LES ORIGINES POLITIQUES DES GUERRES DE RELIGION

LIVRE II. — L'EXPÉDITION DE FRANÇOIS DE GUISE EN ITALIE. - SAINT-QUENTIN

CHAPITRE II. — LE DÉPART ET LES PREMIÈRES ÉTAPES DE L'EXPÉDITION DE GUISE.

 

 

Le 17 novembre 1556, Henri II annonçait au pape Paul IV le départ du duc de Guise pour s'acheminer et aller trouver en Piémont l'armée que nous y faisons assembler pour vostre secours[1].

Le 14, François de Lorraine avait reçu des lettres de provision le créant lieutenant général du Roi en Italie[2]. Le 16, dans l'après-midi, il avait pris congé de la Reine et des dames à Saint-Germain : il était parti, accompagné du Roi, du Connétable, des cardinaux, de tous les princes et gentilshommes. Après s'être séparé de son maître et des courtisans, au bout d'un demi-mille, le duc poursuivit sa route vers Paris : il emmenait dans son voyage Anne d'Este son épouse, le prince Alphonse de Ferrare son beau-frère, ses frères le duc d'Aumale, gendre de Diane de Poitiers, et le marquis d'Elbeuf, son ami le duc de Savoie-Nemours, qui allait solliciter la main de Lucrèce d'Este, des capitaines et une foule d'officiers de l'armée royale[3].

François s'arrêta deux jours dans la capitale. A son arrivée, il y trouva deux cents gentilshommes montés qu'il ne connaissait point, venus pour le suivre en Italie[4]. Appauvrie par les guerres passées, la noblesse venait chercher, sous les ordres du grand vainqueur, une fortune nouvelle ; chez les jeunes gens, les rêves de conquête avaient excité un enthousiasme romanesque. Tous voulaient partir, tant pour l'espérance d'y voir et apprendre quelque chose, comme le François est naturellement curieux, que pour estre Monsieur de Guise merveilleusement aimé et suivi de la noblesse[5]. Le 18 novembre, la troupe quitta Paris et prit la route de Nevers, chevauchant à petites étapes pour ne pas fatiguer Madame de Guise qui devait accompagner son mari jusqu'à Lyon. Dans cette ville, le due passerait en revue l'infanterie française et les gens d'armes qu'on y rassemblait depuis quelques jours[6].

Des scènes moins brillantes avaient précédé ce départ solennel. Henri II n'était pas sans s'effrayer lui-même à la pensée du tumulte et tonnerre qu'il allait déchaîner. Maître de sa résolution, il ne l'était point de ses craintes. Dix jours avant le départ de Guise, le nonce écrivait à Carafa : Je vois qu'ils désirent extrêmement la paix, et si les Impériaux se retiraient de l'État de l'Église, les Français s'arrêteraient[7]. Montmorency avait poussé son opposition jusqu'au dernier moment, se voyant soutenu par l'avis des capitaines désintéressés : Brissac lui-même, intime ami et protégé des Guises, ne cachait point les dangers qui menaçaient une expédition vers un but si lointain que l'Etat pontifical et le royaume de Naples, sur un parcours infini où il faudrait ravitailler, payer, garder et tenir en haleine une armée que guettaient tant de surprises[8]. Lorsqu'au départ, les gentilshommes de l'armée d'Italie étaient venus prendre congé du Connétable, celui-ci les avait bénis d'un grand signe de croix avec l'air de leur dire qu'ils s'en allaient pour ne plus revenir. Ceux-là mêmes qui en furent le sujet racontèrent la scène[9]. Etienne Pasquier y fait allusion dans une de ses lettres : Monsieur de Guise est destiné lieutenant général du Roy pour ce voyage. Toute la fleur de la noblesse de France se prépare à sa suite. Chacun y court à l'envy. Monsieur le Connestable seul ne s'en peut résoudre et dit haut et clair que nous irons tous à cheval pour nous en revenir à pied. On se mocque de sa philosophie qui n'est peut-entre pas vaine : parce que je ne voy point que l'Italie nous ait servy d'autre chose que de tombeau, quand nous l'avons voulu envahir[10].

Des faits plus graves, plus significatifs, s'étaient passés au Conseil avant le départ du duc de Guise. Montmorency jusqu'alors, en sa qualité de premier conseiller, avait été le seul ordonnateur des finances publiques et particulièrement du trésor de la guerre : redoutable privilège contre lequel François de Lorraine avait protesté plusieurs fois, surtout à l'occasion du siège de Metz, en 1552. Quand il s'agit d'organiser la grande expédition de Guise, celui-ci déclara nettement au Roi qu'il ne voulait pas être à la discrétion du Connétable. Il exigea que le souverain lui fît d'avance une assignation des fonds pour payer son armée pendant dix mois, jusqu'au mois d'août 1557. Cette assignation fut remise aux mains du cardinal de Guise, sans que Montmorency pût en connaître. Un tel succès politique explique l'insolence que montrèrent ensuite les Guises. Qu'importe l'opposition du Connétable, disait allègrement le cardinal de Lorraine, maintenant que le duc de Guise est expédié et qu'il n'a plus rien à faire avec lui ![11] François, non sans impertinence, faisait écrire à son beau-père qui lui demandait de l'argent pour payer les courriers, les espions et les parties casuelles : N'en soufflez mot ni à Sa Majesté ni au Connétable, de peur que cela ne donne l'idée à ce dernier de limiter votre autorité dans les dépenses[12].

Aussi bien on imaginerait difficilement l'attitude de défi que prit le cardinal de Lorraine vis-à-vis de Montmorency, pendant l'hiver 1556-1557, alors que la fortune souriait aux rêves de l'ambitieux prélat. Sa seigneurie révérendissime, écrivait Alvarotti à Hercule d'Este, vous promet qu'elle ne s'éloignera ni de la cour ni du Roi et qu'elle veillera à ce que le traître ne fasse pas des poltronneries, et n'ait pas la joie de voir cette entreprise arrêtée par des traverses. Le traître, il traditore, c'est par ce surnom que les Lorrains et leurs confidents désignent le Connétable de France[13].

Vers quel but le duc de Guise conduisait-il son armée ? Quels étaient ses desseins lorsqu'il quitta la cour de France ? Ce sont des questions que les derniers historiens ont tout obscurcies.

Jusqu'à notre temps, la tradition historique regardait l'expédition de Guise comme une entreprise destinée, sous prétexte de secourir le pape Paul IV, à conquérir le royaume de Naples. Naguère, au contraire, un biographe de Blaise de Monluc, adoptant et précisant une note audacieuse qu'avait émise le dernier historien des Carafa, déclara la tradition fausse, inventée par les polémistes protestants du seizième siècle, et cita comme première source de cette tradition un pamphlet de l'année 1565[14]. A vrai dire, il suffit de lire les textes les plus connus et les plus catholiques de l'histoire de Henri II pour y trouver le nom même de l'expédition de Naples. Justement Monluc, dans une lettre datée du 15 novembre 1557, rappelle le récent voyage du royaulme de Naples de Monsieur de Guise[15]. En 1558, au cours de sa relation, l'ambassadeur vénitien assure que Henri II dépêcha le duc de Guise outremonts avec l'espoir de conquérir le royaume de Naples[16]. L'année suivante, Montmorency, s'adressant à Philippe II, lui parle du voyage que l'armée du Roy feist dernièrement à Napples[17]. Le poète Ronsard, qui ne passe point pour protestant, écrit dans l'ode de la Paix dédiée à Henri II lui-même :

Et sous le magnanime et sage duc de Guise,

Naples, de droict françoise, en frayeur avez mise[18].

Aussi bien, depuis plus d'un an, avant que François de Lorraine se mît en route, les négociations entre la diplomatie royale et les Carafa n'avaient-elles pas recherché surtout le moyen de conquérir Naples ? Dès le 14 septembre 1555, Carlo Carafa n'avait-il pas promis au Roi de lui livrer Naples et les Abruzzes en quelques jours, in pochi giorni[19] ? On sait la place presque exclusive que tenait ce projet de conquête dans le traité de ligue que signa le cardinal de Lorraine. Au mois d'octobre 1556, les Vénitiens s'effrayèrent à la pensée de voir la couronne de Naples unie à celle de France, et, pour les rassurer, Carafa leur affirmait que le fils du roi de France, à qui la nouvelle conquête était destinée, deviendrait en peu de temps tout Italien[20]. Les faits se pressent pour établir, dans cette aventure, la préméditation de Henri II. A la veille du départ de Guise, l'ambassadeur de France priait le pape de faire connaître par quels moyens il comptait assurer au Roi ou à son fils la possession de Naples[21]. Et, le 6 novembre, l'évêque de Troyes écrivait de Rome à François de Lorraine : Sa Saincteté promet au Roy de mettre le royaume de Naples entre ses mains et en couronner roy Monsieur d'Orléans. Il prie Sa Majesté ne perdre ceste occasion de s'investir dudit royaume, lequel facillement et asseurément il conquestera en envoyant par deçà une bonne et forte armée, et il prie Sa Majesté qu'il envoye tous seigneurs napolitains[22]. De fait, au début de 1557, Henri II, après avoir conféré au duc d'Atri le collier de Saint-Michel, dépêchera ce personnage et le prince de Salerne, chef des fuorusciti napolitains, pour collaborer à la délivrance de leur patrie[23]. Nous savons, au surplus, que jamais le fils de François Ier n'avait renoncé à la conquête de Naples.

Les courtisans, dès le début de la campagne, appelèrent l'expédition de Guise le voyage de Naples. Le 5 mars 1557, Guido Lolgi écrivait de Paris au cardinal Farnèse : On ne parle ici que de cette entreprise de Naples[24]. La préparation militaire de la campagne fut toujours orientée vers Naples. Au début de janvier 1557, à Turin, François de Lorraine établira avec précision son plan de guerre et, dès lors, Lanssac, étant à Rome, lui indiquera dans ses dépêches par où il fault passer pour entrer du costé de l'Abbruzze au royaulme de Naples[25]. Les Espagnols eux-mêmes furent informés très tôt des desseins du général français : dès le mois de décembre 1556, le duc d'Albe se disposait à partir pour les Abruzzes afin d'arrêter l'armée de Guise et de lui fermer l'entrée du Royaume[26].

Aussi bien nous possédons encore les lettres patentes qu'emportait François de Lorraine : Pouvoir à Monsieur le duc de Guise pour l'acceptation et investiture des royaumes de Naples et de Sicile par le Roi[27].

La suite de ce récit montrera combien la tradition est solide. L'expédition de Guise offre une grande complexité, des mouvements d'avance et de recul, selon l'imprévu des circonstances et la variété des obstacles. Les documents n'ont de valeur que pour l'histoire d'un jour : les deux ou trois textes, cités à l'encontre de l'opinion ancienne, ne reflètent ni les projets du roi de France ni le dessein général et prémédité du duc de Guise, mais seulement les hésitations de ce dernier lorsqu'au printemps de 1557, en Romagne, il sentit, devant la mauvaise foi de ses alliés, s'éteindre ses illusions, son enthousiasme, sa confiance même dans l'avenir. Les accidents qui traversèrent la marche de l'armée ont troublé, chez quelques témoins, la vision de l'itinéraire et du but premiers.

Officiellement, François de Lorraine allait secourir le pape, dont les Etats avaient été envahis par le duc d'Albe. En réalité, il partait avec l'espoir de conquérir Naples. De plus, pour passer l'hiver, en attendant l'heure d'attaquer l'Italie méridionale, le duc devait exécuter un dessein secret qui appartenait à l'initiative propre du Roi.

Pour justifier l'envoi d'une expédition en Italie, Henri II ne pouvait déclarer d'autre motif officiel que celui de secourir le Saint-Siège : car, si le pape était en état de guerre avec l'Espagne, le roi de France, lui, se trouvait soumis à l'observation de la trêve de Vaucelles. Violer cette trêve en pleine paix sans qu'une raison directe eût permis de la dénoncer, c'eût été se charger de tous les torts, au regard de son peuple comme des diplomates ; le Très-Chrétien avait un intérêt même simplement militaire à ne pas déchaîner la guerre générale avant que le duc de Guise fût arrivé à pied d'œuvre. Les agents royaux représentèrent aux princes et aux peuples d'Europe lé secours envoyé au pape comme une œuvre pie qui ne rompait point la trêve signée par la France avec l'Espagne ; en tout cas, la politique de Henri II se déchargeait de l'accusation d'avoir ouvert des hostilités qui étaient depuis longtemps engagées dans la campagne romaine. De fait, Philippe II ne put rappeler son ambassadeur de la cour de France que plusieurs mois après.

Mais cette manœuvre diplomatique, qui sauvait la réputation morale du Très-Chrétien, ne trompa point les gens avertis. Henri II, il est sûr, ne mobilisait pas une armée d'élite et ne se privait pas de son meilleur général par l'effet d'un pur amour du Saint-Siège. Il est douteux même que Guise eût consenti à quitter la cour simplement pour porter au pape une aide que pouvaient lui donner aussi bien Strozzi, Monluc ou quelque autre lieutenant. A vrai dire, depuis longtemps le Roi rêvait d'une grande expédition outremonts qui aurait conquis, selon les circonstances, Naples, Milan ou Florence. A cette heure, l'occasion s'offrait, incomparable, d'atteindre Naples. Aussi bien, secourir le pape, qu'était-ce faire, sinon attaquer le royaume de Naples ? Paul IV était-il menacé par un autre ennemi que le duc d'Albe, vice-roi de Naples ?

La responsabilité des Guises dans l'initiative de cette entreprise ne peut être mise en doute. Les négociations, les démarches, les intrigues du cardinal de Lorraine, depuis 1555, on a vu quel travail subtil elles avaient accompli pour entraîner la politique française dans une immense aventure. Par les traités, il est vrai, les alliés avaient décidé de remettre la couronne de Naples, une fois conquise, à Henri II ou à Fun de ses fils. Mais pratiquement tout était combiné pour que la régence de Naples, sinon la couronne, échût au duc de Guise. Les pièces de la diplomatie secrète, et surtout la correspondance chiffrée d'Alvarotti, confident et intermédiaire des Lorrains et des Este, indiquent Charles comme l'ambitieux promoteur de la conquête de Naples. Il n'est pas besoin de lire les documents secrets : les témoins ne se trompèrent ni sur les origines ni sur le but de cette entreprise. Une lettre d'Etienne Pasquier révèle la pensée des contemporains : Le pape, dit-il, a convié le roy au recouvrement de l'Estat de Naples, qui est le jouet des papes et amusoir des princes estrangers. Messieurs de la maison de Guise tiennent la main à ceste nouvelle légation, comme ayans, ce leur semble, part à la querelle[28]. A négliger même les témoignages, pour qui réfléchit, toute la conduite des Lorrains, depuis l'avènement des Carafa, paraîtrait obscure, inexplicable, si l'on n'y voyait la recherche d'une occasion de faire valoir plus ou moins directement des prétentions héréditaires sur Naples. Le Roi fut-il complice de l'ambition de ses favoris ? Peut-être. En tout cas, il n'eût pas disputé la conquête à son général vainqueur.

Le cardinal de Lorraine fut l'auteur du rêve, le duc de Guise en fut l'ouvrier. L'attitude des deux frères offre des différences. François, homme de guerre clairvoyant et réaliste, admirable conducteur de campagnes positives, ne s'enivrait point de fumées. Instrument docile de son cadet, il ne partagea pas longtemps les illusions de celui-ci. Au regard d'un soldat, la conquête de Naples, séduisante pour un esprit logique, semblait presque impossible. Au contact des obstacles, le duc perçut vite la vanité d'une telle tentative : de là dans sa volonté, des reculs, des fléchissements que nous surprendrons. Il s'obstinera contre la malchance avec énergie et talent, mais c'est péniblement qu'il ranimera chaque jour sa propre confiance. Le cardinal, lui, ne quittera jamais tout à fait sa chimère.

 

Après une lente chevauchée sur la route de Bourbonnais, François de Lorraine arrivait à Lyon, vers le 5 décembre[29]. Brissac s'y trouvait depuis plusieurs semaines. Parti de la cour le 4 novembre, le gouverneur de Piémont avait devancé Guise pour aller organiser et mettre en train l'armée de celui-ci[30]. Mais une attaque de fièvre et goutte l'avait cloué à Lyon. En attendant qu'il pût supporter le voyage en litière, il ordonnait les préparatifs de l'expédition. Déjà régnait une activité fébrile en Piémont. On y construisait le matériel de guerre, des barques pour transporter l'artillerie sur le Pô ; des troupes nombreuses se massaient dans la région des Alpes, les Suisses arrivaient par les routes de Savoie. En Italie, les capitaines à la solde du Roi complétaient l'effectif de leurs compagnies[31]. Guise séjourna deux semaines à Lyon pour diriger la mobilisation et surtout pour attendre l'ordre définitif de son maître.

En effet, des nouvelles troublantes avaient surpris le général, quelque temps après son départ de Saint-Germain. Lanssac et Selve envoyaient de Rome des lettres pleines de soupçons sur la conduite du cardinal Carafa : Carlo, disaient-ils, avait signé à leur insu une suspension d'armes de quarante jours avec le duc d'Albe et le pape avait refusé de laisser entrer dans la rocca de Civitavecchia une troupe de soldats français menacés par l'ennemi[32]. Devant ces faits, les objections du Connétable renaissaient plus vives, Henri II doutait de sa résolution. En outre, on annonçait que la cour de Bruxelles était disposée à négocier une paix générale[33]. Guise, inquiet, avait renvoyé en arrière son frère, le duc d'Aumale, pour demander de nouvelles instructions[34].

Les hésitations ne furent pas longues. La Reine, Diane de Poitiers, Saint-André et surtout le cardinal de Lorraine tinrent la corde tendue contre les influences relâchantes. Des lettres arrivèrent à Saint-Germain : Carafa y justifiait sa conduite[35]. Le 3 décembre, le duc d'Aumale repartait de la cour pour rejoindre son frère avec l'ordre à celui-ci de passer en Piémont[36]. Déjà le cardinal de Lorraine assurait par des courriers les étapes de l'expédition en Italie. On annonça le rappel de Lanssac, dont les dépêches avaient causé cette alerte fâcheuse[37]. Le 10 décembre, Henri II demandait deux cent mille écus à la ville de Paris pour secourir le pape[38]. On réussit même à fléchir, un moment, l'opposition du Connétable en lui représentant que, puisque la guerre était inévitable, il valait mieux la faire en Italie avec l'aide du Saint-Siège plutôt qu'en France avec ses seules forces[39]. Le 20 décembre, le Roi fit parvenir à Guise des lettres de créance pour être présentées à Carafa : Si j'eusse peu en personne, disait-il, satisfaire à ce que j'ay donné charge à mon cousin le duc de Guyse, porteur de ceste, faire et exécuter pour les affaires et occasions qui se offrent, je m'y fcusse aussi volontiers et de bien bon tueur emploié. Ce n'était pas une vaine excuse, mais l'affirmation d'un intérêt personnel à l'entreprise[40]. Quelques jours après, par une lettre directement adressée au cardinal-neveu, Henri II lui annonçait que l'armée était en marche et Guise déjà arrivé en Piémont[41].

Parti de Lyon le 20 décembre, en compagnie de Brissac, François de Lorraine avait passé les fêtes de Noël à Lanslebourg au pied du Mont-Cenis ; le 27, il couchait à Suse et, le lendemain, il entrait à Turin[42]. Il y demeura deux semaines et réunit chaque jour en conseil de guerre Brissac, Nemours, Aumale, Alphonse d'Este, Paule de Termes, le prince de Salerne[43].

Guise avait rencontré le capitaine Giulio Orsini de Monterotondo, qui venant de Rome passa par Lyon le 27 décembre. Cet envoyé arrivait à Saint-Germain le 2 janvier[44]. En apercevant Orsini, qui était un ami de Carafa, Montmorency crut qu'il apportait la nouvelle d'une paix de Paul IV avec les Espagnols et un contre-ordre à l'expédition de Guise. Au vrai, c'était juste le contraire. Le Connétable en l'entendant exposer des instructions belliqueuses, baissa la tête et dit tristement : Allons chez le Roi ! Orsini porta le coup suprême à la politique de prudence. Après les premières audiences, il se déclarait enchanté du Roi et très mécontent du Connétable. Montmorency, abattu, voyant la partie définitivement perdue, ne cacha pas son indignation de l'attitude du pape. C'est vraiment merveille, s'écria-t-il au Conseil, qu'un pasteur du peuple chrétien, dont le devoir est de maintenir la paix, montre un tel acharnement à provoquer la guerre ![45] Orsini partit le 7 février, gratifié par le Roi d'une chaîne de quatre cents écus. Le 4 mars, il rentrait à Rome[46].

Quand Giulio Orsini quitta la cour, l'armée de Guise avançait dans la vallée du Pô. Pour un temps, les intrigues s'étaient apaisées : on regardait vers l'avenir avec espoir ou crainte. La crainte étreignait bien des gens. Quel effet allait suivre un coup si audacieux ? Les imaginations s'excitaient. On ne peut espérer sinon guerres et schismes en l'Église, écrivait au Roi le trésorier du Gabre. On sçait bien que vous, sire, y estes entré forcé et mal volontiers, mais puisqu'on y est, je croy que ce sera une bonne résolution de la faire à bon escient, car d'une bonne guerre sortira une bonne paix[47]. Tout l'Occident regardait alors le duc de Guise.

François de Lorraine, il importe de le répéter, n'était pas un politique, mais un homme de guerre : pur type de soldat, ayant le génie et le tempérament de son art, avec une sorte de naïveté dans la pratique des choses non militaires. C'était une faute que de l'envoyer en Italie. Il devait être troublé par ce marché d'intrigues, où les contrats n'avaient qu'une valeur fugitive, selon l'intérêt des parties, où la bonne foi se réduisait en formules subtiles. Pour n'être pas dupe, dans ce milieu, il fallait aux joueurs une longue habitude, une prudence et une intuition acquises, celles que possédaient un Tournon, un Lanssac, un Jean de Monluc. L'œuvre des capitaines y fut toujours caduque, et l'on vit des diplomates, habiles sur un autre terrain, s'y tromper lourdement. Or, Guise était là un homme nouveau, n'y ayant jamais fait la guerre : nous le surprendrons hésitant à tous les carrefours, se blessant à toutes les aspérités. Conduire une armée, formée pour la plus grande part de mercenaires, à travers une suite de pays infiniment divisés par la nature et par les politiques, où les vivres étaient mal assurés et les habitants, même alliés, toujours hostiles à l'étranger, soutenir le moral et la paie de cette armée qui devrait lutter contre la fatigue, les accidents et les trahisons, pour aller très loin chercher une conquête mal déterminée, sans espoir de trouver, dans le péril, aucun secours, c'était, à l'imaginer, une entreprise insensée. Les Italiens eux-mêmes, témoins habitués de spectacles étranges, ne purent croire, d'abord, à la réalité d'une telle équipée ; puis, quand ils virent l'expédition avancer vers le Sud, ils montrèrent de la stupeur devant cette preuve étonnante de la folie française[48]. Au départ, Montmorency avait dit que son rival n'en reviendrait pas ou en reviendrait ruiné.

Guise, pourtant, ne succomba point aux conséquences de sa propre audace. S'il ne put exécuter le grand dessein qu'il s'était proposé, il sut du moins éviter un désastre là où tout autre aurait péri. Ramenant d'Italie des forces presque entières, il pourra sauver encore la fortune de son maitre, après que Montmorency aura perdu, à quelques lieues de Paris, la plus grande bataille du siècle. La maison de Lorraine porte, dans l'histoire du seizième siècle, de graves responsabilités, mais le génie de François rachète et compense bien des crimes.

 

Le plan de campagne avait été préparé depuis longtemps, dès les premiers pourparlers au sujet du traité de ligue et surtout pendant la légation de Carafa en France. Pour atteindre les Etats de l'Église qu'il fallait défendre et le royaume de Naples qu'on voulait conquérir, le choix de la route importait grandement. Le Conseil en avait délibéré pendant l'été de 1556. Trois routes s'offraient : la voie de mer, le grand chemin des Grisons, enfin la voie de la vallée du Pô et de l'Émilie. On préféra cette dernière, pour estre le plus à propos, facile et aisée à passer, estant le chemin du duché de Milan, du Parmesan et la grande strade ordinaire. Les deux autres itinéraires furent écartés, parce que celuy de mer est sujet aux incommoditéz des vents et aux empeschemens que peuvent donner les galères et vaisseaux impériaux et génevois, et parce que la voye des Grisons est rude, fascheuse et inaccessible. Tels sont, du moins, les raisons que donna Henri II au pape pour justifier son choix[49]. Purs prétextes, à la vérité. La plupart des troupes royales, qui avaient combattu dans la guerre de Sienne aussi bien que dans la guerre de Parme, y étaient arrivées par la route des Grisons ou par la voie de mer. Celle-ci, depuis la conquête de la Corse en 1553, s'offrait comme de beaucoup la plus sûre ; elle était, en tout cas, la plus propre à porter de prompts secours au Saint-Siège : en trois ou quatre jours, les galères allaient de Toulon à Civitavecchia, au lieu que, par la route de terre, une armée, même heureuse, ne pouvait mettre, moins de deux mois pour cheminer, avec son matériel, des Alpes à Rome. N'est-ce pas par la voie de nier qu'après le désastre de Saint-Quentin, Henri II fera rapatrier le duc de Guise et ses troupes, suprême espoir de la défense du royaume ? Quant à la route des Grisons, pour pénible qu'elle fût, elle offrait cependant moins de dangers que la vallée du Pô, barrée par les garnisons espagnoles, contre lesquelles il faudrait se frayer un passage.

La vérité, c'est que le Roi et ses conseillers se souciaient moins de secourir le pape que de conquérir Naples. Or, la tradition historique montrait qu'on ne pouvait attaquer efficacement le royaume de Naples par mer. Chaque année, la flotte turque y échouait. Depuis le treizième siècle, les plans de conquête comportaient une invasion par terre, par les Marches et les Abruzzes ou par la Campagne romaine. Le Conseil préférait une attaque par les Marches et les Abruzzes. On pensait que le duc de Ferrare, allié de la France, beau-père de Guise et général honoraire de la ligue, appuyerait une action dirigée au sud de l'Émilie, aux portes de son Etat. D'autre part, les Vénitiens, dont le Roi ne désespérait point d'obtenir le concours, montraient nettement leur préférence pour une invasion du royaume de Naples par le versant oriental de l'Apennin : ils ne s'intéressaient qu'aux affaires de l'Adriatique[50]. Enfin, le Roi, qui avait déjà pendant l'été de 1556, envoyé des troupes à Rome sous les ordres de Strozzi, estimait que c'était un secours suffisant pour contenir les Espagnols de ce côté et ne voulait point soumettre la nouvelle expédition aux desseins particuliers des Carafa. A ces raisons politiques s'en ajoutaient d'autres d'ordre pratique : les sources des finances françaises en Italie étaient, depuis longtemps, Venise et Ferrare, et il convenait, pour la paie régulière des troupes, que l'armée cheminât à proximité de ces deux villes.

A la fin du mois d'août 1556, l'itinéraire était donc fixé par la vallée du Pô et la via Emilia. Cette route, nous l'avons dit, était barrée, au delà de Chivasso, par les troupes espagnoles et ne devenait libre qu'à la frontière de l'État de Parme, duché d'Octave Farnèse, protégé de la France. Or, juste à ce moment, se produisit la défection d'Octave el sa réconciliation avec Philippe II. Le prétexte parut bon au Très-Chrétien pour justifier les sentiments pacifiques qu'il montrait alors, et il écrivit au pape qu'il ne savait plus par où faire passer son armée[51]. Mais, lorsque l'expédition fut de nouveau et définitivement ordonnée, Henri II reprit le plan et l'itinéraire primitifs. Seulement, il commanda au duc de Guise d'envahir par la force l'État de Parme et d'en expulser Octave Farnèse, pour punir celui-ci de sa trahison : tel était le dessein secret dont nous avons parlé plus haut[52].

Lorsque l'armée se mit en marche, le plan de campagne se développait ainsi clans l'esprit du général : concentration des troupes et du matériel à Turin, ouverture d'un passage dans la vallée du Pô avec l'aide de Brissac et des compagnies de Piémont, marche rapide jusqu'à Parme, surprise du duché et destitution d'Octave Farnèse, jonction des armées de la ligue sur la via Emilia et invasion du royaume de Naples par les Marches et les Abruzzes. Plan aussi dangereux qu'audacieux : il fallait, pour le mener à bien, agir avec cohésion, rapidité et secret ; il fallait surtout que les alliés fussent d'accord dans une résolution inébranlable.

Ces conditions de succès, François de Lorraine ne négligea rien pour les obtenir.

La première partie du plan de campagne comportait, on l'a dit, la surprise et l'occupation du duché de Parme. Seul, semble-t-il, des deux alliés du roi de France, Hercule d'Este fut averti de ce dessein et invité à y collaborer. On jugea sans doute qu'il était dangereux d'en informer le pape, qui professait une certaine amitié envers les Farnèse.

Pour une fois, le duc de Ferrare était franchement décidé, sinon bien outillé. Des motifs de cupidité l'inclinaient à une audace qu'il n'avait jamais montrée. Il voyait, dans l'entreprise qu'allait diriger son gendre, une belle occasion pour lui-même de tirer de France provision d'argent : ses exigences sur ce sujet s'exprimèrent sans relâche[53]. De plus, il trouvait un appât très précis dans la clause du traité de ligue qui lui promettait une partie du Milanais, le territoire de Crémone avec un revenu de cinquante mille écus. L'image de cette proie lui obsédait l'esprit : à ses yeux, c'était là tout le but de l'expédition. Son avidité lui donnait du cœur : il avait fait payer cher son alliance, il semblait prêt à en courir les risques et ne chercha point, comme par le passé, à se procurer une excuse auprès des Espagnols en cas d'échec. Son second fils, Louis d'Este, ayant alors tenté de s'enfuir à la cour de Philippe II, il s'y opposa avec un courage qu'il n'avait point montré en 1552 lorsque Alphonse, l'aîné, était parti pour la France[54]. Mais, autant et plus que tout autre prince italien, il entendait réserver son dévouement à ses propres intérêts. Or, son ambition était orientée vers la Lombardie ou l'Etat de Parme, et rien ne l'attirait du côté de Naples : s'engager dans cette dernière entreprise, t'eût été découvrir son duché devant une invasion certaine des Espagnols du Milanais. Au surplus, toute velléité du duc était paralysée d'avance par la plus dure avarice : on verra bientôt de ce vice les effets incroyables.

Guise, bon gendre et au demeurant peu instruit des détours de la politique italienne, avait une confiance absolue dans la loyauté de son beau-père. De même, la cour de France comptait sur l'appui fidèle d'Hercule d'Este. Pour que cet appui fût donné à propos, Henri II avait consenti de gros sacrifices : quelques jours après le départ de Guise, il avait accordé satisfaction à toutes les exigences pécuniaires du duc de Ferrare[55]. De Lyon, François de Lorraine fit porter à Hercule une copie des lettres du Roi le créant général honoraire de la ligue : Vous avez en ce pacquet vostre pouvoir collationné à l'original en la présence de Monsieur le prince vostre filz, ne m'aiant semblé estre raisonnable de bazarder l'original par ung courrier, veu mesure que la coppie estant autenticque vous pourra servir, en attendant que je le vous présente avec l'armée que je vous mène[56].

Puis, François avertit son beau-père de se tenir prêt, avec troupes et munitions, le 20 janvier 15'7, pour collaborer à l'occupation du duché de Parme. De Turin, le ler janvier, partit M. de Fourquevaux qui prit la route des Grisons, porteur d'instructions précises à Hercule sur ce qu'il aurait à faire[57]. Déjà l'allié s'effrayait de sa tache. Il désirait vivement la ruine d'Octave Farnèse, mais, plutôt que d'en prendre la responsabilité, il eût préféré y assister en spectateur. Son frère, le cardinal Hippolyte, l'excitait à plus de vaillance[58]. D'autre part, le 8 janvier, avant que l'armée quittât Turin, son fils, le prince Alphonse, lui écrivit pour le supplier instamment, au nom de Guise, de se préparer à toute éventualité et de garder rigoureusement le secret[59]. Mais ces belles exhortations, faites pour animer le courage du duc, n'entamaient point son avarice. L'argent qu'il avait reçu des banques royales, Hercule ne pouvait se résigner à l'employer en matériel de guerre. Lorsque Fourquevaux, envoyé de Guise, arriva à Ferrare, il trouva une désolante incurie. Toute chose était en si mauvais état qu'on ne pouvait même penser à s'en servir. Les pièces d'artillerie étaient dépourvues de roues ; pour traîner des engins de Modène à San Martino, sur un parcours de quelques milles, on ne trouva pas de cordes dans le duché et il fallut aller en chercher à La Mirandole. Hercule n'avait pas même de poudre suffisante. Les lettres de Fourquevaux qui annonçaient ce désarroi, causèrent à la cour de France une vive indignation, et le cardinal de Lorraine ne cacha point sa colère au représentant de la maison d'Este[60].

En même temps qu'il sollicitait l'aide du duc de Ferrare pour les premières opérations de la campagne, Guise stimulait le zèle des Carafa. Le sol était là encore fort mouvant. On ne pouvait souhaiter plus d'enthousiasme qu'en montrait le pape : à l'ambassadeur De Selve Paul IV déclarait qu'il mettrait la couronne d'Empire sur la teste du Roy, ferait l'un de ses fils roy de Naples et l'aultre roy de Lombardie ou Insubrie, enfin ung aultre cardinal, non pas pour demourer en ces termes de cardinal, mais pour estre ung jour pape[61]. Les sentiments de Carlo Carafa étaient moins sûrs : compromis, d'une part, en des négociations secrètes avec le duc d'Albe et le roi d'Espagne, engagé publiquement, d'autre part, dans une alliance belliqueuse avec la France, alliance dont il avait été lui-même le principal ouvrier, le cardinal-neveu observait quelle trahison profiterait le plus à son ambition. Cette ambition, en tout cas, n'était nullement orientée vers le Nord, ni vers le Milanais ni vers l'État de Parme : elle regardait Naples, patrie de la famille Carafa, et aussi la Toscane, — Sienne et Montalcino, — où l'aventurier avait combattu jadis en compagnie de ses grands amis, les fuoriosciti florentins. Carlo n'était disposé à soutenir droitement le duc de Guise que si celui-ci arrivait avec des forces suffisantes pour assurer le succès, et, dans ce cas, il s'efforcerait d'entraîner l'armée française vers le siège de ses intérêts, vers Rome, vers Naples ou vers Sienne. Il en résultait que François de Lorraine ne trouverait point sur la via Emilia le secours de troupes fraîches et de munitions qu'il s'attendait à y rencontrer[62]. Aussi bien, Carafa, passionné pour l'intrigue et les négociations, était dépourvu de toute qualité d'organisateur. Au lieu de préparer ses armes, il se rendit à Venise, dans les derniers jours de 1556, et y passa plusieurs semaines en des négociations fiévreuses, qui n'eurent d'autre succès que d'éveiller autour de sa personne des défiances croissantes[63]. Du Gabre, qui fréquentait quotidiennement le cardinal à Venise, écrivait au Roi, non sans inquiétude : Je voy, sire, quelque confusion et mauvais ordre si l'on ne fait une bonne délibération de ce que les uns et les autres doivent faire en cette guerre[64]. Quand l'armée de Guise annonça son arrivée, Carlo était venu en Romagne, à Bologne : au lieu d'y préparer des renforts et des munitions, il attendait le général français pour discuter encore sur le but de la campagne. Cependant, à Rome, en l'absence du cardinal-neveu, le travail restait en suspens. Le pape, comme le duc de Ferrare, avait été averti, par l'intermédiaire de Lanssac, de ce qu'il convenait de faire. A la fin de l'année 1556, un des officiers de finances les plus distingués, le trésorier Gilbert Coyffier, s'était rendu auprès du Saint-Siège pour régler les questions d'argent[65]. Mais il n'y avait pas grand empressement à la Curie. Je ne vous puis dire riens davantaige, écrivait Lanssac à Guise, sinon pour vous ramentevoir derechief qn'il vous plaise de pourvoir par delà aux pouldres et munitions qu'il fault pour l'artillerye, car de vous attendre au costé de deça, vous en seriez mal servy[66]. Bientôt le cardinal de Lorraine, cédant à la demande de Carafa, fit rappeler Lanssac, au moment où le zèle et les avis de celui-ci eussent été le plus utiles. Cet agent partit de Rome le 5 février, très mélancolique[67]. Pour le remplacer, Henri II dépêchait, le 20 janvier, Charles de Marillac, archevêque de Vienne, bon diplomate mais peu informé des affaires italiennes[68].

Tel était l'appui que pouvait attendre Guise des alliés du Roi. Aucun de ces deux alliés n'avait accompli les préparatifs de guerre promis. D'ailleurs, leurs ambitions, orientées vers des buts opposés, se neutralisaient en quelque sorte sur la carte de l'Italie. Lorsque François de Lorraine reçut les premières informations à ce sujet, il avait déjà commencé d'exécuter son plan de guerre.

 

Après un long travail de préparation militaire et financière, Guise et Brissac partirent de Turin le 9 janvier 1557[69]. Les troupes et les capitaines du Piémont devaient aider l'armée de campagne à s'ouvrir un chemin dans la vallée du Pô, puis se séparer d'elle pour la protéger contre une attaque à revers des Espagnols du Milanais. Cette armée de campagne, formée de troupes d'élite, bien groupées, légèrement armées, offrait un merveilleux instrument de pénétration. C'étaient, attestent les espions qui surveillèrent les montres, onze mille hommes de pied, à savoir vingt-deux enseignes de Suisses avec un effectif de six mille hommes et vingt et une enseignes de Français réunissant cinq mille fantassins. La cavalerie, forte d'environ dix-huit cents chevaux, ne comprenait guère plus de quatre cents hommes d'armes. L'artillerie peu importante avait été embarquée sur le fleuve. Il est sfir que le général français comptait trouver chez ses alliés renforts et munitions : il n'emmenait qu'un noyau d'armée, solide, léger et facile à manier. Tous les deux jours, au cours de sa route, il en fit passer la revue. Le roi d'armes et les trois trompettes portaient à leurs cottes les clefs et armes du pape entourées de cette devise : Henricus Dei gracia Francorum rex, sanctæ rornanæ Ecclesiæ protector. Les mêmes insignes étaient à la cornette du duc de Guise. Nous militons, écrivait un gentilhomme, soubz l'enseigne et armes de nostre mère Saincte Esglise[70].

Le 13 janvier, les troupes françaises essayèrent en vain de prendre Pontestura[71]. Puis, elles s'engagèrent dans le Montferrat. Les sujets des Gonzague, protégés de l'Espagne, y furent si bien respectés que la duchesse de Mantoue crut devoir en remercier Henri II[72]. Après huit journées de camp, le 17 janvier, Guise et Brissac arrivèrent devant la place de Valenza, dont ils commencèrent aussitôt le siège. Le 20, ils étaient maîtres de la ville : succès remarquable, dont la nouvelle émut toute l'Italie[73]. Le 25, Guise quitta Valenza ; il se sépara de Brissac à Bassignano et continua sa route par la vallée du Pô[74]. Le soir même, il était à Sale ; le lendemain, à Castelnuovo ; le 27, à Voghera ; le 30, à Montebello ; le 31, à Broni-Stradella sur la frontière du duché de Plaisance[75]. Le général informa Octave Farnèse qu'il allait entrer sur ses terres[76]. De fait, le 1er février, l'armée passait la frontière et s'arrêtait à Castel San Giovanni, où elle trouva de bonnes provisions[77]. Par un bref du 3 décembre précédent, Paul IV avait ordonné aux feudataires du Saint-Siège de fournir logis et vivres aux troupes françaises, et, le même jour, il avait envoyé un bref spécial à Octave sur ce sujet[78]. A Castel San Giovanni, Guise fit reposer son armée pendant deux jours. Depuis Valenza, la marche avait été extrêmement pénible : l'hiver et la fonte des neiges avaient rompu les chemins, créé partout des torrents. De ma vie, écrivait François, je ne veiz pouvres soldatz et chevaulx, estans dedans les fanges jusques au ventre, pâtir si grande pitié. Beaucoup de chars et de munitions étaient restés en arrière[79].

Ainsi l'armée française abandonnait la Lombardie, proie incomparable et facile à saisir. Les agents espagnols attestent eux-mêmes que l'état militaire, économique et politique de ce pays offrait alors à Guise l'occasion de s'en emparer presque sans coup férir. Philippe II et ses ministres laissaient le Milanais désarmé, sachant bien que la partie décisive ne se jouerait pas en Italie. Quant aux habitants, ils ne souhaitaient rien tant que de quitter le joug de l'Espagne et d'accueillir les Français, très populaires dans les pays subalpins. Sans cesse des complots éclataient à Milan : une conspiration, ourdie par Ludovic de Birague, y fut découverte au moment même où l'armée de Guise s'engageait dans la vallée du Pô. Au reste, depuis le début de janvier, une véritable panique régnait parmi les représentants de l'Espagne : la faiblesse de la défense était telle qu'ils se résignaient d'avance à une capitulation. On apprenait que le duc de Ferrare, entré dans la ligue avec l'espoir d'annexer à ses États une partie de la Lombardie, louait Dieu mille fois de son heureuse chance et ne se gênait point pour déclarer publiquement l'objet de sa convoitise. Enfin, les agents des Farnèse, venant à tout instant demander conseil et secours, augmentaient l'émotion[80].

François de Lorraine repoussa la tentation magnifique qui s'offrait à lui. Ce sacrifice lui coûta. Depuis longtemps informé de l'état du Milanais[81], il n'avait point prévu, pourtant, que les circonstances seraient si favorables à une conquête. Quand il connut la réalité, après qu'il eut vu les habitants de Castelnuovo, de Sale, de Voghera lui apporter docilement les clefs de leurs villes, il comprit la faute qu'il commettait en passant outre. Personnellement, il était trop homme de guerre pour ne pas estimer le prix de l'occasion propice : bien volontiers, pour une conquête tangible, il eût laissé les ambitions qu'il avait charge de réaliser dans le lointain royaume de Naples. Maître de ses actes, il eût conquis le Milanais. Avec quelle tristesse il s'en détacha ! Il écrivait à son frère : Plust à Dieu qu'il nie fust seulement donné deux mois pour ayder Monsieur le mareschal de Brissac ! Et, après avoir exposé ce qu'il aurait pu faire, il ajoutait : Ce sont de mes resveries que je vous mande, dont vous prendrez ce que trouverez bon pour le service de nostre maistre[82].

Mais il devait avancer. Paul IV, menacé dans Rome par le duc d'Albe, ne concevait pas que l'armée de Henri II fût venue en Italie avec un dessein plus pressé que de secourir le Saint-Siège. A Bologne, Carafa commençait à s'inquiéter du retard dont le mauvais état des chemins était la seule cause. II fit porter à Guise des appels énergiques : le 5 février, M. de Serres partait de Bologne ; le 6, Adriano Baglioni ; le 7, Roberto Strozzi. Tous, en montrant au général l'impatience du pape, firent briller de nouveau à ses yeux l'espoir de la conquête de Naples. Guise ne pouvait résister à ces instances : les instructions qu'il avait reçues de son maître, il le dit lui-même, lui ordonnaient seulement de secourir le Saint-Siège et de conquérir Naples[83]. Il avança donc, non sans exprimer sa mauvaise humeur. Le 7 février, il dépêchait à Rome M. de Carnavalet pour se justifier auprès de Paul IV d'avoir perdu quelques jours en Lombardie. Sa Saincteté, déclaraient les instructions remises à Carnavalet, se peut asseurer que sy Monseigneur de Guyse eust voulu prester l'oreille aux occasions qui se présentoien-t et offres qui lui estoient faictes, son séjour au duché de Milan eust apporté autant de fruit et commodité[84].

Aussi bien que les Carafa, Hercule d'Este était impatient de voir arriver Guise. De Modène, le 29 janvier, il avait envoyé son confident, Ercole Tassoni, relancer le général ; le 4 février, de Carpi, il dépêchait un autre gentilhomme[85]. Le secrétaire du cardinal de Ferrare, Nichetto, était parti de même à la rencontre de l'armée[86]. Importuné par tant de messagers, François de Lorraine répondit qu'il ne pouvait avancer plus vite, à cause du mauvais état des chemins[87].

Les-troupes royales étaient sur le territoire de Plaisance. Parties de Castel San Giovanni le 3 février, elles s'arrêtèrent le lendemain à San Niccolò[88]. Le 5, elles passèrent sous les murs de Plaisance, sans entrer, et ne firent halte qu'à distance. Le gouverneur de la ville, Paolo Vitelli, suivant l'ordre des Farnèse, avait fait fermer les portes, après avoir fourni aux commissaires tous les vivres demandés[89]. Le soir du même jour, l'avant-garde arrivait à Pontenure ; le 7, Guise couchait à Fiorenzuola d'Arda. Là il y eut une pause de quatre jours, jusqu'au 10 : le général semblait hésiter en approchant de Parme[90]. De Fiorenzuola, le prince Alphonse d'Este partit en avant pour aller trouver son père à Reggio[91].

Le 10, l'armée décampa ; après s'être arrêtée dans la campagne de Borgo San Donnino, ville fermée, elle passa le Taro, le 11, à quelques lieues de l'endroit où s'était livrée jadis la bataille de Fornoue. Elle demeura une nuit en vue de Parme, puis alla s'établir, le 12, sur les rives de l'Enza[92]. C'était là qu'avait été fixé le rendez-vous au duc de Ferrare et au cardinal Carafa : les deux alliés se trouvaient encore à Reggio. Guise, laissant ses troupes, se rendit à leur rencontre, et tous trois revinrent, le 14, passer une grande revue de l'armée, au pont de l'Enza. Carlo Carafa, vu sa qualité de légat, ne put y assister que sous un travesti. Les Farnèse, invités, s'y rendirent également[93].

Les Farnèse facilitaient de tout leur pouvoir le ravitaillement des troupes françaises : ils ouvraient à Guise une route commode pour qu'il y avançât plus vite. Sur toutes leurs terres, écrivait un gentilhomme de l'armée, nous avons tousjours eu telle abondance de vivres, tant de munitions que de vivandiers volontayres, non seullement de choses nécessaires à la suite d'un camp, mais de mille délicatesses et merceryes, que partout où nostre armée estoit logée sembloit estre une foire Sainct Germain à Paris. Au général lui-même Octave avait fait présent de chevaulx et confitures du pays[94]. Ce zèle assurément ne venait point de l'amour, mais de la terreur dans laquelle vivaient les Farnèse. De Venise, le 11 janvier, Carafa leur avait ordonné d'exécuter avec diligence ce que commandait le bref du pape sur les logis et les vivres[95]. Les anciens protégés de Henri II n'avaient pas la conscience tranquille. Trois mois à peine s'étaient écoulés depuis leur défection : ils savaient la rancune du Roi et craignaient un châtiment. Fort inquiets, les deux frères, Alexandre et Octave, résolurent de se gouverner selon le jeu et de montrer au duc de Guise les plus attentives prévenances[96]. En attendant son arrivée, ils prirent des précautions diplomatiques et militaires. Marguerite d'Autriche, duchesse de Parme, se trouvait à Bruxelles auprès de Philippe II, son frère : Octave la pria de demander conseil au roi d'Espagne. Celui-ci, assez indifférent et surtout soucieux d'écarter une demande de secours, répondit qu'il approuvait l'apparence de la neutralité et même les prévenances que montreraient les Farnèse à l'égard des Français, jusqu'au jour où s'offrirait l'occasion de se déclarer sans péril[97]. Laissé libre de jouer la comédie, Octave chercha du secours pour le cas où elle ne réussirait point. Bien qu'il ne fût pas encore averti des intentions secrètes du duc de Guise, il savait que celui-ci, gendre d'Hercule d'Este, serait sollicité par la cupidité de son beau-père, orientée vers Parme. Aussi les Farnèse, pendant le mois de janvier 1557, déployèrent-ils un grand effort militaire : les fortifications du duché furent restaurées, les villes remplies de garnisons solides, les troupes bien armées. De ces mesures, pourtant, ils ne tiraient point une entière sécurité, devant un capitaine tel que le duc de Guise. Ils sollicitèrent secrètement l'appui, en cas d'attaque, de Cosme de Médicis, duc de Florence, qui envoya l'un de ses agents, Pacifico Arditi, à Parme et à Plaisance, pour surveiller les événements jour par jour[98].

Les Farnèse commençaient de bien jouer leur rôle et déjà avec leur fourberie habituelle, ils faisaient vanter en France le zèle de leurs services[99], lorsqu'au début de lévrier, tandis que l'armée française avançait sur le territoire du duché, une nouvelle changea soudain leurs inquiétudes en épouvante. Une indiscrétion, commise sans doute par un courrier, avait informé la cour de Mantoue du projet secret de Guise sur l'Etat de Parme, et le cardinal de Gonzage s'empressa d'en avertir aussi bien ses voisins que le roi d'Espagne[100].

Les Farnèse assistèrent, singulièrement troublés, à la revue du Pont de I 'Enza. Cette revue fit honneur au général et aux troupes. Fut monstrée, écrivait un témoin, toute nostre armée, tant de gens de pied que de cavallerye en ung bataillon, comme pour combatre, au duc de Ferrare, avec une salve de nostre artillerye et harquebuziers accoustumée, lequel la trouva fort belle, comme à la vérité, pour le chemin qu'elle avoit passé durant le plus maulvais de l'hiver, il estoit quasi incroyable qu'elle se fast peu conserver si fresche et gaillarde tant d'hommes que de chevaulx[101].

 

Depuis trois jours, l'armée était arrêtée aux confins de l'Etat d'Octave Farnèse et du duché de Ferrare.

L'impatience gagnait l'esprit des officiers et des troupes. Guise, passé la Lombardie, avait suivi sans enthousiasme la morne et humide plaine de la via Emilia. Le rêve napolitain aurait, en d'autres circonstances, illuminé d'espoir les étapes de cette triste chevauchée dans les brumes de février. Mais ce rêve, comment le réaliser, alors que le duc n'osait même plus exécuter le coup de main sur Parme ? De son beau-père il connaissait maintenant, par les lettres de Fourquevaux, et la cupidité et l'incurie. Quant à Carafa, Guise savait que cet aventurier hâbleur et imprévoyant ne pouvait lui fournir ni troupes ni munitions. Pour tout secours, le cardinal-neveu avait rassemblé à Bologne trois compagnies de Romagnols indisciplinés[102]. Et, à défaut de l'artillerie que les alliés auraient dû fournir, le général était obligé d'enlever celle que le Roi entretenait à La Mirandole depuis la guerre de 1551[103]. Guise et son état-major, à qui les courriers du pape rappelaient sans cesse le dessein sur Naples, avaient plutôt envie de retourner vers le Nord. Les jeunes gentilshommes se plaignaient avec vivacité : ils citaient les paroles que Montmorency leur avait dites, à l'audience de congé ; sans retenue, ils traitaient déjà le pontife de fou[104]. Le désir, l'espoir d'aller à Naples n'étaient pourtant pas éteints.

Le 6 février, Octave Farnèse disait à un commissaire royal : L'entreprise de Naples est bien difficile !Les Français savent ce qu'ils font, répondit l'autre, ils savent qu'à Naples il y a le duc d'Albe. Le vice-roi passait pour un général incapable, et Guise, privé du secours promis par ses alliés, tirait consolation de la faiblesse de son adversaire futur. François ne négligeait point de préparer son plan d'invasion : il interrogeait les Farnèse eux-mêmes sur les routes et les portes du royaume de Naples[105]. Mais, à vrai dire, en arrivant au pont de l'Enza, Guise regardait vers tous les points de l'horizon pour y chercher une conquête prochaine.

Il fallait se décider. C'est le 13 février[106], veille de la revue de l'Enza, qu'eut lieu, dans la ville de Reggio, le premier et le plus important conseil de guerre entre les trois alliés, Guise, Hercule d'Este et Carafa. Les conférences se poursuivirent pendant trois jours, jusqu'au 16. Lanssac, venant de Rome, et Marillac, venant de France, arrivèrent juste pour y assister : ils apportaient, l'un et l'autre, des nouvelles propres à troubler plus encore les résolutions du général[107].

Le duc de Ferrare proposa tout de suite à son gendre la conquête du territoire de Crémone. Carafa, comme il était naturel, s'opposa vivement à ce que l'armée française remontât vers le Nord. Aussi bien Guise n'avait reçu du Roi aucun ordre touchant cette conquête. Enfin, on considéra que Crémone joignait la Vénétie, et qu'en portant la guerre sur ce point, on risquait d'inquiéter fortement la république de Saint-Marc. Carafa avait à ce sujet des impressions toutes fraîches : le mois précédent, ses avances s'étaient heurtées à la plus froide neutralité des Vénitiens. Ces marchands, peu sensibles à l'éloquence, calculaient toujours le gain et la perte. En matière de parolles des gens de ce pays, je me veulx résouldre de n'en croire sinon ce que je verray, écrivait alors Du Gabre, ambassadeur à -Venise. N'avoir point obtenu l'adhésion de la République à la ligue, c'était déjà un échec ; provoquer son hostilité, c'eût été un désastre[108].

Voyant écarter sans remède le premier objet de sa cupidité, Hercule soutint alors qu'il fallait déclarer la guerre à Octave Farnèse et occuper son duché. Tel était, en effet, l'ordre que Guise avait reçu du Roi lui-même. Mais cornaient l'exécuter ? Le général avait constaté de ses propres yeux la solidité des places du Parmesan : les Farnèse s'étaient munis et continuaient de fortifier leurs villes. Pour en avoir raison, il fallait entreprendre une guerre de sièges, à laquelle étaient indispensables beaucoup d'artillerie et autant de munitions. Guise avait amené des troupes solides et légères, une excellente armée d'invasion, mais dépourvue de gros matériel, de poudres et même de piques[109]. Il avait compté, en partant, sur les moyens que lui procurerait son beau-père. Or celui-ci n'avait ni artillerie, ni balles, ni poudres, ni vivres. L'incurie d'Hercule était un scandale, et le général ne put se tenir de transmettre au Roi l'indignation qu'il en ressentait[110]. En tout cas, il était facile de répondre aux beaux conseils du duc de Ferrare. La question n'en fut pas moins longuement discutée. On ne l'écarta définitivement que sur les instances de Carafa : celui-ci assurait que le pape ne consentirait jamais à être le complice d'une agression contre les Farnèse[111]. Carlo prônait l'ancien projet : secourir le Saint-Siège et conquérir Naples.

C'est alors que le duc de Guise mit à l'examen un projet nouveau, celui d'une invasion de la Toscane.

L'itinéraire prévu de l'armée française ne touchait point les Etats de Cosme de Médicis, mais il passait fort près de la frontière. On pouvait prédire, depuis longtemps, qu'arrivé en Emilie, François de Lorraine serait tenté de jeter ses troupes, par un des cols de l'Apennin, sur la plaine luxuriante du val d'Arno, sur ce duché de Florence dont le tyran avait ravi Sienne à la protection du Roi. A peine entré dans les États d'Octave Farnèse, Guise commença de subir cette tentation. Longeant le versant oriental de l'Apennin, il se sentait attiré par toutes les routes qui franchissent la montagne. Le 5 février, à Plaisance, il interrogea quatre fois dans la même journée un gentilhomme du pays sur les chemins pour aller à Lucques et en particulier sur la route de Fornoue, Pontremoli et Aula qui débouche dans la vallée de la Garfagnana[112]. Encore le 11 février, à Parme, avant d'aller à Reggio, il demandait à un Français de l'entourage du cardinal Farnèse des renseignements minutieux sur les routes de la Garfagnana, de Pise et de Lucques, sur les fortifications de Pistoia et sur les ressources du duc de Florence[113].

Outre l'attrait naturel, divers motifs faisaient pencher le général vers une invasion de la Toscane. Qu'on attaquât ou non le duché de Florence, il faudrait s'assurer contre une entreprise possible de Cosme de Médicis sur les derrières de l'armée royale, quand celle-ci serait engagée dans le royaume de Naples[114]. Le cardinal de Tournon, qui connaissait l'Italie mieux que personne, déclarait nettement que l'entreprise de Naples seroit par trop difficile et hazardeuse sans qu'on feust asseuré du duc de Florence, pour les moyens qu'il avoit d'y donner empeschement[115]. Aussi bien il était impossible d'entrer dans la région montagneuse des Marches et des Abruzzes avant le printemps. Il fallait laisser aux alliés le temps de réparer les conséquences de leur incurie et procurer aux troupes françaises les munitions et les secours nécessaires. Enfin, la flotte turque ne .pouvait venir dans la mer Tyrrhénienne pendant l'hiver. Guise pensait donc qu'au lieu d'user ses forces à une guerre, devenue très difficile, contre les Farnèse, il valait mieux diriger une attaque à l'improviste du côté de la Toscane et délivrer la république de Sienne. A ce projet, le général était fort encouragé par des émissaires siennois et par les agents qui représentaient le Roi à Montalcino : le 4 février, il avait reçu Bartolomeo da Pesaro, envoyé de Blaise de Monluc, qui lui avait exposé la situation de la Toscane et les chances de succès d'une entreprise de ce côté[116].

Mais le duc de Florence n'était pas homme à se laisser surprendre. Dès l'annonce de l'expédition, son esprit réaliste et pénétrant avait vu le danger qui menaçait son État. Et il fut saisi de peur. Le 1er janvier 1557, son agent à Milan l'informait que de tous côtés se répandait le bruit que l'expédition serait dirigée contre Florence : nouvelle prématurée, mais que des signes confirmèrent bientôt[117]. Cosme se sentit plus inquiet qu'au temps où Strozzi commandait à Sienne.

Le Médicis se sauva par une ruse, chef-d'œuvre digne de Machiavel. Admirablement informé de l'entreprise qu'on préparait, Cosme, dans les derniers mois de 1556, avait commencé de montrer au pape Paul IV une grande amitié. Au candide vieillard il fit entendre que, las de son alliance avec la maison d'Autriche et dégoûté par l'attitude des Espagnols à son égard dans l'affaire de Sienne, il désirait, à l'occasion, se rapprocher des Carafa et même, si l'armée française venait en Italie, en favoriser les desseins[118]. Paul IV accueillit cette conversion avec une naïveté fougueuse. Il déclara bonnement à l'ambassadeur vénitien : Au bout du compte, les Italiens sont les Italiens ! Pour comprendre toute l'habileté du Médicis, il faut songer qu'il désarmait ainsi les bannis florentins, ses pires ennemis, qui étaient les conseillers de Carlo Carafa et qui peuplaient la Curie[119].

En même temps qu'il endormait le pape, le duc s'efforça de parer le coup menaçant du côté de la France. Par des moyens obscurs, sa diplomatie secrète obtint un succès étonnant. A la stupeur générale, en février 1557, les chancelleries se transmettaient la nouvelle que Henri II consentait à donner en mariage l'une de ses filles à l'héritier de Cosme, Francesco de Médicis. Les diplomates royaux eux-mêmes tenaient la chose pour toute conclue et arrêtée, et bientôt l'opinion publique considéra le Médicis comme français[120]. Henri II, suivant sa nature confiante, inspiré, d'ailleurs, par Montmorency qui était obstinément hostile à la guerre, poussé aussi, semble-t-il, par les conseils du cardinal de Tournon, se laissa jouer par l'astucieux Florentin. Sans doute il ne cacha pas son étonnement devant la résipiscence imprévue de l'homme qui lui avait plus d'une fois donné cause d'estre grandement indigné, pour l'ayde, faveur et assistance qu'il avoit donnée aux Impériaulx, ses ennemis ; mais il céda aux prières du pape, et c'est principalement pour moyenner que le duc de Florence entrast en la saincte ligue et fust de son party, que le Roi avait dépêché Marillac en Italie, le 20 janvier[121]. L'archevêque de Vienne, nous l'avons dit, arriva à Reggio peu de temps après le duc de Guise, le 15 février, et trouva les alliés en conférence : il leur annonça la prétendue volte-face du Médicis et ruina le nouveau projet de François de Lorraine. Aussi bien des informations de Rome confirmèrent les dires de Marillac et firent hésiter le cardinal Carafa, qui avait d'abord donné son adhésion au dessein du général français. Quant à Hercule d'Este, lié au duc de Florence par d'anciennes relations et des services mutuels, il s'était opposé tout de suite à ce qu'on l'attaquât[122].

D'ailleurs, Cosme avait pris des précautions militaires. Les républiques, ses voisines, Lucques et Gênes, surveillaient les passages de l'Apennin. Les marchands lucquois observaient une neutralité qui ne les empêchait point de favoriser les ennemis de la France ; et les Gênois, protégés par les hautes montagnes de Ligurie, gardaient les côtes d'une attaque subite. Sûr de n'être pas pris à revers, le duc s'était hâté de faire construire de nouvelles fortifications à Prato et à Montemurlo, au versant méridional de l'Apennin ; il avait massé des troupes aux frontières et à Florence, pourvu son trésor de grosses sommes et mobilisé tous ses espions. Enfin, François de Lorraine ne pouvait improviser le ravitaillement d'une armée dans les gorges de la montagne[123].

Les conférences de Reggio s'achevèrent le 16 février au matin. Lanssac partit aussitôt pour aller informer Henri II du résultat. Quant à l'occupation de Parme, Guise écrivait au Roi n'avoir trouvé aucun moyen de pouvoir rien exécuter de l'entreprinse qu'il vous avoit pieu me commander[124]. Vers le pape, les alliés dépêchèrent l'évêque de Pola[125]. Marillac prit également la route de Rome, où il arriva le 23 février : ce diplomate resta en Italie jusqu'au jour où le Médicis, voyant le danger écarté, jugea inutile de prolonger son extraordinaire comédie[126].

Après trois jours de discussion, le duc de Guise ne trouvait plus libres devant lui que la voie de Rome et celle de Naples. Mais il ne pouvait s'engager sur cette dernière avant d'avoir obtenu la collaboration loyale et efficace des alliés du Roi.

Les Farnèse, renseignés par les nombreux espions qui observaient les conférences, avaient passé ces trois jours dans l'épouvante.

 

Hercule d'Este, dont l'avarice avait déjà produit des conséquences si graves, devait, pour finir, infliger à son gendre les affronts les plus douloureux.

Les troupes françaises avaient trouvé sur l'État des Farnèse confort et abondance ; elles espéraient d'être mieux traitées encore par le duc de Ferrare, allié de Henri II. Au lendemain de la revue de l'Enza, le 15 février, elles entrèrent sur le territoire de Reggio. Hercule informa le duc de Guise que ses sujets étaient trop pauvres pour supporter l'entretien d'une armée et le pria de presser le plus possible la marche des soldats. L'armée royale, dont l'ordre et la. discipline méritèrent, pendant toute la campagne, l'admiration des ennemis eux-mêmes, fut surveillée par les officiers du duché de Ferrare comme si elle eût été une bande de brigands. Après avoir franchi la Secchia, elle arrivait à Modène le 16 février ; le 18, elle campait à Castelfranco ; puis elle entra sur le territoire de la légation de Romagne, où, par bonheur, Carafa avait fait préparer des vivres[127].

Le 16 au matin, le cardinal-neveu était parti de Reggio pour Bologne, en compagnie de Roberto Strozzi. Le soir de ce même jour, Guise et son beau-père allèrent coucher à Modène. Le lendemain, tandis que Hercule se rendait à Ferrare avec son fils et les principaux gentilshommes français, François de Lorraine visitait La Mirandole, où l'avait invité le comte Ludovico Pico[128]. Le général arriva, le 18, à Ferrare pour y saluer la duchesse Renée de France, qui était sa belle-mère et la tante de Henri II. Il venait aussi négocier une affaire de famille[129].

Parmi les nombreux desseins que le duc de Guise avait reçu mission de réaliser en Italie, se trouvait le mariage de Lucrèce d'Este, sa belle-sœur, avec Jacques de Savoie-Nemours. Les Lorrains désiraient beaucoup ce mariage et ils avaient fait partager leur désir au Roi. Le 6 octobre 1556, Henri II en avait écrit lui-même sous une forme pressante au duc de Ferrare, et François de Lorraine avait joint ses propres instances à celles de son maître : Vous ayant aultreffoys escript combien le Roy désiroit retirer par devers luy Madame Lucresse, vostre fille, et l'espérance que j'avoys en la grandeur de Monsieur de Nemours, je ne craindray poinct remettre ce propos en avant, pour vous dire qu'il me semble que l'aage et le temps y sont commodes[130]. Le duc de Nemours était donc venu de Modène à Ferrare pour voir la jeune fille qu'on lui destinait. Le prince Alphonse d'Este s'était chargé de la négociation sentimentale : il ménagea des rencontres particulières entre les deux jeunes gens et les fit baiser à la française. Les grâces de Nemours étaient célèbres : Lucrèce donna vite son consentement. Mais l'idylle finit tôt. Hercule était bien résolu à empêcher le mariage de sa fille avec un gentilhomme qui n'avait guère d'autres moyens que la séduction. Il fit à Nemours la plus maigre chère et le plus froid accueil qu'on puisse imaginer en ce monde[131].

Furieux, Guise et ses compagnons partirent de Ferrare le 22 février. Hercule était désormais détaché des entreprises de son gendre ; il n'avait pas même permis au prince Alphonse de suivre celui-ci. Quelques jours après, il partait pour Venise, afin d'aller entretenir le Sénat de ses ambitions particulières sur la Lombardie[132]. François de Lorraine était tout démoralisé : il voyait son plan de campagne détruit, ses prévisions déçues, ses moindres désirs contrecarrés. Avancer plus loin, en de telles circonstances, ç'eût été courir à la ruine. Il résolut donc de laisser l'armée royale en Romagne sous le commandement du duc d'Aumale, son frère, et d'aller lui-même à Rome conférer avec le pape, lequel ne cessait d'envoyer des courriers pour réclamer la venue de son neveu et du général français[133]. En quittant l'Emilie, il regrettait les belles occasions qui s'étaient offertes à lui sur sa route et dont la négligence de ses alliés avait fait perdre le bénéfice. Il me semble, écrivait-il à Odet de Selve, que, si estions ung peu mieulx pourveuz que ne sommes des choses qui nous sont nécessaires pour tel effect, j'espèreroys nous asseurer de quelque chose pour l'advenir de ce costé-là[134].

Guise partit de Bologne pour Rome, le 24 février, en compagnie de Carafa. Le 26, ils passaient à Forli[135]. Le 27, au matin, ils saluèrent, à Pesaro, le duc d'Urbin, puis ils prirent la route d'Ombrie en toute hâte[136]. Il faisait ung, temps de neige et bien fort froid. Le cardinal de Tournon, qui se trouvait depuis plusieurs mois à Castel-Durante dans le duché d'Urbin, vint pour rencontrer le général français à Fossombrone. Une conférence secrète y eut lieu, au cours de laquelle on examina plusieurs plans d'invasion du royaume de Naples : l'ancien ministre de François Ier évoqua la campagne de Lautrec et celle du connétable de Bourbon[137].

Carafa et Guise étaient pressés d'arriver à Rome, tant pour assister à la grande promotion de cardinaux qu'annonçait Paul IV qu'à cause des événements militaires qui s'étaient déroulés dans la Campagne romaine pendant le mois de janvier.

La trêve, signée par Carafa et le duc d'Albe à la suite des conférences d'Ostie, étant expirée le 8 janvier, le vice-roi en avait demandé la prolongation. Paul IV, informé du départ de l'armée de Guise, avait répondu par un refus, rouvrant ainsi des hostilités fort dangereuses aux portes de la Ville éternelle. A vrai dire, les premières opérations de cette reprise furent assez favorables aux troupes pontificales, que commandait Piero Strozzi. Les Espagnols abandonnèrent la plupart des places qu'ils avaient occupées à l'automne précédent. Un seul fait de cette petite guerre vaut d'être cité : le 20 janvier, Strozzi assiégeant le fort d'Ostie fut blessé par une décharge de mousqueterie, alors qu'il posait une couleuvrine sur une ruine antique[138].

Mais le duc d'Albe, semble-t-il, se laissait battre volontairement. Il reculait devant le but, n'osant attaquer cette ville de Rome dont le sac, en 1527, avait produit dans la Chrétienté une émotion plus nuisible que profitable à la cause de l'Espagne. D'ailleurs, averti de la marche du duc de Guise, il voulait dégager ses forces de la Campagne romaine pour les porter vers le point menacé, à la frontière septentrionale des Abruzzes. Enfin, il obéissait aux instructions de son maître, Philippe II, qui avait déclaré nettement ne pas vouloir retenir les places occupées par les Espagnols dans l'État pontifical[139]. Le fils de Charles-Quint n'était pas l'homme faible que les courtisans de Henri II avaient imaginé. Après l'abdication de son père, Philippe semblait sincèrement décidé à observer la trêve de Vaucelles ; même le souci de ses finances et l'intérêt de ses Etats épuisés l'auraient peut-être conduit à reconnaître dans un traité définitif les clauses, si glorieuses pour la France, de la suspension d'armes signée en février 1556. Lorsqu'après une année de provocations et d'intrigues insolentes, les Guises et les Carafa eurent déterminé l'envoi d'une expédition française en Italie, le jeune roi d'Espagne montra une vive colère. Au nonce Fantuzzi, qui lui parlait de paix, il demanda rudement s'il se moquait de lui. Il déclara que, puisque les Français avaient rompu la trêve, il était résolu à dépenser tout son bien et jusqu'à son sang pour les vaincre[140]. Le 19 janvier 1557, la rupture officielle avait été publiée en Italie, et c'est là que la guerre, déjà déchaînée, prit tout de suite de l'ampleur[141]. Mais Philippe II ne croyait point à l'efficacité des batailles italiennes : il se préparait à frapper ailleurs, au nord de la France, un coup terrible. Ainsi s'explique le recul du duc d'Albe.

Le pape n'en était pas moins inquiet, et pour diverses raisons. Outre qu'il ne pouvait se faire de grandes illusions sur la durée des succès de son armée, il s'agitait dans une fièvre de rêves, de haines et de craintes. Il avait hâte de retrouver le cardinal Carafa, son neveu et son conseiller, absent depuis plusieurs mois[142]. A tous les propos de négociation qu'on lui tenait, il répondait invariablement : Attendez mon neveu. Paul IV se sentait menacé jusque dans sa puissance spirituelle. On disait que Philippe II, indigné par les gestes du pontife violent, avait écrit à tous les cardinaux du parti espagnol les priant de réunir un concile qui déposerait le pape comme non éleu canoniquement et pour son gouvernement, et qu'il avait lui-même indiqué pour test effect la ville de Pise, où pareille assemblée avoit été autrefois faite contre le pape Jules second[143]. Aussi, tandis que l'armée française suivait lentement les étapes de la via Emilia, le vieillard n'avait-il cessé d'envoyer des courriers pressants à Carafa et au duc de Guise[144].

 

Tels furent les premiers résultats de l'expédition de François de Lorraine. Les rêves du général s'effritaient au contact .de la réalité imprévue. Tout occupé à vaincre les obstacles, François souffrit peut-être moins d'abord de ces désillusions que la cour de Henri II, qui suivait en pensée l'audacieuse aventure. Le Roi était toujours sous l'influence du cardinal de Lorraine : celui-ci reçut, après la mort du cardinal de Bourbon, en mars 1557, l'abbaye de Saint-Denis. Pour soutenir l'entreprise, l'effort financier et militaire n'avait point faibli[145]. Seul, Montmorency, sentant venir l'orage du côté du Nord, répétait un avertissement que l'on n'écoutait point. Vous ne sçauriez mieulx faire pour le service de Sa Majesté, écrivait-il à Guise le 14 février, que de restreindre et oster le plus que vous pourrez de la despençe inutille qui se fait par dellà car les rongneures que vous en ferez nous serviront à ce que je veoy bien par deçà où noz voysins font semblant de se mectre en devoir pour nous fère du pis qu'ilz pourront[146].

Henri II attendait avec un intérêt particulier les nouvelles de l'entreprise sur le duché de Parme. Quand il apprit que, par l'incurie du duc de Ferrare, toute chance de succès était perdue, il se fâcha[147]. Les lettres, écrites par les gentilshommes de l'armée de Guise, divulguaient les traits scandaleux de l'avarice d'Hercule. On sut que les troupes avaient été beaucoup plus mal traitées sur le territoire de Reggio que chez les Farnèse ; que le duc avait reçu de façon injurieuse son gendre et les capitaines français, à Ferrare ; enfin qu'il avait refusé la main de sa fille à Jacques de Nemours. Les courtisans racontaient avec une ironie amère l'histoire d'un petit porc, disparu lors du passage des troupes à Sassuolo et qu'Hercule avait réclamé au duc de Guise. A la fin de mars, Henri II passant par l'abbaye de Chaalis, y fut reçu par Scipion Piovene, intendant du cardinal de Ferrare : Sire, dit l'intendant, je voudrais que Monseigneur le cardinal fût ici pour accueillir Votre Majesté dans sa maison. — Au moins, répondit le Roi, il me ferait meilleure chère que n'a fait le duc à son gendre. La jeune duchesse de Guise, Anne d'Este, blessée par les allusions malignes qu'elle entendait, adressait à son père des remontrances indignées, l'accusant de ne respecter ni lui-même, ni le Roi, ni sa fille. Qu'avait donc fait le duc de l'argent qu'il avait reçu[148] ?

Déjà au mois d'avril, toute la Cour était comme soulevée contre les Italiens.

 

 

 



[1] Henri II à Paul IV, 1556, 17 novembre, Saint-Germain-en-Laye (Arch. Vatic., Principi, 1, fol. 161 ; orig.).

[2] En l'absence du duc de Ferrare. 1556, 14 novembre, S. Germain (Mém.-journaux de Guise, pp. 302-305).

[3] Giac. Soranzo au doge de Venise, 16 novembre 1556, Poissy (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci. Franza, filza 1a ; orig.). — Dom. Achilli à la duchesse de Mantoue, 1556, 26 novembre, S. Germain (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.).

[4] C. Brancatio à C. Carafa, 1556, 2 novembre, Poissy, p. p. R. ANCEL, Nonciatures, I, 2, p. 498.

[5] Mém.-journaux de Guise, p. 324.

[6] Herc. Strozzi au duc de Mantoue, 1556, 21 novembre, Paris (Arch. de Mantoue, Francia ; orig.).

[7] C. Brancatio à C. Carafa, 1556, 5 novembre, Paris, p. p. R. ANCEL, Nonciatures, I, 2, pp. 490-491.

[8] C. Brancatio à C. Carafa, 1556, 5 novembre, p. p. R. ANCEL, Nonciatures, I, 2, pp. 490-491.

[9] Pacifico Arditi au duc de Florence, 1557, 14 février, Parme (Arch. d'État de Florence, Mediceo, 2168 ; orig.).

[10] Et. PASQUIER, Œuvres, t. II, p. 73.

[11] P. Arditi au duc de Florence, 1557, 14 février, Parme (Mediceo, 2668 ; orig.).

[12] Alphonse d'Este au duc de Ferrare, 1557, 2 janvier, Turin (Arch. d'Etat de Modène, Alfonso II ; orig.).

[13] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 9 janvier, Poissy (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[14] P. COURTEAULT, Blaise de Monluc historien, p. 320, n. 7, adopte la thèse de R. ANCEL, La question de Sienne... (Revue bénédictine, 1905, p. 402, n. 4).

[15] B. de MONLUC, Lettres, éd. de Ruble, t. IV, p. 98.

[16] Relation de G. Soranzo (ALBERI, Relazioni..., 1a serie, t. II, p. 429).

[17] Le connétable de Montmorency à Philippe II, 1559, 3 juillet, Paris : Au voyage que l'armée du Roy feist dernièrement à Napples, fut prins par les vostres ung jeune gentilhomme, filz du sr de La Roche-Pouzay... (Arch. Nat., K 1492, B 10 n. 47 : orig.).

[18] P. de RONSARD, Œuvres, éd. Blanchemain, t. VI, p. 217.

[19] Memoriale a Rucellai, p. p. ANCEL, Nonciatures, I, 2, p. 267.

[20] C. Carafa à Commendone, 1556, 18 octobre, Rome (Arch. Vatic., Principi, 1. 22, fol. 187 : autog.).

[21] Mémoires de l'ambassadeur d'Avanson au pape et au cardinal Carafa, p. p. ANCEL, Nonciatures, 1, 2, pp. 641 et suivantes.

[22] L'évêque de Troyes au duc de Guise, 1556, 6 novembre, Rome (Mém.-Journaux de Guise, pp. 301-302).

[23] Montmorency au duc de Guise, 1557, 3 février, S.-Germain (Mém.-Journaux de Guise, p. 267). — Giac. Soranzo au doge de Venise, 1557, 9 février, Paris (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, filza 1a ; orig.). — Liste des amys et ennemys d'aulcunes villes et pays du royaulme de Naples (Bibl. Nat., ms. fr. 3126, fol. 77-78 ; orig.).

[24] Guido Lolgi au cardinal Farnèse, 1557. 5 mars, Paris (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 692, fascic. L ; orig.).

[25] Correspondance de Lanssac, p. 588.

[26] Le cardinal de Ferrare au duc de Guise, 1557, 3 janvier, Ferrare (Mém.-Journaux de Guise, p. 259).

[27] Bibl. Nat., coll. Dupuy, vol. 161, fol. 350-353 ; copie XVIIIe s. — Mal publié ap. Mém.-Journaux de Guise, pp. 255-256.

[28] Et. PASQUIER, Œuvres (éd. 1733), t. II, p. 74.

[29] Le 29 novembre, il passait par Moulins et Varennes-sur-Allier ; le 2 décembre, par Roanne. Lettres du duc de Guise à Montmorency, 29 novembre (Bibl. Nat., ms. fr. 20454, fol. 44 et 47 ; orig.). — Cf. Mémoires-Journaux de Guise, p. 314.

[30] Domenico Achilli au chat. de Mantoue, 1556, 4 novembre, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.).

[31] Brissac au duc de Guise. 1556, 23, 24, 26, 28, 29 novembre, Lyon (Bibl. Nat., coll. Clairambault, vol. 349 ; orig.). Cf. Mémoires-Journaux de Guise, pp. 309-311. — Le sr de Carrières au duc de Guise, 1556, 17 novembre, Turin (Arch. d'Etat de Turin, Raccolta Balbo, t. XLVIII, fol. 550 v. 554). — Le marquis de Pescara à Octave Farnèse, 1556, 22 décembre, Pavie (Arch. d'Etat de Parme, Piemonte ; orig.).

[32] De Selve et Lanssac au Roi, 1556, 19 novembre, Rome, P. p. Ch. SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 532. — C. Brancatio à C. Carafa, 1556, 4 décembre, Poissy, p. p. R. ANCEL, Nonciatures, I, 2, pp. 505-506.

[33] Tornabuoni au duc de Florence, 1556, 13 décembre, Bruxelles (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 1320 ; orig.). — Fulvio Orsini au cardinal Farnèse, 1556, 19 décembre, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 701 ; orig.). — G. Ardinghello au cardinal Farnèse, 1556, 20 décembre, Bruxelles (Arch. de Parme, Flandre ; orig.). — Silv. Aldobrandini à Carafa, 1556, 26 décembre, Rome (Arch. de Florence, carte Strozziane, 159,53 ; min.).

[34] Sources citées.

[35] Sommaire de ces lettres cité p. R. ANCEL, Nonciatures, I, 2, p. 505, n. 3.

[36] Montmorency au duc de Guise, 1556, 3 décembre, S. Germain (Mém.-Journaux de Guise, p. 313).

[37] C. Brancatio à C. Carafa, 1556, 4 décembre, Poissy, p. p. ANCEL, Nonciatures, I, 2, p. 508.

[38] Registres du bureau de la Ville de Paris, t. V, p. 159.

[39] Vinc. Buoncambi à Octave Farnèse, 1556, 26 décembre, Rome : transmet les nouvelles reçues de France (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 260, fascic. 8 ; orig.).

[40] Henri II à C. Carafa, 1556, 20 décembre, S. Germain (Arch. Vat., Principi, I, fol. 184 ; orig.).

[41] Henri II à Carafa, 1557, 3 janvier (Arch. Vatic., Principi, I, fol. 143 ; orig.).

[42] Le duc de Guise au Roi, 1556, décembre, Heyrieux (Bibl. Nat., ms. fr. 20511, fol. 138 ; minute). Le même au même, 24-26 décembre, Lanslebourg, 27 décembre, Suse (Mém.-Journaux, pp. 320-321). — Le marquis de Pescara au cardinal de Gonzague, 1556, 22 décembre, Pavie (Arch. d'Etat de Mantoue, carteggio del cardinale, Milano ; orig.).

[43] Avis de Turin à Octave Farnèse, 1557, janvier (Arch. d'Etat de Parme, Piemonte ; orig.).

[44] Il était parti de Rome le 10 décembre, avait passé par Ferrare le 16. G. Soranzo au doge de Venise, 1557, 5 janvier. Poissy, p. p. RAWDON-BROWN, Calendar... Venise, VI, II, 89. — J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 9 janvier, Poissy (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[45] Sources citées. — Cf. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 1, XXXVIII, et Revue bénédictine, 1905, p. 226.

[46] Montmorency à C. Carafa, 1557, 1er février, S.-Germain (Bibl. Vatic., Barberini, lat. 3617, fol. 4à ; orig.). — Gianfiglazzi au duc de Florence, 1557, 6 mars, Rome (Arch. d'État de Florence, Mediceo, 3276 ; orig.).

[47] P. p. A. VITALIS, op. cit., p. 123.

[48] Sur l'étonnement des Vénitiens, Girol. Faletti au duc de Ferrare, 1557, 30 janvier, Venise (Arch. d'État de Modène, Venezia ; orig.).

[49] Instructions de Henri II à son envoyé à Rome, 1556, 5 septembre. Valéry, p. p. G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, p. 656.

[50] Gir. Faletti au duc de Ferrare, 1557, 6 février, Venise (Arch. d'État de Modène, Venezia orig.).

[51] G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, p. 656.

[52] Cf. les preuves au cours du récit, plus bas.

[53] D. du Galure à Montmorency, 1556, 23 décembre, Venise (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3106, fol. 357 ; copie sur orig. intercepté).

[54] Giac. Soranzo au doge de Venise, 1556, 8 décembre, Poissy (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, filza 1a ; orig.).

[55] 1556, 28 novembre, S. Germain, publiée p. G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, pp. 672-673.

[56] Fr. de Lorraine au duc de Ferrare. 1556, 12 décembre, Lyon (Arch. d'Etat de Modène, Francesco di Lorena ; orig.).

[57] Alphonse d'Este au duc de Ferrare. 1536, 31 décembre, Turin (Arch. d'État de Modène, Alfonso II ; orig.). — Le duc de Guise au duc de Ferrare. 1557, 2 janvier, Turin : Il est nécessaire faire vostre amas jusques à trois ou quatre mil hommes, le dix-huictiesme ou dix-neuriesme de ce mois au plus tard, tenir prest l'infanterie et aultres munitions que vous dira le sr de Fourquevaux... (Arch. cit., Francesco di Lorena ; orig. chiffré). —Dès le début, de décembre, Guise avait envoyé à Ferrare Scipion Piovene pour informer le cardinal Hippolyte du projet secret sur Parme. Mém.-Journaux de Guise, p. 259.

[58] Le cardinal de Ferrare au duc de Guise, 1557, 3 janvier, Ferrare (Bibl. Nat., Clairambault, v. 348, fol. 304-305 : orig. chiffré). Le même, sous la signature de Niquet ; au même, 4 janvier (Bibl. cit., Clair., y. 349, fol. 34 ; orig. chiffré).

[59] Alphonse d'Este au duc de Ferrare, 1557. 8 janvier, Turin (Arch. de Modène, Alfonso II ; orig.).

[60] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 31 janvier, Poissy (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[61] O. de Selve au Roi, 1557, 18 janvier, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20442, fol. 181 ; orig.).

[62] Les lettres de Pacifico Arditi, envoyé par Cosme de Médicis à Parme et en Romagne pour surveiller les mouvements militaires, éclairent l'incurie de Carafa. Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2868, passim ; orig.

[63] Cf. les travaux de Duruy, Riess, Ancel. — Carafa partit de Rome le 15 décembre et arriva à Venise le 20. Adr. Saraceni à la Balia de Sienne, 1556, 20-26 décembre, Rome (Arch. d'État de Sienne, Lett. alla Balia, CCXXIII, 19-23 ; orig.). — Aless. Visconte au cardinal de Gonzague, 1557, 8 janvier, Venise (Arch. d'État de Mantoue, Carteggio del carlo ; orig.).

[64] Publiée p. A. VITALIS, op. cit., 122.

[65] G. Coyffier au duc de Guise, 1557, 11 février, Rome (Bibl. Nat., Clair. 349, fol. 31 : orig.). — Cf. Mém.-Journaux de Guise, p. 267.

[66] Publiée p. Ch. SAUZÉ, op. cit., p. 588. — Le duc de Paliano au duc de Guise, 1557, 19 janvier, Rome (Bibl. Nat., Clair., 350, fol. 15-16 ; orig.).

[67] SAUZÉ, op. cit., p. 592 et n. 2.

[68] Montmorency au cardinal de Tournon, 1557, 20 janvier, Anet : Le Roy envoye par dela, M. de Vienne... Il désire que luy donnez vostre advis et conseil et que de vostre part vous vous employez en ce que pourrez pour l'exécution d'icelluy. (Arch. Nat., K 91, n° 44 ; orig.). — J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 20 janvier, Anet (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). — Cf. Mém.-Journaux de Guise, pp. 266-267.

[69] Le duc de Guise au Roi, 1557, 7 janvier, Turin (Bibl. Nat., ms. fr. 20454, fol. 756 ; orig.). — Sur les mesures financières, les élus du marquisat de Saluces au duc de Guise, 1557, février, Turin : Simonin Carmagnole au duc de Guise, 1557, 3 février, Turin (Bibl. Nat., Clair. 349, fol. 24 ; orig.). — Outre les lettres inédites de Guise citées plus haut et plus bas, nous renvoyons une fois pour toutes à celles qui sont publiées dans les Mémoires-Journaux. Ces lettres, inédites ou publiées, n'ont été utilisées, ni par Duruy, ni par Ancel.

[70] Registre du controlle de la despence faicte en Italie soubz Monseigneur de Guise, lieutenant général en l'armée de la Saincte Ligue, èz années 1556 et 1557. Odard Bizet, commis du controlleur général. (Bibl. Nat., ms. fr. 10395 ; orig.). — Lettres écrites par les gentilshommes de l'armée de Guise, 1557, janvier-mai (Bibl. Nat., Dupuy, fol. 65 et suiv.). — Rapports des espions, surtout de Pacifico Anditi, agent florentin (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2868 ; orig.). — Fabr. Ferrero au duc de Florence, 1557, 17-30 janvier, Milan (Mediceo, 3407. fol. 12-17 ; orig.). — Facto Vitelli au duc de Florence. 1557, 5 février, Plaisance (Mediceo, 2868 ; orig.).

[71] Sfondrato à Octave Farnèse, 1557, 14 janvier, Milan (Arch. d'Etat de Parme. Milano ; orig.).

[72] Instructions de la duchesse de Mantoue à Hercole Strozzi, 1557, janvier (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; min.).

[73] Guise au Roi, 1557, 17-25 janvier, Valenza (Bibl. Nat., ms. fr. 90454, fol. 67, et coll. Clair. 349, fol. 19 ; orig.). — Récit du siège par Don Alvero à Octave Farnèse, 1557, 19 janvier, Alexandrie (Arch. de Parme, Piemonte ; orig.). — Guise et Brissac au Roi, 1557, 20 janvier, Valenza (Mém.-Journaux, pp. 265-266). Guise à Lanssac et Selve, 1557, 20 janvier, Valenza, p. p. SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, pp. 589-591.

[74] Guise au Roi, 1557, 27 janvier, Voghera (Bibl. Nat., ms. fr. 20454, fol. 125 ; orig.).

[75] Guise au duc de Ferrare, 1557, 27 janvier, Sale-Voghera (Bibl. Nat., Clair. 349, fol. 15 ; min.). Avis de Milan, transmis par Venise, 1557, 27 janvier (Arch. d'Etat de Modène, Venezia : orig.). Lettres de Fab. Ferrero supra citées.

[76] Guise à Octave Farnèse, 1557, 31 janvier, Montebello (Arch. de Parme, Francia ; orig.).

[77] Guise à Octave Farnèse, 1557, 1er février, Castel San Giovanni (Arch. de Parme, Francia ; orig.).

[78] Brefs publiés dans Mémoires-Journaux de Guise, pp. 311-312.

[79] Guise au duc de Ferrare. 1557, 27 janvier, Sale (Mém.-Journaux, p. 266). — Fabr. Ferrero au duc de Florence, 1557, 30 janvier, Milan (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3107, fol. 46 ; orig.).

[80] Fabr. Ferrero au duc de Florence, 1557, 9-12 janvier, Milan (Mediceo, 3107, fol. 5-8 : orig.). — Sfondrato à Octave Farnèse, 1557, 11 janvier, Milan (Arch. d'Etat de Parme, Milano ; orig ). — Il Pero au duc de Florence, 1557, 24 avril, Venise, p. p. DESJARDINS, op. cit., t. III, p. 366.

[81] Le cardinal de Ferrare à Guise, 1556, 16 décembre, Ferrare (Mém.-Journaux de Guise, p. 316).

[82] Guise au cardinal de Lorraine, 1557, 9 février, Fiorenzuola (Mém-Journaux de Guise, 267).

[83] Le cardinal Carafa au cardinal Farnèse, 1557, 5-7 février, Bologne (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 407, fascic. 3 ; orig.). — Pacifico Arditi au duc de Florence. 1557, 6 février, Parme (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2868 : orig.). Le même au même, 1557, 8-10 février, Parme-Plaisance (Arch. et loc. cit. ; orig.).

[84] Instructions à M. de Carnavalet, 1557, 7 février, Pontenure (Mém-Journaux de Guise, pp. 331-332).

[85] Le duc de Ferrare à Octave Farnèse, 1557, 29 janvier, Modène ; 4 février, Carpi (Arch. d'Etat de Parme, Modena ; orig.).

[86] Le cardinal de Ferrare à Octave Farnèse, 1557, 1er février, Ferrare (Arch. de Parme, Ferrara ; orig.).

[87] Guise au duc de Ferrare, 1557, 3 février, Castel S. Giovanni (Arch. d'Etat de Modène, Francesco di Lorena ; orig.).

[88] Guise au duc de Ferrare, 1557, 4-5 février San Niccolò (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; orig.). — Octave Farnèse à Guise, 1557, 2 février, Parme : demande une sauvegarde pour la villa di Salso, molto vicino a la strada romea et villa aperta. (Bibl. Nat., coll. Clair., 350, fol. 33 ; orig.).

[89] Paolo Vitelli au duc de Florence, 1557, 5 février, Plaisance (Mediceo, 2868 ; orig.).

[90] Guise à Brissac, 1557, 7 février, Pontenure : récit du voyage depuis Valenza (Bibl. Nat., ms. fr. 20526, fol. 55 ; orig.). Guise au duc de Ferrare. 1557, 9 février, Fiorenzuola (Arch. de Modène, Fr. di Lorena ; orig.). — Pacifico Arditi au duc de Florence, 1551, 6-10 février, Parme (Mediceo, 2868 ; orig.).

[91] Mém.-Journaux de Guise, p. 264.

[92] Guise au duc de Ferrare, 1557, 11 février, Borgo San Donnino (Arch. de Modène, Fr. di Lor. ; orig.). — P. Arditi au duc de Florence, 1557, 10, 11, 12 février, Parme (Mediceo, 2868 ; orig.).

[93] Pacifico Arditi au duc de Florence, 1557, 13 février, Reggio (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2868 ; orig.). Le même, 14-15 février (ibid. ; orig.).

[94] Lettre adressée à la Cour, 1557, 15 février, Reggio (Bibl. Nat., ms. fr. 20454, fol. 17 ; orig.).

[95] Le cardinal Carafa à Octave Farnèse, 1557, 11 janvier, Venise (Arch. d'Etat de Parme, Venezia orig.). — Le cardinal Farnèse au cardinal Carafa, 1557, 18 janvier, Parme (Bibl. Vatic., Barberini, lat. 5074, 31 ; orig.).

[96] Le cardinal Farnèse à Octave, 1557, 22 janvier, Parme (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 707, fascic. 3 ; orig.).

[97] Marguerite d'Autriche à Octave Farnèse, 1557, 5 février, Bruxelles (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 407. fascic. 3 : orig.).

[98] La correspondance à peu près complète de cc personnage, qui a échappé aux recherches de Dom Ancel, se trouve aux Arch. de Florence, Mediceo, 2868 ; orig.

[99] Le cardinal Farnèse au cardinal Carafa, 1557, 4-9 février, Parme (Bibl. Vatic., Barberini, lat. 5074, 33 et 51 ; orig.). — Marguerite de France au cardinal Farnèse, 1557, 7 mai, Villers-Cotterêts : Je suis très ayse que le pacage de Monsieur di Guise a faict par les terres du duc, vostre frère, ayt faict connoistre au Roy et à tout le monde la bonne voulonté que tous deulx continués à luy porter... (Arch. de Naples, Carte Farnes, fascio 185, fascic. 9 ; autog.).

[100] An. Litolfi au cardinal de Gonzague. 1557, 12 février. Bruxelles (Arch. d'État de Mantoue, Carteggio del carlo ; orig.).

[101] Relation originale envoyée à la Cour, 1557, 8 mai, Civitella, (Bibl. Nat., coll. Dupuy, vol. 86, fol 67).

[102] P. Arditi au duc de Florence, 1557, 6-14 février, Parme (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2868 ; orig.).

[103] Stephano Montio au cardinal Farnèse, 1557, 18 février, Modène (Arch. d'Etat de Parme, Modena ; orig.).

[104] P. Arditi au duc de Florence, 1557, 14 février, Parme (Mediceo, 2868 ; orig.).

[105] P. Arditi au duc de Florence, 1557, 7-8 février, Parme-Plaisance (Mediceo, 2868 ; orig.).

[106] Et non le 15, comme l'ont écrit inexactement tous les historiens.

[107] Correspondance de Lanssac, p. 595 ; Mém.-journaux de Guise, p. 331.

[108] S. Renard au duc de Savoie, 1556, 7 octobre : J'entendz que les Vénitiens ne sont contens de veoir que le duc de Ferrare se veult tant agrandir en Italie. (Arch. roy. de Belgique, Papiers de l'Audience, vol. 420. fol. 157 ; orig. dupl.). — Marillac à Montmorency, 15-16 février, Reggio (Bibl. Nat., ms. fr. 20442, fol. 399 et s. ; orig.). Cf. P. de VAISSIÈRE, Charles de Marillac, p. 311.

[109] P. Arditi au duc de Florence, 1557, 8 février, Plaisance (Mediceo, 2868 ; orig.).

[110] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 4 avril, La Ferté-Milon (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[111] Lettres de P. Arditi supra citées. — G. P. Corregrani au chatel. de Mantoue, 1557, 18 février, Ferrare (Arch. d'Etat de Mantoue, Ferrara ; orig.).

[112] Paolo Vitelli au duc de Florence, 1557, 5 février, Plaisance (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2868 ; orig.).

[113] P. Arditi au duc de Florence, 1557, 12 février, Parme (Mediceo, 2868 ; orig.).

[114] Mém.-journaux de Guise, p. 335.

[115] Marillac au Roi, 1557, 26 février, Rome (Bibl. Nat., ms. fr, 3138, fol. 14 ; orig.).

[116] Le cardinal de Ferrare au duc de Guise, 1557, 3 février, Ferrare (Bibl. Nat., Clair. 350, fol. 36 ; orig.). — Clemente Pietra au duc de Florence, 1557, 5 février, Milan (Mediceo, 2868 ; orig.). — Lettres de P. Arditi supra citées.

[117] Fabr. Ferrero au duc de Florence, 1557, 1er janvier, Milan (Mediceo, 3107, fol. 1 ; orig.).

[118] Sur ces négociations, voyez R. ANCEL, La question de Sienne (Revue bénédictine, 1905, p. 404).

[119] Navagero au Sénat de Venise, 1556, 20 novembre, Rome, P. P. RAWDON-BROWN, Calendar... Venice, VI, 1, 802.

[120] Girol. Faletti au duc de Ferrare, 1557, 18 février, Venise (Arch. d'Etat de Modène, Venezia ; orig .). — A. VITALIS, Correspondance de D. du Cabre, p. 224. — Cf. R. ANCEL, dans Revue bénédictine, 1905, p. 405.

[121] P. de VAISSIÈRE, Charles de Marillac, p. 311, complété et corrigé par R. ANCEL, Revue bénédictine, pp. 406-407.

[122] Lettres de Pacifico Arditi au duc de Florence, 1557, février (Mediceo, 2868 orig.).

[123] Lettres d'Andrea de Nobili aux Anziani de Lucques, 1557, janvier-mars, Florence (Arch. d'Etat de Lucques, Ambascerie, carte originali, 584 ; orig.).

[124] Guise au Roi, 1557, février, Modène (Bibl. Nat., ms. fr. 20454, fol. 137 ; orig.).

[125] Lettres d'Arditi supra citées. — Récit des conférences par Castaldo au cardinal Farnèse, 1557, 1er mars, Milan (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 687, fascic. 2, pièce 11 ; orig.).

[126] Elle durait encore au mois d'avril. C. Carafa au duc de Florence, 1557. 15 avril, Rome (Mediceo, 3724, 326 ; orig.).

[127] Pacifico Arditi au duc de Florence, 1557, 5-21 février, Parme (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2868 ; orig.). — Fourquevaux au cardinal Farnèse, 1557, 16 février, Reggio (Arch. d'Etat de Parme, Modena ; orig.). — Stephano Montio au cardinal Farnèse, 1557, 18 février, Modène (Arch. de Parme, Modena ; orig.).

[128] G.-P. Corregrani au châtel. de Mantoue, 1557, 18 février, Ferrare (Arch. d'Etat de Mantoue, Ferrara ; orig.). — Le comte de La Mirandole, venant de la cour de France, était rentré dans son Etat s l'automne de 1556. Henri II à l'évêque de Lodève, 1556, 14 octobre, Paris (Bibl. Nat., ms. fr. 3146, fol. 1 ; orig.).

[129] G.-P. Corregrani au chatel. de Mantoue, 1557, 18-19 février, Ferrare (Arch. de Mantoue, Ferrara ; orig.).

[130] Henri II au duc de Ferrare, 1556, 6 octobre, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Enrico II ; orig.). — Guise au même, 1556, 7 octobre, Paris (Arch. cit., Francesco di Lorrena ; orig.).

[131] G.-P. Corregrani au châtel. de Mantoue, 1557, 19-21 février, Ferrare (Arch. d'Etat de Mantoue, Ferrara ; orig.). — J. Alvarotti au prince de Ferrare, 1557, 4 avril, La Ferté-Milon (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). — De Ferrare, Guise envoya le sr de Molassise, maître des requêtes, saluer le duc de Mantoue. Guise au duc de Mantoue, 1557, 22 février, Ferrare (Arch. de Mantoue, Ferrara ; orig.). — Sur cette amusante affaire du projet de mariage de Nemours avec Lucrèce d'Este, voyez les nombreuses lettres de Jacques de Savoie au prince Alphonse de Ferrare (Arch. de Modène, Giacomo di Nemours ; autog.).

[132] Fabr. Ferrero au duc de Florence, 1557, mars, Milan (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3107, fol. 108 et sqq. ; orig.).

[133] Guise au duc de Ferrare, 1557, 24 février, Bologne (Arch. de Modène. Fr. di Lorrena, orig.). — Pacifico Arditi au duc de Florence, 1557, 21 février, Parme (Mediceo, 2868 ; orig.).

[134] Guise à O. de Selve, 1557, février, Ferrare (Bibl. nat., ms. fr. 20511, fol. 139 ; minute).

[135] Guise au duc de Ferrare, 1557, 26 février, Forli (Arch. de Modène, Fr. di Lorrena ; orig.).

[136] Le duc d'Urbin à Octave Farnèse, 1557. 28 février, Pesaro (Arch. d'Etat de Parme, Pesaro ; orig.). Le même au cardinal de Gonzague, 1557, 28 février, Pesaro (Arch. de Mantoue, Carteggio del carlo ; orig.).

[137] Le cardinal de Tournon au Roi, 1557, février, Fossombrone (Mém.-Journaux de Guise, pp. 335-338).

[138] Adr. Saraceni à la Balia de Sienne, 1557, 23 janvier, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. alla Balia, CCXXIV, 67 ; orig.). — Cf., sur cette guerre, ouvrages cités de Nores, Duruy et Ancel.

[139] Philippe II au Conseil d'Angleterre, 1556, 1er décembre, Bruxelles, p. p. KERVYN, Relations politiques des Pays-Bas et de l'Angleterre, t. V, p. 52.

[140] Fed. Fantuzzi au cardinal Carafa, 1557, 13 février, Bruxelles (Arch. Vatic., Miscellanea, arm. X, 197, fol. 40 v° ; orig.).

[141] Cronaca di Giambernardo Miolo, p. 209.

[142] Sur ce qui précède et ce qui suit, G. Grandi au duc de Ferrare, 1557, janvier, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.).

[143] D. du Gabre au Roi, 1557. 5 janvier, Venise, p. p. A. VITALIS, Corr. de D. du Gabre, p. 216.

[144] Gianfiglazzi au duc de Florence, 1557, février, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3276 ; orig.). — Navagero au Sénat de Venise, 1557, février, Rome (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Roma, VIII, 130-140 : cop.).

[145] Voyez Registres du Bureau de la Ville de Paris, t. V, pp. 469, 472-473, 479 et passim.

[146] Montmorency à Guise, 1557, 14 février, Paris (Bibl. Nat., Clair., 349, fol. 8 ; orig.).

[147] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 24 mars, Chaalis (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). Le même, 4 avril, La Ferté-Milon (Arch. cit. ; orig.).

[148] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1557, 4-7 avril, La Ferté-Milon (Arch. de Modène, Francia : orig.).