LES ORIGINES POLITIQUES DES GUERRES DE RELIGION

LIVRE DEUXIÈME. — LES FARNÈSE

CHAPITRE II. — LE ROI PROTECTEUR DES FARNÈSE CONTRE LE SAINT-SIÈGE. LA CRISE GALLICANE.

 

 

Le cardinal Giovanni Ciocchi, appelé aussi le cardinal del Monte, — de Monte San Savino, petit bourg de la Toscane, patrie de ses ancêtres, — était né à Rome, le 19 septembre 1487, de Vincenzo, jurisconsulte célèbre, et de Cristofara Saraceni, Siennoise. Camérier du pape Jules II, archevêque de Manfredonia à l'âge de vingt-cinq ans, il s'était trouvé préfet de Rome, au moment du sac de 1527. En cette circonstance, il avait fait preuve d'héroïsme, s'était livré comme otage à la place du pontife, avait risqué sa vie aux mains des Impériaux furieux, et eût été tué sans l'intervention du cardinal Pompeio Colonna, qui le sauva. Représentant de Paul III auprès de Charles-Quint, créé cardinal prêtre du titre de San Vitale in Vestina, le 22 décembre 1536, premier légat du pape au Concile de Trente, en 1545, son habileté avait été remarquée. A la mort de Paul III, il cumulait les plus hautes dignités ecclésiastiques et civiles[1].

Le 22 février 1550, Giovanni del Monte fut couronné par le cardinal Cibo et prit le nom de Jules III, en mémoire du pape Jules II, dont il avait été le camérier.

Agé de soixante-trois ans, la taille haute, les yeux ardents, le nez très grand et légèrement tordu, — un nez extraordinaire que seul Titien pouvait peindre[2], — la barbe en désordre, le visage dépourvu de finesse, Jules III était paresseux, colérique et gourmand. Ce qui frappait le plus en lui, c'était la mobilité de son humeur : à la moindre traverse, il tombait en des accès de fureur violente, puis se laissait ramener à la douceur par le plus faible raisonnement, et restait abattu. If ailleurs, incapable de rancune autant que de fidélité, il offrait un singulier mélange de subtilité, d'emportement et d'indolence. Au reste, il aimait la justice, avait de la culture et du goût pour les arts, et se montrait accueillant[3].

Jules III scandalisa Rome par la mollesse de sa vie, exempte de tout travail et livrée aux excès de la bonne chère. A peine monté sur le trône, il conféra la pourpre, avec le titre de cardinal-neveu, à un adolescent de dix-sept ans, nommé Innocent, qu'il avait rencontré, disait-on, à Plaisance, et qu'il entourait d'une étrange affection. A cet indigne favori, qui devait être condamné, sous Pie IV, comme meurtrier, il avait donné son nom et l'avait fait adopter par Baldnino del Monte, son frère[4].

Jules III considéra le pontificat comme un moyen de satisfaire ses plaisirs. Sur la via Flaminia, près du Tibre, il voulut créer un lieu de délices qui l'emportât sur toutes les villas romaines. Avec les deniers de la Trésorerie apostolique, il acheta les vastes champs des Parioli et y fit construire un casino[5]. Ses jardiniers, Manfredi et Scipione, créèrent des parcs, des vergers et des vignes : le casino et la vigne del monte ou del poggio, dont Niccolô Francese eut la garde, la vigne da basso ou del Tartaro, et la vigne del porto. Au fronton de la fontaine Julia, ce pape, ami des jardins, fit inscrire la lex hortorum. Et, sur la barque pontificale, que manœuvrait le fidèle Andrea Schiavone, Jules III se plaisait à remonter le Tibre du château Saint-Ange à l'Albero bello, pour gagner sa villa. Dans ce casino aimé, parmi les vignes et les arbres précieux, que lui envoyaient les princes, il offrait des banquets et des fêtes, où se réunissaient cardinaux, littérateurs et bouffons[6]. Il devint ainsi le pape de l'hilaritas publica, et Cancellieri rapporte que lorsque les cursori l'interrogeaient suivant l'usage : — Beatissime Pater, eras erit concistorium ? il répondait : — Cras exit vinea.

Tandis que les festins, les indigestions et la goutte absorbaient presque tout le temps du pontife[7], les affaires du Saint-Siège passèrent aux mains de Mignanelli, évêque de Lucera, et de Dandino, évêque d'Imola. Dandino, que nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises, eut spécialement la charge des questions politiques. Né en 1509 à Cesena, successivement évêque de Caserte et d'Imola, en 1546, il s'était formé à la secrétairerie d'Etat de Paul III, qui lui avait confié sept missions en France, puis la direction des affaires germaniques. Jules III lui donna les fonctions importantes de secrétaire majeur auprès de l'incapable Innocent del Monte : Dandino fut en réalité le chef de la secrétairerie d'Etat[8].

 

Henri II n'avait pas éprouvé grand contentement des résultats du conclave. Mais le nouveau pape montrait une telle reconnaissance des votes que lui avaient donnés les cardinaux français, qu'on ne pouvait faire mauvaise mine[9]. Le 26 mars 1550, Claude d'Urfé, ambassadeur du Roi à Rome, se rendit au palais pontifical pour prêter à Jules III, au nom de son maitre, le serment d'obéissance. Tout le parti français de la Ville éternelle, Horace Farnèse, le comte de Pitigliano, les Orsini, accompagnèrent l'ambassadeur, au milieu d'une grande pompe. Reçu dans la salle royale, construite par Paul III, d'Urfé présenta au pape ses lettres de créance, puis l'évêque de Noyon, Jean de Hangest, récita un discours qu'entendirent peu de gens, mais que ceux-ci trouvèrent fort beau. Le pontife répondit qu'il avoit telle cognoissance de l'honneur et utilité que ce luy estoit que d'avoir l'obéissance d'ung si grand prince que le roy de France, qu'il s'en tenoit grandement tenu à Dieu et à luy, et qu'il demeureroit à jamais en telle volonté en son endroit que père doit avoir à son fils, et ainsy que quand l'occasion se présentera, le monstrera et fera tousjours cognoistre, soit en public ou en particulier. Cette cérémonie, pendant laquelle l'ambassadeur de Charles-Quint se contenta de chasser les mouches de Sa Sainteté avec son bonnet, semblait de bon augure[10].

D'autres politesses suivirent. Au début d'avril, Henri II décida d'envoyer une mission extraordinaire, composée du duc de Nemours et du maréchal de La Marck, pour prêter encore au nouveau pontife un serment solennel d'obéissance. Le choix de ces personnages n'était pas de pur hasard[11]. Jacques de Savoie, duc de Nemours, riche et puissant seigneur allié au connétable, était alors en quête d'une épouse, et les Guises espéraient l'attirer à leur parti par un mariage avec Lucrèce d'Este. Quant à Robert de La Marck, gendre de Diane de Poitiers, il emporta commission de sa belle-mère pour faire valoir les droits sur la vallée de Pérouse dont elle prétendait avoir hérité[12]. Après un long voyage, La Marck et Nemours arrivèrent à Rome, le 22 juin[13] ; ils participèrent à de nombreux banquets, puis, le 4 juillet, reprirent la route de Romagne, pour rentrer en France par Venise et Milan[14].

Mais on s'aperçut bientôt que ces marques d'amitié n'avaient point fixé l'esprit versatile du pape : il s'entourait des membres de la faction impériale. Les cardinaux de Burgos, de. Carpi et Sfondrato, partisans de Charles-Quint, devinrent ses familiers, et Diego de Mendoza prit sur l'âme du pontife une influence prépondérante. Un accord étroit se négociait, entre l'Empire et le Saint-Siège, à l'occasion du Concile général. Jules III dépêchait Pedro de Toledo à la Cour impériale, avec mission d'informer Charles-Quint qu'il était disposé non seulement à rétablir le Concile à Trente, mais peut-être même à le transférer plus avant en Allemagne, pourvu que l'Empereur promît de garantir, le cas échéant, les privilèges du Saint-Siège, au sein de l'assemblée. Dans un consistoire du mois d'avril 1550, la majorité des cardinaux se prononça pour le retour définitif du Concile à Trente, et Pighino se rendit en Allemagne, afin de régler les dernières mesures.

Devant cette volte-face rapide, la diplomatie royale se trouva désarmée. Le flot des cardinaux français, venu' s pour le conclave, s'était écoulé peu à peu, non sans trouble. Jean de Lorraine était parti, le 25 février[15]. Le cardinal de Châtillon et' le cardinal de Vendôme avaient quitté Rome, le 7 avril, par la route de Lorette[16]. Charles de Guise s'attarda un peu plus, désireux de régler avec le nouveau pape, au nom du Roi, les affaires touchant le Concile général et l'application du Concordat ; mais il partit, le 19 avril, sans avoir obtenu les concessions demandées[17]. Le même jour, s'en allèrent les cardinaux d'Armagnac et de Meudon[18]. Enfin, Jean du Bellay prit la route de Florence, le 19 juillet, pour rentrer en France[19]. Restaient à Rome Tournon et Ferrare, le premier encore en demi disgrâce, le second bien maladroit.

Au surplus, le départ des cardinaux français s'était opéré dans le bruit des disputes. Les querelles du conclave continuaient entre eux, alimentées par la rancune du parti des Guises. Le vieux et débile cardinal du Bellay, que des liens d'amitié unissaient à Jules III et qui eût pu exercer sur son esprit une influence favorable à la France, se défendait péniblement contre les insultes de Charles de Guise et d'Hippolyte d'Este, lesquels lui reprochaient d'avoir fait échouer, en dernier lieu, les candidatures de Trani et de Salviati. Avec une fureur passionnée, Charles de Guise le représentait comme l'homme le plus couvert et maculé de meschancetéz et trahisons qui feust en ce monde, de manière, écrivait du Bellay, que je n'oseroie jamais comparoir non seulement devant le Roy, mais en nul endroit du royaulme de France[20].

L'ambassadeur d'Urfé, resté d'abord stupéfait devant l'attitude nouvelle du pape, tâchait de regagner le terrain, soutenu par les conseils du cardinal de Tournon, lorsque l'impertinente vanité d'Hippolyte d'Este, protecteur des affaires de France, fit surgir un conflit d'attributions qui anéantit les efforts de l'agent royal. Henri II ayant alors montré son déplaisir, Hippolyte s'en alla à Tivoli et appela sur d'Urfé la colère des Guises. Tournon, discret, attendait l'heure d'intervenir[21].

Sans obstacles, le pape pouvait s'abandonner au courant des amitiés espagnoles.

La question du Concile général devait indisposer de plus en plus Henri II, que mécontentaient déjà les nouvelles de Rome. Au mois de juin 1550, Jules III décida d'envoyer en France un nouveau nonce, au lieu de Michele della Torre, évêque de Ceneda, qui tenait cette charge depuis septembre 1547. Celui-ci, fort bien vu de la Cour de Henri II, était trop engagé par les promesses antérieures du Saint-Siège. Le pape désirait qu'à l'occasion de la translation du Concile général de Bologne à Trente, un homme nouveau dirigeât les négociations avec le roi de France, qu'il savait opposé à cette mesure[22].

Le choix de Jules III s'arrêta sur Antonio Trivulzio. Créé évêque de Toulon par Clément VII, le 3 mars 1528, Antonio remplissait, en outre, depuis 1544, les fonctions de vice-légat d'Avignon. Il appartenait à une célèbre famille milanaise, qui entretenait des relations anciennes avec les Valois. Trivulzio était une personnalité connue, à la cour de France[23].

Le 16 juin 1550, le pape, en annonçant au cardinal de Guise le départ prochain du nouveau nonce, lui apprenait que sa mission principale serait de négocier la restauration du Concile à Trente ; et Jules III priait le cardinal d'appuyer de son crédit les démarches de l'évêque de Toulon[24]. Trivulzio reçut ses instructions, le 20 juin : le pontife lui commandait de rassurer le Roi, en affirmant qu'il n'avait jamais accordé ni voulu accorder promesses d'aucune sorte à l'Empereur ni à ses ministres sans l'en avertir, et qu'il demeurait disposé à observer les engagements pris naguère avec les cardinaux de Ferrare et de Guise et avec l'ambassadeur d'Urfé. Il exposait ensuite les raisons qui l'incitaient à la restauration du Concile de Trente : aux raisons selon Dieu, il ajoutait une raison humaine, à savoir la crainte qu'il éprouvait de fournir à l'Empereur, si le Concile ne se réunissait pas, un prétexte pour s'accorder avec les protestants et en rejeter la faute sur le pape. Raison que Pallavicini trouve, subtile. Antonio Trivulzio partit le 5 juillet[25].

Dès lors, les relations entre le Roi et le Saint-Siège empirèrent. Henri II accusait Jules III d'oublier l'engagement qu'il avait pris de ne pas rétablir le Concile général à Trente, sans l'assentiment du gouvernement royal et de l'Eglise gallicane. D'ailleurs, à ce moment même, le Roi Très Chrétien était occupé à conclure une alliance avec les confédérés de Smalkalde, et son esprit, détourné par Montmorency des entreprises italiennes vers l'horizon du Nord-Est, se souciait plus de guerroyer contre l'Empereur que de réformer les abus de l'Eglise. Aux propositions du nonce Trivulzio, il répondit fermement, un jour du mois d'août, que son royaume n'avait pas besoin d'un Concile général pour régler ses affaires religieuses, que si une réforme des mœurs était nécessaire, il avait, chez lui, assez de pieux prélats pour l'accomplir, sans se donner le mal d'en aller quérir ailleurs, enfin que, sur l'indépendance dont on prétendait que l'assemblée jouirait à Trente, il en appelait à la bonne foi et au témoignage du pape lui-même, qui y avait été légat[26].

La seule réforme dont Henri II voulût entendre parler, était de réfréner les appétits du clergé romain en matière de bénéfices, tandis que Jules III désirait placer les membres de sa famiglia. La brouille s'envenima.

Une querelle particulière, au sujet de la collation de l'évêché de Marseille, mécontenta le pape et le jeta plus avant dans les combinaisons des Impériaux. Henri II accrut le désaccord, au mois d'août, en décidant de ne plus conférer de bénéfices aux clercs résidant à Rome qu'avec toutes les garanties requises pour le maintien de son droit de nomination. Jules III s'en montra fort mal content et altéré, écrivait le cardinal de Ferrare, car il a tousjours désiré que l'on tint compte de luy, et vouldroit estre recogneu en l'auctorité, et dignité où il a esté appellé[27].

Cependant, pour léger et inconstant qu'il fût, le pape avait le sentiment des dangers que courait le catholicisme, sous la poussée de l'hérésie. La restauration du Concile général lui tenait à cœur. Aussi, pendant les derniers mois de 1550, essaya-t-il de conquérir Henri II par la douceur, afin de l'amener à soutenir cette grande œuvre religieuse. Le 22 septembre, il adressait lui-même au Très Chrétien une prière en ce sens[28]. Le cardinal de Tournon, resté jusqu'alors dans la retraite, prit les intérêts de la religion, dont il avait toujours montré un souci très vif, et s'employa discrètement à faciliter une action commune. Le pape, écrivait-il à Montmorency, prie Sa Majesté de luy voloir laisser jouer son personnage, où il ne fera chose qui doibve desplaire au Roy, qui de son cousté fera ce qu'il luy plaira quant audit Concile, et Sa Sainteté ne le trouvera jamais mauvais et sera plustost prest d'en excuser le Roy que de l'en accuser. Et, pour entraîner le gouvernement royal an delà de cette neutralité, il ajoutait : Si fault-il que je vous die que, quelque chose que je veoie en ce pape, je le pense si tymide que, qui ne le favorisera de nostre cousté, il est pour se mettre du tout entre les bras de l'Empereur, et pour peu que il soit soubtenu de vostre part, je le voy en assez bon chemin pour ne le faire point[29].

Jules III n'attendit pas longtemps la réponse du Roi. Il institua à Rome une nouvelle congrégation de réforme, composée des cardinaux du parti impérial, Pole, Morone et Cervini ; et, le 13 novembre 1550, il promulguait la bulle qui convoquait les évêques à Trente pour le te, mai de l'année suivante. Plus tard, l'ouverture de la session fut reportée au 1u" septembre, afin de laisser aux prélats allemands et français le temps d'arriver[30].

Mais, à la fin de l'année 1550, la casa Farnèse intervient dans les rapports du gouvernement royal avec Jules III. La question de Parme, qui se complique soudain, donnera bientôt aux querelles religieuses de Henri II et du pape un caractère d'hostilité aiguë.

 

On racontait, à Rome, en février 1550, que parmi les intrigues du conclave, le cardinal del Monte avait dit un jour au cardinal Farnèse, qui lui demandait son vote : Si vous compreniez votre intérêt, vous m'éliriez pape, moi qui suis votre créature, et de moi vous pourriez espérer tout le bien que vous désirez[31]. De fait, au lendemain de l'élection, les deux cardinaux de la famille Farnèse, Alexandre et Ranuce, visitèrent le nouveau pape et, s'étant mis à genoux, lui dirent : Voici deux enfants de Votre Sainteté. Jules III les releva et répondit : Je vous accepte pour tels[32].

Fidèle au serment qu'il avait prêté avant le conclave et renouvelé aussitôt après son élection, le pape s'était hâté de régler la question qui avait tant agité les derniers jours de Paul III : le lundi 23 février 1350, Parme fut restitué à Octave Farnèse[33]. De même, le nouveau pontife confirma au petit-fils de son prédécesseur le titre de gonfalonier et général de l'Eglise romaine[34]. Jules III n'avait-il pas déclaré qu'il préférait titre pauvre pape gentilhomme que riche pape sans foi[35] ?

Mais Charles-Quint, dont les troupes occupaient déjà Plaisance, donna ordre à son ambassadeur, Mendoza, de circonvenir le versatile pontife pour lui persuader de céder les deux villes à l'Empire, contre une compensation modique. Les Farnèse, voyant le danger dont ils étaient menacés, au reste peu confiants dans les promesses de Jules III, entrèrent en pourparlers avec Henri II afin d'obtenir une protection effective. Dès le printemps 1550, le maréchal de La Marck, envoyé à Rome, reçut mission de s'entretenir avec le cardinal Alexandre de cette situation nouvelle[36].

A vrai dire, le danger ne paraissait pas imminent. Horace Farnèse passa l'été à Capodimonte auprès de sa mère, plus occupé de raquettes et de halles que de politique[37]. A l'automne, les inquiétudes augmentèrent : le cardinal Alexandre quitta Parme pour rentrer à Rome, où il arriva, le 22 octobre. Jules III le combla de politesses et endormit ses craintes[38].

Mais le fond des négociations se dessina bientôt. De quelque courtoisie qu'il entourât ses procédés, le pape, mal disposé envers Henri II qui contrecarrait ses desseins sur le Concile général, ne laissa pas de conclure avec l'Empereur un accord pour indemniser les Farnèse et remettre les deux villes en litige à la maison d'Autriche, qui les tiendrait en fief de l'Eglise. Le Roi considéra cet acte comme une insulte faite à son gouvernement, et, sans l'influence modératrice de Montmorency, il attrait aussitôt déclaré la guerre à Jules III[39].

Parmi les Farnèse eux-mêmes, les craintes et les ambitions étaient diverses. Horace rentre en France, et Octave, résolu à toutes les audaces pour garder son duché, se jette dans les bras du Très Chrétien. Par contre, le cardinal, que retient la pensée des immenses bénéfices qu'il possède clans les royaumes des cieux adversaires, conscient aussi du péril que courraient lui-même et sa famille dans un conflit avec le Saint-Siège, s'efforce d'adoucir les contacts, aidé en cela par l'épouse d'Octave, Marguerite d'Autriche, qui ne veut pas offenser l'Empereur, son père. Alexandre et Marguerite, pendant tout l'hiver 1550-1551, exhortent Octave à la modération et proposent des compromis[40].

Cependant, entre le Roi et le pape, mêlant le spirituel au temporel, par un jeu de répercussions fâcheuses, la querelle s'animait.

Dans le temps que Henri II soutenait les protestants d'Allemagne contre- Charles-Quint et concluait — en ce début même de 1551 — une alliance avec Maurice de Saxe, Jules III, hanté par la crainte de l'hérésie, adressait à la Sorbonne, le 6 février, un bref lui ordonnant de veiller rigoureusement au maintien de l'orthodoxie[41]. Une contradiction violente était à craindre. Elle se produisit, durant le carême.

Vers le 10 mars, le Roi renvoya dans leurs diocèses tous les évêques de France, et leur prescrivit de s'informer des abus qui régnaient dans l'ordre ecclésiastique et religieux, en vue de les soumettre à la réforme que dirigerait plus tard une assemblée nationale du clergé réunie à cette fin[42]. La gravité de ces instructions, qui lésaient l'autorité et le prestige du Concile général, convoqué par le pape, fut relevée aussitôt. Le bruit se répandit en Italie que Henri II avait refusé d'envoyer à Trente les prélats de l'Eglise gallicane et se disposait à réunir un Concile national[43].

A Rome, l'émotion fut grande. Exaspéré par les nouvelles qui lui annonçaient la rébellion d'Octave Farnèse, son alliance avec le Roi et les manifestations gallicanes de celui-ci, le pape se laissa gagner par la colère. Le lundi 6 avril 1551, en consistoire, Jules III prit la parole et, en termes animés, dénonça la prétendue assemblée indeue d'ung Concille nationnal de toute la France, contre l'authorité du Saint-Siège apostolicque, à mespris du Concille général indict à Trente, à la grande perturbation de l'ordre acoustumé entre l'Eglise universelle. Il ajouta qu'il savait le Roi être bon catholique et qu'il avait confiance dans la bonne opinion du connétable de Montmorency et du cardinal de Lorraine, mais qu'il pensoit bien que cela venoit de quelques gens de longue robe qui pensoient trop sçavoir[44].

Le lendemain, 7 avril, Hippolyte d'Este, protecteur des affaires de France, se rendit au Vatican pour présenter au pontife le nouvel ambassadeur, Paule de Labarthe, sieur de Termes, qui avait succédé à Claude d'Urfé. Termes, parti de la Cour à la fin de février, avait passé par Turin, Plaisance, Ferrare, et était arrivé à Rome le 2 avril ; il avait pris logement au palais d'Horace Farnèse[45]. En apprenant sa venue, Jules III s'était écrié, dit-on : Comment ! le Roy ne m'a point envoyé icy un ambassadeur, mais un capitaine. Il faut prendre garde à moy, car il a mieux la mine de me faire la guerre que de me faire une ambassade[46].

L'ambassadeur présenta ses lettres de créance ; puis il entra en propos avec le pontife pour chercher un moyen d'accommodement au sujet de Parme et des Farnèse. Le cardinal de Ferrare participait à la discussion. Aux demandes de l'un et de l'autre, Jules III répondit qu'il ne pouvait être question d'accord, tant que le Roi persisterait dans cette entreprise. Encore, le 8 avril, le cardinal de Tournon vint tenter de fléchir le pape. Celui-ci, au lieu de se calmer, tomba en fureur et déclara hautement : Si le Roi nous enlève Parme, nous lui enlèverons la France, et s'il nous enlève l'obédience de son royaume, nous lui enlèverons l'obédience de la chrétienté[47].

Effrayé après coup de la gravité de ses propres paroles, Jules III, au lendemain de cet incident, le 9 avril, fit appeler les cardinaux de Ferrare et de Tournon, et s'efforça de renouer les négociations d'un accord sur les questions religieuses, mise de côté l'affaire de Parme. Mais, cette fois encore, il ne put maintenir son tempérament impulsif, et, au cours de l'entrevue, il s'écria que si le Roi prétendait lui faire peur par des édits, prohibitions, conciles nationaux et autres mesures semblables, sa plume, son papier et son encre y apporteraient bonne réponse. Le pape pensait sérieusement à excommunier Henri II et à le priver de ses Etats : il annonçait ce projet à l'ambassadeur impérial, Mendoza, en lui promettant qu'après la déposition de l'infidèle, il conférerait l'investiture du royaume de France à Philippe, prince d'Espagne[48].

Pourtant, à la réflexion, Jules III reculait devant l'image d'une guerre avec le Roi : il craignait surtout le jugement de l'opinion publique. Suivant le vœu du peuple, écrivait-il à son confident Dandino, le 10 avril, Nous désirerions et choisirions, pour meilleure ou moins mauvaise, la voie de l'accommodement, à condition qu'il pût se faire sans grand dommage de l'honneur. Le peuple abhorre tant, Nous ne dirons pas la guerre, mais le nom même de la guerre. en ces temps de disette, de Turcs, de conciles et de conciliabules, avec le bruit que l'Empereur est malade et que les affaires d'Allemagne ne sont pas encore accordés, et avec l'audace que montre le Roi, que, de quelque manière qu'il se fit, Nous estimerions l'accommodement honorable. Quant à l'intérêt, il faut considérer la dépense et les incommodités d'une guerre qui pourrait durer plus longtemps que Nous ne prévoyons, et dont l'étendue et le résultat sont incertains[49].

Ce fut, sans doute, pour atténuer l'effet des propos inconsidérés qu'il avait tenus aux représentants de la France, que Jules III, dans la crainte d'une guerre immédiate, résolut d'envoyer à la Cour du Roi son neveu Ascanio. Celui-ci, fils d'une sœur du pape, Jacopa, mariée à Francio della Corgna, avait embrassé la carrière des armes et s'était même rangé naguère au service du Roi : le Trésor lui avait servi une pension de deux mille écus jusqu'au jour où son oncle était devenu pape[50]. Jules III crut habile de le choisir comme ambassadeur. Le pontife, en effet, si passionnée que fût son attitude dans l'affaire de Parme, quelque indignation, d'ailleurs, qu'il eût montrée au sujet du concile national, se rendait compte du tort qu'il faisait à l'Eglise et à sa réforme, en s'aliénant définitivement l'esprit de Henri II. Aussi la mission d'Ascanio avait-elle pour objet premier la question du concile général.

Plusieurs jours avant son départ, le 19 avril, Ascanio jugea bon d'adresser au Roi une exhortation. Sire, écrivait-il de Rome, je vois clairement que si Votre Majesté persévère dans cette affaire de Parme et s'aliène le pape, elle perdra une grande facilité de se rendre, à la première occasion, patronne de toute l'Italie[51]. Le 23 avril, Jules III remit à son neveu des instructions[52]. La grande arrogance du pape était tombée : avec une certaine déférence, il exposait les raisons pour lesquelles il ne pouvait accepter que le Roi assumât la protection des Farnèse ; puis il insistait, en pontife clairvoyant et modéré, sur la question du Concile national. Tu exhorteras et prieras Sa Majesté Très Chrétienne, disait-il à Ascanio, qu'elle veuille bien considérer les inconvénients et les désordres qui peuvent résulter d'un Concile national. Nous ne pouvons manquer, pour le devoir de notre charge, d'avertir Sa Majesté qu'un prince catholique ne peut faire plus grande offense à Dieu et plus grand tort à son Eglise que d'empêcher la réunion d'un Concile général [53]. Aux instructions Jules III joignit des lettres de recommandation, adressées au connétable de Montmorency et au cardinal de Lorraine ; en les diligence et vertu de celui-ci le pape déclarait avoir particulière confiance.

Ascanio della Corgna partit de Rome, le 26 avril[54]. Il arriva à Tours, le 8 mai[55], et quinze jours après, le 21 mai, il était de retour à Rome[56]. Sa mission avait été aussi maladroite que brève.

 

Cependant, Henri II avait appris les menaces violentes, proférées par le pape, en présence de ses cardinaux et de l'ambassadeur. Il semble bien qu'à son premier mouvement de colère le Roi ait mêlé quelque crainte : il n'était pas capable de recevoir, sans sourciller, une menace d'excommunication et de déposition. La lettre que le Très Chrétien adressa, le 2 mai, aux cardinaux de Ferrare et de Tournon et à M. de Termes, ses représentants à Rome, offrait un mélange singulier de prudence et de colère retenue. Prince religieux, il se sentait touché par l'accusation de schisme lancée contre lui. Aussi sa première préoccupation fut-elle de justifier l'idée d'un Concile national, qu'il avait émise en des lettres missives, adressées aux archevêques et évêques de son royaume, durant le carême. Si faible que parût cette justification, le Roi protestait néanmoins qu'il n'avait jamais eu l'intention de rien entreprendre sur la religion. Il est certain qu'il se trouvait surpris de l'audacieuse attaque du pape. Je vous advise, écrivait-il, que je seray tousjours très aise que les choses se puissent conduire et passer avec le gré et consentement de Notre Saint Père. Mais aussi quand il les voudra prendre tout au rebours de mon intention et s'en désespérer comme il fait, je prendrai patience quoi qu'il advienne, car je n'ay, Dieu merci, occasion de craindre personne en cet endroit. Si est-ce que je trouve estrange les propos de colère qu'il vous a tenus à vostre audience, car je voudrois bien scavoir quel outrage et injure il prétend avoir receu de mon amitié, comme il dit. Et ne faut point toutefois que l'on pense me faire peur d'un Concile général, s'il est tel qu'il doit estre, pour le bien, repos et union de l'Eglise universelle, sans rien y mesler du particulier[57]. C'était bien le particulier qui dénaturait les meilleures intentions des deux adversaires.

Cette modération relative, qu'affectait le Roi devant les violences de Jules III, fut, ce semble, inspirée par l'influence pacifique du connétable de Montmorency[58]. En réalité, les sentiments intimes du souverain étaient moins calmes. A Rome, M. de Termes déclarait hautement que son maitre ne voulait plus reconnaitre l'autorité du pape[59], et dès le début de mai, Charles-Quint reçut avis que, malgré les efforts de Montmorency, le Roi devait se rendre à Lyon et de là en Italie, pour y chevaucher contre le Saint-Siège[60]. La rivalité des influences, à la cour de France, se montrait alors très vive.

Les Guises offrent un spectacle curieux. Représentants attitrés de l'unité religieuse, ils se trouvent gênés par la couleur gallicane du conflit. Dans la question ecclésiastique, le cardinal de Lorraine manifeste les sentiments les plus pacifiques' : il s'efforce de rassurer le nonce au sujet du Concile national et le prie de considérer la sévérité et le zèle dont on use, au royaume de France, pour châtier et extirper l’hérésie[61]. Mais, d'autre part, comment les Lorrains résisteraient-ils à la tentation de la guerre ? Depuis quatre ans que règne Henri II, on n'a vu qu'une escarmouche contre les Anglais. Les ambitions militaires s'impatientent. Aussi bien, dans l'affaire de Parme, les Guises poursuivent des fins particulières et secrètes. Hercule d'Este, duc de Ferrare, convoite cet Etat : il le recevrait volontiers en fief du Roi, qui, recouvrant le duché de Chartres, apanage français de la duchesse Renée, en ferait don aux Farnèse par compensation[62]. D'où nécessité d'écarter les deux suzerains actuels de Parme, l'Empereur et le pape. Entravés par leur dévotion au Saint-Siège, mais poussés par leur propre ambition et par les convoitises du duc de Ferrare, les Guises jouent de biais pour faire de ce conflit avec le pape une guerre avec l'Empereur. En dépit de leur habileté, François et Charles de Lorraine apparaissent bientôt comme des agents belliqueux : au cours de l'été, on annoncera la venue en Italie du duc de Guise, à la tête d'une armée de Gascons[63].

Les grands cardinaux, plus gênés encore que les Guises, par leur situation matérielle et ecclésiastique, s'efforcent de procurer une réconciliation. Seuls, les fuorusciti poussent aux armes sans vergogne, avec leur emportement coutumier : ils sont les hérauts de la guerre prochaine, ils suggèrent les opérations audacieuses.

Dès le mois d'avril 1551, les diplomates signalent le crédit dont jouit Piero Strozzi auprès du Roi[64]. Les conséquences de cet ascendant paraissent aussitôt. Piero lui-même, envoyé par Henri II, quitte la Cour à Amboise, le 3 mai, passe par Lyon et arrive, le 25, à La Mirandole, qu'il met en état de défense[65]. Le 6 mai, le Roi fait célébrer, à Tours, les fiançailles définitives de sa fille naturelle, Diane, avec Horace Farnèse, et donne à celui-ci le commandement de mille chevaux en Italie[66]. Horace, accompagné du prieur de Lombardie, s'embarque à Marseille pour gagner la côte de Toscane. Mais la tempête jette ses deux galères sur un écueil à Pietra Santa, où un podestat le fait prisonnier et ne le relâche que par l'ordre de Cosme de Médicis. Aussitôt délivré, Horace court à Parme, pour y secourir et défendre son frère, Octave[67].

La guerre est donc inévitable. Des incidents fâcheux achèvent d'irriter les humeurs. Parmi ces incidents, il faut en noter un. Les grands chemins étaient alors peuplés de prélats qui se rendaient au Concile général, les bons et béatz pères concilipètes dont parle Rabelais. Or, le nonce Trivulzio lit savoir, le 25 mai, au secrétaire du pape, Dandino, que sur l'ordre de Brissac, gouverneur de Piémont, cinq évêques espagnols, qui se rendaient à Trente, avaient été arrêtés à Turin, en représailles de la prise de quelques capitaines français. Il me semble, ajoutait le nonce, que les choses d'elles-mêmes deviennent chaque jour plus mauvaises[68].

Quels étaient, cependant, les sentiments des Farnèse, pour qui le Roi encourait les foudres du Saint-Siège ?

Les deux cardinaux se montraient fort ennuyés. Ranuce avait affecté, dès le début de la crise, une soumission entière aux volontés de Jules III. Le 27 avril, en grande pompe, il était allé baiser les pieds du pape ; le 29, celui-ci l'avait invité à dîner, de sorte que l'opinion publique crut, un moment, au triomphe de la paix[69]. Plus difficile était la situation du cardinal Alexandre, compromis par sa réputation d'intrigant. Durant le mois de mars, il avait employé de réels efforts à modérer les sentiments et les actes de son frère Octave. Soucieux à la fois des intérêts de sa famille, de sa propre fortune et de son état ecclésiastique, il espérait qu'un accord avec l'Empereur pourrait intervenir, si on le facilitait un peu[70]. Mais son jeu était double, et, dès le 4 mars, il envoyait à son frère Horace, qui se trouvait en France, une note sur les provisions militaires à demander au Roi[71]. Quand il apparut que tout espoir de paix s'évanouissait, Alexandre prit peine de dégager sa responsabilité vis-à-vis du pape[72]. Son attitude est alors tremblante. Le 9 avril, il rend compte de ses inquiétudes au duc d'Urbin, son beau-frère : Ne pouvant plus rien, je m'en remets à la volonté de Dieu et à celle de Sa Sainteté, à qui, si elle nous fait la grâce de séparer notre cause de celle d'Octave, je m'obligerai à prêter l'obéissance que je dois, et je procurerai, par tous les moyens en mon pouvoir, la réalisation de ses désirs[73]. Vers le milieu d'avril, le dernier accord, qu'avaient traité les ministres du Roi à Rome, s'en alla en fumée[74].

Enfin, parmi les inquiétudes les plus graves des Farnèse, était la crainte de voir Marguerite d'Autriche, fille de Charles-Quint et épouse d'Octave, se séparer de son mari, qui s'alliait au roi de France. Pour empêcher cet évènement désastreux, le cardinal entourait Marguerite de prévenances attentives[75].

Bientôt, Jules III chargea Alexandre Farnèse d'aller lui-même porter à son frère le dernier avertissement, en même temps que Gian Battista del Monte, neveu du pape, se rendait à Bologne pour préparer les hostilités[76]. Alexandre quitta Rome, le 18 avril 1551 : par l'Ombrie, il gagna les Marches et la Romagne. Le 25 avril, il était à Ferrare : à Bomporto, sur la route de Modène, il rencontra Hieronimo Dandino, alors légat, qui l'encouragea vivement à la soumission. Enfin, le 28 avril, le cardinal arrivait à Parme. De là il adressa au pape une demande afin qu'il lui fût permis de se retirer loin du champ des hostilités inévitables, à Padoue. Jules III refusa l'autorisation[77]. Alexandre, nous le verrons, quitta Parme le 14 mai, en route pour Ferrare et Pesaro.

Le cardinal Farnèse n'emporta guère d'illusions sur l'état d'esprit de son frère. Octave était averti et belliqueux. Au cardinal Medichino, qui lui communiqua peu après l'ultimatum du pape, — rendre Parme à l'Eglise et accepter Camerino, avec une pension de dix mille écus —, le duc répondit par un refus net[78]. Il garderait son duché et courrait l'aventure. Octave se montra même provoquant : le 13 mai, les cardinaux de Ferrare et de Tournon, accompagnés de l'ambassadeur Termes, se rendirent au palais pontifical et résignèrent, au nom du duc, la charge de gonfalonier de l'Eglise[79].

Le gendre de Charles-Quint attendait en toute confiance l'aide de Henri II. Celui-ci affirmait des sentiments énergiques, qu'il colorait de raisons honnêtes. Je seray tousjours très aise, avait-il écrit à Octave, le 4 mai, que le bien de l'Eglise soyt et demeure en son entier, et que mes amys aussi soient conservéz en ce qu'il leur appartient, sans qu'il leur soict faict aucun préjudice ne dommaige[80]. Et, en congédiant Ascanio della Corgna, le 12 mai, Henri II avait déclaré qu'il soutiendrait les Farnèse à tout prix[81].

De fait, Henri II signa, le 27 mai 1551, avec Octave, duc de Parme, un traité d'alliance, par lequel il se déclarait protecteur de la maison Farnèse et s'engageait à fournir, pour la défense de Parme, deux mille fantassins et deux cents chevau-légers, plus un subside annuel de douze mille écus d'or[82].

Ce traité était le pas décisif. Jules III proclama Octave rebelle, déchu de ses titres et de son duché, et lui déclara la guerre, tandis que le lieutenant impérial, Don Ferrante Gonzague, envahissait le Parmesan.

De la part du roi de France, ce traité marquait la résolution irrévocable. Désormais, au lieu des négociations et des velléités antérieures, il y avait un engagement écrit, une parole donnée. Or, sur la fidélité aux engagements pris, Henri II De transigeait pas et poursuivait les choses jusqu'aux extrêmes conséquences. Montmorency n'ayant pu empêcher la signature du traité, la lice était ouverte, le Roi ne reculerait plus. Têtu, routinier et gentilhomme, ce prince se liait sans retour[83].

Aussi, dès que Jules III eut proclamé Octave rebelle, vit-on partir, pour le défendre, les fuorusciti de la Cour. Piero Strozzi, Horace Farnèse, Cornelio Bentivoglio, Aurelio Fregose, lèvent des troupes et s'agitent autour de La Mirandole et de Parme : bientôt ils mériteront les injures, les représailles et les censures chu pape. C'est la première guerre italienne de Henri II qui commence. De tous côtés, les fuorusciti s'exaltent, animés par le bruit des armes. L'intermédiaire de Piero Strozzi et de Catherine de Médicis, Tomaso del Vecchio, porte des ordres mystérieux[84].

 

A l'heure même où la guerre éclatait entre Jules III et Octave Farnèse, un nouveau personnage entrait en scène, pour tâcher de limiter le conflit. Bien que, de fait, le duc de Parme guerroyât avec les armes du roi de France, la rupture n'était pas officielle entre le Saint-Siège et le Très Chrétien. On peut croire que Montmorency et les Guises s'accordèrent alors, l'un par amour général de la paix, les autres soucieux d'éviter un conflit scandaleux avec le pape, pour tenter un dernier effort de conciliation. Au surplus, il convenait de répondre à la mission d'Ascanio della Corgna par l'envoi d'un ambassadeur extraordinaire à la Curie[85]. On choisit l'homme le plus habile du personnel diplomatique.

Jean de Monluc, Dominicain d'une rare faconde, fin, deslié, trinquat, rompu et corrompu, autant pour son sçavoir que pour sa pratique[86], était une nature de Gascon plus extraordinaire encore que son frère, l'illustre capitaine Blaise. Charmant, disert, érudit, lettré, ouvert à toutes les idées, il avait séduit naguère, par l'élégance de son esprit, Marguerite de Navarre. Né vraiment pour la fonction d'orateur diplomatique, Jean avait représenté la politique française tour à tour dans presque tous les postes de l'Europe, — à Rome, à Venise, en Pologne, en Angleterre, en Ecosse et à Constantinople. Caractère décidé et plein d'astuce, habile à se tirer des plus mauvais pas, il avait su conquérir des bonnes grâces difficiles, celles de la république de Venise, celles du Turc, celles du pape Paul III. Ce protonotaire apostolique, qui passait pour un grand orateur sacré, quoiqu'il n'eût guère de religion, était le plus retors, le plus subtil et le plus enjoué des diplomates. L'Arétin avait invoqué justement son autorité en matière de comédies : Jean de Monluc était un grand comédien politique.

Longtemps attaché à l'ambassade de Rome, sous François Ier, il connaissait à fond la civilisation de l'Italie, les affaires et les arcanes de la Curie et maniait avec art l'idiome toscan : on ne pouvait choisir un défenseur mieux averti et plus ingénieux de la politique gallicane[87].

Jean de Monluc partit de Tours, le 15 mai 1551[88]. Précédé du secrétaire Buonaccorsi, il passa par Parme et Reggio, le 28 mai ; le 31, il arriva à Florence, et en repartit le lendemain[89]. Enfin, le 2 juin, dans la soirée, l'ambassadeur extraordinaire entrait à Rome[90]. Jules III avait accueilli favorablement la nouvelle de sa venue[91]. Monluc trouva les relations diplomatiques entre le pape et les représentants du Roi assez tendues. Le 30 mai, M. de Termes, accompagné des cardinaux de Ferrare et de Tournon, s'était rendu au Vatican pour protester que le Roi est et a toujours été bon fils de la Sainte Eglise. De plus, Henri II l'ayant désigné comme général de la guerre de Parme, l'ambassadeur ordinaire était venu demander congé au pape ; Jules III avait prétexté une indisposition et renvoyé l'audience. Dès lors, on savait que les cardinaux français se disposaient à quitter également la Ville éternelle pour manifester leur mécontentement des préparatifs belliqueux que faisait le pape[92].

Le 3 juin, dans l'après-midi, Jean de Monluc, en compagnie des cardinaux de Ferrare et de Tournon, fut reçu par Jules III. M. de Termes s'était fait excuser, sous prétexte d'une attaque de goutte. Monluc exhiba ses lettres de créance, en y joignant une missive, pleine de compliments, que lui avait remise le cardinal de Lorraine[93]. Puis, l'ambassadeur extraordinaire adressa au pontife une fine allocution en langue toscane : il s'éleva contre les bruits qui tendaient à dénaturer les intentions de son maître, expliqua la politique du Roi dans l'affaire de Parme, et nia surtout que le Concile national eut un but schismatique. En terminant, il rappela quels bienfaits le Saint-Siège avait reçus des rois de France, et, en particulier, les services rendus par Henri II à Jules III[94].

L'éloquence de Monluc adoucit l'humeur du pape, et l'on déplora en commun les fâcheux malentendus qui avaient brouillé deux amis. Alors se déroula une scène de haute comédie. L'un des comédiens, Jules III, en écrivait le lendemain un récit piquant à son confident, Dandino. Le cardinal de Ferrare exhortait, Monluc se lamentait et Nous nous lamentions, de sorte que notre entrevue finit en lamentations. Et cela ressemblait à la première scène du Pseudolus de Plaute, où le jeune amoureux ayant demandé à son esclave de l'aider dans l'entreprise d'amour et disant : Heu ! l'esclave répondait : Heu ! En vérité, de notre part nous disions : Heu ! davero, parce que nous souffrions de la sciatique et crevions de douleur et de chaleur. Enfin, nous nous aidâmes de bénédictions, Monluc s'étant mis à genoux et nous demandant congé... A son départ, Monluc nous dit : Je n'ai pas encore perdu tout espoir de rendre service à Votre Sainteté. Nous répondîmes par une bénédiction et un bon souhait[95]. Pourtant, les paroles de Monluc, sur le moment, touchèrent Jules III. Celui-ci déclarait éprouver quelque repentir de s'être engagé si avant dans le parti de l'Empereur[96]. Mais l'ambassadeur impérial, Diego de Mendoza, veillait : doux comme une brebis et toujours la main au bonnet, avec une mine de papelart[97], il travailla fort à empêcher que les arguments de Monluc ne fissent changer le pape de résolution. Marillac écrivait d'Allemagne à Henri II, le 16 juin : On tient que l'Empereur tâchera de mettre en jeu le pape sy avant qu'il pourra, afin qu'estant destitué de vostre amitié, il s'en joue après à sa volonté[98].

Le 5 juin, M. de Termes quitta Rome et se mit en route pour La Mirandole, par la Romagne[99]. Le lendemain, les cardinaux de Ferrare et de Tournon vinrent demander congé au pape[100]. La bouche pleine de bonnes paroles, les représentants du Roi ne formulaient, cependant, aucune proposition précise. Monluc obtint de nouvelles audiences, le 4 et le 7 juin[101]. Démarches vaines : le pontife était retombé aux mains des Impériaux et faisait retentir Rome de ses exclamations de colère. Ce Monluc et ses fauteurs, écrivait-il le 9 juin, ne veulent pas l'accord : ils désirent que la dévastation s'accomplisse... Maintenant, on connait et on touche du doigt ce qui a été dit plusieurs fois par des hommes doctes et expérimentés du mal français[102]. Et il ne cessait de s'étonner, en voyant l'audace de ce roi de France qui ne craignait pas de braver ensemble et le pape et l'Empereur, pour protéger una fraschetta infame et disobediente et rebelle, — Octave Farnèse[103].

Le 16 juin, Mme de Termes prit la route de Florence, afin de rejoindre son mari à La Mirandole[104]. Le même jour, Jules III commença d'exercer des représailles : il enleva la légation de Viterbe à Ranuce Farnèse et la conféra au cardinal de Carpi, membre du parti impérial[105]. Le 21 juin, François de Tournon quitta Rome : il arriva, le 10 juillet, après avoir passé par Ferrare, à Venise, où il prit logement dans le palais qu'y possédait Hercule d'Este[106]. Le 2 juillet, le cardinal de Ferrare, à son tour, s'éloignait de la Ville éternelle, en compagnie du cardinal Salviati, son ami : Hippolyte d'Este s'arrêta quelques jours à Urbin, auprès du cardinal Farnèse, puis il reprit la route de Ferrare, où il entra, le 18 juillet[107].

Les cardinaux Alexandre et Ranuce Farnèse cherchaient un refuge. Le 14 mai, Alexandre avait quitté Parme et S'était rendu à Castel-Durante, dans le duché d'Urbin, auprès de son beau-frère ; Ranuce s'y trouvait déjà[108]. Le 16 juin, Jules III fit donner ordre, par Pietro Camaiani, aux deux cardinaux Farnèse de rentrer à Rome, sous peine de la perte de leurs offices et bénéfices[109]. Le 20 juin, le pape dépouilla de leurs meubles les palais de Ranuce et d'Alexandre, à Rome, et les vendit pour trente mille écus[110]. A la même date, il mit sous séquestre l'abbaye de Monreale en Sicile, dont était pourvu Alexandre et qui rapportait quinze mille écus l'an, et entra en négociations pour l'affermer à des marchands, sous la garantie de Charles-Quint[111]. En même temps, Jules III confisquait le duché de Castro, appartenant à Horace Farnèse ; le 3 juillet, celui-ci fut solennellement déclaré, en consistoire, déchu de ses états, dignités et honneurs[112]. Alexandre et Ranuce étaient fort inquiets : ils supplièrent le pape de leur permettre de ne pas rentrer à Rome. Le 11 juillet, Jules III leur concéda qu'ils pourraient s'établir soit dans les Etats de l'Eglise, soit clans le duché de Florence : Ranuce s'en alla à Ravenne, et Alexandre se disposait à partir pour Pistoie, lorsque Cosme de Médicis lui fit offrir un logis à Florence. Alexandre quitta Castel-Durante, où il résidait depuis le 22 mai, et, le 14 juillet, il prit la route de Florence ; il arriva dans cette ville le 23[113].

La colère de Jules III éclatait surtout contre les fuorusciti qui étaient au service du Roi. Le 28 juin, il mit sous séquestre les immeubles et les livres de la banque Strozzi à Rome ; le 1er juillet, il déclarait Cornelio Bentivoglio rebelle et confisquait ses biens[114]. Il décernait d'ailleurs à ces aventuriers les injures d'un vocabulaire varié[115].

Par l'ardeur des fuorusciti, en effet, la guerre s'enflammait autour de Parme, objet du litige, et de La Mirandole[116]. Que cette dernière ville fût enveloppée dans le conflit, c'était la conséquence de l'intervention prépondérante des bannis italiens. Naguère Galeotto Pico avait fait de La Mirandole le repaire de tous les partisans violents de la France et un foyer de complots.

En 1533, après de nombreuses et vaines tentatives, Galeotto, une nuit, avait surpris La Mirandole et assassiné au pied d'un crucifix son oncle Gianfrancesco ; puis il s'était emparé du comté. Invité par Charles-Quint à remettre aux commissaires impériaux l'Etat qu'il avait usurpé, Galeotto s'y refusa, fut déclaré rebelle, en 1534, et condamné à mort. II se moqua des foudres de l'Empereur, et lorsque Antonio de Leyva vint pour le réduire, il sut, par une générosité habile, détourner de ses terres l'armée du général espagnol. D'un dévouement absolu à la couronne de France, il se mit, en 1536, lui et son Etat, sous la protection du Très Chrétien et envoya ses fils à la Cour. Galeotto prit part à toutes les entreprises françaises clans l'Italie du Nord : mêlé à la conjuration de Fiesque et à celle de Cibo, il tenta de faire assassiner André Doria par ses sicaires. Choyé par le gouvernement royal, ce célèbre assassin avait reçu, en 1540, le collier de Saint-Michel. Henri II et Catherine de Médicis entourèrent d'affection la famille Pico tant mâles que femmes : en 1548, le Roi fit don au comte de la juridiction de l'évêché de Limoges[117]. Galeotto mourut à Paris, le 21 novembre 1550, d'une pleurésie[118]. Son fils, Ludovico, accourut aussitôt en Italie et se fit reconnaître à La Mirandole.

Il était naturel que de ce foyer ardent et proche (le Parme sortissent les premières flammes (le la guerre.

Sous la direction de Piero Strozzi, d'Horace Farnèse et de Cornelio Bentivoglio, les fuorusciti et les troupes royales, auxquelles Henri II envoyait de continuels secours, tenaient en échec les forces de Ferrante Gonzague et du pape. Animé par les nouvelles de cette guerre, Jules III perdit tout son sang-froid : d'une part, il maudissait le Roi et traitait ses capitaines, Strozzi de pazzarone, et Bentivoglio de fallito, d'autre part il suppliait l'Empereur de lui apporter une aide plus effective, tandis qu'il lançait à tous les échos des protestations de charité et de paix[119]. A vrai dire, deux inquiétudes troublaient sa fureur belliqueuse : le jugement de l'opinion publique, murmurant contre ce pasteur violent, et la pénurie d'argent. Nous n'avons plus ni os ni nerfs, écrivait-il le 22 juin, et, passé cette paie, nous ne saurons où nous tourner pour trouver un peu de quoi, non seulement payer les soldats, mais acheter le pain de notre famille[120].

De tous les prélats du parti français, seul Jean de Monluc était resté à Rome, après le départ du cardinal de Ferrare. L'habile diplomate travaillait alors pour sa propre cause. Il briguait à la Curie l'archevêché de Bordeaux, que le décret sur la pluralité des bénéfices interdisait au cardinal du Bellay de cumuler avec l'évêché de Paris. De fait, l'église de Bordeaux fut conférée à Monluc, dans le consistoire du 3 juillet : un fort parti de cardinaux l'avait accusé d'être pour le moins apostat et engagé en de nombreux vices charnels, mais Jules III lui-même, tout à fait séduit, avait pris sa défense. Le nouvel archevêque reçut le rochet, le 4 juillet, et se disposa à quitter Rome[121]. On sait que l'opposition irréductible de Jean du Bellay empêcha Monluc de prendre possession de son église, malgré les efforts du cardinal de Lorraine[122].

Le 6 juillet, le pontife remit à l'ambassadeur extraordinaire sa réponse définitive aux propositions du Roi. Dans cette informatione, Jules III, remémorant toutes les offenses faites au Saint-Siège par les Farnèse et plus tard par les fuoruscitti, exposait les raisons pour lesquelles il croyait ne pas devoir céder devant la rébellion du duc de Parme. En terminant, il déclarait que s'il renonçait à empêcher les prélats français de quitter Rome, c'était pour laisser Sa Majesté s'éventer jusqu'à ce que Dieu l'inspire et l'éclaire. Le même jour, le pape adressait au cardinal de Lorraine un bref le priant d'user de son influence sur le Roi, afin d'empêcher que la guerre n'eût des conséquences trop désastreuses[123].

Jean de Monluc quitta Rome, le 8 juillet[124]. Par Urbin, Ferrare et Venise, il rentra en France. Le 11 juillet, à Urbin, il avait conféré avec Hippolyte d'Este et Alexandre Farnèse[125].

Les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la France ne furent plus assurées, à Rome, que par le secrétaire Boucher, chargé d'expédier les affaires courantes de l'ambassade[126].

 

Cependant, le nonce Trivulzio restait à la cour de France. Le 19 juillet, Jules III lui annonça le départ des représentants du Roi. D'ici partirent les cardinaux de Tournon et de Ferrare et les prélats français, suivant l'ordre qu'ils ont reçu de Sa Majesté, et Nous n'avons pas voulu les retenir. De votre demeure en France, Nous ne savons que vous dire. Vous pourrez entendre de Sa Majesté s'il lui plaît que vous restiez ou que vous partiez, et vous résoudre suivant ce qu'il dira ; au cas où vous devriez partir, vous pourrez, jusqu'à ce que passent les chaleurs et que les chemins s'élargissent, aller à votre église de Toulon[127].

Pendant tout le mois de juillet, l'arrogance et la fureur du pontife s'accrurent. Les troupes françaises, en effet, subirent alors quelques échecs autour de Parme : le 17 juillet, François d'Andelot, neveu de Montmorency, Sipierre et d'autres gentilshommes tombèrent aux mains des Impériaux[128]. Mais à la joie que causaient à Jules III les revers de ses ennemis se mêlaient des craintes irritantes. On apprit bientôt que la flotte turque, formée de cent trente-sept navires, croisait dans la mer Tyrrhénienne et menaçait de débarquer des troupes sur les côtes de l'Etat pontifical, à l'instigation du roi de France[129]. Les Romains, pris de panique, s'enfuirent la nuit, avec leurs familles[130].

Un incident diplomatique se produisit alors, comme pour donner un nouvel aliment à la colère du pape.

Henri II désirait, depuis longtemps, soustraire la république de Gênes à l'influence de Charles-Quint. A cette fin, il s'efforçait d'obtenir l'autorisation d'accréditer un ambassadeur auprès du gouvernement génois. Vers le 20 juin 1551, l'un des fuorusciti les plus influents, le poète Luigi Alamanni, quitta la Cour, emportant des instructions formelles sur deux points : demander aux autorités génoises un laissez-passer pour les troupes royales qui devaient être envoyées au secours de Parme et de La Mirandole[131] ; solliciter la permission de séjourner dans la ville, d'abord pour surveiller le passage des troupes, puis ensuite pour y résider à titre d'ambassadeur régulier[132]. La rumeur publique ajouta — peut-être avec raison — qu'Alamanni avait mission d'obtenir aussi de la République qu'elle laissât ancrer la flotte turque dans les eaux de la Spezzia[133].

Alamanni arriva à Gênes entre le 15 et le 20 juillet. Cette mission offrait quelques chances de succès. La peur des flottes alliées, — la turque et la française —, ainsi que l'espoir de développer le commerce de Gênes en France et dans le Levant pouvaient entraîner les marchands génois à des actes de courtoisie. Mais, en réalité, le commerce du grand port méditerranéen était tout intéressé en Espagne[134]. Alamanni reçut l'accueil le plus froid et dut s'en retourner, sans avoir rien obtenu.

Jules III avait suivi anxieusement cette négociation, préoccupé surtout de la flotte turque. L'échec d'Alamanni le réjouit vivement : il affecta de prendre en pitié ce pauvre roi de France. Nous ne pouvons dire rien d'autre, écrivait-il le 24 juillet à Dandino, sinon qu'on déplore la mauvaise voie prise par lui, et qu'il apparaît clairement quod descendit in pro fundum malorum et quod dedit eum Deus in reprobum sensuen[135]. Quelques jours après, le 27, Jules III adressait à l'Empereur un bref pour implorer son secours. En termes d'une extraordinaire grandiloquence, il jetait l'anathème sur Octave Farnèse et sur le roi de France, et conviait Charles-Quint à exprimer publiquement son indignation[136].

Le pape imaginait déjà le triomphe retentissant de ses armes et de sa cause, l'écrasement et la soumission du Roi pécheur. Des bruits étranges circulaient alors en Italie. Ne disait-on pas que le Très Chrétien avait fait trancher la tête à son grand connétable ? Bruits favorables à l'enthousiasme de Jules III[137].

A vrai dire, la mesure était comble. Henri II, ému des accusations lancées contre lui par le pontife dans le consistoire du 6 avril, avait affecté dès lors de distinguer, au cours des négociations, la question de Parme et la question religieuse : ses agents n'avaient cessé de proclamer le respect de la France à l'égard du Saint-Siège. Mais le Roi commençait à s'impatienter des injures et des malédictions qu'on lui décernait. On pouvait prévoir que le jour où sa colère éclaterait, elle l'entraînerait loin : déjà il apparaissait que l'influence de Montmorency et celle du cardinal de Lorraine ne la contiendraient plus longtemps. L'ordre que le souverain avait donné à ses représentants de quitter Rome était un premier signe de son irritation, bientôt confirmé par le désir qu'il manifesta de passer lui-même en Italie pour soutenir la guerre[138]. Un fait minime accrut encore l'indignation du Roi : Jules III, par un bref simple, ayant nommé Ferrante Gonzague chef et général de la guerre de Parme, le bruit vint à la cour de France que le lieutenant impérial avait été créé gonfalonier de l'Eglise, au lieu d'Octave Farnèse[139]. Dans ces circonstances, le moindre incident devait provoquer un éclat.

Au début du mois d'août 1551, Henri II se rendait à Orléans, pour y faire son entrée solennelle, lorsqu'un courrier lui apporta une lettre qui venait de Rome : c'était un bref de Jules III, daté du 21 juillet. Par une singulière anomalie, ce bref ne portait aucun titre ni aucune des formules de salutation accoutumées. Le pape y reprochait violemment au Roi les déprédations qu'avaient commises ses troupes en Romagne, sous la conduite de l'ambassadeur de Termes, redevenu capitaine. Une phrase menaçante terminait la lettre : De toutes ces dévastations et de tous ces dommages, et de ceux qui, depuis, ont été commis par l'armée ecclésiastique autour de La Mirandole, où elle a été tirée par les cheveux pour défendre le pays de Bologne, nous demandons réparation et amendement à Votre Majesté devant Dieu. Henri II comprit qu'on le citait devant le tribunal de Dieu[140].

C'est à ce même moment que le Roi eut connaissance d'une lettre adressée par Jules III, le 19 juillet, au nonce Trivulzio. Le pape y déclarait que s'il avait gardé jusqu'alors à Sa Majesté quelque obligation, en souvenir du conclave, désormais il lui montrerait moins de gratitude, sachant que les Français n'avaient soutenu sa candidature qu'à bout d'expédients : il ajoutait qu'il maudirait et excommunierait le Roi, provoquerait la révolte de ses peuples, enfin lui ôterait sa couronne. L'irascible pontife terminait en invoquant, contre son adversaire, les saints de Dieu et du Diable, et assurait que si le malheureux appelait le Turc à son secours, il serait anéanti par les forces réunies du Saint-Siège et de l'Empire[141].

Le 4 août, Henri II fit son entrée à Orléans. Le soir du même jour, sa colère éclata. Il souffrait alors de douleurs d'estomac. Ayant fait appeler le nonce Trivulzio, il lui ordonna de quitter la Cour. Je suis un pécheur comme les autres hommes, et plus que les autres hommes, dit le Roi, j'aurai à rendre compte à Dieu de beaucoup de péchés, mais le plus grand, et celui dont je me sens le plus chargé, est d'avoir fait un tel homme pape. En termes acerbes, il épancha toute sa haine contre Jules III : il releva la citation devant le tribunal de Dieu et dit qu'il espérait bien aller en la présence de Dieu, mais qu'il pensait qu'il n'y rencontrerait pas le pape, qu'en tout cas celui-ci aurait à rendre compte d'avoir mis tout en œuvre pour déchaîner la guerre entre les princes chrétiens, que lui, Roi, se souciait peu des malédictions et des excommunications injustes d'un pontife qui était le plus méchant et le plus ingrat des hommes, et qu'il ne craignait pas davantage une révolte de ses peuples ; enfin, Henri II se moqua de la menace qu'on faisait de lui enlever sa couronne, s'écria que, par cette proposition, le pape montrait son ignorance des affaires d'Etat et méritait qu'on lui enlevât la tiare, à lui pontife indigne qui invoquait les secours du Diable et de l'Empereur. Il termina en déclarant que, sans l'aide du Turc, il saurait mettre ses adversaires à la raison[142].

La rupture était complète. Le nonce Trivulzio se retira vers Paris, avec l'intention de gagner bientôt son évêché de Toulon ou l'Italie[143].

Aussitôt, les défenses les plus sévères furent édictées afin d'empêcher quiconque d'envoyer à Rome aucun denier pour l'expédition des bénéfices : le pape, s'il refusait de les expédier gratis, montrerait ainsi qu'il n'agissait qu'en vue de l'argent[144].

Déjà quelque temps auparavant, la Sorbonne avait émis une proposition, à savoir que le Roi ni l'Eglise gallicane ne devaient obéissance au Souverain Pontife, mais que tout leur devoir se bornait à le reconnaître pour chef et à l'honorer, quand il venait visiter les églises du royaume. Rapportée à Jules III, non sans ironie peut-être, par Jean de Monluc, cette théorie avait soulevé le pape : il avait déclaré que, si cela était vrai, il se jetterait par la fenêtre[145].

Henri II allait être tenté de réaliser la proposition sorbonnique. Le 4 ou le 5 août, le Roi Très Chrétien réunit son Conseil privé. Les circonstances étaient singulièrement graves : par suite du renvoi subit du nonce, toutes les relations diplomatiques avec le Saint-Siège se trouvaient rompues. Alors, l'un des conseillers, peut-être Monluc, soumit à son maître le projet de soustraire complètement l'Eglise gallicane à l'obédience du pape et de créer, en France, un patriarche qui serait investi de la toute-puissance spirituelle. Henri s'étant adressé au cardinal de Lorraine, son conseiller religieux, lui demanda ce qu'il en pensait. A ce moment décisif, Charles de Guise se prit à pleurer, puis il regarda son souverain fixement et prononça ces mots : Sire, j'en appelle à la conscience de Votre Majesté : c'est d'elle seule qu'elle doit prendre conseil et non des autres. Ces simples paroles firent tomber l'audace du Roi. Il déclara qu'il ne voulait plus entendre parler de semblables projets, qu'il était résolu de châtier le pape Jules avec les armes temporelles, sans recourir aux armes spirituelles, à moins qu'il ne pût faire autrement[146]. Néanmoins, il maintint qu'il lui paraissait malséant de laisser le trésor de son ennemi public s'alimenter des deniers du royaume.

L'agent Montemerlo écrivait à Octave Farnèse, le 6 août : On peut craindre que s'ils commencent à goûter de la possession et de la jouissance des bénéfices, sans rien dépenser à Rome pour les expéditions, la chose ne plaise tant que non seulement elle dure longtemps, mais que de là ils ne s'étendent à d'autres mesures, et qu'avec le temps ne se fasse un schisme irréparable[147].

A cette époque aussi, Henri II résolut d'envoyer un ambassadeur à Trente, à l'ouverture de la session du Concile général, pour déclarer que si les prélats de son royaume ne participaient pas à cette assemblée, c'était non qu'il voulût se séparer de l'Eglise romaine, mais parce que le pape, en prenant lui-même les armes et en poussant les princes chrétiens à la guerre, empêchait la réunion d'un Concile vraiment œcuménique. Le Roi protestait qu'à l'égal de ses ancêtres, il voulait être le servant et le défenseur du Saint-Siège, mais il en appelait, pour juger sa cause présente, à un futur et vrai Concile. Puis, en évoquant les phases du conclave passé, il accusait tous les cardinaux, et en particulier les siens, d'avoir mis le couteau aux mains d'un furieux[148].

Dès lors la période de paix, qui avait suivi le traité de Crépy, était close. Le 20 août, Henri II décida que la rupture serait étendue au Piémont[149]. En même temps, il mobilisait ses troupes, dix mille vétérans, des Gascons, des Suisses, des Grisons, des Lansquenets, et les dirigeait vers les Alpes, avec le dessein de libérer l'Italie et de châtier les prêtres qui le méritaient. Le connétable de Montmorency travaillait à gagner du temps et à modérer l'ardeur de son maitre : le premier conseiller voulait orienter vers l'est et le nord du royaume les forces françaises[150].

Quel que dût être le principal champ de bataille, la grande guerre s'ouvrait de nouveau : entre Charles-Quint et le roi de France, la querelle séculaire des Valois et des Bourgogne, quelque temps apaisée, se ranimait par l'imprudence d'un pape léger, qui défendait ses droits, justes en théorie, avec une fureur imbécile.

 

Mais si éclatants que pussent être désormais les bruits de la guerre, le principe romain restait sauf : mis en face du schisme, le Roi Très Chrétien avait reculé.

Il convient de chercher quelles furent les influences profondes qui écartèrent le royaume, à ce moment, d'une destinée religieuse pareille à celle de l'Angleterre. Nous croyons qu'il faut expliquer le recul du Roi par la force de l'idée d'unité religieuse, que défendaient, depuis peu de temps, il est vrai, mais avec une efficacité singulière, les champions de la Contre-Réforme, les Jésuites. Dans cette affaire, la résistance de Montmorency fut toute politique, née de son aversion pour les entreprises italiennes : cette résistance ne pouvait tenir longtemps devant les violences du pape, d'autant que le connétable était lui-même d'esprit très gallican. Les documents montrent que les seules influences efficaces furent celles du cardinal de Lorraine, Charles de Guise, et du duc de Ferrare, Hercule d'Este, l'un et l'autre étroitement liés à la Compagnie de Jésus.

Les Farnèse mêmes, au profit desquels Henri II guerroyait contre le pape et Charles-Quint, étaient soumis à l'influence de cette religion : le cardinal Alexandre se montra toujours le plus fort soutien d'Ignace de Loyola et de ses fils[151].

Les Jésuites avaient éprouvé de graves difficultés, pendant l'année 1549, pour s'établir définitivement à Paris. Comme ils ne pouvaient acquérir aucun bien s'ils ne possédaient d'abord le privilège de naturalité, ils avaient multiplié les démarches, aux mois de mai et juin 1549, afin d'obtenir des alliances puissantes[152]. Leurs premiers avocats auprès du Roi furent le cardinal d'Armagnac et le cardinal Farnèse. Mais Ignace comprit bientôt que l'amitié principale à conquérir était celle de Charles de Guise, qui remplissait en quelque sorte la fonction d'un ministre des affaires ecclésiastiques. L'union étroite du cardinal de Lorraine avec la Compagnie de Jésus date précisément du conclave qui élut Jules III.

Les Jésuites s'agitèrent beaucoup, durant ce conclave[153]. Aussitôt après l'arrivée des cardinaux français à Rome, Ignace était allé visiter le cardinal de Guise, pour recommander à celui-ci les affaires de son ordre. Cette démarche du fondateur fut efficace : en effet, le cardinal lui-même, accompagné de trois autres membres français du Sacré-Collège, se rendit au siège de la religion, et, en exprimant au Père Ignace des sentiments d'amitié, il le pria de vouloir bien le choisir comme protecteur de la. Compagnie en France, à l'exclusion de tout autre personnage[154]. Ainsi, Charles de Guise devint le défenseur le plus actif des Jésuites : sese ut murum pro domo Dei posuit, dit de lui le chroniqueur Polanco. Sans le secours de son influence auprès du Roi, il est probable que les Pères eussent succombé dans la lutte qu'ils soutinrent contre le Parlement de Paris[155]. Nous avons vu que Charles, après avoir employé de sérieux efforts prévenir la crise gallicane, sut trouver, au moment décisif, les paroles nécessaires pour sauvegarder l'unité catholique.

Pourtant, il ne faut pas se tromper sur le rôle des Guises, et en particulier sur celui du cardinal de Lorraine. Le cardinal, au mois d'août, empêche le schisme, mais il est remarquable qu'au mois de septembre, Jules III, après lui avoir témoigné longtemps la plus grande confiance, l'accuse formellement, lui et ses adhérents, d'attiser le feu de la guerre[156]. Nous avons dit quel était le jeu réel des Guises : faire dévier le conflit et assoupir la querelle gallicane, en ranimant la grande guerre avec l'Empereur. Le 1er août, Charles de Guise annonçait à son frère François la reprise des hostilités générales : Il est bien malaisé que du commencement de l'autre année on ne joue le gros jeu[157]. Aussi, quand la rupture éclate en Piémont, au mois de septembre, deux membres de la maison de Guise, le duc d'Aumale, gendre de Diane de Poitiers, et le marquis d'Elbeuf, viennent-ils se ranger et combattre sous les ordres de Brissac[158]. Du jour où il ne s'agissait plus que d'armes temporelles, les Guises avaient les mains libres. L'armée d'Italie salua, comme un précieux encouragement, l'arrivée des cadets de Lorraine[159].

Plus sincères peut-être et moins subtils furent les efforts pacifiques du duc de Ferrare. Hercule d'Este était parmi les plus anciens et les plus dévoués protecteurs de la Compagnie de Jésus en Italie. Ignace de Loyola lui avait voué une reconnaissance particulière[160]. Le duc déploya une activité extraordinaire, d'abord pour empêcher l'exaspération du conflit entre Henri II, les Farnèse et Jules III, puis pour réconcilier les parties.

Dès les premiers incidents de la querelle, Hercule d'Este était intervenu. Au mois d'avril 1551, il avait conseillé fortement au cardinal Farnèse la soumission, touchant l'affaire de Parme[161]. Dans les premiers jours de juin, il convoquait à Modène le confident du pape, Hieronimo Dandino, Alexandre Farnèse et Gian Battista del Monte, afin de discuter une dernière fois les chances d'un accord[162]. Puis, au début de juillet, il envoya un courrier rapide à la cour de France pour ramener le Roi aux sentiments pacifiques, sans que, du reste, lui-même conservât beaucoup d'illusions à ce sujet[163]. Pendant toute la durée de ce même mois de juillet, parmi le bruit des armes et des injures, Hercule s'entremit, avec une inlassable constance ; il suppliait Henri II de ne pas causer de scandale dans la chrétienté, il le conjurait surtout de renoncer à l'alliance turque. Dieu sait, écrivait-il le 29 juillet, l'office que j'ai fait en quelque lieu à bon propos, pour empêcher que les chrétiens ne s'allient avec les Turcs, en montrant par les exemples passés qu'ils ont tiré de cette alliance plus d'infamie que de service[164]. Quelques jours après, dans le désarroi qui suivit le renvoi du nonce, Hercule dépêcha encore un courrier pour exhorter le Très Chrétien à la concorde, avec beaucoup d'efficacité et avec des raisons infinies, et pour lui représenter les risques auxquels il s'exposait[165]. En même temps, il écrivait au duc de Florence et le priait de joindre son influence à la sienne[166]. Les conseils d'Hercule d'Este obtinrent une réelle amélioration : vers le 10 août, Henri II répondait au duc que lorsque Sa Sainteté voudrait se contenter de partis honnêtes, lui-même montrerait qu'il ne désirait pas la ruine du monde[167]. Sans doute, on peut croire qu'Hercule, en s'adonnant à cette tâche méritoire, suivait l'impulsion de ses propres craintes : les parties, en effet, se battaient à ses portes, dans les plaines de Parme et de La Mirandole, quelques coups égarés tombaient de temps à autre sur ses Etats. Mais des inquiétudes plus générales l'agitaient : le soin de la religion et de l'unité catholique, la gêne de voir aux prises ses suzerains, d'une part, c'est à savoir l'Empereur et le pape, et d'autre part le Roi, son ami généreux, une appréhension très vive d'être appelé au secours de l'un des combattants, enfin l'horreur naturelle qu'il avait du désordre et des dépenses, tous ces sentiments incitaient Hercule à prêcher le calme. Rien ne prouve que, parmi des mobiles si divers, le souci de la religion n'ait été le principal. Au surplus, dans cette affaire, c'était les Farnèse que le duc de Ferrare aimait le moins : sa convoitise, nous l'avons dit, était depuis longtemps tournée vers l'Etat de Parme, et son zèle pacifique s'animait peut-être de l'espoir caché que l'accord se réaliserait finalement entre les adversaires, au détriment d'Octave et à son propre bénéfice[168].

Hercule d'Este était, d'ailleurs, vivement encouragé à son œuvre de paix par le cardinal de Tournon. Celui-ci logé à Venise, comme nous l'avons dit, dans un palais qui appartenait au duc, apportait en ses conseils un pur amour de la religion et du Saint-Siège[169].

 

Cependant, Jules III tournait dans le cercle de ses imprécations. Il accusait même les conciliateurs de mauvaise foi. Aux exhortations du duc de Ferrare, remontrant le trouble que ces querelles produisaient dans la Chrétienté, le grand tort qui en résultait pour le catholicisme, enfin le risque qu'elles offraient de provoquer un schisme de la France, le pape opposait des soupçons sur la sincérité des bons offices d'Hercule et s'assourdissait du bruit de sa propre rhétorique[170].

Le pontife était de plus en plus enflammé. En son esprit, grandissait surtout l'indignation contre l'alliance du Roi avec le Turc. Henri II, désireux de ne pas effrayer les protestants d'Allemagne en jetant les Turcs sur la Hongrie, avait obtenu que les forces du sultan se déployassent dans la Méditerranée, pour écraser André Doria et couper les communications de l'Italie avec l'Espagne. Suivant ces instructions, les galères de Sinan Pacha et du corsaire Dragut croisaient sur les côtes de la Rivière Ligure et de l'Etat pontifical. Un coup de main pouvait livrer Rome et la Curie à la fureur des disciples de Mahomet.

Rempli d'inquiétudes, bien légitimes, à ce sujet, Jules III, qui ignorait encore le renvoi du nonce et qui se berçait toujours de l'illusion que le Roi était démoralisé, résolut d'asséner un grand coup sur son adversaire, en prêchant contre lui une croisade. Si Nous avions négocié avec des statues, écrivait-il le 16 août, nos démonstrations eussent tiré d'elles au moins une parole, bonne ou mauvaise. Nous croyons que ce mauvais vouloir et cette obstination sont tout l'ondés sur l'alliance avec le Turc. Et il découvrait ses desseins les plus énergiques : Nous avons résolu de prendre une croix sur l'épaule et d'aller criant par tous les pays de la Chrétienté, comme un ermite au sac, et, dans le cas où notre vieillesse et notre goutte Nous empêcheraient de partir Nous-même, Nous enverrions d'autres prêcheurs pour invoquer la colère de Dieu sur les chrétiens qui refuseraient de prendre les armes contre ce Roi, lequel nullo Marte coactus et sans aucune nécessité, reçoit dans son Etat et dans le ventre de la Chrétienté une flotte infidèle, après qu'elle a pillé les îles et les terres des chrétiens. martyrisé d'innombrables innocents et enchaîné des milliers d'âmes, — sans parler de l'aide que donne ce Roi Très Chrétien aux Luthériens d'Allemagne et de son alliance avec les Anglais. Nous attendrons le résultat, et Nous recommanderons à Dieu l'Eglise et la foi fondée avec son sang ; quant à Nous, Nous ne faillirons pas, avec cent exils, s'il est nécessaire, et cent morts et cent supplices, d'accomplir le devoir de son vicaire[171]. Exprimés dans une lettre privée, en dehors du style de la chancellerie apostolique, de tels sentiments révèlent, chez le pontife, une imagination singulièrement exaspérée.

Le 19 août, arrivait à Rome la nouvelle du renvoi du nonce par Henri II. La lettre d'Antonio Trivulzio, qui annonçait cet événement, était datée du 5 août, lendemain du jour où le Roi avait prononcé la violente diatribe que nous avons rapportée plus haut. De prime abord, Jules III affecta de ne pas estimer ce fait à la valeur d'un zéro. L'angoisse et l'indignation du pape étaient alors tout occupées par le bruit de l'arrivée prochaine des Turcs à Toulon. Si le Roi reçoit cette flotte, écrivait-il, Nous lui montrerons ce que saura faire un pauvre pape, infirme et vieux, qui a le souci de l'honneur de Dieu et de la sauvegarde du peuple chrétien[172]. Bien qu'à la même époque, l'ambassadeur ferrarais en France fit savoir que Henri II, emporté par la colère, allait passer lui-même en Italie pour secourir Parme et La Mirandole, le pontife ne montrait pas grande inquiétude à ce sujet. II savait, en effet, qu'au Conseil royal, les avis étaient divers, et que Montmorency défendait ardemment le parti de la paix. Aussi bien, la Curie ne ressentait pas encore le contrecoup de l'interdiction, qu'avait lancée le Roi, au début du mois d'août, de porter aucun denier à Rome pour l'expédition des bénéfices[173].

Mais la confiance de Jules III dans l'action modératrice de Montmorency fut bientôt ébranlée. Au cours d'un voyage que fit Dandino de Bologne à Ferrare, vers le 18 août, le secrétaire du pape rencontra, au château de Belriguardo, le cardinal Hippolyte d'Este, protecteur des affaires de France, qui, nous l'avons vu, avait quitté Rome au début de juillet. Après avoir exprimé quelque déplaisir du tour fâcheux pris par les événements, Hippolyte assura Dandino qu'à l'encontre de ce que croyait le pape, Montmorency et l'ambassadeur d'Urfé avaient été les vrais instigateurs de la politique royale à l'égard du Saint-Siège. Cette assertion, juste en ce qu'elle révélait les tendances gallicanes qui avaient dirigé, depuis le début du règne, la politique du connétable, dénaturait le rôle de celui-ci dans l'affaire de Parme : en dégageant sa propre responsabilité et celle des Guises, le cardinal saisissait l'occasion de grever ses ennemis, Montmorency et d'Urfé. C'était assez, en tout cas, pour détruire la confiance du pontife. Hippolyte d'Este ajouta à ses déclarations qu'un bon moyen d'améliorer les dispositions du connétable serait de procurer la libération de son neveu d'Andelot, fait prisonnier un mois auparavant par les Impériaux[174].

A la fin du mois d'août, sous l'influence sans doute des nouvelles contradictoires, mais toujours inquiétantes, qui venaient de France, aussi peut-être sous l'action des conseils tenaces du duc de Ferrare, dont un mandataire, l'évêque de Comacchio, apportait alors à Rome les propositions précises[175], enfin, assurément sous le poids de la fatigue, l'éloquence de Jules III s'apaisa peu à peu. Déjà le 27, clans les instructions remises au nonce Achille de Grassis, qu'il envoyait à Venise pour prévenir les intrigues possibles des Français, le pape, après une longue justification de ses actes et une condamnation nouvelle de l'alliance turque, ne pouvait retenir un cri de lassitude : Si le Roi veut faire la paix, jungamus dextras cantando Te Deum laudamus[176]. La rupture complète des relations diplomatiques était un grave sujet de réflexion qui commençait à s'imposer à l'esprit versatile du pontife : le 29 août, Jules III, préoccupé de cette question, envoyait à Charles-Quint une copie du bref qui naguère avait provoqué le ressentiment du Roi, afin que l'Empereur pût juger combien était frivole la cause de cette colère royale, et maigre l'excuse de ne pas faire la paix[177].

Sur ces entrefaites, les bruits de la crise gallicane eurent un écho retentissant à l'ouverture de la nouvelle session du Concile de Trente, le 1er septembre 1551. A la suite du renvoi du nonce, Henri II, nous l'avons dit, avait décidé de faire présenter par un ambassadeur une protestation solennelle aux Pères du Concile. Le cardinal de Tournon, retiré à Venise, reçut l'ordre d'envoyer l'un de ses agents à Trente, pour accomplir cette mission. Il choisit Jacques Amyot, abbé de Bellozane. Amyot partit de Venise, le 26 août, accompagné de deux notaires et du sieur de Saint-Laurens, qu'il prit à Padoue.

Le 1er septembre, Amyot se présentait à l'assemblée et demandait qu'on lût publiquement les lettres de Henri II, dont il était porteur. La protestation du Roi, datée du 13 août, exposait les raisons qui l'avaient empêché d'envoyer ses évêques au Concile assemblé par Jules III. Par malheur, dès qu'on eut commencé de lire à haute voix l'adresse, où se trouvait, au lieu du mot concilium, celui de conventus, — chapitre ou congrégation —, les prélats impériaux se levèrent, en protestant qu'on ne devait point ouvrir des lettres ne portant pas l'adresse au Concile légitime et œcuménique réuni à Trente. Après de longues disputes, Amyot ne put même obtenir qu'on lui donnât acte de sa mission[178].

Cette manifestation n'était pas la plus efficace de celles qu'avait préparées Henri II contre le Saint-Siège. Ayant mis sa conscience à l'abri de toute velléité de schisme, le Roi, poussé par ses légistes, s'excitait à la guerre contre le furieux qui siégeait sur le trône de Saint-Pierre. Le 3 septembre, parut la Déclaration portant défense d'envoyer à Rome de l'argent pour l'expédition des bénéfices[179], De Thou rapporte que l'instigateur de cette déclaration, dont la teneur avait été arrêtée au début du mois d'août, fut Jean du Tillet, greffier en chef du Parlement de Paris. Il convient de la considérer non comme un coup de tête du Roi, mais comme le terme des tendances qu'avait montrées Henri II, dès les premiers mois de son règne : cet acte, enregistré le 7 septembre 1551, n'était que l'application des principes exposés, le 12 août 1547, dans les instructions données à l'ambassadeur d'Urfé. Beaucoup plus décisif, sinon plus désagréable à la Curie, était l'acte, qu'on publia seulement le 4 octobre : Ordre à Monsieur le garde des sceaux de pourvoir aux moyens d'obvier aux censures et interdits du pape. Cette pièce marquait en fait une véritable révolte contre l'autorité du Saint-Siège ; elle correspondait précisément à la tradition gallicane, qui accordait au Roi l'immunité vis-à-vis des censures pontificales[180].

A ce moment, un incident d'une gravité singulière fit scandale dans le monde chrétien et survint comme pour justifier l'accusation d'impiété lancée contre la politique française.

Au cours de l'été 1551, le corsaire Dragut, commandant de la flotte turque qui, de concert avec la marine royale, pourchassait, dans la Méditerranée, les galères génoises et espagnoles, avait attaqué l'île de Malte, occupé le rocher de Gozzo, puis emmené ses navires bloquer Tripoli que détenaient alors les chevaliers de Saint-Jean[181]. L'ambassadeur de France à Constantinople, Gabriel de Luitz, baron d'Aramon, rejoignit la flotte turque, pendant le siège, avec deux galères et une galiotte. Après neuf jours de blocus, d'Aramon fit appeler hors de la ville le gouverneur, qui était Français, et lui conseilla de rendre la place, pour avoir la vie sauve. En effet, le 4 août, le gouverneur signa une capitulation sauvegardant la vie et la liberté de deux cents assiégés et laissant les autres esclaves aux mains des Turcs. La nouvelle de cette reddition provoqua, en Europe, une émotion considérable. Des bruits se répandirent aussitôt qui accusaient le roi de France d'avoir trahi la chrétienté au profit des infidèles et d'avoir sacrifié des âmes chrétiennes au bénéfice de sa politique malhonnête[182]. Henri II lui-même fut très ému et demanda des explications à l'ambassadeur d'Aramon. Celui-ci, dans une longue lettre, datée du 26 août, affirma qu'il avait agi pour rendre service aux chevaliers de Saint-Jean et à l'humanité en général. Mais, comme les imputations fâcheuses se renforçaient chaque jour, le Roi, désireux de couper le scandale, adressa, le 30 septembre, au grand maître et aux chevaliers une requête pour les prier de démentir publiquement les faits qu'on reprochait à son ambassadeur[183]. Le 16 novembre, le grand maître et le Conseil de l'Ordre répondirent qu'après information, ils croyaient pouvoir louer entièrement la conduite du baron d'Aramon[184].

Il est assez difficile d'apporter quelque lumière en cette affaire. L'Ordre de Saint-Jean (le Jérusalem, encore que son activité fût toute dirigée contre les infidèles, dépendait néanmoins assez étroitement de Charles-Quint, le grand Empereur catholique qui lui avait cédé Malte et Tripoli même et auquel, en signe d'hommage, les chevaliers offraient chaque année un faucon. Déjà sous le règne de François Ier, les galères de Saint-Jean, en poursuivant la flotte turque, s'étaient heurtées parfois aux galères royales[185]. Si l'on tient compte de ces antécédents, il paraît vraisemblable que d'Aramon, par un mouvement de son propre zèle, ait voulut procurer aux Turcs une facile victoire, victoire qui endommageait fort la puissance de Charles-Quint dans la Méditerranée. Aussi bien cette hypothèse est confirmée par l'insistance avec laquelle l'ambassadeur, tout en protestant de sa bonne foi, mit en relief les avantages que devait tirer de cet exploit peu chrétien la politique royale. Dans l'apologie même qu'il adressa à son maître, le 26 août, d'Aramon exprimait des réflexions bien compromettantes. Quant à l'importance de la place de Tripoli, disait-il, vous scavez assez de combien elle peut estre dommageable à l'Empereur et profitable au Grand Seigneur, et pour le moins ne peut servir que d'un continuel travail tant à la Sicile, au royaume de Naples qu'au reste de l'Italie, s'y faisant un nid de corsaires, car pour le moins le port y est capable pour recevoir la plus grande armée que le Grand Seigneur sçauroit faire[186]. Le scandale dura longtemps. Plusieurs mois après, Henri II adressait encore, le 23 décembre, à Boucher, secrétaire de l'ambassade de Rome, une apologie contre les calomnieux discours de l'Empereur sur la descente du Turc en la Chrétienté[187]. Chez les Turcs eux-mêmes la tradition s'établit — et c'est un fait notable que l'intervention des Français avait rendu facile la prise de Tripoli[188].

 

 

 



[1] O. PANVINIUS, De Julii III vita ante pontificatum (Venise, 1557), republié dans Concilii Tridentini diaria, t. II, pp. 146 et suivantes. Relation de M. Dandolo, 1551, ap. ALBERI, op. cit., s. 2a, III, 353 et sqq. R. LANCIANI, Storia degli scavi di Roma, t. III, pp. 5 et sqq.

[2] B. Buonanni au duc de Florence, 1550, 27 mars, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 5269, fol. 5 ; orig.).

[3] Loc. supr. cit. ; BOYVIN DU VILLARS, Mémoires, éd. 1607, p. 3 ; OLDOINUS, Vitæ pontificum romanorum, t. III, p. 746.

[4] Ibidem ; MURATORI, Annali d'Italia, t. X, pars II, p. 136. CL. GIACONIUS, Historiæ pontificum romanorum, t. III, col. 743 ; L. MAYNIER, Etude historique sur le Concile de Trente, t. I, pp. 586 et sqq ; SLEIDAS, livre XXI ; P. SARPI, III, 28.

[5] Après la mort de Jules III, ses trésoriers et ses parents furent molestés, à cause de l'abus que le pape avait fait des deniers de la Trésorerie apostolique. Adr. Saraceni à la Balia de Sienne, 1556. 7 mai, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCXXII, orig.).

[6] BOISSARD, Romanæ urbis topographia, t. I, pp. 99-100 ; DE THOU, liv. VI et XV ; Annales Raynaldi, anno 1550 : BAYLE, v° Jules III ; R. LANCIANI, op. cit., t. III, pp. 15 et sqq.

[7] Le cardinal del Monte à H. Dandino, 1553, 3 août, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 6, fol. 98 v° ; reg. orig.).

[8] L'énorme correspondance de ce personnage, qui mourut en 1559, est dispersée entre les archives d'Etat de Naples et de Parme et les archives du Vatican. — Voyez R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, l. I, Introduction.

[9] Instructions de Jules III à Rossetto, envoyé en France, 1550, 20 février, Rome (DRÜFFEL, Briefe und Akten, I. 368). — Montmorency à d'Urfé, 1550, 23 février (G. RIBIER, op. cit., t. II, pp. 264-265).

[10] D'Urfé au Roi, 1550, 4 avril, Rome (Mémoires-journaux de Guise, p. 27). A. Serristori au duc de Florence, 1550, 27 mars, Rome (Arch. de Florence. Mediceo, 3269, fol. 9 ; orig.).

[11] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1550, 2 avril, Paris (Arch. d'Etat de Modène. Francia orig.).

[12] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1550, 2 avril, Paris (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[13] J. Grandi au duc de Ferrare, 1550, 21-25 juin, Rome (Arch. de Modène, Roma ; orig.).

[14] A. Serristori au duc de Florence, 1550, 3-4 juillet, Rome (Arch. de Florence. Mediceo, 369, fol. 201-207 V. ; orig.). Ils passèrent à Milan, le 15 août. F. Vinta au duc de Florence, 1550, 15 août, Milan (Mediceo, 3105, fol. 105 ; orig.).

[15] Serristori au duc de Florence, 1550, 26 février, Rome (Medicco, 3269, fol. 581 v° ; orig.). F. Vinta, 1550. 5 avril, Milan (Mediceo. 3102, fol. 12 : orig.).

[16] Serristori, 1550, 9 avril, Rome (Mediceo, 3269, fol 34 vo orig.). Le cardinal de Vendôme faillit se noyer en passant le Pô (Ibidem, fol. 97 : orig.).

[17] B. Buonanni et A. Serristori au duc de Florence, 1550, 11-18 avril, Rome (Mediceo, 3269. fol. 37 et 61 ; orig.).

[18] Serristori, 1550, 22 avril, Rouie (Mediceo, 3267, fol. 71 ; orig.).

[19] B. Buonanni au duc de Florence, 1550, 21 juillet, Rome (Mediceo, 3269, fol. 235 ; orig.). Au sujet de du Bellay, Serristori écrit, le 21 juillet (ibidem, fol. 240 ; orig.). Nous avons vu plus haut (liv. I, ch. III) que du Bellay tomba malade à Scarperia en Toscane.

[20] Le cardinal du Bellay à Montmorency, 1550, 14 mai (DRÜFFEL, Briefe, I, 397).

[21] Voyez plus haut, liv. I, ch. III. Le cardinal de Ferrare à Jules III, 1550, 5 juin, San Marco (Arch. Vatic., Principi, t. XX, fol. 183 ; orig.). Cf. G. RIBIER, op. cit., II, 264 et sqq. — Hippolyte d'Este partit pour Tivoli, le 10 septembre. Serristori, 1560, 11 septembre, Rome (Mediceo, 3259, fol. 330 : orig.).

[22] Michele della Torre partit de Paris, le 19 août 1550. Hercule Strozzi à la duchesse de Mantoue, 1550, 18 août, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, amb. Francia ; orig.).

[23] A. PIEPER, Die päpstlichen Legaten und Nuntien in Deutschland, Frankreich und Spanien, t. I, p. 13.

[24] LE PLAT, Histoire du Concile de Trente, t. IV, p. 165.

[25] Instructions de Jules III à Trivulzio, 1550, 20 juin (Arch. Vatic., Borghèse, I, 25, fol. 7 et sqq. : copie du XVIe s.). Cf. A. PIEPER, loc. cit. ; DRÜFFEL, Briefe und Akten, I, 434-438 : G. DE LEVA, Storia documentata..., V, 102-103.

[26] G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, II, 279.

[27] Hippolyte d'Este au Roi, 1550, 29 août, Rome (Bibl. Nat.. ms. fr. 3437, fol. 17 ; orig.). D'Urfé au Roi, 1550, 16 septembre, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 3146, fol. 23 ; orig.). DRÜFFEL, op. cit., I, 497-305.

[28] LE PLAT, op. cit., IV, 167.

[29] Le cardinal de Tournon el Montmorency. 4350. 6 octobre, Rome (Bibl. Nat. MS. fr. 3137. fol. 1 ; orig.). DRÜFFEL, op. cit., I, 511.

[30] L. MAYNIER, Etude historique sur le Concile de Trente, I, 591 et sqq.

[31] Scip. Gabbrielli à la Balia de Sienne, 1550, 9 février, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCVIII, 48 ; orig.).

[32] Scip. Gabbrielli à la Balia de Sienne, 1550, 8 février, Rome (Arch. de Sienne, Lettere alla Balia, CCVIII, 43 : orig.).

[33] Gir. Tolomei à la Balia de Sienne, 1550, 4 mars, Milan (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCX, 60 : orig.).

[34] A. Serristori au duc de Florence, 1550, 8 mars, Rome, p. p. G. CANESTRINI, Legazioni..., p. 245.

[35] G. RIBIER, op. cit., II, 265.

[36] Le cardinal Farnèse à Henri II, 1550, 23 juin, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 401, fasc. 3 ; minute).

[37] Horace Farnèse à Pandolfo Pucci, 1550, 12 juillet, Capodimonte (Arch. d'Etat de Florence, Carte Strozziane, 1a série, 318, fol. 75 ; orig.). Raince à Mathurin Bryant, secrétaire du cardinal du Bellay, 1550, 7 août, Rome (Bibl. Nat., Moreau, 774, fol. 283 ; orig.).

[38] B. Buonanni au duc de Florence, 1550, 21 octobre, Rome (Arch. de. Florence, Mediceo, 3260, fol. 415 ; orig.). — Le cardinal Farnèse à Marguerite d'Autriche, 1550, 25 octobre, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 399, fasc. 1 ; orig.).

[39] Le cardinal Farnèse à Marguerite d'Autriche, 1551, 1er janvier, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 399, fasc. 1 : orig.). Dans le même faccio, nombreuses lettres au sujet des négociations avec l'Empereur. — Cf. DESJARDINS, III, 254.

[40] Le cardinal Farnèse à Marguerite d'Autriche. 1554, 26 février, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascia 399, fasc. 1 : orig.). — Cf. le même à Horace Farnèse, 1551, 15 février, Rome, ap. A. CARO, Lettere scritte al nome del cardinale Farnèse, t. II, p. 17.

[41] Annales Raynaldi, anno 1551.

[42] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1551, 13 mars, Blois (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). Provinciale doit se traduire ici nationale.

[43] C. Massaini à la Balia de Sienne, 1551, 29 avril, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCXI, 11 ; orig.).

[44] Termes passa à Turin, le 7 mars 1551. F. Vinta au duc de Florence, 1551, 7 mars, Milan (Mediceo. 3102, fol. 272 ; orig.). — Il quitta Ferrare pour Rome, le 13 mars. H. Pagano au duc de Florence, 1551, 13 mars, Ferrare (Mediceo, 3102, fol. 295 ; orig.). — A. Serristori au duc de Florence, 1551, 4 avril. Rome (Mediceo. 3270 : orig.).

[45] Hippolyte d'Este au Roi, 1551, 8 avril, Rome (RIBIER, op. cit., II, 318-320). — Jules III à H. Dandino, 1551, 10 avril, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 9 ; reg. orig.).

[46] BRANTÔME, Œuvres, t. IV. p. 2.

[47] Jules III à H. Dandino, 1551, 10 avril, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465. fol. 9-10 ; reg. orig.).

[48] Jules III à H. Dandino, 1551, 10 avril, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465. fol. 9-10 ; reg. orig.).

[49] Jules III à H. Dandino, 1551, 10 avril, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 13-14 ; reg. orig.).

[50] SAUZÉ, Correspondance de Lanssac, t. I, p. 55.

[51] Ascanio della Corgna à Henri II, 1554, 49 avril, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, I, 205, fol. 16 v° ; copie du XVIe s.).

[52] Ces instructions se trouvent aux Arch. Vatic., 78, fol. 59 v°-62 ; reg. orig. Cf. Papiers de Granvelle, t. III, pp. 531-532, et PIEPER, Die päpstlichen Legaten und Nuntien..., p. 144.

[53] Loc. supr. cit.

[54] Jules III à Ascanio della Corgna, 4551, 27 avril, Rome ; à la même date, Jules III au Roi, au connétable, au cardinal de Lorraine (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 25-27 ; reg. orig.). Cf. H. Dandino à l'évêque de Fano, 1551, 5 mai, Rome, p. p. G. KUPKE, Nuntiaturberichte aus Deutschland, t. XII, p. 5.

[55] J. Alvarotti au duc de Ferrare. 1551, 11 mai, Tours (Arch. d'Etat de Modène, Francia orig.).

[56] A. Amerighi à la Balia de Sienne, 1551, 25 mai, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCXI, 32 ; orig.).

[57] Le Roi aux cardinaux de Ferrare et de Tournois et à M. de Termes, 1551, 2 mai (G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, pp. 339-341). Cf. ibidem, pp. 332-333, lettre du Roi aux mêmes, datée du 3 mai, et harangue de M. de Termes en consistoire.

[58] H. Dandino à l'évêque de Fano, 1551, 9-10 mai, Rome, p. p. G. KUPKE, Nuntiaturberichte aus Deutschland, XII, 10.

[59] V. Buoncambi à Octave Farnèse. 1531, 9 mai, Rome (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnes., Roma ; orig. déchif.). — Dès cette époque, Henri II ordonnait à ses représentants de quitter Rome, si le pape continuait ses manifestations violentes. Voyez G. RIBIER, op. cit., II, 332.

[60] L'évêque de Fano à II. Dandino, 1551, 14 mai, Augsburg, p. p. G. KUPKE, Nuntiaturberichte, XII, 17.

[61] Montemerlo à Octave Farnèse, 1551, 9 juin. Châteaubriant (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 257. fasc. 1a ; orig.).

[62] Sur ces projets secrets, voyez la correspondance d'Alvarotti, 1550-1551 (Arch. d'Etat de Modène, Francia ; orig.). Cf. LANCELLOTTI, Chronica modenese, t. X, p. 4-22.

[63] Henri II à Octave Farnèse. 1551, 4 mai, Amboise (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio. 185, fasc. 1 ; orig.). Avis de Florence au duc de Ferrare, juillet : Una nova per via dei mercanti che Mons. di Guise venesse in Italia con buon numero de Guasconi. (Arch. d'Etat de Modène, Firenze ; orig.). Cf. Renée de Ferrare au duc de Guise, ap. Mémoires-journaux de Guise, pp. 53-54.

[64] DESJARDINS, III, 262.

[65] Passe à Lyon, le 10 mai ; à Modène, le 25. Henri H au duc de Ferrare, 1551, 3 mai, Amboise (Arch. de Modène, Principi esteri, Enrico II orig.). B. Buonenni au duc de Florence, 1551, 18 mai, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3270 ; orig.). Fr. Babbi au duc de Florence, 1551, 25 mai, Ferrare Mediceo, 2883 ; orig.).

[66] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1551, 7 mai, Tours (Arch. de Modène, Francia : orig.). Hercule Strozzi à la duchesse de Mantoue, 1551, 11 mai, Tours (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.). A. Amerighi à la Balia de Sienne, 1551, 16 mai, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCXI, 27 ; orig.).

[67] Don Ferrante Gonzague aux Anziani de Lucques, 1551, 15 mai (Arch. d'Etat de Lucques, Carteggio, Anziani, 550 : reg. orig.). Horace Farnèse aux Anziani de Lucques, 1551, 16 mai, Pietra Santa (ib.). Amerighi à la Balia de Sienne, 1551, 20 mai, Rome (Arch. de Sienne, Lettere alla Balia, CCXI, 29 ; orig.). Bart. Sala au duc de Ferrare, 1551, 16-23 mai, Florence (Arch. de Modène, Firenze ; orig.). Le cardinal Farnèse au duc de Florence, 1551, 29 mai, Castel-Durante (Arch. de Florence, Mediceo, 3720, fol. 107 ; orig.).

[68] A. Trivulzio à H. Dandino, 1551, 25 mai, Saumur (Arch. Vat., Principi, t. XIX, fol. 1 ; orig.). Cf. An. Caro à l'évêque de Pola, 1551, 24 mai, Rome, p. p. A. RONCHINI, Lettere d'uomini illustri nel archivio di stato di Parma, t. I, p. 355. Marillac au Roi, 1551, 25 juin, Augusta, ap. Mémoires-journaux de Guise, p. 55.

[69] C. Massaini à la Balia de Sienne, 1551, 29 avril, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCXI. Il ; orig.).

[70] Le cardinal Farnèse à Octave, 1551, 28 mars, ap. AN. CARO, Lettere scritte al nome del c. Farnese, t. II, pp. 57-58.

[71] AN. CARO, op. cit., II, 34.

[72] Le cardinal Farnèse au cardinal Crescenzio, 1551, 7 avril, Rome, ap. AN. CARO, op. cit., II, p. 59-60.

[73] AN. CARO, op. cit., II, p. 63.

[74] Le cardinal Farnèse à Octave, 1551, 13 avril, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 401, fasc. 3 ; minute). Cf. AN. CARO, op. cit., II, 65.

[75] Le cardinal Farnèse à Marguerite d'Autriche, 1551, 8 avril, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 399, fasc. 1 ; orig.).

[76] Le cardinal Farnèse à Octave, 1551, 18 avril, Terni (Arch. de Naples, Carte. Farnes., fascio 398, fasc. 6 ; orig.). — Jusqu'au 16 mai, les Romains crurent au maintien de la paix. Gio. Franc. Leone à l'évêque de Pola, 1551, 16 mai, Rome (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 415, fasc. 2 : orig.).

[77] A. Serristori au duc de Florence, 1551, 18 avril, Rome (Arch. d'État de Florence. Mediceo, 3270 orig.). Fr. Rabbi au duc de Florence, 1551, 21-28 avril, Ferrare (Mediceo, 2883 ; orig.). Le cardinal Farnèse au duc de Ferrare, 1551, 26 avril, Modène (Arch. d'État de Modène, Cardinali, Farnese ; orig.). C. Massaini à la Balia de Sienne, 1551, 8 mai, Rome (Arch. d'État de Sienne, Lettere alla Balia, CCXI, 20 ; orig.).

[78] Amerighi à la Balia de Sienne, 1551, 9 mai, Rome (Arch. de Sienne, Lettere alla Balia, CCXI, 19 : orig.).

[79] Amerighi à la Balia de Sienne, 1551, 15 mai, Rome (Arch. de Sienne, loc. cit., CCXI, 26 ; orig.).

[80] Henri II à Octave Farnèse, 1551, 4 mai, Amboise (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 185, fasc. 1 ; orig.).

[81] Ascanio della Corgna au cardinal Farnèse, 1551, 12 mai, Tours (Arch. de Naples, Carte Farnes., facio 706 orig.). — Montemerlo à Octave Farnèse, 1551, 13 juin, Châteaubriant (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 257, fasc. 1 ; orig.).

[82] Pour l'histoire militaire de la guerre de Parme, voyez l'article de G. DE LEVA, La guerra di papa Giulio III contro Ottavio Farnese sino al principio delle negoziazioni con la Francia (Rivista storica italiana, t. I, pp. 632-680) ; et l'excellent livre de M. P. COURTEAULT, Blaise de Monluc historien, p. 190.

[83] Sur Henri II osservatore della parola, voyez la relation de Contarini, 551, ap. ALBERI, s. 1a, t. IV. p. 63.

[84] Horace Farnèse et Piero Strozzi à Octave Farnèse, 1531, 11 juin (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 252, fasc. 1 ; orig.). Henri II à Octave Farnèse, 1551, 16 juin, Châteaubriant : il envoie à Parme le sr d'Andelot, gentilhomme de la chambre (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 693, fascic. R ; orig.). — Cf. G. KUPKE, Nuntiaturberichte aus Deutschland, t. XII, p. 39 ; G. DE LEVA, art. cit.

[85] Ascanio della Corgna à Jules III, 1551, 12 mai, Tours. H. Dandino au cardinal Crescenzio, 1551, 20 mai (Arch. Vatic., Bibl. Pio., 393, fol. 50 v°-51 v° ; copie du XVIe s). Lorenzo Contarini au Conseil des Dix, 1551, 11 mai, Tours (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci al Consiglio degli Dieci, orig.). — Cf. H. Dandino à l'évêque de Fano, 1551, 20 mai, Rome, publiée par G. KUPKE, op. cit., XII, 18-22.

[86] Brantôme.

[87] CHARRIÈRE, Négociations avec le Levant, t. I, p. 327 ; PH. TAMIZEY DE LARROQUE, Notes et documents pour servir à la biographie de Jean de Monluc, évêque de Valence (Extrait de la Revue de Gascogne, 1868, in-8°) ; E. PICOT, Les Français italianisants au XVIe siècle, t. I, pp. 251-269.

[88] L. Capponi au duc de Florence, 1551, 14 mai, Tours (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 4592, fol. 125 ; orig.).

[89] F. Babbi au duc de Florence, 1551, 28 mai, Reggio (Mediceo, 2883 ; orig.). — Bart. Sala au duc de Ferrare, 1551, juin, Florence (Arch. d'Etat de Modène, Firenze ; orig.).

[90] B. Buonanni au duc de Florence, 1551, 3 juin, Rome (Mediceo, 3270 ; orig.). Jules III à H. Dandino, 1551, 4 juin, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 28 ; reg. orig.).

[91] Jules III à H. Dandino, 1551, 31 mai, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 28 v° ; reg. orig.).

[92] A. Amerighi à la Balia de Sienne, 1551, 30 mai, Rome (Arch. d'Etat de Sienne. Lettere alla Balia, CCXI, 37 ; orig.).

[93] Jules III à H. Dandino, 1551, 4 juin, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 463, fol. 51 ; reg. orig.).

[94] Ce discours a été publié p. E. PICOT, Les Français italianisants, I, 263.

[95] Jules III à H. Dandino, 1551, 4 juin, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 11-53 ; reg. orig,.).

[96] Du Thier au duc de Guise, 1551, 4 juillet (Mémoires-journaux de Guise, p. 59).

[97] Mémoires-journaux de Guise, pp. 13-15.

[98] Marillac au Roi, 1551, 16 juin, Augusta, et une autre lettre, datée des mêmes jour et lieu (Mémoires-journaux de Guise, pp. 47-48). Ces deux lettres sont très importantes. — Cf. les lettres de l'évêque de Fano à Jules III, p. p. G. KUPKE, Nuntiaturberichte, XII, 28-40.

[99] A. Serristori au duc de Florence, 1551, 6 juin, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3270 orig.).

[100] Amerighi à la Balia de Sienne, 1551, 6 juin. Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CGXI, orig.).

[101] Jules III au cardinal Santa Fiore et à H. Dandino, 1551, 9 juin, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 59 ; reg. orig.).

[102] Jules III au cardinal Santa Fiore, 1551, 9 juin, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 59-60 ; reg. orig.).

[103] Jules III à H. Dandino, 1551, 19 juin, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 76 : reg. orig.).

[104] A. Serristori au duc de Florence, 1551, 16 juin, Rome (Mediceo, 3270 ; orig.). — Sur le départ de M. de Termes, Montemerlo à Octave Farnèse, 1551, 14 juin, Châteaubriant (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 257, fasc. 1 ; orig.).

[105] Amerighi à la Balia de Sienne, 1551, 17 juin, Rome (Arch. de Sienne, Lettere alla Balia, CCXI, 52 ; orig,.).

[106] A. Serristori, 1551, 22 juin, Rome (Mediceo, 3270 ; orig.). F. Babbi au duc de Florence, 1551, 8 juillet, Ferrare (Mediceo, 2883 ; orig.). — Le cardinal de Tournon au duc de Ferrare, 1551, 31 août, Venise (Arch. d'Etat de Modène, cardinali ; orig.).

[107] A. Serristori, 1551, 1er juillet, Rome (Mediceo, 3270 ; orig.). Amerighi à la Balia, 1551, 2 juillet, Rome (Arch. de Sienne, Lett. alla Balia, CCXI, 58 ; orig.). Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 4551, 5 juillet, Narni (Arch. de Modène, Ippolito II ; orig.). F. Rabbi au duc de Florence, 1551, 17 juillet, Ferrare (Mediceo, 2883 ; orig.). — Hippolyte d'Este s'établit, le 29 juillet, au château de Belriguardo.

[108] F. Babbi au duc de Florence, 1551, 14 mai, Ferrare (Mediceo, 2883 ; orig.).

[109] Amerighi à la Balia, 1551, 17 juin, Rome (Arch. de Sienne, Lett. alla Balia, CCXI, 52 ; orig.).

[110] Amerighi, 1551, 20 juin, Rome (Arch. de Sienne, loc. cit., CCXI, 54 ; orig.).

[111] J. Grandi au duc de Ferrare, 1551, 21 juin, Rome (Arch. de Modène, Roma ; orig.).

[112] Le cardinal de Carpi à Jules III, 1551, 24-26 juin, Viterbe (Arch. Principi, t. XX, fol. 1-2 ; orig.). Amerighi, 1551, 4 juillet, Rome (Arch. de Sienne, Lett. alla Balia, CCXI,  60 ; orig.).

[113] Jules III au cardinal Farnèse, 1551, 1er juillet, Rome (Arch. Vatic., Jul. III, arm. 41, t. LXI, fol. 18 ; min.). Amerighi, 1551, 11 juillet, Rome (Arch. de Sienne, Lett. alla Balia, CCXI, 63 ; orig.). Le cardinal Farnèse au duc de Florence, 1551, 6 juillet, Castel-Durante (Mediceo, 3720, fol. 142 ; orig.). Le cardinal Farnèse à Jules III, 1551, 14 juillet, Castel-Durante (Arch. Vatic., Principi, t. XX, fol. 171 ; orig.). Bart. Sala au duc de Ferrare, 1551, 25 juillet, Florence (Arch. de Modène, Firenze ; orig.). — Cf. Camalani à Jules III, 1551, 22 juin, Castel-Durante, p. p. G. KUPKE, Nuntiaturberichte, XII, 32.

[114] Jules III à H. Dandino, 1551, 28 juin, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 97 reg. orig.). J. Grandi au duc de Ferrare, 1551, 2 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.). — Jules III à H. Dandino, 1551, 1er juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 104 : reg. orig.). Bref de Jules III, 1er juillet (Arch. Vatic., arm. 41, t. LXI, fol. 25-26 ; minute).

[115] Le pape parlait di sequestrare et chiudere quella canaglia nella Mirandola et farveli amorhare dentro dal caldo. Jules III à H. Dandino, 1551, 8 juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 110-111 ; reg. orig.). — Cf. G. KUPKE, Nuntiaturberichte, XII, 37.

[116] Henri II au duc de Mantoue, 1551, 16 juin, Châteaubriant (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.). — Sur les opérations de la guerre de l'arme et du siège de La Mirandole, voyez les lettres de Girolamo Falletti au duc de Ferrare, datées du camp impérial et pontifical, 1551-1552 (Arch. de Modène, Roma ; orig.).

[117] G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 27 novembre, Poissy (Arch. de Mantoue, Francia : orig.).

[118] Il mourut pieusement per causa di un mal di costa. Hercule Strozzi à la duchesse de Mantoue, 1550, 22 novembre, Paris (Arch. de Mantoue, Francia : orig.).

[119] Scrittura data a Ippolito Capilupo per mandaria al sor Don Ferrante, 1551, 22 juin (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 80-81 : reg. orig.).

[120] Jules III à Montepulciano, 1551, 22 juin, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 84 ; reg. orig.).

[121] Brefs de Jules III, 1551, juillet (Arch. Vatic., arm. 41, t. LXI, fol. 57-59 ; minutes). — J. Grandi au duc de Ferrare, 1551, 2 juillet, Rome (Arch. d Etat de Modène, Roma ; orig.). A. Serristori au duc de Florence, 1551, 3-4 juillet, Rome : dit qu'on accusa Monluc d'être apostata et imbrattato in molli vitii carnali. (Arch. d'État de Florence, Mediceo, 3270 ; orig.). — L'accusation de luthéranisme, lancée contre Monluc, était, ce semble, justifiée. Le cardinal del Monte au nonce Prospero Santa Croce, 30 septembre 1553 (Arch. Vatic., Borghèse, IV, 220, fol. 17-18 ; reg. orig.).

[122] Voyez aux Arch. Vatic., l'index de Garampi v° Bordeaux.

[123] Informatione data a Mons. di Monluch per lo Re Christianissimo, 1551, 6 juillet, Rome (Papiers de Granvelle, L III, p. 559).

[124] A. Serristori au duc de Florence, 1551, 9 juillet, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3270 ; orig.). F. Babbi au duc de Florence, 1551, 23 juillet, Ferrare (Mediceo, 2883 ; orig.).

[125] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1551, 11 juillet, Urbin (Arch. de Modène, Principi Estensi, Ippolito II ; orig.).

[126] Correspondances de Grandi et de Serristori, juillet-août-septembre, passim.

[127] Jules III à A. Trivulzio, 1351, 19 juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 463, fol. 131 : reg. orig.).

[128] Jules III au cardinal de Carpi, 1551, 22 juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 463, fol. 137 ; reg, orig.).

[129] J. Grandi au duc de Ferrare, 1551, 15 juillet, Rome (Arch. de Modène, Roma ; orig.). Le cardinal de Carpi à Jules III, 1551, 22 juillet, Viterbe (Arch. Vatic., Principi, t. XX, fol. 9 ; orig.).

[130] A. Amerighi à la Balia de Sienne, 1551, 22 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCXI, 66 ; orig.).

[131] Ces troupes, en fait, passèrent par la tonte des Grisons. Franco à H. Dandino, 1551, 1er juillet, Lucerne (Arch. Vatic., Principi, t. XIX, fol. 71 ; orig.).

[132] Lor. Contarini au Conseil des Dix, 1554, 24 juin, Laghiers (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci al Consiglio dei Dieci, filza 2a ; orig.). — Cf. H. HAUVETTE, Luigi Alamanni, pp. 141-143.

[133] A. Serristori au duc de Florence, 1551, 20 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3270 ; orig.).

[134] Jules III au cardinal de Carpi, 1551, 20 juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 132-133 ; reg. orig.).

[135] Jules III à H. Dandino, 1551, 24 juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 139-440 ; reg. orig.).

[136] Bref. publ. ap. Annales Raynaldi, à la date.

[137] 26 juillet 1551 (LINCELLOTTI, Chronicha modenese, t. X, p. 481).

[138] DESJARDINS, III, 280.

[139] H. Dandino au duc de Ferrare, 1551, 6 septembre, Bologne (Arch. Vatic., Principi, 146 E, fol. 5-6).

[140] Voir ce bref du 21 juillet 1151 (Rome) dans Arch. Vatic., Borghèse, II, 435, fol. 134 v. ; reg. orig. — Cf. G. KUPKE, Nuntiaturberichte, XII, 58. — Les courses des troupes royales en Romagne se faisaient du plein gré de Henri II, et M. de Termes, dès le 10 juillet, se vantait de ses exploits à son maitre. Voyez Mémoires-journaux de Guise, pp. 61-62.

[141] Jules III à A. Trivulzio, 1551, 19 juillet, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 435. fol. 130 v° ; reg. orig.).

[142] Montemerlo à Octave Farnèse, 1551, 6 août, Paris (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnesiano, Francia ; orig.). — Cf. Luigi Capponi à C. Pagni, 1551, 7 août, ap. DESJARDINS, III, 282-283. Voyez aussi notre article La crise gallicane de 1551 (Revue historique, nov.-déc. 1911).

[143] Sources supra cit. — Trivulzio avait montré jusqu'alors un esprit conciliant. Montemerlo à Octave Farnèse, 1554, 13 juin, Châteaubriant (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 237, fasc. 1 ; orig.).

[144] Montemerlo à Octave Farnèse, 1551, 6 août, Paris (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnes., Francia ; orig.). — Cette arme contre le Saint-Siège était préparée depuis longtemps. Montemerlo à Octave Farnèse, 1551, 25 juin, Châteaubriant (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 237, fasc. 1 ; orig.).

[145] Montemerlo à Octave Farnèse, 1551, 6 août, Paris (Arch. de Parme, Carteggio Farnes., Francia ; orig.).

[146] Montemerlo à Octave Farnèse, 1551, 6 août, Paris (Arch. de Parme, loc. cit. ; orig.). Bien que Jean de Monluc ne fit pas partie du Conseil du Roi, il y fut appelé plusieurs fois, durant cette crise, pour éclairer le souverain sur les résultats de son ambassade. Par son éloquence et son esprit, il dut alors exercer une grande action. Si l'on considère les opinions audacieuses de ce diplomate en matière de religion, et si, d'autre part, l'on remarque les bruits fâcheux qu'il se plaisait à répandre sur Jules III, à cette époque (voyez Jules III à Henri II, 1551, 4 septembre, citée plus bas), il parait vraisemblable que Monluc ait été, avec les légistes, comme le greffier Jean du Tillet, dont l'historien De Thou note le rôle important, l'instigateur de la tentative de schisme.

[147] Montemerlo à Octave Farnèse, 1551, 6 août, Paris (Arch. de Parme, loc. cit. ; orig.).

[148] Montemerlo à Octave Farnèse, 1551, 6 août, Paris (Arch. de Parme, loc. cit. ; orig.).

[149] Instruction à M. de Contay, 1551, 20 août (Bibl. Nat., Coll. Clairambault, t. 344, fol. 213 ; copie).

[150] L. Capponi à Cosme Ier, 1551, 13 août, p. p. DESJARDINS, III, 284.

[151] Sur les relations du cardinal Farnèse avec les Jésuites, durant la crise même de 1551, voyez AN. CARO, Lettere scritte al nome del cardinale Farnese, t. II, pp. 72-74.

[152] L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1549, 13 mai. Paris, et supplique anonyme à l'évêque de Ceneda, même date (Arch. d'Etat de Parme. Carteggio Farnes., Francia ; orig.). — Cf. Monumenta Ignatiana, série I, t. II, pp. 398 et 407, et POLANCO, Chronicon (Monumenta Societatis Jesu), t. I, p. 418. Voyez aussi FOUQUERAY, Histoire de la Compagnie de Jésus en France, t. I (Paris, 1910, in-8°).

[153] Supplique de la Compagnie de Jésus au Sacré Collège, 1550, 29 janvier (Arch. Vatic., Principi, t. XVI, fol. 172 : orig.).

[154] POLANCO, Chronicon, t. II, p. 89.

[155] Cardinalis Lotharingius sese ut murum pro domo Dei hac in re posuit, et privilegium illud non solum a Rege obtinuit, verum etiam ab interior (quod strictum votant) consilio Regis et a Cancellario Galliarum obsignatum extorsit. (Chronicon, cit., p. 292). — Sur la lutte des Jésuites avec le Parlement et l'intervention du cardinal de Lorraine, cf. op. cit., pp. 293 et 597, et Monumenta Ignatiana, série I, t. III, pp. 252 et 253, t. IV, p. 437, t. V. p. 47.

[156] Jules III à H. Dandino, 1551, 7-8 septembre, Rome (Arch. Vatic., Borghèse, II, 465, fol. 188 : reg. orig.).

[157] Le cardinal de Lorraine au duc de Guise, 1551, 1er août (Mémoires-journaux De Guise, p. 67).

[158] G.-B. MIOLO, Chronaca (Miscellanea di storia italiana, t. I, p. 191).

[159] B. DE MONLUC, Mémoires, éd. de Ruble, t. IV, p. 4. Voyez aussi P. COURTEAULT, Blaise de Monluc historien, pp. 197-198.

[160] Ignace de Loyola au P. Claudio Jajo, 1547, août, Rome, ap. Monumenta Ignatiana, série I, Espitolæ et Instructiones, t. I, pp. 569-570.

[161] Le duc de Ferrare au cardinal Farnèse, 1551, 26 avril, Ferrare (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 407, fasc. 2 ; orig.).

[162] LANCELLOTTI, Chronica modenese, t. X, p. 422.

[163] Le duc de Ferrare à H. Dandino, 1551, 3 juillet, Ferrare (Arch. Vat., Principi, t. XVII, fol. 155 ; orig.).

[164] Le duc de Ferrare à H. Dandino, 1551, 29 juillet, Ferrare (Arch. Vat., Principi, t. XVII. fol. 167). Cf. les lettres d'Hippolyte d'Este au pape (Arch. Vat., Principi, t. XX, fol, 184, 185, 188, 189, 190 ; orig.).

[165] H. Dandino à Jules III, 1551. 19 août, Bologne (Arch. Vat., Principi, t. CXLVI D, fol. 33 ; copie du XVIe s.).

[166] Arch. Vat., Principi, t. CXLVI D, fol. XLIV.

[167] H. Dandino à Jules III, 1551, 19 août, Bologne (Arch. Vat., Principi, t. CXLVI, fol. 33).

[168] Voyez les lettres de Julio Grandi au duc de Ferrare, 1551, juillet-août, Rome (Arch. d'État de Modène, Roma ; orig.).

[169] Le cardinal de Tournon au duc de Ferrare, 1551, 5 août et 31 août, Venise (Arch. d'Etat de Modène, Cardinali, Tornone ; orig.).

[170] Hier. Dandino à Jules III, 1551, 2 septembre, Bologne (Arch. Vat., Principi, L. CXLVI D. fol. 37-35).

[171] Jules III à H. Dandino, 1551, 16 août, Rome (Arch. Vat., Borghèse, II, 465, fol. 159 ; reg. orig.).

[172] Jules III à H. Dandino, 1551, 19 août, Rome (Arch. Vat., Borghèse, II, 465, fol. 461 ; reg. orig.).

[173] H. Dandino à Jules III, 1531, 10 août, Bologne (Arch. Vat., Principi, t. CXLVI, fol. 39-42).

[174] H. Dandino à Jules III, 1551, 19 août, Bologne (Arch. Vat., Principi, CXLVI D, fol. 37-38).

[175] A. Amerighi à la Balia de Sienne, 1551, 29 août, Rome (Arch. d'Etat de Sienne. Lettere alla Balia, CCXI, 79 ; orig.). Cf. Montepulciano à Fano, 1551, 29 août, Rome, p. p. G. KUPKE, Nuntiaturberichte, XII, 59.

[176] Instruction à Mons. Achille de Grassis, 1551, 27 août, Rome, p. p. WEISS, Papiers de Granvelle, t. III, pp. 579 et sqq. Cf. Montepulciano à Fano, 1551, 29 août, Rome, p. p. G. KUPKE, Nuntiaturberichte, XII, 61.

[177] Montepulciano à Fano, 1551, 29 août, Rome, p. p. G. KUPKE, Nuntiaturberichte, XII, 58-59.

[178] Cet incident a été rapporté si souvent que nous avons jugé inutile d'y insister. — Voyez surtout de Selve au Roi, 1551, 18 décembre (G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, pp. 354-355) ; PAOLO SARPI, Historia del concilio Tridentino, éd. Amsterdam, t. I, p. 587 ; PALLAVICINI, Istoria del concilio di Trento, livre XI, chap. XV à XVIII ; L. MAYNIER, Etude sur le concile de Trente, t. I, pp. 606 et sqq. ; G. BAGUENAULT DE PUCHESSE, Jean de Morvillier, pp. 66-67.

[179] G. RIBIER, II, 543-546.

[180] G. RIBIER, II, 546.

[181] Bulletin du Comité des travaux historiques, 1901, p. 165.

[182] Papiers d'Etat de Granvelle, t. III, p. 455.

[183] Henri II au grand-maitre et aux chevaliers, 1551, 30 septembre (Malte, Biblioth. de Valetta. Mss. Lettere di Francia : orig.).

[184] G. RIBIER, op. cit., t. II, pp. 308-310 ; CHARRIÈRE, Négociations de la France dans le Levant, t. II, pp. 161-163.

[185] ALBERI, Relazioni..., série 1a, t. III, p. 319.

[186] D'Aramon au Roi, 1551, 16 août, Malte (G. RIBIER, op. cit., t. III, pp. 307-308).

[187] G. RIBIER, op. cit., t. III, pp. 358-359.

[188] Relation de Turquie de Navagero, 1553, ap. ALBERI, Relazioni..., serie 3a, t. II, p. 82.