LES ORIGINES POLITIQUES DES GUERRES DE RELIGION

LIVRE TROISIÈME. — L'ENTREPRISE DE TOSCANE

CHAPITRE II. — HIPPOLYTE D'ESTE ET LE DUC DE FLORENCE.

 

 

Au lieu du duc de Guise, qu'attendaient les agents du Roi en Italie[1], ce fut Piero Strozzi qui partit, au printemps de 1553, pour la Péninsule.

Dès le mois de janvier, nous l'avons dit, Henri avait montré le désir de charger Piero d'une mission au delà des Alpes. A ce projet le connétable s'opposa vivement d'abord, assuré que Strozzi apporterait dans les affaires d'outremonts de nouveaux ferments de guerre ; puis soudain, au début de mars, Montmorency se dédit, soutint que l'envoi du chef des fuorusciti était nécessaire et qu'il le fallait dépêcher sans délai[2]. Les motifs de cette volte-face ne sont guère obscurs empêcher le départ du duc de Guise lui-même, en lui substituant Strozzi, jouer un mauvais tour au cardinal de Ferrare, qui se verrait en quelque sorte inspecté par l'homme qu'il détestait le plus au monde, enfin gagner à ce coup la sympathie des fuorusciti qui ne manqueraient point d'entrer en conflit avec Hippolyte d'Este, et partant se sépareraient des Guises. Entre le mois de janvier et le mois de mars 1553, une révolution s'était produite dans l'ordre des factions de la Cour.

Piero Strozzi reçut ses instructions, le 30 mars, et partit de Saint-Germain, le 3 avril[3]. Des agents assurèrent qu'il emportait autorisation du Roi pour dépenser trois cent mille écus[4]. Par Lyon, la Suisse, Brescia et la Vénétie, Piero arriva à Parme, le 15 avril ; là il conféra avec les Farnèse, puis il se rendit à La Mirandole. Le 19 avril, il était à Ferrare ; ensuite, il partit pour Venise[5]. Le 2 mai, il était de retour à Lyon et, le 6 de ce mois, il rentrait à Saint-Germain[6]. En Italie, Piero avait rencontré son frère Roberto Strozzi, le banquier, en compagnie duquel il avait négocié et levé des troupes, durant la plus grande partie de son séjour en Emilie et Vénétie[7].

Le voyage du chef des fuorusciti avait été très bref. Ce fut assez, néanmoins, pour mettre l'Italie en rumeur.

Henri II avait chargé Strozzi, en l'envoyant outremonts, de lever des troupes, de faire une enquête discrète sur les affaires de Sienne, enfin de régler avec le duc de Ferrare quelques différends touchant un projet de ligue élaboré et proposé par Dominique du Gabre[8].

Sur l'entreprise de Sienne, la mauvaise humeur de Montmorency se montrait de plus en plus. En terme acerbes, le connétable représentait à son maitre combien était coûteux et vain le gouvernement du cardinal de Ferrare. Le bilan de cette affaire n'offrait aucun profit. Bien qu'ils se fussent engagés à ne pas dépenser plus de vingt mille écus le mois, Hippolyte d'Este et M. de Termes avaient grevé le Trésor, seulement pour les trois premiers mois de 1553, d'un passif de trois cent soixante mille écus. Aussi, Montmorency déclarait-il qu'avec l'argent dépensé à Sienne, par la sottise du cardinal de Ferrare, on aurait pu élargir et fortifier les conquêtes de Piémont. Le Roi lui-même s'était ému d'une telle incurie, et, en séance du Conseil des Affaires, il exprima, un jour, son mécontentement[9]. C'est de cette dépense que Strozzi avait reçu ordre de s'enquérir auprès du trésorier des armées de France à Ferrare, Dominique du Gabre.

Il est probable que l'évêque de Lodève, sur ce sujet et sur d'autres plus périlleux, professa une opinion défavorable à Hippolyte d'Este. Du Gabre, en effet, avant même qu'arrivât le chef des fuorusciti, jugeait et condamnait la politique du cardinal de Ferrare, accusant celui-ci de n'avoir rien entendu au manège des choses de Toscane et de s'être laissé duper par le duc de Florence[10]. Strozzi était tout porté, par ses passions, à recueillir des doléances qui incriminaient ensemble ses deux ennemis, Cosme de Médicis et Hippolyte d'Este.

Au reste, Piero n'étant pas allé à Sienne, n'avait pas irrité la susceptibilité du cardinal. Charles de Guise s'était empressé, aussitôt connu l'envoi de Strozzi en Italie, de prévenir toute blessure d'amour-propre dans l'esprit d'Hippolyte : mais celui-ci avait répondu qu'il était disposé à recevoir le chef des fuorusciti, s'il plaisait au Roi de l'établir à Sienne même avec une autorité quelconque[11]. A vrai dire, cette réponse couvrait la réelle inquiétude du cardinal : dans le même temps, par l'intermédiaire de M. de Termes, Hippolyte faisait savoir à Henri II que le séjour de Strozzi en Italie était inopportun et risquait d'amener une scission irréparable entre les Siennois et le duc de Florence[12].

De fait, Cosme tira occasion de la venue de Piero Strozzi en Italie pour accentuer son hostilité contre la politique française. Le 17 avril 1553, le duc avait reçu nouvelle de l'arrivée du célèbre fuorusciti en Emilie ; les agents florentins informaient, en outre, leur maitre que l'objet principal de la mission de Strozzi était de lever des troupes afin de libérer à jamais la Toscane des Espagnols. Ce bruit produisit, à la Cour du Médicis, une vive émotion. Cosme déclara, d'un ton de tragédie, qu'il serait forcé de sortir de sa nature pacifique pour se protéger, par tous les moyens, contre les agissements de ses ennemis[13].

Strozzi, durant son bref voyage en Balle, ne s'enquit pas seulement des affaires de Sienne. Il avait reçu mission d'entrer en propos avec le duc de Ferrare, frère d'Hippolyte d'Este, au sujet de certaines pratiques diplomatiques qui avaient engendré un malentendu fâcheux entre le gouvernement royal et Hercule II.

Au milieu des intérêts et des passions que recélait l'Italie, Hercule d'Este se trouvait dans une situation difficile. Oncle du roi de France, beau-père du duc de Guise, il était, d'autre part, feudataire du Saint-Siège et relevait de l'Empire pour Modène et Reggio[14]. Doué de finesse, de perspicacité et surtout de prudence, il avait besoin, plus que nul autre, de ces qualités. Son Etat, carrefour des grandes routes de Milan, de Venise, de Rome et de Naples, offrait la meilleure position stratégique de la Péninsule : aussi, les grands rivaux, qui se disputaient le gras champ d'Italie, pensaient-ils toujours au duc comme à un allié ou comme à une proie. Hercule s'efforçait de n'être ni l'un ni l'autre. En tout cas, il entendait vendre son alliance assez cher pour couvrir les risques de l'aventure. Le mariage de sa fille, Anne, avec François de Guise avait incliné sa fortune, il est vrai, vers le roi de France, dont il espérait tirer de grandes sommes d'argent. Mais il avait pris soin, en toute hâte, de rassurer l'Empereur sur son attitude, et, trois mois après la rencontre de Turin, Hercule s'était rendu à Mantoue, le 12 janvier 1519, pour saluer le fils de Charles-Quint, Philippe d'Espagne, qui allait en Allemagne[15]. Plus tard, la guerre de Parme avait fort inquiété le duc de Ferrare, et nous avons vu quels efforts il avait employés pour l'éteindre.

Mais, comme tous les petits princes de l'Italie, plus encore que prudent, Hercule était avide. Après la révolution de Sienne, qui avait donné l'hégémonie aux Français dans la Péninsule, et la victoire de Metz, qui ruinait le prestige de l'Empereur en Europe, le duc estima qu'il pouvait, sans courir trop de risques, prendre le parti du plus fort, avec le dessein d'exploiter la générosité de celui-ci.

Le 16 octobre 1552, était arrivé à Ferrare, pour y résider comme ambassadeur et y faire fonction de trésorier des armées de France, ce Dominique du Gabre, évêque de Lodève, que déjà nous avons cité, — Toulousain exubérant et sensé, mais dénué de finesse[16]. Dans le renouveau de la gloire française, Hercule séduisit sans difficulté ce comptable enthousiaste, qui rêvait de grandes entreprises. Bref, du Gabre élabora un projet de ligue étonnant, qui fut paraphé, à Ferrare, le 13 mars 1553. Finalement, par ce benoist traité le bon évêque obligeoit le Boy à mettre une grosse somme de deniers en dépôt dans la ville de Ferrare, pour subvenir promptement an duc s'il en avoit besoing, et envoya au Roy cette capitulation comme ung beau chef-d'œuvre dont l'autheur méritoit louange et rémunération, commémorant par ses lettres la difficulté qu'il avoit eue à ranger le duc à cette raison[17]. Et du Gabre, plein d'un zèle crédule, exhortait Henri II à signer ce contrat. Sire, écrivait-il, puisque vous êtes savant aux affaires d'Italie et qu'il semble que toutes choses vous convient à les achever et non de vous en reculer, je pense que vous ne debvez pas laisser passer telles occasions, mais vous en résouldre promptement et gaillardement, et, quand bien vous n'auriez pour volonté d'y faire guerre pour ceste heure, telz serviteurs feront toujours vivre votre réputation en Italie, tiendront votre ennemy en suspens et en peine et en despence, et vous faciliteront toutes vos entreprizes pour l'advenir, de sorte que ce que vous dépendrez pour leur entretien ne sera point mal employé[18].

Henri II avait souhaité, non de prendre le duc de Ferrare à sa solde, mais seulement de le traiter comme prince allié et amy. Aussi, Montmorency aidant, trouva-t-il le projet de du Gabre merveilleusement estrange et contre toute expectation[19]. L'évêque de Lodève reçut un blâme, à quoi il répondit par cette déclaration qui vaut d'être retenue : Il est vray, Sire, que j'ay failly lourdement à la praticque de Monseigneur le duc de Ferrare. Ma faulte, s'il y en a, procède d'une maladie commune à tous voz serviteurs et ministres en Itallye. Car il nous semble qu'il n'y a aultre monde que ce pays, et que, toutes choses laissées, vous devés entendre à vous en faire maistre ; pour quoy nous ne parlons que d'expédientz, de praticques, de guerres et d'armes pour vous y faire trionfer[20].

Du Gabre n'avait péché que par excès de zèle et par naïveté. Le duc de Ferrare avait montré au vif sa cupidité. Strozzi dut faire entendre raison à l'un et à l'autre.

Lorsque Piero vint à Ferrare, Hercule d'Este prit la défense de l'évêque de Lodève et mit en relief les bonnes intentions qui avaient dicté le projet de traité[21]. A cette apologie le chef des fuorusciti répartit doucement, en touchant à la question des sommes d'argent demandées par Hercule, que le Roy eût bien désiré accepter ce qu'il requéroit pour la dite capitulation, mais que ces charges estoient si excessives et les finances dudit seigneur si foibles qu'elles n'en scauroient porter la moitié, quant ores il seroit deschargé de plusieurs autres despenses qu'il estoit forcé de soutenir, qu'il avoit, grâce à Dieu, en celle guerre, non seullement résisté, mais endommagé son ennemy, et qu'il espéroit avec l'ayde de Dieu garder son advantage, voire le croistre, et essaieroit de se passer de compagnie si chère[22]. Le duc dit alors à Strozzi, non sans ironie, qu'il convenait au Roi de ne rien innover en Italie, et particulièrement en Toscane, puisque le pape créait à ce moment des légats pour la paix. De plus, Hercule informa aussitôt le duc de Florence de toute la négociation[23].

La maison d'Este souffrit de la froideur survenue dans les rapports qui unissaient Henri II au duc de Ferrare. Bien que le cardinal Hippolyte eût pris soin de se distinguer de la cause de son frère, aux yeux du Roi[24], il resta, en l'esprit de celui-ci, une mauvaise disposition à son égard. De retour en France, Strozzi dut nourrir ces germes de défiance, d'autant que le cardinal appliquait aux affaires de Sienne une politique tout opposée aux sentiments et aux conseils des fuorusciti. Piero, après avoir accusé la sottise d'Hippolyte d'Este, ne tarda pas à répandre des bruits plus malveillants sur sa fidélité[25].

Enfin les Farnèse, alors en grand crédit à la cour de France, étaient disposés à desservir les Este, dont l'ambition offrait une menace pour leur État et pour leurs espoirs. Le duc Hercule n'avait-il pas inséré, dans le projet du trésorier du Gabre, un article audacieux : Sa Majesté essayera de recouvrer du duc Octavio Farnèze la ville de Parme et estat du Parmezan ; et, en cas que ledit estat tombast entre les mains de Sa Majesté, elle promet de le bailler et mettre en mains dudit sieur duc de Ferrare et l'en faire seigneur et possesseur, pour en jouir, luy et les siens[26].

La mission de Strozzi en Italie, si brève qu'elle eût été, avait accentué les traits des lignes hostiles, sur la carte de la Péninsule. Le duc de Florence, sans oser attaquer de front le roi de France, ne couvrait plus de tant de formes la vérité de ses sentiments : comme on s'étonnait qu'il eût rompu ses liens d'étroite relation avec la république de Sienne, Cosme avoua qu'il ne lui plaisait point ni qu'il ne pouvait lui plaire que cette ville fût aux mains des Français ou de personne autre[27]. Henri lui-même, à cette époque, dans l'extrême variation de ses velléités, s'arrêtait surtout aux idées de guerre : il répondait alors au prince de Salerne, qui lui offrait la conquête de Naples, qu'il importait de vaincre d'abord en Toscane[28]. Et par ces paroles, le Roi n'entendait pas menacer seulement les Espagnols qui couraient le comté de Sienne, assiégeant de-ci de-là quelques places, mais bien Cosme de Médicis. Quant au duc de Ferrure, frustré des biens qu'il avait pensé tirer d'une ingénieuse alliance avec le Très Chrétien, il n'échappait pas, pourtant, aux vexations des Impériaux, qui l'accusaient d'avoir prêté soixante mille écus aux Français et d'avoir facilité les menées de Piero Strozzi : en dépit de ses protestations et de sa prudence, Hercule se voyait traité en belligérant[29]. Enfin, les agents français étaient animés d'une fièvre plus ardente. Sire, écrivait Lanssac au Roi, il est certain que tous ceulx qui vous sont affectionnéz icy désireroient qu'il ne se fist point d'accord, d'autant qu'ilz ne considèrent pas les affaires que vous avez d'ailleurs[30]. Une conflagration meurtrière semblait imminente, dans le centre de l'Italie. Montmorency n'encourageait d'aucune manière ce mouvement. Désireux d'affaiblir la force des Guises, qu'avait exaltée la victoire de Metz, il s'était rapproché des fuorusciti, en favorisant les désirs de Strozzi : c'était, dans sa pensée, un moyen de recouvrer la direction des affaires d'Italie, au détriment du cardinal de Ferrare, oncle des Lorrains. Mais le magnifique Piero était un agent bien indocile, enclin à semer pour son propre compte le grain de guerre. On ne peut penser que le connétable se soit abusé sur son nouvel ami, au point de croire que, par son moyen, il apaiserait l'affaire de Sienne et délivrerait la politique royale de cette charge lointaine. Montmorency, c'est plus vraisemblable —, dans sa hâte d'amoindrir la puissance des Guises et d'attirer les fuorusciti, oublia le danger qu'il créait lui-même en s'alliant aux bannis florentins.

 

L'envoi de Piero Strozzi en Italie avait été décidé par le Roi, sous l'inspiration du connétable, en même temps qu'un mouvement diplomatique touchant l'ambassade de Rome. Dans l'une et l'autre mesures se montrait la volonté de Montmorency de ressaisir la guide des négociations italiennes, que menaient presque exclusivement, depuis trois ans, des créatures de la maison de Guise.

L'ambassade de Rome était encore occupée, au début de 1553, par Claude de La Guiche, évêque de Mirepoix, le prélat ultramontain qui avait préparé jadis avec tant de zèle la réconciliation de Jules III et de Henri II. Son zèle envers le Saint-Siège était resté égal, mais il ne paraissait plus aussi opportun au gouvernement royal, qui blâmait l'évêque de sa soumission aux roueries de la Curie et jugeait son action trop indolente[31]. Au mois de février 1553, le Roi apprit d'une source indirecte que le pape avait concédé à Charles-Quint la faculté de vendre des vasselages en Espagne pour cinq cent mille écus. De plus, le secrétaire Boucher, toujours attaché à l'ambassade de Rome bien qu'il fût depuis longtemps en mauvais termes avec La Guiche, informait la Cour que le cardinal de Carpi, légat du Saint-Siège, avait fourni des vivres et des armes aux troupes espagnoles qui menaçaient la république de Sienne. Fort étonné de n'avoir pas été averti de ces faits par Mirepoix, Henri II conçut de la défiance et résolut de rappeler l'ambassadeur négligent. Personne ne défendit celui-ci, au Conseil : les Guises ne pardonnaient point à l'évêque d'être candidat an chapeau contre Louis de Lorraine ; les fuorusciti voulaient un ambassadeur plus belliqueux et qui pût, à l'occasion, détacher le pape du duc de Florence ; Montmorency suivait sans défiance les avis intéressés du secrétaire Boucher, qu'il savait ardent à défendre les prétentions politiques et ecclésiastiques du Roi[32].

La Guiche aurait pu invoquer, pour excuser son manque d'activité, la grave maladie dont il souffrait depuis le mois de juillet 1552[33]. En apprenant la nouvelle de cette disgrâce, le pape montra un vif mécontentement, accusa. Bouclier d'en être l'auteur responsable et le qualifia d'homme plein de vanité et de mensonges[34]. L'évêque de Mirepoix mourut à Rome, le 16 avril 1553, quelques jours avant l'arrivée de son successeur[35].

Le gouvernement royal avait fait savoir qu'il enverrait auprès de la Curie, pour remplacer l'ambassadeur ancien disgracié, Louis de Saint-Gelais, sieur de Lanssac, le gentilhomme même qui avait gagné déjà les suffrages du pape et de son entourage, au cours d'une mission extraordinaire, en juillet 1552. Lanssac était la créature et le favori du connétable, dont il représenterait fidèlement, à Rome, la politique[36].

De plus, pour appuyer l'action diplomatique de Lanssac et pour tenir lieu de protecteur, en l'absence du cardinal de Ferrare, Henri II chargerait un cardinal français d'une mission auprès du Saint-Siège. Dès le mois de février 1553, le choix du Roi s'était arrêté sur Odet de Châtillon, neveu de Montmorency[37]. Mais le 20 mars, on sut, à la Cour, que Châtillon, malade, ne partirait point et que le cardinal du Bellay irait à Rome en son lieu[38]. Réelle ou imaginaire, la maladie de Châtillon parut n'être qu'un prétexte : le nonce lui-même assurait qu'Odet n'avait pas voulu s'éloigner, de peur d'encourir les dangers et les calomnies qui menacent ceux qui sont absents. En outre, il avait refusé d'entrer en rapports avec le cardinal de Ferrare[39].

Lanssac partit de Saint-Germain-en-Laye, le 3 avril[40]. Il passa par Venise et Ferrare, afin d'y affermir la situation du parti français, et, le 30 avril, après s'être arrêté un jour ou deux à Borghetto et à Ronciglione chez la vieille duchesse Farnèse, il arrivait dans la Ville éternelle[41]. Jules III l'accueillit de bonne grâce[42]. Les instructions, qu'avait reçues l'ambassadeur, le chargeaient de mettre les affaires de Rome en corrélation avec celles de Sienne, de séduire le pape pour l'amener à une alliance française, ou tout au moins d'empêcher qu'il ne se déclarât en faveur du duc de Florence[43].

Jean du Bellay quitta son beau lieu de Saint-Maur, le 14 avril[44]. A petites étapes, il s'achemina vers l'Italie. Le 3 mai, il était encore à Lyon[45]. Il partait, lui aussi, pour représenter à Rome la politique du connétable, son ami.

 

Cependant, le 5 mars 1553, était arrivé à Florence le nonce Onofrio Camaiani, dépêché par le pape afin de proposer les moyens d'un accord définitif, au sujet de Sienne, entre Cosme de Médicis, Francesco de Toledo, général des troupes impériales, et le cardinal de Ferrare, lieutenant du Roi. Aux ouvertures de Camaiani le duc répondit nettement qu'il ne voulait accepter d'autre accord que celui en vertu de quoi les Français quitteraient Sienne, laissant la ville et son comté libres, sous la tutelle du Saint-Siège et des princes italiens[46]. Mais, en secret, Cosme offrait au pape son alliance pour conquérir une partie du territoire siennois, qui serait érigée en Etat au profit de Fabiano del Monte, neveu de Jules III, sous la suzeraineté du duché de Florence[47].

L'arrogance du Médicis avait sa source dans les nouvelles venues de Sienne : la ville était, disait-on, dépourvue de munitions et d'argent, la garnison affaiblie par les désertions, sous la crainte des Impériaux. Ces informations laissaient croire que, pour se sauver honorablement d'une situation mauvaise, la République négocierait volontiers un accord qui donnerait au duc de Florence profit sans peine[48].

L'attitude toute conciliante du cardinal de Ferrare autorisait de telles espérances. Au commencement de l'année 1553, Hippolyte avait reçu, ainsi que M. de Termes, un pouvoir du Roi afin de traiter, le cas échéant, avec les Impériaux qui dévastaient une partie du comté de Sienne. C'est en considération de ce pouvoir et aussi pour profiter de l'occasion qu'offrait la mort du vice-roi de Naples, décédé à Florence, le 22 février, que le pape Jules III avait dépêché le nonce Camaiani en Toscane[49].

De lui-même, le cardinal inclinait à outrepasser les instructions, qu'il avait reçues de Henri II, et à faire des avances dangereuses. Le 23 mars, Hippolyte d'Este fit savoir à Cosme de Médicis qu'il se proposait d'envoyer un gentilhomme à Florence, pour y négocier en son nom, et pria le duc de vouloir bien déléguer de sa part quelqu'un à Sienne. C'était une façon de rétablir les ambassadeurs, qu'on avait rappelés, au mois de février. Cosme répondit qu'il ferait bon accueil au personnage qui le viendrait visiter, niais que, pourtant, il ne croyait pas de voir déléguer personne auprès des ministres du Roi[50]. Cette attitude, où perçait une hostilité à peine dissimulée, n'arrêta point le zèle prévenant d'Hippolyte. Le 31 mars, arrivait à Florence le gentilhomme envoyé de Sienne par le cardinal.

Cet ambassadeur fit entendre au duc que, s'il voulait observer une neutralité loyale à l'égard de la République et des Français, le Roi lui accorderait en retour toutes les sûretés et les satisfactions raisonnables. Cosme répondit insolemment qu'il n'avait besoin d'autres sûretés que celles que lui donnaient ses propres forces, et congédia le gentilhomme qui rentra aussitôt à Sienne[51].

Sous le coup d'un tel affront, l'empressement du cardinal se fût sans doute ralenti, si le pape, juste à ce moment, n'avait fourni une nouvelle occasion de pourparlers. Jules III s'inquiétait d'autant plus des affaires de Toscane que son neveu, Ascanio della Corgna, figurait parmi les chefs de l'armée espagnole[52]. A une demande qu'avait adressée le pontife à Charles-Quint touchant ces affaires, l'Empereur répondit qu'il s'en remettait entièrement à l'avis de ses représentants, c'est-à-dire à Cosme de Médicis, Garzia et Francesco de Toledo. Croyant lire dans ces paroles une adhésion voilée aux projets d'accord, Jules III fit savoir aussitôt qu'il enverrait en Toscane Federico Fantuzzi, auditeur de rote, avec entier pouvoir d'établir une paix stable dans l'Italie centrale[53]. De plus, il annonça au duc de Florence qu'il était disposé à se rendre lui-même, pendant l'été, aux confins de l'Etat pontifical, dans la région de Viterbe, pour y présider à une entrevue des parties. Cosme remercia le pape, l'encouragea à venir jusqu'à Pérouse, où il promettait de l'aller visiter[54], et, en attendant, le pria, non sans impudence, de faire porter par Fantuzzi au cardinal de Ferrare une admonestation sévère pour qu'il prit garde de ne pas devenir l'occasion et le sujet de l'inquiétude et de la ruine de l’Italie[55]. Hercule d'Este lui-même, dégoûté des entreprises par l'échec de son projet d'alliance lucrative avec le Roi, offrait de prêter son aide à des négociations pacifiques[56].

Federico Fantuzzi partit de Rome, le 30 mars 1553, et arriva, le 3 avril, à Sienne[57]. Les magistrats de la République, de qui, le lendemain, il reçut bon accueil et auxquels il récita une exhortation de paix, le renvoyèrent aux agents du Roi, c'est-à-dire Hippolyte d'Este et M. de Termes. A ces derniers Fantuzzi déclara que Sa Sainteté avait charge de faire reconnaître à la République et aux représentants de Henri II que lorsque les troupes françaises auraient évacué l'Etat et qu'ainsi la cité aurait recouvré son ancienne liberté, l'Empereur s'empresserait de retirer l'armée espagnole du comté[58]. A ce vieux propos les deux lieutenants répondirent par un mémoire rédigé qu'ils donnèrent au délégué du pape : ils remerciaient le Saint-Siège de son initiative apaisante, demandaient qu'on voulut bien leur expliquer quelles garanties seraient mises à la liberté de Sienne, dans le cas où les soldats du Roi quitteraient la ville, et, somme toute, se retiraient derrière les ordres à venir de leur maître[59].

Ce mémoire laissait paraître, dans l'esprit des représentants de la France, une velléité doublée de crainte : bien désireux de ménager la suite des négociations, ils se repentaient, d'autre part, d'un excès de faiblesse et sentaient qu'ils seraient blâmés de n'avoir point proclamé la volonté du Roi de maintenir à jamais sa protection sur Sienne. Fantuzzi partit pour Florence[60].

Le 13 avril, Hippolyte d'Este dépêcha le capitaine Jérôme de Pise, avec mission d'aller en France porter à Henri II un compte rendu des affaires de Toscane et, en particulier, de ce qu'avait proposé l'envoyé du pape : le cardinal demandait des instructions précises afin de décharger sa responsabilité[61]. Passant par Florence, le capitaine remit au duc une lettre d'Hippolyte : celui-ci s'y déclarait personnellement gagné aux propositions d'accord[62]. Mais, à Ferrare, Jérôme de Pise rencontra l'ambassadeur Lanssac, qui arrivait de France, se rendant à Rome. Lanssac arrêta le capitaine et le fit retourner à Sienne, sous prétexte que lui-même apportait les instructions du gouvernement royal touchant la négociation en cours et que, partant, l'envoi d'un courrier était superflu[63]. Le cardinal trouva ce procédé malséant et ne cacha pas son déplaisir[64].

Lanssac était, nous l'avons dit, une créature de Montmorency : les instructions à lui remises contenaient une politique de prudence et de paix. Je vous advise, écrivait-il à Hippolyte d'Este, que Sa Majesté m'a commandé que si le pape me tenoyt quelque propoz du dict accord, je luy disse que jamais l'intention de Sa Majesté n'avoyt tendu à aultre fin que à mettre Syennes en liberté et la y maintenir. Lanssac ajoutait des considérations, où l'on retrouve la pure doctrine du connétable : Vous scavez que, quand le Roy auroyt concquis la moictié de l'ltalye et qu'il basteroyt mal pour luy en son royaume, il perdroit tout ; et, au contraire, que, quant ses affaires se porteront bien et heureusement du costé de delà il y aura tousjours bonne part et sera le bienvenu par deça. Et me semble que vous ne scauriez mieulx faire que viendre diligemment au dict accord, car, pourveu que vous rellevez le Roy de despense, son honneur et réputation sauve, et que Siennes demeure en liberté, il me semble que vous ne sçauriez frapper maulvais coup[65].

Relever le Roi de dépense, c'est là toute l'attitude du connétable au regard des affaires de Toscane : le premier conseiller prêche l'abandon de Sienne, moyennant quelques garanties honorables, parce qu'il voit fondre les deniers du Trésor dans cette entreprise, dont il craint que l'issue ne soit que perte et honte[66]. Pendant le mois de mai 1553, le Roi subit l'influence de Montmorency et se livre aux conseillers de paix : il déclare vouloir traiter d'un accord, sous réserve seulement que la République, sa protégée, y consentira. On semble donc proche du terme pacifique[67]. Mais Henri II passe sous une autre influence, et, le juin, il écrit rudement, au sujet du duc de Florence : Puisqu'il se monstre si friant de la guerre, il est en danger d'en avoir tout son saoul[68]. C'est qu'alors, sous la protection du pacifique Montmorency, dont ils sont devenus les alliés, les fuorusciti florentins soufflent au feu de la guerre.

Ainsi s'écoulèrent les premiers mois de l'année 153, parmi des négociations dont la trame parait plus embrouillée qu'elle ne fut en réalité. Toute la confusion provient de l'étrange alliance qui unit Montmorency aux fuorusciti contre Hippolyte d'Este et les Guises : le connétable veut à la fois ruiner le cardinal de Ferrare et mettre fin à l'entreprise de Sienne, tandis que les bannis reprochent justement au cardinal de ne pas donner à cette entreprise toute son ampleur et de ne pas la diriger contre Cosme de Médicis. Les rivalités de Cour ont créé un amalgame de forces politiques qui étaient destinées naturellement à se combattre, mais qui s'accordent, avec des fins tout opposées, pour attaquer un adversaire commun.

Au fond, la politique de Montmorency et celle d'Hippolyte d'Este se ressemblent : l'un et l'autre de ces deux hommes cherchent à réduire l'effort belliqueux de Toscane, le premier parce qu'il lui plait de réserver toutes les forces royales à la poursuite de fins proprement françaises, le second parce qu'il ne veut point se brouiller avec le duc de Florence et que, d'autre part, en cas de grande guerre, il perdrait la prépondérance à Sienne, au profit d'un chef militaire.

Quoi qu'il en soit des rivalités de personnes, les instructions irrésolues et incohérentes du gouvernement royal, d'une part, de l'autre la faiblesse et la naïveté diplomatiques d'Hippolyte d'Este vis-à-vis de Cosme de Médicis préparent ensemble et sous des formes parfois contradictoires un avenir funeste. On peut, selon son humeur, louer la sagesse générale de Montmorency, qui tendait à renoncer aux conquêtes d'outremonts. Mais, si l'on applique cette grande sagesse de principe aux faits et particulièrement à l'entreprise de Sienne, les conséquences ressortent sous un jour fâcheux : puisqu'on avait engagé cette affaire, il la fallait poursuivre avec audace et vigueur et ne point attendre que le duc de Florence fixât l'heure du combat, au gré de ses convenances.

A vrai dire, cette action rapide et efficace Contre Florence, les fuorusciti, nous l'avons dit, la préconisaient dès longtemps. Leur heure viendra trop tard, et, au surplus, brouillons et passionnés, ils n'étaient pas de ces hommes dont l'audace réfléchie emporte la victoire décisive.

L'été et l'automne de 1553 apporteront plus de netteté dans la conduite des partis et des hommes. Cette nouvelle période s'ouvre par une comédie solennelle, dont l'action se déroula, sous la présidence de Jules III, dans le décor charmant du pays de Viterbe.

 

Viterbe était alors, aux confins de l'Etat pontifical, une station balnéaire très fréquentée des Romains[69]. Nous avons vu que, dès le mois de février 1353, le pape avait fait connaître à Cosme de Médicis son intention d'y passer une partie de l'été suivant et d'y réunir en conférence les représentants des princes qui se disputaient au sujet de Sienne.

Le duc de Florence, à la fin du mois d'avril, soit qu'il voulût faire retarder, pour se mieux préparer, l'ouverture des hostilités, soit qu'il espérât obtenir des agents français, par l'influence de Jules III, qui était son ami, et sous la crainte des troupes espagnoles lesquelles assiégeaient alors, pour le compte de Charles-Quint, la ville de Montalcino, un traité favorable à ses intérêts, pria le pape d'exécuter son dessein et de fixer un rendez-vous, sans quoi, disait-il ; les négociations de paix échoueraient, vu la fierté des Français, l'esprit pointilleux des Espagnols, la nature subtile du cardinal de Ferrare et l'âme soupçonneuse des Siennois. Ce voyage, ajoutait Cosme, donnerait à Sa Sainteté gloire et récréation[70].

Le 2 juin an soir, Jules III partit de Rome pour Viterbe ; il avait l'intention de se rendre ensuite à Orvieto, où il espérait rencontrer le cardinal de Ferrare, les représentants de Charles-Quint et ceux du duc de Florence[71]. L'accord, préparé par les divers prélats envoyés naguère en Toscane, s'annonçait en signes favorables. Le 29 mai encore, le pape avait délégué le cardinal de Pérouse à Florence et le cardinal Sermonetta à Sienne[72]. Ce dernier fit connaître à Hippolyte d'Este et au Reggimento les grandes lignes du traité que proposait le pontife : la clause essentielle était que le Saint-Siège reçût, à l'exclusion de tout autre, le droit de protection sur la République et y nommât un lieutenant militaire[73].

Le 5 juin, après s'être arrêté à l'isola Farnèse, Jules III arriva à Viterbe, accompagné des cardinaux Mapheo, Montepulciano, Cicada, Santa-Fiore, Urbino et Del Monte. Les ambassadeurs français et espagnol auprès du Saint-Siège s'y trouvaient déjà ainsi que le cardinal Santa-Croce, venu la veille de Rome, et le cardinal Sermonetta, qui était de retour de Sienne[74].

Ce dernier informa le pape des résultats de sa mission. Hippolyte d'Este acceptait en principe l'invitation de se rendre à Viterbe, non comme ministre du Roi, il est vrai, mais comme cardinal obéissant[75]. Jules III, inquiet, dépêcha le courrier Vimercato à Sienne, le 7 juin, pour presser Hippolyte de venir au rendez-vous[76].

Vimercato transmit, le 9, la lettre du pape au cardinal. Celui-ci, après avoir demandé un sauf-conduit au duc de Florence et à Garzia de Toledo, se disposa à partir[77]. Le même jour, le Reggimento de Sienne décida de faire élire par l'assemblée générale du peuple quatre ambassadeurs, pour aller à Viterbe, Orvieto et partout où serait la personne du pape, sous expresse réserve que la République n'entendait, par cet acte, renoncer en rien à l'alliance de Sa Majesté Très Chrétienne[78].

Cependant, l'ambassadeur Lanssac, qui poussait fort à l'accord, avait écrit, dès le 1er juin, au cardinal du Bellay, afin que celui-ci pressât son voyage et assistât aux conférences[79]. Jean du Bellay se trouvait encore dans l'Italie du Nord : après avoir passé par la Suisse et subi des infortunes de voyage en la plaine de Vérone, il était arrivé à Ferrare, venant de Mantoue[80]. Il partit aussitôt et fit son entrée à Viterbe dans la matinée du 12 juin[81]. Le pape n'y était déjà plus.

Le 9 juin, Jules III, souffrant d'un catarrhe et de la goutte, résolut de s'en retourner. Mais, avant de quitter Viterbe, il rédigea un mandement qui contenait ses propositions d'accord. Cet acte présentait trois articles essentiels : d'abord, une suspension d'armes serait signée pour un mois, pendant lequel les armées française et espagnole laisseraient la ville et le comté de Sienne ; ensuite, le pape y enverrait comme légat et surintendant le cardinal Santa-Croce, avec mission de réorganiser le gouvernement de la République ; enfin le Saint-Siège assumerait la protection de la cité et de son territoire[82]. Le pape fixait un nouveau rendez-vous à Rome qu'il notifia aux cardinaux de Ferrare et du Bellay. Mais la chaleur et les souffrances physiques arrêtèrent le pontife jusqu'au 12 juin : à cette date, il quitta Viterbe avec le dessein de rentrer dans la Ville éternelle ; au bout de deux milles de route, à Bagnaia, il céda aux attaques de la goutte et prit demeure[83].

Cependant, les ambassadeurs convoqués naguère affluaient à Viterbe. Dès les premiers jours de juin, Cosme de Médicis avait fait savoir qu'il ne viendrait pas lui-même, mais serait représenté par Francesco de Toledo, son neveu, chargé de défendre ensemble les intérêts espagnols[84]. Toledo et le cardinal de Pérouse entrèrent à Viterbe, le 11 juin au soir[85].

Hippolyte d'Este, parti de Sienne, s'arrêta à Orvieto, le 14[86], et arriva à Viterbe le lendemain, accompagné des quatre ambassadeurs de la République et d'environ deux cents cavaliers. Reçu par des salves d'artillerie, le cardinal prit logis à la rocca. Le 16 juin, dans l'après-midi, il se rendit, seul, à Bagnaia et y soupa avec le pape, tandis que les envoyés de Sienne visitaient à Viterbe l'ambassadeur Lanssac[87]. Le 18, Hippolyte conduisit les Siennois à Bagnaia et les présenta à Jules III : toute la journée se passa en festins et plaisirs. Le lendemain, le pape rentrait à Rome[88]. Un événement imprévu avait détruit d'un coup les circonstances favorables à l'accord.

Les Siennois étaient venus à Viterbe avec le ferme dessein de ne point se laisser mettre sous une autre protection que celle du roi de France, et leur résolution à ce sujet ne fléchit pas un instant : ils savaient fort bien que, seule, la protection du Très-Chrétien était à la fois assez efficace pour les défendre et assez lointaine pour ne pas se changer en tyrannie. En outre, ils montraient des sentiments beaucoup plus agressifs contre le duc de Florence que ceux d'Hippolyte d'Este, leur gouverneur. Il y avait donc chance, même avant l'entrevue, qu'on ne s'entendit pas[89].

Juste à ce moment, se produisit une rumeur de nouvelles venues d'au delà des Alpes et qui, toutes, étaient défavorables aux Impériaux. Le 14 juin, on publiait à Rome que l'Empereur était mort ou fou[90]. Puis on annonça l'arrivée prochaine de Piero Strozzi et d'Horace Farnèse, à la tète d'une armée royale[91]. Enfin des avis de France laissèrent entendre que le duc de Guise lui-même descendrait en Italie et, pour dégager Sienne, attaquerait l'Etat de Florence par le Parmesan et la Romagne[92]. C'en était assez pour donner de l'arrogance aux députés siennois. Or, le 16 juin, au moment même où ils arrivaient à Viterbe, ceux-ci apprirent que les Espagnols avaient levé le siège de Montalcino et s'étaient retirés hors du comté de Sienne : victoire inattendue qui renversait toutes les combinaisons pacifiques du pape[93]. Les ambassadeurs de la République et, sous leur pression, Hippolyte d'Este déclarèrent à Jules III qu'ils ne voulaient accepter d'autre ami que le roi de France[94]. La retraite des Espagnols surprit tout le monde : en de telles circonstances, ce fut comme un écroulement de leur prestige. Le cardinal de Ferrare, écrit un témoin, était venu avec l'intention d'annoncer l'accord, mais les Espagnols n'ont pas su tenir assez longtemps[95]. Et le pape s'en alla, dépité.

Les ambassadeurs de Sienne quittèrent Viterbe, le 19 juin[96]. Hippolyte partit le lendemain et rentra à Sienne, le 23, au soir[97]. Cependant, Lanssac retournait à Rome, en compagnie du cardinal du Bellay : ils y arrivèrent, le 21 juin[98].

L'échec des conférences de Viterbe rendit plus équivoque l'attitude du cardinal de Ferrare à Sienne. Hippolyte, en persistant à ménager Cosme de Médicis, perdit la confiance de ses administrés. Le due de Florence ne cachait plus son désir de procurer à tout prix la destruction du régime républicain qui, instauré à ses portes, dans l'Etat voisin, offrait un exemple révolutionnaire à ses sujets et créait une menace perpétuelle pour sa tyrannie. La protection française, dont le but officiel était précisément de maintenir en liberté cette République, ne pouvait provoquer en lui, même si l'on veut ne pas considérer les liens qui unissaient le duc aux Espagnols, que de la crainte et de la haine. Aussi répondait-il toujours aux avances, que ne cessait de lui faire Hippolyte d'Este[99], par un bon langaige, qui seroit bien content d'accord, pourvu que le Roy quittast tout[100].

Mais les Siennois ne suivaient plus leur gouverneur : le temps était loin où ils recherchaient la bonne grâce du duc de Florence ; à ce jour, ils le haïssaient, s'opposaient aux négociations engagées avec lui et soupçonnaient Hippolyte d'Este de complaisance criminelle. Au printemps de 1553, des dissensions intestines avaient troublé la vie de la République, augmenté la crainte des périls extérieurs et irrité les esprits. Après la conspiration de Suivi, quelques jours avant les entrevues de Viterbe, le 26 mai, l'évêque de Lodève écrivait déjà à Montmorency, en termes qui montrent bien la situation difficile dans laquelle se trouvait le gouverneur de Sienne, par suite de ses propres fautes : Vous avez ample information du peu d'espérance qu'il y a en l'accord, lequel Monsieur le cardinal tient pour tout rompu, tant pour n'estre, dit-il, l'accord agréable aux Siennois, que pour les soupçons que l'on a qu'il y eût quelque intelligence, en sorte qu'il conclut à demander toujours secours et plus grande force[101].

Les signes de cette contrariété paraissent dans les moindres actes de la vie commune. Au lendemain des conférences de Viterbe, tandis que Hippolyte envoyait Nichetto en France pour savoir sur quelles bases il convenait de poursuivre les négociations avec le duc de Florence[102], le peuple et le Reggimento de Sienne adressaient au Roi des félicitations solennelles au sujet de la fuite des Espagnols et l'incitaient à des mesures plus décisives[103].

 

Mais c'était à la cour de France que la politique du cardinal de Ferrare rencontrait l'opposition la plus dangereuse.

Par le souci qu'il avait montré, dès le début de son gouvernement, d'obtenir la bonne grâce du duc de Florence, par l'insistance qu'il mettait, devant l'attitude non douteuse de Cosme, à vouloir lui témoigner de l'amitié, enfin par son incurie militaire, Hippolyte d'Este avait attiré sur soi la haine des fuorusciti florentins. Ceux-ci s'élevaient, avec la plus âpre énergie, contre toute tentative d'accord en Toscane. Il y a auprès du Roi, écrivait le nonce, un grand nombre de fuorusciti qui cherchent à détourner Sa Majesté de cette sainte pratique de la paix, en lui exposant qu'il ne faut pas laisser échapper l'occasion des intelligences acquises en Allemagne, de la faiblesse et de la maladie de l'Empereur. Et, pour dire la vérité, les Florentins exercent toutes leurs forces afin d'empêcher que ne se réalisent les désirs pacifiques de Sa Sainteté : ils pensent que si la guerre continue, il leur sera facile, à l'occasion de Sienne, de porter le feu dans l'Etat de Florence,ce qui représente à leurs yeux le seul moyen de recouvrer leur patrie et leur liberté. Et comme ces Florentins ont accès, pour y tenir leur discours, en beaucoup de lieux de cette Cour, il en résulte que leurs démarches sont de grande importance et considération[104].

Au mois de juin 1553, à l'heure même où Jules III tentait, en se rendant lui-même à Viterbe, de procurer l'accord des agents du Roi avec le duc de Florence et les Espagnols, les banques florentines de Venise et de Lyon offraient à Henri II de mettre la main à la bourse pour pousser la guerre de Toscane et en diriger l'effort contre Cosme de Médicis[105].

Pour des raisons toutes différentes, que nous avons essayé de pénétrer plus haut, Montmorency paraissait chaque jour plus mécontent des affaires de Sienne. L'opposition personnelle qu'il faisait au cardinal de Ferrare s'aggravait de l'impatience grandissante avec laquelle il supportait le désordre financier qui régnait dans l'administration des choses de Toscane. Au mois de juin, il ordonna à son subordonné, Dominique du Gabre, trésorier des armées, de se rendre à Sienne pour y contrôler les comptes et les dépenses faites au nom du Roi[106]. Mais le connétable dut céder bientôt à la maladie qui l'atteignit, à la fin de l'été 1553, et ce fait retarda de quelque temps la disgrâce qui, dès le mois de juillet, semblait menacer Hippolyte d'Este.

Celui-ci ne trouvait guère d'autres avocats que les Guises, au Conseil du Roi. Et ce n'est pas une des moindres preuves du crédit des Lorrains, à cette époque, que d'avoir sauvegardé si longtemps la fortune de leur oncle.

Il semble que personne ne pouvait mieux défendre à la Cour les actes d'Hippolyte d'Este que les grands cardinaux, Tournon et Farnèse, qui professaient une politique analogue à la sienne et qui, plus que lui, avaient assumé la responsabilité et l'honneur de l'entreprise de Toscane.

Justement, François de Tournon était sorti, le 5 mai, de sa retraite de Roussillon sur le Rhône. Après avoir passé quelques jours à Lyon, il avait pris, le 24 mai, la route de Bourbonnais pour se rendre à Paris, où il était arrivé, le 14 juin. Le même jour, il avait été reçu par Henri II, à Ecouen[107]. Le Roi l'estima dès lors comme l'un de ses meilleurs conseillers, pour ses rares et insignes vertus et spécialement pour sa grande prudence. Lorsque Henri II partit pour le camp de Picardie, quelque temps après, il laissa Catherine de Médicis régente et nomma Tournon président du Conseil de régence. Jusqu'au mois d'octobre, le cardinal resta à la Cour et prépara souvent l'expédition des affaires italiennes[108].

Tournon portait à la république de Sienne une affection de père : elle était, dans sa liberté recouvrée, l'œuvre de l'habile et clairvoyant prélat ; de lui seul peut-être, à la cour de France, elle reçut un appui désintéressé. Vis-à-vis d'Hippolyte d'Este, Tournon adopta, selon sa manière habituelle, une attitude discrète, sous laquelle il parait hors de doute que se cachait une désapprobation. Non qu'il reprochât, autant qu'il semble, à l'opulent gouverneur de Sienne la faiblesse de ses négociations avec le duc de Florence : lui-même était un homme de paix. Mais on entendit Tournon se plaindre à plusieurs reprises de l'état intérieur de la cité et du désaccord qui y régnait entre le lieutenant du Roi et les habitants ; il regrettait qu'Hippolyte eût gâché l'ouvrage[109]. Peut-être aussi gardait-il quelque rancune à celui-ci, qui jadis s'était opposé à l'entreprise de Toscane, d'avoir sollicité et obtenu la charge lucrative de représentant de la France à Sienne. Il est bien remarquable que, lorsque les Siennois ne voulurent plus supporter la morgue et les procédés du cardinal de Ferrare, c'est à Tournon qu'ils adressèrent leurs doléances et leurs dénonciations[110].

Quant au cardinal Farnèse, loin de défendre Hippolyte d'Este, il était plutôt disposé à l'attaquer. Alexandre n'avait prôné et soutenu l'entreprise de Sienne que dans l'espoir d'en obtenir la direction. Nous avons vu comment il avait été déçu. Une fois frustré de l'objet de son ambition, il inclina beaucoup à contrarier cette affaire : lié d'une étroite amitié au duc de Florence, il fit tout l'effort possible pour en favoriser la cause auprès du Roi[111] ; il désirait empêcher, d'ailleurs, que la concentration des troupes françaises en Toscane ne dégarnit le Parmesan de sa défense. En tout cas, une rivalité trop ancienne l'opposait au cardinal de Ferrare, il avait ressenti trop vivement l'amertume de son échec dans la brigue de la légation de Sienne, enfin il nourrissait trop chèrement l'espoir de prendre une revanche, pour ne pas desservir les intérêts de son heureux adversaire. Même, il combattait l'action du cardinal du Bellay, bien qu'il lui eût offert un logis dans son palais de Rome, ne pouvant souffrir qu'un autre que lui-même fût investi de la Protection intérimaire des affaires de France à la Curie[112].

Parmi tant de conseillers, qu'inspiraient des sentiments et des intérêts si divers, Henri II commençait à suivre docilement l'impulsion des fuorusciti. Fort de ses victoires en Lorraine, désireux de retirer enfin le fruit des deniers et des efforts dépensés depuis un an en Toscane, il s'abandonnait de plus en plus à la guide des passions belliqueuses. La Reine et les bannis florentins l'entouraient d'une atmosphère ardente.

Aussi, les instructions qu'adresse alors le Roi à ses agents sont-elles fermes et agressives. Le seul obstacle qui l'arrête est la pénurie d'argent. Au mois de juillet 1553, le secrétaire Buonaccorsi, venant de France, fait savoir au cardinal de Ferrare que le souverain est tout occupé de la guerre d'Italie et bien résolu à se venger du duc de Florence[113]. A Lanssac et à du Bellay, ses représentants à Rome, Henri II lui-même écrit, le 30 juillet : Quant à me désister de la protection de Sienne, chacun a peu voir et connoistre quel proffit, utilité et commodité j'ay receu de ceste protection, dont il me demeure que j'ay chèrement acheté à eux le repos et la conservation de leur liberté, de laquelle ilz se trouveroient par adventure peu assurez, estans de moy abandonnez. Et il ordonnait à ses ministres d'obtenir du pape, au lieu de conseils pacifiques, une alliance belliqueuse contre Charles-Quint et le duc de Florence[114].

De fait, Lanssac et du Bellay offrirent à Jules III la protection du Roi avec l'espoir d'un mariage riche et princier pour Fabiano del Monte, neveu du pontife. Celui-ci leur répondit d'abord, selon la vérité de sa pensée, que les misères de la Chrétienté l'obligeaient à observer une stricte neutralité et à poursuivre de toutes ses forces l'œuvre de la paix. Quant au mariage qu'on lui offrait pour son neveu, il ne cacha point que Fabiano était déjà fiancé à la fille cadette de Cosme de Médicis, tandis que l'aînée devait épouser Alphonse d'Este, héritier du duc de Ferrare et neveu du cardinal gouverneur de Sienne[115]. Les représentants du Roi transmirent à la Cour cette nouvelle, sous une forme qui impliquait directement la responsabilité d'Hippolyte d'Este : La conclusion de Sa Sainteté fut telle que desja il estoit fort avant en propos du mariage du dit Fabian avec une des filles du duc de Fleurante, dont il s'estoit laissé clairement entendre dès Viterbe à M. le cardinal de Ferrare, à ce qu'il s'en conclût ung party parmy lequel l'aisnée feust pour le prince de Ferrare, neveu du dit cardinal, une des aultres pour le sieur Fabian[116].

Que le cardinal de Ferrare ait profité de l'entrevue de Viterbe pour négocier le mariage de son neveu avec la fille aînée de Cosme de Médicis, cela ne paraît pas douteux si l'on se souvient qu'il avait été le premier, depuis longtemps, à mettre en avant le projet de cette union. Mais on imagine quelle émotion produisit, dans l'esprit du connétable et parmi les fuorusciti, l'aveu officiel du pape. On pouvait croire, ainsi, non seulement que Jules III préférait l'alliance du duc de Florence à celle du roi de France, mais encore qu'Hippolyte d'Este favorisait cette entente entre les ennemis de son maître. Les conférences de Viterbe apparaissaient aux yeux des partis intéressés comme une machination suspecte et, en quelque sorte, comme une trahison.

Dès lors, les conseils pacifiques qu'adressaient an Roi le pape et le cardinal de Ferrare, plutôt que d'adoucir les passions, ne firent qu'irriter les partis. Sa Majesté Très Chrétienne n'a vraiment aucun intérêt à conquérir le centre de l'Italie, disait naïvement Jules III[117]. Et, sans voir qu'il piquait maladroitement l'amour-propre de Henri II, il s'obstinait à lui représenter la puissance de Cosme : Le duc de Florence possède un Etat fort, resserré et bien muni, avec des châteaux et des forteresses inexpugnables, des deniers, de l'artillerie, des troupes et des amis d'importance[118].

Il semble qu'Hippolyte d'Este ne fut pas bien averti de l'opposition dangereuse que soulevait, à la Cour, sa politique. On le vit en effet continuer les pourparlers avec le duc de Florence, qui l'endormait par des flatteries et des grâces personnelles. Il ne pouvait se résigner à rompre ces rapports d'amitié : les Este entretenaient avec les Médicis des relations anciennes, que le cardinal ne voulait pas détruire, dût-il s'attirer la haine des fuorusciti et des pauvres républicains de Sienne. Jusqu'à la fin de 1553, tandis que tout le monde s'inquiétait des préparatifs belliqueux de Cosme, Hippolyte poursuivit sa chimère de paix[119].

Cependant, la cour de France même se remplissait des bruits de la guerre, et déjà l'on désignait le chef qui prendrait le commandement des troupes royales en Toscane[120].

 

En dehors des relations du cardinal de Ferrare avec le duc de Florence, le gouvernement royal devait craindre un accident dans la vie intérieure de la république de Sienne.

Plus que personne, les Siennois se plaignaient d'Hippolyte d'Este. L'administration de celui-ci était maladroite, sa morgue insupportable. On l'accusait de préférer aucuns qui ont favorisé le parti impérial à ceulx qui ont aydé à maintenir la liberté et la protection du Roy. Ces plaintes étaient déjà anciennes. Après les conférences de Viterbe, elles se multiplièrent et s'accrurent : les lettres et les courriers affluèrent à Rome, qui dénonçaient les injustices, les vexations, voire les trahisons du cardinal[121].

Au début du mois d'août, les mécontents rédigèrent un mémoire de leurs griefs, dont ils envoyèrent des exemplaires au connétable de Montmorency et au cardinal de Tournon. La rumeur devint telle que le duc de Ferrare, frère d'Hippolyte, en fut ému et jugea bon de le montrer. Le gouverneur se fâcha et fit partir aussitôt son secrétaire, Nichetto, pour aller en France détruire l'effet des rapports malveillants[122].

Puis la situation s'aggrava. Hippolyte d'Este, dans les derniers jours du mois d'août, fit arrêter Giovan Maria Benedetti et Andrea Landucci, Siennois fort influents et qui avaient été les principaux ouvriers de la révolte contre les Espagnols[123]. Ce fut un scandale. L'ambassadeur Lanssac, craignant qu'une révolution ne chassât les Français à leur tour, fit porter, de Rome, au cardinal un avertissement respectueux, mais ferme : Vous debvez faire avec le plus grant respect et doulceur que vous pourrez, car on ne parle icy d'aultre chose et l'on a grant paour qu'il n'en advienne de la follie. Et vous asseure que beaucoup de Senois escrivent icy particulièrement, et qu'il y a plus de malcontentz que vous ne pensez, et mesmes de ceux dont vous ne vous doubtez pas. Suis eu grant peine de veoyr tout plain de plainctes et protestations qu'ilz me viennent faire. Car je crains qu'il advienne du désordre[124]. De même, le cardinal du Bellay était assailli par la grant cryeric des Siennois demandant le départ d'Hippolyte d'Este[125].

Au risque d'encourir la colère des Guises, Lanssac crut devoir avertir secrètement de cette situation le secrétaire Beauregard et le pria d'en informer Montmorency[126]. En outre, il adressa au cardinal de Tournon une lettre où il conseillait sans ambages de déplacer le gouverneur de Sienne. Vous pourrez veoyr en quel estat sont les affaires de Sienne, où j'ay grant paour qu'il advienne quelque désordre, car vous congnoissez les humeurs de ces gens là Et encores que je ne double point que M. le cardinal de Ferrare soit si prudent qu'il y fasse tout ce qui est requis pour le service du Roy et pour le bien de ceste république, toutefoiz ilz ne sont nullement contenz de luy, et sera bien difficile, quelque chose qu'ilz puissent faire, qu'il leur soit jamais agréable. Par quoy je désirerois, pour le service du Roy et de paour que j'ai que le dit sieur cardinal y reçoive quelque honte et dommage, qu'il feust, avec son consentement, icy pour y faire sa charge de la protection ou ailleurs où bon luy sembleroit, et que Sa Majesté envoyast au dit Sienne quelque autre bon et notable personnage. Par une telle démarche, l'ambassadeur risquait sa fortune : dans l'enchevêtrement des intérêts et des passions, la moindre imprudence d'un agent provoquait sa disgrâce. Aussi Lanssac priait-il le cardinal de Tournon de ne pas montrer ses lettres à des tiers[127].

Cette précaution n'était pas inutile. Hippolyte d'Este se montrait peu docile aux conseils. Lanssac même dut s'excuser d'avoir osé présenter des observations à ung prince parent du Roy, cardinal, et assurer celui-ci qu'il n'avait jamais été si presumptueux de vouloir penser ne s'attribuer aulcung pouvoir ne congnoissance de cause[128].

Pour répondre aux doléances et aux accusations des Siennois, le cardinal de Ferrare fit divulguer une apologie de son gouvernement, dont l'auteur était Bartolomeo Cavalcanti, son principal conseiller. Toute cette mauvaise opinion, disait celui-ci, vient de la malignité de quelques hommes qui, désireux de vivre dans la licence, ont su conquérir les faveurs de la plèbe de Sienne par des révolutions, et qui souffrent de l'ordre et de l'autorité que Sa Seigneurie Illustrissime maintient dans la République. Pourtant, Cavalcanti lui-même, en informant le duc de Ferrare de ce qui se passait à Sienne, ne laissait point de reconnaître que la manière du cardinal n'était pas conforme au génie de cette nation, et que la défiance, qui s'était glissée entre les protégés du Roi et son représentant, enlevait tout espoir de bien pour l'avenir. Et, comme Lanssac, Cavalcanti était d'avis que Sa Seigneurie Illustrissime saisisse la meilleure occasion de s'en aller[129]. Hippolyte d'Este, sans vouloir confesser ses fautes, s'avouait cependant fort embarrassé. On ne peut espérer, disait-il, voir jamais ce peuple hors de trouble, parce que l'humeur en quoi il pèche est plus naturelle qu’accidentelle[130].

Au mois d'octobre, les choses empirèrent assez pour que Lanssac quittât toute discrétion dans ses remontrances, encouragé sans doute par les instructions de Montmorency[131]. Aussi bien, le danger était pressant. Las de s'adresser en vain aux représentants du Roi à Rome, les Siennois suppliaient le pape lui-même de les délivrer du cardinal, qui prenait à leurs yeux figure de tyran. L'état misérable de la République fortifiait ce mécontentement : la récolte de blé avait été mauvaise, les semailles étaient gênées par l'insécurité, le bétail disparaissait. Le comté et la Maremme n'offraient au regard que des ruines. La forme du gouvernement ne plaisait à aucune des factions de la cité. Vis-à-vis du duc de Florence, c'était tantôt d'humiliantes politesses et tantôt des bravades : cette indécision, qui n'aboutissait ni à la paix ni à la guerre, provoquait l'inquiétude, le désarroi et l'énervement. De jour en jour, les Siennois voyaient croître leur pauvreté et leurs dangers[132]. De là naissait un besoin de mouvement et de révolution, qui mettait en péril la domination française. Les représentants du Roi se désolaient et tâchaient vainement d'enrayer le mal, impuissants à convaincre l'orgueilleux cardinal. Les parolles qui se semoyent contre luy du commencement estoient sourdes et cachées, écrivait du Bellay. Souldain que je les euz descouvertes, je l'en advertiz secrettement et luy manday en particulier tout ce que j'en entendoye. Ce murmure vinst à croistre : M. l'ambassadeur l'en advertit, moy aussi et plusieurs aultres. Vinst icy personnes qui proposoient plusieurs choses et cherchoient moyen d'en faire plaincte à Nostre Saint Père comme pour y demander remède. J'en empeschay ceulx qui s'adressèrent à moy. Ilz voulurent avoir recours au Roy : je feiz le semblable et les contentay au mieux[133].

Enfin, les troupes royales commençaient, suivant les sentiments du peuple, de maugréer contre le gouverneur de Sienne : le duc de Somma et les autres capitaines, qui commandaient l'armée d'occupation, adressaient à la cour de France des lettres de plaintes[134]. Hippolyte d'Este, en dépit de cette opposition unanime, résista longtemps. Dans les derniers jours de septembre 1553, le mariage de sa fille naturelle, Riniera, avec le comte de La Mirandole, fidèle créature de la France, lui procura un regain de force politique[135]. Plus tard, lorsque sa situation fut définitivement compromise même aux yeux du Roi, il put encore briguer et obtenir la succession du cardinal Salviati à l'archevêché de Narbonne, qui valait près de vingt-cinq mille livres de rente[136].

Cette résistance paraît fort étonnante, mais on peut l'expliquer. Le gouvernement royal était alors au pouvoir des Guises. Montmorency avait quitté les affaires, sous le coup d'une maladie que les médecins déclaraient mortelle, et la fin de l'illustre ministre parut, un moment, si proche que le Roi distribua ses charges d'avance et promit la connétablie à François de Guise[137]. Pendant les mois de septembre et d'octobre 1553, le cardinal de Lorraine put manier, selon sa volonté, les affaires politiques : il avait tout intérêt à empêcher la disgrâce du cardinal de Ferrare, qui était l'allié, le représentant de la maison de Lorraine en Italie et auprès du Saint-Siège. Au surplus, Henri II hésitait à sacrifier un homme qui pouvait entraîner toute la famille d'Este et une clientèle innombrable.

Mais le parti des fuorusciti, aidé par Montmorency convalescent, poussa une action si vive qu'il obtint gain de cause. Cette action fut déterminée par un événement qui menaçait de faire dévier le sens de l'entreprise de Toscane.

 

A la fin de l'été 1553, la fortune des Français en Italie s'assombrissait : de Sienne s'élevaient des plaintes, de Rome venaient les prières pacifiques du pape, Hippolyte d'Este refusait de quitter la charge où il avait compromis l'intérêt de sa cause, Jean du Bellay et Lanssac gémissaient en vain. La gloire du passé déclinait, lorsque parvint dans la Ville éternelle le bruit que M. de Termes et le prince de Salerne, laissant la Toscane, s'étaient embarqués sur les galères royales et voguaient vers la Corse, avec quatre mille hommes de pied[138]. On était alors au 20 août. Quelques jours après, la nouvelle vint que les flottes française et turque s'étaient présentées devant Bastia et que le gouverneur s'était enfui, abandonnant la ville au pillage des conquérants. Puis, les deux flottes, aidées par l'infanterie de M. de Termes, avaient bloqué et occupé la plus grande partie de l'île. Seules, les places de Calvi et de Bonifacio résistaient encore, mais sans espoir de salut[139]. Un mois plus tard, la puissance des Français était solidement établie en Corse, grâce aux secours qu'avait amenés de Marseille le baron de La Garde[140].

La Corse ne fut jamais aimée pour elle-même. Base navale, qui commande le canal de Toscane et la voie de Toulon à Naples, c'était une admirable position de guerre et, selon le mot du célèbre Sampiero Corso, le frein de l'Italie : de là les galères du Roi pouvaient couper les relations maritimes entre Gênes, Livourne et Naples, d'une part, et l'Espagne, de l'autre. Depuis longtemps, la conquête en était prônée au Roi, comme le premier acte d'une expédition sérieuse dans l'Italie méridionale ou même comme la condition d'une victoire décisive de la politique française dans le bassin de la Méditerranée[141]. En soi, l'entreprise de M. de Termes semblait louable, voire glorieuse. Au vrai, dans le temps où elle s'accomplit, c'était une faute irréparable. Faute militaire et faute diplomatique.

On ne saurait dire quels motifs d'intérêt général ou personnel poussèrent les lieutenants de Henri II en Toscane à dégarnir la république de Sienne de ses défenseurs, à L'heure même où s'annonçait par des signes évidents l'attaque prochaine que préparait, depuis plus d'un an, le duc de Florence. Suivant quelques apparences, on pourrait croire que cette expédition de Corse fut l'effet d'un coup de tête du vieux soldat qu'était de Termes, désireux d'échapper, par un fait d'armes personnel, à la tutelle un peu humiliante d'Hippolyte d'Este[142]. Mais il ne semble pas douteux que celui-ci inspira la conduite de son subordonné et en assuma la responsabilité. Quoi qu'on présume de ses causes, cette entreprise mettait le comble aux fautes qu'avait accumulées le cardinal de Ferrare.

Les conséquences militaires en furent d'autant plus graves que ce coup ruinait l'équilibre factice, que le pape avait maintenu si péniblement en Italie, et créait un nouvel ennemi à la France.

Occuper la Corse, c'était, en effet, déclarer la guerre à la république de Gênes, qui possédait l'île par l'intermédiaire de la banque de Saint-George. L'attaque était maladroite, inopportune et brutale. Plus tard, le gouvernement royal tenta de justifier cette conquête par le souvenir des insultes qu'il prétendait avoir reçues des Génois : ceux-ci avaient refusé naguère d'agréer l'ambassadeur Luigi Alamanni, Us menaçaient les navires français qui entraient dans leur port, ils prêtaient de l'argent à l'Empereur. En réalité, d'un Etat que son commerce inclinait à la neutralité, on fit un ennemi dangereux. Lorsque après la conquête, M. de Termes envoya un courrier pour proposer à la République Ligure de lui rendre la Corse, si elle consentait à s'allier au Roi, les Génois firent arrêter le messager et le dépêchèrent prisonnier à Ferrante Gonzague, lieutenant de Charles-Quint[143].

A Rome, la nouvelle de ce coup de force produisit une émotion considérable, et le pape se plaignit avec vivacité, disant que ceste inopinée entreprinse de Corsegue est cause de attirer en ceste part d'Italie, qui est la plus désarmée, toute la tempeste de la guerre[144]. De fait, on en ressentit bientôt les conséquences : la navigation était gênée dans la mer Tyrrhénienne et, par suite, le produit des douanes pontificales subit une notable diminution. En outre, le retour des Turcs dans les eaux de Toscane inspirait à la Curie une terreur que justifiaient assez leurs gestes passés et les cruautés qu'ils venaient de commettre à l'île d'Elbe. Enfin, Jules III voyait s'effondrer ses rêves de paix par l'entrée en guerre d'un nouveau belligérant, la république de Gênes. Il plaidait la cause de celle-ci et s'étonnait avec raison qu'on l'eût si brutalement attaquée. Sans doute, disait-il, elle a prêté ses deniers à l'Empereur, mais c'est par esprit de commerce et non pour soutenir sa politique[145].

Quant au duc de-Florence, il laissa paraître une irritation qu'il n'avait plus intérêt à dissimuler, le 5 septembre 1553, il envoyait à Gênes un ambassadeur, Leone Ricasoli, pour offrir à la République l'usage de ses ports ainsi que les secours dont elle pourrait avoir besoin[146]. Lui-même ne manquait pas de griefs : les Français et les Turcs avaient opéré une descente dans l'île d'Elbe, qui dépendait de son duché, ravagé le pays et massacré les habitants[147]. Au fond, il regrettait moins que la Corse eût été enlevée aux Génois, qu'il n'avait de dépit de la voir passée au pouvoir du Roi.

Depuis longtemps, il en escomptait et préparait l'annexion à ses propres Etats. Les Corses avaient formé le principal contingent dans les fameuses bandes noires de Jean de Médicis, son père. Cosme entretenait des émissaires anciens, qui l'avaient informé des révoltes dirigées contre les Génois : il espérait en profiter un jour, et c'est pourquoi il avait accueilli volontiers les fuorusciti corses dans la Maremme Toscane[148]. L'intervention des Français ruinait toutes ces illusions. Dès lors, il avoua clairement les intentions de guerre qu'il avait voilées pendant un an : c'en était fini des négociations hypocrites. Les bravades de Cosme devinrent telles que le Roi jura de l'exterminer, lui et sa dynastie[149].

Seuls, les Vénitiens, qui étaient restés insensibles à tant de sollicitations et neutres en tant de conflits, ne purent cette fois cacher leur joie de la défaite imprévue des marchands génois. L'ambassadeur vénitien transmit à Henri II les compliments du Sénat sur l'entreprise de Corse[150].

L'expédition qu'avait conduite M. de Termes dans la grande ile méditerranéenne souleva tout un nouvel orage d'intrigues et de passions, à la cour de France.

Nous l'avons dit, l'utilité générale de cette conquête n'était pas discutable, mais seulement l'opportunité momentanée. Trois groupes politiques avaient conseillé une action en Corse, depuis longtemps : les grands cardinaux, les Guises et les fuorusciti napolitains.

Parmi les grands cardinaux, Jean du Bellay s'était montré naguère le plus ardent prôneur de cette affaire[151]. Or, il est bien notable qu'à l'automne de 1553, une fois la conquête entreprise, du Bellay dégagea sa responsabilité et accusa nettement le cardinal de Ferrare d'avoir tenté une diversion en Corse pour éloigner la guerre de la Toscane et ménager Cosme de Médicis, ajoutant que le Roi lui-même s'était déclaré contraire à ce projet qui lui attirait l'hostilité d'un Etat aussi puissant que la république de Gènes[152]. Quoi qu'on pense des reproches formulés par Jean du Bellay, et, pour notre part, nous inclinons à les croire fondés —, ils constituent, venant d'un ancien et résolu partisan de la conquête, le plus grave témoignage contre l'opportunité de cette entreprise.

La Corse était le premier échelon pour s'impatroniser de Naples, lin de l'ambition permanente et secrète des Lorrains. Le fait même que l'expédition s'accomplit, pendant la maladie du connétable et sous le ministère intérimaire du cardinal de Lorraine, offre un indice. Du reste, aussitôt après le premier débarquement, les Guises collaborèrent en personne à l'entreprise corsique. Le 22 décembre, Charles priait le duc de faire partir incontinent nostre frère pour la Corse. Et il ajoutait : Je sais bien que ma sœur la marquise d'Elbeuf ne trouve pas bon mon advis, mais il me semble que nous ne devons laisser perdre une sy belle occasion à son mary, laquelle peut-estre ne se présentera jamais meilleure pour sa grandeur et réputation[153]. Bientôt après, deux membres de la maison de Lorraine, René et François, ce dernier grand-prieur de France, combattaient en Corse[154].

Plus encore que les Guises, le groupe des fuorusciti napolitains portait intérêt au succès de cette entreprise nouvelle, préliminaire d'une expédition dans l'Italie méridionale. En compagnie de M. de Termes, créature des Lorrains, le prince de Salerne, chef des bannis de Naples, avait dirigé l'expédition de Corse.

Par contre, ces nouveaux projets trouvèrent une résistance assez forte chez le Roi, irréductible chez Montmorency et les fuorusciti florentins. Sa Majesté Très Chrétienne, écrit le nonce, reste mécontente de l'entreprise de Corse, qui lui parait inopportune en ce moment, et elle désapprouve la politique du cardinal de Ferrare. Henri II, à vrai dire, s'inclina devant le fait accompli et accepta les nouvelles dépenses que devait entraîner l'occupation de l'île. Mais, dès lors, il prit la résolution de mettre un nouveau chef à la tête des affaires de Toscane. Justement l'absence de M. de Termes, retenu en Corse, offrait l'occasion de placer un nouveau lieutenant militaire auprès d'Hippolyte d'Este, à Sienne, et de choisir pour ce poste un homme assez antipathique au cardinal pour obliger celui-ci à s'en aller. Les fuorusciti florentins, craignant que l'entreprise de Corse ne fit dévier sur Naples la guerre destinée à Florence, firent aboutir les velléités du Roi, aidés par Montmorency qui venait de recouvrer la santé[155]. Au déclin de l'automne 1553, finit la toute-puissance du cardinal de Ferrare à Sienne.

 

Le gouvernement effectif d'Hippolyte d'Este en Toscane, qui avait duré juste un an, s'acheva parmi des circonstances que nous étudierons. Moins colorée et moins vivante, surtout plus confuse que la période qui suivit, cette année décida du sort de Sienne. Sans doute, on n'y trouve ni les héroïsmes, ni les passions ardentes, ni, pour tout dire, la flamme d'épopée, de quoi resplendissent encore les dernières luttes de la liberté siennoise. Mais ces héroïsmes, ces passions, lorsqu'il leur fut permis d'intervenir, étaient désormais inutiles. Les fautes accumulées par le cardinal de Ferrare livraient d'avance la République à Cosme de Médicis, qui avait préparé son effort à loisir.

Peut-être quelque génie militaire, par une action rapide, ordonnée et soutenue, aurait-il retardé la chute de Sienne. Le duc de Guise était capable d'une telle œuvre, d'ailleurs forcément précaire. Mais les combinaisons de partis, qui avaient permis à Hippolyte d'Este de poursuivre si longtemps sa politique néfaste, empêchèrent que le vainqueur de Metz ne prit la direction des armes en Italie. Pour défendre Sienne contre le danger imminent, Henri II choisit Piero Strozzi, homme de passion et d'héroïsme, mais général brouillon, irréfléchi et malheureux.

 

 

 



[1] Carlo Massaini au Reggimento de Sienne, 1553, 3 avril, Rome ; le même, 5 avril (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggirnento, XVII, 50 et 55 ; orig.).

[2] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1553, 10 mars, Paris (Arch. d'Etat de Modène. Francia : orig.).

[3] Henri II au duc de Ferrare, 1553, 30 mars, Saint-Germain (Arch. de Modène, Enrico II ; orig.).

[4] C. Massaini au Reggimento, 1553, 22 avril, Rome (Arch. de Sienne, Lett. al Reggimento, XVIII, 29 ; orig.).

[5] Fr. Babbi au duc de Florence, 1553, avril, Ferrare (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2834 ; orig.). Fab. Ferrero au même, 1553, 15-22 avril, Milan (Mediceo, 3405, fol. 137-149 orig.). L'archevêque Sauli au cardinal del Monte, 1553, 15 avril, Bologne (Arch. Vatic., Bologna, I, fol. 115 ; orig.). On. Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 19 avril, Florence (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 564 ; orig.).

[6] Le cardinal de Saint-George à Del Monte, 1553, 4 mai, Lyon (Arch. Vatic., Fiandra, I, fol. 2.23 ; orig.). P. Santa-Croce à Del Monte, 1553, 7 mai, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia. 3, fol. 153 ; orig.).

[7] A. Serristori au duc de Florence, 1553, 17 avril, Rome (Mediceo, 3272, fol. 60 ; orig.). H. Dandine au cardinal del Monte, 1553, 22 avril, Bologne (Arch. Vatic., Fiandra, I, fol. 1 ; orig.).

[8] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, avril (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 110 et sqq. ; orig.).

[9] Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 7 mars, Florence (Arch. Vatic., Principi, 19. fol. 597 ; orig.). — P. Santa-Croce à Del Monte, 1553, 20 avril, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 132 ; orig.).

[10] F. Babbi au duc de Florence, 10 avril, Ferrare (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2885 ; orig.).

[11] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1553, 13 avril, Sienne (Arch. d'Etat de Modène, Ippolito II ; orig.).

[12] F. Ferrero au duc de Florence, 1553, 1er mai, Milan (Mediceo. 4105. fol. 175 orig.).

[13] O. Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 19 avril, Florence (Arch. Vat., Principi. 19, fol. 564-565 ; orig.).

[14] CITTADELLA, Arch. stor. ital., 3a s., t. XXV, p. 45.

[15] CITTADELLA, Arch. stor. ital., 3a s., t. XXV, p. 45.

[16] D. du Gabre à Octave Farnèse, 1552, 17 octobre, Ferrare (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 258, fasc. 11 ; orig.).

[17] Voyez ce projet, avec annotations originales de D. du Gabre (Bibl. Nat., coll. Loménie de Brienne. ms. 6, fol. 1641. — Discours sur les affaires qui se sont passées avec le duc de Ferrare par Jean de Morvillier Nat., ms. fr. 5172, fol. 2G). Cf. G. BAGUENAULT DE PUCHESSE, Jean de Morvillier, pp. 80 et suiv. — P. Santa-Croce au cardinal del Monte. 1553, 26 mars et 3 avril, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 111-117 ; orig.).

[18] Du Gabre au Roi, 1553, 30 mars, Ferrare, p. p. VITALIS, op. cit., p. 20.

[19] Discours de Morvillier supra cit.

[20] Du Gabre au Roi, 1553, 27 avril, Ferrare, p. p. VITALIS, op. cit., p. 46.

[21] Le même au connétable, 1553. 14 mai, Ferrare, p. p. VITALIS, op. cit., p. 50.

[22] Discours de Morvillier supra cit.

[23] Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 25 avril, Florence (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 570 v° ; orig.). — Strozzi rencontra, à Ferrare, les légats apostoliques et Lanssac, qui allait à Rome, comme nouvel ambassadeur. Entre tous ces personnages eurent lieu des conférences sur les moyens d'établir définitivement la paix en Toscane, conférences auxquelles le pape fit souvent allusion, dans la suite. Nous verrons plus loin quel fut le rôle de Lanssac. Pour Strozzi, les déclarations qu'il put faire, au cours de ces conférences, manquaient évidemment de sincérité. Mais il semble que Lanssac pria vivement le chef des fuorusciti de s'en retourner en France, afin de ne pas gêner les négociations que Jules 1H amorçait à ce moment même. Voyez. plus loin. Strozzi adressait, de Ferrare, le 26 avril 1553, à Octave Farnèse une lettre assez obscure (Arch. d'Etat de Parme, Ferrara ; autog.).

[24] Le cardinal de Ferrare au Roi, 1553, 9 mars (Mémoires-journaux du duc de Guise, p. 169).

[25] SEGNI, Storie florentine, III, 73-75.

[26] Publ. par A. VITALIS, op. cit., appendice, p. 288.

[27] O. Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 26 mai, Florence (Arch. Vatic.. Principi. 19, fol. 595 ; orig.).

[28] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 20 avril, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 135 ; orig ). — sur les instances des fuorusciti napolitains, voyez Lanssac à Montmorency, 1556, 6 mai, Rome, p. p. SAUZÉ, Correspondance, p. 37.

[29] O. Camaiani au cardinal del Monte, 1558, 28 mai. Florence (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 603 ; orig.).

[30] Lanssac au Roi, 1553, 6 mai, Rome, p. p. SAUZÉ, Correspondance, p. 34.

[31] Le cardinal del Monte à P. Santa-Croce, 1552, 10 décembre, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 31, fol. 15 v° ; reg. orig.). — Sur l'action de Mirepoix, plusieurs lettres de celui-ci aux Arch. d'Etat de Sienne, Lettere al Reggimento, V ; orig. italiens.

[32] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 19 février, Paris (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 98 ; orig.).

[33] Carlo Massaini au Reggimento de Sienne. 1553, 18 février, Rome (Arch. de Sienne, Lettere al Reggimento. XIV, 66 ; orig.).

[34] Le cardinal del Monte à P. Santa-Croce, 1553, 20 mars, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 31, fol. 33 ; reg. orig.).

[35] Il mourut à 18 ore. C. Massaini au Reggimento, 1553, 16 avril, Rome (Arch. de Sienne. Lett. al Reggimento, XVIII, 8 ; orig.). — Sur la disgrâce, voyez P. Santa-Croce à Del Monte, 1553, 5 avril, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia. 3, fol. 419 ; orig.).

[36] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1553. 5 avril, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[37] Hercule Strozzi au duc de Mantoue, 1553, 17 février, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, amb. Francia ; orig.).

[38] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1553, 21 mars, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.).

[39] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 20 avril, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 135 orig.). Le cardinal del Monte à P. Santa-Croce. 1553, 20 mars, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 31, fol. 33 reg. orig.).

[40] Montemerlo à Ranuce Farnèse, 1553, 25 mars, Paris (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 257, fasc. 2 ; orig.). P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 3 avril, Poissy (Arch. Vatic., Nunz., Francia 3, fol. 116 : orig.). Henri II à Octave Farnèse, 1533, 5 avril, Saint-Germain (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio, Francia ; orig.).

[41] Lanssac fut reçu, à son arrivée, par une troupe de cinquante Siennois qui habitaient Rome. Carlo Massaini au Reggimento, 1553, 3 mai Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XVIII, 71 ; orig.).

[42] An. Caro au cardinal Farnèse, 1553, mai, Rome, publ. p. MAZZUCCHELLI, Lettere inedite di Annibale Caro, t. II, p. 116.

[43] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 3 avril, Poissy (Arch. Vatic., Nunz., Francia, 3, fol. 116 ; orig.).

[44] Henri II au duc de Ferrare, 1553, 14 avril, Paris : J'ay faict eslection de mon cousin le cardinal du Bellay, présent porteur, pour aller résider auprès de Nostre Sainct Père le Pape et en la compaignie du Sainvt-Colleige, m'asseurant que pour la congnoissance et bonne part qu'il y a, oultre la dextérité que pareillement il a a la conduicte d'affaires d'Estat, sa présence me sera grandement utille et prouflitable par delà (Arch. Vatic., Nunz., Francia, 3, fol. 128 ; orig.).

[45] Le cardinal Saint-George au cardinal del Monte, 1553, 4 mai, Lyon (Arch. Vat., Fiandra, I, fol. 233 orig.).

[46] O. Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 7 mars, Lyon (Arch. Vat., Principi, 19. fol. 517 orig.).

[47] O. Camaiani à Balduino del Monte, 1553, 8 mars, Florence (Arch. et loc. cit., fol. 5 :22-523 : orig.).

[48] O. Camaiani à H. Dandino, 1553, 24 mars, Florence (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 536 : orig.).

[49] H. Dandino au cardinal Saint-George, 1553, 25 février, Rome (Arch. Vatic., Principi, 147 A, fol. 19 v° ; reg. orig.).

[50] O. Camaiani à H. Dandino, 1553, 24 mars, Florence (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 536 ; orig.).

[51] O. Camaiani au cardinal del Monte, 1553,'D, avril, Florence (Arch. Vatic., loc. cit., fol. 549 v° ; orig.).

[52] H. Dandino à P. Santa-Croce, 1553, 8 janvier, Rome (Arch. Vatic., Principi, 147 A, fol. 5 ; reg. orig.).

[53] Annales Raynaldi, anno 1553.

[54] O. Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 29 mars, Florence (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 545-546 : orig.).

[55] O. Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 29 mars, Florence (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 544 ; orig.).

[56] Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 546 ; orig.

[57] Carlo Massaini au Reggimento, 1553, 30 mars, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XVII, 25 ; orig.).

[58] SOZZINI, Diario, p. 112.

[59] Publ. ap. Archivio, stor. ital., 1a serie, t. II, pp. 458-459.

[60] Fed. Fantuzzi au cardinal del Monte, 1555, 8 avril, Florence (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 507 ; orig.).

[61] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1553, 13 avril, Sienne (Arch. d'État de Modène, Principi Estensi, Ippolito II ; orig.).

[62] O. Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 13 avril, Florence (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 561-563 ; orig.).

[63] Hier. Dandino au cardinal del Monte, 1553, 23 avril, Ferrare (Arch. Vatic., Fiandra, I, fol. 5 ; orig.). — An. Caro au cardinal Farnèse, 1553, mai, Rome, p. p. MAZZUCCHELLI, Lettere inedite di Annibale Caro, t. II, p. 150.

[64] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, pp. 32-33.

[65] Lanssac au cardinal de Ferrare, 1553, 24 avril, Ferrare, publ. p. SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, pp. 15-18.

[66] F. Babbi au duc de Florence, 1553, 7 juin, Ferrare (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2885 ; orig.).

[67] Cl. Tolomei au Reggimento de Sienne, 1553, 22 mai, Poissy (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XIX, 13 ; orig.).

[68] Henri II au duc de Ferrare, 1553, 6 juin, Fontainebleau (Arch. d'Etat de Modène, Principi esteri, Enrico orig.).

[69] Sur Viterbe station balnéaire, voyez A. Serristori au duc de Florence, 1548, 2 juin, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3207, fol. 70 ; orig.). Jules III au cardinal de Carpi, 1553, 19 janvier, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 577, fol. 22 ; reg. orig.).

[70] O. Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 27 avril, Florence (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 575 ; orig.).

[71] Jules III au cardinal de Ferrare, 1553, 22 mai, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 577, fol. 62 v°-63 : reg. orig.). A. Serristori au duc de Florence, 1553. 2 juin, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3272, fol. 446 ; orig.).

[72] Le cardinal del Monte au cardinal Saint-George, 1554, 31 mai, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 31, fol. 39 ; reg. orig.).

[73] Bart. Cavalcanti à Octave Farnèse, 1553, 2 juin, Sienne (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 406, fasc. 3 : orig.).

[74] Vinc. Buoncambi à Octave Farnèse, 1553, 4 juin, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 406, fasc. 2 ; orig.). Orazio Cati au duc de Ferrare, 1553, 7 juin, Viterbe (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.). Carlo Massaini au Reggimento, 1553, 8 juin, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XIX, 3S : orig.). Marco Antonio Piccolomini au Reggimento, 1553, 10 juin, Rome (Arch. de Sienne, Lett. al Reggimento, XIX, 45 ; orig.).

[75] Vinc. Buoncambi à Octave Farnèse, 1553, 7 juin, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 406, fasc. 2 ; orig.).

[76] Jules III au cardinal de Ferrare, 1553, 7 juin, Viterbe (Arch. Vatic., Borghèse, I, 577, fol. 72 ; reg. orig.). Fr. Franchino à Octave Farnèse. 1353, 10 juin, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 406, fasc. 2 ; orig.).

[77] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 4550. 10 juin. Sienne (Arch. de Modène, Ippolito II ; orig.).

[78] 9 juin 1553, Arch. de Sienne, Delib. Reggimento. IV, fol. 440 ; reg. orig.

[79] A. Serristori au duc de Florence, 1553, juin, Rome (Mediceo, 3272, fol. 145 ; orig.).

[80] J. du Bellay à Montmorency, 1553, 3 juin, Ferrare (Bibl. Nat., ms. fr. 20447, fol. 17 orig.), — Dès le 2 avril 1553, de Saint-Germain, L. Arrivabene annonçait au cardinal de Gonzague le passage de du Bellay par Mantoue (Arch. d'Etat de Mantoue, amb. Francia ; orig.).

[81] Orazio Cati au duc de Ferrare, 1553, 12 juin, Viterbe (Arch. de Modène, Roma ; orig.).

[82] Mandement publ. p. RUSCELLI, Lettere di principi, t. III, fol 132-133.

[83] Orazio Cati au duc de Ferrare, 1553, 15juin, Viterbe (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.).

[84] F. Franchino à Octave Farnèse, 1553, 10 juin. Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 406, fasc. 2 ; orig.).

[85] A. Serristori au duc de Florence, 1553, 11 juin, Viterbe (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3172, fol. 100 ; orig.). Orazio Cati au duc de Ferrare, 1553, 12 juin, Viterbe (Arch. de Modène, Roma : orig.).

[86] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare. 1553, 15 juin, Orvieto (Arch. de Modène, Ippolito II ; orig.).

[87] Eneas Piccolomini au Reggimento de Sienne, 1553, 16 juin. Viterbe (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XIX, 60 ; orig.). A. Serristori au duc de Florence, 1553, 16 juin, Viterbe (Mediceo, 5272, fol. 158 ; orig.). Or. Cati au duc de Ferrare, 1553, 16 juin, Viterbe (Arch. de Modène. Roma ; orig.). — Les quatre ambassadeurs siennois étaient Eneas Piccolomini, Gian Battista Piccolomini, Mario Agazari et Bernardino Buoninsegni. Les trois derniers entrèrent à Viterbe quelques heures après le cardinal. Dans l'escorte de celui-ci se trouvait aussi Niceolo Orsini, comte de Pitigliano.

[88] Orazio Cati au duc de Ferrare, 1533, 18 juin, Viterbe (Arch, de Modène. Roma ; orig.).

[89] Orazio Cati au duc de Ferrare, 1533, 18 juin, Viterbe (Arch, de Modène. Roma ; orig.).

[90] Carlo Massaini au Reggimento, 1534. 14 juin, Rome (Arch. de Sienne, Lett. al Reggimento, XIX, 55 ; orig.).

[91] Vinc. Buoncambi à Octave Farnèse, 1553, 14 juin. Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 406, fasc. 2 orig.).

[92] Fab. Ferrero au duc de Florence, 1553, 21 juin, Alessandria (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3405, fol. 337 : orig.).

[93] Eneas Piccolomini au Reggimento, 1553, 16 juin, Viterbe (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XIX, 60 ; orig.).

[94] Les ambassadeurs siennois au Reggimento, 1553, 17 juin, Viterbe (Arch. de Sienne, Lett. al Reggimento, XIX, 63 ; orig.). Vinc. Buoncambi à Octave Farnèse, 1553, 17 juin, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 406, fasc. 2 ; orig.). Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1553, 20 juin, Viterbe : longue lettre dans laquelle il raconte tout son voyage (Arch. d'Etat de Modène, Ippolito II ; orig.).

[95] L'évêque de Pola à Octave Farnèse, 1533, 19 juin, Viterbe (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 406. fasc. 3 ; orig.). — Le cardinal del Monte au cardinal Saint-George, 7 juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, IV, 220, fol. 1-2 ; reg. orig.).

[96] Les ambassadeurs siennois au Reggimento, 1553, 22 juin, Monte-Oliveto (Arch. de Sienne, Lett. al Reggimento, XIX, 74 ; orig.).

[97] Arch. de Sienne, Del. Reggimento, IV, fol. 162 ; reg. orig.

[98] Giulio Grandi au duc de Ferrare, 1553, 21 juin, Rome (Arch. de Modène. Roma : orig.).

[99] Hippolyte d'Este au duc de Florence, 1553, 18 juillet, Sienne (Mediceo, 3721, fol. 691 ; orig.).

[100] VITALIS, Correspondance de D. du Gabre, p. 33. Voyez les judicieuses remarques d'A. COPPINI, Piero Strozzi nell'assedio di Siena, p. 20. — Sur le détail des sentiments du duc de Florence, pendant le printemps et l'été de 1553, voyez les copieuses lettres d'Hercule Tassoni au duc de Ferrare, 1553, mai-juin, Florence (Arch. de Modène, Firenze ; orig.).

[101] A. VITALIS, Correspondance de D. du Gabre, p. 55.

[102] L'évêque de Pola au cardinal Farnèse, 1553, 19 juin, Viterbe (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 406, fascio 3 ; — Nichetto fut de retour à Sienne, vers le 20 juillet. Le duc de Florence à Pandolfini, 1553, 23 juillet, Florence (Arch. d'Etat de Florence, Carte Strozziane, t. LXXIII, fol. 61 ; orig.).

[103] Le peuple et le Reggimento de Sienne à Henri II, 1553, 21 juin. Sienne (Bibl. ms. fr. 20455, fol. 201 ; orig. ital.).

[104] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 25 mai, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3. fol. 157-158 ; orig.).

[105] A. VITALIS, Correspondance de D. du Gabre, pp. 61 et 83.

[106] O. Camaiani au cardinal del Monte, 1553, 11 juin, Florence (Arch. Principi, 19, fol. 609 : orig.).

[107] Tournon s'était occupé, en passant à Lyon, de négocier un emprunt pour le Roi auprès des banquiers. Avvisi, 1553, avril-mai (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3731, fol. 129 ; orig.). Le cardinal de Tournon au duc de Florence, 1553, 10 mai, Lyon (Mediceo, 3721, fol. 629 ; orig.). Cl. Tolomei au Reggimento de Sienne, 1553, 15 juin, Paris (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XIX, 59 ; orig.). H. POTEZ, Deux années de la Renaissance, dans Revue d'histoire littéraire, t. XIII, pp. 469-471.

[108] Cl. Tolomei au Reggimento, 1553, 27 août, Poissy (Arch. de sienne, Lett. al Reggimento, XXI, 96 : orig.).

[109] Cl. Tolomei au Reggimento, 1553, 27 août, Poissy (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XXI, 96 ; orig.).

[110] Voyez plus loin.

[111] Pero au duc de Florence, 1553, 22 mars, Venise (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2970, fol. 49-20 ; orig.). — Le cardinal Farnèse au duc de Florence, 1553, 20 mars, Avignon (Mediceo, 3721, fol. 104 ; orig.).

[112] Il est fait allusion à ces sentiments dans une lettre de l'évêque de Pola au cardinal Farnèse, 1553, 10 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 752 ; orig.). Voyez. aussi P. MAZZUCCHELLI, Lettere inedite di Annibale Caro, t. II, pp. 135, 140 et 144.

[113] Bart. Cavalcanti à Octave Farnèse, 1553, juillet, Sienne, publ. p. A. RONCHINI, Lettere di B. Cavalcanti, pp. 48-49.

[114] Le Roi au cardinal du Bellay et à Lanssac, 1553. 30 juillet. Compiègne, publ. p. SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, pp. 135-136.

[115] Le cardinal del Monte au légat Saint-George, 1553, 7 juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, IV, 220, fol. 4-6 ; reg. orig.).

[116] Du Bellay et Lanssac au Roi, 1553, 7 juillet, Rome, p. p. SAUZÉ, op. cit., pp. 106-107.

[117] Le cardinal del Monte à P. Santa-Croce, 1553, 19 aoùt, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, IV, 220, fol. 13 ; reg. orig.).

[118] Le cardinal del Monte au cardinal Saint-George, 1553, 7 juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, IV, 220, fol. 4 ; reg. orig.).

[119] Balduino del Monte à Jules III, 1553, 28 septembre, Monte San Savino (Arch. Vatic., Principi, 21, fol. 13-14 ; orig.).

[120] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 155, 13 septembre, Clermont, et 17 octobre, Paris (Arch. Vatic., Nunz., Francia, 3, fol. 210 et 224 ; orig.).

[121] Lanssac au cardinal de Ferrare, 1553. 11 juillet, Rome, publ. p. SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 143. — Voyez plus loin, liv. V.

[122] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1553, 23 août, Sienne (Arch. d'État de Modène, Ippolito II ; orig.).

[123] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1553, 1er septembre, Sienne (Arch. de Modène, Ippolito II ; orig.).

[124] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 188-189.

[125] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 188-189.

[126] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 205.

[127] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 203.

[128] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 207.

[129] Bart. Cavalcanti au duc de Ferrare, 1553, 23 septembre, Sienne, publ. p. G. CAMPORI, Diciotto lettere di B. Cavalcanti, pp. 24-25.

[130] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1553, 23 septembre, Sienne (Arch. d'Etat de Modène, Ippolito II ; orig.).

[131] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, p. 227.

[132] Le cardinal del Monte à P. Santa-Croce, 1553, 9 octobre, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, IV, 220, fol. 20 : reg. orig.).

[133] Le cardinal du Bellay à Montmorency, 1553, 25 novembre, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20447, fol. 73-79 : orig.).

[134] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1553, 3 novembre, Sienne (Arch. d'Etat de Modène, Ippolito II ; orig.).

[135] LANCELLOTTI, Chronicha modenese, t. XII, pp. 31-32.

[136] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 23 novembre, Paris (Arch, Vatic., Nunz. Francia, 3. fol. 239 ; orig.).

[137] Cl. Tolomei au Reggimento, 1533, 11 octobre, La Ferté-Milon (Arch. d'Etat de Sienne, Lett. al Reggimento, XXII, 75 ; orig.). — P. Sauta-Croce à del Monte, 1553, 17 octobre, Paris (Arch. Vatic., Nunz, Francia, 3, fol. 224 ; — L'abbé Hossetto à Del Monte, 1553, 24 septembre, Ourscamp (Arch. Vatic., Principi, 19, fol. 341, orig.). — J. du Bellay à Montmorency, 1553, 26 octobre, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20447, fol. 57 ; orig.). — C'est à cette époque que Louis de Guise fut nommé cardinal. J. du Bellay au cardinal de Lorraine, 1553, 27 octobre, Rome (Bibl. cit., fol. 59 ; orig.).

[138] An. Caro au cardinal Farnèse, 1553, 24 août, Rome (Arch. d'Etal, de Naples, Cartes Farnes, fascio 415, fasc. 2 ; orig.).

[139] An. Caro au cardinal Farnèse, 1553, 2 septembre, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 696, fasc. C ; orig.).

[140] Vinc. Buoncambi à Octave Farnèse, 1553, 4 novembre, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 260, fasc. 6 ; orig.).

[141] GREGOROVIUS, La Corse, éd. Lucciana (Bastia, 1883, in-8°), p. 3 ; G. LIVI, La Corsica e Cosimo I, pp. 62-63 et 141 ; CH. DE LA RONCIÈRE, Histoire de la marine française, t. pp. 511-512.

[142] H. FILIPPINI, Istoria di Corsica, 2e éd. (Pise, 1827, in-8°), t. III, p. 274-289.

[143] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 1er novembre, Morfontaine (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 226 ; orig.).

[144] Mémoire du cardinal de Bellay, 1553, 12 octobre, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20447, fol. 46 et sqq. ; orig.).

[145] Le cardinal del Monte à P. Santa-Croce, 1553, 30 septembre, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, IV, 220, fol. 16-17 ; reg. orig.).

[146] Instructions à Leone Ricasoli, 1553, 5 septembre. Florence (Arch. d'Etat de Florence, filza 2634, 303 ; minute). — Cf. G. LIVI, La Corsica e Cosimo I, pp. 319-330.

[147] Annibale Litolti au duc de Mantoue, 1553, 16 août, Castelbellotto (Arch. d'Etat de Mantoue, amb. Savoia ; — MONTALVO, Relazione della guerre di Siena, pp. 6-7.

[148] A. MORATI, La Corse, Cosme Ier et Philippe II, pp. 2-3.

[149] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 1er novembre, Morfontaine (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t, fol. 252 ; orig.). — Sur la guerre de Corse, voyez la correspondance de Chiappino ViLelli au duc de Florence, 1553-1554 (Mediceo, 648 ; orig.).

[150] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 1er novembre, Morfontaine (Arch. Nunz. Francia, 3, fol. 252 orig.).

[151] G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, pp. 402, 432. 467 ; CHARRIÈRE, Négociations dans le Levant, t. II, pp. 230, 245, 251, 258.

[152] Girol. Falleti au duc de Ferrare, 1553, 20 septembre, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.).

[153] Mémoires-journaux du duc de Guise, p. 221.

[154] Mémoires-journaux du duc de Guise, p. 164-165.

[155] P. Santa Croce au cardinal del Monte, 1553, septembre-octobre (Arch. Vatic., Nunz. Francia, 3, fol. 222 et sqq. ; orig.).