LES ORIGINES POLITIQUES DES GUERRES DE RELIGION

LIVRE IV. — LA TRÊVE DE VAUCELLES

CHAPITRE PREMIER. — LA QUESTION DE SAVOIE.

 

 

La politique italienne de Henri II fut comme entravée par un héritage mal acquis que lui avait légué le règne passé. La question de Savoie était née, sous François Ier, d'une usurpation violente, usurpation dont les profits parurent si considérables qu'on ne voulut pas y renoncer, bien qu'elle gênât d'un poids lourd la diplomatie française.

Les conquêtes de la force ne deviennent stables que si elles écrasent assez l'adversaire pour l'empêcher de revendiquer son droit. Sinon, elles se transforment pour le conquérant en faiblesse dangereuse. L'occupant, par l'usage de la possession, augmente la force des intérêts qui lui interdisent tout recul, tandis que, d'autre part, la victime cherche du secours contre l'injustice. Dans la politique internationale, ce fait crée une impasse. Telle fut la question de Savoie. Sous François Ier et Henri II, les troupes royales occupèrent facilement les territoires subalpins, la domination française s'y implanta avec succès, mais le duc dépouillé ne se soumit jamais, et il trouva, comme protecteur, Charles-Quint[1].

La question de Savoie a été sans doute une des causes principales de l'échec des ambitions françaises en Italie.

On connaît les événements qui s'accomplirent sous le règne de François Ier[2]. Le duc de Savoie, Charles II, prince débonnaire, toujours hésitant devant le parti à prendre dans la grande lutte où l'Empereur et le roi de France le contraignaient d'intervenir, ne sut montrer de la dignité et de la constance politique que lorsque les pires malheurs se furent abattus sur lui.

C'est une histoire navrante que celle des ducs de Savoie pendant la première moitié du XVIe siècle.

Charles II fut privé de ses Etats par suite de rencontres presque inévitables. Le mal vint de ce que les rois de France prétendaient revendiquer des pays qu'aucun rapport immédiat n'unissait à leurs conquêtes antérieures. Ils avaient des droits d'héritiers sur le Milanais, mais le Milanais était séparé du royaume par les territoires considérables de la Savoie et du Piémont et le cours des choses devait aboutir à l'occupation de ces territoires par les troupes françaises. C'est ce qui était arrivé en 1536, à la suite d'une fausse manœuvre diplomatique du malheureux Charles. François Ier fit d'abord de la conquête des pays alpins un moyen d'arriver à celle de la Lombardie, puis lin gage de ses droits sur le Milanais.

Il semble bien que les territoires du duché aient été envahis sans déclaration de guerre préalable et sans qu'un motif sérieux pin justifier l'agression. Il advint ainsi que les Français s'établirent dans un domaine sur lequel ils n'avaient à faire valoir aucune prétention légitime, dont l'occupation ne devait pas être acceptée par la diplomatie européenne et ne pouvait être défendue par d'autre raison que celle de la force.

Il convient d'exposer les suites de cet acte de violence pour permettre de mieux comprendre les faiblesses de la diplomatie royale, et éclaircir l'une des causes les plus importantes de l'échec des guerres d'Italie, sous Henri II.

D'abord François Ier et son successeur s'appliquèrent à défendre leur conquête, devant l'opinion publique, par des arguments de droit.

En janvier 1535, le président Poyet avait revendiqué, au nom du Roi, la moitié des Etats de Charles II, en alléguant divers droits et surtout ceux de la duchesse Louise d'Angoulême, dont le père, Philippe II de Savoie, lors de son mariage avec Marguerite de Bourbon, en 1472, avait stipulé que l'héritage passerait à sa descendance sans distinction de sexe, stipulation qui, d'après les légistes royaux, aurait ruiné les droits des enfants issus de son second mariage avec Claudine de Bretagne. Mais les rois de France, quelque opiniâtreté qu'ils aient mise à soutenir cette thèse au cours des négociations, refusèrent toujours de la laisser porter devant les tribunaux, ainsi que le demandait Charles II[3].

Néanmoins, il est certain qu'ils éprouvèrent des remords. En 1547, à son lit d'agonie, François Ier ayant fait appeler le Dauphin lui déclara qu'il savait ne pas tenir légitimement les Etats du duc de Savoie et lui commanda de trouver un moyen pour décharger sa conscience[4]. Henri II, nous le verrons, au cours de son règne, proposa des solutions, mais trop avantageuses à ses intérêts pour être acceptées de l'autre partie.

Encore duc d'Orléans, l'héritier de la couronne de France, par opposition au gouvernement de son père, avait exprimé l'intention de suivre, lorsqu'il serait roi, une politique plus conciliante à l'égard de l'Empereur et de Charles II, et avait laissé entendre qu'il désirait régler la question de Savoie qu'on savait être la cause principale des discordes entre les Valois et la maison d'Autriche[5]. Mais ce n'était que promesses de Dauphin. Nous devons étudier quelle fut sa conduite, une fois monté sur le trône.

Afin d'expliquer l'importance de la question de Savoie clans la diplomatie européenne et la faiblesse morale qui en résultait pour la cause du roi de France, possesseur des pays alpins, il est nécessaire de s'arrêter brièvement aux infortunes et à la misère du duc Charles II.

Dès le premier choc des armes françaises, en 1536, le duc s'était réfugié à Verceil, avec la duchesse Béatrice de Portugal, proche alliée de Charles-Quint, son fils Emmanuel-Philibert, et quelques fidèles. De cette ville, de Nice, d'Ivrée ou encore d'Asti, quand elles ne furent pas aux mains de l'étranger, il pourvut au gouvernement des maigres territoires qui lui restaient, vivant avec peine des contributions arrachées à son pauvre peuple, qu'opprimaient les Impériaux. Depuis 1536 jusqu'à sa mort, il employa la plus grande part de son activité à se procurer l'argent qui était nécessaire à la simple subsistance de sa famille et de lui-même : Matteo Dandolo comparait son existence à celle d'un mendiant[6].

A l'Empereur et à ses ministres, Charles II ne cessa d'adresser d'innombrables demandes d'argent[7]. En mai 1548, il faisait représenter à Charles-Quint l'extrême nécessité dans laquelle il se trouvait, ayant mangé, vendu et engagé tout le bien qui lui était resté, sans qu'il pût obtenir aucun secours de ses sujets, réduits à une telle misère par les guerres qu'ils émigraient en masse[8]. Un an plus tard, il répondait aux sollicitations de son fils par cette triste remontrance : Faut-il aussy que tu considères et que tu fasseures que ne sçauroys faire d'avantage de ce que mon pouvoir porte, car ainsy comme il est raisonnable que tu soye soubvenu, convyent aussy que j'aye moyen de vyvre, lequel est bien petit. Et si tes debtes sont grandz, comme j'ay veu par le rolle que tu m'as envoyé, par le rolle qu'aussy t'envoye cy encloz tu trouveras que les miens ne sont pas moindres, et si tu es en peine des tiens si suis-je moy des miens aussy[9].

Même la diète germanique ne lui accordait pas sans difficultés l'exemption des redevances dues à l'Empire pour des Etats dont les Français et les Genevois occupaient la majeure partie[10]. Son ambassadeur auprès de Charles-Quint, le comte de Stroppiana, implorait la pitié de l'Empereur et s'efforçait par une vive peinture de lui faire sentir les misères du duc : les dépenses, nécessaires pour maintenir et garder les quelques présides qui lui restaient, supérieures du triple ou du quadruple aux recettes, les excès des garnisons espagnoles dont la subsistance était à la charge du pays, les campagnes devenues désertes par la mort des paysans, les villes réduites à une triste solitude, enfin la pauvreté qui avait contraint le malheureux prince à se priver de tout superflu, à vendre ses vases d'or et d'argent et les joyaux de sa couronne[11]. En février 1551, Charles II avouait ne savoir plus où recourir pour subvenir à son entretènement[12].

 

Le duc s'obstina toujours à mener de front une double négociation, avec l'Empereur et avec le roi de France.

Son attitude à l'égard de Charles-Quint fut heureuse : grâce à elle, la maison de Savoie put recouvrer un jour la fortune qu'elle semblait avoir perdue d'une façon définitive. En effet, Charles II soutenait avec ténacité, malgré les conseils de quelques-uns de ses ministres ou de ses agents, cette proposition à savoir qu'ayant perdu ses Etats au service de l'Empereur, c'était pour celui-ci une dette d'honneur de les lui rendre. Il liait ainsi sa cause à celle de la maison d'Autriche, dont le triomphe ne pouvait être consacré que par la restitution de la Savoie et du Piémont à leur prince légitime. C'était une politique habile, mais de longue patience. De 1536 à 1559, dans toutes les négociations, chaque fois qu'on voulut mettre un terme aux guerres terribles qui ensanglantaient inutilement l'Europe occidentale, l'Empereur dut exiger, comme une satisfaction à sa propre conscience, le règlement des droits de son malheureux allié. Un accord, avait dit Charles-Quint, ne pourrait être signé de sa main que s'il impliquait le rétablissement du duc dans ses Etats usurpés[13]. Les papes eux-mêmes, bien que leurs prétentions aient varié sur ce point suivant l'occasion et l'intérêt, regardèrent le plus souvent comme douteux les titres du Roi à posséder les pays alpins, et en tirèrent un prétexte pour lui refuser d'abord l'indult de collation aux bénéfices[14].

D'autre part, Charles II ne désespéra jamais entièrement d'obtenir, par des supplications, de la bonne volonté du roi de France la restitution de ses Etats[15].

Henri II, dans les premiers mois de son règne, donna sujet au malheureux duc de nourrir quelques illusions. L'influence du connétable de Montmorency, revenu au pouvoir, créait une opinion favorable à des pourparlers pacifiques.

En effet, le 27 mai 1547, François d'Andelot, jeune neveu du connétable, arrivait à la Cour impériale. Il laissa entendre que le Roi serait heureux de négocier un accord sur la question de Savoie. Mais, après les premiers jours, durant lesquels M. d'Arras et le prince de Piémont firent à l'orateur français un accueil empressé, on s'aperçut que ses déclarations étaient vagues et que peut-être sa jeunesse ôtait de l'importance à ses négociations[16].

Ces premières ouvertures ne firent qu'éveiller l'espoir du duc de Savoie et de son fils Emmanuel-Philibert : celui-ci adressa même alors des lettres gracieuses au Roi, aux deux reines Eléonore et Catherine, aux cardinaux de Guise et de Ferrare., à Montmorency et à M. d'Etampes[17].

Aussi fut-ce avec un vif intérêt que Charles II apprit, au milieu de l'année 1547, l'envoi à la Cour impériale d'une ambassade française extraordinaire, chargée de proposer une solution au différend entre le Roi et le duc. On ne peut douter que cette ambassade, comme la mission de d'Andelot, n'ait été décidée sous l'inspiration de connétable de Montmorency. En effet, les envoyés étaient Charles de Cossé-Brissac, son parent, et Charles de Marillac, homme de sa faction[18]. Les Impériaux virent dans cette démarche importante le signe d'un changement de la politique française. En réalité, c'était la première tentative de Henri II pour décharger sa politique de la question de Savoie par un accord qui lui eût donné tous les bénéfices.

Pour faciliter l'entrée en négociation, on répandit le bruit que les ambassadeurs apportaient des propositions décisives. L'affaire s'engagea, au mois d'août 1547, sous des auspices favorables[19]. Il semblait qu'un mariage résoudrait aisément les difficultés.

Depuis plusieurs années, l'Empereur pensait à un accord fondé sur l'union de Marguerite de Valois, duchesse de Berry, fille de François Ier, avec Philippe, prince d'Espagne[20]. De son père mourant, Henri II avait reçu charge d'établir Marguerite et de lui servir de père[21]. La princesse elle-même désirait fort se marier et montrait précisément une inclination, qui alla se confirmant, pour le prince de Piémont, Emmanuel-Philibert[22]. Quoi qu'il en fût de ses propres sentiments, Marguerite était destinée, depuis longtemps, à devenir le moyen d'une réconciliation entre la maison de Savoie et la maison de France[23].

Le 6 août 1547, à la Cour de Charles-Quint, le prince de Piémont recevait des lettres de Brissac, qui lui annonçaient son arrivée et lui faisaient part de la bonne volonté du Roi[24]. Quelques jours plus tard, l'entourage de l'Empereur apprit que l'ambassadeur français devait proposer le mariage d'Emmanuel-Philibert, héritier de Charles II, avec la fille du roi de Navarre, Jeanne d'Albret, à la condition que celle-ci ne recevrait pas de dot et céderait à la couronne ses droits sur l'héritage de son père, en échange de la restitution du Piémont et de la Savoie, qui serait faite au duc[25]. Cette nouvelle, arrivée par l'intermédiaire de François d'Este, devait disposer favorablement les esprits.

Il semble que les conseillers du prince de Piémont aient fondé de grandes espérances sur la venue prochaine de Brissac. Les sieurs de Lullin et de Costa faisaient part à Charles II de leur confiance, vous suppliant, lui écrivaient-ils, de vostre cousté tâcher aussi de vivre le plus alègrement que possible sera, encoures que voz affères ne l'ayent permys jusques cy, espérant que maintenant Dieu les remettra en sorte que, avecques juste cause, vous pourrés deslaisser tant de regrets et fâcheryes[26].

Des lettres courtoises furent envoyées tardivement à la Cour de Henri II par le prince de Piémont pour exprimer ses condoléances de la mort de François P', survenue cinq mois auparavant[27]. D'ailleurs, ces pratiques se faisaient avec l'approbation de Charles-Quint.

Puis les nouvelles devinrent plus précises : on sut que la négociation porterait sur le mariage de Marguerite, sœur du Roi, dotée du Milanais. Le parti de la fille du roi de Navarre ne devait être proposé qu'au cas d'insuccès du premier projet[28]. Un obstacle pouvait, il est vrai, s'opposer au mariage de Marguerite de Valois : Henri II offrait comme dot de sa sœur les droits de la couronne de France sur le Milanais, — droits contestés sur un pays que possédait l'Empereur[29].

Mais cette difficulté n'empêcha pas que les avances du Roi ne fussent très bien accueillies. D'Andelot adressait au prince de Piémont des lettres d'exhortation, l'assurant qu'il congnoistroit la bone voulunté qu'il luy avoit dict que le Roy avoit envers luy, par les partis que Brissac aportoit pour le mariage entre luy et la seur du Roy, et il lui conseillait de ne point donner foy à ceulx qui lui pourroyent persuader le contraire, attendu que s'il ne Facceptoit pendant que les chouses estoyent bien dispousées, en aultre temps la chouse pourroit entre à jamais irréparable, qu'il considérant la grandeur du Roi qui est mal aisé à fourcer[30].

Charles-Quint et Granvelle menaient la négociation au nom du duc de Savoie, qui manifestait lui-même une grande impatience d'obtenir un résultat[31]. De Verceil, où Charles II s'était retiré après l'occupation française, il demandait avec instance qu'on le tînt au courant de ce qui se traitait, ayant ferme espoir, écrivait-il, que à ce coup Sa Majesté mettra fin à ceste longue pérégrination nostre et qu'elle ne permectra que soyons plus avant travailliéz[32].

Mais il apparut peu à peu que le roi de France était moins empressé qu'on ne l'avait cru d'abord. Parmi des propositions assez flottantes, on comprit un moment qu'il offrait de marier au prince Emmanuel-Philibert Marguerite de Valois sans dot et à la condition que, lors de la restitution (les Etats de Savoie, la France retiendrait Bourg-en-Bresse, Montmélian, Turin et Pignerol, c'est-à-dire les portes alpines de l'Italie. Enfin, après beaucoup de paroles, les députés français confessèrent que le Roi ne voulait pas rendre le Piémont[33]. Cette chanson eshayst fort la compagnie à cause du change survenu aux premiers propoz[34].

Dès le 16 septembre 1547, Charles II, un peu désabusé, s'en remet à l'Empereur et lui fait connaître que sans Sa Majesté l'on ne veult rien fère et qu'en elle l'on a mys toute sa confiance, à celle fin qu'elle ait occasion de persévérer en la voulunté qu'il luy a pieu continuellement pourter au père et au filz[35]. Quelques jours après, le 2G, Charles écrivant à Henri II, le remerciait des propositions qu'avait faites Brissac pour le mariage de Marguerite avec Emmanuel-Philibert, et souhaitait que le Roi voulût bien se montrer plus généreux quant à la restitution[36].

Brissac quitta la Cour impériale, le 19 septembre 150, sans avoir rien accordé. Sa mission réelle consistait seulement à tâter le terrain diplomatique[37]. Il ressort des instructions qui lui avaient été remises que le Roi désirait attirer le prince de Piémont à sa Cour par la promesse d'un brillant mariage et d'une récompense : de cette manière, la question de Savoie n'aurait plus été liée à la cause des Impériaux. Mais les démarches faites par l'envoyé français restèrent vaines. Ces seigneurs, écrivait-il, ne trouvèrent bon ny que le prince vinst en France ny qu'on parlast de le marier sans la restitution du Piedmont, disans en l'ung que ce ne seroit que l'esgrir davantage, si d'adventure il n'obtenoyt d'estre remis en ces Estatz, en l'aultre qu'il n'y avoyt homme de ceulx qui l'ayment qui le conseillast d'en prendre récompense pour de souverain devenir à estre vassal[38].

 

Lorsque Henri II passa en Piémont, au mois d'août 1548, le duc de Savoie, après avoir pris l'avis de Ferrante Gonzague, lieutenant de Charles-Quint en Milanais, envoya à Turin le sieur de Bressieu, qui devait visiter le Roi et le supplier d'avoir pitié de son maître, veu l'aage et les malladies[39]. En outre, le sieur de Bressieu était porteur de trois lettres, adressées 'l'une au connétable de Montmorency, l'autre à François de Lorraine, duc d'Aumale, enfin la troisième au duc de Nemours, membre de la maison de Savoie au service de la France[40].

Dans sa lettre à Montmenrency, Charles II priait le puissant ministre, à titre d'allié de sa famille, d'intervenir auprès de Henri II pour hâter la restitution de ses Etats[41]. Quant à M. de Nemours, le duc déclarait le considérer comme son second fils[42].

D'autre part, le duc de Ferrare, Hercule II, à l'occasion du voyage qu'il faisait à Turin, où il venait négocier le mariage de sa fille, Anne d'Este, avec le fils aîné de la maison de Lorraine, s'offrit lui aussi à défendre les intérêts de Charles II auprès du roi de France[43].

Le résultat de ces démarches laissa peu d'espoir au prince infortuné. Le duc de Nemours ayant intercédé en faveur de son oncle, Henri II répondit qu'il avait pitié de celui-ci, mais qu'il ne pouvait accueillir le projet d'une restitution, à cause des grandes dépenses faites en Piémont, depuis longtemps, ajoutant, d'ailleurs, qu'il avait peu de confiance en la fidélité future du duc de Savoie, bien qu'il eût protesté de son dévouement[44]. L'intervention d'Hercule d'Este, duc de Ferrare, ne procura pas de meilleur résultat : le Roi lui déclara nettement qu'il voulait garder le Piémont comme partie intégrale de son royaume[45]. Quant à François de Lorraine, il écrivit au prince de Piémont qu'il était disposé à plaider la cause de son père dans la mesure où le permettraient l'honnesteté et la raison[46].

Bien que Charles-Quint eût manifesté quelque mauvaise humeur de la venue de Henri II en Piémont[47] et que son lieutenant, Ferrante Gonzague, se fût empressé de renforcer les garnisons frontières[48], l'Empereur cependant ne désapprouva pas la mission du sieur de Bressieu à Turin[49]. Aussi bien, le duc déclarait ne vouloir faire aulcune chose sinon par son bon plaisir et commandement, ayant tout son espoir en Dieu et en Sa Majesté, sçaichant que ce que le Roy fera sera comme contrainct et non par amitié[50].

Ainsi les tentatives de Charles II avaient échoué d'une manière lamentable. Lorsque les Impériaux et les serviteurs du duc de Savoie apprirent la révolte de la gabelle, survenue à Bordeaux, pendant l'été de 1548, ils y virent le doigt de Dieu et s'en réjouirent comme de chouses miraculeuses[51].

Seul, le duc de Ferrare, en la fin de l'année 1548 et au début de 1549, poursuivit, comme intermédiaire, les négociations d'un accord entre le Roi et Charles-Quint, au sujet des Etats de Savoie. Mais Henri II se lassa d'être sollicité et il mit un ternie aux démarches d'Hercule d'Este par une lettre de style roide : Nous avons à la fin entendu la responce que l'Empereur a voullu faire à vostre ambassadeur, qui est telle et si froidde que l'on la jugera tousjours faicte d'ung homme qui à la goutte, non seullement au corps, mais en l'esprit. A vous dire la vérité, je n'en ay jamais pensé ne attendu de luy aultre chose, saichant bien qu'il ne me chanteroit toujours qu'une mesrne chanson sur le faict de restitution de ce que je tiens, pour s'acquitter de ses promesses à mes despens. Et de mon cousté je me suis persuadé et résolu de n'en faire ryens[52].

 

A défaut d'habileté, Charles II était doué d'une singulière constance. La résistance du Roi aux supplications, résistance qui était franche et semblait invincible, aurait découragé un prince moins tenace : au contraire, le duc de Savoie ne perdit jamais l'espoir d'obtenir la restitution bénévole de ses Etats.

Au printemps de 1550, le maréchal de La Marck et Jacques de Savoie-Nemours[53] furent chargés par Henri II d'une mission extraordinaire à Rome, afin d'y saluer le nouveau pape Jules III[54]. A Turin, vers le 15 avril, ils rencontrèrent un maître d'hôtel de Charles II qui les pria de passer par Verceil[55]. Le duc de Nemours s'y rendit. Par des plaintes et des larmes, le malheureux prince lui montra le désir qu'il avait de rentrer en grâce auprès du Roi. A Rome même, les agents piémontais Frossasco et Malopera visitèrent les deux ambassadeurs français. Enfin, passant par le Piémont, à leur retour, Nemours et La Marck offrirent leurs services au duc. Celui-ci s'empressa d'exposer ses demandes de restitution : le maréchal répondit sans hésiter qu'en ce qui concernait les Etats occupés, Charles II ne pouvait espérer qu'une compensation de ce qu'il avait perdu. Le fond de la politique française t montrait nettement : garder ce qui était acquis et apaiser les revendications par l'offre d'un compromis qui eût entraîné la vassalité du duc[56].

Quelques jours après le départ de Nemours, le 20 septembre 1550, Charles II adressait à Montmorency une lettre touchante où il dépeignait sa triste infortune. Me voyant présentement constitué en vieillesse, écrivait-il, accompagné de continuelles maladies, ne pouvant croire que le Roy Très Chrestien me veuille laisser plus longtemps en ceste perplexité, pour l'affinité qui est de vous à moy[57], pour l'amour et bonne volonté que vous avez tousjours monstré me porter... il m'a semblé à propos vous prier me donner ceste consolation de me rendre le mien[58]. En même temps, le duc se disposait à dépêcher un gentilhomme en France, pour obtenir une réponse précise de Montmorency. Averti, Ferrante Gonzague fit représenter au malheureux prince qu'à multiplier ainsi les démarches humiliantes, il perdait toute dignité et donnait aux ministres du Roi l'idée que sa confiance dans l'aide de l'Empereur était diminuée[59].

Charles II et son fils Emmanuel-Philibert, en apprenant l'élection du pape Jules III, avaient espéré que le nouveau pontife, par devoir et par inclination, favoriserait les intérêts de la maison de Savoie[60]. De fait, Jules III et le frère du duc de Ferrare, le cardinal Hippolyte d'Este, s'employèrent dans le même temps à fléchir Henri II. Mais celui-ci répondit sans varier que sa volonté était de conserver ce qu'il tenait par la force des armes, et qu'il ne consentirait à entrer en négociation directe et sérieuse avec le duc de Savoie que lorsque ce dernier aurait rompu avec les Impériaux et se serait établi loin de leur ingérence[61]. Pour améliorer ces dispositions, le cardinal de Ferrare conseilla à Charles II d'envoyer un agent auprès du connétable, malgré les observations de don Ferrante. En effet, le secrétaire Richard arrivait bientôt à la cour de France, chargé de gagner Montmorency et, à son défaut, les Guises, auxquels le recommanda Hippolyte d'Este[62].

En la reine douairière, veuve de François Ier, Eléonore d'Autriche, intervint auprès de Henri II, de Catherine de Médicis et de Diane de Poitiers, pour remettre en négociation le mariage de Marguerite de Valois avec Emmanuel-Philibert[63].

Charles II était alors très abattu et inclinait à se détacher de l'Empereur. Les sujets qu'il gardait péniblement grâce à l'intervention des Espagnols, au lieu de lui vouer une affection qui l'eût consolé dans sa misère, appelaient la domination française, plus douce et plus régulière[64]. Enfin l'exemple de la maison ducale de Mantoue était propre à ébranler la fidélité de Charles envers l'Empereur : Henri II avait restitué bénévolement aux Gonzague les terres et places du Montferrat[65]. Le secrétaire Michaud, en ranimant le courage de son maître, poussait celui-ci dans la voie d'un accord amiable avec le roi de France. Touttefois, Monseigneur, écrivait-il, ne fault y pas laisser de semer du milliet pour craincte des oyseaulx : je vueil dire que estant desjà passéz quinze ans que Votre Excellence se trouve privée de ses Estaz, la recouvrance desquelz elle ne veoit si facile ny brefve par voye de guerre que l'on a beaucoup experé... qui verroit que par voye d'amityé et trecté du mariage de Madame Marguerite, duquel se presche tant en France qu'on ne peult penser aultrement que les Françoys ne le désirent, l'on puisse parvenir à chose tant désirée, je chercheroys par tous les moyens du monde, fust avecques le commandement de l'Empereur ou sans, de sentir la voulenté résoulue des Françoys et n'atendroys que, apprès que chacun auroit fait ses affèrez, se feissent les myens, et quant bien la dicte restitution ne se puisse fère sans la rétention d'une place ou deux jusques à ce que mon dict seigneur le Prince heust enffantz[66]. Ces conseils méritent l'attention parce qu'il montrent les doutes et les velléités contradictoires, qui tourmentaient alors le malheureux chef de la monarchie de Savoie.

Cependant, le connétable de Montmorency, à qui s'adressaient principalement les sollicitations du duc, les écoutait sans y prendre intérêt. En février 1551, il répondit même à l'envoyé de Charles II que c'était grand abus de penser que le Roi voulût rendre à la légère des pays que son père lui avait laissés en paisible héritage, d'autant plus qu'il y avait employé de grandes dépenses en forteresses et améliorations de tous genres ; il ajouta que bien osé serait celui qui voudrait conseiller à Henri II une telle folie. Personne, parmi les ambassadeurs que le duc de Savoie envoya à la Cour de France, ne put jamais obtenir autre chose que des déclarations sans portée précise[67].

Vainement le maréchal comte René de Challant, fait prisonnier par les Français à Verceil, en 1553, employa-t-il le temps de sa captivité à négocier, par l'intermédiaire de Brissac, une réconciliation de Charles II avec le Roi[68]. Au cours de cette même année, les troupes françaises occupèrent les dernières possessions subalpines de la maison de Savoie, Ivrée, Biella et Volpiano[69]. A ce moment, Henri II envoya Bassompierre en Allemagne, mais les victoires françaises ne permettaient guère d'espérer qu'il fit des propositions acceptables à l'Empereur[70]. Lorsque les Anglais voulurent s'interposer pour la paix, le Très Chrétien répondit qu'il entendait revendiquer tous les pays objets de litige, c'est-à-dire Milan, Asti, Naples, la Sicile, l'Aragon, les Flandres, l'Artois et le Tournaisis ; de plus, il demandait que la Navarre fût restituée à Henri d'Albret et exigeait qu'on satisfit aux réclamations de ses alliés ou protégés, à Parme et à Sienne[71].

Charles II mourut à Verceil, dans la nuit du 17 au 18 août 1553, assisté seulement de son fidèle barbier, Catelano Ciborne[72]. Ses dernières années avaient été très douloureuses : accablé d'angoisses morales et de souffrances physiques, frappé d'apoplexie dès les premiers jours d'octobre 1550, contrecarré par le lieutenant impérial, Ferrante Gonzague, qui était l'ennemi de sa maison[73], il était devenu mélancolique et irritable[74].

A son fils unique, Emmanuel-Philibert, prince de Piémont, il laissait pour héritage trente-cinq écus qui furent trouvés dans sa caisse : les joyaux et les objets précieux avaient été volés par des serviteurs au moment de sa mort. De ses anciens Etats, il ne lui restait phis alors qu'Aoste, Nice, Cuneo, Fossano et Verceil, cette dernière ville siège d'une larve de gouvernement[75].

A sa mort, Charles II laissait en seul enfant, Emmanuel-Philibert, dont les biens et les droits, au cas de sa disparition, fussent échus au duc de Savoie-Nemours, serviteur de la couronne de France[76].

Au terme de cette histoire lamentable de Charles II de Savoie, avant de retracer la fortune de son fils, il importe de rechercher les mobiles et les desseins de la politique française dans la question de Savoie. En droit, la cause des conquérants ne pouvait être soutenue sérieusement : Henri II et ses ministres le savaient, et François Ier, l'auteur premier de l'injustice, avait cru devoir en décharger sa conscience avant de mourir. En fait, les ambitions italiennes de la cour de France, le succès obtenu par la domination royale en Piémont, et surtout l'utilité et les profits évidents de cette conquête empêchaient qu'il ne fût traité sincèrement d'une restitution. Gênée d'un côté par la faiblesse morale de sa position, décidée d'autre part à ne rien abandonner de ses acquêts, la politique royale chercha une solution et, une fois celle-ci trouvée, voulut la faire admettre par Charles II et par son protecteur, l'Empereur. Cette solution consistait à donner au duc de Savoie ou à son héritier une compensation territoriale, une sorte d'apanage, à l'intérieur du royaume, à la condition que le Piémont fût laissé définitivement au Roi. Ceci explique la bienveillance relative avec laquelle Henri II accueillit parfois les démarches du duc dépouillé : il espérait, par un accord fructueux, décharger sa politique du poids moral qui l'embarrassait. A ce dessein servait le projet, sans cesse renouvelé, du mariage de Marguerite de France avec Emmanuel-Philibert[77].

Aussi ne faut-il pas se tromper sur le sens des manifestations diplomatiques. Le traité du Cateau-Cambrésis ne put être signé plus tard que parce que Henri II abandonna subitement cette idée de la compensation.

Dans la poursuite de ses desseins, la diplomatie royale rencontra deux obstacles, que des victoires répétées et soutenues pouvaient seules détruire. D'abord le fait de la compensation impliquait celui de la vassalité du duc à l'égard du Roi : or, la maison de Savoie était souveraine et ne voulait déchoir à aucun prix. D'autre part, Charles-Quint ne pouvait admettre l'abandon définitif du Piémont à la France, et, sous couleur de protection diplomatique ou militaire, l'Empereur s'efforça toujours d'empêcher que le duc ne passât à la solde du Roi[78].

 

Le 18 août 1553, dans la cathédrale de Saint-Eusèbe à Verceil, quelques fidèles prêtèrent serment à Emmanuel-Philibert, duc de Savoie[79].

Un an plus tard, le 15 juillet 1554, à Bruxelles, Charles-Quint donnait au nouveau duc l'investiture solennelle des Etats de Savoie et de Piémont[80].

Emmanuel-Philibert fut, parmi les princes du XVIe siècle, un homme remarquable. Né à Chambéry, le 8 juillet 1528, il était fils de Blanche de Portugal et de Charles II. Après avoir suivi, pendant quelques années, la triste Cour de son père, le 27 mai 1545, âgé de dix-sept ans, il quittait Verceil pour se rendre auprès de l'Empereur. Charles-Quint, qui était alors à Worms, l'accueillit avec une grande bienveillance et lui prodigua les marques d'intérêt et d'affection[81]. Il voulut l'avoir à ses côtés à tout instant et lui assigna une provision de six mille écus d'or à prendre sur les rentes de l'Etat de Milan. Le jeune prince reçut même la Toison d'or et, disent quelques historiens, le titre d'Altesse. Mais les bienfaits de l'Empereur se bornèrent là.

Alors commença pour Emmanuel-Philibert une vie de dures humiliations, dont il devait conserver le souvenir et qui contribua à former son caractère énergique. Il sut, dès le début et pendant tout son séjour auprès de Charles-Quint, se montrer prince brillant et soldat de valeur : ces qualités lui valurent l'attachement des ministres et des courtisans. Mais les frais, auxquels il devait subvenir, dans cette Cour où continuellement avaient lieu des tournois, des noces fastueuses, des festins, des arrivées de princes, étaient bien supérieurs aux six mille écus, payés irrégulièrement, que lui avait assignés son protecteur. Le duc Charles ne lui envoyait guère que de bons conseils, et les habitants des quelques villes du Piémont, restées sous la domination de son père, pouvaient lui fournir seulement des cautions de ses emprunts. Jusqu'au traité du Cateau-Cambrésis, il dut se livrer aux manœuvres les plus pénibles pour se procurer de l'argent, auprès des banquiers défiants[82].

Dès son arrivée à la Cour de Charles-Quint, il fut obligé d'emprunter huit cents écus afin de pouvoir suivre l'Empereur de Worms à Bruxelles, et, de ce jour, il accumula d'innombrables dettes qui entravèrent souvent même sa vie militaire. Ses lettres, ainsi que celles où les contemporains mentionnent l'existence du prince en Allemagne et dans les Pays-Bas, sont pleines du récit de ses déboires pécuniaires[83]. Il écrivait à son père qu'il était obligé de manger ses chevaux et accoutremens, et, quand il trouvât quelque crédit, il engageroit son âme propre[84]. En 1549, il fut contraint, pour sa pauvreté, de renvoyer les jeunes pages que le roi des Romains, le roi de Pologne et d'autres princes avaient mis à son école. Je me vois en tenue de recepvoir une grande honte, écrivait-il alors au duc Charles[85]. Il se plaignait d'être sans cesse poursuivi par la grant cryrie de ses créanciers. Le père et le fils, victimes d'une même misère, s'adressaient mutuellement des lettres désespérées. Je vous supplie en toute humilité, écrivait Emmanuel-Philibert en 1551, me vouloir secourir et aider, et encoures que vos affères ne puissent bien permettre, un effort peut me gecter hors de la misère où moy et les miens sommes continuellement. Car d'attendre aide de l'Empereur, il n'y faut fère fondement[86]. Et encore : Monseigneur, Dieu sçait quel desplaisir il m'est que le refraing de mes lettres doibve tousjours estre de matière d'argent[87]. Grevé de dettes, obligé de lutter contre les ambitions adverses des courtisans de l'Empereur et pourvu de moyens très réduits, Emmanuel-Philibert entreprit de se sauver d'une situation qui semblait désespérée.

Il ne s'était guère attardé, comme son père, aux supplications humiliantes que le roi de France n'écoutait pas. Encore que le service, qu'il rendait fidèlement à Charles-Quint, parût lui offrir d'abord peu de ressources, il s'attacha à ce moyen de salut, que lui avait suggéré son père. Poussé à bout par la politique de Henri II victorieux, il devait poursuivre avec une énergie haineuse le recouvrement de sa couronne, en mettant ses talents militaires au service de la maison d'Autriche. Après avoir reconnu que tout était vain, sauf la force, il résolut d'attendre, en combattant vaillamment, que le sort lui offrît une occasion favorable.

Déjà le 27 décembre 1547, âgé seulement de vingt ans, Emmanuel-Philibert écrivait au roi de Portugal, son oncle, une lettre où se manifeste l'extraordinaire ressort de son caractère : Dès que je commençai à ouvrir les yeux pour juger les choses du monde, je vis le misérable état de mon seigneur et père. Son Excellence a ressenti toutes les douleurs qui peuvent accabler non pas un prince mais un simple mortel. J'ai été contraint de l'abandonner et de me rendre à la Cour de Sa Majesté impériale, afin que par mon service et de louables actions je pusse presser celle-ci de délivrer mon dit seigneur et père de tant de peines... En attendant ce jour heureux, je n'ai pas trouvé cette aide qui convenait à prince tel que moi, et j'ai souffert des désagréments contraires à la qualité de ma maison, avec tant d'amertume que si je n'avais eu le cœur aussi gaillard que je l'ai apporté des entrailles de ma mère, ce m'eût été insupportable[88].

Fort de sa devise : Spoliatis arma supersunt[89], il devait reconquérir sa couronne. C'était un petit homme, bien pris, de complexion sanguine, au caractère colérique et sombre, d'allure hautaine, parlant peu. Il avait de la culture, savait l'italien, l'espagnol, le français et le latin, goûtait la peinture et la sculpture. On lui reprochait des excès d'amour, de chasse et de jeu. Courageux et énergique, il frappait surtout par la finesse et la sagacité de son esprit. Il était surnommé Tête de fer[90].

 

Homme de guerre supérieur, Emmanuel-Philibert donna aux armées de Charles-Quint d'abord, puis surtout à celles de Philippe II des victoires que, sans lui, elles n'auraient jamais remportées. Lorsque, après beaucoup d'hésitations et même de défiances, défiances qui s'accrurent sous le règne de son successeur, l'Empereur eut résolu de confier au jeune duc de Savoie le sort de ses armées, la fortune avait abandonné depuis longtemps les généraux espagnols.

Emmanuel-Philibert prit part à la campagne qui termina l'année 1551, comme capitaine général de la gendarmerie espagnole[91]. A la suite de cette campagne, Charles-Quint lui laissa espérer le haut commandement des forces impériales en Italie et la charge de gouverneur de Lombardie, qui furent données en définitive à l'incapable duc d'Albe[92]. Le prince retourna clone combattre en Flandre. Il y acquit l'affection de ses soldais, et, après la chute de Thérouanne, ses compagnons, craignant que le commandement d'une armée ne fût trop lourd pour la pauvreté du jeune général, voulurent lui abandonner un mois de leur solde[93].

Ce fut à Hesdin qu'il apprit, en 41353, la mort de son père. Cette nouvelle lui fut communiquée par Charles-Quint et par la reine Marie de Hongrie, qui l'accompagnèrent des meilleures promesses. L'Empereur lui fit dire qu'il serait pour lui un second père[94].

Un peu plus tard, de nouvelles négociations furent engagées entre le foi et Charles-Quint. On remit en question le mariage du jeune duc. soit avec Marguerite de Valois, soit avec Christine de Danemark, duchesse douairière de Lorraine, soit même avec Lucrèce d'Este[95]. Mais les prétentions de Henri II, rendu intraitable par plusieurs années de victoires et de conquêtes, ruinèrent toutes les tentatives pacifiques. La guerre continua sans merci[96].

Emmanuel-Philibert n'avait pas visité ses sujets depuis la mort du duc Charles II. Au début de l'année 1555, ses fidèles lui firent savoir que s'il tardait plus longtemps à venir en Piémont, ce serait la fin de la monarchie de Savoie. Lui-même, dès le mois de novembre 1554, avait exprimé le désir de se rendre dans ses Etats[97]. Mais ce ne fut qu'en mai 1555 qu'ayant obtenu la permission de Charles-Quint, il put exécuter son projet.

Vêtu des humbles habits d'un clerc son familier, il partit de la Cour impériale. Dans cette misérable tenue, il se présenta pour la première fois à son peuple. Arrivé en mai à Milan, où il conféra avec le duc d'Albe, il se rendit ensuite à Verceil. Il semble qu'à ce moment l'évêque d'Aoste, Gazino, ait tenté de négocier encore une réconciliation entre le duc et le roi de France.

Le 17 juillet, Emmanuel-Philibert quittait de nouveau Milan pour retourner en Flandre, où il était instamment rappelé. Il laissait en Piémont, à la tête de ses affaires, le ministre Langosco, qu'il avait chargé principalement d'intervenir auprès du lieutenant impérial afin qu'il refrénât les excès des troupes espagnoles[98].

Le 3 août 1555, le duc de Savoie arrivait à Bruxelles, triste et découragé. Désormais il mettait tout son espoir clans l'affection de l'Empereur, le seul parent qui estimât justement son énergie et son intelligence[99].

Mais Charles-Quint allait bientôt descendre du trône. Il se décida à nommer Emmanuel-Philibert gouverneur et capitaine général des Flandres, avec une provision de quarante mille écus l'an. Comme général des armées espagnoles, c'était en réalité pour sa propre cause que le duc de Savoie se disposait à diriger la guerre contre la France[100]. Pourtant, il ne put entrer en campagne que deux ans plus tard.

Sur le point d'abdiquer, l'Empereur voulut donner à ses peuples un temps de répit. Emmanuel-Philibert a noté, dans son diaire, à la date du 25 octobre 1555, ces simples mots où transparaît une émotion contenue : Sa Majesté a résigné à son fils ces pays cy. Il y a eu beaucoup de larmes[101]. Bientôt après, fut signée la trêve de Vaucelles, douloureuse épreuve pour le duc de Savoie.

 

La question de Savoie n'appartient pas à la politique propre de Henri II. Née sous le règne passé, elle persiste seulement, avivée par les nouvelles guerres. Les glorieuses conquêtes de Brissac en Piémont ne sont que la suite d'une entreprise commencée dès 1536. On ne peut donc s'y arrêter beaucoup ici, sinon pour constater la résistance naturelle de Henri II aux sollicitations du duc dépouillé : il entendait conserver intact l'héritage que lui avait légué son père.

Mais, bien qu'elle ne soit pas essentielle au développement de la politique italienne de ce règne, la question de Savoie pèse lourdement sur toutes les négociations engagées avec l'Empereur et se présente comme l'obstacle principal aux tentatives de paix générale[102].

 

 

 



[1] On lit dans les Instructions de Charles-Quint à son fils, 1548, 18 janvier : Ce que les Français redoutent le plus, s'il faut en croire le bruit public, c'est l'obligation de restituer au duc de Savoie tout ce qu'ils lui ont pris en deçà et au delà des monts. Pour ma part, chaque fois qu'il s'est agi de resserrer les liens de l'amitié avec le feu roi de France et son successeur, je n'ai jamais manqué d'insister sur cette restitution... Tout accommodement parait donc presque impossible... Espérant que Dieu pourra fournir les moyens de remédier à la conduite impie et cruelle que le père et le fils n'ont cessé de tenir à l'égard de leur oncle et de leur cousin. (Papiers de Granvelle, t. III, pp. 298-300). Le fond de la politique de Charles-Quint envers les ducs de Savoie est exposé dans ces Instructions.

[2] Sur la conquête du Piémont et les campagnes de 1536-1537, voyez V.-L. BOURBILLY, Guillaume du Bellay, pp. 229-257.

[3] Philippe II, duc de Savoie, mort en 1497, épousa :

1. Marguerite de Bourbon, en 1472, qui lui donna deux enfants : Louise, épouse de Charles de Valois-Angoulême, mère de François Ier, roi de France ; Philibert II, duc de Savoie : mort en 1504.

2. Claudine de Bretagne, en 1485, dont il eut trois enfants : Charles II, duc de Savoie, Philiberte et Philippe, chef des Savoie-Nemours.

On trouvera un exposé de la thèse juridique du roi de France ap. GUILLAUME PARADIN, Chronique de Savoye (Lyon, 1552, in-4°). chap. XII-XIII. — Emmanuel-Philibert, successeur de Charles II, écrivait, le 15 août  : Comme il soit que ayant tant inhumainement le feu Roy François de France, contre tout droit et raison, déchassé de ses pays feu le duc Charles, sans autre plus grand fondement que pour s'en vouloir accomoder en ses allaires et pour avoir commodité par iceux pays pour ses emprinses, et que nonobstant toutes les diligences faictes par nostre d. feu seigneur et père à tous côtés et par tous moyens convenables, l'on ne soit jamais peu parvenir à ce qu'il en voulût faire la restitution, quoique l'on luy aye faict offre... luy répondre du droit devant tous juges compétens sur ce que, pour colorer ce faict, il disoit y prétendre, ce que jamais 1 on n'a peu obtenir de luy... (Arch. d'Etat de Turin, Storia della reale casa, mazzo 10, catega 3a). — En 1535, Poyet, venu à Turin de la part du Roi, revendiqua la Bresse comme héritage de Louise de Savoie, Nice, le Faucigny et la suzeraineté du Piémont comme héritage des comtes de Provence, enfin Asti et Verceil, du chef de la maison d'Orléans. Voyez EUG. BURNIER, Histoire du Sénat de Savoie, t. I (Paris, 1864, in-8°), p. 108.

[4] Ce fait, qui a été mis en doute, parait confirmé par de nombreux témoignages. Saint-Mauris à l'Empereur, 1547, 20 avril : L'on a sceu de personneige de respect que le seigr Roy dit, en apert, à Monseigr le Dauphin qu'il regarda de faire raison à Monseigr de Savoye, et que il sçavoit que le Piedmont lui avoit esté prins pour parvenir à l'estat de Milan, avec propoz que l'on luy avoit tenuz du commencement que l'on le luy rendroit, après que l'on auroit conquis led. Milan. Mesmes déclara que quand à Savoye et Bresse, que n'y avoit raison luy détenir, et que, à ceste cause, il en deschargeoit sa conscience envers Dieu et en enchargeoit la sienne par espécial quant à lad. Savoye et Bresse, et que du Piedmont, il trouveroit bon et le ordonnoit ainsi que l'on en traicta avec ledit sr de Savoye, tumbant son propoz en ceste conclusion qu'il mouroit avec ceste volunté que raison se feist au d. s, de Savoye, fût par récompense ou autrement, et qu'il prion led. Daulphin faire de rechief hien consulter, pour l'acquit de leurs consciences, s'ilz avoyent droit aud. Piedmont pour le regard de Prouvence et s'il estoit bien fondé quant à la, querelle de sa grand'mère, a cause que led. s, de Savoye allèguoit avoir quittance du dot d'elle, mais que surtout il feist la raison aud. sr de Savoye tant du principal que des fruits escheuz lois. (Revue historique, t. V, p. 101). — Cf. Aimone di Ginevra, sieur de Lullin, à Charles II, 1547, 29 juin, Thuringen (Arch. d'Etat de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo I : orig.) ; Alvise Mocenigo au doge de Venise, 1547, 18 juin, Halle (Venetianische Depeschen vom Kaiserhofe, t. II, p. 288). — Dans la proclamation qu'Emmanuel-Philibert de Savoie adressa à ses sujets, le 15 août 1557, après la bataille de Saint-Quentin, il déclara : Au temps qu'il [François Ier] étoit en son extrême et se reconnoissant et son tort en cecy, entre autres admonitions qu'il fit au Roy moderne de France, son fils, il lui enchargea bien expressément de faire la restitution desd. pays que tant injustement il occupoit. (Arch. de Turin, Storia della reale casa, mazzo 10, categ. 3a).

[5] Alvise Mocenigo au doge de Venise, 1547, 18 juin, Halle, publ. ap. Venetianische Depeschen vom Kaiserhofe, t. II, p. 288.

[6] 1547. ALBERI, Relazioni degli ambasciatori reneti, serie 1a, t. II, p. 162.

[7] Fr. Rebuffi à Charles II, 1547, 1er septembre, Augsburg : J'ay faict scavoir la grosse poyne et difficulté... pour la grande pauvreté en quoy sont reduytz vos pauvres subgectz, joinct le grant travail en quoy soy trouve V. Exce... Néanlmoings, quant l'on n'y peult fète aultre, summes contrainctz faindre de soy contenter des bonnes parolles et espoirs que les ministres de S. M nous donnent journellement, sans trop les importuner. (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo I ; orig.). Cf. du même, lettre du 23 novembre 1547 (Ibidem).

[8] Arch. d'Etat de Turin, Lettere della Corte, Emanuele-Filiberto, 1548-1550, p. 115.

[9] Cité p. L. VACCARONE, Emanuele-Filiberto, principe di Piemonte, alla corte cesarea di Carlo V (Miscellanea di storia italiana, serie 3a, t. V, p. 293, n. 5).

[10] Emmanuel-Philibert, prince de Piémont, au duc de Savoie, 1551, 10 février (Arch. de Turin, Lettere di Emanuele-Filiberto, mazzo I ; orig.). — Voyez aussi A. TALLONE, Bolletino storico bibliografico subalpine, p. 167.

[11] Supplique du comte de Stroppiana à l'Empereur, 1551, 8 février (Arch. de Turin, Materie d'Impero, Contributiones imperiales. mazzo I).

[12] Charles II à Emmanuel-Philibert, 1551, 36 février : Et fault que tu t'asseures que ne pense autre sinon à trouver quelque moyen de te secourir en la nécessité où je sçay que tu es. Mais, à te dire le vray, je ne sçay plus où me recourir, non seullement pour le secours qu'il me convient le fère, mais encores pour mon entretènement. (Arch. de Turin, Lettere della Corte, mazzo I ; minute).

[13] G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, p, 184-186. — Il est remarquable que, dans toutes les conférences de paix et jusque dans les moindres négociations engagées entre le Roi et l'Empereur, la question de Savoie s'offrit au premier plan comme un casus belli perpétuel. Les documents diplomatiques de cette époque témoignent tous de l'importance de ce différend. On peut dire que ce fut, pour les diplomates de Henri II et de Charles-Quint, une véritable obsession. Nous n'avons à nous occuper ici que des faits qui intéressent directement la France. Pour les difficultés que provoqua la question de Savoie parmi les cantons suisses, voyez E. ROTT, Histoire de la représentation diplomatique de la France auprès des cantons suisses, t. I, pp. 455 et sqq.

[14] Pour l'historique de la question des indults, sous Henri II, voyez surtout R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 1, pp. LVI et sqq. — Quant à l'acceptation de la conquête du Piémont et de la Savoie par le Roi, l'attitude des papes varia. Paul III se montra hostile. Diego de Mendoza à Charles-Quint, 1547, 3 mai, Rome, ap. DÖLLINGER, Beiträqe zur Geschichte der sechs letzten Jahrhunderte, t. I. Cf. Contarini, ap. ALBERI, Relazioni..., serie 4a, t. IV, p. 62. Le refus du pape n'empêcha pas le Roi de pourvoir aux bénéfices des pays conquis, voire par la violence. Le cardinal Saint-George et l'évêque d'Imola au cardinal Farnèse, 1547, 14 août, Compiègne (Arch. Vatic., Nunziat. Francia, 1 A, fol. 334 v° ; orig.). Jules III concéda à Henri II l'indult de Savoie par une bulle du 16 mars 1553. Voici deux extraits de lettres qui montrent le sens politique de cette faveur. Lanssac au Roi, 1553, 22 juillet, Rome : Le pape... me dist que cy devant le vieil duc de Savoye l'avoit poursuivy d'accorder en sa personne la confirmation des privilleiges de ses predécesseurs, lesquels il vous a dernièrement octroyez, mais que jamais il ne l'a voulu faire et a respondu que le Sainct Siège Apostolique ne recongnoist que ceux qui possèdent ; et que à présent led. duc de Savoye le presse le plus fort du monde de luy confirmer lesd. privilèges pour le païs qu'il tient seullement, ce qu'il m'a promys de ne faire jamais. pour faire congnoistre à tout le inonde que il veult favorizer vos droictz en tout ce qui luy est possible. (SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, pp. 431-132). Le cardinal du Bellay au Roi, 1554, 24 janvier, Rome : Nostre Sainct Père... me ramena bien au logis, commençant par les vieilles querelles de Piedmont et Savoye et à ce qu'il avoit, pour l'honneur de vous, fermé les yeulx aux doubtes qui (en tant que touche voz indultz) se seroient peu présenter suz la validité de vostre tiltre en ces pays là lequel par les anciens titulaires vous est desnyé... (Bibl. Nat., ms. fr. 20447, fol. 99 ; orig.).

[15] M. A. Segre a insisté sur ce point dans son étude, Carlo duca di Savoia e le sue discordie con Ferrante Gonzaga (Arch. storico lombardo, serie 3a, t. XIII, pp. 357 et sqq).

[16] L'évêque d'Imola au cardinal Farnèse, 1547, 9 mai, Saint-Germain (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. II, fol. 327 v°). — Verallo au cardinal Farnèse, 1547, 1er juin, Wittemberg (W. FRIEDENSBURG, Nuntiaturberichte aus Deutschland, t. X, p. 11). Alvise Mocenigo au doge de Venise, 1547, 14 juin, Halle (Venetianische Depeschen vom Kaiserhofe, t. II, pp. 270 et 284).

[17] Aimone di Ginevra, sieur de Lullin, à Charles II, 1547, 29 juin, Thuringen (Arch. d'Etat de Turin, Lettere ministri, Vienne, mazzo I ; orig.). La lettre d'Emmanuel-Philibert au Roi a été publiée p. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, p. 35 (1547, 22 juin, Halle). — Il est, cependant, notable qu'à cette même époque, Henri II répond aux conseils pacifiques des représentants du pape par cette déclaration (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 1 A, fol. 324).

[18] Homo di fattione dil contestabile. Stroppiana à Charles II, 1547, 2 août (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo II ; orig.).

[19] Instruction à M. de Brissac de ce qu'il aura à faire entendre à l'Empereur de la part du Roy, 1517, juillet (Bibl. Nat., ms. fr. 20449, fol. 59-60). — Cf. CH. MARCHAND, Charles de Cossé-Brissac, pp. 54 et suivantes, et P. DE VAISSIÈRE, Charles de Marillac, pp. 70-71.

[20] Stroppiana au duc de Savoie, 1546, 6 juillet (Arch. d'État de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo Il ; orig.).

[21] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 31 mars, Rambouillet (Arch. d'État de Modène, Francia ; orig.). — Fr. Giustiniani au doge de Venise, 1547, 1er avril, Paris, rapporte ces paroles de François Ier mourant à son fils (Arch. d'État de Venise, Dispacci, Franza, reg. 3 ; orig.).

[22] G.-B. Ricasoli au duc de Florence, 1547, 6 juillet, Paris (Arch. d'État de Florence, Mediceo, 4592 (1), fol. 113 ; orig.).

[23] Marguerite avait été déjà promise, quelques années auparavant, à Louis de Savoie, prince de Piémont, fils aîné du duc, mort en 1535. Voyez A. SEGRE, Appunti sul ducale di Carlo II (Rendiconti dell' Accad. dei Lincei, Sc. mor. stor., serie 5a, t. IX, p. 134). — Marguerite était plus âgée que tous les princes qu'on lui destina successivement. Voyez, à ce sujet, les considérations de Charles-Quint ap. Papiers de Granvelle, t. III, pp. 3-12.

[24] Costa della Trinità au duc de Savoie, 1547, 6 août, Augsburg (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo III ; orig.).

[25] Stroppiana au duc de Savoie, 1547, 20 août (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo II ; orig. chif.). Cf. le secrétaire Michaud au même, même date, Augusta (Arch. cit., mazzo I ; orig.).

[26] Les sieurs de Lullin et de Costa au duc de Savoie, 1547, 24 août, Augusta (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo I ; orig.).

[27] Lettres supra citées.

[28] Le secrétaire Michaud au duc de Savoie, 1547. 24 août, Augusta (Arch. d'Etat de Turin, Lettere ministri Vienna, mazzo I orig. chif.). — Prospero di Santa-Croce au cardinal del Monte, 1532, 17 octobre, Reims (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 35 ; orig.).

[29] Lettres supra citées.

[30] Le secrétaire Richard au duc de Savoie, 1547, 24 août, Augsburg (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo III : orig. chif.).

[31] Le secrétaire Richard, à propos de la lettre de d'Andelot : M. le prince [de Piémont] feist venir tous ceulx de son Conseil, es quelz les communiqua pour avoir leurs advys, qui fust tel que, suyvant la seule confiance et espoir que, après Dieu, V. E. et lui aviés et debvies avoir a l'Empereur, duquel dépend vostre bien et restitution, et l'intension qu'axés tous deux de non rien l'aire en ce ny aultre chose que par son sceu et commandement, qu'il deust aller promptement la présenter à l'Empereur, avecques les propos que dessus... (Ibidem).

[32] Charles II de Savoie à Montfalcon et à Richard, 1547, 7 septembre, Verceil (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo III : minute). — Charles-Quint au duc de Savoie, 1547, 11 septembre, Augsburg, p. p. DRÜFFEL, Briefe und Akten, t. I, p. 70.

[33] Stroppiana au duc de Savoie, 1347, 31 août (Arch. d'Elat de Turin, Lettere Vienna, mazzo II ; orig. chif.).

[34] Mémoire du secrétaire Richard, 1547, septembre (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo I ; orig.).

[35] Charles III au prince Emmanuel-Philibert. 16 septembre, Verceil (Arch. de Turin, Lettere della Corte, mazzo I ; minute).

[36] Charles II au roi de France, 1547, 26 septembre, Verceil (Arch. d'Etat de Modène, Francia : copie insérée dans une lettre d'Alvarotti, à la date).

[37] Non essendo venuto qui per altro che per dire parole, come s'è scoperto alla fine. (W. FRIEDENSBURG, Nuntiaturberichte aus Deutschland, t. X, p. 119). Voyez aussi la relation de Contarini ap. ALBERI, Relazioni... serie 1a, t. IV, p. 67), et sur les instructions qu'avaient reçues les ambassadeurs, CH. MARCHAND, Charles de Cossé-Brissac, pp. 86 et 564. On lit, dans ces instructions, à propos du Piémont : Le Roy n'a pas délibération d'en laisser jamais ung seul poulce de terre, mais despendre bout ce que Dieu a mys en sa puissance pour le deffendre et conserver jusques au bout.

[38] Le cardinal Saint-Georges et l'évêque d'Imola au cardinal Farnèse, 1547, 29 juillet, Reims (Arch. Vat., Nunz. Francia, 1 A, fol. 330 orig.). J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 7 octobre, Melun (Arch. de Modène, Francia orig.).

[39] Instructions au sr de Bressieu, 1548, 12-14 août, Verceil (Arch. de Turin, Lettere ministri, Francia, mazzo 1 ; minute). — Huit ans auparavant, le sr de Bressieu avait rempli déjà une mission pareille auprès de François Ier. Hier. Dandino au cardinal Farnèse, 1540, 31 décembre, Melun (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 693 ; orig.).

[40] Instructions supra citées.

[41] Instructions supra citées.

[42] Instructions supra citées.

[43] Charles II à Emmanuel-Philibert, 1548, 9 septembre, Verceil (Arch. d'Etat de Turin, Lettere della Corte, mazzo I ; minute).

[44] Lettre citée.

[45] L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1549, 28 février. Poissy (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascia 751 ; fasc. C ; orig.).

[46] François de Lorraine au prince de Piémont, s. d. [1548, septembre]. (Arch. de Turin, Lettere principi, Lorena, mazzo I ; orig.).

[47] Le secrétaire Richard à Charles II, 1548, 19 septembre, Bruxelles : ... [L'ambassadeur du Roy] avait despesché pour advertir son maistre que l'on trouvait maulvais icy avait passé en Piémont, et il luy avoit respondu ce qu'il en debvoit dire à l'Empereur et que ce n'estait que pour visiter ses forteresses et, pour y estre passé en l'esquipaige qu'il a faict, n'y avait aulcune occasion de craincte... (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo III ; orig. chif.).

[48] Emmanuel-Philibert à Charles II, 1548, 2 septembre, Spire : Quant à la venue du roy de France en Piémont, j'ay esté bien ayse de la bonne provision que le sr Don Ferrando avoyt faict aux lieux de préside et de l'ordre donné en la val d'Aouste ; aussi a esté l'Empereur et ses ministres. Reste que puisqu'il [le Roy] s'en retourne, ayant failly à ses dessaings, que telles charges cesseront. (Arch. de Turin, Lettere di Emanuele-Filiberto, mazzo 1 ; orig.).

[49] Les sieurs de Lullin et de Costa à Charles II, 1548, 4 septembre, Spire (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo I ; orig.).

[50] Charles II à Emmanuel-Philibert, 1548, 9 septembre, Verceil (Arch. d'Etat de Turin, Lettere della Corte, mazzo I ; minute).

[51] Le secrétaire Richard à Charles II, 1548, 19 septembre, Bruxelles : Ce sont chouses miraculeuses par lesquelles appert manifestement que Dieu tend la main aux atfères de Sa Majesté [l'Empereur] et vostres. (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo III ; orig. chif.). — Charles de Marillac, dans une lettre à Montmorency, datée du 13 octobre 1548, exprime le sens exact des négociations de la diplomatie française : par les traités le Roi n'est tenu à aucune restitution, en rigueur de droit il n'est obligé à rien vis-à-vis du duc de Savoie, mais seulement dans le cas où ce prince voudrait se soubzmettre la bonté et grâce du Roy, le dict seigneur est si gracieux et humain qu'il le traicteroyt en bon parent. (Bibl. Nat., ms. fr. 3098, fol. 30-31 : orig.). Cf. P. DE VAISSIÈRE, Charles de Marillac, p. 90. — Voyez aussi ED. ROTT, La représentation diplomatique de la France auprès des cantons suisses, t. I, p. 462.

[52] Henri II au duc de Ferrare, 1549, 31 mars, Chantilly (Arch. d'État de Modène, Enrico II ; orig.).

[53] Il était fils de Philippe de Savoie, comte de Genevois et duc de Nemours, frère de Charles II.

[54] Jacques de Savoie-Nemours à Henri II, 1550. 18 avril, Turin (Bibl. Nat., ms. fr. 20452, fol. 129 : orig. autog.).

[55] Robert de La Mark à Montmorency, 1550. 18 avril. Turin, publiée p. G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, p. 267.

[56] Charles II à Emmanuel-Philibert et au comte de Stroppiana, 1550, 15 août, Verceil (Arch. d'Etat de Turin, Lettere della Corte 1536-1550 ; copies du temps). — Voyez surtout A. SEGRE, Carlo duca di Savoia e le sue discordie con Ferrante Gonzaga (Arch. storico lombardo, serie 3a, t. XIII, p. 359).

[57] Anne de Montmorency avait épousé Madeleine de Savoie, fille de René le Bâtard, frère naturel de Charles II.

[58] Publ. p. G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, p. 284.

[59] Ferrante de Gonzague à Charles II, 1550, 16 novembre, Milan (Arch. de Turin, Lettere principi, Mantova, mazzo I ; orig.).

[60] Emmanuel-Philibert au cardinal Madruzzo, 1550, 27 février. Bruxelles (Arch. d'Etat d'Innsbruck, Corrispondanza, Madruzziana, I, fascio 4550, fol. 84-85 : orig.). — Cf. A. GALANTE, Archivio storico italiano, serie 5a, t. XLVI, p. 349.

[61] Malopera à Charles II, 1550, novembre-1551, janvier, Rome (Arch. de Turin, Lettere ministri, Roma, mazzo II ; orig.).

[62] Malopera, 1551, février-mai, Rome (Arch. cit. ; orig.).

[63] Lettre non signée adressée à Charles II : ... J'ay aussi entendu comme la Reyne dame Eléonor avoit donné charge à ung gentilhomme parler au Roy, à la Reyne et à la duchesse de Valentinoy du mariage de Marguerite de France avecques Mons. le Prince vostre filz, lesquelz en ont parlé à Madame Marguerite. (Arch. d'Etat de Turin, Lettere della Corte, mazzo I, février 1551 : orig.).

[64] Pandolfini au duc de Florence, 1551, 10 décembre, Innsbruck (Arch. d'Etat de Florence, Strozziane, 81, fol. 37 ; col). orig.).

[65] Henri II au cardinal de Mantoue, 1549, 27 juin, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, Carteg. Francia : trad. ital. orig.).

[66] Le secrétaire Michaud à Charles II, 1551, 10 février, Augusta (Arch. de Turin. Lettere ministri, Vienna, mazzo I ; orig.). — Il semble que parfois le duc ait accepté, en fait, l'occupation française. Charles II à Brissac, 1551, 30 avril, Verceil (Bibl. Nat., ms. fr. 20449, fol. 137 orig.).

[67] Le secrétaire Richard à Charles II, 1551, 17 février (Arch. d'Etat de Turin, Lettere ministri, Francia, mazzo I ; orig. ehif.).

[68] Le colonel de Lisle à Charles II, 1552, novembre (Arch. de Turin, Lettere ministri, Francia, mazzo I ; orig. chif.). Cf. la correspondance de Malopera, 1550-1551, Rome (Arch. cit., Roma ; orig.). — Sur les diverses tentatives qui furent faites en 1551 et 1552 pour reprendre les négociations, voyez surtout A. SEGRE, Giacomo Provana di Leyni (estr. du Giornale Ligustico), pp. 44-47, et V. PROMIS, Cento lettere concernenti la storia del Piemonte (Miscellanea di storia italiana, t. IX, p. 537). — A. SEGRE, La questiona sabauda e gli avvenimenti che prepararono la tregua di Vaucelles (Accad. di Torino, serie 2a, t. LV, pp. 400 et sqq.).

[69] A. SEGRE, La questiona sabauda e gli avvenimenti che prepararono la tregua di Vaucelles (Accad. di Torino, serie 2a, t. LV, pp. 400 et sqq.).

[70] A. SEGRE, La questiona sabauda e gli avvenimenti che prepararono la tregua di Vaucelles (Accad. di Torino, serie 2a, t. LV, pp. 400 et sqq.).

[71] VERTOT, Ambassades de MM. de Noailles en Angleterre, t. II, pp. 9 et sqq. — Le projet d'un mariage d'Emmanuel-Philibert avec Marguerite demeure toujours en discussion. Antonio Maria di Savoia, sr de Collegno, à Charles II, 1553. 25 mars, Bruxelles (Arch. de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo II : orig.). Il en est de nouveau question en 1554 : voyez A. SEGRE, op. cit., p. 415. Sur les prétentions de Henri II à cette époque, cf. G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, pp. 477-479.

[72] Fr. Ferrero au duc de Florence, 1553, 18 août, Villanova d'Asti (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3505, fol. 510 v° ; orig.). An. Litolfi au duc de Mantoue, 1553, 18 août, San Michele (Arch. d'Etat de Mantoue, Savoia : orig.). — Ces deux sources indiquent nettement la date du 18 août, et non celle du 17, qui est acceptée communément, pour la mort de Charles II.

[73] Ferrante de Gonzague à Emmanuel-Philibert, 1550, 4 octobre, Milan (Arch. de Turin, Lettere principi, Mantova, mazzo I ; orig.).

[74] Outre les sources supra citées, voyez Calendars of State Papers, reign of Mary, p. 36.

[75] Loc. supr. cit., et A. SEGRE, L'opera di Andrea Provana di Leyni nello stato sabaudo (Mem. Accad. dei Lincei. serie 5a, t. VI, p. 9).

[76] Peut-être cette considération avait-elle fait naître quelque espoir à la cour de France. Voyez D. CARUTTI, Storia della diplomazia della Corte di Savoia, t. I (1875), p. 310.

[77] Ce projet de compensation était ancien. Dès 1546, François Ier avait tenté d'amener Charles-Quint à un accord, suivant lequel le duc de Savoie eût reçu le royaume de Chypre. Voyez A. SEGRE, Appunti di storia sabauda, Rendiconti dell'Accad. dei Lincei, serie 5a, t. XII, p. 209. Mais il semble que le projet d'une compensation en France ait été une idée propre au gouvernement de Henri II. — D'autre part, Ferrante de Gonzague avait conseillé à l'Empereur d'occuper entièrement le Piémont et de donner une compensation au duc dans les Pays-Bas. Voyez PROMIS, Lettere di illustri italiani, Miscellanea di storia italiana, t. XI, p. 375 ; E. RICOTTI, Lettere del Granvella, Miscell. di stor. ital., t. XIX, pp. 494-455. Cf. ALBERI, Relazioni degli ambascialori veneti, serie 1a, t. II, p. 371.

[78] Les agents diplomatiques de l'Empereur avaient reçu l'ordre d'écarter toute discussion sur ce sujet. Voyez FRIEDLER, Relationen venetianischer Botschafter über Deutschland und Œsterreich im sechzehnten lahrhundert (Fontes rerum austriacarum, t. XXX, p. 56), et W. FRIEDENSBURG, Nuntiaturberichte aus Deutschland, t. VIII, p. 622.

[79] Emmanuel-Philibert au sieur de Chastellard, 1553, 19 novembre. Bruxelles (Arch. d'Etat de Turin, Lettere di Emanuele Filiberto, mazzo I ; orig.). — Cf. G. CLABETTA, La successione d'Emanuele Filiberto al trono sabaudo, p. 17.

[80] L'acte a été publié par S. Guichenon, aux preuves de l'Histoire généalogique de la royale maison de Savoye.

[81] L. VACCARONE, Emanuele Filiberto, principe di Piemonte, alla corte cesarea di Carlo V (Miscellan. di storia ital., 3a serie, t. V, pp. 277 et sqq.).

[82] Loc. supr. cit., et A. TALLONE, Bolletino storico bibliografico subalpino, t. VII, pp. 150 et sqq.

[83] A ce sujet, les plus curieux documents sont les innombrables lettres adressées par Francesco Rebuffi, trésorier du prince de Piémont, à Charles II, du 23 mars 1545 au 12 juin 1551 (Arch. d'Etat de Turin, Lettere ministri, Vienna, mazzo I ; orig.).

[84] Miscellanea di storia italiana, 3a serie, t. V, p. 277.

[85] Emmanuel-Philibert à Charles II, 1549, 23 avril (Arch. de Turin, Lettere di Emanuele-Filiberto, mazzo 11 ; orig.).

[86] Emmanuel-Philibert, 1551, 11 janvier (Arch. cit., Lettere di Emanucle-Filiberto, mazzo 1 ; orig.).

[87] De Metz, le 15 décembre 1552, Emmanuel-Philibert écrivait à son père : ... Je vous supplie en toute humilité me vouloir estre en raide que tant m'est requise, puysque d'aultre cousté je ne l'attends. Vostre Excellence peult comprendre à quoy sont mes altérez, me tenant certain qu'elle usera envers moy acte de père à me secourir. — Cf. lettres de janvier-février 1551 (Arch. cit. ; orig.). Voyez aussi Miscellanea di storia patria, t. XVII, pp, 178-179).

[88] Arch. d'Etat de Turin, Reg. lettere del principe di Piemonte, t. II, fol. 1 ; copie contemporaine.

[89] Hémistiche de Juvénal, sat. VIII, vers 120, attribué par Brantôme (Œuvres, t. II, p. 143) à Virgile.

[90] GACHARD, Relations des ambassadeurs vénitiens sur Charles-Quint et Philippe II, pp. 87-88.

[91] Ferrante de Gonzague à Charles II, 1551, 19 décembre, Casal (Arch. de Turin, Lettere principi, Mantova, mazzo I ; orig.). — Fr. Vinta au duc de Florence, 1552, 6 mai, Milan (Arch. d Etat de Florence, Mediceo, 3103, fol. 137-138 ; orig.).

[92] Cette affaire dura pendant les années 1553-1554-1555. Voyez A. SEGRE, Il richiamo di Don Ferrante Gonzaga dal governo di Milano e sue consequenze (Acad. di Torino, serie 2a, t. LIV, pp. 185 et sqq.). Le comte de Collegno au duc de Ferrare, 1553, 1er mars, Bruxelles (Arch. d'Etat de Modène, Germania ; orig.). Papiers d'Etat de Granvelle, t. IV, pp. 339 et 351.

[93] Sources supra cit.

[94] La nouvelle arriva à Bruxelles, le 28 ou le 29 août 1553, par une lettre de Ferrante de Gonzague. Charles-Quint la fit communiquer à Emmanuel-Philibert par le sieur d'Ibermont. Voyez Venetianische Depeschen vom Kaiserhofe, t. II, p. 628. — Le 31 août, de Renty, le nouveau duc adressa une proclamation à ses sujets : Si bien en mon dict seigneur vous avez perdu ung prince qui vous aymoit et désireoit vostre repos, en nous vous en aurez recouvert ung qui ne vous portera moindre voulenté, seullement que vous persévérez en l'affection qu'avez tousjours démonstré devers luy et nous. (Arch. d'Etat de Turin, Lettere della Corte, à la date). — E. RICOTTI, Lettere del Granvella al duca Emanuele-Filiberto (Miscell. di storia italiana, t. XIX, pp. 490 et sqq.). — Sur les difficultés de la succession de Charles II, voyez A. SEGRE, L'opera di Andrea Provana di Leyni (Mem. Accad. Lincei, serie 5a, t. VII, pp. 10-15).

[95] Emmanuel-Philibert avait continué les bonnes relations de son père avec les Este. F. Babbi au duc de Florence, 1552, 29 septembre, Ferrare (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, orig.).

[96] A. SEGRE, La questione sabauda e gli awenimenti che prepararono la tregua di Vaucelles (Acc. di Torino, serie 2a, t. LV, p. 418). — Une question préoccupa vivement Emmanuel-Philibert à cette époque. Parmi les territoires encore soumis au duc, se trouvait le val d'Aoste. En 1542, les habitants du val d'Aoste, voyant que Charles II ne pouvait les secourir, avaient engagé des négociations avec le roi de France pour obtenir le bénéfice de la neutralité. Ces négociations avaient abouti à la conclusion d'une trêve. Voyez Monumenta historiæ patriæ, Comitiorum I, 1099 et sqq. Lorsque la guerre recommença en Piémont, en 1591, les habitants du val d'Aoste rouvrirent les pratiques avec Henri II et un nouvel accord fut signé, en janvier 1552. Dans cet accord, il fut stipulé que la ratification du Roi et celle du duc devaient être obtenues dans le terme de deux années. En 1594, inquiets, les habitants demandèrent au Roi, par l'intermédiaire du parlement de Chambéry, la prolongation de la trêve. Henri II posa des conditions qui ne furent pas acceptées et le val d'Aoste se vit menacé. Alors Emmanuel-Philibert envoya sur les lieux Andrea Provana di Leyni, qui parvint, grâce à des efforts de tact et d'énergie, à organiser la défense de cette région. Voyez BÉRARD, Traités de neutralité conclus entre Henri II, roi de France, et les Etats du duché d'Aoste (Soc. ami. du duché d'Aoste, 186), et A. SEGRE, L'opera di Andrea Provana di Leyni, p. 29.

[97] G. CLARETTA, La successione di Emanuele-Filiberto, pp. 79 et sqq.

[98] Op. cit., pp. 101-102, et A. TALLONE, Bolletino storico subalpine, 1900, p. 184.

[99] L. CABRERA DI CORDOBA, Istoria de Felape II, rei de España (Madrid, 1619), p. 30.

[100] Sources supra cit.

[101] L. ROMIER, Les guerres de Henri II et le traité du Cateau-Cambrésis : Diarii d'Emmanuel-Philibert (Mél. d'arch. et d'histoire, t. XXX. p. 25).

[102] Adam Centurione au duc de Florence, 1555, 19 juin, Gênes (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2835 ; orig.).