le 26 avril, du camp près de Civitella, François de Lorraine adressait à son beau-père une lettre émouvante : Monsieur, je vous supplie en l'honneur de bien voulloir incontinant faire délivrer l'arjant que je vous demande, et considérer que l'avés faict autreffois pour personne quy n'avoit le moyen ny la voulonté de vous faire servisse. Sy ne vous plest m'accorder ma requeste, je suis le plus deshonoré prince de la Crestienté[40]. A cette supplique le cardinal de Tournon, qui résidait alors à la villa Imperiale près de Pesaro, joignit ses propres instances[41].

Le siège était mis devant Civitella. Guise pensait ne pas user ses forces contre cette rocca sans importance, mais, obéissant à l'empire des nécessités, il voulait par là fournir une occupation, un excitant à ses troupes, en attendant l'arrivée des sommes demandées au duc de Ferrare, et attirer le vice-roi de Naples à la lutte rangée. Les jours passèrent en vain. Hercule d'Este, ébranlé autant par les menaces que par les prières des agents royaux, marchandait longuement sur les garanties du prêt qu'il consentait enfin. Un moment, Guise se vit menacé de périr : des mutineries éclataient parmi les soldats non payés, le désespoir gagnait les gentilshommes, la mauvaise volonté des neveux et des officiers du pape exaspérait l'inquiétude du général, et, pour comble de malchance, on apprit bientôt que les ambassadeurs de Selve et Marillac s'injuriaient mutuellement, à Rome[42]. Guise tendit son énergie pour arrêter la débâcle. A son beau-père il envoya une semonce violente, l'accusant de spéculer sur sa mauvaise situation et de vouloir lui extorquer un contrat usuraire. Je vous supplie, écrivait-il, considérer que je ne faictz que languir avec les soldatz que j'ay icy, les ayant entretenuz jusques à ceste heure de parolles, de quoy ilz ne se peuvent plus contenter, et commancent, à mon grand regret, à faire beaucoup de désordre, ne vous pouvant celle'. qu'il me semble, puisque vous estes tant résolu de ne laisser hyverner ceste armée, qu'il n'est poinct à propos pour vostre réputation que faciez tant le long à y pourvoir, et sera donné subject à ceulx qui ne vous ayment poinct dire à Sa Majesté que vous ne faictes rien pour luy que à regrect[43]. Quelques jours après, Hercule, muni de savantes précautions, annonça qu'il consentait à prêter à son gendre cent cinquante mille écus. Mais quand l'argent arriva, un mois plus tard, les belles occasions étaient passées, l'armée épuisée par la fatigue et les désertions.

En effet, dans la dernière quinzaine de mai, François de Lorraine avait cru retrouver la fortune. Parmi tant de misères, il attendait une journée d'éclat. Le 11, il apprit que les Espagnols avançaient à sa rencontre : au contact de l'ennemi l'énergie se ranima dans les troupes. Le duc d'Albe, longeant l'Adriatique, était à Giulianova et cherchait à couper les vivres à l'armée française[44]. Guise fit rappeler en toute hâte le détachement qu'il avait envoyé en Romagne, puis, levant le siège de Civitella, il s'avança jusqu'à Corropoli, à quelques milles de Giulianova, pour offrir la bataille à l'adversaire. Désireux de ne point s'encombrer, il avait laissé son artillerie à Ascoli Piceno. Cette provocation était dangereuse, vu la supériorité numérique des Espagnols, mais il n'y avait pas d'autre moyen, pour Guise, de relever le courage de ses troupes, et de sortir de l'impasse où l'acculait l'avarice du duc de Ferrare. Tactique vaine l'armée française attendit une semaine, mais le vice-roi, redoutant le choc, se déroba[45]. Le duc d'Albe a dix-huict mille hommes de pied et moy je n'en ay que dix mille, écrivait Guise à Henri II, il a trois mille chevaux et moy je n'en ay que dixhuict cens, et si ne se vantera pas ledit duc d'avoir osé reconnoistre seulement mon camp comme j'ay fait le sien[46]. Et, quelques jours après, résumant les opérations dans une lettre au duc de Nevers, il insistait sur la couardise de son adversaire : Me suffira seulement vous dire que le duc d'Albe, comme sage qu'il est, ne s'est jamais voulu hazarder de combattre, encore qu'il fust plus fort que nous de bien huict mille hommes et quinze cens ou deux mille chevaux[47]. Le 27 mai, Guise contremanda les troupes de Romagne qui s'avançaient pour le soutenir. Il était las, découragé[48].

Un gentilhomme français, M. de La Chapelle des Ursins, venait d'arriver au camp, après avoir passé par Rome : il remit au général un ordre de Henri II qui lui commandait d'abandonner l'entreprise de Naples et de remonter vers le nord pour porter la guerre soit en Lombardie, soit en Toscane. Mais, avant de revenir en arrière, Guise devait assurer la sécurité de l'État pontifical[49]. Aussitôt, François de Lorraine, changeant de tactique, quitta l'offensive et recula par petites étapes vers Ancône. Il voulait ramener son armée le plus tôt possible dans le centre ou le nord de l'Italie, suivant l'ordre du Roi ; mais il fallait obtenir le consentement du pape. Du camp de San Benedetto del Tronto, le 3 juin, Guise dépêchait à Rome le maréchal Strozzi, chargé d'annoncer à Paul IV l'exprès commandement de Sa Majesté de délaisser ceste entreprise pour choisir autre party. Piero avait, en outre, mission de formuler des reproches très graves sur l'inexécution par le pontife des mesures auxquelles l'obligeait le traité de ligue, touchant l'investiture du royaume de Naples, la promotion des cardinaux français, l'éloignement des cardinaux espagnols, la remise des places de sûreté, l'envoi en France comme otage du marquis de Cavi, petit-neveu de Paul IV, et la contribution financière du Saint-Siège à l'entreprise. Guise attendit, dans la Marche d'Ancône, le retour du maréchal[50].

Strozzi revint le 10 juin. Paul IV et Carafa avaient fort mal accueilli sa communication. Le pape s'était écrié qu'on voulait le trahir et le livrer à l'ennemi. François de Lorraine reçut avis, aussi bien de Piero que du cardinal du Bellay résidant à Rome, qu'en cas d'abandon, le pontife et ses neveux n'hésiteraient point à s'allier au duc d'Albe et à tourner leurs forces contre l'armée française. Le général attribua cette réponse fâcheuse aux intrigues de Du Bellay, son ennemi. Au reste, les Farnèse, fort inquiets de voir les troupes royales remonter vers le Nord, suppliaient Paul IV de les retenir. Le cardinal de Tournon lui-même s'opposait à la retraite[51]. Fâché de rencontrer une telle opposition, Guise, de concert avec Strozzi, prit le parti d'en référer à Henri II : Piero se rendrait à la Cour pour informer le Roi des événements et demander des ordres précis touchant la direction nouvelle de la campagne, — Toscane ou Lombardie ; en attendant, l'armée resterait dans les Marches pour garder l'État pontifical d'une surprise des Espagnols, à la condition, pourtant, que le pape lui enverrait des renforts et confierait, d'autre part, ses petits-neveux à Strozzi, qui les emmènerait en France comme otages. Le 11 juin, François de Lorraine dépêchait M. de Navaille pour aller avertir le Roi de ces incidents et lui annoncer l'arrivée du maréchal[52]. Piero partit de nouveau, passa par Rome et s'embarqua, le 17 juin, à Civitavecchia avec les deux petits-neveux de Paul IV, le marquis de Cavi et don Pietro Carafa[53].

Ce même jour, 17 juin, un conseil de guerre réunit à Ancône le duc de Guise, le cardinal de Tournon, le duc de Paliano et M. de La Chapelle : on y examina les mesures à prendre pour défendre les Marches[54]. François consentit à rester en personne à la garde de l'Etat pontifical, mais il renvoya une grande partie de ses troupes à Ferrare. Du 4 au 21 juin, tous les Suisses s'embarquèrent à Ancône, sous le commandement de M. de Saint-Luc[55]. Guise lui-même, avec les enseignes françaises et la gendarmerie, se cantonna, pendant les mois de juin et juillet, dans la région de Macerata, Fermo et Ancône, pour attendre la résolution de Henri II. Il poussa seulement, vers le 25 juin, une nouvelle chevauchée au delà du Tronto, afin de dégager Ancarano qu'assiégeaient les Espagnols. Puis, ce fut l'immobilité[56].

Ainsi finit la campagne du printemps 1557. Quoi qu'on ait écrit, il n'y eut pas là d'échec. Guise garda toujours l'avantage tactique, et il ne leva le siège de Civitella que pour prendre l'offensive et offrir la bataille à son adversaire qui s'y déroba. L'armée française, obéissant à l'ordre du roi de France, battit en retraite de Corropoli, qui est bien au delà de Civitella. Même, à vrai dire, il ne s'agissait point d'une retraite, mais d'un changement total dans le plan stratégique : Henri II, rappelant son général du royaume de Naples, lui fixait un nouveau but, la Toscane ou la Lombardie. Parmi des difficultés innombrables, Guise tira de ses pauvres ressources un parti honorable. Ses qualités dominantes apparaissent dans cette entreprise malchanceuse, aussi bien que dans ses plus célèbres exploits, la lucidité, le sang-froid, l'énergie. Quel autre capitaine eût tenu devant les obstacles qu'il rencontra, lui dépourvu, abandonné et trahi par ses alliés ? Voiant, écrivait-il, l'extrême nécessité en quoy j'ay esté ordinèrement réduict depuis trois mois, noz soldatz, quelque expresse défence que je saiche fère, se retirer, et les plainctes et crieries que j'ay tous les jours de ceulx qui nous demeurent pour estre paiéz de ce qui leur est deu, voiant de jour à l'aultre noz dicts soldatz se desbander à faulte de leur dict paiement, et devant moy une armée plus forte deux fois que la nostre[57].

Aussi bien, quand arriva l'ordre de Henri II qui commandait à son lieutenant-général de remonter vers le nord, la partie, compromise, n'était pas perdue. Qui sait si François de Lorraine, à force d'énergie, n'eût pas conquis enfin le royaume de Naples ? Neuf mois plus tard, son adversaire, le duc d'Albe, avouait : Si les Français s'étaient hâtés davantage, ils eussent conquis tout le royaume de Naples sans difficulté, parce qu'il ne s'y trouvait ni argent, ni troupes, ni forteresses, ni aucune provision de défense[58].

Devant les obstacles imprévus, parmi les retards qu'avait créés la lâcheté ou l'incurie des alliés italiens, Guise ne céda point, mais on vit faiblir ceux-là mêmes qui l'avaient envoyé outre monts, le roi de France et ses courtisans.

 

Henri II personnellement ne s'était intéressé, pendant les premiers mois de la campagne, qu'au sort du dessein secret contre les Farnèse, qu'il avait donné mission à Guise d'exécuter. On croirait même que, dans l'esprit rancunier du souverain, l'espoir de voir châtier le duc de Parme avait, plus que tout autre motif, déterminé une adhésion d'abord rebelle, lorsqu'il s'était agi de prendre un parti définitif, à l'automne de 1556. Aussi bien, une fois ce but manqué, il est sûr que le Roi se dégoûta des autres fins de l'entreprise.

La déception, causée par les premiers incidents de la campagne, fit naître chez Henri II une vive et durable colère contre le duc de Ferrare, qui, par son avarice, avait ruiné de si grandes espérances. A la cour de France, parmi les hommes et les femmes, les façons d'Hercule, — de ce prince qu'on avait considéré au propre comme un membre de la maison royale, — produisirent une stupeur, une indignation, un écœurement douloureux. Aux ennemis des Este et des Guises s'offrait l'occasion d'une belle revanche. Montmorency, tombé malade à la fin de l'hiver, ne retrouva sa fougue qu'au mois d'avril, mais alors il éclata en discours aussi violents que savoureux : son héritier, François, arrivé à Villers-Cotterêts le 16 avril, lui fit une ample relation des affaires d'Italie[59]. La pauvre duchesse de Guise, Anne d'Este, accouchée d'un fils le jour du Vendredi Saint, passa un triste printemps, blessée chaque jour par les allusions des courtisans malins. On voyait le Connétable prendre à partie l'ambassadeur de Ferrare, Alvarotti, et lui réciter, en pleine cour, tant d'injures sur son maître que c'était stupéfiant. On avait espéré, un moment, qu'à défaut de son argent, Hercule mettrait au service de l'entreprise sa personne, ornée des beaux insignes de général que lui avait conférés Guise. Mais la cour apprit bientôt que le duc de Ferrare s'était retiré de l'armée et qu'il avait empêché son fils, Alphonse, de suivre François de Lorraine. Une véritable clameur d'indignation salua cette nouvelle[60]. Le 29 juin, Alvarotti écrivait au prince Alphonse : Madame de Guise, sœur de Votre Excellence, m'a commandé expressément de vous faire savoir que le Roi se lamente sans cesse de ce que vous n'êtes pas allé à la guerre avec Monsieur de Guise. Une telle conduite est jugée comme très inconvenante de votre part. Le Roi, la Reine, Madame de Valentinois et tous les gentilshommes de la cour proclament que c'est une honte que personne de la maison ducale de Ferrare, après que celle-ci a reçu chaque année de si nombreuses et si riches pensions, ne soit allé servir Sa Majesté dans l'armée de Monsieur de Guise[61]. Cynique à la fois et ingénu, Hercule s'étonnait de se voir accusé. A Henri II, au lieu d'excuses, il adressait encore des demandes d'argent[62]. Montmorency lui répondait de bonne encre. Le jour était proche où l'infidèle allié se repentirait de sa désinvolture.

Ayant éprouvé si tristement la valeur d'Hercule d'Este, la cour n'espéra pas grand résultat du voyage de Guise à Rome. Déjà Lanssac, arrivé le 1er mars, avait donné au Roi des renseignements peu favorables sur les Carafa[63]. Puis, on reçut les doléances de François de Lorraine, qui s'étonnait de n'avoir pas trouvé en Romagne les secours promis. Enfin l'abbé de Manne et M. de Carnavalet, ce dernier arrivé à Villers-Cotterêts le 24 avril, fournirent d'amples explications sur l'attitude étrange qu'avaient adoptée le pape et son neveu pendant le mois de mars[64]. La promotion des cardinaux, publiée le 15 mars, provoqua, nous l'avons dit, la plus vive irritation. Henri II, Catherine, le Connétable se montrèrent indignés. La Reine, écrivait le nonce, était dans une telle colère qu'à peine a-t-elle voulu m'entendre. Elle criait qu'on s'était moqué d'elle et que le pape lui avait fait un grand affront. Son protégé, Bernardo Salviati, évêque de Saint-Papoul, trop confiant dans les promesses de Paul IV, était parti d'avance pour aller à Rome recevoir le chapeau, qu'on ne lui avait point donné. Ce qui me fâche surtout, disait encore Catherine, c'est de constater qu'on ne fait cas de moi. Le Roi vit une marque injurieuse de défiance dans le refus de Carafa de livrer à Guise des places de sûreté. II traitait à haute voix le cardinal-neveu de menteur. Montmorency proclamait : Le pape a manqué à ses engagements[65]. Le Connétable ne pardonnait point à Paul IV d'avoir laissé traîner en longueur le procès matrimonial de son fils. Par une bravade, qui nous montre, au surplus, Montmorency reprenant son influence sur l'esprit de Henri II, le fiancé de Mademoiselle de Piennes épousait sans dispense, le 4 mai, Diane de France, fille légitimée du Roi et veuve d'Horace Farnèse[66].

Les déceptions et la colère tiraient brusquement le souverain de son rêve. C'est alors que Henri II dépêcha un courrier à Guise avec l'ordre d'abandonner l'entreprise de Naples et de revenir guerroyer dans l'Italie du Nord, en Toscane, à Parme ou en Lombardie, selon que les occasions s'offriraient. Tout ensemble mesure de représailles et de prudence : le Roi voulait punir les Carafa de leur conduite en les livrant au gré de l'ennemi et sauver ses troupes du danger que leur faisait courir la mauvaise foi des alliés italiens. Par surcroît, on apprit que le marquis de Montebello, l'un des neveux de Paul IV, s'était querellé avec le général français et avait compromis le succès des opérations dans les Abruzzes par son indiscipline. Dès lors, le revirement s'acheva. Henri II, quittant tout projet sur Naples, reporta ses desseins vers l'Italie du Nord. Il espérait qu'une fortune meilleure permettrait à son général de réaliser soit contre le duc de Florence, enfin découvert, soit contre les Farnèse, l'entreprise qu'une première fois la résistance de Paul IV avait fait avorter. Le 28 mai, Montmorency confirmait à Guise en termes énergiques les nouvelles instructions du Roi et lui indiquait la route à suivre : Que sy vous pouviez en passant, lui disait-il, donner quelque estreinte à ce bon duc de Florence, je m'asseure bien que vous le ferez et ne vous y espargnerez poinct. Mais surtout il vous souviendra, s'il vous plaist, de vous garder de repasser par Rome, quelque semonce et sollicitation que l'on vous puisse faire, soubz quelque prétexte ou occasion que l'on vous puisse alléguer, vous suppliant de croire que vous tenant joinct à une armée sans l'abandonner, vous donnerez la loy partout où vous passerez... Il faut que je vous die que je m'esbahys bien fort, veu que vous avez une aussi bonne teste qu'il y en eust en Champaigne, que vous ayez peu souffrir sy patiemment la braverie et insolence dont ce marquis de Montebello a voulu user en vostre endroict[67].

La nouvelle décision de Henri II semblait donc fermement arrêtée. Au début de juin, le Roi envoyait plein pouvoir au cardinal de Tournon pour travailler, par une action diplomatique, le champ où devait se mouvoir l'armée de Guise, dans l'Italie du Nord[68]. On pouvait déjà espérer le succès. Pris entre Brissac, qui dirigeait avec maîtrise les troupes du Piémont, et François de Lorraine, qui remonterait par la via Emilia, barrés à l'ouest par les forces de Blaise de Monluc occupant la Toscane méridionale, les Espagnols ou leurs alliés seraient assurément écrasés sous la poussée des plus habiles généraux de Henri II. C'était un retour à la sagesse, une revanche de la politique de Montmorency sur les rêveries dangereuses du cardinal de Lorraine.

Mais il est plus facile de se repentir que de bien agir. On ne pouvait improviser un plan stratégique, au lieu de celui qui avait été préparé depuis deux ans ; on ne pouvait défaire sans peine des liens politiques noués par toute sorte de moyens ; on ne pouvait laisser perdre, de cœur léger, l'effort ancien sur quoi étaient fondés de si nombreux et de si grands espoirs. Comment ne pas s'émouvoir des plaintes de Paul IV et des Carafa, qu'on livrait au duc d'Albe ? Montmorency, animé par sa rancune personnelle, conseillait nettement d'abandonner la défense du Saint-Siège : le Roi, disait-il, a dépensé argent et peine pour remplir ses promesses et ne doit plus rien au pontife, qui s'est perdu lui-même. Ce réquisitoire était juste sans doute : pour les seuls mois de mars, avril et mai 1557, les dépenses de l'expédition de Guise montaient à un million quatre-vingt-quatre mille sept cent quatre-vingt-quatre livres[69]. Mais Henri II y trouvait le sujet de réflexions contradictoires : tant de deniers perdus, tant de travaux accomplis, tant d'alliances conclues, de si belles occasions qu'on avait cru saisir, tout cela se réduirait donc à rien, tournerait en vainc illusion ; ce serait sacrifier en un instant le fruit d'énormes efforts. Car on ne pouvait douter des conséquences qu'amènerait un changement : toutes les lettres de Rome annonçaient que le pape, abandonné devant le danger, suivrait l'impulsion de ses neveux et accepterait l'amitié espagnole. Au demeurant, le Roi, dans sa nature chevaleresque, ne se résignait point à livrer un vieillard, son allié, qui lui avait montré la plus éloquente affection[70].

Montmorency et le cardinal de Lorraine se disputaient l'esprit de Henri II. Charles de Guise, que les souffrances de son frère n'avaient point assez instruit, laissait encore son imagination suivre le rêve napolitain. Sans doute l'entreprise lui paraissait maintenant plus difficile : il ne pouvait pas ne pas voir la fragilité des matériaux sur lesquels il avait fondé de chimériques ambitions. Mais il ne désespérait point, reformant ses illusions malgré la réalité. Le 25 juin, il disait encore à son confident Alvarotti : Si le pape consent à priver Philippe du royaume de Naples, s'il éloigne ou destitue les cardinaux espagnols, s'il fait une promotion favorable au Roi, s'il paie sa part des frais de la guerre et s'il envoie ici le fils du duc de Paliano comme otage, on pourrait ordonner au duc de Guise de rester dans les Marches. Le cardinal était seul à espérer de telles possibilités ; personne de la Cour ne voyait plus comment François de Lorraine, fût-il demeuré deux mois encore dans l'État pontifical, aurait pu tenter de nouveau la conquête de Naples[71].

Tourmenté de doutes et comme paralysé par le conflit des influences adverses qui agissaient sur lui, Henri II attendait impatiemment l'arrivée de Piero Strozzi, annoncée depuis le début de juin.

Le maréchal, passé par Lyon le 24 juin, arrivait à Compiègne le 1er juillet au soir[72]. La Reine, pressée de le revoir, lui envoya sa haquenée jusqu'à Senlis. Piero était accompagné d'une dizaine de personnes. Il se rendit d'abord chez le Connétable, puis chez le Roi, enfin chez Catherine. Celle-ci, lorsqu'il entra, était à table en train de souper : elle se leva, l'embrassa et le baisa à la française avec des éclats de joie[73].

Certes, Strozzi était alors l'homme le plus apte à dissiper les malentendus. Ayant pris part à la campagne du duc de Guise comme général des troupes de Romagne, il connaissait les aventures, les besoins et les doléances de son chef. Aussi bien, il possédait la confiance du pape et l'amitié de Carafa. De ses sentiments à l'égard de la famille Strozzi, Paul IV venait de donner une preuve excellente par la promotion de Lorenzo à la dignité cardinalice[74]. Mais précisément les rapports intimes de Piero avec la Curie faisaient de lui le plus dangereux conseiller qu'on pût envoyer au Roi. Guise, craignant que sa pensée ne fût trahie ou déformée par l'intermédiaire, avait écrit d'avance au cardinal de Lorraine pour lui communiquer son opinion personnelle. Le plan que prônait le duc était simple et pratique : revenir lui-même avec ses troupes en Lombardie et s'y joindre à Brissac, confier à Strozzi la garde de l'État pontifical et à Blaise de Monluc la défense de la Toscane française. François prévenait son frère des ambitions du maréchal : Il vous propozera bien chaudement l'entreprinse de Tusquane, à quoy il y a apparance d'y guagner un bon morceau ; mais je me rend encore pour la Lombardie[75]. L'influence de Strozzi devait être d'autant plus grande qu'il avait crédit auprès de Montmorency. Aussi bien, pendant son séjour à Compiègne, fut-il un habitué de la table du premier conseiller[76].

De fait, c'est la cause du pape que plaida Strozzi. Il n'apportait, à vrai dire, aucune promesse de Paul IV. Il confirma même, devant le Conseil, le refus du pontife de promouvoir les candidats français, de destituer les cardinaux espagnols et de livrer les places de sûreté. Seulement Piero amenait les fils du duc de Paliano pour servir d'otages, et, d'ailleurs, il assura que le Saint-Siège continuerait de participer aux frais de la guerre. Strozzi fit grand usage des mots d'honneur et de sentiment et il insista sur ce point que, si l'on abandonnait le pape, celui-ci tomberait sous la tutelle définitive de l'Espagne.

Dès le 3 juillet, Henri II commençait à céder aux arguments du maréchal. La fureur de la cour contre les Italiens s'apaisait[77]. Le Roi doutait encore, mais inclinait peu à peu du côté des Carafa. Il parlait de laisser Guise dans l'Etat pontifical avec pleine liberté d'action, pourvu que, pendant les grandes chaleurs, le général pût se rendre en Toscane et y réformer la république de Montalcino[78]. Le cardinal de Lorraine devait inspirer cette solution, qui ouvrait sur Naples de nouveaux espoirs. Diane de Poitiers informe Paul IV, le 6 juillet, qu'il n'a poinct en ce monde une plus humble, dévote et affectionnée fille[79]. Peut-être enfin Montmorency jugea-t-il préférable de laisser loin de la cour un rival aussi dangereux que François de Lorraine.

Une semaine après l'arrivée de Strozzi, le Roi était fixé dans sa résolution nouvelle. De Compiègne, le 8 juillet, il dépêchait le secrétaire Boucher, pour aller trouver Sa Saincteté et luy faire entendre la résolution que j'ai prinse de faire encores demourer par delà mon cousin le duc de Guyse, avec l'armée, suyvant l'instance et requeste que Sa dicte Saincteté m'en a faict faire par le mareschal Strozzi[80]. Ce même jour partit de la cour M. de Navaille, lieutenant de la compagnie du duc de Nemours ; il portait à François de Lorraine de nouvelles instructions[81]. Strozzi demeurait à Compiègne quelques jours encore pour obtenir l'argent nécessaire à la poursuite de la guerre ; le 14 juillet, il partait, en compagnie de Jean de Morvillier, qui allait négocier un emprunt à Lyon[82]. Débarqué à Civitavecchia le 30, avec son frère Lorenzo, nouveau cardinal, et son beau-frère Flaminio Orsini, le maréchal rentra le soir même à Rome. Il y trouva la Curie terrifiée à l'approche des Espagnols, qui, laissés libres par la retraite de Guise, étaient retombés sur la Campagne romaine[83].

Cependant, l'ennemi envahissait les plaines de Picardie. Dans un effroyable désastre, la fortune de Henri II s'écroula.

 

La trêve de Vaucelles était rompue entre la France et l'Espagne depuis le mois de janvier 1557[84]. Le 7 juin, à Reims, un héraut du roi d'Angleterre vint déclarer la guerre au Très-Chrétien. L'ambassadeur de Philippe II, Simon Renard, prit aussitôt congé[85].

La stratégie du roi d'Espagne et celle de Henri II s'opposent alors de façon saisissante. Rester sur la défensive à la frontière du Nord pour mieux prendre l'offensive en Italie, telle est l'idée française, celle que le Connétable lui-même finit par adopter. Le plan de Philippe Il est juste le contraire : forcer à tout prix la frontière d'Artois, au risque de perdre, un moment, l'Italie[86]. Chez les Espagnols, une volonté furieuse d'en finir, pendant l'absence du duc de Guise ; du côté de Henri II, le désir de gagner du temps pour restaurer les combinaisons italiennes à demi détruites.

Philippe II avait mis à la tête de son armée le duc de Savoie. Après la trêve de Vaucelles, qui lui laissait pour consolation une rente dérisoire, Emmanuel-Philibert avait pleuré de rage. Les diplomates, pendant l'année 1556, étaient revenus sur cette obsédante question de Savoie qui ruinait d'avance tout essai de paix générale. Henri II, suivant l'inspiration de Montmorency, au cours de l'été, avait informé la cour de Bruxelles qu'il reconnaîtrait le fils de l'infortuné Charles II comme duc de Milan, si le prince voulait renoncer aux Etats de son père en faveur de Maximilien de France, — le futur Charles IX. Mais Philippe II n'était point disposé à céder la Lombardie pour payer les dettes de son adversaire[87].

Aussi bien Emmanuel-Philibert n'espérait plus rien que de la force. Dans son diaire, à la date du 25 mars 1557, il notait avec joie : L'on a résolu de publier la déclaration de la guerre[88]. Mû par l'énergie de son désespoir intime, lucide et haineux, il allait diriger l'admirable campagne de Picardie.

Pour arrêter l'invasion, Henri II avait mobilisé une armée immense, une multitude, sous le commandement suprême de Montmorency. Le souverain avait appelé sous les armes tous les gentilshommes : des lettres patentes menacèrent de priver de la noblesse ceux qui resteraient dans leurs foyers[89]. En voyant partir cette foule vers la frontière du Nord, chascun estoit en grand'poine : le peuple connaissait Montmorency, bon ministre, mais mauvais général. De ma part, écrivait un banquier de Paris, je vouldrois que Monsieur de Guise fût de deçà ! Et Dieu veuille que tout soit bien conduict ![90] Emmanuel-Philibert rencontra son adversaire sous les murs de Saint-Quentin, au début du mois d'août. Lamentable tacticien, Montmorency jetait au carnage les forces de son maître et de la France. La bataille du 10 août 1557, ruina d'un coup toute la gloire d'un règne. Lugubre et fameuse journée de Saint Laurent, dont le fracas fit résonner l'Europe entière[91].

Le 15 août, Emmanuel-Philibert, dans l'orgueil de sa victoire, adressait aux peuples de Savoie et de Piémont une proclamation éloquente. Il y rappelait les misères de sa famille, les crimes et les injustices des rois de France, François Ier et Henri II, qui avaient violé des territoires neutres, repoussé les supplications des victimes, refusé l'arbitrage des tribunaux et, pour soutenir une cause immorale, appelé le Turc dans la Chrétienté : la défaite de Saint Laurent, disait-il, est le signe de la malédiction de Dieu sur la race de France. Et le duc, menaçant les traîtres de ses représailles futures, ordonnait aux sujets de se lever contre l'étranger[92]. De fait, la bataille de Saint-Quentin ouvrit à la dynastie de Savoie l'ère de sa renaissance glorieuse. La Tête de fer devait rendre à son pays l'indépendance, avec la promesse de destins plus illustres[93].

 

On connaît le mot de Monluc : Je tenois le royaume pour perdeu. Aussi feust-il plus conservé par la volonté de Dieu qu'autrement. Car Dieu osta par miracle l'entendement au roy d'Espaigne et au duc de Savoye de ne suivre leur victoire droict à Paris[94].

Le 27 août, tombait Saint-Quentin clef de France. La défiance et la pauvreté de Philippe II arrêtèrent l'armée espagnole sur la route de Paris. Le duc de Savoie demanda vainement à son maître les moyens pour envahir l'He de France, tandis que des troupes, levées dans les pays de l'Est, auraient menacé Lyon : peut-être Emmanuel-Philibert rêva-t-il d'annexer à ses États, bientôt recouvrés, la grande cité du Rhône[95].

Après la journée de Saint Laurent, Henri II ne prit point, autant qu'on l'a voulu dire, des airs de brave. C'est le 11 août, à neuf heures du matin, qu'il reçut la nouvelle du désastre. Ce pauvre roi, écrivait un témoin, est tout concassé et abattu sous un tel affront, n'ayant personne autour de lui et ne sachant quasi que faire. Au Conseil restaient trois cardinaux, — Lorraine, Guise, Châtillon, et quelques gens de robe longue, impuissants devant l'ennemi. De Compiègne la cour s'enfuit vers Saint-Germain. Le Roi fit partir son héritier pour la Touraine[96]. On apprit que Montmorency était prisonnier et blessé.

Un spectacle effrayant, ce fut la panique du peuple de Paris et de l'Île de France. Les habitants, affolés, déménageaient leurs meubles pour se réfugier à l'extrémité du royaume. Par bonheur, la Reine, à laquelle Henri II avait envoyé des instructions par le secrétaire Robertet, intervint énergiquement, rétablit l'ordre et fit lever de nouveaux impôts. Le Roi lui-même voulut rassurer la population en donnant l'exemple du calme : il fixa sa demeure à Paris, jusqu'à ce qu'une nouvelle armée, levée dans les provinces et en Allemagne, vînt protéger la ville contre l'invasion menaçante. Mais, pendant toute une année, il fallut y laisser un membre de la famille royale pour empêcher le retour de la peur[97].

Les auteurs de Mémoires ont relaté les malédictions que proféraient alors les Parisiens contre Montmorency, dont la lourde maladresse avait été la cause immédiate du désastre. A vrai dire, les Guises, et singulièrement le cardinal de Lorraine, eurent bonne part de ces injures. Les Parisiens, écrit un témoin, ne cessent, en propos libres ou en placards, de lacérer le cardinal de Lorraine comme l'auteur principal de cette guerre : ils rappellent qu'il alla à Rome conclure la ligue avec le pape et que depuis, aidé de sa famille, il a poussé tant qu'il a pu le Roi à la guerre[98].

La première décision de Henri II, pour se sauver, fut de rappeler Guise d'Italie. Dans la matinée du II août, à peine connu l'événement, il dépêchait l'intendant du cardinal de Ferrare, Scipion Piovene, avec l'ordre à François de Lorraine de revenir en hâte et de ramener tous ses gentilshommes. Le même courrier portait aussi à M. de Termes, qui se trouvait en Piémont, l'ordre de rentrer à la cour pour prendre le commandement par intérim des troupes royales[99]. Deux jours après, Henri II mandait au baron de La Garde de se rendre à Civitavecchia avec quatorze galères et de rapatrier l'armée d'Italie. Le 15, un second courrier fut dépêché à Guise[100].

Depuis la fin de juillet, François de Lorraine était à Macerata, petite ville au sud de la Marche d'Ancône. Les maladies décimaient son armée. Lui-même souffrait d'une grave attaque d'influenza[101]. Le 1er août, il avait reçu sans enthousiasme l'ordre, que lui apportait M. de Navaille, de rester dans l'État pontifical[102]. Il venait d'apprendre l'invasion de la Campagne romaine, le saccage de Segni et le siège de Paliano par les troupes espagnoles[103]. D'autre part, le duc de Ferrare, effrayé par les mouvements menaçants d'Octave Farnèse et de Cosme de Médicis, appelait son gendre au secours. Je ne vouldrois faillir vous aller trouver, écrivait Guise à son beau-père, mais estant la nécessité telle qu'elle est, je suis contrainct faire à quitte ou à double pour la conservation de Sa Saincteté, si ne La veulx du tout abandonner et laisser son Estat aux mains de l'ennemy[104].

Sa mauvaise santé ne permit au général de quitter Macerata que le 20 août, en litière. Mais il avait envoyé déjà le plus gros de ses troupes vers Rome, sous le commandement du duc d'Aumale[105]. Le 23 août, avant d'arriver à Spolète, Guise rencontrait le courrier Scipion Piovene, qui lui annonça le désastre de Saint-Quentin et lui remit l'ordre du Roi de retourner en France[106]. A Terni, le 28 août, François trouva Piero Strozzi et le duc de Paliano : partis de Rome dix jours auparavant, ils avaient reçu les troupes d'Aumale à Tivoli et venaient supplier Guise de ne pas abandonner le pape dans le danger. Le général leur répondit qu'il ne pouvait désobéir à l'ordre de son maître, mais qu'avant de s'embarquer à Civitavecchia, il irait prendre congé de Sa Sainteté et attendrait quelques jours, pour permettre à Paul IV de s'accorder avec le duc d'Albe[107].

Le 31 août, François de Lorraine, malade en litière, fit son entrée à Rome, accompagné de cinq cents cavaliers. Il descendit à la villa inoccupée du cardinal de Ferrare, à Montecavallo. La plupart des capitaines et gentilshommes, avec les bagages, se rendirent aussitôt à Civitavecchia, pour y commencer l'embarquement sur les galères de La Garde. Le duc lui-même pensait ne pas demeurer à Rome plus de quatre jours[108]. En réalité, il y passa deux semaines. Il fallut d'abord, régler la dislocation de l'armée française. Sur les galères on ne devait embarquer que l'état-major, les principaux gentilshommes et les compagnies d'arquebusiers. Le reste des gens de pied fut réparti entre Ferrare et Montalcino[109]. Quant à la cavalerie, on décida qu'elle rentrerait en France par la route des Grisons, sous le commandement des ducs d'Aumale et de Nemours[110]. Guise eut surtout peine à se délivrer des supplications de Paul IV. Le vieillard semblait la proie d'un nouvel accès de haine contre les Espagnols[111]. Cependant ses neveux négociaient secrètement avec le duc d'Albe. Le 11 septembre, François perdit patience : il pressa les Carafa d'en finir[112]. Le lendemain, on apprit la chute de Saint-Quentin et la captivité de l'amiral de Coligny. Guise déclara que toutes les chaînes du monde ne pourraient plus le retenir[113]. Il partit de Rome le 14 septembre, alla coucher le soir au château de Bracciano, et s'embarqua le lendemain à Civitavecchia, avec le prince de Salerne, Piero Strozzi, un grand nombre de gentilshommes et sept compagnies. En tout, le convoi, formé de vingt-deux galères, emmenait deux mille hommes de pied[114].

Le 20 septembre, Guise débarquait à Marseille ; un violent accès de fièvre l'y arrêta deux jours. Le duc dépêcha Piero Strozzi en avant pour annoncer au Roi son arrivée[115]. Lui-même, au contact de la terre de France, recouvra vite sa santé. En passant par Avignon, il fit grand honneur à la bonne chère que lui offrirent les prélats allègres qui administraient la légation. Il fut l'hôte du président d'Oppède à Cavaillon, puis de son ami le comte de Suze à Suze[116]. Sain et gaillard, il arrivait, le 6 octobre, à Saint-Germain-en-Laye[117]. M. de Termes, venu de Piémont quelques jours auparavant, avait commencé de réorganiser l'armée[118]. Guise retrouvait devant lui les plaines de Picardie, d'Artois, de Champagne et de Lorraine, décor traditionnel des grandes guerres françaises.

 

Ainsi finit la dernière guerre d'Italie, dont les conséquences désastreuses pèseront sur la fortune de la France jusqu'au ministère de Richelieu.

Montmorency, général incapable et orgueilleux, fut l'auteur direct de la défaite de Saint-Quentin. Mais la responsabilité du Connétable paraît légère à qui veut considérer l'ensemble de sa politique, depuis 1555 : l'opposition sensée, clairvoyante, tenace et courageuse, qu'il fit aux projets belliqueux après la trêve de Vaucelles, donne à son rôle historique une grandeur de bon aloi. François de Guise, lui, âme de capitaine, mit au service d'une entreprise fâcheuse son clair génie et sa conscience de soldat. Ce n'est pas tout, dit justement Brantôme, que de conduire et avoir des armées, mais il les faut conserver ; et qui les peut rendre et retourner au logis saines et entières, le cappitaine en est digne d'une très grande louange[119]. Celui qui mérite condamnation, c'est Charles de Lorraine : pendant deux ans, son esprit chimérique et barbouillé avait construit, presque à l'insu du Roi, un rêve inutile et fou. Un jour Henri II lui-même, prince timide mais sensé, adoptant l'opinion qu'avaient affichée les bourgeois de Paris après la défaite, jugera et condamnera l'œuvre du cardinal ambitieux.

 

 

 



[1] Ch. de Marillac à Montmorency, 1557, 16 mars, Rome, p. p. P. de VAISSIÈRE, Ch. de Marillac, p. 409.

[2] Adr. Saraceni à la Balia de Sienne, 1557, 2 mars, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. alla Balia, CCXCIV, 70 ; orig.). — Giulio Grandi an duc de Ferrare, 1557, 3 mars, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.).

[3] Vinc. Buoncambi à Octave Farnèse, 1557, 28 février, Rome (Arch. d'Etat de Parme, Roma ; orig.).

[4] G. Grandi au duc de Ferrare, 1557, mars, Rome (Arch. de Modène, Roma ; orig.).

[5] Il avait été malade pendant l'été et l'automne 1556. Caligari à Commendone, 1556, 10 juin, Rome (Arch. Vatic., Principi, XXIII, 14 ; orig.). G. Grandi au duc de Ferrare, 1556, 26 août, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.). — La date exacte de la mort de G. della Casa a été établie par G. Coggiola dans une note publiée en 1901.

[6] Sur la carrière de G. della Casa et de S. Aldobrandini à la Curie de Paul IV, voyez le mémoire de R. ANCEL, La Secrétairerie d'Etat sous Paul IV (extr. de la Rev. des quest. hist., avril 1906). — R. Ancel a ignoré le rôle joué à Sienne par Aldobrandini comme conseiller du cardinal de Ferrare. Cf. le t. I de notre ouvrage.

[7] Instructions de Guise à Carnavalet, 1557, 16 mars, Rome (Mém.-journaux de Guise, pp. 272-273).

[8] Voyez les pièces publiées par R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 2, pp. 551, 558 et 664.

[9] Marillac au Roi, 1557, 26 février, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 3138 ; orig.).

[10] Carafa à Brancatio, 1557, 7 mars, Rome ; Brancatio à Carafa, 1557, 14 avril, La Ferté-Milon, publiées par ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 2, pp. 551 et 557.

[11] G. Grandi au duc de Ferrare, 1557, mars, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; dép. originales), — Guise au duc de Ferrare, 1357, 20 mars, Rome : ... ce mot de lectre pour vous advertir, Monsieur, de la longueur en quoy je suys tousjours réduict, n'ayant depuis mon arrivée par deçà peu encores obtenir aucune résolucion, sinon sur nostre entreprise que Sa Saincteté a plustost voullu estre au royaulme de Naples que au duché de Florence... (Arch. de Modène, classé à tort à cardinal di Lorena ; orig.). — Guise au Roi, 1557, ... mars, Rome : Je suys merveilleusement marry de la longueur dont il m'est usé par deçà n'ayant encores peu tirer aucune résolucion de tous noz affaires, sinon de nostre entreprise, laquelle Sa Saincteté, quelque remonstrance que je luy aye sciai faire do combien nous estoit plus nécessaire commancer à celle de Florence que du royaulme de Naples, a toutefois voullu que celle dud. royaulme précédast, comme il vous aura pieu entendre par le protonotaire Manne, lequel j'ay depesché vers V. Majesté, il y a sept jours... (Bibl. Nat., ms. fr. 20511, fol. 132 : double orig.). — Marseille au duc de Guise, 1557, 14 mars, Ferrare (Bibl. Nat., ms. fr. 20511, fol. 121 ; orig.).

[12] Ce dessein, exposé par le cardinal de Lorraine à l'ambassadeur Alvarotti, fut rapporté par celui-ci au duc de Ferrare dans une dépêche, datée de 1557, 25 juin, Compiègne (Arch. de Modène, Francia : orig.). — On peut en suivre le développement dans les documents diplomatiques publiés par R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 1 et 2.

[13] G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, p. 621.

[14] O. de Selve à Montmorency, 1557, 8 avril, Rome : ... Monsieur de Vineuf, présent porteur, ayant esté dépesché pièça par deçà comme vous sçavez, pour porter les colliers de l'Ordre à M. le duc de l'alliane et au s' Jourdan Ursin, et aussy pour la sollicilation de création des cardinaulx... (Bibl. Nat., ms. fr. 20443. fol. 137 ; orig.).

[15] G. Grandi au duc de Ferrare, 1557, 15 mars, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.). — Mém.-journaux de Guise, pp. 346-348.

[16] C. Brancatio au cardinal Carafa, 1557, 4 avril, La Ferté-Milon, p. p. R. ANCEL, Nonciatures, I, 2, p. 557.

[17] Instructions de Guise à Carnavalet. 1557, 16 mars. Rome : Guise à Montmorency, 1557, 18 mars, Rome : Guise au Roi, 1557, 13 avril (Mém.-journaux de Guise, pp. 271, 272-273, 275-276).

[18] Guise au duc de Ferrare, 1557, 25 mars, Rome : ... Nous fusmes ier en conseil, les cardinal Caraffe, duc de Paliane, maréchal Strosse, l'ambassadeur de Selve, l'évesque de Vienne et moy, où il fust conclu qu'il seroit anvoyéz, tant pour la conservasion de vostre Estat que de Boullongne et Romaigne, 8 enseignes de jans de pied françois, 100 hommes d'armes, quy seroit compaignie de Mons. vostre filz, 3 mille hommes de pied italiens et trois cens chevaux légers. — Le même au même, 1557, 29 mars, Rome : ... Vous serez cause, Monsieur, d'autant d'espargne, dont nous avons esté contrainctz faire estat par deçà pour l'emploier ès choses que nous sont nécessaires en nostre voyaige... (Arch. d'Etat de Modène, Francesco di Lorena ; autog.). — Guise au Roi, 1557, 13 avril (Mém.-journaux, pp. 275-276). — Avis de Rome au cardinal de Gonzague 1557, 24 mars (Arch. d'Etat de Mantoue, Carteggio del carle ; orig.).

[19] Avis de Rome au cardinal de Gonzague, 1557, 6 mars, Rome (Arch. de Mantoue, Cartegg. del carle ; orig.). — G. Grandi au duc de Ferrare, 1557, 20 mars, Rome (Arch. de Modène, Roma ; orig.).

[20] Gianfigliazzi au duc de Florence, 1557, 1er avril, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3244 ; orig.). — Pasino de' Giusti au cardinal Farnèse, 1557. 3 avril, Rome : long récit (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fasci nuovi, II ; orig.). — C. Carafa à Brancatio, 1557, 28 mars, Rome, p. p. R. ANCEL, Nonciatures, I, 2, p. 554.

[21] Le duc d'Urbin à Octave Farnèse, 1557, 28 mars, Pesaro (Arch. d'Etat do Parme, Pesaro ; orig.). — Fr. de Montmorency au Connétable. 1557, 1er avril, Venise (Bibl. Nat., ms. fr. 3122, fol. 100 ; orig.). — Girol. Faletti au duc de Ferrare, 1557, 3 avril, Venise (Arch. d'Etat de Modène, Venezia ; orig.). — RAWDON-BROWN, Calendar... Venice, VI, II, 782-947 : A. VITALIS, Corr. de D. du Gabre, pp. 230-231 ; R. ANCEL, Nonciatures, I, 2, p. 556. — Cl. A. de RUBLE, François de Montmorency... (Mém. de la Soc. de l'Hist. de Paris, t. VI).

[22] Guise au duc de Ferrare, 1577, 5 avril, Rome : J'euz hier à la fin une résolution de tout ce qui me restait à faire par deçà et partz présentement pour m'en aller disner à une maison de Mons. le cardinal Guady à deux postes d'icy et coucher à Civita-Castellane, et de là trouver nostre armée. (Arch. de Modène, Francesco di Lorena ; orig.). — Pasino de' Giusti au cardinal Farnèse, 1557, 7 avril, Rome : détails sur les cérémonies du départ (Arch. de Naples, Carte Farnes., fasci nuovi, II ; orig.).

[23] Vialart au duc de Guise, 1557, 7 avril, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20442, fol. 191 orig.).

[24] Biset au S. de Matras, 1557, Pâques fleuries, Lorette (Bibl. Nat., ms. fr. 20454, fol. 21 ; orig.).

[25] Pasino de' Giusti au cardinal Farnèse, 1557, 10 avril, Rome (Arch. d'État de Naples, Carte Farnes., fasci nuovi, II ; orig.).

[26] G. Pietro Corregrani au châtel. de Mantoue, 1557, 18 février, Ferrare (Arch. d'État de Mantoue, Ferrare ; orig.).

[27] Le duc d'Aumale au duc de Guise, 1557, 4 mars, Forli (Bibl. Nat., ms. fr. 20511, fol. 103 ; — MARCHESI, Historia di Forli (Forli, 1678, in-fol.), p. 169.).

[28] Bern. Moccia au cardinal de Gonzague, 1557, 14 mars, Florence (Arch. de Mantoue, Carteggio del carle ; orig.).

[29] Le duc d'Aumale au duc de Guise, 1557, 12 mars, Rimini : Me veyant arrivé en ce lieu, où je n'ay trouvé de voz nouvelles ny ordre de ce que je doibz faire cy après, j'ay bien voulu vous dépescher le sr d'Osmont exprès pour vous faire entendre toutes nouvelles... vous suppliant au demeurant me vouloir incontinent faire entendre vostre intention... (Bibl. Nat., ms. fr. 20511, fol. 117 ; orig.). — J. de la Boissière au duc d'Aumale. 1557, 19 mars, Rimini (Bibl. Nat., ms. fr. 20511, fol. 127 ; orig.). — Le duc d'Urbin à Octave Farnèse, 1557, 20 mars et suivants, Pesaro (Arch. d'État de Parme, Pesaro ; orig.).

[30] Avis de Pesaro à Octave Farnèse, 1557, 28 mars (Arch. de Parme, Pesaro ; orig.). P. Salvestri à la Balia de Sienne, 1557, 27 mars, Florence (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCXXIV, 17 ; orig.). — Le duc d'Urbin à Octave Farnèse, 1557, 27 mars, Pesaro (Arch. de Parme, Pesaro ; orig.). — P. Salvestri la Balia de Sienne, 1557, 31 mars-5 avril, Florence (Arch. de Sienne, Lett. alla Balia, CCXXIV, 20-26 ; orig.). — Serres au duc d'Aumale, 1557, 9 avril, Fermo (Bibl. Nat., Clairamb., 349, fol. 61 ; orig.). — Gir. Faletti au duc de Ferrare. 1557, 18 avril, Venise (Arch. d'Etat de Modène. Venezia ; orig.). — On avait attribué, un moment, à l'armée française le dessein d'occuper le duché d'Urbin, pour y faire valoir les droits de Catherine de Médicis. Pasino de Giusti au cardinal Farnèse, 1557, 13 février, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Vannes., fasci nuovi, II ; orig.). Pacif. Arditi au duc de Florence, 1557, 21 février, Parme (Arch. d'Etat de Florence ; Mediceo, 2868 ; orig.).

[31] Biset à M. de Matras, 1557, 11 avril, Lorette : M. de Guise est venu retrouver son camp aux environs de ce lieu, et se délibère de le faire marcher demain, continuant tousjours le chemin du Royaulme, ayant envoyé devant, sur l'entrée du pays, M. de Tavanes avec quelques chevaulx-légers et bendes de harquebusiers, pendant que nostre artillerie, qui est venue par nier jusques à Ferme, se remontera. Et croy que bientost nostre armée se pourra attaquer à quelque ville, dont nous debvons espérer bonne issue, pour la faveur et ayde que l'affection généralle de tous ceulx du pays au party françois pourra donner à nostre force... (Bibl. Nat., ms. fr. 20454, fol. 10 ; orig.).

[32] Lettres de Guise citées plus loin.

[33] Biset à Malras, 1557, 11 avril, Lorette : M. de Guise a envoyé à Boulongne huict de nos enseignes françoises, qui sont celles des cappitaines Bricquemault, La Devèze, chevalier d'Achon, Bourdel, Pongaillard, Monestier, et les deux du sr de Sainct-Vidal, avec la compagnie de M. le prince de Ferrare. soubz le régiment et obéissance de M. le mareschal Strozzi... (Bibl. Nat., ms. fr. 204-.A, fol. 10 ; orig.) — Ognibene Giorgi au châtel. de Mantoue, 1557, 30 avril, Ferrare (Arch. d'Etat de Mantoue, Ferrare ; orig.).

[34] O. Giorgi au châtel. de Mantoue, 1557, 2 mai, Ferrare (Arch. de Mantoue, Ferrara : orig.).

[35] O. de Selve au Roi, 1557, 14 avril, Rome : Le jour d'hyer, nous eusmes nouvelles comme le baron de La Garde estoit le jour précédent arrivé à Civitavecchia avec 30 de vos gallaires et 2 galliotes, et avoit mictz en terre Messieurs le duc d'Atrie et de Randan, avec environ 300 gentilshommes venus pour leur plaisir pour aller trouver l'armée de M. de Guise, lesquels sitôt que led. sr de La Garde avoist mictz en terre, il s'estoit remictz en mer, sans rien desambarquer des huict enseignes de gents de pied qu'il a sur ses d. gallaires, pour s'en aller en l'isle de Ponce. (Bibl. Nat., ms. fr. 20442, fol. 146).

[36] Il faudrait tout un volume pour exposer les rapports financiers du due de Ferrare avec le gouvernement royal. Pour la période qui nous intéresse ici, voyez lettres d'Alvarotti et de G. Grandi (Arch. de Modène, Francia et Roma : orig.).

[37] Guise au duc de Ferrare, 1557, 12 avril, Lorette (Arch. de Modène, Francesco di Lorena ; autog.). — Cf. D. du Gabre au duc de Ferrare, 1557, 20 avril, Venise, p. p. A. VITALIS, op. cit., p. 237.

[38] [Millet] au duc de Guise, 1557, avril, Ferrare (Mém.-journaux, pp. 276-277).

[39] Guise au duc de Ferrare, 1557, 19-26 avril, Fermo-Abbaye près de Civitella (Arch. d'Etat de Modène, Francesco di Lorena ; autog.). — P. Salvestri à la Balia de Sienne, 1557,14 avril, Florence ; le même, 23 avril (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCXXIV, 34 ; orig.). — Avis de Rome au cardinal de Gonzague, 1557, 14 avril (Arch. d'Etat de Mantoue, Carteggio del carle ; orig.). — Girol. Falelti au duc de Ferrare, 1557, 24 avril, Venise (Arch. de Modène, Venezia orig.). Relation envoyée à la cour de France, 1557, 8 mai, Civitella : ... Cependant, estant sa délibération d'entrer au royaulme de Naples par le pays de l'Abruze, M. de Guise envoya devant pour recongnoistre l'ennemy tous nos chevaulx-légiers avec cent hommes d'armes et troys enseignes françoises... A dix mil dedans le pays, ilz prindrent par surprise une ville et chasteau nommée Stampio, dont le butin a esté estimé à plus de deux cens mil escus... (Bibl. Nat., coll. Dupuy, vol. 86, 67-68 ; orig.). — Cf. Correspondance des Saulx-Tavanes, p. p. L. Pingaud, pp. 31 et suivantes.

[40] Guise au duc de Ferrare, 1557, 26 avril, du camp de l'abbaye de Civitella (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; autog.).

[41] Le cardinal de Tournon au duc de Ferrare, 1557, 1er mai, L'Impériale (Arch. de Modène, Cardinali, Tornone ; orig.).

[42] O. de Selve à Montmorency, 1557, 20 mai, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20443, fol. 9 ; orig.).

[43] Guise au duc de Ferrare, 1557, 12 mai, camp de Civitella (Arch. d'Etat de Modène, Francesco di Lorena ; autog.).

[44] Guise au duc de Ferrare, 1557, 15 mai, camp de Civitella : Verrez comme de cest heure il nous fault penser à nous mettre en lieu si à propoz que, venant aux mains avec le duc d'Albe, puissions emporter avec l'ayde de Dieu la victoire. Je vous puis asseurer, Monsieur, que cette petite trouppe est bien délibérée ne s'espargner à faire ung bon service au Roy et accroistre la répputation que Sa Mte a de ce costé... Je viens tout à ceste heure d'estre averty que le duc d'Albe a reconnu le logis de Julie Nove, à V milles du lieu où je vois demain avec ceste armée, et, à ce que pouvons juger, il vouldroit se mettre entre le lieu d'où viennent noa vivres et nostre camp. Je l'en garderay, sy je puys. Nous commansons à nous approcher de sy près que malaysément passera ceste guerre de ce costé sans qu'il y est du mal d'ung costé ou de l'autre... (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; autog.).

[45] Guise au Roi, 1557, 15 mai, camp de Civitella (Bibl. Nat., ms. fr. 20454, fol. 79 ; orig.). — Guise au duc de Ferrare, 1557, 26 mai, camp de Corropoli (Arch. de Modène, Fr. di. Lorena ; autog.). — Dès le 19 mai, la manœuvre de Guise était connue à Rome. V. Buoncambi à Octave Farnèse, 1557, 19 mai, Rome (Arch. d'Etat de Parme. Roma ; orig.). Cf. A. VITALIS, Correspondance de D. du Gabre, p. 247. — On voit que l'armée française leva le siège de Civitella, non pour battre en retraite, mais pour prendre l'offensive.

[46] Guise au Roi, 1557, 30 mai, Port d'Ascoli (Mém.-journaux, p. 340).

[47] Guise au duc de Nevers, 1557, 11 juin, Port d'Ascoli (Mém.-journaux, p. 360). Cf. Mémoires du voyage de M. de Guyse en Italie (Ibid., p. 324).

[48] Guise au duc de Ferrare, 1557, 26 mai, camp de Corropoli (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; orig.).

[49] O. de Selve à Montmorency, 1557, 20 mai, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20443, fol. 1-7 ; orig.). — Le cardinal Farnèse à Octave, 1557, 19 mai, Parme (Arch. d'État de Naples, Carte Farnes., fascio 705 ; orig.). — Cf. An. CARO, Lettere scritte al nome del cardinale Farnèse, t. III, p. 165 ; A. DESJARDINS, Négociations..., t. III, p. 367. — R. Ancel, dans La question de Sienne... (Revue bénédictine, 1905, pp. 418-420), a brouillé la suite des événements.

[50] Guise au duc de Ferrare, 1557, 3 et 5 juin, camp de San Benedetto (Arch. d'Etat de Modène, Francesco di Lorena ; originaux). — Instructions à Strozzi, 1557, juin (Bibl. Nat., ms. fr. 20454, fol. 124-124 orig.). — Le duc de Florence à Octave Farnèse, 1557, 5 juin, Poggio (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 86, fascic. 4 : orig.). — Cf. G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, pp. 692-693.

[51] Guise au duc de Ferrare, 1557, 10 juin, du camp (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; orig.). — Guise au Roi, 1557, juin (Mém.-journaux, pp. 341-342). — O. de Selve au duc de Guise, 1557, 8 juin, Rome (Mém.-journaux, pp. 360-361).

[52] Instructions de Guise à M. de Navaille, 1557, 14 juin (Mém.-journaux, pp. 362-363). — Fab. Ferrero au duc de Florence, 1557, 18 juin, Milan (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3107, fol. 160 v° ; orig.).

[53] P. Strozzi au cardinal Carafa, 1557, 17 juin, Civitavecchia (Bibl. Vatic., Barberini, lat. 5706, fol. 262 ; orig.). — Nicquet (?) au duc de Guise. 1557, juin, Rome (Mém.-journaux, p. 363). F. Ferrero au duc de Florence, 1557, 24 juin, Milan (Mediceo, 3107, fol. 179 ; orig.). — Le marquis de Cavi et Pietro Carafa au cardinal Carafa, 1557, 24 juillet, Paris (Bibl. Vatic., Barberini, lat. 5708, fol. 231 et 249 ; orig.). — Cf. R. ANCEL, La question de Sienne... (Revue bénédictine, 1905, p. 422).

[54] Vinc. Buoncambi à Octave Farnèse 1557, 19 juin, Rome (Amin d'Etat de Parme, Roma ; orig.). — Navagero au Sénat de Venise, 1557, 19 juin, Rome (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, t. VII, fol. 210).

[55] Guise au duc de Ferrare, 1557, 4-21 juin, Ancône (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; orig.).

[56] Guise au duc de Ferrare, 1557, 8, 16, 21 juin, 2, 13, 31 juillet, 2 août, Ancône-Fermo-Maccrata (Arch. d'Etat de Modène, Fr di Lorena : orig.). — Vinc. Buoncambi à Octave Farnèse, 1557, 26 juin-9 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Parme, Roma ; orig.). — Mémoire à l'ambassadeur de France en Espagne [1559] : Plaise à M. l'Ambassadeur donner à entendre à la Majesté réalle du roy des Espaignes que, en son chasteô de Millen, i a ung pauvre gentilhomme prisonnier, lequel est filz du sr de La Roche-Pozay, et fut prins en Itallia, près Ascolli, l'en 1557, le 24 de juing, M. de Guize estent en Itallie... (Arch. Nat. K 1492, B 10, n' 24 ; orig.).

[57] Guise au duc de Ferrare, 1557, 2 juillet, du camp (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; orig.).

[58] Michel Suriano au Sénat de Venise, 1558, 25 mars, Bruxelles (Arch. d'Etat de Venise, D. al Senato, Spagna ; chiffre orig.).

[59] A. de RUBLE, François de Montmorency... (Mém. de la Soc. de l'histoire de Paris, t. VI, pp. 228-229). — Domenico de Achilli au duc de Mantoue, 1557, 11 mars, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia : orig.).

[60] Dépêches d'Alvarotti, 1557, avril-mai (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[61] Alvarotti au prince de Ferrare, 1557, 29 juin, Compiègne (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[62] Fab. Ferrero au duc de Florence, 1557, 2 août, Milan (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3107, fol. 182 ; orig.).

[63] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 8 mars, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Francia, orig.).

[64] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 24 avril, La Ferté-Milon (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[65] Brancatio au cardinal Carafe, 1557, 4 avril, La Ferté-Milon, p. p. R. ANCEL, Nonciatures, I, 2, p. 501. — Pero au duc de Florence, 1557, 31 avril, Venise, p. p. DESJARDINS, Négociations..., t. III, p. 372. — Lettres de Catherine de Médicis, t. X, pp. 17-18.

[66] Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1557, 10 mai, Melun (Arch. d'État de Mantoue, Francia ; orig.). — A. de Ruble, qui écrit 2 mai, a confondu la date des fiançailles et du contrat avec celle du mariage.

[67] Montmorency au duc de Guise, 1557, 28 mai, La Fère-en-Tardenois (Mém.-Journaux de Guise, p. 350).

[68] Pacifico Arditi au duc de Florence, 1557, 18 mai, Parme (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2363 ; orig.). — J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 12 juin, Reims (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[69] Mémoire du Conseil en réponse au duc de Guise, 1557, 23 juillet : Par les estatz apportéz par le sr de La Chappelle se voit que la despence de l'armée de la Saincte ligue ès mois de mars, avril et may, monte ung million quatre vingtz quatre mille sept cens quatre vingtz quatre livres. (Bibl. Nat.. ms. fr. 20.454, fol. 39 ; orig.). — J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 25 juin, Compiègne (Arch. d'État de Modène, Francia ; orig.). — Le même au même, 1557, 29 juin, Compiègne (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[70] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557. 12 juin, Reims (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[71] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 95 juin, Compiègne (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[72] DESJARDINS, III, 377.

[73] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 3 juillet, Compiègne (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[74] Sur le sens de cette promotion, voyez R. ANCEL, Nonciatures, I, 2, p. 562 et n. 1.

[75] Le duc de Guise au cardinal de Lorraine, s. d. (Mém.-Journaux, pp. 363-364).

[76] Giac. Soranzo au doge de Venise, 1557, 8 juillet, Compiègne (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Francia, filza 1a ; orig.).

[77] DESJARDINS, III, 376.

[78] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 3 juillet, Compiègne (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[79] Diane de Poitiers au cardinal Carafa, [1557], 6 juillet (Bibl. Vatic., Barberini, lat. 31617, fol. 11 ; orig.).

[80] Henri II au duc de Ferrare, 1557, 8 juillet, Compiègne (Arch. d'Etat de Modène, Enrico II ; orig.). — Instructions de Henri II à Boucher, 1557, 8 juillet, Compiègne (Mém.-Journaux de Guise, pp. 369-370).

[81] Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1557, 8 juillet, Compiègne (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.).

[82] Lettre supra citée. — Henri II au Bureau de la Ville de Paris, 1557, 14 juillet, Compiègne (Reg. du bureau de la Ville de Paris, t. V, p. 490).

[83] Vinc. Buoncambi à Octave Farnèse, 1557, 14 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Parme, Roma ; orig.). — Le duc de Guise au duc de Ferrare, 1557, 31 juillet-2 août, Macerata (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; orig.).

[84] Simon Renard à la princesse de Portugal, 1557, 2 janvier, Poissy (Arch. Nat., K 1490, B 39, n° 10 ; orig.).

[85] Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1557, 9 juin, Reims (Arch. de Mantoue, Francia ; orig.). — Mém.-Journaux de Guise, p. 359 ; G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, pp. 690-692.

[86] DESJARDINS, III, 362, 376 et 377.

[87] Art. SEGRE, Emanuele Filiberto e la repubblica di Venezia (Miscellanea di Storia Veneta, série 2a, t. VII, p. 82).

[88] L. ROMIER, Diarii d'Emmanuel-Philibert, p. 25.

[89] Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1557, 25 juillet, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.).

[90] Cité par H. FURGEOT, Henri II après la journée de Saint-Quentin (Rev. des questions historiques, t. XXXII, p. 466).

[91] Pour l'Italie, voyez surtout I. MALAGUZZI, La ballaglia di San Quintino e le relazioni fra la reale casa di Savoia e casa d'Este ; A. LUZIO, Leonardo Arrivabene..., etc.

[92] Arch. d'Etat de Turin, Storia della reale casa, mazzo 10, categ. 3a ; copie ancienne. — Des mesures furent prises en Savoie et en Piémont pour empêcher la divulgation de ce manifeste. Henri II lui-même y répondit par un autre manifeste, daté de S.-Germain, le 12 octobre 1557. Cf. E. BURNIER, Histoire du Sénat de Savoie, t. I, p. 610.

[93] Voyez la pièce de Ronsard, dans le Bocage royal, adressée à Emmanuel-Philibert (éd. Blanchemain, t. III, pp. 338 et suivantes).

[94] Commentaires, éd. de Ruble, t. II, p. 237.

[95] D. Ferrante Gonzague au cardinal de Gonzague, 1557, 28 août, S. Quentin (Arch. d'Etat de Mantoue, Carteggio del carle ; orig.). — Le plan de guerre d'Emmanuel-Philibert a été publié par E. RICOTTI, Degli scritti del duca Emanuele Filiberto (Acch. di Torino, série 2a, t. XVII, p. 101). On y lit : Il faut examiner l'avantage qu'on peut en retirer, qui est qu'en se rendant maitre de cette ville [Lyon], on ôte au Roy de France presque tous les moyens de trouver de l'argent ; outre cela, on peut occuper tout le païs jusqu'à Avignon et la plus grande partie de la Savoie. Et, selon que je sais informé, la ville est située de manière qu'on peut fort bien s'y soutenir contre toutes les forces du monde. L'on bouche par là le passage aux troupes françoises qui vont en Italie... — Henri II au Conseil de Berne, 1557, 22 août, Paris : Ayant entendu que le prince de Piémont faict faire quelques levées et préparatifs de gens de guerre pour, à la faveur de ceulx de la comté de Bourgongne, nous assaillir du costé de la Bresse et des pays conquiz sur feu son père... (Arch. d'Etat de Berne. Frankreich, Heinrich 2 ; orig.). — De fait, une entreprise fut alors tentée sur Lyon par le baron de Boleviller. Voyez Mém.-journaux de Guise, p. 393 ; S. GUICHENON, Histoire généalogique de la royale maison de Savoie, t. II, p. 673 ; Lettere del Granvella (Miscellanea di storia italiana, t. XIX, p. 485).

[96] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1537, 11 août, La Borde (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[97] Dépêches d'Alvarotti. — Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1557, 29 août, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.). — Cf. H. FURGEOT, art. cit. (Rev. des quest. hist., t. XXXII, p. p. 478-480).

[98] Giac. Soranzo au duc de Venise, 1557, 30 août, Paris (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, filza 2a ; orig. chiff.).

[99] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 11 août, La Borde (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). — Henri II au duc de Ferrare, 1557, 15 août, Paris : Pour ce qu'une mauvaise nouvelle ne peult estre que trop tost scene, je n'ay voulu que l'on se soit hasté de vous advertir de celle que vous aura peu faire entendre mon cousin le duc de Guise touchant la roupte de mon armée dont je luy baillay l'advertissement par l'escuyer Scipion do Piovenne, que je depeschay au mesme instant que je le receuz en extresme diligence, affin que, incontinant qu'il auroit veu la lettre que je luy escripvoys, il eust à disposer de son partement pour s'en venir me trouver, laissant le mareschal Strozzi par delà en son lieu pour se réduire à la défensive... (Arch. de Modène, Enrico II ; orig.). Hippol. d'Este au duc de Guise, 1557, 19 août, Ferrare (Bibl. Nat., Clairamb 351, fol. 27 ; orig.). — Piovene partit de Paris le 12 août au matin. Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1557, 12 août, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.).

[100] Henri II au duc de Guise, 1557, 15 août, Paris, p. p. RIBIER, op. cit., II, pp. 701-702. — Le baron de La Garde au duc de Guise, 1557, 22 août, Marseille (Bibl. Nat. ms. fr. 20643, fol. 93 ; orig.). — Cf. Ch. de LA RONCIÈRE, Histoire de la marine, t. III, p. 545.

[101] Le duc de Guise au Roi, 1557, 23 juin, Fermo (Bibl. Nat., ms. fr. 20454, fol. 55-100 ; orig chiff.). — Coyffier et Bretaigne au duc de Guise, 1537, 19 juillet, Ancône (Bibl. Nat., Clairamb. 350, fol. 258 ; orig.). — Hippol. d'Este au duc de Guise, 4537, 3 août, Ferrare (Bibl. Nat., Clairamb. 351, fol. 6 ; orig.).

[102] Le duc de Guise au Roi, 1557, 1er août, Macerata (Bibl. Nat., coll. Dupuy, t. 44, fol. 43-47 ; orig.).

[103] Paul IV au duc de Guise, 1557, 28 juillet, Rome (Mém.-journaux de Guise, p. 374). — Le cardinal Carafa, le duc de Paliano et Piero Strozzi au duc de Guise, 1557, 31 juillet, Rome (Bibl. Nat., Clairamb. 350, fol. 252 ; orig.). — Bernardino Pia au cardinal de Gonzague, 1557, 31 juillet, Rome (Arch. de Mantoue, Carteggio del carle ; orig.).

[104] Le duc de Guise au duc de Ferrare, 1557, 2 août, Macerata (Arch. de Modène, Francesco di Lorena ; autogr.). — V. Buoncambi à Octave Farnèse, 1557-, 7 août, Rome (Arch. d'Etat de Parme, Roma : orig.).

[105] Le duc de Guise au duc de Ferrare, 1557, 19 août, Macerata (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; autogr.). — Le cardinal Carafa, le duc de Paliano et P. Strozzi au duc d'Aumale, 1557, 19 août, Rome (Bibl. Nat., Clairamb. 351. fol. 24 orig.).

[106] Le duc de Guise au duc de Ferrare, 1557, 24 août, Spolète (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; autogr.). — Les dernières nouvelles qu'avait reçues Guise de France lui avait été données par le nonce Brancatio, rappelé à Rome. Ilipp. d'Este au duc de Guise, 1557, 10 août, Ferrare (Bibl. Nat., Clairamb., 351, fol. 17 ; orig.).

[107] V. Buoncambi à Octave Farnèse, 1557, 17 août, Rome (Arch. de Parme, Roma ; orig.). Bern. Ma au cardinal de Gonzague, 1557, 21 août, Rome (Arch. de Mantoue, Carteggio del carie ; orig.). — Le cardinal Carafa au duc de Guise, 1557, 24 août, Rome (Bibl. Nat., Clair. 351, fol. 40 ; orig.). Le duc de Guise, au duc de Ferrare, 1557, 28 août, Terni (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; autogr.). — Le duc de Paliano et P. Strozzi à Carafa, 1557, [28 août,] Terni (Bibl. Vatic., lat. 5706, fol. 264 ; orig.). — Cf. R. ANCEL, Revue bénédictine (1905), p. 426.

[108] Francesco Pasoto au cardinal de Gonzague, 1557, 1er septembre, Rome (Arch. de Mantoue, Carteggio del carle ; orig.). — Ant. Babbi au duc de Florence, 1557, 1er septembre, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3277, fol. 101 ; orig.).

[109] Henri II au prince de Ferrare, 1557, 31 août, Paris (Arch. de Modène. Enrico II ; orig.). — Ant. Babbi au duc de Florence, 1557, 4 septembre, Rome (Mediceo, 3277, fol. 107 ; orig.).— La Garde au duc de Guise, 1557, 8-9 septembre, Civitavecchia (Bibl. Nat., ms. fr. 20463, fol. 89-97 ; orig.). — Rôles des compagnies à embarquer (Bibl. Nat., Clair. 351, fol. 151 et suiv.). — RAWDON-BROWN, Calendar... Venice, VI, II, 1304-1309. — Ch. de LA RONCIÈRE, op. cit., t. III, p. 546.

[110] Henri II au duc de Nemours, 1557, 8 septembre, Paris (Mém-journaux, p. 387). Le d. d'Aumale au duc de Nemours, 1557, 29 septembre, Ferrare (op. cit., p. 391). — Dès le 27 août, on signalait le passage au lac d'Iseo de troupes françaises rentrant en France. Fab. Ferrero au duc de Florence, 1557, 31 août, Milan (Arch. d'État de Florence, Mediceo, 3107, fol. 211 ; orig.).

[111] Navagero au Sénat de Venise, 1557, 7 août, Rome (Arch. d'Etat de Venise, Disp. Roma, t. VII, fol. 266 v°-267). — Paul IV faisait à Navagero un parallèle des Français et des Espagnols : Mai i Francesi sono venuti corne principati. Re Aluigi venne corne capitano della lega, ma Massimiliano fù sotto Padoa corne principale, e a questo proposito vi vogliamo dire un proverbio del nostro paese : dicono che gli Spagnuoli sono buoni freschi et li Francesi salati, perché lo Spagnuolo, come arriva, entra con la berretta in mano, v'honora et accarezza peli della veste, ma come ha fermato il piè, vi pela i cigli, la barba e vi scortica. Il Francese al contrario, net principio con guetta sua furia vi là qualche oltraggio, poi si quieta e spende da buon compagno quel che ha, con voi...

[112] Le duc de Paliano à C. Carafa, 1557, 11 septembre, Rome (Arch. Vatic., Miscellanea, arm. X, t. 197, fol. 58 ; copie de 1560).

[113] Le duc de Paliano à C. Carafa, 1557, 12 septembre, Rome (Arch. Vatic., Miscellanea, arm. X, t. 197, fol. 58 v° ; copie de 1560).

[114] O. de Selve au Roi, 1557, 14 septembre, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20443, fol. 83 ; orig.). — Ant. Babbi au duc de Florence. 1557, 14 septembre, Rome (Mediceo, 3277, fol. 133 ; orig.).

[115] Fabio Bene au cardinal Farnèse, 1557, 22 septembre, Avignon (Arch. d'Etat de Parme, Francia orig.). — Henri II à M. d'Humières, 1557, 25 septembre, Boulogne-sur-Seine (Mém.-journaux de Guise, 391).

[116] Lorenzo Amodei au cardinal Farnèse, 1557, 2 octobre, Lyon (Arch. de Parme, Francia ; orig.).

[117] Robertet à M. de Seurc, 1557, 4 octobre, S. Germain : M. de Guyse arrivera dans deux jours avec troys ou quatre cens gentilshommes les plus braves qu'il est possible, et luy bien délibéré de réparer la faulte qu'on a faicte... Et j'espère que Dieu sera aussy bon François qu'il a esté bon Bourguignon. (Arch. Nat., K 1490, B9, 88 ; orig.). — Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1557, 4 octobre, Poissy (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia : orig.). — Le duc de Guise au duc de Ferrare, 1557, 28 octobre, S. Germain (Arch. d'Etat de Modène, Francesco di Lorena ; orig.).

[118] Reg. du Bureau de la Ville de Paris, t. V, p. 501.

[119] Œuvres, éd. Lalanne, t. IV, p. 212.