LES ORIGINES POLITIQUES DES GUERRES DE RELIGION

LIVRE DEUXIÈME. — LES FARNÈSE

CHAPITRE PREMIER. — HENRI I1 ET LA DERNIÈRE POLITIQUE DE PAUL III.

 

 

Nul pape plus que Paul III ne fut la proie de sa propre famille. Son fils, Pier Luigi Farnèse, et ses trois petits-fils, Alexandre, Octave et Horace, pour ne parler que des mâles, aventuriers, quémandeurs et intrigants, ne laissèrent de répit à ce vieil homme qu'il ne les eût pourvus d'Etats et de richesses.

Henri II, à son avènement, trouva la diplomatie royale fort engagée dans l'amitié du Saint-Siège et sur le point de signer un traité de ligue avec le pontife romain. Par leurs procédés tour à tour cauteleux et violents, les Farnèse s'étaient, en effet, ruinés auprès de Charles-Quint : si le pape venait à mourir, ils n'espéraient plus conserver leur fortune qu'avec l'appui du roi de France[1]. Aussitôt Paul III s'efforça de séduire le nouveau souverain, tâche facile puisque les négociations en cours intéressaient le mariage de la fille naturelle de Henri II, — cette Diane légitimée de France qui montrait à la Cour son port grave, sa face riante, son nez bien tiré, son front ouvert, son œil gai et vif, sa bouche vermeille et son teint fort blanc [2].

C'était à Horace Farnèse, le plus jeune des petits-fils du pape, qu'on promettait la princesse, née jadis des brèves amours du dauphin Henri et de Filippa Duci. Tout enfant, Horace était venu à la Cour de François Ier : en perdant le caractère trop astucieux et fourbe de sa famille, il y avait pris figure de prince français, brillant, frivole et brave. Le spirituel Jean de Monluc avait été par intermittence son éducateur[3]. Résolu depuis longtemps, mais précédé de ces longues discussions diplomatiques qui permettaient d'attendre que les princes, fiancés trop jeunes, eussent atteint la puberté, le mariage semblait, à la fin du règne de François Ier, en état de réussir. Au mois de mars 1546, André Guillart, sieur du Mortier, était parti pour Rome, avec mission de presser les choses[4]. Le légat Hieronimo Capodiferro, cardinal de Saint-George, venait conclure la négociation, lorsqu'en route il apprit la mort du vieux Roi : Paul III lui ordonna de continuer son chemin pour présenter à Henri II les condoléances et les félicitations du Saint-Siège[5].

Horace, bien vu et caressé de la nouvelle Cour, devint comme l'enfant du Roi et reçut l'encens des ministres, du connétable et des Guises[6]. Bientôt les négociations aboutirent à un acte précis. Le 30 juin 1547, en présence du cardinal de Saint-George, les représentants du pape et de son fils Pier Luigi, c'est à savoir Hippolyte d'Este et le nonce Dandino d'une part, et les représentants de Henri II, Anne de Montmorency, François de Lorraine et François Olivier d'autre part, signèrent un premier contrat, touchant le futur mariage de Mademoiselle Diane et de Horace Farnèse. Paul III assurait à son petit-fils, au jour de la consommation, deux cent mille écus à remployer en France, vingt-cinq mille écus de rentes constituées en Italie, plus l'ancien patrimoine de la famille et le duché de Castro[7]. Dès lors, le Roi prit son passe-temps à encourager l'amour naissant des deux petits fiancés. Diane, alors âgée de neuf ans, fut vêtue à l'italienne, et l'enfant rêva de la Cour lointaine où elle pourrait un jour combler de bonne chère ses petites amies. Par malheur, la politique n'alla pas aussi vite que l'idylle[8].

 

Le mariage de Diane de France avec Horace Farnèse, petit-fils du Pape, devait répondre au mariage, jadis célébré, de Marguerite d'Autriche avec Octave Farnèse, qu'avait ridiculisé Rabelais. Sans doute, c'est un des tours plaisants de la politique que les filles naturelles des deux rivaux, Charles-Quint et Henri H, soient données aux deux petits-fils du Souverain Pontife. Cette comédie dévoile les embarras successifs du pape : brouillé avec l'Empereur, il lui faut conquérir le Roi. Pendant tout l'été de 1547, des négociations actives se poursuivent, en Italie, pour constituer une ligue entre Paul III, Henri II et les Vénitiens. Mais les Vénitiens se dérobent : ils n'ont rien à gagner et sentent trop proche d'eux la puissance impériale. Charles-Quint tourne en dérision le Pontife qui ne parvient pas, malgré ses persuasions et les grandes bravades des Français, à entraîner les marchands de l'Adriatique. Même, entre le Roi et le Saint-Siège, la discussion porte sur les garanties réciproques, garanties territoriales exigées par Henri II, garanties pécuniaires demandées par le pape[9]. Ces négociations s'useraient à la longue, comme déjà elles ont décliné du vivant de François Ier, si les Guises ne les animaient maintenant du souffle de leurs propres ambitions.

Orientées vers l'Italie et le Saint-Siège, les ambitions des Guises trouvaient, dans les commencements de ce règne, une carrière facile. Les premiers actes du connétable prouvaient, en effet, qu'il se désintéressait de la Péninsule et travaillait seulement à séduire l'Empereur : l'occasion était bonne, pour les Lorrains, de prendre au Conseil la direction des affaires d'outremonts[10]. Leur désir le plus pressé est d'obtenir d'abord le chapeau de cardinal, qu'on promet depuis tant d'années à Charles de Guise. En 1540 déjà Paul III avait promis de donner la pourpre à Charles, en avance de la dut de Vittoria Farnèse, qu'on projetait alors de marier à François de Lorraine[11]. Mais la combinaison avait échoué. Une fois François Ier mort et les jeunes Guises établis en première place à la Cour, ceux-ci posent leurs conditions au pape. Le 20 mai, Horace Farnèse écrit au cardinal Alexandre, son frère : Du plaisir qu'on leur fera par la promotion de Monseigneur de Reims, dépendra en particulier toute l'amélioration de ma situation, non seulement dans l'affaire du mariage, mais encore pour ce qui regarde les honneurs[12]. De fait, le 27 juillet, Paul III crée Charles de Guise cardinal, et, le même jour, Alexandre Farnèse annonçant cette création au Roi lui explique sans détour que c'est une récompense des bons services dont on a usé envers Horace, à la cour de France[13]. Dès lors, l'alliance politique de la casa Farnèse avec la famille de Guise est scellée. Je sais que toute la maison de Guise, écrit le cardinal Alexandre, s'emploiera pour satisfaire les désirs d'Horace[14].

En dehors de ces relations particulières des Lorrains et des Farnèse, les négociations officielles se poursuivent, sous le contrôle sévère de Montmorency. Le sieur du Mortier, ambassadeur à Rome, est rappelé, pour cause d'indolence, et remplacé par M. de Gié. Celui-ci quitte la Cour, le 13 juillet[15], s'achemine à petites étapes[16], et n'arrive que le 14 septembre dans la Ville éternelle[17]. Mais, dès le 28 juin[18], pour répondre à la mission du cardinal de Saint-George et aussi pour préciser le dessein du projet de ligue, était parti le protonotaire Lancelot de Carle, créature du connétable et familier du Roi[19]. Porteur de lettres de Henri II et de Montmorency, Lancelot avait passé par Venise et y avait tenté sans succès de séduire la République ; entré à Rome, le 28 juillet, il en était reparti, le 9 août[20].

La promotion de Charles de Guise et la mission de Lancelot de Carle ravivent les désirs d'une entente définitive entre les deux diplomaties. Ces désirs se manifestent surtout du côté de Paul III. Sa Sainteté fait toute diligence possible pour entraîner le Roi vers l'Italie[21]. En effet, le 24 août, le pape concède la rose bénie à la reine Catherine de Médicis et il adresse, par le même porteur, une chaîne de perles à Mademoiselle Diane[22]. Charles de Guise annonce dès lors sa volonté d'aller à Rome pour y recevoir le chapeau en consistoire, et le jeune Horace Farnèse fait savoir à son grand-père qu'il accompagnera en Italie le nouveau cardinal[23].

Un drame sanglant se produit juste à ce n'ornent, comme pour donner plus de force sur l'esprit du Roi aux influences italiennes.

Dans le consistoire du 14 août 1545, Paul III avait conféré l'investiture des duchés de Parme et de Plaisance à son fils, Pier Luigi Farnèse. Ce personnage étrange, né le 19 novembre 1503 des amours du premier cardinal Farnèse avec une jeune Romaine, et légitimé le 8 juillet 1505, par le pape Jules II, offrait le type le plus accentué du condottiere cruel. Il avait eu cinq enfants[24] d'une fille de Ludovico di Pitigliano, Girolama Orsini, épousée très jeune. Mêlé au sac de Rome, en 1527, on l'avait vu combattre les Français sous les étendards de Charles-Quint. Fils de pape et père de deux cardinaux, c'était un aventurier violent : il s'acquit la haine de ses sujets de Parme. En 1547, quatre d'entre eux, Jean d'Anguissola, Camille Pallavicini, Augustin Lando et Louis Confalonieri, de complicité avec Ferrante Gonzague, lieutenant de Charles-Quint, sinon avec l'Empereur lui-même, formèrent une conjuration pour l'assassiner. Le 10 septembre, après avoir visité en litière la ville de Plaisance, le duc rentrait à la citadelle, accompagné d'Anguissola. Celui-ci, sous prétexte de l'entretenir après dîner, s'attarda dans l'antichambre. Lorsque Pier Luigi se fut levé de table et eut congédié ses officiers, les conjurés, avertis par un coup de pistolet, s'emparèrent des issues de la citadelle ; Anguissola enfonça la porte de la chambre et, assisté de deux aides, assassina le fils de Paul III. Les circonstances du meurtre furent horribles : la gorge fut traversée de part en part, la cervelle s'échappa par une large blessure et se répandit sur le sol, un morceau du menton, avec une touffe de barbe, resta sur les dalles. Les assassins crièrent du rempart qu'ils avaient exterminé le tyran, puis suspendirent le cadavre à une chaîne et le jetèrent dans le fossé, sans que la population s'émût. Le lendemain, Don Ferrante Gonzague occupait Plaisance, au nom de l'Empereur[25].

 

Paul III apprit la mort de son fils avec une extrême douleur : cruellement blessé par ce crime dont bénéficiait Charles-Quint, il ne pouvait que recourir au Roi. De son côté, Henri II, dont le caractère était tout de loyauté[26], s'indigna de telles atrocités et ne douta pas que l'Empereur n'eût prémédité cet assassinat[27].

La nouvelle parvint à la cour de France, vers le 20 septembre. Aussitôt, le Roi fit appeler les représentants du Saint-Siège, le légat de Saint-George et le nonce Dandino : après leur avoir exprimé des condoléances émues, il déclara qu'il était prêt à courir la même fortune que le pape. Il leur annonça, en outre, le départ immédiat pour Rome de Charles de Guise, qu'il envoyait avec telle commission et autorité qu'on reconnaîtra que les actes dépassent les promesses[28]. Henri II et Catherine de Médicis adressèrent aussitôt des lettres à Paul III pour l'assurer que la couronne de France protègerait la maison Farnèse[29]. Le 21 septembre, Horace Farnèse fut créé chevalier de l'Ordre et, quelques jours après, il partait pour l'Italie[30].

Alors, l'occasion s'offre propice aux ambitieux d'entraîner le Roi dans les aventures italiennes. On lui représente qu'il faut agir avant que l'Allemagne soit pacifiée, qu'il convient d'aller au-devant des demandes du pape et non de les attendre. Mais, considéré les difficultés de l'attaque, les dépenses à prévoir, l'état mal connu de l'Italie et l'invasion qui menace la frontière du Nord, le gouvernement royal, entravé par Montmorency, recule et résiste aux sollicitations des Farnèse, des fuorusciti et des Guises[31]. Des voix puissantes rappellent le pape lui-même à la prudence, et le roi des Romains, pour effrayer les diplomates de la Curie, évoque à leurs yeux l'image terrible du sac de 1527, en les menaçant d'un pareil châtiment, s'ils continuent à briguer l'alliance de la France, des Vénitiens et du Turc[32].

Les fuorusciti de Florence et de Naples tentent d'exercer une action efficace dans le sens belliqueux. A Rome, ils y parviennent. Au commencement d'octobre 1547, Paul III demande que Piero Strozzi se jette dans Parme, pour conserver cette ville aux Farnèse[33]. Une foule de Napolitains intriguent alors autour de la Curie, où la tyrannie du vice-roi les a contraints de se réfugier. Ils s'agitent, circonviennent le cardinal Farnèse, offrent de livrer des places du royaume de Naples et s'efforcent de pousser la politique pontificale vers leurs propres desseins. Les ducs de Somma et d'Atri, pensionnés par le roi de France, se mêlent à eux et entretiennent leur agitation 8. Suivant les inquiétudes de son ambassadeur, Charles-Quint fait des remontrances au nonce de Paul III et demande qu'on expulse de Rome les fuorusciti : le nonce répond qu'on ne peut les chasser sans attenter à la liberté ancienne de la Cour pontificale[34]. De plus, le bruit court, parmi les agents des princes italiens, que le Roi a donné ordre de distribuer cent mille écus aux nobles de Venise pour obtenir l'adhésion de la République à la ligue, et que le pape, en récompense de cette adhésion, promet Cervia et Ravenne. On dit aussi qu'à défaut des Vénitiens, Henri Il et Paul III rechercheront l'alliance des Cantons helvétiques, tant catholiques que luthériens[35]. L'arrivée à Venise, dans les premiers jours de septembre, de l'agent français Odet de Selve alimente ces nouvelles belliqueuses[36]. Un nouveau nonce, Michele della Torre, évêque de Ceneda, remplace à la cour de France Hieronimo Dandino[37].

On imagine quelle recrudescence de fièvre suscite, dans un tel milieu, le voyage de Charles de Guise. Piero Strozzi, pressentant des occasions de guerre, demande au Roi licence d'accompagner le jeune cardinal, mais le connétable s'y oppose et renvoie le chef des fuorusciti en Piémont[38]. Les Farnèse attendent avec impatience Charles de Guise. Dès le début de septembre 1547, Alexandre recommande aux légats du Concile de Bologne de le recevoir avec honneurs et caresses, parce qu'il est l'âme du Roi et porte toute son autorité[39]. Et, un peu plus tard, il envoie à la Cour de France son confident Giuliano Ardinghello, chargé de lettres où le petit-fils du pape conclut que sa seule espérance, parmi de si grands malheurs, réside dans l'appui du Très Chrétien[40]. Pour satisfaire en partie aux demandes de garanties territoriales qu'exprime depuis longtemps la diplomatie royale, Paul III investit, le 4 novembre, son petit-fils Horace Farnèse, futur gendre de Henri II, arrivé à Rome le 24 octobre, du duché de Castro[41].

Les espoirs de toute la maison de Lorraine accompagnent le voyage de Charles. Son jeune frère, le marquis du Maine, gendre de Diane de Poitiers, part avec lui[42]. Son aîné, François, qui ne quitte pas la Cour de peur de laisser le connétable y prendre un pouvoir absolu, envoie au cardinal Farnèse des protestations répétées de dévouement et de gratitude, l'assurant que la mort de Pier Luigi ne restera pas sans vengeance[43].

Aussi, lorsque Charles de Guise arrive à Rome, le 22 octobre, y trouve-t-il un terrain admirablement préparé pour les semences efficaces[44]. Les négociations durent plus de deux mois. C'est sur le royaume de Naples que les menées secrètes du cardinal Farnèse tendent à jeter les forces françaises. La conquête de Naples apparaît, sous le règne nouveau de Henri II, en la fin de I547, aussi présente aux esprits qu'elle le fut jadis. Par moments, il semble que le Roi va prendre une résolution active. Quant à ce qui touche l'ouverture que l'on vous a faicte du recouvrement des cinq villes et du marquisat del Gouast au royaulme de Naples, écrit Henri II à Charles de Guise, c'est chose que je trouve merveilleusement bonne et ne la puys que grandement louer, en sorte que je veulx que vous offrez de par moy que, quant les Napolitains auront mis entre mes mains les dictes cinq villes, je contriburay dès lors à la moictié de la despense qui se fera, pour la soulde de vingt mil hommes que le pape a tout prestz et d'autre plus grand nombre, s'il en est besoing. Et, indice remarquable, c'est déjà François de Lorraine que désigne Henri II pour accomplir ces desseins sur Naples : Davantaige envoyeray par delà pour mon lieutenant-général, mon cousin le duc d'Aubmalle, qui est, ce me semble, la meilleure eslection que je scauray faire.[45]. Aussi le péril semble-t-il assez proche à Charles-Quint pour que, dans les instructions à Don Philippe son fils, rédigées au début de l'année 1548, l'Empereur montre ses craintes de voir les Français envahir le royaume de Naples et la Sicile[46].

Durant son séjour à Rome, Charles de Guise affermit et précise l'entente des deux diplomaties. Il renouvelle les traités antérieurs, passés avec le pape, et signe, le 2 janvier 1548, au nom du Roi, une promesse onéreuse de subsides et de terres en faveur de Horace Farnèse[47]. De plus, le jeune cardinal élabore, en grand secret, le projet de ligue suivant, qui doit être soumis au souverain : Parme et Plaisance, une fois cette dernière ville recouvrée, doivent être enlevées à Octave Farnèse, gendre de l'Empereur, pour être remises à Horace, fiancé de Diane de France ; le Roi s'engagera à contribuer à la défense des Etats Pontificaux, en cas d'invasion, et à entretenir une armée suffisante, non seulement pour garder le duché de Parme, mais encore pour conquérir toutes les terres qui ont été usurpées sur l'Eglise ; enfin, Henri II promettra d'envoyer les prélats de l'Eglise gallicane aux sessions du Concile général[48]. D'apparence anodine, ce projet contenait les germes d'une guerre certaine. Avec sa clairvoyance habituelle, Jean du Bellay montrait ces germes au connétable : J'ay toujours dit et diz encores, écrivait-il, que la ligue défensive a esté, à mon jugement, et est une indubitable entrée à la guerre. Et il ajoutait, laissant voir que lui-même, en dépit de sa prudence, était légèrement enivré de ces fumées : Présupposant ladite guerre, le premier qui frapperoit bravement et sagement, non à l'étourdi, auroit ung merveilleux avantage sur son compagnon, et, à ce propos, qui se feust impatronisé ou faict impatroniser du royaulme de Naples ou de la pluspart d'icelluy, lorsqu'il estoi à l'abandon, l'Empereur se fust trouvé bien empesché[49].

Le cardinal de Guise quitta Rome, le 3 janvier 1548, entouré de la gratitude des Farnèse et comblé de faveurs par Paul III[50]. Revenu à la Cour, il remercia celui-ci et assura Alexandre que sa servitude, de loin comme de près, lui était du tout vouée et dédyée[51].

Mis au courant des négociations et des projets, Henri II, qui se trouvait alors à Fontainebleau, dépêcha M. de Chemault, le 23 février, pour Rome, afin de respondre et satisfaire sur tout ce que a apporté Monsieur le cardinal de Guise[52]. La réponse confiée à M. de Chemault était beaucoup moins enthousiaste que ne l'avaient été les promesses de Charles de Lorraine.

 

C'est qu'en réalité, par le fait même de son absence, le cardinal de Guise avait cédé à Montmorency toute l'influence sur le Roi, durant l'automne 1547. Nous avons vu que le connétable s'était empressé d'en tirer avantage.

Dans cette intrigue, les variations de l'esprit du Roi sont faciles à suivre. Aux sentiments hardis, qui avaient dicté les instructions données naguère au cardinal de Guise, ont succédé, après le départ de celui-ci, le calme et la prudence. Lorsque Charles de Lorraine envoie d'Italie à son maître les articles de l'alliance que proposent les Farnèse, Henri il, sous l'inspiration de Montmorency, répond froidement : J'ai bien voullu meurement consulter et adviser à ce qui estoit à faire, et ai trouvé que je ne pouvois ne devois accorder lesdits articles, comme ilz estoient couchéz, car il sembleroit que j'allasse rechercher Nostre Sainct Père de ce dont il me doit requérir. Vous scavez qui est celluy de nous deux qui a le plus à faire de l'autre. Aussy je pense qu'ilz seroient bien desgoutéz s'ilz trouvoient maulvais ce que j'ai faict. Et n'est point pour refuzer ne desdaigner les belles occasions qui s'offrent et présentent, mais le bon commencement advance l'heureuse lin. Conclusion, mon cousin, vous ferez entendre dextrement et prudemment à Nostre dit Sainct Père et au cardinal Farnèse mes raisons[53].

Il est bien remarquable que cette réserve s'applique alors non seulement aux affaires de Rome, mais à toutes les négociations italiennes. Informé des complots qui se trament contre le gouvernement de Gênes, Henri Il apaise l'ardeur du cardinal du Bellay, fort enthousiaste de ces projets. Il fault regarder et penser à la fin et évènement des choses, dit le Roi, car il est bien facile d'entreprendre, c'est le tout que de bien exécuter[54]. Et aux sollicitations du duc de Ferrare, Henri II, au risque de ruiner le projet du mariage de François de Lorraine avec Anne d'Este, répond d'un ton sec : Je n'ay ung seul moien dont je me puisse maintenant ayder ne prévaloir pour faire pour vous aucune chose de ce que je souhaicte et désire infiniment pour le regard de vostre protection[55].

C'est Montmorency qui écrit par la plume de son maitre, et limite aux mesures défensives l'action de la politique royale en Italie, sans écouter les insinuations perfides des alliés besogneux.

Précisément, dans les premiers mois de l'année 1548, un épisode tragique mit au jour les intrigues fâcheuses, auxquelles s'était mêlé le cardinal de Guise, en Italie, et montra le danger de compromettre le bon renom de la politique française en des entreprises déshonnêtes, aventureuses et vaines.

La République de Gènes offrait alors un champ favorable aux conspirations. Les familles Doria et Spinola étaient divisées, l'une et l'autre, en deux factions, qui cherchaient à livrer leur patrie soit à Charles-Quint, soit à la France[56]. La réalisation (le ce dernier projet devait être tentée par un jeune homme au nom illustre, qui naguère avait participé à la conjuration de Fiesque, Giulio Cibo. Fils de parents ennemis, Giulio, qui se trouvait en compétition d'héritage avec sa mère, Ricciarda Malaspina, au sujet de la possession du marquisat de Massa-Carrara, se réfugia à Rome dans le parti français, après avoir demandé successivement la protection de Charles-Quint, de Cosme de Médicis, d'André Doria et de Ferrante Gonzague[57]. A Rome, Cibo tomba dans les menées des fuorusciti et des Farnèse, qui en firent leur instrument.

Au mois de décembre 1547, Giulio Cibo et ses complices, Scipione et Cornelio Fiescho, se mirent d'accord avec les cardinaux de Guise, du Bellay et Farnèse pour l'exécution d'un complot qui aurait livré Gênes à la France Il fut résolu que Cibo et les deux Fieschi quitteraient Rome pour se rendre à Venise, par des voies différentes. A Venise, ils se concerteraient avec les fuorusciti génois, riches et ambitieux, qui s'y trouvaient, puis tâcheraient de pénétrer secrètement dans Gènes, où Paolo Spinola, jeune, riche et chef de parti, devait les recevoir et les appuyer. Une rivalité de personnes et de factions arrêta un moment l'exécution : les cardinaux français désiraient, en effet, qu'on fit soutenir l'entreprise par le prince de Melfi, gouverneur de Piémont, tandis que les fuorusciti réclamaient un chef plus violent, Piero Strozzi[58]. Cette machination avait été préparée, ce semble, à l'insu de Montmorency, auquel répugnaient de tels procédés.

Le premier acte de la tragédie s'accomplit sans difficulté. Giulio Cibo et ses complices gagnèrent Venise, à la fin de décembre 1547. Ils y rencontrèrent, outre les fuorusciti génois dont le concours leur était assuré, le comte Pic de La Mirandole, Ottobono Fiescho et aussi, semble-t-il, Piero Strozzi. C'est dans la maison de ce dernier que les conjurés tinrent leurs assises secrètes, auxquelles assistait l'ambassadeur de France[59]. Il parait bien qu'ils eurent un nouveau colloque avec Charles de Guise, lequel retournait en France, par la route de Vénétie[60].

Après avoir reçu de l'ambassadeur du Roi trois mille écus et un passeport pour le gouverneur de Mondovi, qui devait fournir deux mille hommes de pied, Giulio prit la route de Ferrare, puis de Parme. Mais, le 22 janvier 1548, à Pontremoli, Cibo tomba aux mains des Impériaux, qui l'emmenèrent prisonnier à Milan, sur l'ordre de Ferrante Gonzague, informé par des espions de la conspiration de Gênes.

La joie des Espagnols fut grande : en quête, depuis longtemps, d'une occasion qui permît de dénoncer à l'opinion les menées des Farnèse et du parti français, ils espéraient que, mis à la question, le jeune conspirateur couvrirait de déshonneur, par ses révélations, la politique royale et celle du Saint-Siège. On trouva seulement, sur la personne de Cibo, quelques lettres qui compromettaient le pape et son petit-fils, Octave Farnèse : Don Ferrante les envoya à l'Empereur. Les cardinaux et les agents français avaient eu la prudence de ne hasarder aucun écrit ; Jean du Bellay rassura le Roi, en lui écrivant que la seule perte était d'une petite somme d'argent. Mais, en réalité, de cet échec moral la politique royale, engagée par Charles de Guise, se tirait sans gloire. Le 18 mai 1548, Giulio Cibo eut la tête tranchée[61].

 

Rome n'était pas seulement cette Cour dont parlera Saint-Simon, où on entreprend tout ce que l'on peut, et où on se moque de ceux qui le souffrent, elle était aussi le département de la Foi. Alliée de la France dans le domaine de la politique, la papauté devait garder, contre son amie, les frontières de son domaine religieux. D'où une singulière complexité des intrigues, un mélange curieux de politesses temporelles et d'admonestations spirituelles, des conflits imprévus et une perpétuelle méfiance.

La fin du moyen-âge, qui marque une notable déchéance de l'hégémonie religieuse du Saint-Siège, est au contraire le point de départ de sa plus grande influence politique. Un intermédiaire exclusif s'étant placé entre le Souverain Pontife et les fidèles, c'est à savoir le Prince, de son côté le pape, pour mieux agir sur ses fils devenus les sujets directs des rois, dut négocier avec ces derniers : de ces conditions naquit une diplomatie pontificale, régulière et organisée. Cette diplomatie, qui reçut mission de défendre à la fois le spirituel et le temporel, ne pouvait pas, dans la pratique, ne pas confondre ces deux matières : le temporel devait restreindre le spirituel et lui faire perdre son universalité La papauté, dans la République chrétienne qui se dissout, devient elle aussi une sorte de nation — nazione. Avec ce caractère s'accentuent, au sein du gouvernement pontifical, les influences aristocratiques des familles romaines ou italiennes. Comme les autres monarchies, le Saint-Siège a ses féaux, et du fait que cette monarchie est élective, la féodalité y paraît plus mouvante, turbulente et anarchique qu'ailleurs[62].

A l'avènement de Henri II, le principe était depuis longtemps admis, dans le conseil du Roi, que le pape agit plus souvent en qualité de souverain temporel qu'à titre de chef religieux. Une longue expérience avait enseigné aux légistes royaux la défiance vis-à-vis de cette souveraineté romaine, dont le trône, souvent vacant, était l'objet d'intrigues incessantes qui amenaient au pouvoir des pontifes inattendus et divers, — d'autant que la diplomatie pontificale, soutenue par sa puissance morale, d'une part, et arrêtée, d'autre part, par la crainte de compromettre sa plus haute mission, jouant sans cesse à l'avance et au recul, se montrait, en fait, aussi fuyante que celle du Turc.

La question italienne, dans laquelle, depuis cinquante ans, la France dépensait forces et argent, accentuait le caractère politique des rapports entre le Roi et la papauté. Celle-ci représentait, aux yeux des agents et ministres français, une puissance à qui l'on peut s'allier, que l'on peut combattre, qui a des soldats, des subsides et aussi des censures. En des circonstances si nouvelles, l'ancien gallicanisme, que les juristes du XVIe siècle prirent tant de goût à formuler[63], devait se mêler de façon intime à la politique profane et suivre en particulier les accidents de la politique italienne.

Avant d'observer la fortune de cet amalgame déjà ancien, sous le règne de Henri II, il importe de noter les sentiments religieux du Roi. Celui-ci était un homme pieux, d'une religion simple, rigide et orthodoxe. Il apportait, en ces matières, la loyauté, la sincérité et le manque total de souplesse, qui formaient le fond de sa nature. Henri II fit observer, à la Cour et dans le royaume, l'abstinence du carême avec une rigueur qui allait jusqu'à la menace du bûcher. Les ambassadeurs, envoyés des princes protestants et protestants eux-mêmes, durent faire le Carême autant que les autres[64]. Jamais le nouveau Roi ne se laissa effleurer, comme son père, par l'influence de la Réforme : il supplicia les novateurs avec la plus roide cruauté. Ce prince, qui par piété ne chevauchait pas le dimanche, avait déclaré à Diane de Poitiers ne vouloir régner que sous la protection de Dieu[65]. De même, la reine Catherine de Médicis professait apparemment un catholicisme fidèle[66]. Enfin, l'Église de France, à cette époque, en dépit de grands abus, offrait pourtant la moindre part de scandales dans l'Europe occidentale. Vostre Esglise gallicane, écrivait Jean du Bellay au Roi, est celle qui aujourd'huy est des plus grandes, plus entières et moins contaminées en ce qui touche la foy et les mœurs[67]. Sous un tel prince, les conflits religieux devaient intéresser non la doctrine, mais la discipline : il y avait toujours eu, en France, moindre danger d'hérésie que de schisme.

Encore que des liens très étroits pussent réunir les politiques royale et pontificale, cette alliance restait toujours méfiante. Tout Très Chrétien qu'il fût, le roi de France n'était pas l'objet de la prédilection intime du Saint-Siège. Celle-ci, en dépit de querelles fréquentes, s'adressait au Roi Catholique, alors Empereur, Charles-Quint. Dans l'opposition des deux titres, il faut voir plus que les mots : par l'usage même, ces termes de chancellerie acquièrent, dans les documents, un sens précis. L'Empereur, plus pieux encore et surtout plus mystique que le Roi, — il entendait deux et trois messes par jour —, était le champion naturel, l'avoué de la papauté[68]. Il combattait le Turc et les hérétiques, alliés extérieurs du roi de France. Quelque orthodoxe que fût la foi de celui-ci, elle ne donnait pas à la Curie romaine les mêmes gages. Sans doute, le Souverain Pontife se plaignait autant de l'Empereur que du Roi ; mais il reprochait au premier l'excès de sa sollicitude pour les affaires du Saint-Siège, tandis que le second pêchait surtout par froideur. Aussi bien, dès le 2 avril 1547, Charles-Quint, défenseur de l'Eglise, s'était cru obligé d'avertir le pape des mauvaises dispositions du nouveau roi de France, en présumant que si François Ier avait tiré le Turc par les cheveux en la chrétienté, son fils l'y tirerait par les cheveux, les mains et les pieds[69].

 

Ces conditions religieuses expliquent l'extrême complexité, les contradictions, les reculs et les heurts cachés qui paraissent alors dans les négociations politiques, engagées entre le gouvernement royal et le Saint-Siège.

Si courtoises, amicales même que fussent ses relations avec Paul III et la famille Farnèse, Henri II avait manifesté, dès le début de son règne, une politique très gallicane. En matière de discipline ecclésiastique, il faisait soutenir par ses agents des propositions fermes et secrètement hostiles.

La translation du Concile général de Trente à Bologne, qui avait refroidi les rapports entre l'Empereur et le Saint-Siège, était la grande question religieuse du temps. François Ier n'ayant pu donner, avant sa mort, son adhésion à cette mesure, Paul III pressait le nouveau Roi de reconnaître le Concile de Bologne. Bien que l'Eglise gallicane se fût montrée assez hostile au Concile général, Henri II ne souleva pas de grosses difficultés : il lui parut utile de faire des concessions, en un temps où le Saint-Siège semblait favoriser les intérêts français en Italie. Dès le mois de juillet 1517, l'évêque d'Imola, Dandino, nonce en France, fit savoir à la Curie que le Roi enverrait à Bologne un ambassadeur, Claude d'Urfé, lequel avait rempli les mêmes fonctions à Trente : il serait accompagné de Michel de L'Hospital, Claude d'Espence, docteur en théologie, Antoine. Filhol, archevêque d'Aix, et Claude de La Guiche, évêque de Mirepoix, ce dernier connu pour homme très religieux et d'un entier dévouement au Siège romain. De plus, Henri II désigna les prélats qui représenteraient au Concile l'Eglise gallicane, à savoir les évêques d'Avranches, de Noyon, d'Angoulême, de Saint-Malo, de Saint-Brieuc, de Saint-Paul-Trois-Châteaux, de Séez, de Nevers et de Cavaillon, avec le général de l'Ordre des Minimes[70].

Le 12 août 1547, Henri II délivrait à Claude d'Urfé des instructions qui constituent le plus vif exposé des revendications de l'Eglise gallicane[71].

Au cas où le pape aurait demandé, par ses représentants, une moindre intervention du pouvoir royal dans les affaires de l'Eglise de France, l'ambassadeur devait élever contre la Curie un réquisitoire violent. Sur la question des annates, d'abord, d'Urfé avait mission d'exposer que c'était par abus et contravention directe aux décrets des Conciles généraux, en particulier des Conciles de Latran, de Constance et de Bâle, que le pape levait de telles rentes, — abus assez grave pour que le Souverain Pontife fût privé de sa dignité et déposé comme simoniaque. Les instructions dépeignaient les effets déplorables qui résultaient de ce système des annates et en particulier l'appauvrissement du royaume, dont tous les deniers passaient à Rome. En outre, le Roi s'élevait contre l'abus des provisions par prévention, procédure contraire aux décrets du Concile de Latran, par quoi se multipliaient les disputes et procès en Cour de Rome, où l'on n'examine rien que la bourse, dépouillant de leurs droits les prélats français. Les instructions demandaient qu'on revînt à la Pragmatique de Bourges. Enfin, l'ambassadeur devait aussi protester contre les abus que commettait la Curie en Bretagne, en Provence et dans les autres pays d'obédience.

Il apparaît que la préoccupation dominante du Roi et de ses ministres était celle de l'argent. Les instructions exprimaient une grande indignation contre les procédés innombrables, dispenses, pluralités de bénéfices, etc., au moyen desquels la Curie attirait à Rome les deniers du royaume. De ce point de vue, les plaintes de Henri II peuvent se classer sous trois chefs : revendication des droits des évêques français, que la Curie privait, par abus, de la nomination aux bénéfices de leurs diocèses, pour les livrer aux créatures italiennes ; opposition au développement de la juridiction ecclésiastique ; enfin, vives doléances au sujet des extorsions et pillages de la chancellerie et des tribunaux romains. Ces griefs, et particulièrement le dernier, manifestent la pensée constante du Roi et des légistes de son Conseil, en matière ecclésiastique ; griefs qu'il y a lieu de croire fondés, puisque Charles-Quint montrait, à la même époque, un mécontentement pareil au regard des excès de la bureaucratie romaine[72].

Claude d'Urfé arriva, le 9 septembre 1547, à Bologne, et deux jours après, le 11 septembre, il entrait au Concile[73]. Ainsi, dans le temps même que Charles de Guise se dispos sait à prendre la route d'Italie, pour aller proposer au pape une étroite alliance, comparaissait devant le Concile un ambassadeur de Henri Il, porteur d'instructions où s'affirmaient d'irrespectueuses attaques contre le Saint-Siège. Au Roi, très informé de la tradition gallicane, les usurpations de la Curie romaine semblent aussi dangereuses que l'hérésie.

Pendant l'année 1547, les tendances gallicanes du gouvernement royal ne paraissent qu'en des documents secrets : le fond hostile de la politique religieuse est voilé par l'aménité des relations temporelles. Mais, en 1548, la contradiction devient plus saillante.

D'abord, il répugne à la diplomatie du Saint-Siège de trop se compromettre en l'amitié d'un gouvernement qui lui-même n'éprouve aucun scrupule à s'allier au Turc. On apprend, en effet, au mois d'avril 1548, que la ligue, signée jadis par François Ier avec le sultan, est renouvelée et contient, cette fois, des clauses plus étroites[74].

D'autre part, la résistance qu'opposent le Roi et ses conseillers aux revendications ecclésiastiques et aux réformes mêmes, offre un sujet d'irritation croissante. Dès le pontificat de Paul III, le Saint-Siège tentait d'apporter quelques remèdes aux abus de l'Eglise. Au printemps de 1548, le Sacré Collège adressa une lettre à Henri II pour le prier de mettre à exécution, dans son royaume, un décret du pape qui interdisait aux bénéficiers d'administrer plus d'une église cathédrale où métropolitaine, et ordonnait aux prélats, pourvus par le passé, de se démettre, en conformité des nouvelles règles. Tandis que le parti gallican et les fastueux cardinaux, que pensionnait le Roi, s'opposaient vivement à la réforme, les simples évêques français soutenaient cette juste mesure. Le cardinal Saincte-Croix, écrit Jean du Bellay, dist en plein consistoire avoir charge très expresse des prélats françoys estants à Bologne de remonstrer à Nostre Sainct-Père que ce qui faisoit en vostre royaume l'état ecclésiastique si désordonné qu'il est, y régner tant de scandales, Dieu y estre si mal servi et les pouvres âmes aller tous les jours en perdition, ce n'étoit sinon à cause de la pluralité susdite, contre laquelle le peuple de vostre royaulme crie, ainsi que disent les dits prélats[75].

Henri II refusa de faire appliquer de suite le décret pontifical[76]. Esprit routinier, il s'opposait aux innovations religieuses, qu'elles vinssent de l'Eglise romaine ou de ses adversaires. Ce refus marque nettement le caractère du Roi et les principes de sa politique religieuse. Seule, l'influence de ses conseillers favoris pouvait modifier de telles dispositions. Mais, sur le fait de la pluralité des bénéfices, l'accord s'était conclu entre les ministres rivaux : la maison de Guise eût ressenti plus que personne les dommages causés aux grands bénéficiers par cette réforme[77] : quant aux gallicans, ils prétendaient repousser l'ingérence de la Curie dans leurs affaires. Jean du Bellay défendait avec esprit la mauvaise cause du Roi : Desjà, écrivait-il au sujet des églises, tous les cardinaulx qui en tenoient plus en Italie se sont réduicts à une. Il est vray qu'ils n'ont pas eu grand interestz, car chacun d'eulx a retenu regrectz et quasi tous les fruictz Encore ont-ils pour la plupart prins en bénéfice récompense de leurs résignataires maltant ou plus que ne montent lesdicts fruictz, au moyen de quoy aulcuns y ont gaigné et nul d'eulx y a perdu. Si, ne laissent-ils pour cela de se magnifier par entre eulx de l'exemple qu'ils donnent aux aultres, se plaisants fort en eulx-mesmes, et, ainsi qu'on dit, s'entre-chatouillent l'ung l'aultre de ce faict, et cependant cryants contre nous, comme s'il ne tenoit plus que à nous que la primitive Esglise ne fust restituée en son ancienne beaulté[78].

L'attitude du gouvernement en matière religieuse indignait Paul III : celui-ci s'étonnait de trouver en un roi d'apparence débonnaire une résistance aussi tenace, retombant toujours à la fin là dessuz qu'il ne se peult persuader qu'ung prince qui a de son commencement donné si bonne odeur de soy, voulust desnyer au Sainct-Siège Apostolicque les choses de justice après les luy avoir asseuréez[79]. Sur tout le domaine des affaires ecclésiastiques, qu'il s'agît d'induits ou même de conciles nationaux, le Roi soutenait fortement la tradition gallicane. Le fond de sa politique et l'activité de ses agents à l'égard de l'Eglise se manifestaient par le désir inextinguible de recouvrer ung jour la Pragmatique[80].

Comme de coutume, les tendances du Roi étaient renforcées par les Parlements, les Universitez et Facultez, et mesmement celle de théologie, qui de tout temps a, comme chascun scayt, en la teste ceste auctorité suprême des conciles et des prélatz[81]. Lorsque le cardinal de Lorraine fonda, en 1549, une Université dans la ville de Reims, Paul III lui décerna des bulles qui déclaraient, entre autres faveurs, que le Roi serait absous de toutes les excommunications qu'il avait pu encourir. Cette libéralité de la Cour de Rome fut refusée par le Parlement de Paris. Celui-ci ne consentit à vérifier les bulles qu'après y avoir inséré la mention que nonobstant cette prétendue absolution, on ne pouvoit inférer que le Roy eust esté ou peust estre à l'advenir aucunement, ny pour quelque cause que ce fust, sujet aux excommunications et censures apostoliques, ny préjudicier aux droits, privilèges et prééminences du Roi et son royaume[82].

Paul III saisit l'occasion du voyage de Henri Il en Piémont, aux mois d'août et de septembre 1548, pour faire présenter au Roi, par un envoyé extraordinaire, les revendications du Saint-Siège en matière religieuse. Cet ambassadeur, Bartolomeo Cavalcanti, rencontra la Cour, nous l'avons dit, à Pignerol : il exposa au Roi, à Montmorency et aux Guises les doléances du pape, en particulier sur la matière des indults, mais, en dépit de ses efforts qu'appuyèrent les nonces ordinaires, il ne retira de ces entrevues successives que des promesses aimables[83].

Paul III, jusqu'à sa mort, trouva les mêmes résistances ; Henri ll repoussa les empiétements de la Curie avec constance. Il est vrai que le Roi donnait à la religion d'autres gages : pour continuer sa possession du nom et titre de Très Chrétien, il faisait exécuter les hérétiques par les carrefours de ses bonnes villes. Contre la Réforme et contre le Saint-Siège, il maintenait la foi et les prérogatives de l'Eglise nationale[84]. Au reste, le péril de l'hérésie ne s'était pas encore imposé assez fort aux préoccupations des gallicans et des ultramontains, pour que les uns et les autres dussent négliger leurs querelles ordinaires.

 

Ces disputes ecclésiastiques rendent précaire tout projet d'accord entre la diplomatie du Roi et celle du pape, dans le domaine de la politique temporelle, d'autant que le parti hostile aux aventures italiennes se confond, en France, avec le parti gallican. Ainsi s'explique qu'après les grandes courtoisies, qui ont entouré le voyage de Charles de Guise, survienne, en 1548, un refroidissement notable. Même, la mauvaise humeur de Henri II, éveillée par les efforts que déploie le nonce auprès de Charles-Quint, Pietro Bertano, pour réconcilier l'Empereur et les Farnèse, se changerait bientôt en hostilité, si l'influence des Guises et des fuorusciti[85] et une affection ancienne envers Horace Farnèse ne maintenaient l'esprit du Roi, malgré Montmorency.

Au printemps de cette année 1548, Paul Ill, demeuré sous le charme des promesses du jeune cardinal de Guise, s'étonne des hésitations du Roi. Le 7 mai, Alexandre Farnèse adresse à Charles de Lorraine une demande précise touchant ce qui reste à esclarcir pour l'exécution et accomplissement de ce qui est commencé entre Sa Majesté et Sa Sainteté. Charles, surpris, à son retour d'Italie, par les intrigues du connétable, et, d'ailleurs, tout occupé à négocier le mariage de son frère François avec Anne d'Este, donne en réponse des assurances vagues : Sa Majesté n'a jamais esté despourveue de bon vouloir, mais a tousjours désiré que les choses s'entretinssent et passassent ainsy qu'il avoit esté accordé quant j'estoys par delà. Et il ajoute cet aveu, qui révèle les objections soulevées dans le Conseil du Roi : S'il s'est trouvé quelques longueurs ou retardement de temps, les difficultéz des choses qui estoyent ambigiies les ont engendrées[86]. En fait, à cette époque, toute l'activité italienne de la diplomatie royale est occupée à Ferrare : on s'efforce, à l'occasion du mariage d'Anne d'Este, d'entraîner Hercule II dans une alliance avec la France et, pour attirer ce prince méfiant, on lui promet la cession du comté de La Mirandole, dont le possesseur, Galeotto Pico, serait récompensé par le duché de Chartres[87].

De l'indifférence du gouvernement royal les Farnèse rendent responsable le nonce, Michele della Torre, évêque de Ceneda, qui a remplacé Dandino, au mois de septembre 1547. Ils décident de renvoyer Dandino à la Cour, en le chargeant d'une mission extraordinaire : en effet, l'ancien nonce quitte de nouveau Rome, le 4 juin 1548, emportant la somme de tous les manèges de Sa Sainteté avec le Roi Très Chrétien, passe par la Suisse, et rejoint Henri II à Is-sur-Tille, le 26 juin[88] : de là en compagnie de la Cour, il s'achemine en Piémont. Les Morusciti s'agitent alors et le pape réclame encore l'envoi de Piero Strozzi à Parme[89]. Dans l'entourage du Roi, ces pressions déterminent une recrudescence de compétitions : les Guises poussent le projet d'une ligue offensive, qui tiendrait en respect la grandezza de Charles-Quint ; Montmorency approuve le principe d'une ligue strictement défensive, dont nulle clause ne puisse provoquer la guerre. Au reste, l'obstacle principal à toute entente définitive réside dans l'avidité des Farnèse : ceux-ci demandent au Roi de fournir sept cent mille écus, qui seraient déposés à Rome d'avance par les banquiers de la couronne, mais Henri II ne veut pas que ses deniers sortent de Lyon[90]. Les négociations de Dandino, comme celles du nonce Della Torre, cheminent sur un terrain difficile. A partir du mois d'août 1548, c'est au contraire la diplomatie pontificale qui devient fuyante. Rebelle aux propositions onéreuses de ligue offensive, Henri II poursuit cependant son dessein d'alliance pacifique avec le Saint-Siège et réclame vivement les garanties territoriales qui ont été promises en faveur de Horace Farnèse, le fiancé de sa fille légitimée, Diane. Au contact de la terre italienne, dans le voyage de Piémont, l'ambition du Roi s'anime. De Suse, le 10 août, Henri II dépêche à Rome le secrétaire L'Aubespine, avec mission d'obtenir que Paul III réalise ses engagements, quant à l'investiture de Parme, promise à Horace Farnèse. Le choix d'un secrétaire pour accomplir cette mission en indique l'importance. Arrivé à Turin, le Roi renouvelle ses instructions à L'Aubespine, par des lettres datées du 14 août[91].

Le secrétaire L'Aubespine entra à Rome, le 18 août, et, le lendemain, accompagné du cardinal du Bellay, de l'ambassadeur de Gié et de M. de Chemault, il présenta au pape la requête de son maître. Paul III accueillit par d'aimables propos l'envoyé extraordinaire, mais quant c'est venu au joindre et que ledit de L'Aubespine l'a voulu estraindre pour y fournir de sa part, [le pape] a mis en avant le dangi er qu'il y avoit de bailler l'investiture de Parme au duc Oracio, se promettant que aussitost il auroyt la guerre sur les bras, et qu'il vouloyt premièrement voir le roy armé[92]. Ce refus imprévu faillit provoquer une rupture éclatante. Montmorency, furieux d'avoir été entraîné et berné, accusa le pontife d'ingratitude : Je vous puis dire, écrivait-il à Charles de Marillac, que le Roy a oppinion que ce bonhomme, mené de la main d'aultruy, obliera la mort de son fils et le tort que l'on luy a faict[93]. Paul III, lassé des tergiversations du gouvernement royal, préparait maintenant sa réconciliation avec Charles-Quint.

L'Aubespine quitta Rome dans la nuit du 22 août, non sans avoir montré son dépit. Il partit brusquement, en repoussant les instances des Farnèse, qui le priaient d'attendre le retour de Bartolomeo Cavalcanti, envoyé à la rencontre du Roi, en Piémont[94].

L'échec de la mission politique de L'Aubespine irrita vivement l'un et l'autre partis de la Cour de France, le connétable et les Guises. Mêlant des grains de gallicanisme à leur indignation contre le renardique Paul III, Montmorency, le chancelier Olivier et L'Aubespine même enseignent au Très Chrétien l'irrespect à l'égard du pontife. Vous jugerez clairement et évidemment, écrit Montmorency au Roi, que le pape avec ses ministres vous ont jusques icy usé de toutes dissimulations, lesquelles ils ont depuis quelque temps voulu couvrir de pur mensonge, pour en former une vraye meschanceté, puisqu'il fault que je l'appelle ainsi[95]. De son côté, Charles de Guise, las d'être invoqué et pris à partie pour ses promesses passées, se dégage avec vivacité et reproche aux Farnèse leurs faux-fuyants[96].

Cette mauvaise humeur générale provoque bientôt de petites exécutions. Le nonce extraordinaire, Hieronimo Dandino, et François de Gié, ambassadeur du Roi à Rome, accusés de maladresse, sont rappelés l'un et l'autre par leurs gouvernements. L'ambassade de Rome est alors confiée au gallican Claude d'Urfé, qui, parti de Lyon le 26 septembre, arrive dans la Ville éternelle, le 6 novembre 1548[97].

L'année suivante, c'est le cardinal du Bellay qu'on sacrifie. Les Guises, nous l'avons dit, ne l'aimaient pas : ils le rendirent responsable des négociations flottantes, dans lesquelles s'énervait la politique italienne. A dire vrai, Jean du Bellay manquait de fermeté, ne sachant obtenir du Saint-Siège ni l'accomplissement de ses promesses politiques, ni le retrait de ses prétentions ecclésiastiques : la Curie persistait à demander l'application du décret sur la pluralité des bénéfices et ne cessait d'importuner le gouvernement royal au sujet des induits[98]. Au début de mars 1549, du Bellay ayant transmis de nouveau par lettre les réclamations du Saint-Siège au sujet de cette question des induits, Charles de Guise, d'ordinaire fort réservé, ne put cacher sa colère[99]. On accusa le vieux cardinal, enclin aux confidences et doué d'un cœur trop sensible, d'avoir manqué de prudence dans ses relations avec Mendoza, ambassadeur de Charles-Quint à Rome. Il est permis aussi de penser que Jean du Bellay, très pacifique, mécontenta le parti belliqueux de la Cour par le projet, qu'il avait ébauché, d'une réconciliation entre l'Empereur et le Roi[100]. En outre, pressentant la mort du pape, les Guises et les Farnèse, au printemps de 1549, s'efforçaient de raviver leur alliance, affaiblie naguère par l'insuccès de la mission du secrétaire L'Aubespine. C'est, en effet, au mois de mai 1549, que, sur les instances du jeune Horace Farnèse, Paul Ill conféra à Charles de Guise le privilège de Cluny, dont nous avons noté plus haut l'importance[101]. Pour maintenir et augmenter ces bonnes dispositions, et aussi pour préparer la voie aux ambitions pontificales de la maison de Lorraine, les Guises désiraient envoyer à Rome un représentant qui, investi de l'autorité du Roi, défendit en même temps leurs propres intérêts.

Montmorency ne fit rien pour sauver de la disgrâce Jean du Bellay, bien qu'il fût son ami. Le connétable, nous l'avons vu, saisit, dans ce jeu d'intrigues, l'occasion qui s'offrait d'éloigner Hippolyte d'Este, cardinal de Ferrare, dont la récente alliance avec les Lorrains l'inquiétait.

En vain, du Bellay montra-t-il son dévouement. Quelques jours après avoir donné, en l'honneur de la naissance du duc d'Orléans, le fameux spectacle de la Sciomachie[102], il apprit quelles accusations de maladresse politique formulaient contre lui, à la cour de France, ses ennemis stimulés par les Guises ; en même temps, il reçut la nouvelle de l'arrivée prochaine d'Hippolyte d'Este à Rome. Le malheureux cardinal en fut tout abattu[103]. A ce moment même, les événements semblaient confirmer les accusations portées contre lui : Paul Ill réglait les termes de sa réconciliation avec Charles-Quint et fixait l'héritage de ses petits-fils d'une manière qui ne pouvait être agréable au gouvernement royal. Révoquer à l'Eglise le duché de Parme, donner en échange à Octave Farnèse, gendre de Charles-Quint, le duché de Castro, dont serait frustré Horace Farnèse, lequel devrait s'accommoder du maigre Etat de Camerino, telles étaient les dispositions que préparait le vieux pontife, à l'approche de la mort[104]. Il pressait d'aviser.

 

Dès le mois de mars 1549, Henri II avait décidé de hâter le départ du cardinal de Ferrare pour Rome. Au cours d'une audience, qui lui fut accordée, le 3U mars, à Chantilly, Hippolyte d'Este reçut mission d'empêcher par tous ses efforts la réconciliation définitive de Paul III avec l'Empereur[105] ; plus tard, le Roi lui donna l'autorité nécessaire pour proposer un nouveau projet de ligue à la diplomatie pontificale[106].

Hippolyte prit congé du souverain, le 8 mai, à Saint-Germain-en-Laye : le cardinal de Guise, accompagné de la majeure partie de la maison de Lorraine, l'accompagna jusqu'à Paris. Le protecteur allait représenter en Italie le Roi et les Lorrains[107]. Nous avons vu qu'il arriva, le 13 juillet, dans la Ville éternelle ; il y prit aussitôt la direction des affaires de France. Quelques jours auparavant, le personnel de la secrétairerie d'Etat avait été renouvelé : Hieronimo Dandino, assisté d'Annibal Caro, avait reçu la charge des négociations avec l'Allemagne ; les affaires et les négociations avec la France avaient été confiées à Bartolomeo Cavalcanti et à Sebastiano Gualterio, ancien secrétaire du cardinal Trivulzio, sous la direction suprême de l'évêque de Pola[108].

Cependant, le cardinal du Bellay restait à Rome. Le Roi lui donna ordre de continuer l'examen des affaires politiques, de concert avec Hippolyte d'Este et l'ambassadeur d'Urfé[109]. Mais cette situation ne pouvait durer longtemps : l'arrogance du cardinal de Ferrare et la susceptibilité de Jean du Bellay se heurtèrent bientôt[110]. Celui-ci demanda son rappel : vers le 15 septembre, il reçut une lettre de son frère, Martin, seigneur de Langey, annonçant que le Roi lui donnait congé de quitter l'Italie et de rentrer à la Cour, où il serait accueilli de bonne grâce[111]. Jean partit de Rome, le 22 septembre ; il laissait son rival maître des négociations[112].

Les instructions que Henri II avait remises au cardinal de Ferrare le chargeaient d'exiger du pape, avant tout, la cession de l'Etat de Parme à Horace Farnèse, fiancé de Diane. Grand fut l'étonnement d'Hippolyte d'Este, lorsqu'arrivé à Rome, il trouva la question résolue en sens contraire par Paul III. Horace, il est vrai, refusait d'accepter Camerino que lui offrait son grand-père et s'appuyait, pour réclamer Parme et Castro, sur les promesses consenties naguère à Henri II par la diplomatie du Saint-Siège. Par contre, le pape s'obstinait à vouloir réunir aux Etats de l'Eglise les duchés, qui en avaient été distraits jadis pour apanager son fils, puis ses petits-fils : c'était le seul moyen de regagner l'amitié de l'Empereur et d'assurer la tranquillité de sa propre vieillesse[113].

Surpris, le cardinal de Ferrare se hâta d'envoyer à la Cour un secrétaire, Francesco Villa, pour demander l'avis du Roi[114]. Henri II ne mit guère de diligence à y répondre, et c'est seulement le 10 octobre que Villa repartit de Compiègne pour Rome, chargé d'instructions tendant à renouer les vieilles pratiques de la ligue défensive[115].

En réalité, tout le monde sentait proche le temps où il faudrait agir, et non plus négocier. Le dernier acte de la longue et trouble comédie qui s'était développée, au milieu des intrigues, des appétits et des haines, sous le pontificat du tortueux Paul III, se joua à l'automne de 1549[116]. Le héros en fut Octave Farnèse. Ce personnage devait figurer, pendant sept ans, parmi les bénéficiaires de la politique italienne de Henri II.

Fils de Pier Luigi, Octave Farnèse, né en 1324, avait épousé, quatorze ans plus tard, la veuve d'Alexandre de Médicis, Marguerite d'Autriche[117]. Cette femme illustre, née des amours fugitives de Charles-Quint avec une humble tapissière brabançonne, apportait, dans son nouveau mariage, de fâcheuses répugnances conjugales, mais aussi des vertus de santé, de labeur et de réalisme qui lui permirent, parmi les révolutions et les traverses, de sauver toujours sa fortune propre. Sous une telle influence, le caractère d'Octave Farnèse, trop jeune époux, mais politique déjà mûr, prit bientôt tout son relief : ce caractère était fait d'une extraordinaire ténacité dans la ruse et l'avarice. Octave avait retenu tous les vices des Farnèse, sans garder le brillant dont se paraient ses frères[118]. Titien lui a donné la pose d'un quémandeur[119] : l'historien ne peut qu'accentuer encore ce trait.

L'avidité d'Octave était soutenue par une singulière énergie et le plus parfait manque des scrupules. Duc de Camerino et préfet de Rome, en 1539, chef de l'avant-garde espagnole, en 1541, dans l'expédition d'Alger, il poursuivit, à dix-neuf ans, la réalisation de ses rêves de fortune, la possession du duché de Milan ou de l'Etat de Sienne. Frustré de l'une et l'autre proies, il n'hésita pas à disputer à son propre père, en 1545, par des intrigues secrètes, le duché de Parme. Il n'obtint que le duché de Castro, cédé par Paul III contre restitution à l'Eglise de l'Etat de Camerino. Octave servit ensuite Charles-Quint et se distingua dans les guerres germaniques. Après l'assassinat de Pier Luigi, en septembre 1547, les Parmesans l'acclamèrent comme leur duc. De ce jour, il devint suspect aux Impériaux. Poursuivi par l'inimitié de Ferrante Gonzague, menacé par Charles-Quint, exhorté par son grand-père Paul III, Octave garda jalousement son duché jusqu'en 1549.

A cette date, nous l'avons vu, le pape, désireux d'ôter tout objet aux ambitions contradictoires des Espagnols et des Français, décida de réunir aux Etats de l'Eglise le duché de Parme, — Plaisance étant occupée par les troupes de l'Empereur : il dédommagerait ses petits-fils, en donnant à Octave le duché de Castro et à Horace l'Etat de Camerino. Solution qui indisposait surtout le parti français, puisqu'elle enlevait à Horace Farnèse toute chance d'obtenir le duché de Parme, alors que l'Empereur gardait Plaisance. Pour accomplir son dessein, Paul III usa de détours : il rappela subitement Octave à Rome et dépêcha en hâte à Parme Carrillo Orsini, qui prit possession de la ville au nom de l'Eglise[120]. Furieux d'avoir été la dupe d'une telle fourberie, Octave s'enfuit de Rome avec quelques fidèles et courut à l'improviste pour surprendre Parme[121]. Grâce au sang-froid d'Orsini, le coup échoua, et Octave, la rage au cœur, dut se retirer à Torchiara. Alors il s'efforça d'engager des pourparlers avec son vieil ennemi, don Ferrante Gonzague. Le pauvre seigneur, écrivait Amnibal Caro, le 30 octobre, se trouve en état de faire pitié : il croit être la risée de tout le monde, se plaint de la fortune et accuse l'infidélité de ceux qui l'ont trahi. Averti des nouvelles menées d'Octave, Paul HI, pris de colère, somma son petit-fils de rentrer à Rome. En réponse, celui-ci adressa une lettre à son frère Alexandre, dans laquelle il déclarait, avec cynisme, que, dépouillé par son grand-père, il saurait rentrer à Parme grâce aux secours de Gonzague et des Espagnols. Cette lutte morale avait épuisé les forces du vieux pontife : lorsque le cardinal Farnèse lui communiqua la lettre d'Octave, Paul III s'affaissa. Quelques jours après, le 10 novembre 1540, le pape mourait, âgé de quatre-vingt-trois ans[122].

On apprit, au lendemain de cette mort, que le pontife avait signé in extremis un bref ordonnant à Camillo Orsini de rendre Parme à Octave. Il paraît certain que cet acte fut extorqué au moribond par le cardinal Alexandre, qui soutenait son frère, de complicité avec Bartolomeo Cavalcanti[123]. Mais informé de suite, Hippolyte d'Este dépêcha un courrier rapide au gouverneur Orsini, qui refusa d'exécuter la dernière volonté de Paul III[124].

 

Paul III, à sa mort, laissait en suspens deux graves questions, l'une spirituelle et l'autre temporelle, qui devaient se mêler bientôt et provoquer un conflit violent : d'une part, la question du Concile général, qui avait été transféré de Trente à Bologne, comme nous l'avons dit, et que Charles-Quint demandait qui fût rétabli à Trente ; d'autre part, la question de l'Etat de Parme, dont Octave Farnèse, bien que dépouillé par surprise, restait possesseur légal, en dépit de l'Empereur et même contre le désir exprimé par le pape défunt, quelques mois auparavant. Menacés des représailles de Charles-Quint, les Farnèse n'hésitèrent pas sur le parti à prendre. Pendant l'agonie même de son grand-père, le cardinal Alexandre avait déclaré à M. d'Urfé : Monsieur l'ambassadeur, il y a longtemps que de parolles je me suis déclairé serviteur du Roy ; maintenant, il touche à le monstrer par effect. Je vous prie, tant comme je puis, luy escripre et asseurer que je me veulx du tout mettre entre ses braz, le faisant arbitre de ma bonne ou maulvaise fortune, comme prince auquel je veulx espérer[125]. Le bien immédiat qu'attendait du Roi Alexandre Farnèse, c'était le vote en sa faveur des cardinaux français, au conclave qui allait s'ouvrir.

Deux des cardinaux français seulement se trouvaient à Rome quand Paul III mourut[126]. Hippolyte d'Este, cardinal (le Ferrare, protecteur des affaires de France, s'efforça de faire retarder la date des obsèques et de l'entrée en conclave. Accablé déjà par les intrigues qui se nouaient de tous côtés, Hippolyte pressait les cardinaux français en retard de se rendre à Rome. J'eusse fort désiré, écrivait-il à François de Guise, que M. le cardinal vostre frère oust esté par deça, qui a la complexion forte et gaillarde, affin qu'il mist de son costé porté partie du poys que je soustiens, pour le peu de repos que j'ay à attirer et entretenir icy un chacun le plus que je puis à la dévotion du Roy[127].

Le 21 novembre, Octave Farnèse, grâce aux efforts de son frère Alexandre et de Marguerite d'Autriche, obtint réparation. Une congrégation des cardinaux, tenue ce jour là — une semaine avant l'ouverture des opérations du conclave — déclara, sur examen d'un auditeur de la Chambre, valide et authentique le bref signé par Paul III in extremis, et décida, à l'unanimité moins deux voix, celles des cardinaux de Trani et Théatin, d'adresser à Camillo Orsini l'ordre de remettre Parme à Octave[128].

Le 29 novembre, quarante et un cardinaux entrèrent en conclave. Avant de commencer les opérations, ils arrêtèrent un certain nombre d'articles, que chacun jura d'observer, s'il était élu pape. Parmi ces articles, se trouvait l'obligation de mener à bien le Concile général et la réforme de l'Eglise.' En outre, les papabili prirent l'engagement dangereux de maintenir Octave en la possession du duché de Parme[129].

Autour de l'élection, les intrigues politiques et personnelles des cardinaux se déployèrent sans vergogne. Pour diriger et réformer l'Eglise, les conclavistes se souciaient peu d'élire un saint. Aucuns ont mis en avant le cardinal de Sainte-Croix, écrivait d'Urfé, et ne s'est trouvé difficulté en luy sinon qu'il estoit trop homme de bien pour estre pape... On dit que d'un bon moyne on peut faire un mauvais abbé, et que semblablement on pourroit douter que Sa Sainteté ne le fist changer[130]. Reginald Pole, cardinal anglais du parti impérial, recueillit dans les premiers scrutins le plus grand nombre de voix : cet homme, fort intelligent, eût été élu, s'il n'avait rencontré l'opposition des cardinaux français[131]. Ceux-ci se livraient à un trafic notoire : ils avaient emporté au conclave cent-cinquante mille écus pour acheter des votes[132]. Pourtant, cinq membres de la nation française, Guise, Vendôme, du Bellay, Châtillon et Tournon étaient absents. Les quatre premiers débarquèrent à Livourne, le 8 décembre, et entrèrent à Rome, le 12 ; le même jour, arrivait Tournon, venant de Civita-Vecchia[133]. Cette nouvelle troupe apportait également bonne somme de deniers, pour s'en aider selon l'occurrence des affaires[134]. Les intrigues prirent un tour de plus en plus scandaleux. Le parti français, qui avait le nombre et la richesse, se divisa en factions haineuses et dispersa ses voix sur les noms des cardinaux Farnèse, de Ferrare, de Lorraine, de Trani et Salviati. Jean de Lorraine était entré à Rome, le 1er décembre, avec une pompe où paraissaient clairement ses ambitions[135]. Mais les amis de Montmorency avaient reçu l'ordre d'élire un Espagnol plutôt qu'un Guisard. Le résultat fut qu'au bout de deux mois de conclave, tous se disputaient encore[136].

Enfin, le roi de France, mû par les conseils perfides de Montmorency, intervint pour presser les choses : il ruinait ainsi les intrigues et les espérances des Lorrains. Le 6 février, Henri Il adressait au cardinal de Guise l'ordre de reporter les voix françaises, après marchandage, sur un candidat neutre : Si vous venez à être réduits à la nécessité de faire un pape, pour lequel vous aurez longuement marchandé à vous déclarer... assurez-vous qu'il s'en voudra quelque jour prévaloir, s'il est de cœur[137].

Avant l'arrivée de cette lettre, le 7 février 1550, le cardinal del Monte fut élu pape. Les Français, à bout d'expédients, avaient voté pour lui, bien qu'auparavant Charles de Guise l'eût déclaré léger, vicieux, indigne de la tiare[138].

 

 

 



[1] L'évêque de Forli au duc de Florence, 1547, 7 juillet (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 4304 ; orig.).

[2] Harangue funèbre de Diane de France par Mathieu Mourgues (Paris, 1619, in-8°).

[3] Horace Farnèse au cardinal Alexandre, 1542, 8 juillet, Ligny (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 398, fascic. 7 ; orig.).

[4] Horace Farnèse au cardinal Alexandre, 1546, 21 mars (Arch. de Naples, Carte Farnes., fasc. 398, fasc. 7 ; orig.). Cf. L. ROMIER, Les premiers représentants de la France au palais Farnèse (Mélanges d'Arch. et d'hist., t. XXXI, p. 22). — En janvier 1547, Horace tomba malade à Châlons en Champagne, et y fut soigné par Guido Fiorentino, medico che legge publico in Parigi. J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 8 janvier, La Ferté-Milon (Arch. d'État de Modène, Francia ; orig.).

[5] Bulle pour le faict de la légation du cardinal Saint-George, enregistrée sur lettres du Roi, datées de Saint-Germain, le 29 mai 1547, au Parlement de Paris (Arch. Nat., XIA 8646, fol. 16-17).

[6] Horace Farnèse au cardinal Alexandre, 1547, 20 mai, Paris (Arch. d'Etat de Naples, carte Farnes., fascio 398, fasc. 7 ; orig.).

[7] 1547, 30 juin (Arch. de Naples, Cartes Farnes., fascio 274, fasc. 1 ; original sur parchemin). Cf. Saint-Mauris au prince d'Espagne, 1547, 29 juin, Poissy (Arch. Nat., K 1486-1487, n° 70 ; trad. esp. s.).

[8] Le cardinal de Saint-George au cardinal Farnèse, 1547, 15 juillet, Paris (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. 1A, fol. 327 ; orig.).

[9] G. Ardinghello à Sfondrato, 1547, 31 mai (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnes., Roma ; min.). Verallo au cardinal Farnèse, 1547, 31 juillet-1er août, Augsburg (W. FRIEDENSBURG, Nuntiaturberichte aus Deutschland, t. X, pp. 63-64). L'évêque de Forli au duc de Florence, 1547, 19 novembre, Augsburg (Arch. de Florence, Mediceo, 4304, fol. 219-221 ; orig.).

[10] Le cardinal Trivulzio à Montmorency, 1547, 27 juillet, Rome (G. RIBIER, op. cit., II, 39).

[11] Le nonce au cardinal Farnèse, 1541, 14-15 février (Arch. vatic., arm. VIII, ordo 1a, t. V, fol. 65 ; orig.).

[12] Horace Farnèse au cardinal Alexandre, 1547, 20 mai, Paris (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 403, fasc. 1 ; orig.).

[13] Le cardinal Farnèse à Henri II, 1547, 27 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 401, fasc. 7 ; minute).

[14] Le cardinal Farnèse à M. de Nicolaï (?), 1547 (Arch. Vatic., Borghèse, I, 3, fol. 64 ; copie XVIe s.).

[15] Henri II au duc de Ferrare, 1547, 13 juillet, Ecouen (Arch. d'Etat Modène ; Principi esteri, Enrico II : orig.).

[16] Le 20 août, il est à Plaisance. F. Vinta au duc de Florence, 1547, 21 août, Milan (Arch. de Florence, Mediceo, 3101, fol. 706 v. ; orig.).

[17] A. Serristori au duc de Florence, 1547, 13 septembre, Rome (Mediceo, 3464 ; minute).

[18] Henri II au duc de Mantoue, 1547, 24 juin, Anet (Arch. d'Etat de Mantoue, Francia ; orig.). Charles de Guise au cardinal Farnèse, 1547, 28 juin, Anet (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 711 orig.).

[19] Dandino au cardinal Farnèse, 1547, 27 juin, Paris (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 697, fasc. D ; orig.).

[20] Arch. Vatic., Lib. brev. Pauli III, t. XXXIX. fol. 227 ; min. A. Serristori au duc de Florence. 1547, 28 juillet et 9 août, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3464 ; min.). Cf. G. RIBIER, Lettres et Mémoires, t. II, pp. 40-41.

[21] Math. Dandolo et Fr. Giustiniani au Conseil des Dix, 1547, 14 août, Compiègne (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci al Consiglio dei Dieci, filza 28 ; orig.).

[22] Paul III à la Reine, 1547, 28 août (Arch. Vatic., Brev. Pauli III, t. XL, fol. 110 ; minute). La rose bénie fut apportée à la Cour per fratrem Michaelem ex Comitibus. Cf. RIBIER, op. cit., II, 53.

[23] Maffei au duc de Florence, 1547, 30 août, Narni (Arch. de Florence, Mediceo, 3101, fol. 716 : orig.).

[24] Alexandre, Octave, Horace, Ranuce et Vittoria Farnèse.

[25] Pour l'énorme bibliographie touchant Pier Luigi Farnèse, nous renvoyons le lecteur à LOTTICI ET SITTI, Bibliografia generale per la storia parmense (Parme, 1904, in-8°), et ALINOVI, Bibliografia parmense della seconda metà del sec. XIX (Arch. stor. per le provincie Parmensi, s. 5, t. II, 1905). — Voyez surtout RAF. MASSIGNAN, Il primo duca di Parma e Piacenza e la congiura del 1547 (Parme, 1907, in-8°). Don Ferrante Gonzague à Saint-Mauris, 1547, 12 septembre, Plaisance : récit de l'assassinat de Pier-Luigi et de la prise de possession de Plaisance (Arch. Nat., K 1486-1487, n° 87 ; orig.).

[26] Sur la loyauté de Henri II, Fr. Giustiniani au doge de Venise, 1547, 20 avril. Poissy (Arch. de Venise, Dispacci, Franza, reg. 3 ; orig.).

[27] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1547, 21 septembre, Fontainebleau (Arch. d'Etat de Modène, Princ. Estensi, Ippolito II ; orig.).

[28] Le cardinal de Saint-Georges et H. Dandino au cardinal Farnèse, 1547, 14 septembre, Fontainebleau (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. IA, fol. 340 v°-341).

[29] A. CARO, Lettere scritte al nome del cardinale Farnèse, t. I. p. 120.

[30] G. B. Ricasoli au duc de Florence, 1547, 22 septembre, Melun (Arch. de Florence, Mediceo, 4592, fol, 556 v° ; orig.).

[31] Bern. Medici, évêque de Forli, au duc de Florence, 1547, 26 septembre, Ausbourg (Arch. d'Etat de Florence, Medicoo, 4304, fol. 206 ; orig.).

[32] Mignanelli au cardinal Farnèse, 1547, 21 octobre, Augusta (Arch. d'Etat de Naples, Cartes Farnes., fascio 690 ; orig.).

[33] Diego Hurtado de Mendoza à Charles-Quint, 1547, 5 octobre, Rome (Rome, Arch. Corsini, vol. 498, fol. 129-131).

[34] W. FRIEDENSBURG, Nuntiaturberichte, t. X, p. 186.

[35] DESJARDINS, III, 214.

[36] Pandolfini au duc de Florence, 1547, 10 septembre, Venise (Arch. de Florence, Mediceo, 2967. fol. 660 ; orig.).

[37] Michele della Torre arriva le 19 septembre 1547, porteur d'un collier de perles de la valeur de quarante mille écus, destiné à Diane de France. J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 20 septembre, Melun (Arch. d'Etat de Modène. Francia : orig.).

[38] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 21 septembre, Fontainebleau (Arch. de Modène. Francia ; orig.).

[39] Le cardinal Farnèse aux légats du Concile, 1547, septembre (Arch. Vatic., Borghèse, I, 3, fol. 88 v° ; copie XVIe s.).

[40] F. Giustiniani au Sénat de Venise, 1547, 10 octobre, Moret (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, reg. 3 ; orig.).

[41] A. Serristori au duc de Florence, 1547, 25 octobre, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3465, fol. 2 ; min.). — Horace Farnèse à Octave, 1547, 5 novembre, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 252, fasc. 1 ; orig.). Octave Farnèse à Horace, 1547, 17 novembre, Bologne (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 404, fasc. 1 ; orig.). Les revenus du duché de Castro étaient alors estimés à vingt-deux mille écus. L'abbé Rossetto au duc de Ferrare, 1547, 5 novembre, Rome (Arch. de Modène, Roma ; orig.). Horace Farnèse fut aussi créé par son grand-père præfectus Urbis. Concilii Tridentini diaria, éd. Merkle, t. II, p. 9.

[42] Voyez plus haut liv. I, ch. II. — F. Giustiniani au Sénat de Venise, 1547, 2 octobre, Moret (Arch. de Venise. Dispacci, Franza, reg. 3 ; orig.). F. Vinta au duc de Florence, 1548, janvier, Milan (Mediceo, 3101, fol. 955-972 ; orig.).

[43] G. RIBIER, op. cit., II, 71-78.

[44] François de Lorraine au cardinal Farnèse, 1547, 1er octobre, Fontainebleau (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 185. fasc. 1 ; orig.).

[45] Henri II à Charles de Guise, 1547, 27 novembre, Fontainebleau. publ. p. A. VON DRÜFFEL, Briefe und Akten., t. I, p. 81.

[46] 1548, 18 janvier, Augsburg, publ. p. WEISS, Papiers de Granvelle, t. III, p, 288.

[47] Promesse signée Charles Cal de Guyse, Francoys de Rohan, 1548, 2 janvier, Rome (Arch. d'Etat de Parme, mazzo Guerra di Parma : orig.).

[48] Bemerkungen über nothwendige Aenderung des Französisch-päpstlichen Vertragsentwurfs (DRÜFFEL, op. cit., I, 84-85). Bon. Ruggieri au duc de Ferrare, 1547, 31 décembre, Rome (Arch. de Modène, Roma ; orig.).

[49] Le cardinal du Bellay à Montmorency, 1548, 28 janvier, Rome (DRÜFFEL, op. cit., I, 95-96).

[50] Bref à Charles de Guise, 1548, 2 janvier (Arch. Vat., Brev. Pauli III, t. XLI, fol. 4 ; min.). — Paul III à Henri II, 1548, 6 janvier, Rome (Loc. cit., fol. 52 ; min.).

[51] Charles de Guise au cardinal Farnèse, 1548, 24 février, Joinville (Arch. de Parme, Carteggio Farnesiano, Francia ; orig.). Le même au même, 1548, 28 février. Fontainebleau (Arch. d'État. de Naples, Carte Farnes.. fascio 185, fasc. 1 ; orig.). — Horace Farnèse à François de Lorraine, 1548, avril, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20548, fol. 84 ; orig.).

[52] Montmorency au cardinal Farnèse, 1548, 23 février, Fontainebleau (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 711 ; orig.).

[53] Henri II à Charles de Guise, 1547, 27 novembre, Fontainebleau (DRÜFFEL, Briefe, I, 80-83).

[54] Henri II au cardinal du Bellay, 1547, 5 novembre, Fontainebleau (Bibl. Nat., ms. fr. 3921, fol. 5 ; orig.).

[55] Henri II au duc de Ferrare, 1547, 17 novembre, Saint-Germain-en-Laye (Arch. d'Etat de Modène, Enrico II ; orig.).

[56] G. DE LEVA, Storia documentata di Carlo V, t. IV, pp. 379-380.

[57] FR. MUSSETTINI, Ricciarda Malaspina e Giulio Cibo (Modène, 1864, in-8°).

[58] Avis secret au duc de Florence (Arch. d'État de Florence, Mediceo, 384, fol. 173 ; orig.).

[59] Sources cit. — Avis de Venise au duc de Florence, 1548, 4 janvier (Arch. de Florence, Mediceo, 384. fol. 174 v°).

[60] DESJARDINS, III, 230.

[61] Don Ferrante Gonzague à l'Empereur, 1548, 27 janvier, Milan (Atti della Società Ligure di storia patria, t VII, p. 227). Le cardinal du Bellay au Roi, 1518, 1er février, Rome (DRÜFFEL, Briefe, I, 97). Correspondance de l'évêque de Forli, 1548, 6 février-16 avril (Arch. de Florence, Mediceo, 4304, fol. 238-260 ; orig.). — G. CANALE, Storia della repubblica di Genova dall'anno 1528 al 1550, p. 345 ; G. DE LEVA, op. cit., IV, 411.

[62] Cf. les considérations intéressantes de IMBART DE LA TOUR, Les origines de la Réforme, t. II, pp. 5, 12, 63-64.

[63] Voyez entre autres, les propositions très nettes soutenues par ET. PASQUIER, Les recherches de la France, l. III, ch. XVI. — Sur la publicistique gallicane du XVIe siècle, voyez Les sources de l'histoire de France au XVIe siècle, fasc. II, pp. 68-70.

[64] G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 12 mars, Paris (Arch. d'Etat de Mantoue, ambasciatori Francia : orig.).

[65] ALBERI, s. 1a, II, 173 (1547).

[66] ALBERI, s. 1a, II, 280 (1554).

[67] Le cardinal du Bellay au Roi, 1548, 14 septembre. Rome (G. RIBIER, op. cit., II. 164).

[68] Advocato della Chiesa, tel était le titre que donnait à Charles-Quint la chancellerie pontificale. — Cf. Relations des ambassadeurs vénitiens sur Charles-Quint et Philippe II, p. p. Gachard (Bruxelles, 1855, in-8°), p. 20.

[69] G. RIBIER, op. cit., II, 2. — A la date du 10 avril 1547, les Pères du concile de Bologne ne firent pas écho à ce cri d'alarme de l'Empereur. Tridentini diariorium pars prima, éd. S. Merkle, p. 638.

[70] Le cardinal de Saint-George et l'évêque d'Imola au cardinal Farnèse, 1547, 18 juillet, Paris (Arch. Vat., Nunz. Francia, 1 A, fol. 323 v°). — Concilii Tridentini diaria, I, 638, 640, 667, 680-681 ; LE PLAT, Histoire du Concile de Trente, t. IV, pp. 102-103.

[71] Voir les parties essentielles de ces instructions, d'après une copie italienne du XVIe siècle, conservée à la Bibl. Vaticane (Cod. Vatic., lat. 8193, pars la, fol. 302 et sqq.) — Cf. ALBERI, Relazioni, s. 1a, II. 173. Voyez aussi les notes réunies par F. AUBERT, Le Parlement au XVIe siècle (Nouvelle revue hist. du droit français et étranger, 1906, pp. 63 et sqq.).

[72] DESJARDINS, III, 231.

[73] Concilii Tridentini diaria, t. I, p. 693.

[74] DESJARDINS, III, 231.

[75] Le cardinal du Bellay à Henri II, 1548, 8 juin, Rome, p. p. DRÜFFEL, Briefe, I, 116.

[76] Henri II à noz très chers et grans amys les cardinaux du Sainct-Siège apostolicque, 1541, 10 avril, Saint-Germain-en-Laye : Très chers et grans amys, Nous avons par ci-devant receu la lettre que vous nous avez escripte, touchant ceulx d'entre vous qui ont l'administration de plus d'une église cathédrale ou métropolitaine en noz royaume et pals de nostre obéyssance, afin de s'en desmettre et n'en retenir que une, suivant le décret faict par Nostre Sainct Père le Pape, depuis deux ans en ça, sur quoy vous désirez que nous leur accordons et octroions nostre consentement, sans lequel ilz ne peuvent ne doivent faire aucunes permutations ou cessions, avec réservations, pensions et regretz. Lt combien que de leur part nous aient esté l'aictes jusques icy plusieurs requestes et instances tendans à ceste mesme fin d'obtenir nostre dict consentement, touteffois nous y avons faict difficulté pour les notoires intérest et préjudice que nous avons à telles démissions, en tant que touche les églises ès quelles par ci-devant a esté pourveu aux nominations tant du leu Roy nostre très honoré seigneur et père que Dieu absoille que de nous, et ce, pour les causes et raisons que vous sçavez et entendez assez, lesquelles nous meuvent encores de supplyer et requéryr Nostre duc Sainct Père mectre eu considération nostre duc intérest et préjudice, pour le regard des provisions du passé, et se contenter que sond. décret ait seullement lieu et sorte effect pour l'advenir, vaccations occurentes desd. esglises... (Arch. Vatic., Principi. t. XV, fol. 1 et 3 bis ; orig.). Le décret fut appliqué quelques années après. Hippolyte d'Este, par exemple, résigna l'archevêché de Lyon, en 1551, en faveur du cardinal de Tournon.

[77] Mich. della Torre, nonce, au cardinal Farnèse, 1540, 19 novembre, Poissy (Arch. Vat., Principi, t. XIV, fol. 100-105 ; orig.).

[78] Le cardinal du Bellay à Henri II, 1548, 8 juin, Rome, p. p. DRÜFFEL, Briefe, I, 116.

[79] Le cardinal du Bellay à Henri II, 1549, 10 janvier, Rome, p. p. DRÜFFEL, Briefe, I, 192.

[80] Le Roi au cardinal du Bellay, 1548, 27 décembre, Saint-Germain ; le cardinal du Bellay au Roi, 1549, 25 janvier, Rome, p. p. DRÜFFEL, op. cit., I, 194 et sqq.

[81] Le Roi au cardinal du Bellay, 1548, 27 décembre, Saint-Germain ; le cardinal du Bellay au Roi, 1549, 25 janvier, Rome, p. p. DRÜFFEL, op. cit., I, 194 et sqq.

[82] ET. PASQUIER, Recherches de la France, l. III, ch. XVIII.

[83] Instruttione a messer Bartolomeo Cavalcanti... (Bibl. Nat., ms. ital. 1171, fol. 187-189, et 1117, fol. 131-135 ; copies). Cf. A. PIEPER, Zur Enstehungsgeschichte der standigen Nuntiaturen (Friburg, 1894, in-8), pp. 194-196. — B. Cavalcanti au cardinal Farnèse, 1548, 7 septembre, Pignerol : récit de ses démarches (Arch. Vatic., Principi, t. XIV A, fol. 210 v° et sqq. orig.). Cavalcanti était accompagné de Fulvio Orsini, représentant du cardinal Farnèse. A. Serristori au duc de Florence, 1548, 23 août, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3466, fol. 24 ; orig ). — Sur la rencontre à Pignerol, Hippolyte d'Este au cardinal Farnèse, 1518, 3 septembre, Pignerol (Arch. d'Etat de Parme, Piemonte : orig.). Montemerlo à l'évêque de Pola, 1548, 6 septembre, Pignerol (Arch. de Parme, Roma ; orig.).

[84] Montmorency au cardinal du Bellay et à l'amb. d'Urfé, 1549, 8 juillet, Paris. p. p. DRÜFFEL, op. cit., I. 242. Cf. G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, II, 220, 230, 243 et sqq.

[85] C. WIRZ, Akten Liber die diplomatischen Beziehungen der römischen Curie zu der Schweiz (Bâle, 1895, in-8, pp. 442-443).

[86] Le cardinal de Guise au cardinal Farnèse, 1548, Esclairon (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnes., Francia ; orig.).

[87] A. Serristori au duc de Florence, 1548, 2 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3267, fol. 72 : orig.).

[88] A. Serristori au duc de Florence, 1548, 4 juin, Rome (Arch. de Florence, Mediceo, 3267, fol. 12 ; orig.). Michelo Francino au duc de Ferrare, 1548, 9 juin, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.). J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1548, 27 juin, Soulongé (Arch. de Modène, Francia ; orig.).

[89] A. Serristori au duc de Florence, 1548, 18-19 juin, Rome (G. CANESTRINI, Legazioni d'Averardo Serristori, p. 167). Le même, 18 juillet (Arch. de Florence, Mediceo, 3267, fol. 120 : orig.).

[90] G. CANESTRINI, op. cit., p. 173-177.

[91] A. Serristori au duc de Florence, 1548, 13 août, Rome  (Arch. de Florence, Mediceo, 3267, fol. 186 et sqq. ; orig.). — Hippolyte d'Este au cardinal Farnèse, 1548, 10 août, Novalese : recommande L'Aubespine (Arch. d'État de Parme, Piemonte : orig.).

[92] Montmorency à Marillac, 1548, 7 septembre. Embrun, p. p. DRÜFFEL, Briefe, I, 154.

[93] Montmorency à Marillac, 1548, 7 septembre. Embrun, p. p. DRÜFFEL, Briefe, I, 154.

[94] A. Serristori au duc de Florence, 1548, 22 août, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo. 3267, fol. 199 : orig.). — P. Bertano au cardinal Farnèse, 1548, 7 octobre, Bruxelles. W. FRIEDENSBURG, Nuntiaturberichte, XI, 112.

[95] G. RIBIER, op. cit., II, 155 et sqq.

[96] Serristori au duc de Florence, 1548, 28 septembre, Rome (Mediceo, 3267, fol. 262 ; orig.). Niccolo da Ponte au Conseil des X, 1548, 2 août, Rome (Arch. d'Etat de Venise, Capi Cons. X, Roma : orig.).

[97] Dandino prit congé du Roi à Pignerol, le 6 septembre 1548. Montemerlo à l'évêque de Pola, 1548, 6 septembre, Pignerol (Arch. d'Etat de Parme, Piemonte ; orig.). Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1548, 22 septembre, Lyon (Arch. d Etat de Modène, Principi Estensi, Ippolito II ; orig.). Henri II au duc de Ferrare (Arch. de Modène, Principi esteri, Enrico II ; orig.). — A. Serristori au duc de Florence, 1548, 7 novembre, Rome (Mediceo, 3267, fol. 328 ; orig.). — Claude d'Urfé était un italianisant distingué. On trouve des lettres italiennes de lui aux Arch. de Mantoue (Francia ; orig.), adressées à L. Arrivabene, au sujet de l'éducation du dauphin François et de Louis de Gonzague.

[98] Bref de Paul III à Henri II, 1549, 8 mars (Arch. Vatic., Brev. Pauli III, t. XLV, fol. 89 : minute).

[99] L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1549, 10 mars, Poissy (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 751 orig.).

[100] Mendoza à l'Empereur, 1548, 7 septembre, Rome (DÖLLINGER, Beitrage, p. 159).

[101] L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1549, 10 mai, Poissy (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 751 ; orig.).

[102] L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1549, 10 avril, Poissy (Arch. de Naples, Cartes Farnes., fascio 751 : orig.).

[103] A. Serristori au duc de Florence. 1549, 24 avril, Rome (Mediceo, 3268, fol. 84-85 : orig.). Cf. Mendoza à l'Empereur, 1549, 3 août, Rome (W. FRIEDENSBURG, Nuntiaturberichte, XI, 818), et le cardinal du Bellay au Roi, 1549, 23 août, Rome (G. RIBIER, op. cit., II, 243).

[104] F. Montesa à Mendoza, 1518, 19 juillet, Rome (DRÜFFEL, Briefe, I, 126). D'Urfé au Roi, 1549, 25 avril, Rome (ib., I, 216).

[105] L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1549, 31 mars, Poissy (Arch. de Naples, Carte Farnes., fascio 751 ; orig.).

[106] L'évêque de Ceneda, 1549, 10 mai (ibid. ; déchiffrement).

[107] Loc. cit.

[108] Serristori au duc de Florence, 1549, 29 juin, Rome (Mediceo, 3268, fol. 222 ; orig.). — Sc. Gabbrielli à la Balia de Sienne, 1549, 13 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCV, 50 : orig.). B. Ruggieri, 1549, 13 juillet, Rome (Modène, Roma ; orig.).

[109] B. Buonanni au duc de Florence, 1549, 3 septembre, Rome (Mediceo, 3268, fol. 356 ; orig.).

[110] B. Buonanni, 14 septembre (ib., fol. 382 ; orig.).

[111] B. Buonanni, 19 septembre (ib., fol. 335 V. ; orig.).

[112] Il partit en poste con X o XII creati, con animo d'havere a tornarvi in questa prossima primavera. B. Buonanni, 24 septembre (ib., fol. 397 v. ; orig.).

[113] Serristori au duc de Florence, 4549, 9-16 juillet, Rome (Mediceo, 3268, fol. 229-233 ; orig.).

[114] B. Ruggieri au duc de Ferrare, 1549, 31 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Modène, Roma ; orig.). Francesco Villa était, en 1556, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi. Henri II au duc de Ferrare, 1556, 24 février, Blois (Arch. de Modène, Enrico II ; orig.).

[115] Henri II au cardinal Farnèse, 1549, 10 octobre, Compiègne (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 185, fasc. 2 ; orig.). — Cf. le cardinal de Ferrare au Roi, 1549, 14 août, Rome (G. RIBIER, op. cit., II, 232). — L'Empereur fit présenter au Roi, par son ambassadeur Saint-Mauvis, des plaintes au sujet des pratiques et sinistres négociations du cardinal de Ferrare à Rome. Charles-Quint à Saint Mauvis, 1549, 31 octobre, cité p. W. FRIEDENSBURG, Nuntiaturberichte, XI, 360, n. 3.

[116] G. DE LEVA, Storia documentata di Carlo V, t. V. pp. 49 et sqq.

[117] Parmi une bibliographie considérable, voyez surtout A. DE REUMONT, Margherita d'Austria, duchessa di Parma (Arch. stor. ital., s. 4a, t. VI, pp. 15 et sqq.) ; RACHFAHL, Margaretha von Parera, Stalthallerin der Niederlande (Munich-Leipzig, 1898, in-8°) ; A. CAUCHIE et L. VAN DER ESSEN, Inventaire des archives farnésiennes de Naples (Bruxelles, 1911, in-8°).

[118] Voyez les textes cités par W. FRIEDENSBURG, op. cit., XI, 87 et sqq.

[119] Musée de Naples.

[120] Ces faits sont racontés longuement par tous les ambassadeurs. Voyez surtout Matteo Dandolo au doge de Venise, 1549, juillet-octobre, Rome (Arch. d'Etat de Venise. Lettere di M. Dandolo, 1549-1550 : orig.). Cf. FRIEDENSBURG, op. cit., XI, 87 et sqq.

[121] Diego Lasso au roi Ferdinand, 1549, 27 octobre, Rome (DRÜFFEL, Briefe, I, p. 294). Cf. les correspondances d'A. Serristori et de Diego Mendoza, et sources supr. cit.

[122] Uberto Strozzi au cardinal de Gonzague, 1549, 7 novembre, Rome (Arch. d'Etat de Mantoue, Roma ; orig.). M. Franchino à Octave Farnèse, 1548, 9-13 novembre, Rome (Arch. d'Etat de Parfile. Carteggio Farnes., Roma ; orig.). — Cf. L. PASTOR, Geschichte der Päpste, t. V, p. 675.

[123] Le cardinal Farnèse à Camillo Orsini, 1549, 8 novembre, Rome (Rome, Bibl. Altieri, VII E IV, fol. 104 ; copie). Le cardinal Farnèse à Octave, 1549, 10 novembre, Rome (Arch. d'Etat de Naples. Carte Farnes., fascio 407, fasc. 1 : orig.). — Cf. d'Urfé au Roi, 1549, 7 novembre, Rome (G. RIBIER, op. cit., II, 252) ; Bart. Cavalcanti à Octave Farnèse, 1549, 19 novembre, Rome (Lettere di B. Cavalcanti, p. 13). — Sur tous ces incidents, voyez aussi Concilii Tridentini diaria, éd. Merkle. t. II, pp. 3-10.

[124] M. Dandolo au doge de Venise, 1549, 11 octobre. 9 novembre, Rome (Arch. d'Etat de Venise, Lett. di M. Dandolo 1549.1550 ; orig.). Le cardinal de Ferrare et d'Urfé au Roi, 1549, 9-40 novembre, Rome (DRÜFFEL, Briefe, I, 294-296). — Camillo Orsini était serviteur très affectionné des Guises. C. Orsini au duc d'Aumale, 1547, 11 février, Rome (Bibl. Nat., ms. fr. 20548, fol. 7 ; orig.).

[125] D'Urfé au Roi, 4549, 9 novembre, Rome (loc. cit.).

[126] Seul avec le cardinal de Ferrare. Georges d'Armagnac se trouvait à Rome, le 10 novembre 1549. Le lendemain, 11, rentra le cardinal de Meudon, qui avait passé les jours précédents causa recreandi dans l'Etat des Farnèse. Concini Tridentini éd. Merkle, t. II, pp. 8-10.

[127] Hippolyte d'Este à François de Lorraine, 1549,19 novembre, Rome (Mémoires-journaux du duc de Guise, p. 12).

[128] Marguerite d'Autriche à Octave Farnèse, 1349, 21 novembre, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 407, fasc. 1 ; orig.).

[129] G. DE LEVA, L'elezione di papa Giutio III (Rivista storica italiana, t. I, pp. 21-37).

[130] D'Urfé au Roi, 1549, 11 décembre, Rome (Mémoires-journaux de Guise, p. 23).

[131] Le Roi à d'Urfé, 1549, 18 novembre-3 décembre (G. RIBIER, op, cit., II, 257-258).

[132] Seb. Donati à Octave Farnèse, 1549, 10 décembre, Rome (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 406, fasc. 1 ; orig.).

[133] Sc. Gabrielli à la Balia de Sienne, 4549, 10-12 décembre, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCVII, 77-79 ; orig.).

[134] Le Roi à d'Urfé, 1549, 18 novembre, Paris (G. RIBIER, op. cit., II, 257).

[135] Sc. Gabbrielli à la Balia de Sienne, 1549, 1er décembre. Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCVII, 59 ; orig.).

[136] Les Archives italiennes, dans les séries Roma, contiennent des relations innombrables du conclave de 1550.

[137] G. RIBIER, op. cit., II, 263.

[138] Loc. cit., II, 268. — La plupart des cardinaux français étaient arrivés en retard au conclave : Lenoncourt, le 29 novembre 1549 ; Guise, Vendôme, du Bellay, Châtillon et Tournon, le 12 décembre ; Jean de Lorraine, le 1er décembre ; Boulogne et Amboise, le 28 décembre ; Bourbon, le 14 janvier 1550. Seuls, les cardinaux d'Annebault et de Givry ne vinrent pas à Rome. Philippe de la Chambre, cardinal de Boulogne, mourut à Rome le 21 février 1550 et fut enterré à la Trinité des Monts.