LES ORIGINES POLITIQUES DES GUERRES DE RELIGION

LIVRE TROISIÈME. — L'ENTREPRISE DE TOSCANE

CHAPITRE III. — PIERO STROZZI ET LES BANNIS FLORENTINS À SIENNE.

 

 

Au retour de la mission qu'il avait accomplie en Italie, au mois d'avril 1553, Piero Strozzi avait obtenu de Henri II la promesse que, dans le cas d'une guerre avec le duc de Florence, il serait investi du commandement des troupes royales à Sienne. Personne mieux que le chef des bannis florentins ne pourrait, au dire de ses amis, diriger les hostilités contre Cosme de Médicis : sa connaissance du terrain et des passions locales o lirait des garanties de succès qu'on ne trouverait en aucun autre général[1].

La réalisation de cette promesse fut retardée par les intrigues politiques et diplomatiques, qui s'enchevêtrèrent au cours de l'année 1553, par la difficulté de trouver un prétexte pour envoyer Strozzi à Sienne sans offenser le cardinal de Ferrare, et surtout par la maladie grave qui frappa Montmorency, au début de l'automne.

Vers le 15 octobre, Henri II, qui n'avait cessé de montrer au connétable un amour incroyable, déclara publiquement son intention de nommer Piero Strozzi lieutenant général en Italie. Cette nouvelle produisit une émotion de joie parmi les fuorusciti qui se trouvaient à la Cour, et aussitôt l'espérance de grandes victoires emporta les imaginations. Les médecins annonçaient, en même temps, la guérison prochaine de Montmorency[2]. C'en était fini du crédit d'Hippolyte d'Este.

Les bannis florentins obtenaient satisfaction, après toute une année d'efforts passionnés. A l'automne, ils pensèrent avoir écarté les obstacles qui arrêtaient la guerre en Toscane. Les tentatives pacifiques du pape échouaient : les fuorusciti avaient procuré facilement ce résultat en accusant Jules III de vouloir s'emparer lui-même de l'Etat de Sienne, accusation que rendaient vraisemblable les appétits de la famiglia del Monte. Contre le duc de Florence, Strozzi et ses partisans avaient attisé la haine de Henri II : Cosme ayant dit quelques paroles imprudentes, lors d'un voyage de l'évêque de Lodève en Toscane, on en tira qu'il voulait s'égaler au Roi, et celui-ci brûla du désir de rabaisser un tel orgueil. Même les bannis ne doutèrent point qu'ils réussiraient un jour à brouiller Charles-Quint et le duc de Florence, afin de mieux vaincre ce dernier[3].

Le 29 octobre 1553, à Villers-Cotterêts, Piero Strozzi reçut les lettres de provision le créant lieutenant général du Roi en Toscane, avec mission de soulager autant que possible le cardinal de Ferrare du poids des affaires : c'était une disgrâce à peine déguisée du gouverneur de Sienne. Strozzi gardait toutes ses charges et pensions antérieures et y ajoutait les gages de son nouvel office, que le Roi avait fixés à douze mille livres, de sorte que le chef des fuorusciti allait à Sienne, pourvu d'une pension annuelle d'environ trente-six mille livres[4].

Aussitôt, on donna ordre à tous les Italiens, qui se trouvaient à la cour de France, de se disposer à suivre Strozzi en Toscane. Les fuorusciti napolitains eux-mêmes prirent la résolution de partir avec lui[5]. Henri et son entourage étaient joyeux, comme si l'espoir d'une guerre prochaine dédommageait cette cour de soldats des longueurs diplomatiques qui l'avaient embarrassée pendant toute une année. L'ambassadeur de Sienne, Claudio Tolomei, vantait à ses compatriotes la valeur de Piero. Quant à celui-ci, il déclarait épouser les intérêts de la République avec le cœur d'un Siennois[6].

Il est bien difficile d'expliquer raisonnablement la conduite de Montmorency, en cette circonstance. Sa haine contre les Guises et le cardinal de Ferrare, exaltée par le dépit qu'il avait ressenti de la folle expédition de Corse, le poussait à l'opposite de ses propres intentions. Ces intentions touchant les affaires d'Italie, à cette époque même, nous les connaissons précisément. Dans le Conseil du Roi Très Chrétien, écrit le nonce, d'aucuns proposent de porter la guerre en Italie, arguant que tout ce que fait l'Empereur de ce côté-ci est pour détourner Sa Majesté de la Péninsule, et ils ajoutent que si le Roi commence de bonne heure la guerre en Italie, il l'écartera de Sa propre maison. Le connétable s'y refuse : son avis est qu'on doit se contenter des apparences de la guerre, sans l'effet, car il lui semble inopportun d'engager des entreprises, alors que l'Empereur est si proche et si puissant[7]. L'envoi du chef des bannis florentins comme général à Sienne était, certes, le moyen le moins propre à favoriser une politique prudente en Italie.

Aussi bien, personne autre que Montmorency ne se trompa sur l'avenir. On regarda généralement la nomination de Piero Strozzi comme un défi à Cosme de Médicis. On espère que le seigneur Pierre estant arrivé, se fera un beau carnage, écrit alors le cardinal de Lorraine[8]. Piero Strozzi s'apprête à secouer le duc de Florence, annonce un agent des Farnèse[9]. Le duc est très ennuyé de la venue de cet homme à Sienne : c'est un soufflet pour lui, constate le cardinal de Saint-Clément[10]. Hippolyte d'Este, à peine informé de cette nouvelle par une vague rumeur, s'inquiète et dépêche à son frère un courrier pour obtenir des renseignements précis[11]. A Rome, la nation florentine ne cache pas sa joie et se moque de Cosme qui maintenant, dit-on, veut rouvrir les négociations de paix, sous l'influence de la peur[12]. Dans toute l'Italie, l'agitation est grande. Un espion du Médicis, Bastiano de Linale, offre à son maitre de tuer Strozzi[13]. En France, les robins mêmes subissent l'excitation générale, et l'on voit le grave secrétaire Beauregard, d'ordinaire si discret, railler de loin la prétendue jactance de Cosme : Le duc parle comme le greffier de Lorris, écrit Duthier, car il ne craint point la venue du sieur Pierre Strozzy au Siennois, pour avoir suffisamment proveu à toutes choses requises et nécessaires pour la conservation de son Estat ; mais pourtant il confesse qu'il le craint[14].

D'ailleurs, Henri II préparait ouvertement les hostilités. La fureur des fuorusciti contre le tyran de Florence, que ranimait l'espoir d'une fortune glorieuse offert soudain, gagnait le Roi lui-même. Il n'avait plus de raison financière qui gênât ses mouvements. La nomination de Strozzi avait fait s'ouvrir les banques florentines, et la pénurie du Trésor se changeait en richesse par les offres des marchands fuorusciti, qui proposaient au gouvernement de payer les frais d'une guerre contre Florence[15]. La reine Catherine de Médicis demandait à son mari l'autorisation d'engager ses domaines d'Auvergne pour soutenir l'entreprise du chef des bannis, qui allait reconquérir la Patrie esclave[16]. Le Roi, écrivait Claudio Tolomei, peut obtenir autant d'argent qu'il voudra, et vraiment ce royaume étonne par sa richesse et par son obéissance[17].

Au surplus, l'envoi de Strozzi à Sienne marquait une rupture officielle. Une clause du traité signé jadis par le duc de Florence et par les représentants de la République interdisait à celle-ci de recevoir ou de favoriser les rebelles et ennemis de Cosme. Nommer le magnifique Piero lieutenant militaire en Toscane, c'était déchirer les capitulations[18].

Si l'on considère tous ces faits, il paraît impossible que Montmorency lui-même ait gardé l'illusion d'un avenir pacifique. Il faut donc admettre la pleine responsabilité du connétable. Quant au secret de sa conduite, un agent l'expliquait ait pape étonné : l'envoi de Strozzi à Sienne fut décidé pour empêcher que le duc de Guise n'y allât et n'ajoutât au lustre de ses victoires récentes en Lorraine la gloire d'un triomphe italien[19].

 

Piero Strozzi prit congé de la Cour, le 1er novembre 1553 ; il partait, accompagné de son plus jeune frère, Lorenzo, évêque de Béziers, et de deux autres membres de sa famille, Flaminio Orsini et Cornelio Fiescho. Il s'embarqua au port de Marseille et prit le commandement d'une flotte de quarante galères, sur lesquelles se trouvaient, destinées à la Corse et à l'Italie, quinze enseignes de Gascons vétérans.

Après avoir donné la chasse aux navires génois d'André Doria et s'être arrêté quelques heures en Corse, Piero arriva dans les eaux de Toscane. Le 16 décembre, il débarquait un moment à Porto-Ercole, sur le littoral du Siennois, puis il repartit pour Civita-Vecchia, où il arriva dans la nuit du 17. Le lendemain, il dîna à Cerveteri, au château de Paolo Giordano Orsini, et le soir même fit son entrée à Rome, en compagnie de huit personnes. Son frère, le banquier Roberto Strozzi, était venu à sa rencontre, avec cinquante cavaliers[20].

La venue de Piero souleva, parmi les Florentins de Rome, un enthousiasme qui montre quelle réserve de passion se trouvait en ces marchands, lesquels, sous une vie d'ordinaire commune et placide, gardaient des haines tenaces et le souvenir ardent du passé de leur patrie. Au palais Strozzi de la via dei Banchi, où était descendu le chef des fuorusciti, on vit, pendant les journées des 19 et 20 décembre, un concours infini de la nation florentine et de tout le peuple de Rome, comme pour visiter le Messie[21]. Selon le témoignage des spectateurs, il parait que Piero fut adoré comme un dieu. Les Florentins de Rome lui offrirent alors une médaille portant cette devise, touchante allusion à l'esclavage de leur cité natale : O quam dulcis exempto libertas ![22]

Strozzi fut reçu en audience du pape, le 22 et le 23 décembre[23]. Le reste de son temps se passa en conférences avec l'ambassadeur Lanssac. Celui-ci, averti par une lettre du Roi, datée du 6 novembre, de la nomination de Piero comme lieutenant à Sienne[24], avait ressenti quelques inquiétudes sur la guerre certaine que ce choix provoquerait en Toscane. Mais le chef des fuorusciti sut, au cours de son bref séjour à Rome, apaiser les craintes de chacun, et en particulier celles du pape Jules III. Lanssac, suivant les instructions qu'il avait reçues de Montmorency, mit le nouveau venu au courant des affaires, et bientôt les deux hommes conclurent si bonne entente que jamais serviteurs du Roy ne furent en Italye avec plus d'affection et de concordance[25]. L'ambassadeur, non sans illusion, vantait cet accord : Le seigneur Pierre Strozzy, écrivait-il, feyt fort bien de venir premièrement icy, pour ce que j'ay entendu que le duc de Florence prenoyt sy grand subson de sa venue que l'on disoyt qu'il commençeoyt desjà à s'armer et à faire lever gens, et n'y avoit autre moyen pour l'asseurer et luy faire entendre comme le Roy veult que passent les choses par le pape, envers lequel le seigneur Pierre s'est si sagement conduyt et luy a tenu si bons et si honnestes propoz[26].

Le 26 décembre 1553, après avoir dépêché Tomaso del Vecchio au cardinal de Ferrare pour annoncer à celui-ci son arrivée prochaine à Sienne[27], Strozzi partit de Rome, accompagné d'une troupe de fuorusciti florentins, et prit la route de Toscane par le pays de Viterbe. Son frère, Roberto, le suivit, deux jours après[28]. Le mardi 2 janvier 1554, Piero entrait à Sienne : il fut honoré et servi aux frais de la ville, et prit logis au palais Spannocchi[29].

Ainsi, la politique royale engageait en Toscane une partie décisive. Henri II lui-même comprit la gravité des événements à venir. La veille de Noël, il ordonnait que, pour aider le cardinal du Bellay et l'ambassadeur Lanssac à supporter le faix des négociations, les cardinaux de Tournon, de Lenoncourt et d'Armagnac retourneraient à Rome[30]. Quelques jours plus tard, le prince de Salerne, chef des fuorusciti napolitains, partait également de France, prêt à courir au premier choc des armes en Italie[31].

Mais l'acte le plus étonnant et le plus significatif, par quoi se manifesta la nouvelle alliance du connétable avec les bannis florentins, fut le rappel au service du Roi de Leone Strozzi, l'illustre prieur de Capoue que la haine de Montmorency avait contraint jadis de s'enfuir, en des circonstances dramatiques.

Au début de décembre 1553, le Roi et le connétable firent savoir à Piero Strozzi leur désir de voir rentrer Leone au service de la France. Le prieur, qui servait depuis deux ans l'Ordre de Malte auquel il appartenait, se trouvait alors, par une heureuse fortune, non loin de Rome, au port de Terracine. Le banquier Roberto l'y vint visiter et lui fit des propositions au nom de leur frère aîné. Après quelques hésitations, Leone consentit à oublier ses rancunes et à formuler ses demandes[32].

Aussitôt qu'il en eut été informé, le connétable donna satisfaction à ces demandes. Le 26 janvier 1554, Montmorency annonce à Piero que le Roi promet d'entretenir le prieur ès mers de delà avec six galères, et sera payé à raison de quatre cens escus soleil par moys pour chacune ; davantage, Sa Majesté luy donnera le tiltre qu'il demande de général des galères qu'Elle aura en Rallye, avec honeste estat[33].

Ainsi, Leone acceptait réparation de celui que naguère il avait accusé de desseins criminels. On pourrait s'étonner que le prieur eût oublié si vite ce passé douloureux, si l'on ne connaissait les motifs qui le poussèrent à pardonner. Ces motifs, il les exposait, quelques mois après, dans une sorte de justification adressée à Giovanni de Vega : cette lettre éclaire d'une lumière intense le vrai sens des efforts qu'allaient diriger les bannis florentins, auxquels était remis désormais le sort de la république de Sienne. J'ai résolu, écrivait Leone, de m'employer sans arrière-pensée au service de ma patrie. Opprimée jadis, comme chacun le sait, Florence, aujourd'hui, appelle tous ses enfants pour l'aider à secouer le joug. Parmi ses fils, j'espère n'être ni des moins utiles ni des moins passionnés, puisque j'ai souffert dans mon sang, dans nies biens et dans mes amis[34]. Cri de vengeance contre le Médicis, usurpateur et tyran. C'était pour la liberté de Florence que l'illustre marin oubliait les affronts subis et rentrait sur les galères du Roi[35].

 

Aussitôt arrivé à Sienne, Piero Strozzi se rendit chez le cardinal de Ferrare et lui présenta ses lettres de provision. Par ces lettres, comme nous l'avons dit, le Roi, considérant l'absence de M. de Termes qui, retenu en Corse, ne pouvait exercer la charge de lieutenant général au fait de guerre en Toscane, nommait Strozzi afin de résider au pays de Sienne, y partager la direction des affaires avec Hippolyte d'Este, administrer les choses militaires, commander el diriger les troupes sur le territoire de la République et en général partout où l'occasion se présenterait[36]. La subordination de Piero au cardinal de Ferrare était, semble-t-il, implicitement contenue dans ces lettres ; mais aucun article ne la déclarait, et de ce fait résultait une équivoque, peut-être voulue.

Hippolyte lui-même ne s'était guère trompé sur la signification de ce choix, et aussitôt qu'il en avait reçu la nouvelle, il avait exprimé l'intention de quitter Sienne. Son frère, Hercule, et ses amis de Rome l'incitaient à partir, pour éviter une offense à sa dignité[37]. Mais le cardinal tenait beaucoup à sa charge, aux honneurs et aux profits qu'elle comportait.

Aussi, ayant été informé que le Roi lui laissait, aux côtés de Strozzi chargé des opérations militaires, plein pouvoir sur l'administration civile, résolut-il de ne pas abandonner le terrain, mais de le disputer à l'intrus. De sa part, Piero, bien qu'il eût dit, en quittant la France, vouloir révérer Hippolyte, n'en désirait pas moins vivement la disparition de ce rival, qui était depuis longtemps son ennemi personnel et qu'il considérait, au surplus, comme un complice du duc de Florence[38].

Le cardinal, que son attitude fût le résultat d'une préméditation ou d'une humeur trop irritable, ne cacha point ses sentiments. Lorsqu'arrivé à Sienne, Strozzi voulut prendre possession de ses fonctions, Hippolyte refusa de lui céder aucune partie du gouvernement, civile ou militaire, et, tombant en fureur, s'écria qu'il était calomnié auprès du Roi par ses ennemis et qu'avant de rien abandonner de ses droits, il voulait écrire au souverain, pour se défendre, et attendre la réponse[39]. Devant ce refus, le nouveau lieutenant se trouvait fort gêné : empiéter par violence sur les prérogatives que s'arrogeait le cardinal, il n'y pouvait songer qu'au risque de provoquer un scandale et de s'attirer un blâme de son maitre, lequel n'oserait jamais désavouer publiquement l'oncle des Guises et le frère du duc de Ferrare ; mais, d'autre part, en se soumettant, le chef des fuorusciti encourrait quelque ridicule et perdrait de son prestige. Malgré son dépit, Strozzi se résigna pour le moment à ce dernier parti[40].

Le 4 janvier, Piero se rendit au palais public et visita le Reggimento. Aux magistrats il déclara que Sa Majesté l'avait envoyé comme général de ses armées à Sienne et en Italie, pour tenir le lieu de M. de Termes et pour alléger la charge du cardinal de Ferrare. Il ajouta que, soucieux de ne pas irriter les sentiments de celui-ci, il avait résolu, en gentilhomme, de retarder de quelques jours l'exercice de sa propre autorité[41].

En réalité, les deux adversaires portèrent le débat sur un autre terrain. Hippolyte d'Este dépêcha en hâte son secrétaire Nichetto à la cour de France. Et, au moyen d'une habile pression, il obtint que le Reggimento, par le même courrier, fit tenir à Claudio Tolomei, ambassadeur de la République, une lettre exposant au Roi combien les citoyens de Sienne se trouvent satisfaits du gouvernement de Sa Seigneurie Illustrissime, laquelle administre si bien et avec un assentiment si général, qu'ils ne sauraient désirer d'autre représentant de Sa Majesté[42]. Si l'on veut se rappeler quelles étaient les relations du cardinal avec les Siennois, cette démarche paraîtra effrontée.

De son côté, Strozzi délégua en France le comte de Pitigliano et le comte de Visco ; il fit, en outre, appel au cardinal Farnèse, qu'il savait ennemi de Ferrare. Les particularités de cette dispute sont très belles et dignes d'être entendues, écrivait Piero, tournant en dérision les manières de son rival[43].

Enfin le Reggimento de Sienne, pour son propre compte, fort ému de cet incident, décida, le 5 janvier, d'en écrire à Henri II et de se plaindre du scandale produit dans la ville par la querelle des deux lieutenants[44].

En attendant la réponse que ferait le Roi à ces sollicitations contraires, Strozzi n'était pas homme à garder longtemps une attitude mesurée. Les courriers étaient à peine partis que Piero voulut s'immiscer dans le gouvernement et en particulier, selon son office, dans les affaires militaires. Mais le cardinal défendit aux soldats de lui obéir, et, comme l'impatient fuorusciti proférait des menaces, Hippolyte lui fit dire qu'il prit garde de ne toucher à aucun de ses officiers, sans quoi il lui montrerait qui était le cardinal de Ferrare[45]. Le conflit dégénéra en mauvaises paroles ; Ferrare se para de sa qualité de prêtre, Strozzi lui répondit violemment que lorsqu'il agirait en prêtre, il serait traité en prêtre, mais que, s'il prétendait diriger les soldats, il serait traité comme un soldat[46]. Cependant, Piero tentait d'imposer son autorité aux troupes, cassant les capitaines pour les remplacer par ses créatures. Mais il rencontra de telles résistances, même auprès de ses amis, comme Cornelio Bentivoglio, qu'il dut bientôt renoncer aux procédés de force[47].

Hippolyte d'Este, bien qu'il fût exalté par l'amour-propre, se trouvait, d'ailleurs, assez inquiet et comme démoralisé. Dès lors, il fit demander à Henri II la permission de s'en aller de Sienne, sachant bien qu'à demeurer plus longtemps dans ce lieu et dans ces conditions, il retirerait grand préjudice de son honneur et réputation[48].

Enfin Strozzi prit une décision raisonnable. Comme la querelle, en s'aggravant, menaçait de ruiner, clans l'esprit des Siennois, le prestige de la protection française, Piero résolut de quitter la cité, pendant quelques jours, sous prétexte d'aller inspecter les places et châteaux du comté et dresser l'inventaire des munitions de la campagne. Il partit, accompagné d'un citoyen influent, Eneas Piccolomini delle Papesse[49].

 

L'éloignement de Piero délivrait, pour un temps, les Siennois du spectacle de discordes fâcheuses. A vrai dire, la venue du chef des bannis florentins n'avait eu l'approbation que d'une partie du peuple. des hommes violents, de ceux qui s'agitaient toujours, fauteurs impatients de révolutions et de guerres. Mais les citoyens, que leur état, leurs richesses ou leur modération naturelle inclinaient à la prudence, se montraient inquiets des suites belliqueuses que laissait prévoir la vie passée du nouveau lieutenant : ils jugeaient que, puisqu'on ne pouvait espérer de vaincre le duc de Florence ou de lui enlever son duché, la sagesse commandait de ne point le provoquer[50]. Ils craignent que Strozzi ne cause leur ruine, écrivait un agent de Cosme[51].

Au surplus, Piero était Florentin : cette qualité seule, parmi un peuple dont toute l'histoire offrait comme un tissu de luttes sanglantes contre Florence, réveilla chez quelques-uns une antipathie séculaire. Le lieutenant sen aperçut, dès le premier contact qu'il prit avec les paysans du comté, gens moins souples que les bourgeois de Sienne : on discutait ses ordres, on n'obéissait pas[52].

Pour le duc de Florence, l'arrivée de Piero Strozzi en Toscane marqua la meilleure occasion d'engager les hostilités qu'il préparait depuis deux ans : le prétexte s'offrait à point pour justifier l'attaque qu'il avait méditée. Dans les derniers jours de janvier 1551, les troupes de Cosme, unies aux forces espagnoles, envahirent brusquement le territoire de la République et menacèrent bientôt la cité[53].

Dans les pays neutres de l'Italie, l'opinion publique prit parti pour le duc de Florence, auquel on prêta figure de victime, comme s'il était en cas de légitime défense. Il est étrange, écrivait le cardinal Saint-Clément, que le Roi donne à un homme tel que Strozzi, intéressé dans les affaires de Florence, le pouvoir de diriger la guerre à son gré. Les choses, de présent, sont à trois, entre le cardinal de Ferrare, Strozzi et les Siennois, et chacun tire de son côté. On a blâmé beaucoup le Roi d'avoir confié une telle charge à Strozzi, car il est impossible qu'entre lui et le duc de Florence existent des relations pacifiques : Son Excellence refusera toujours de s'accorder avec un homme qui est le plus méchant de ses rebelles[54]. L'ambassadeur Lanssac lui-même, interrogé par le pape, dut reconnaître que Cosme ne pouvait plus reculer sans livrer au mépris sa dignité[55]. D'ailleurs, depuis longtemps, les Français, s'ils tardaient à agir, ne retenaient plus leurs paroles : on entendait ceux de Rome se vanter que le Roi tiendrait bientôt Florence en son pouvoir et y établirait comme souverain son second fils, héritier des droits de Catherine de Médicis[56]. Au lieu de conduire une action rapide et décisive, on avait ainsi offensé l'opinion publique par de vailles bravades. Enfin, la réputation et les gestes passés de Piero Strozzi, aussi bien que les circonstances de son envoi à Sienne et le bruit de ses disputes avec le cardinal de Ferrare, n'étaient guère propres à rehausser le prestige moral de la politique française en Italie.

 

Strozzi rentra à Sienne, dans la nuit du 29 janvier. Il revenait, exaspéré par les dangers qui menaçaient de tous côtés la, République et aussi par les résistances qu'il avait trouvées dans le comté. Les troupes florentines et espagnoles, après avoir surpris le fort de Camollia, s'avançaient pour investir la cité. Devant la gravité du péril, Hippolyte d'Este consentit à taire ses prétentions exclusives et abandonna sans grandes difficultés à son rival le commandement de la défense. Celui-ci, secondé par son fidèle ami Tomaso del Vecchio, assuma dès lors toute la charge et la responsabilité du pouvoir[57].

Sur ces entrefaites, on apprit l'arrivée prochaine d'un envoyé du Roi. Henri II, fort ennuyé de la querelle qui avait éclaté entre ses deux lieutenants à Sienne, s'était montré hésitant sur le parti à prendre et seulement désireux de ne point mécontenter l'une ou l'autre faction, celle de Montmorency et celle des Guises. Le 26 janvier, il avait dépêché en Toscane un personnage chargé de réconcilier les deux adversaires et surtout de fixer leurs droits respectifs[58]. Pour accomplir cette tâche ingrate, il choisit l'évêque de Riez, Lancelot de Carle. C'était un politique aimable, poète à ses heures de loisir, lié naguère d'amitié avec Marot, collaborateur du fameux recueil des Blasons anatomiques et, dit Brantôme, le milleur danceur de gaillarde qui fust en la court[59]. Déjà nous l'avons vu, en 1547, il avait rempli une mission dans la Péninsule : il en connaissait bien les affaires. Lancelot fit son entrée à Sienne, le 16 février 1554.

Les instructions qu'apportait l'évêque de Riez étaient modérées et propres à ménager l'humeur de chacun des deux rivaux : contenter l'un et l'autre et les séparer de charges, comme l'avait conseillé au Roi, quelques jours auparavant, le trésorier du Gabre[60].

Lancelot déclara que la volonté du Roi était que le cardinal gardât la surintendance de toutes choses et l'autorité du gouvernement, en particulier sur les affaires civiles ; mais, quant aux opérations de la guerre, que Strozzi jouît d'une pleine indépendance[61]. Si prudente qu'elle fût dans la forme, cette décision donnait, en fait, gain de cause au chef des fuorusciti : le gouvernement de la République étant alors tout absorbé par la défense militaire, l'autorité de Strozzi s'exerça sur chacun de ses organes et n'eut plus de limites.

Restait à Hippolyte d'Este la prééminence morale que le. Roi lui assurait : satisfaction d'orgueil et de celles qui plaisaient le plus à la nature du cardinal. Mais cette satisfaction dépendait surtout de la bonne volonté de Piero. Or, celui-ci n'inclinait pas à la révérence : il refusa nettement de se soumettre, et l'évêque de Riez, pendant deux semaines, s'efforça de l'amener à quelque discrétion[62]. Enfin Strozzi prit la direction effective de toute l'administration, tandis que Ferrare se renfermait dans une attitude hautaine et s'adonnait aux soins de sa dignité. Un calme factice s'établit ainsi, voilant l'hostilité latente et irrémédiable des deux adversaires[63].

A la fin du mois de février, Lancelot envoya un courrier en France pour annoncer au Roi l'apaisement de la querelle[64]. Les serviteurs et amys que avez icy, écrivait Lanssac à Henri II, ont autant reçeu de contentement du voyage que faict à Syennes M. de Ryez et de l'yssue d'icelluy que voz contraires en ont reçeu de desplaisir, car il a bien et dextrement sceu suyvre l'instruction de mettre en bonne intelligence Monseigneur le cardinal de Ferrare et le seigneur Pierre Strozzi[65].

Lancelot, dans les premiers jours de mars, quitta Sienne pour se rendre à Rome[66]. Après un séjour assez long, il reprit la route de Toscane : au début d'avril, il était de nouveau à Sienne, d'où il partit, le 11, avec l'intention de rentrer en France[67].

Hippolyte d'Este lui-même se disposait à s'en aller. Dès le mois de janvier, nous l'avons dit, il avait demandé au Roi de le relever de sa charge : c'était alors pure feinte, pour exercer une pression sur l'esprit de Henri II. Mais, après l'arrivée de Lancelot et la manifeste volonté qu'avait montrée celui-ci de ménager les deux rivaux, Hippolyte prit une résolution définitive et chargea Nichetto de solliciter avec instance son congé à la Cour. Le 26 février, il renvoyait de Sienne à Ferrare la plus grande partie de sa famiglia[68]. Aussi bien, les fuorusciti, les partisans de Strozzi et les Siennois, qui tous désiraient l'éloignement du cardinal, représentaient sans cesse à Henri II combien Il était suspect aux citoyens[69].

Le 4 mars, Nichetto quittait Fontainebleau, porteur du congé demandé par Hippolyte ; il arriva à Sienne le 17[70]. Après quelques hésitations sur le lieu où il se retirerait, le cardinal obtint du Roi, le 8 mai, la permission de s'en aller à Ferrare et de ne plus participer, pour un temps, aux affaires[71].

Jusqu'à ce moment, il avait continué d'entretenir des relations courtoises avec le duc de Florence, bien que celui-ci eût déclaré la guerre à la république de Sienne et au roi de France[72]. Par une suprême ironie des choses, le cardinal se vit alors méprisé de l'homme même en faveur duquel il avait compromis ses propres intérêts. A la demande d'un sauf-conduit pour traverser l'Etat de Florence que lui adressa Hippolyte, le 14 mai, Cosme de Médicis répondit par un refus offensant[73].

Le cardinal vendit en bitte les objets les moins précieux de son palais et partit de Sienne, le 8 juin, avec ses serviteurs, suivi de quatre-vingts mulets chargés de bagages. Piero Strozzi, à la tète d'une troupe de cavalerie, lui fit escorte jusqu'à Buonconvento et envoya de l'infanterie pour le conduire aux limites de l'Etat pontifical et le protéger contre les soldats ennemis. Hippolyte d'Este fit un long détour par le pays de Pérouse, la Marche d'Ancône et la Romagne. Son voyage fut troublé d'incidents fâcheux : dans le Pérugin, un groupe de cavaliers florentins fondit sur le convoi du cardinal et pilla les vêtements sacerdotaux de celui-ci ainsi que les ornements de sa chapelle[74].

Enfin, le 1er juillet, Hippolyte d'Este arrivait à Ferrare, aigri, humilié, plein de rancunes. Il est très mécontent des Français et l'ennemi mortel des Strozzi, écrit un témoin qui le vit alors, et s'il n'avait tant d'intérêts en France où se trouve tout ce qu'il possède en ce monde, je crois qu'il serait aisé de lui faire faire un saut, pourvu que l'Empereur le prit à son service et lui donnât récompense[75].

Hippolyte parti, Strozzi et les bannis florentins restaient maîtres de la guerre de Sienne. Le seul agent de l'ancien gouverneur, qui fût resté en Toscane, était Bartolomeo Cavalcanti : créature des Farnèse, peu attaché au cardinal de Ferrare, il devint bientôt le familier du nouveau lieutenant.

 

Il n'entre pas dans le plan de cet ouvrage de raconter les épisodes militaires de la guerre de Sienne. Ce qui nous appartient, c'est seulement l'histoire des forces politiques qui entrèrent en lutte, des passions qui soulevèrent les hommes, au cours de cette action sanglante.

Au point où nous sommes, il convient de marquer les caractères généraux et la marche nouvelle de l'entreprise.

Si l'on considère le lieu et les circonstances, cette équipée apparait comme la plus audacieuse, peut-être la plus vaine que les Valois eussent jamais tentée en Italie. A Naples, ils pouvaient justifier leur intervention par des droits d'héritage, et, au surplus, cette partie de la Péninsule formait naturellement une province, un royaume indépendant, qui s'ouvrait facilement aux conquérants venus par mer et que l'histoire montrait propre aux établissements de l'étranger. En Piémont et dans l'Italie du Nord, des raisons d'utilité, de proximité et de stratégie incitaient les rois de France à prendre place et à maintenir des conquêtes heureuses. Bien différente était la situation de l'Etat de Sienne : au centre de la Péninsule, encadrée par le duché de Florence, le patrimoine de Saint-Pierre et la légation de Pérouse, toujours menacée par les Espagnols qui occupaient Orbetello et se ravitaillaient facilement au royaume de Naples, leur grande base militaire et navale, d'ailleurs incapable de se protéger elle-même, vu sa faiblesse et ses divisions intérieures, et proie d'autant plus attrayante qu'elle était fort riche et désarmée, cette petite république ne pouvait servir en rien les intérêts du royaume de France, avec lequel elle n'entretenait que difficilement des relations maritimes, sous l'œil malveillant des Génois, alliés de Charles-Quint, qui commandaient la mer Ligure.

Dans cette entreprise, Henri II n'avait été entraîné que par des sentiments : l'orgueil stérile de montrer l'efficacité de sa protection et le désir de satisfaire les rêves passionnés d'hommes sans aveu, les fuorusciti florentins. A vrai dire, de ces sentiments le premier pouvait offrir quelque grandeur et procurer des résultats d'ordre moral, coûteux, sans doute, mais dignes d'estime, comme ceux qu'avait donnés naguère la protection des Farnèse. Mais, d'une entreprise au début généreuse et mesurée, telle que l'avaient conçue les cardinaux protecteurs, telle que l'avaient réalisée des Français d'esprit habile et pratique, comme Lanssac et Termes, le Roi, forcé par les événements, par les dangers que la république de Sienne attirait sur elle du fait même de son existence, par l'indolence et la sottise d'Hippolyte d'Este qui avait laissé croître en paix les forces militaires du duc de Florence, par les intrigues des bannis florentins, que soutenait l'aveugle haine de Montmorency contre la maison de Guise, faisait aujourd'hui une guerre personnelle contre Cosme de Médicis, guerre sans merci, dans laquelle les adversaires allaient jouer désespérément leur fortune et leur existence.

Henri II, en épousant des rancunes séculaires, créées et fortifiées par les révolutions intestines des cités italiennes, changeait la base traditionnelle de la politique étrangère dans la Péninsule : au lieu d'utiliser les factions pour ses propres intérêts, il devenait leur prisonnier et se faisait le champion d'une cause qui ne le regardait point. Sans doute ses prédécesseurs avaient flatté, pour s'en servir, les passions locales, mais il ne paraît pas qu'a ce jeu ils eussent oublié leur dessein égoïste. Au contraire. Henri II inclinait au désintéressement : toutes les guerres qu'il fit en Italie lui apparurent à lui-même comme des œuvres pies, destinées à défendre le faible et à châtier le méchant. La guerre de Parme, qui marque sa première intervention dans la Péninsule, offre nettement ce caractère chevaleresque : il s'agissait proprement, nous l'avons dit, de protéger les Farnèse contre l'Empereur et contre le pape. L'affaire de Sienne aussi était, aux yeux du Roi, une œuvre de protection et c'est par là seulement qu'elle s'explique et se justifie. Mais, en 1554, on voit paraître une nouvelle sollicitude dans l'esprit du souverain, une affection ardente et active pour la cause des fuorusciti florentins, affection qui mêle, par l'effet des occasions, à la défense de Sienne une entreprise toute différente, dont la fin est de restaurer la liberté de Florence.

Ainsi, dans le temps même qu'Hippolyte d'Este se retirait, la guerre de Toscane changeait de nature et de direction. Au lieu d'une prise d'armes légitime pour la défense de. la république de Sienne contre ses agresseurs, elle devenait une ruée offensive contre Cosme de Médicis. La guerre de Sienne, c'était désormais une tentative des fuorusciti florentins pour recouvrer leur patrie. Changement grave, qui créait une équivoque, augmentait la résistance et l'énergie de l'ennemi et devait, à la longue, miner la gratitude des Siennois envers le roi de France. Dès lors, en effet, les intérêts de Sienne passèrent au second plan ; et les citoyens s'aperçurent bientôt qu'au delà de leur indépendance, on poursuivait d'autres résultats, ils virent que leur cause n'était plus qu'un instrument au service des bannis de Florence, peu à peu s'augmenta en eux la crainte d'être les victimes d'un duel dont ils ne portaient pas la responsabilité.

L'historien fait toujours un jeu ridicule, lorsqu'il dresse après coup des plans qui lui semblent meilleurs que ceux des contemporains. Pourtant, si l'on relève les fautes commises, on ne peut se dispenser d'indiquer la voie qui paraît juste. Du jour où le Roi avait assumé la charge de protéger l'indépendance de Sienne, il lui convenait, dans une entreprise aussi lointaine et aventureuse, de suivre une politique précise et limitée : chasser définitivement les Espagnols du comté et empêcher par une action préventive, rapide et mesurée, les armements du duc de Florence ; d'autre part, assurer la stabilité de la domination française au sein de la République. Au début de 1554, de cette œuvre nécessaire rien n'était accompli : depuis deux ans, l'ennemi s'était fortifié, tandis que les fâcheuses manières d'Hippolyte d'Este avaient affaibli la fidélité des Siennois. Et maintenant, alors que les troupes florentines et espagnoles touchaient aux portes de la ville, on rêvait de détrôner Cosme de Médicis.

 

Après le départ du cardinal de Ferrare, les fuorusciti, livrés à eux-mêmes, dotés de moyens d'action tels que jamais ils n'en avaient possédé de semblables, éprouvèrent des sentiments d'exaltation[76].

Aussi bien, quelques signes leur permettaient d'espérer la victoire. Des petites cours voisines le bruit venait à Sienne que Cosme de Médicis, effrayé, se repentait d'avoir déclaré la guerre[77]. De fait, le duc écrivait aux ambassadeurs du Roi à Rome, tâchant de justifier par le souci de sa défense ses procédés belliqueux et son union avec les Impériaux. Piero Strozzi se moquait gaillardement de la pusillanimité qu'il croyait deviner dans l'attitude de son adversaire : J'ai vu la chanson du duc de Florence, écrivait-il, laquelle est pleine d'insolence et d'impudence, et il vouait au mépris des hommes celui qui était l'oppresseur de sa patrie, au sein de laquelle il n'avait droit qu'au rang de simple citoyen[78].

Le chef des bannis florentins sentait rassemblée autour de lui la troupe de jour en jour plus nombreuse et plus ardente des membres de son parti. Et même n'avait-il pas, comme lieutenant à ses côtés, le duc de Somma, l'un des plus influents parmi les fuorusciti napolitains ? C'était donc l'union contre l'Empereur et contre le tyran Médicis de tous les exilés, combattant sous l'égide du roi de France, pour la cause de la liberté[79].

Au printemps de 1554, on voit, par une série de faits, se transformer ainsi la guerre de Sienne, qui prend une couleur florentine. Le 31 mars, suivant l'invitation de Piero Strozzi, le Reggimento de la République conférait le titre de citoyen à l'homme qui représentait et défendait auprès de la Reine les intérêts des fuorusciti, au poète Luigi Alamanni, ainsi qu'à son épouse, Maddalena Bonajusti. Le même jour, la civittà fut aussi conférée à un autre Florentin, Giambattista Gondi, également confident de Catherine de Médicis[80]. Enfin, le 23 juin, les trois aînés des Strozzi, Piero, Leone et Roberto, furent acclamés par le peuple citoyens de Sienne[81].

En effet, Leone Strozzi avait rejoint ses frères en Toscane. Son arrivée fut un tics épisodes les plus émouvants de la vie siennoise, en ce temps de fièvre belliqueuse. Cédant aux instances de Roberto[82], le prieur du Capoue, parti de Malte, débarquait, le 23 avril, à Porto-Ercole, muni de quatre-vingt mille écus, qu'il avait reçus des agents français ; le 4 mai, il entrait à Sienne. Piero vint à sa rencontre, et ce fut un moment d'indicible émotion que celui où les deux frères, séparés par l'aventure tragique de 1551, se virent de nouveau servant la même cause et réunis pour délivrer leur patrie. Avec les marques d'un respect, auquel se mêlait peut-être quelque crainte, la foule siennoise regarda les deux Strozzi s'embrasser et pleurer. Combien j'ai désiré vous revoir dit Piero à son frère, évoquant ainsi le passé injuste et douloureux. Cependant, le peuple criait : Vive la France ! Vive la casa Strozzi ! Quelques citoyens seulement pensaient que leur ville prenait à sa charge une cause qui n'était pas la sienne.

Pendant les premiers jours, les deux frères ne se quittèrent point, dormant dans la même chambre, comme s'ils ne pouvaient se rassasier l'un de l'autre[83].

Alors, trois Strozzi se trouvaient à Sienne, Piero, Leone et Roberto[84].

Partout, la Florence du dehors, la nation des exilés se levait pour soutenir de ses deniers et de ses forces la guerre de Toscane. A Rome, sous la présidence du vieux marchand Bindo Altoviti, les Florentins tenaient des assises secrètes, amassaient de l'argent, réunissaient des troupes. D'un premier effort, les fuorusciti, qui habitaient la Ville éternelle, envoyèrent à Piero Strozzi onze mille écus et levèrent trois mille hommes de pied. Ils firent alors broder douze bannières blanches avec la devise : LIBERTAS-SENATUS POPULUSQUE FLORENTINUS[85]. Un jour que le frère du pape Jules III, Baldovino del Monte, exprimait à Bindo Al toviti les inquiétudes de la Curie, ce vieillard héroïque, patriarche des bannis, répondit : à la guerre mon fils qui est laïque et, s'il périt, j'enverrai l'autre qui est archevêque de Florence, et moi-même j'irai mourir pour ma patrie, car j'ai résolu de jeter tout ce que je possède dans cette suprême partie[86]. Le dimanche dans l'octave de Corpus Domini, les Florentins de Rome firent une procession solennelle, qui défila par les rues de la ville, représentant le retour des Hébreux dans la Terre promise : évocation saisissante des plus grandes images de l'histoire biblique, à l'heure où se réveillaient en tous ces hommes la passion républicaine et la haine du Médicis[87].

A ce mouvement grandiose et tragique s'unirent bientôt les plus lointaines colonies d'exilés, surtout Venise et Ancône, centres italiens, et Lyon, véritable capitale des fuorusciti. On annonça que les marchands de Lyon offraient à Henri II de donner, pour payer les frais de la guerre, jusqu'à leur dernier sou[88]. En fait, ils amassèrent de quoi entretenir, durant quatre mois, deux mille hommes de pied. Ainsi, les bannis florentins concentraient leurs ressources. Les troupes, qu'ils purent fournir, vinrent prendre rang dans l'armée de Sienne, sous le commandement de Giambattista Alvisi et de Vincenzo Taddei[89].

Cette agitation provoquait, dans les cours où l'on avait souci d'observer la neutralité, une vive inquiétude. A Rome en particulier, la population était toute soulevée, se déclarant pour l'un ou l'autre parti. Le pape s'efforça d'abord d'apaiser la nazione florentine, puis il résolut de mettre la Ville éternelle à l'abri de troubles dangereux, en publiant des bandi contre les fuorusciti. Le 25 mai, Jules III donnait un édit, par lequel il enjoignait à toutes les personnes exilées, condamnées et bannies d'origine étrangère, à quelque nation qu'elles appartinssent, de quitter Rome et l'Etat pontifical dans un délai de quatre jours, sous peine d'être arrêtées et livrées à leurs princes naturels[90]. Ces bandi produisirent une émotion bruyante. On les regarda comme une satisfaction donnée aux demandes des Espagnols et de l'ambassadeur de Cosme et comme une violation de la neutralité que se vantait d'observer le pontife[91]. Les représentants du Roi auprès de la Curie, Lanssac et le cardinal du Bellay, firent à Jules III des remontrances énergiques, et, à la cour de France, le cardinal de Lorraine exprima au nonce un vif mécontentement[92]. Devant cette opposition, le pape, soucieux avant tout de ne plus compromettre la dignité du Saint-Siège en des querelles profanes, céda : le 29 mai, il publiait un nouvel édit, qui, sous couleur de limiter l'exécution des bandi, en abrogeait la teneur[93].

Comme on le voit, les agents de Henri II se déclaraient publiquement et de manière officielle solidaires des fuorusciti : par cette attitude, ils rendaient manifeste le sens nouveau qu'avait pris la guerre de Sienne. Nous verrons qu'ils obéissaient ainsi aux instructions du gouvernement royal ; mais il est sûr, d'autre part, qu'ils apportaient à ce faire un zèle propre. Jean du Bellay avait usé de toute son influence pour soutenir la cause de Strozzi contre le cardinal de Ferrare, dont il attaquait la conduite depuis longtemps ; il s'était même brouillé avec Sermonetta, ami d'Hippolyte d'Este[94]. D'ordinaire avocat d'une politique prudente et pacifique, il était devenu, en ce moment, tout belliqueux : dès le 3 mars de cette année, il excitait le Roi à développer la guerre contre Cosme de Médicis, pour chastier l'arrogance et superbe de ce duc mal conseillé, lequel, s'il est assailly vivement en son Estat, y estant haÿ, et mal voulu comme il est, nous avons tous grande espérance que les choses succèderont à l'honneur, proffict et contentement de Sa Majesté[95].

Bientôt l'action du cardinal du Bellay à Rome fut renforcée par celle du cardinal Georges d'Armagnac, lequel, venu de France par la Suisse, Brescia et Ferrare[96] — dans cette dernière ville il avait conféré avec Odet de Selve, ambassadeur à Venise, et le trésorier du Gabre —, fit son entrée à Rome, le 12 juin[97].

Quant à Lanssac, se fût-il montré tiède qu'il eût été entraîné par les exhortations des fuorusciti, alors tout-puissants sur le gouvernement royal[98].

 

En effet, l'exaltation belliqueuse, qui régnait parmi les colonies de bannis florentins, s'était emparée de la cour de France. Catherine de Médicis, animée par son entourage et surtout par les discours de Luigi Alamanni, suivait d'une affection ardente les gestes lointains de son favori, Piero Strozzi. Au début d'avril, répondant aux ambassadeurs de la République, qui étaient venus solliciter son appui, elle se déclarait procuratrice de Sienne[99]. Le 4 mai, Claudio Tolomei écrivait, de Paris : Il est impossible de peindre l'ardeur et l'amour, avec lesquels la Reine se dévoue aux affaires de Sienne, et le courage qu'elle montre, non seulement en paroles, mais par ses actes. Elle a réuni elle-même une forte somme de deniers qu'elle destine à la guerre de Toscane[100]. De fait, pour aider Piero Strozzi à reconquérir sa patrie, la Reine engageait ou vendait une partie de son domaine valant cent mille écus[101].

Henri II lui-même s'abandonnait à la poussée. C'est à ce moment, par une rencontre presque comique, que le légat Reginald Pole vint lui proposer une réconciliation avec l'Empereur. Le Roi accueillit Pole avec égards, mais s'empressa, d'ailleurs, de faire savoir aux partis belliqueux qu'il ne fallait rien fonder sur les négociations de paix[102]. Il ne pouvait être question ni de paix ni de trêve : seules, les âmes crédules gardaient des illusions à ce sujet[103].

Dans cette tension des esprits, les nouvelles des moindres succès qui venaient de Toscane soulevaient l'enthousiasme des courtisans. Lorsqu'on apprit que le neveu du pape, Ascanio della Corgna, qui servait parmi les Impériaux, avait été fait prisonnier clans un engagement, le 23 mars, Piero Strozzi fut regardé comme un héros victorieux[104]. Le cardinal de Tournon, qui était rentré à Paris, le 16 avril, après avoir passé l'hiver en Touraine, déclarait vouloir embrasser la cause de Sienne comme celle de sa propre sœur[105].

Piero envoyait à la Cour des émissaires qui vantaient ses exploits et animaient le zèle de la Reine[106]. Au retour, ils répandaient en Italie l'annonce des grands secours que préparait Henri II. Le 24 avril, Etienne Boucher, l'habile secrétaire de l'ambassade de Rome, venant de France, arrivait dans la Ville éternelle : il proclama, devant la foule agitée qui remplissait les banques, que le Roi portait au duc de Florence une telle haine qu'il avait résolu de risquer, au besoin, toute sa puissance pour le châtier. Et, faisant une allusion directe aux démarches pacifiques du pape, Boucher ajouta que son maître ne souffrirait pas qu'aucun prince lui parlât de modération ou prétendit le distraire de son dessein[107]. Un peu plus tard, Giovanni Stanchino, camérier de Jules III, qui était venu apporter à la Cour le chapeau de cardinal obtenu par Louis de Guise, fut chargé de transmettre, à son retour, des lettres de Henri II, adressées aux nations florentines de Lyon et de Rome, lettres dans lesquelles le Roi exprimait sa colère contre Cosme de Médicis[108]. Lorsque Stanchino voulut communiquer ces lettres aux Florentins de Rome, assemblés pour célébrer la Saint-Jean, une véritable bagarre éclata[109].

Suivant sa nature, Henri II, après une longue période de velléités flottantes, se livrait tout entier aux sentiments passionnés qu'on lui avait inspirés. Il décidait d'envoyer en Toscane le grand secours. Il faisait payer à Strozzi, les uns disent cinq cent mille, les autres cent cinquante mille écus[110]. La flotte, augmentée de galères nouvellement construites, devait voguer, à la fin de mai, vers la mer Tyrrhénienne et se joindre à la Flottille du prieur de Capoue et aux navires du dey d'Alger. Des enseignes de Grisons, de Lansquenets et de Gascons prenaient la route d'Italie[111].

En de telles circonstances, les fuorusciti florentins, qu'exaltaient l'espérance, la certitude de la victoire, s'inquiétaient de toute tentative pacifique qui pouvait les frustrer des résultats d'une guerre si longtemps attendue.

Au printemps de 1554, Cosme de Médicis, effrayé, semble-t-il, par la formidable poussée de haine que dirigeaient contre lui les fuorusciti, envoyait en France l'un de ses familiers, Pandolfo Pucci, fils du cardinal Pucci : cet émissaire devait entrer en relations avec le cardinal Farnèse, qui se trouvait alors en France, et le prier, selon les marques qu'il avait données de son désir d'une réconciliation entre belligérants, (le vouloir bien intervenir auprès du Roi pour l'apaiser.

Pucci ayant passé par Lyon, la nouvelle de sa mission y fut ébruitée et provoqua une véritable émotion parmi les Florentins de la ville : ceux-ci adressèrent des lettres à Henri II pour le mettre en garde[112]. Pendant le mois de mai et les premiers jours de juin, l'envoyé de Cosme eut occasion de voir plusieurs fois le cardinal Farnèse à Compiègne : il lui remit les propositions du duc de Florence, qui offrait d'accepter en mariage pour son fils aîné une fille du roi de France[113].

Cette mission, dont les détails sont d'ailleurs fort obscurs, arrivait trop tard : toute la Cour était en proie à une excitation passionnée. Le Conseil du Roi, loin d'agréer les avances qu'on faisait au gouvernement par l'entremise du cardinal Farnèse, exprima son étonnement que celui-ci se fût prêté à une manœuvre de ce genre. Montmorency lui-même s'écria qu'un tel mariage ferait peu d'honneur à la couronne de France, et il donna ordre à Farnèse de renvoyer sans délai l'émissaire de Cosme[114].

Cet incident éveilla la défiance des fuorusciti et celle du Roi à l'égard du cardinal Farnèse. Comme celui-ci briguait alors la charge de protecteur intérimaire des affaires de France en Cour de Rome, Henri II, qui ne pouvait lui refuser une telle faveur, en considération de ses propres engagements et de la situation du cardinal dans la Péninsule, ne laissa pas de mettre en garde contre Farnèse l'ambassadeur Lanssac et Jean du Bellay. Le cardinal, leur écrivait-il, espère moyenner une réconciliation du duc de Florence avec moy, et ne fais point de doute que, quand il sera en Italie, pour se faire de feste, il n'en fasse ses contes tout par tout, afin de tenir en effroy les Florentins qui se sont déjà déclarez : car je sçay comme il est amy dudit duc. Et il ajoutait : Ne suis point si facile à appaiser, quand l'on m'a fait tort[115]. Arrivé à Rome, le 21 juillet, Farnèse ne put se soustraire aux devoirs d'ordre belliqueux que comportait sa nouvelle charge. Aussi bien, il dut contribuer de ses propres ressources aux frais de la guerre : Piero Strozzi et les magistrats de Sienne le prièrent, à peine arrivé à Rome, de fournir à la défense le blé de l'Etat de Castro[116].

Pendant ce mois de juillet 1554, l'ardeur des esprits atteignit son plus haut degré. La Cour apprit que Piero Strozzi avait opéré la jonction de ses compagnies avec les troupes de secours et envahi l'Etat de Florence. On fondait beaucoup d'espoir sur le mécontentement qu'on prétendait exister, parmi les sujets de Cosme, contre la tyrannie du Médicis[117]. Les fuorusciti annonçaient l'avènement prochain d'une révolution qui soulèverait les opprimés pour restaurer la république à Florence : de fait, un complot y fut découvert, dont le but était d'empoisonner l'usurpateur, et des inconnus affichaient dans la ville des inscriptions séditieuses : Vive la France ! A bas l'Empire ![118]

Catherine de Médicis, nommée régente du royaume, pendant la campagne du Nord, résidait alors à Reims, avec son Conseil, que présidait le cardinal de Tournon[119]. La Reine était animée d'une passion vibrante : elle concentrait toute son attention sur cette liberté florentine qui, restaurée, devait être le gage d'une alliance perpétuelle de la France avec la Toscane et le témoignage glorieux de la généreuse puissance du Très Chrétien. Le cardinal de Tournon déclarait à Giovanni Cappello, ambassadeur vénitien, que, si la liberté de Florence était rétablie, la Reine en aurait tout le mérite[120].

Un événement tragique exaspéra plus encore les passions et accrut la sympathie des courtisans pour les fuorusciti. Le 16 juillet, parvint à Reims la nouvelle que, dans l'assaut d'un village près de Piombino, le 24 juin, fête de saint Jean, patron de Florence, avait été tué Leone Strozzi, prieur de Capoue[121]. Aussitôt informé, le 20 juillet, Henri II, qui se trouvait à l'armée de Picardie, créa Piero maréchal de France, pour accroître sa renommée et pour le consoler de la mort de son frère. Le même courrier qui avait annoncé la triste nouvelle, repartit, le 2 août, pour l'Italie, avec les lettres de provision destinées à l'aîné des Strozzi[122].

Cependant, le Roi resserrait les liens de son alliance financière et militaire avec les colonies de fuorusciti, — banquiers, marchands, soldats ou politiques[123]. Les conseillers de Henri II, escomptant les succès d'une victoire qu'ils jugeaient acquise, reprenaient le grand dessein d'entreprise sur le royaume de Naples[124]. Catherine de Médicis, Diane de Poitiers, le cardinal de Tournon excitaient, par leurs dépêches, le zèle des représentants de la France à Rome, qui s'efforçaient de tourner le pape vers la politique royale[125]. Enfin, le 11 août, Henri II, renouvelant la mesure dont il avait usé jadis avec succès contre Jules III et pensant, par ce moyen, atteindre au nerf son ennemi, publia des lettres patentes qui défendaient à tous marchans florentins, allemands, milanois, luquois et aultres de ne porter ou envoier or ne argent monnoié ou à monnoier à Florence[126].

En Toscane, se préparait alors le coup décisif. Un conseil de guerre réunit à Sienne, vers le 15 juillet, Lanssac, Fourquevaux, Blaise de Monluc, le comte de La Mirandole, le comte de Pitigliano, Aurelio Fregoso, le colonel Chiaramonte et Bartolomeo Cavalcanti[127].

 

Cette fièvre finit mal. A Marciano, le 2 août 1554, Piero Strozzi subit une effroyable défaite. Plus de quatre mille morts, deux mille prisonniers, parmi lesquels M. de Fourquevaux, Paolo Orsini, Galeazzo Bentivoglio et le comte de Gaiazzo, une multitude de blessés, Strozzi atteint de deux arquebusades, ainsi qu'Aurelio Fregoso, la cavalerie et l'infanterie en pièces : tel fut ce désastre qui frappait ensemble le roi de France et les fuorusciti. Des chefs, Roberto Strozzi et Tomaso del Vecchio, seuls, s'échappèrent, indemnes. Un fidèle serviteur de Piero, Alberto del Bene, était mort au début de l'action[128].

Au soir de cette accablante journée d'été, les habitants de Sienne virent arriver, par les routes montueuses du comté, une foule de malheureux gémissants, qui imploraient la pitié. Je fais foi, écrit Sozzini, que je vis plus de cent hommes qui pleuraient devant ces pauvres soldats qu'on avait conduits au carnage[129].

Quelques jours après, commençait le siège de Sienne.

 

 

 



[1] Vita di Piero Strozzi (Bibl. Vatic., Barberini, lat. 4824, fol. 40).

[2] Cl. Tolomei au Reggimento, 1553, 11 octobre, La Ferté-Milon (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XXII, 75 ; orig.). Le même, 1553, 18 octobre, La Ferté-Milon (Arch. cit., Lett. al Reggimento, XXII, 85 ; orig.). Julio Alvarotti au duc de Ferrare, 1553, 20 octobre, La Ferté-Milon (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[3] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 1er novembre, Morfontaine (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3. fol. 252 ; orig.).

[4] Lettres de provision, 1553, 29 octobre, Villers-Cotterêts (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnes., Toscane ; expédition italienne). J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1553, 20 octobre, La Ferté-Milon (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[5] Cl. Tolomei au Reggimento, 1553, 27 octobre, La Ferté-Milon  (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XXII, 94 ; orig.).

[6] Cl. Tolomei, 1553, 30 octobre, La Ferté-Milon (Arch. de Sienne, Lett. al Reggimento, XXII, 98 ; orig.).

[7] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 23 novembre, Melun (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 242 ; déchiffré). Le même, 23 décembre, Paris (Ibidem, fol. 256 ; orig.).

[8] Mémoires-journaux de Guise, p. 221.

[9] Fr. Franchino à Octave Farnèse, 1553, 25 novembre, Rome (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnes., Roma ; orig.).

[10] Bulletino senese di storia patria, t. II, p. 272.

[11] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1553, 13 novembre, Sienne (Arch. d'Etat de Modène, Ippolito II ; orig.).

[12] An. Caro au cardinal Farnèse, 1553, 17-25 novembre, Rome, publ. p. MAZZUCCHELLI, Lettere inedite di Annibal Caro, t. II, pp. 177-181.

[13] Fr. Babbi au duc de Florence, 1553, 31 octobre, Ferrare (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2885 ; orig.).

[14] Mémoires journaux de Guise, p. 220.

[15] Lanssac à du Gabre, 1553, 11 novembre, Rome, publ. p. SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 274.

[16] A. VITALIS, Correspondance de D. du Gabre, p. 291.

[17] Cl. Tolomei au Reggimento, 1553, 19 novembre, Paris (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XXIII, 26 ; orig.).

[18] SOZZINI, Diario, pp. 157-158.

[19] A. Serristori au duc de Florence, 1554, 14 janvier, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3272, fol. 492 ; orig.).

[20] A. Gionti au Reggimento de Sienne, 1553. 17 décembre, Porto-Ercole (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XVIII ; orig.). Gio. Fabbrini au duc de Florence, 1553, 13 décembre, Rome (Mediceo, 644, fasc. 14 ; orig.). Le même, même date (Ibid. ; orig.). A Serristori au duc de Florence, 1553, 19 décembre, Rome (Mediceo, 3272, fol. 441 v°. ; orig.).

[21] J. Grandi au duc de Ferrare, 1553, 29 décembre, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.).

[22] CANTINI, Vita di Cosimo I, p. 257 ; surtout A. COPPINI, Piero Strozzi nell'assedio di Siena, p. 18.

[23] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 266.

[24] J. Grandi au duc de Ferrare, 1553, 22-23 décembre, Rome (Arch. de Modène, Roma : orig.).

[25] Piero Strozzi à Montmorency, 1553, 24 décembre, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20441, fol. 118 ; orig.).

[26] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, pp. 313-318.

[27] T. del Vecchio arriva à Sienne, le 18 décembre, porteur d'un paquet de lettres adressées au cardinal. Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1553, 28 décembre, Sienne (Arch. d'Etat de Modène, Ippolito II ; orig.).

[28] A. Serristori au duc de Florence, 1553, 27-28 décembre, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3272, fol. 468-470 ; orig.).

[29] Voyez A. COPPINI, Piero Strozzi nell'assedio di Siena, p. 18 (qui rectifie les erreurs de Sozzini) Giulano Ardinghello au cardinal Farnèse, 1554, 6 janvier, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 699, fascic. A ; orig.).

[30] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 23 décembre (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 260 ; orig.).

[31] Santa-Croce au cardinal del Monte, 1554, 13 janvier, Paris (Arch. et loc. cit., fol. 260 ; orig.).

[32] Piero Strozzi à Montmorency, 1553, 25 décembre, Rome : Incontinent que je fuz advesty de la volunté du Roy et de la vostre touchant le prieur de Cappue, je depeschè vers Robert, mon frère, et luy mandé de faire entendre sud. prieur que j'esperoys, par le moyen de vostre bonne grâce, le remettre au service de S. Mté, moiennant qu'il voulût se gouverner sagement... En ce mesme temps la fortune a voulu qu'il est venu à Terracine, là où mond. frère Robert est allé trouver led. prieur, duquel, après beaucoup de justifications par luy faictes, en a rapporté ceste conclusion que, — nonobstant tous les offres et partys qui luv ont esté dernièrement faictz de l'Empereur par les vice-roys de Naples et de Sicille, d'avoyr en don Affrica avec trente mil escuz l'an, pour entretenir tant ceste place que iny et ses gallères au service dud. Empereur, et estre aussy réintégré en la joissance de ses bénéfices ecclésiasticz, ou bien d'estre général des gallères de Naples et de Sicille, avec grande espérance de plus grands degrés et dignités après la mort du prince, qu'il estoit résolu, sans avoyr esgard à tels offres, de faire service au Roy. (Bibl. Nat., ms. fr. 3129, fol. 1920 ; orig.). — Cf. CH. DE LA RONCIÈRE, Histoire de la marine française, t. III, pp. 520 et sqq.

[33] Montmorency à Piero Strozzi, 1554, 26 janvier. Paris (Bibl. Nat., ms. fr. 3169, fol. 46 ; orig. ou copie contemp.). — Cf. Lettres de Catherine de Médicis, t. I, pp. 88-89.

[34] Leone Strozzi à don Giovanni de Vega, 1554, 16 avril (Arch. d'Etat de Florence, Carte Strozziane, 109, fol. 8). — Voyez A. COPPINI, Piero Strozzi nell'assedio di Siena, p. 186.

[35] Sur ces événements, voyez Vita di Piero Strozzi (Bibl. Vatic., Barberini, lat. 4824, fol. 42). Cf. SOZZINI, Diario, p. 157 ; A. VITALIS, Correspondance de Dominique du Gabre, p. 23.

[36] Lettres de provision, 1553, 29 octobre, Villers-Cotterêts (Arch. d'État de Parme. Carteggio Farnes., Toscana ; expédition collat.).

[37] Le cardinal Saint-Clément aux doge et gouverneurs de Gênes, 1553, 7 décembre, Rome, publ. p. M. ROSI, Documenti genovesi sull'assedio di Siena (Bullet. senese di storia patria, t. II, p. 267).

[38] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 14 décembre, Paris (Arch. Vatic., Nunz. Francia. 3, fol. 248 ; orig.). Le cardinal Saint-Clément aux doge et gouverneurs de Gênes, 1553, 29 décembre, Rome (Bullet. senese di storia patria, t. II, p. 270).

[39] Vita di Piero Strozzi (Bibl. Vat., Barberini, lat. 4824, fol. 42).

[40] Voyez un long récit des discordes du cardinal de Ferrare et de Piero Strozzi dans la correspondance de Teofilo Calcagnini au duc de Ferrare, 1554, janvier, Sienne (Arch. d'Etat de Modène, Firenze ; orig.).

[41] Arch. d'Etat de Sienne, Del. Reggimento, VI, fol. 10 ; reg. orig. — Cf. les documents publiés p. A. COPPINI, Piero Strozzi nell'assedio di Siena, p. 79.

[42] P. Santa-Croce à J. Canano, 1554, 10 janvier, Paris (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 258 ; orig.). Sur le voyage de Nichetto, voyez A. VITALIS, Correspondance de D. du Gabre, p. 22.

[43] P. Strozzi au cardinal Farnèse, 1554, 6 janvier, Sienne (Arch. d'Etat de Parme, Carteg. Farnes., Toscana ; orig.). — Cf. A. RONCHINI, Lettere di Bartolomeo Cavalcanti, p. 57.

[44] Arch. d'Etat de Sienne, Del. Reggimento, VI, fol. 15 ; reg. orig.

[45] Le cardinal Saint-Clément aux doge et gouverneurs de Gènes, 1554, 12 janvier, Gênes (Bull. senese di storia patria, t. II, pp. 273-274).

[46] Vita di Piero Strozzi, supr. cit.

[47] Le cardinal Saint-Clément, 1554, 20 janvier, Rome (Bull. senese di storia patria, t. II, p. 275).

[48] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1554, 15 janvier, Sienne (Arch. d'Etat de Modène, Ippolito II ; orig.).

[49] Voyez A. COPPINI, Piero Strozzi nell'assedio di Siena, pp. 24 et sqq.

[50] A. Serristori au duc de Florence, 1554, 13 janvier, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3272, fol. 491 ; orig.).

[51] Concino au duc de Florence, 1554, 25 février (Mediceo, 1854, fol. 20 : orig.).

[52] A. COPPINI, Piero Strozzi nell'assedio di Siena, p. 38.

[53] MONTALVO, Relazione..., pp. 9-10.

[54] Lettre du 20 janvier supr. cit.

[55] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 357 ; A. VITALIS, Correspondance de Dominique du Gabre, pp. 22-23.

[56] A. Serristori au duc de Florence, 1554, 29 janvier, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3272, fol. 517 : orig.).

[57] Seb. Donati et Fr. Franchino à Marguerite d'Autriche, 1554, 20 janvier, Rome, d'après le récit d'un Siennois (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnes., Roma ; orig ). — Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1534, 11 février, Sienne (Arch. de Modène, Ippolito II ; orig.). — Montmorency au cardinal Farnèse, 1554, 13 février, Villeneuve-Saint-Georges (Arch. de Parme, Carteggio, Francia ; orig.). — Cf. A. COPPINI, op. cit., pp. 55 et sqq.

[58] Cl. Tolomei aux Huit de Sienne, 1354, 26 janvier, Paris (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere ali otto IX, 84 ; orig. Cf. Delib. Reggimento, VI, fol. 194 : reg. orig.).

[59] BRANTÔME, éd. Lalanne, III, 134. Cf. E. PICOT, Les Français italianisants, t. I, pp. 236 et sqq.

[60] A. VITALIS, Correspondance de D. du Gabre, p. 22.

[61] Le cardinal Saint-Clément aux doge et gouverneurs de Gênes, 1554, 24 février, Rome (Bullet. senese di storia patria, t. II, p. 280).

[62] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1554, 24 février, Sienne (Arch. d'Etat de Modène, Ippolito II ; orig.).

[63] Hippolyte d'Este au Roi, 1554, 24 février, Sienne (Bibl. Nat., ms. fr. 20455, fol. 213 ; autog. ital.). Le même à Montmorency, même date (fol. 217 ; orig.). P. Strozzi au Roi, 1554, 20 mars, Sienne : Je supplye V. Mté de me vouloir pardonner tout ce qui peut entre succédé par cy devant entre Monsieur le Rme cardinal de Ferrare et moy, duquel je auroys enduré des coups de baston quant j'eusse cogneu le service de V. Mté en valoir mieux. (Bibl. Nat., ms. fr. 20455, fol. 222 ; orig.). — SOZZINI, Diario, p. 185.

[64] Le chevalier Tiburtio au cardinal Farnèse, 1554, 10 mars. Fontainebleau (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 735, fasc. T ; orig.).

[65] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 395.

[66] Lancelot de Carle à Sandrin, maître de chapelle du cardinal de Ferrare, 1554, 6 mars, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 1861, fol. 82 ; orig. intercepté). Lancelot de Carle à Montmorency, 1554, 28 mars. Rome : J'ay esté contrainct de faire plus long séjour par deça que je ne cuydois, mesmement estant retenu par l'advis de MM. le cardinal du Bellay et ambassadeur. Maintenant ayant asseurance de Sa Saincteté que vandredy en congrégation, ou pour le plus loing lundy en consistoire, on verra l'issue tant de l'expédition du drappeau de Mons. le cardinal de Guise que de l'évesché de Valence, je n'actendray plus aultre chose que la venue de Boucher... et passeray par Sienne pour veoyr comme toutes choses y passent. (Bibl. Nat., ms. fr. 20442, fol. 1 : orig.). — Sur l'évêché de Valence, J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1553, 18 août, Compiègne (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[67] Le Reggimento à Cl. Tolomei, 1554, 10 avril, Sienne (Arch. d'Etat de Sienne, Copia Lettere, IV). — Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1554, 11 avril, Sienne (Arch. de Modène, Ippolito II ; orig.).

[68] Hippolyte d'Este au duc de Florence. 1554, 26 février, Sienne (Arch. de Florence, Mediceo, 3722 orig.).

[69] P. Strozzi à Montmorency, 1554, 2 avril, Sienne : Je veule que S. Mté et vous me teniez le plus grand menteur du monde, sy vous ne trouvez que j'ay plus de peine et de travail dud. cardinal que du duc de Florence. En somme, Monseigneur, j'ay désyré venyr en ce pays pour faire quelque service notable au Roy, ce que je ne puys espérer sy je me doibs eonduvre par les provisions qu'il (le cardinal) me ordonnera. Pour autant, il vous plaira me retyrer auprès de Sa Majesté et de vostre personne... La nature du cardinal est insupportable et vouldroyt icy estre Roy et des armes et de l'estat. (Bibl. Nat., ms. fr. 20455, fol. 238 ; orig.)

[70] Henri II au duc de Ferrare, 1554, 6 mars, Fontainebleau : J'ay advisé de renvoyer devers mon cousin le cardinal de Ferrare Nicquet présent porteur pour l'advertir comme je luy ay accordé son congé, voiant la grande et continuelle instance qu'il m'en a faicte. (Arch. d'Etat de Modène, Enrico II ; orig.). P. Strozzi à Montmorency, 1554, 21 mars, Sienne : J'ai veu par les lectres de S. Mté qu'elle a accordé le congé à M. le Rme cardinal de Ferrare, lequel il a plus recherché en espérance qu'il luy fût expressément commandé de demeurer qu'il n'a pas faict par volunté qu'il ayt de s'en aller, vous asseurant bien qu'il feroit toutes choses fort que de partyr de ceste ville, et fera tout ce qu'il luy sera possible pour ne s'en aller, car tout son but est de demeurer en ceste d.ville, là où, en lieu de s'estudyer à la ruyne et contusion des ennemys, il s'est du tout résolu, pour la grande hayne qu'il a contre moy conceue, de me tormenter et fascher par tous les moiens qui luy sont possibles. (Bibl. Nat., ms. fr. 20455, fol. 225 ; orig.).

[71] A. VITALIS, Correspondance de D. du Gabre, p. 93.

[72] Lettres d'Hippolyte d'Este au duc de Florence, 1554, février-mars, Sienne (Mediceo, 3722 ; orig.).

[73] Hippolyte d'Este au duc de Florence. 1554, 14 mai, Sienne (Mediceo, 3722 ; orig.). SOZZINI, Diario, p. 239 ; A. FRIZZI, Memorie di Ferrara, t. IV, p. 334.

[74] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1554, 14 juin, Cantiano, et 23 juin, Argenta (Arch. de Modène, Ippolito II : orig.). Le cardinal del Monte au duc de Florence, 1554, 21 juin, Rome (Mediceo, 3273, fol. 363 ; orig.). Au commencement du mois d'août, grâce à l'intervention du pape, le cardinal obtint du duc de Florence restitution de ses vêtements sacerdotaux. Hippolyte d'Este au duc de Florence, 1554, 22 août, Ferrare (Mediceo, 3722 : orig.).

[75] F. Babbi à l'évêque de Cortone, 1554, 20 juillet, Ferrare (Arch. d'Etat de Florence, Strozziane, 73, fol. 65 ; orig.).

[76] Ercole Bonaccioli au duc de Ferrare, 1554, 12 juin, Florence (Arch. d'Etat de Modène, Firenze ; orig.).

[77] En. Piccolomini au Reggimento, 1554, 48 février, Ferrare (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XXVI, 44 ; orig.).

[78] P. Strozzi à Lanssac, 1554, 24 mai, Sienne (Arch. storico italiano, 1a serie, t. II, p. 461).

[79] Fr. Franchino à Octave Farnèse, 1554, 23 mai, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 257, fasc. 2 ; orig.).

[80] Arch. d'Etat de Sienne, Del. Reggimento, VI, fol. 250-251 et 230 ; reg. orig.

[81] Arch. de Sienne, Consigli, CCLI, fol. 213-214 ; reg. orig.

[82] Roberto Strozzi avait multiplié les démarches auprès de Leone, pendant les mois de février et mars 1554. Le duc de Florence à Pandolfini, 1554, 11 mars, Florence (Arch. d'Etat de Florence, Carte Strozziane, 1a serie, 74, fol. 43 ; orig.). A. Serristori au duc de Florence, 1554, 13 mars, Rome (Mediceo, 3272, fol. 688 ; orig.).

[83] A. Serragli à Bindo Altoviti, 1554, 7 mai, Sienne (Biblioth. de Sienne, A III, fol. 58). Cf. les documents publiés p. A. COPPINI, op. cit., p. 186. — Sur les conditions du retour de Leone Strozzi au service du Roi, Hercule Strozzi au duc de Mantoue, 1554, 29 juin, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, amb. Francia ; orig.).

[84] Arch. d'Etat de Sienne, Del. Reggimento VII, passim ; reg. orig.

[85] L'évêque de Pienza au Reggimento, 1554, 26 mai, Rome (Arch. de Sienne, Lett. al. Reggimento, XXXI, 80 ; orig.).

[86] L'évêque de Pienza, 1554, 30 mai, Rome (Arch. cit., Lett. al Reggimento, XXXII, 18 : orig.). — Sur la famille de Bindo Altoviti, voy. A. Serristori au duc de Florence, 1548, 19 avril, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3267, fol. 3 ; orig.).

[87] Lettres de l'évêque de Pienza supra cit.

[88] Lettres de l'évêque de Pienza supra cit.

[89] Ascanio Celso au cardinal Farnèse, 1554, 2 juin, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 752, fasc. C ; orig.). B. Spinola, et J. de Costa aux gouverneurs de Gênes, 1554, 1-22 juin, Savone et San-Remo (Arch. d'Etat de Gênes, Litteræ, IV, 1061 ; orig.). A. Serristori au duc de Florence, 1554, 7 juillet, Rome (Arch. d Etat de Florence, Mediceo, 3273, fol. 422 ; orig.). — Cf. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 1, pp. 37-38.

[90] Sources supra cit., et Arch. Vatic., arm. XLI, 71, n° 296-297 ; minutes.

[91] Ann. Caro au cardinal Farnèse, 1554, 18 mai, Rome, publ. p. MAZZUCCHELLI, Lettere inedite di Annibale Caro, t. II, p. 211.

[92] A. Serristori au duc de Florence, 1554, 25 mai, Rome (Mediceo, 3273, fol. 2631. — Cf. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 1, p. 51, n. 1.

[93] A. Serristori au duc de Florence, 1554, 25 mai, Rome (Mediceo, 3273, fol. 263). — Cf. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 1, p. 51, n. 1.

[94] A. Serristori au duc de Florence, 1554, 21 mars. Rome (Mediceo, 3273, fol. 30 : orig.). Le même, 17 avril (Ibidem, fol. 114 : orig.).

[95] Le cardinal du Bellay à Montmorency, 1554, 3 mars, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20642, fol. 30 ; orig.).

[96] H. Preta au vice-légat de Bologne, 1554, 19 mai, Brescia (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3272, fol. 229 : orig.). Le cardinal d'Armagnac à Octave Farnèse, 1554, 26 mai, Ferrare (Arch. d'État de Parme, Ferrara ; orig.).

[97] A. Serristori au duc de Florence, 1554, 14 juin, Rome (Mediceo, 3273, fol. 362 ; orig.).

[98] A. Serristori au duc de Florence, 1554, 29 mai, Rome (Mediceo, 3273, fol. 303 ; orig.).

[99] Les ambassadeurs siennois au Reggimento, 1554, 4 avril, Fontainebleau (Arch. d'État de Sienne, Lett. al Reggimento, XXIX, 50 orig.).

[100] Cl. Tolomei au Reggimento, 1554, 4 mai, Paris (Arch. cit., Lett. al Reggimento, XXX, 91 ; Orig.). — Cf. L. BANCHI, Alcune lettere poliliche di Claudio Tolomei (Sienne, 1868, in-8°, broch.), pp. 17-20.

[101] A. VITALIS, Correspondance de Dominique du Gabre, appendice II.

[102] Les ambassadeurs siennois au Reggimento, 1554, 6 avril, Fontainebleau (Arch. de Sienne, Lett. al Reggimento, XXIX, 50 : orig.).

[103] Cl. Tolomei au Reggimento, 1554, 18 avril, Paris (Arch. cit., Lett. al Reggimento, XXIX, 98 ; orig.).

[104] En. Piccolomini au Reggimento, 1554, 11 avril, Paris (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XXX, 15 ; orig.).

[105] Cl. Tolomei au Reggimento, 1554, 18 avril, Paris (Arch. cit., Lett. al Reggimento, XXIX, 98 ; orig.).

[106] S. Gualterio au cardinal del Monte, 1554, 7 juillet, Reims, publ. p. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 1, p. 60 et n. 2.

[107] L'évêque de Pienza au Reggimento, 1554, 24 avril, Rome (Arch. de Sienne, Lett. al Reggimento, XXX, 33 ; orig.).

[108] Del Monte à Prospero Santa-Croce, 1554, 9 avril, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, IV, 220, fol. 32 ; reg. orig.).

[109] Voyez plus haut, liv. I, ch. IV, et R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 1, p. 39.

[110] Lettres supra cit.

[111] Cl. Tolomei au Reggimento, 1554, 4 mai, Paris, et 12 juin, Soissons (Arch. de Sienne, Lett. al Reggimento, XXX, 91, et XXXII, 10 ; orig.). — Cf. surtout P. COURTEAULT, Blaise de Monluc historien, pp. 235 et sqq.

[112] En. Piccolomini au Reggimento, 1554, 21 avril, Paris (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XXX, 15 ; orig.).

[113] Le cardinal Farnèse au duc de Florence, 1554, 25 et 26 mai, Compiègne (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3722 ; orig.).

[114] Giov. Cappello au doge de Venise. 1554, 16 juin, Prémontré (Arch. d'Etat de Venise. Dispacci, Franza, filza 1a ; déchiffré orig.)

[115] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, pp. 422-423.

[116] Arch. d'Etat de Sienne, Del. Reggimento, VII, fol. 263  ; reg. orig.

[117] Il y avait quelque fondement aux bruits qui couraient sur ce sujet. Les habitants du duché se plaignaient vivement du poids des impôts et des vexations que faisaient subir les Florentins aux petites républiques annexées. Par ex., supplique de la commune de San Gimignano à Cosme Ier, s. d. (vers 1550) (Arch. communales de San Gimignano, Segreto, P 66 ; minute).

[118] GALLUZZI, Storia del granducato di Toscana, t. I, pp. 210 et 225.

[119] Il Pero au duc de Florence, 1554, 28 juillet, Venise (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2970, fol. 633 v° ; orig.).

[120] G. Cappello au doge de Venise, 1554, 10 juillet. Reims (Arch. d'Etat de Venise, Dispacei, Franza, filza 1a ; orig.).

[121] G. Cappello, 1553, 18 juillet, Reims (Arch. et loc. cit. ; orig.).

[122] G. Cappello au doge de Venise, 1554.27 juillet, Compiègne (Arch. et loc. cit. ; orig.). Le cav. Tiburtio au cardinal Farnèse, 1554, 31 juillet, Compiègne (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 709, fasc. T orig.). Hercule Strozzi au duc de Mantoue, 1554, 3 août, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue. amb. Francia ; orig.). — Le duc de Guise à la Reine, 1554, 10, juillet, Mariembourg (Bibl. Nat., ms. fr. 3138, fol. 1 ; orig.).

[123] G. Cappello au doge de Venise, 1554, 27 juillet, Compiègne (Arch. et loc. cit. ; orig.).

[124] Gualterio au cardinal del Monte, 1554, 5 août, Compiègne, publ. p. R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 1, p. 80.

[125] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1554, 6 août, Compiègne (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.)

[126] 1554, 11 août, Compiègne (Arch. dép. du Rhône, B, Livre du Roi 1552-1559, fol. 248 v° ; insinuation).

[127] Lanssac à Piero Strozzi, 1554, 11 juillet, Sienne (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 1861, fol. 85 ; orig. intercepté). Bart. Cavalcanti à Octave Farnèse, 1554, 16 juillet, Sienne (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 261, fasc. 2 ; orig. chif.).

[128] Rapport anonyme au cardinal Farnèse  (Arch. d'Etat de Parme, Carteg. Formes., Francia ; orig.). Gin. Benvoglienti aux Huit, 1554, 2 août. Montalcino (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. ali Otto sopra la guerra, VII, 92 ; orig.). — Pour les sources déjà connues, cf. P. COURTEAULT, Blaise de Monluc historien, pp. 250-251.

[129] SOZZINI, Diario, pp. 272-273.