LES ORIGINES POLITIQUES DES GUERRES DE RELIGION

LIVRE PREMIER. — LE ROI. - LA CONSTITUTION DES PARTIS

CHAPITRE II. — ANNE DE MONTMORENCY ET LES GUISES.

 

 

François Ier était mort depuis quelques instants, lorsque son héritier, dans l'après-midi du 31 mars 1547, envoya un gentilhomme au connétable de Montmorency pour le prier de se rendre à la Cour, où il entendait le recevoir comme père et premier conseiller. Le vieux Roi, mêlant, au cours des dernières heures de sa vie, les préoccupations politiques aux sentiments de piété, avait prêché à son fils la bonté envers les ministres du règne qui finissait, en lui recommandant de les conserver au pouvoir. Le premier acte de Henri Il, rappelant à la tête du gouvernement l'homme qui avait incarné toute l'opposition à la politique et aux mœurs de François Ier, manifestait un mépris absolu de la volonté paternelle[1].

L'avènement de Henri Il marque mieux qu'une restauration de la fortune de Montmorency : sans l'intervention des Guises, le règne qui s'ouvrait aurait été le règne du connétable[2].

Montmorency revenait avec l'auréole de sa disgrâce passée. Dans la nouvelle Cour, au sein du nouveau gouvernement, il prit aussitôt figure de maître. Il était le seul des amis du Dauphin qui connût le maniement des affaires d'Etat. Tout à la joie de donner la puissance à ce père vénéré, Henri II ne souffrit pas, d'abord, que personne réglât la politique, autre que l'illustre ministre. Le nouveau souverain, monté sur le trône avec l'ignorance d'un enfant et se trouvant dénué de toute expérience dans le gouvernement d'un grand Etat, livra sa fortune aux mains de l'homme qu'il considérait comme un modèle. Montmorency ne pouvait demander plus d'abandon et de docilité que ne lui en montra son élève[3].

Que le connétable ait abusé de son pouvoir, des témoins l'en accusent et prétendent qu'il mit le Roi en tutelle. Contarini assure même qu'il s'efforça de dégoûter son maître des affaires, pour s'approprier toute la réalité du pouvoir. Il est certain que le connétable prit toujours garde qu'aucune matière ne fût traitée directement par le Roi, avant que lui-même ne l'eût maniée. Cette tyrannie apparaît dans les plus petites affaires, expéditions de finances ou d'offices[4], mais surtout dans le cérémonial qui était strictement imposé aux ambassadeurs : personne des agents diplomatiques ne put aborder le souverain qu'après avoir exposé par le menu son discours ou sa requête au premier conseiller, et le plus souvent Montmorency transmettait lui-même au Roi discours ou requête et rapportait la réponse, parfois à son gré. L'évêque de Cortone ayant exprimé, un jour, à la Reine le désir de présenter à Henri Il en personne la commission de Cosme de Médicis, Catherine lui répondit qu'il était absolument nécessaire de passer par la porte du connétable[5].

Cette jalousie du pouvoir prit, à vrai dire, les caractères d'une manie insupportable. Le connétable, écrit le Ferrarais Alvarotti en 1547, fait profession de savoir toute chose et nie que les autres personnes, qui sont mêlées au gouvernement, sachent rien. Il est plus insolent qu'auparavant et s'attire la haine des hommes, des femmes et en général de tout le monde. Il parle avec une grande arrogance et n'a la patience d'écouter personne ; lorsque quelqu'un lui adresse un discours, il l'interrompt plus de dix fois. Il n'expédie jamais les affaires qu'il a entre les mains, surtout quand c'est chose qui ne lui agrée. De tout cela, le Roi ne s'aperçoit pas, parce qu'il lui a donné trop d'autorité et que, ne connaissant rien du monde, il se laisse trop gouverner par son maitre[6]. Faut-il accepter encore les insinuations du Vénitien, qui, après avoir mesuré l'autorité et l'orgueil du connétable, ajoute : Il veut mettre le souverain en tutelle et, pour cela, il l'encourage aux exercices physiques, lui disant que de cette façon il évitera l'embonpoint, ce qui est la préoccupation du Roi. Les ennemis de Montmorency purent, en effet, lui prêter facilement, selon les apparences, des intentions aussi noires[7]. Mais il est certain que ce machiavélisme criminel ne correspondait pas à sa nature fidèle. Si passionné, si impérieux que fût son amour du gouvernement, le connétable possédait un vif souci de l'intérêt général, un sens élevé du bien de l'État, que les témoins impartiaux n'ont pas contestés[8]. S'il montra assez souvent une inclination à cloîtrer Henri II, ce fut pour le soustraire à des influences qu'il jugeait néfastes autant à la fortune du royaume qu'à la sienne propre.

Montmorency apparaît donc, encore qu'il eût l'esprit étroit, comme un homme d'Etat : c'est le caractère qui l'oppose nettement à ses rivaux, les Guises, qu'animait seule l'ambition familiale. De plus, — et ce trait nous intéresse surtout —, il fut, dans les Conseils, l'apôtre de la paix. Non qu'il craignît de combattre : soldat glorieux, personne plus que lui ne sentait les affronts. Cet homme, écrit le nonce en 1547, est le plus Français, de paroles et d'actes, qu'on ait jamais vu : par conséquent, vous pouvez vous le représenter brave et insolent. Et ne croyez pas qu'il puisse s'accommoder, vis-à-vis de l'Empereur, d'un parti qui ne serait le plus avantageux pour son Roi[9]. Mais il abhorrait les aventures et sans doute, quand il prit le pouvoir, sous Henri II, il avait perdu du feu de sa jeunesse.

Montmorency incarne surtout le parti d'opposition aux conquêtes italiennes : sa résistance ne faiblit qu'une fois, dans une circonstance où les manœuvres de ses rivaux acharnés, les Guises, l'acculèrent, pour sauver sa fortune, à une compromission funeste. Dès son retour au pouvoir, en 1547, les agents étrangers célébraient à l'envi son amour de la paix[10].

De fait, pendant le règne, il ne surgit de conflit belliqueux que Montmorency ne se soit efforcé d'arrêter, puis de modérer, par une pression directe sur l'esprit du Roi ; aucune négociation de paix ne fut engagée qui ne soit née de l'initiative ou qui n'ait trouvé l'appui du connétable. Il était un des rares hommes de guerre français dont la haine contre l'Empereur ne fût pas incurable. Par opposition à ses rivaux belliqueux, il affecta même quelquefois un esprit de conciliation excessive. Vous direz à M. de Grandvelle, écrivait-il à l'ambassadeur Marillac le 17 septembre 1548, que pour donner moien à l'Empereur de parachever ses affaires en Allemagne et en Italie, il se pourroyt faire et traicter entre le Roi et lui une bonne paix et ligue et par là estraindre leur amytié[11]. C'était la crainte du progrès constant des Guises, qui faisait naître sous sa dictée de telles instructions. Le connétable exposait lui-même au nonce, non sans quelque ingénuité, en octobre 1552, les raisons personnelles qui lui donnaient le goût de la paix. Je désire la paix, déclarait-il, parce que je suis chrétien, parce que je suis un vieillard, parce que je me trouve en une bonne situation[12]. Chrétien, le connétable l'était profondément, de conviction, mais beaucoup moins respectueux des formes de la religion que ses adversaires, les Guises. Vieillard, il possédait tous les honneurs et la guerre ne pouvait rien y ajouter ; par contre, les aventures belliqueuses offraient à ses jeunes rivaux l'occasion de gagner, à force de gloire, cette bonne situation qu'il détenait. Montmorency nourrit une haine impatiente, jalouse et provoquante envers les Lorrains, ces ambitieux qui prétendaient lui disputer sa fortune. Avec une impertinence hardie et sans discrétion, il les accabla d'insultes parfois grossières, s'opposant par système à tous leurs projets, contredisant sans scrupules leurs conseils et leurs démarches[13]. Son hostilité, souvent aveugle, poursuivit avec une égale brusquerie les clients mêmes de ses rivaux[14]. Les rudes façons du connétable lui auraient certainement procuré des déboires, sous un roi moins docile que Henri II. Mais celui-ci portait au vieux ministre une affection inaltérable et une révérence d'enfant à maître[15]. Devant ce simple baron de l'Isle de France[16], le Roi abdiquait son pouvoir et même sa dignité. Un témoin raconte qu'à la suite d'une fête, en août 1547, Henri II s'endormit dans le même lit que le connétable, au scandale de la Cour et des ambassadeurs[17]. Rien ne put diminuer cette affection : parfois le souverain se révoltait, boudait, rongeait le frein, mais il retombait vite sous la puissance de son ami. A l'automne de 1553, dans une période décisive de la lutte des partis, Montmorency tomba malade et les Guises s'emparèrent du gouvernement : alors, on vit le foi, après avoir livré ses affaires aux mains du cardinal de Lorraine, se rendre quatre fois par jour au chevet du connétable, en dépit des soucis absorbants de la guerre ; et, lorsque Montmorency se fut relevé de cette terrible attaque de fièvre et flux, qui l'avait mis à l'agonie, il trouva Henri II prêt à lui sacrifier ses autres favoris[18].

Ce qui étonne et ce qui montre l'extraordinaire et tenace habileté des rivaux du connétable, c'est que l'action de celui-ci, souveraine et permanente en apparence, fut de fait impuissante à empêcher que la politique royale ne prit une orientation contraire à ses désirs. Bien que premier conseiller, Montmorency fera toujours figure d'opposant : son activité politique sera toute employée à entraver des entreprises conçues et réalisées par les partis adverses.

Le connétable n'était pas d'humeur à se créer beaucoup d'amis. Sa clientèle fut bien moins nombreuse que celle des Guises. Même il lui arriva souvent de se trouver, au Conseil, seul en face de tous les autres membres[19]. Aussi ne peut-on reconnaître un parti constitué autour de lui. Il eut seulement quelques serviteurs et créatures. D'ailleurs, sa personnalité était assez forte pour se passer d'acolytes.

C'est dans sa propre famille que Montmorency trouva le soutien le plus fort et les personnes les plus dévouées. Odet de Coligny, cardinal de Châtillon, fut son bras droit. Montmorency estimait et aimait ce neveu plus que son propre fils. Odet méritait une telle affection par l'intégrité de son caractère et la valeur de son esprit, dont la plus grande qualité, au dire du nonce Santa-Croce, était le sens du réel[20]. Grâce à cet auxiliaire sûr, qui avait le prestige de la pourpre cardinalice, le connétable put tenir tête à Charles de Guise, dont l'ambition était de devenir comme le patriarche du royaume. Au printemps de 1553, Châtillon fut sur le point d'aller à Rome pour y prendre la Protection des affaires de France : par fortune, Montmorency s'aperçut à temps de la faute qu'il commettait et garda son neveu au Conseil, afin de contrebalancer l'influence des Guises[21]. C'est la raison pourquoi Odet ne participa jamais aux incidents de la politique italienne qu'à titre de conseiller du Roi.

Parmi les représentants de la politique royale en Italie, on trouve quelques créatures de Montmorency, surtout pendant les premières années du règne. Les premiers ambassadeurs que délégua Henri II dans la Péninsule furent désignés par le connétable. D'Urfé, ambassadeur au concile de Bologne, en 1547, était l'ami du premier conseiller ; de même M. de Gié, ambassadeur à Rome, passait pour la créature et chose très intime de Montmorency[22]. Neveu du prince de Salerne, Gié entretenait d'ailleurs des rapports étroits avec le parti des fuorusciti[23]. Après quelques années, durant lesquelles la diplomatie française en Italie fut aux mains des Guises, le connétable voulut en recouvrer la direction et, au mois d'avril 1553, il envoya, comme représentants auprès du Saint-Siège, son ami le cardinal du Bellay, et Louis de Saint-Gelais, sieur de Lanssac, qui était sa créature et son favori[24].

Mais on peut croire que le principal conseiller de Montmorency, pour les affaires d'Italie, fut Jean de Morvillier, lequel occupait l'ambassade de Venise, à l'avènement de Henri II. Morvillier appartenait à la classe des robins. Conseiller au Grand Conseil, puis maître des requêtes de l'Hôtel, il était entré dans la diplomatie, en 1546. Il quitta le poste de Venise, en 1550, rappelé à la Cour, semble-t-il, par Montmorency lui-même ; il reçut, en 1552, l'évêché d'Orléans, et prit, dans les affaires d'Etat, une part active, encore que son rôle ait été discret. Sa personnalité fut mise en relief dans les négociations de paix, en 1555 et en 1558, au cours des conférences qui précédèrent la trêve de Vaucelles et le traité du Cateau-Cambrésis. En 1556, il composa de remarquables Mémoires d'Estat sur les affaires d'Italie, qui offrent l'exposé spirituel et sensé des aspirations du parti des pacifiques[25]. Morvillier possédait les qualités des grands secrétaires, le bon sens et la haute raison, auxquelles il joignait un don d'observation pénétrante. C'est lui qui a défini la politique des Vénitiens : Ils traittent leurs affaires publicques comme leurs particulières, c'est-à-dire en marchans, et calculent jusqu'à un denier le gain et la perte. Les agents de Henri II, qui tentèrent à maintes reprises de séduire la République, eurent occasion de vérifier la justesse de cette définition. Adversaire de la politique d'aventures, Morvillier était un homme de temporisation, louvoyant entre les obstacles, d'ailleurs très partisan de l'alliance turque[26]. Dès qu'il apprit le retour au pouvoir de son patron, il lui adressa, de Venise, le 29 avril 1547, d'affectueuses félicitations[27].

Autour de Montmorency, sinon en concordance parfaite avec lui, du moins toujours soumis à ses ordres, se rangent les secrétaires du Conseil, les futurs secrétaires d'État : ils furent les auxiliaires et parfois les inspirateurs de la politique royale. Bayard, Bochetel et L'Aubespine passèrent du gouvernement de François Ier à celui de Henri II. Montmorency leur adjoignit deux personnages nouveaux : Côme Clausse, seigneur de Marchaumont, ancien secrétaire du Dauphin, que François Ier avait chassé de la Cour à la demande de Mme d'Etampes, et Jean Duthier, dit le Receveur de Sens ou M. de Beauregard, qu'on députa particulièrement aux affaires de Rome[28]. Marchaumont fut tout-puissant, dans les premiers temps du règne, et occupa les fonctions de secrétaire auprès de ce Conseil étroit, formé du connétable, de Charles de Guise et de Jacques d'Albon, qui dirigeait réellement la pensée du Roi[29]. Claude de L'Aubespine et le secrétaire Duthier reçurent la principale charge des affaires diplomatiques, Beauregard étant spécialement préposé à l'expédition des affaires d'Italie[30]. Ce Beauregard, sans cesse importuné par les quémandeurs de la Péninsule, figure souvent dans les négociations[31]. Un agent des Farnèse, le chevalier Tiburtio, qui eut occasion de le pratiquer beaucoup, trace de lui un portrait amusant : Le secrétaire Beauregard, dit-il, est souvent si occupé ou plutôt si distrait qu'il ne porte pas attention à ce qu'on lui dit et comprend une chose pour une autre[32].

 

Guidés par Montmorency, les premiers efforts de la politique de Henri II tendent, dans les négociations, à obtenir le maintien du statu quo. Au cours du printemps et de l'été 1547, la mission de D'Andelot et l'ambassade de Brissac auprès de Charles-Quint, démarches sûrement inspirées par le connétable, n'échouent que devant le refus de l'Empereur d'accepter le statu quo de la Savoie et du Piémont[33]. Même, le bruit se répandit, au mois de juin 1517, que le roi de France avait signé une ligue avec le roi d'Angleterre, afin de se garantir mutuellement la conservation de leurs Etats, et qu'un pareil traité était en préparation entre Henri II et le Pape[34].

Montmorency n'obtient pas sans peine cette orientation pacifique et, pour la maintenir, il use de moyens non avoués. C'est ainsi qu'au mois d'août, voyant les courants belliqueux prendre assez de force pour entraîner le Roi, il ordonne secrètement à l'ambassadeur français auprès du Saint-Siège d'envoyer à la Cour des dépêches qui dissuadent le souverain de toute entreprise en Italie. De fait, l'ambassadeur écrit pour vanter la gloire de la paix. Par ces procédés savants, Montmorency bride l'ardeur du Roi, lequel se trouve éperonné d'ailleurs par les Guises et les fuorusciti[35].

Mais le connétable n'est pas maitre des événements. L'assassinat de Pier-Luigi Farnèse, survenu à Plaisance, le 10 septembre 1547, attire soudain vers l'Italie toute l'activité des politiques et donne aux influences belliqueuses un nouvel aliment[36]. Montmorency, pour maintenir sa position, va entrer en lutte directe, sur le champ de la diplomatie italienne, avec la maison de Guise.

En effet, le 22 septembre, Charles de Guise quitte la Cour et prend la route d'Italie, accompagné d'environ quatre-vingts personnes et muni de trente mille écus pour dépenser honorablement[37]. Il s'embarque sur le Pô, à Turin, débarque à Plaisance, passe par Ferrare[38], par Bologne, où siège le Concile général, par Florence, où les agents de Cosme lui préparent bonne chère et logis[39], et arrive à Rome le 22 octobre[40]. Il habite, durant son séjour, ainsi que le marquis du Maine, son frère, les stanze  d'Alexandre Farnèse au palais pontifical. Le 26 octobre, en consistoire solennel, il reçoit le chapeau cardinalice[41]. Puis, pendant plus de deux mois, il s'engage à fond et compromet le Roi dans les intrigues de la politique italienne[42]. Le 3 janvier 1548, il quitte Rome, s'arrête à Lorette, pour y faire ses dévotions, passe par Ancône, Pesaro, Ravenne, Ferrare[43], où il séjourne, ainsi qu'à Venise[44]. En Vénétie, il noue encore des alliances belliqueuses. Enfin, par la route des Grisons, il rentre en France. Lorsque le cardinal arrive à la Cour, le 7 février, Henri II le reçoit comme son âme et son cœur[45].

Montmorency avait prévu ce retour triomphal et s'était efforcé de ruiner par avance la nouvelle faveur que ce voyage allait procurer à la maison de Lorraine. La correspondance politique de la fin d'année 1547 est pleine des manœuvres contraires des deux partis, et l'on peut suivre, dès ce moment, la lutte d'influences qui s'engage entre le connétable et Charles de Guise.

Bien plus, Montmorency avait essayé d'éloigner de la Cour ses rivaux. D'abord sous prétexte de visites à faire aux forteresses en Dauphiné, il avait tenté d'y reléguer François de Guise, qui en était gouverneur. François s'était excusé et avait répondu qu'il ne partirait pas avant que son frère ne fût revenu d'Italie, tandis que la favorite, Diane de Poitiers, soutenait ses objections. Alors Montmorency, par une manœuvre peu scrupuleuse, s'était efforcé d'empêcher le retour du cardinal de Guise lui-même. En dépit et à l'insu de Diane, le bon connétable avait fait signer à son maître inattentif une lettre ordonnant à Charles de demeurer à Rome. Étonné, le cardinal s'enquit de ce qu'il en était, par un courrier adressé à Diane ; celle-ci s'en prit au Roi. Henri II fit appeler Montmorency et se plaignit d'un tel procédé. Le connétable répondit simplement qu'il avait agi ainsi, parce qu'il l'avait cru expédient pour les affaires de Sa Majesté[46].

Aussi, les démonstrations d'amour par lesquelles le Roi accueillit, à son retour d'Italie, le cardinal de Guise comportaient-elles une signification fâcheuse pour le vieil et astucieux connétable.

 

En la personne de Charles de Guise, Montmorency avait trouvé l'adversaire le plus dangereux qu'il dût rencontrer. On ne peut douter qu'auprès d'un roi moins fidèle à ses amitiés, la fortune du connétable n'eût croulé sous l'effort d'un rival aussi maitre de ses moyens.

Leurs deux natures s'opposaient complètement, et, durant tout le règne, la franchise et l'orgueil de Montmorency s'assombrirent au contact de ce prince d'Église, fuyant et doux, que, dès son retour à la Cour, le connétable impatienté avait appelé grant veau[47]. Il dut se résigner, pourtant, à voir grandir la fortune de son adversaire, toujours présent en face de lui, au Conseil, et qu'il rencontrait partout, dans les affaires, dans lies négociations, opposant son action quotidienne à celle du premier ministre, guettant ses faiblesses et ses maladies pour prendre sa place, — adversaire sans défauts, qui exaspéra et brisa la fureur de son ennemi et qui put triompher finalement avec tous les honneurs. Durant ce règne qui donna la toute-puissance à Montmorency, Charles de Guise sut ruiner en fait cette omnipotence : toutes les incohérences, tous les soubresauts, les voltefaces, on peut même dire les méfaits du connétable s'expliquent par le besoin d'échapper aux manœuvres enveloppantes du plus habile des prélats et de rompre par la violence cette entrave invisible et irritante.

Charles de Guise, qui prit, à la mort de son oncle Jean, en 1550, le titre de cardinal de Lorraine, représente, dans la foule des hommes d'Eglise et des politiques du XVIe siècle, un type original, dont on ne trouverait guère le pareil que parmi les ministres espagnols.

Les Guises étaient tous séduisants : Charles le fut à un degré rare[48]. Qu'on se rappelle cette boutade du grand Théodore de Bèze : Si j'avois telle élégance que M. le cardinal de Lorraine, j'espèrerois convertir et rendre moitié des personnes de la France à la religion de laquelle fais profession[49]. Bèze connut Charles de Guise déjà âgé. C'est en 1547 qu'il faut regarder le nouveau cardinal, paré de sa jeunesse, de sa culture et de son austérité, gagnant l'admiration de tous. On peut consulter sur lui les témoins les mieux avertis, les plus divers : comme par une magie, ils sont unanimes. Les Florentins, ces agents sans scrupules, aux regards pénétrants et indiscrets, que Cosme de Médicis envoyait dans les grandes cours pour y faire figure d'ambassadeurs et y jouer le rôle d'espions, le trouvent irréprochable. Ce seigneur, écrit Jean-Baptiste Ricasoli, est non seulement très noble, mais encore très vertueux, et ses vertus sont accompagnées d'une douceur et d'une humanité extraordinaires, en sorte qu'on ne peut attendre d'un tel personnage que succès merveilleux. Ce cardinal, ajoute-t-il, qui réunit la noblesse, les vertus, les biens, et qui jouit de la faveur singulière du Roi, gouvernera bientôt le royaume de France[50]. Le majordome de Cosme, qui, au mois d'octobre 1517, loge et traite Charles de Guise, à son passage en Toscane, le loue pareillement : Le cardinal, dit-il, a mine de personne sensée et rusée, mais aimable et pleine de bonnes manières[51]. Que si l'on veut connaître le jugement d'un homme qui fut parmi les plus roués de son temps, Alexandre Farnèse, voici ce qu'il écrivait à un confident : Le nouveau cardinal de Guise, qui est l'âme du Roi Très Chrétien, est un jeune prince d'un tel savoir, d'une telle gravité et modestie que peut-être n'en vit-on le semblable depuis plusieurs années, et, en outre, il est considéré comme un saint : on ne lui connaît pas un vice, pas un péché[52]. On peut imaginer la maîtrise de l'homme qui avait laissé une telle impression de lui à la Curie romaine, au temps des Farnèse.

Charles de Guise était sans doute un esprit remarquable. Versé dans la théologie et la politique, usant avec aisance des langues grecque, latine, espagnole et toscane[53], d'allure digne et pontificale, de mœurs élégantes mais austères, il offrait les traits les plus distingués du prélat de la Renaissance, ternis cependant par un méchant défaut d'avarice. Il eut le goût des antiquailles et des arts. Au mois d'avril 1550, à son retour du conclave, il emmena de Rome vingt-cinq caisses remplies de statues de marbre et de bronze, qui furent transportées en France par mer[54]. Sa passion pour les objets d'art éveillait même la jalousie de cet autre collectionneur de belles choses, le duc de Florence. Le cardinal de Guise, écrit alors un agent florentin, s'applique à dérober le plus de médailles antiques et le plus de statues qu'il peut[55]. Durant ce même séjour à Rome, en 1550, il fut sur le point d'acquérir, pour quatre mille cinq cents écus, la fameuse librairie du cardinal Ridolphi, mort depuis peu, — librairie qu'achetèrent les Strozzi. Dans cette librairie se trouvaient trois ouvrages grecs, empruntés par Ridolphi à la Laurentienne de Florence : Charles de Guise les emporta, malgré la réclamation de l'ambassadeur Serristori[56]. Le goût du cardinal pour les arts ne le céda jamais en lui aux plaisirs de la politique : en 1554, parmi les intrigues et les passions de la guerre de Toscane, Lancelot de Carle, évêque de Riez, chargé par le Roi d'une mission à Sienne, poussa son voyage jusqu'à Rome, où il s'occupa de recueillir des peintures pour Charles de Guise[57].

Quels qu'aient été, pourtant, les dons ingénieux et brillants de son esprit, le cardinal de Guise, plus tard cardinal de Lorraine, ne peut être rangé parmi les grands ministres. Il n'eut jamais le souci de l'Etat. Sa politesse et son austérité, cette dernière vertu lui donnant une distinction dans la foule des prélats débauchés, sont les vraies raisons du prestige qu'il obtint aux yeux des contemporains de Henri II. En politique, il a montré un talent rare de souplesse et de dissimulation[58]. Son attitude, en présence des hommes qui le fréquentaient, apparaît toujours calme, courtoise et accueillante. Il n'était pas un ambassadeur, qui, lui ayant exposé sa cause, ne s'entendit approuver et même encourager. Mais Charles de Guise agissait en dehors de ses promesses. Tous ses actes furent commandés par un sentiment passionné d'ambition familiale : il aimait ses frères, il admirait surtout l'aîné, François. Sans répit, il travailla à pousser la fortune de sa maison. D'ailleurs, — et ce fut sa faiblesse —, il n'eut jamais de système politique limité et suivi, mise à part sa foi catholique qui, semble-t-il, était sincère[59].

 

On comprendrait mal les ambitions de la famille de Lorraine, son influence sur la politique de Henri II, et particulièrement sur la politique italienne de ce règne, si l'on n'imaginait la valeur de la guerre dans la civilisation de la Renaissance. Pour toute une classe, la guerre fut le seul moyen de progrès social, comme le seul mode d'activité. Un personnage de l'Heptaméron, exprimant le besoin de vie extérieure qui tourmente ses pareils, dit : Il nous fault quelque passe-temps et exercice corporel ; car, si nous sommes en nos maisons, il nous fault la chasse et la volterye, qui nous fait oblier mil folles pensées[60]. La chasse et vollerye n'était que jeu violent sans conséquences : la guerre procurait la faveur, la puissance et la fortune. Aussi, à l'origine des expéditions belliqueuses, en dehors de l'entraînement plus ou moins général, doit-on chercher les intérêts de caste, de famille ou (le personne, qui poussaient à rompre la paix. Vers la fin du xve siècle, les guerres anglaises étant à peu près terminées, il fallut offrir à la noblesse un nouveau moyen de progresser. La conquête de l'Italie se présenta, qui devait bientôt se confondre avec la lutte contre la maison de Bourgogne, devenue maison d'Autriche. Charles VIII, Louis XII et François Ier s'intéressèrent successivement, les premiers surtout à titre d'héritiers, le dernier plutôt comme chevalier-conquérant, à l'entreprise d'outremonts. Par contre, nous l'avons vu, Henri II ne se sentait pas assez fort pour prendre une direction lui-même et, au surplus, ses tendances personnelles l'entraînaient à l'opposite de la Péninsule. Les ambitions françaises, orientées du côté de l'Italie, demandaient un chef. A défaut du Roi, ce fut la maison de Lorraine qui se rangea à la tête du parti de conquête.

Loin d'arrêter l'ardeur ambitieuse des Lorrains, Henri II l'encouragea, non qu'il approuvât leurs desseins, mais parce qu'il aimait leurs personnes. Il avait nourri, dès sa jeunesse, une vive amitié pour les Guises. Du vivant de François Ier, Charles de Guise figurait comme chef du Conseil du Dauphin, chargé de gouverner sa maison et toutes ses affaires[61]. De même, François, duc d'Aumale, avait été le compagnon fidèle du jeune prince, et l'on avait vu Henri soutenir les prétentions matrimoniales de l'aîné des Lorrains, malgré qu'en eût le vieux Roi[62]. Plus tard, au changement de règne, il apparut que, si Montmorency avait la vénération et la confiance du souverain, qui lui donnait plein pouvoir, les Guises possédaient la faveur du jeune maître. Les favoris et mignons du nouveau Roi, écrivait le nonce quelques heures après la mort de François Ier, seront, soyez-en sûr, Monsieur de Reims et Monsieur d'Aumale, parce que Sa Majesté les aime cordialement[63]. Et cette faveur ne fit que croître, d'un progrès rapide. Aux mois de juillet et d'août 1547, le crédit des Guises, vivifié par la nouvelle promotion de Charles au cardinalat, parut telle au public qu'on parla d'un mariage prochain de Marguerite, sœur de Henri II, avec François de Lorraine[64]. Le cardinal de Guise, écrit alors l'agent Ricasoli, est le plus grand personnage de cette Cour et il est en voie d'embrasser toutes les affaires[65].

Pourtant, dans les premiers mois qui suivirent la mort de François lei, ceux que l'ambassadeur Saint-Mauris désigne sous le nom de jeusne Conseil du Roi[66] demeurent sur la réserve, tout occupés à établir et à consolider leur situation. Mais, à l'automne de 1547, s'exprime la pensée politique des Lorrains, dans la correspondance du cardinal de Guise : traiter avec les princes et les villes d'Allemagne, pour attaquer franchement l'Empereur au royaume de Naples et en Milanais[67]. Aidé de son frère François, le cardinal va pousser bientôt cette politique avec plus de vigueur.

C'est que la maison de Guise est alors dans le plein développement de sa fortune. La valeur et le nombre de ses membres, l'énergie, la ténacité surtout et la souplesse de ses deux chefs, François et Charles, accélèrent le mouvement de progrès de cette famille illustre qui, pendant un demi-siècle, au milieu des pires troubles, s'acharnera à la poursuite d'une couronne royale. La cohésion, les richesses à la fois et l'ambition de cette famille seront parmi les causes les plus actives de la tourmente qui secouera la France, dans la seconde moitié du XVIe siècle. Dès le début du règne de Henri II, les Guises incarnent toute la poussée de cette période de la Renaissance, dans l'ordre politique.

Ce qui caractérise les Guises, c'est une sorte de génie collectif. Charles fut le politique et le saint de la famille, défenseur habile, souple et vigilant des intérêts de ses frères dans la pratique courante des affaires et des négociations. François en fut le héros prestigieux.

François n'exerça pas, dans la lutte des partis et des influences, une action aussi incessante que son frère Charles. Mais il offrit aux yeux du Roi et de l'opinion publique les vertus militaires de sa maison. Ses exploits justifièrent les intrigues du cardinal. Dans le jeu des rivalités de Cour, le nom de François eut plus de part que sa personne[68]. Lui fut un homme d'action, un admirable chef de guerre, le plus intelligent et le plus honnête des Guises. Il faut lui rendre justice et réparer le tort qu'ont fait à sa mémoire les procédés louches de son frère, le cardinal, et de son fils, le Balafré. Général supérieur, esprit clair, résolu et prompt, d'ailleurs humaniste assez cultivé pour composer une épitaphe à la mode antique[69], il aima son souverain et rendit au royaume de très grands services militaires. Mais son ambition, pour être plus loyale, n'était pas moins ardente que celle de ses frères, elle tenait même de sa qualité de soldat plus de violence et d'ingénuité : il signait Françoys tout court, comme un roi[70]. Duc d'Aumale, puis duc de Guise en 1550, il sut recueillir toutes les sympathies des hommes de guerre de son temps. Le seul écho de son nom enflammait le parti français en Italie et remplissait d'épouvante les Impériaux[71]. Son mariage avec Anne d'Este devait l'entourer d'une atmosphère italienne et orienter en partie vers la Péninsule ses grands desseins de fortune.

Il faut donc ranger, en tête des mobiles qui poussèrent les Guises vers l'Italie, l'ambition. Posséder une couronne royale, recevoir des honneurs royaux, tel fut leur rêve constant. On trouve les marques de ce désir impatient parmi les moindres événements du règne. Au mois de novembre 1550, comme Marie de Lorraine, reine d'Ecosse, devait faire son entrée à Rouen, le Parlement de cette ville refusa d'y assister en corps de court et avec robbes rouges : aussitôt informé, Charles de Guise adressa aux magistrats une lettre sévère pour leur enjoindre de rendre à sa sœur des honneurs royaux. Lui-même devait assister à cette entrée et bénéficier des mêmes honneurs[72].

Dans les premières années du règne de Henri II, les Guises furent un peu distraits de l'Italie par les affaires d'Écosse : Marie de Lorraine demandait le secours de leur effort pour sauvegarder son sceptre. Mais, quand les affaires d'Écosse devinrent meilleures, ils se tournèrent, avec une ambition plus fiévreuse, vers la guerre italique.

Le perspicace auteur de l'Histoire particulière de la court de Henri II a noté précisément la nature et l'orientation des ambitions italiennes de la maison de Guise. Le cardinal de Lorraine, dit-il, ne cessa de brouiller au dehors, puisque dedans luy estoit interdict, qu'il n'eust trouvé place pour son frère. Il s'estoit desjà figuré la couronne de Sicile comme héritage foncier de leur maison, avec celle de Naples sur la teste de son frère et les trois diadèmes sur la sienne[73].

Les prétentions des Lorrains à la couronne de Naples sont connues. Il est de mode d'attribuer l'histoire traditionnelle de ces prétentions à la fantaisie malveillante des pamphlétaires protestants de la fin du XVIe siècle. Les protestants n'ont rien inventé, ils ont seulement interprété, à la clarté de la haine, des faits connus de tous les contemporains[74]. Nous verrons combien direct et positif fut le rêve napolitain des Guises. Dès 1547 — c'est Dom Mariol qui nous l'apprend — Charles de Lorraine, promu au cardinalat, voulut prendre le titre de cardinal d'Anjou : ce titre, dont la maison royale était seule héritière, lui fut contesté à Rome par l'ambassadeur de France, à l'instigation sans doute du connétable, et Charles dut accepter le nom de cardinal de Guise, qu'il conserva jusqu'à la mort de son oncle Jean[75].

D'autre part, ce qui marque nettement et explique l'influence de la maison de Lorraine, dès le début du règne, c'est son alliance étroite avec le catholicisme romain. Lorsque Henri II monte sur le trône, la famille de Guise compte déjà quatre membres d'Eglise, sans compter les abbesses.

Le cardinal Jean de Lorraine est alors le plus en vue, le premier prince d'Eglise du royaume. Riche et fastueux, il nourrit l'espoir, connu de tout le Sacré-Collège, de succéder à Paul III sur le trône pontifical[76]. C'est à cette fin qu'encouragé par le Roi et soutenu par ses neveux, il flatte les Farnèse ; au printemps de 1517, le cardinal de Lenoncourt, son fidèle client, se rend à Rome pour ameublir le terrain[77]. Mais, au conclave de 1550, bien qu'il dût y dépenser de savantes intrigues, l'âpre lutte des partis l'empêcha d'obtenir le succès. Il mourut, à son retour, au mois de mai 1550, après s'être arrêté longtemps à Milan, chez les moines Olivétains, où il passa les fêtes de Pâques : il éblouit alors par ses richesses la cour du lieutenant impérial, Don Ferrante Gonzague[78].

Après la mort de Jean de Lorraine, ses riches bénéfices passèrent, la plupart, aux mains de son neveu Charles, qui en reçut pour la valeur de quarante mille écus de rentes ; le reste, soit environ dix mille écus d'entrées, échut au cardinal de Ferrare, allié de sa maison[79]. Charles de Guise, créé cardinal le 27 juillet 1547[80], se vit attribuer, outre les bénéfices de son oncle, l'abbaye de Fécamp qui rapportait quarante mille francs et celle de Marmoutier donnant quinze mille livres l'an[81]. Les bénéfices qu'il possédait auparavant étaient déjà considérables. En cette même année 1550, si fortunée pour les Guises, son prestige ecclésiastique fut rehaussé d'une faveur insigne. Un indult, dont la jouissance fut autorisée par lettres patentes du Roi, datées du 28 août, lui accorda les droits de provision, collation et disposition de tous les bénéfices, dignités et offices dépendant de son archevêché de Reims, de ses abbayes de Cluny, Marmoutier, Fécamp, Montiérender, Saint-Urbain, Saint-Martin de Laon, Saint-Paul de Verdun et de Cormoy, sans que, par le pape ou ses légats, il pût y être pourvu d'aucune manière[82]. Les années suivantes apportèrent encore au cardinal de nouvelles rentes ecclésiastiques : entre autres, il obtint, en 1557, l'abbaye de Saint-Denis, réservée par la tradition à un prélat de sang royal[83]. De sorte que, muni d'un pouvoir politique considérable, favori et conseiller de Henri II, chancelier de l'ordre de Saint-Michel, charge dont il avait dépouillé le cardinal de Tournon en 1547[84], et détenant, d'autre part, d'innombrables droits de collation, Charles de Guise devint un véritable ministre des affaires ecclésiastiques, dispensateur tout-puissant des faveurs cléricales : on s'adressa désormais à lui pour toutes les choses d'Église et de religion[85]. Il caressait même le rêve d'obtenir la régularisation canonique de sa puissance : au lendemain du conclave de 1550, il demanda au nouveau pape de le créer légat perpétuel pour la France, et Jules III lui en donna la promesse[86]. Aussi les Guises s'appuient-ils sur le clergé : ils se partagent entre eux et concèdent à leurs créatures les richesses ecclésiastiques.

Deux jeunes frères de Charles appartenaient également à l'Eglise. Louis, successivement évêque de Troyes, archevêque d'Albi, de Sens, de Metz et de Bordeaux, poursuivit une carrière rapide. Grâce aux patients efforts de ses aînés, il obtint la pourpre que lui conféra Jules III, le 22 décembre 1553, et ainsi la maison de Lorraine compta deux cardinaux dans la même génération[87]. Louis de Guise reçut, comme son frère Charles, un indult spécial de collation pour ses abbayes de Saint-Germain d'Auxerre et de Notre-Darne des Trois-Fontaines, et sa puissance ecclésiastique s'unit à celle de son aîné[88]. Enfin, un troisième Guise, celui qu'on appelait le chevalier, devint grand-prieur de France : il procura à sa maison l'affection et bonne volonté de la Religion de Saint-Jean[89].

Les Lorrains sont à peu près maîtres de l'Église de France : la faveur du Roi livre à leur discrétion le clergé séculier ; quant au clergé régulier, Charles de Guise, choisi comme protecteur par la Compagnie de Jésus, en 1550, tient la direction de l'ordre le plus militant. D'ailleurs, ils offrent au Saint-Siège une vive dévotion. Mais ils savent tirer grand profit de leur dévouement et de leur situation, surtout à l'encontre de Montmorency, catholique sincère, il est vrai, mais hargneux, qui soutient les tendances gallicanes et traite rudement la Curie romaine, voire le pape[90]. Aussi le Saint-Siège ménage-t-il la maison de Guise : les nonces reçoivent pour première mission d'écouter les conseils du cardinal de Lorraine et de capter sa bienveillance[91], et le Pontife ne manque aucune occasion d'exprimer la confiance et l'affection qu'il porte à l'illustre race des Guises[92].

Forte du nombre de ses membres, de ses richesses, de sa situation ecclésiastique, politique et militaire, animée d'un souffle ardent d'ambition, sûre de la faveur, de l'approbation ou, en tout cas, de la patience du Roi, la maison de Lorraine présente une puissance formidable. On comprend que Montmorency, si grande que fût sa personnalité, ait eu assez à faire de barrer la route à de tels rivaux.

 

L'année 1548 marque une intervention plus intime des Guises dans la politique italienne, par le mariage de François, duc d'Aumale, avec Anne d'Este.

Jusqu'alors Henri II n'avait traversé les Alpes qu'une fois, du vivant de son père, au cours d'une expédition contre Cesare Maggi. Au printemps de 1548, la cour de France se mit en route. Le 15 mai, Henri II, escorté d'un pompeux cortège, où se trouvaient les principaux conseillers, quittait Troyes et prenait le grand chemin de Langres, pour se rendre ensuite, par Dijon, Beaune, Auxonne, Mâcon et Bourg-en-Bresse, en Savoie d'abord, puis en Piémont. Ce voyage de Piémont n'était pas un 'événement sans importance : au delà des cérémonies et des fêtes, il faut en chercher le sens.

Quels desseins formait le Roi ? On lui a attribué des projets sinistres : fomenter et soutenir une conjuration dont le but aurait été d'assassiner Don Ferrante Gonzague, lieutenant de l'Empereur en Milanais, afin de venger la mort de Pier-Luigi Farnèse ; préparer l'exécution d'un hardi coup de main, qui eût enlevé le fils même de Charles-Quint, Philippe, prince d'Espagne[93]. L'Italie, en effet, était alors pleine de conciliabules et de mouvements secrets, et les rapports des agents impériaux montrent l'inquiétude qui régnait partout, dans les cercles hostiles à la France. Peut-être Henri II fut-il mis au courant des projets violents que dessinaient sans cesse, avec une activité brouillonne, les fuorusciti attachés à la politique royale. Mais il faut se garder de prendre au sérieux les imputations et les craintes exagérées des espions ennemis, trop enclins à dénoncer des conjurations imaginaires. Il n'est pas vraisemblable que des motifs aussi noirs aient pu déterminer un prince, profondément loyal et peu disposé aux aventures, à entreprendre un tel voyage. Aussi bien, la pensée du Roi, nous la connaissons par une lettre secrète qu'adressait alors son confident, Hippolyte d'Este, au duc de Ferrare : Sa Majesté veut se rendre directement à Turin, pour visiter cette frontière et pour montrer non seulement qu'il détient ces pays comme siens au même titre que la France, mais encore qu'il n'est pas disposé à les abandonner aussi facilement que certains ont voulu le laisser croire[94].

En réalité, le nouveau souverain obéissait à la double impulsion de Montmorency et des Guises. La Savoie et le Piémont étaient conquêtes limitrophes et stables, francisées par les institutions qu'y avait établies le Roi défunt, maintenues en contact permanent avec le gouvernement par des rapports autant civils que militaires : il entrait dans les plans de la politique positive du connétable de raffermir, par la visite de Henri H, cette conquête qui avait désormais le caractère d'un patrimoine[95]. Il était convenable que le nouveau Roi allât recevoir en personne le serment de fidélité de ces sujets naturalisés, qui assistaient pour la première fois, comme Français, à un changement de règne. Au surplus, l'Empereur ayant manifesté quelque inquiétude de ce voyage en Italie, Henri II assura que ce n'estoit que pour visiter ses forteresses et n'y avoit aulcune occasion de crainte[96]. Le Roi n'était pas homme à fausser parole.

D'autre part, on ne peut douter que les Guises n'aient été les premiers instigateurs de ce voyage. Ils préparaient alors une négociation fort importante pour leur fortune, et le concours du souverain était nécessaire au succès. En effet, le mariage de François de Lorraine, duc d'Aumale, avec Anne d'Este, fille d'Hercule II, duc de Ferrare, devait être conclu et ne pouvait l'être qu'avec l'appui et la participation du roi de France. Il parait hors de doute — et ce fut d'ailleurs la raison officielle — que tel avait été le motif premier de la détermination du Roi.

A la conclusion de ce mariage, les Guises apportaient le plus vif intérêt. L'alliance, en effet, était cligne de considération.

Hercule II d'Este, duc de Ferrare, de Modène et de Reggio, était, dans l'Italie du XVIe siècle, un prince fort influent, le seul dont la situation parût définitivement établie, à l'abri des reprises ou des révolutions[97]. Ses États, sis au centre de la Péninsule, entre la Romagne, terre pontificale, la Toscane, la Vénétie, les pays occupés par les Impériaux et les territoires d'influence française, offraient la clef stratégique de ce champ tant disputé et formaient le carrefour de l'Italie. Aussi était-il de grande importance, pour des entreprises futures et particulièrement pour la réalisation de projets sur Naples, d'obtenir la collaboration du duc et partant l'accès de la Romagne et des Marches, portes traditionnelles de l'Italie méridionale.

Son duché pouvait offrir en lui-même un héritage éventuel de grand prix[98]. Administré avec économie et prudence, embelli et fortifié, le pays de Ferrare étendait au pied de l'Apennin de riches plaines, bien peuplées, fertiles en blé et en vins soavi[99]. Il faut se garder de prendre au sérieux le méchant tableau qu'en a laissé Joachim du Bellay, dans les vers fameux des Regrets :

... Tout cela n'est rien aupprès du Ferrarois :

Car je ne vouldrois pas, pour le bien de deux Rois,

Passer encor un coup par si pénible enfer...

Le peuple de Ferrare est un peuple de fer[100].

Quoi qu'en ait dit le poète aigri, les voyageurs, cardinaux, humanistes et marchands séjournaient volontiers dans ce pays où régnait alors la bonne et malheureuse Renée de France, et, de fait, le duché de Ferrare fut, au XVIe siècle, l'Etat le moins troublé de l'Italie[101].

Outre les avantages politiques et matériels, ce mariage devait procurer aux Guises un prestige singulier. Hercule d'Este ayant épousé, en 1527, la fille de Louis XII, Renée, c'était une alliance avec la maison royale que devaient contracter ainsi les Lorrains.

Enfin, dans les entreprises françaises de la Renaissance, comme au moyen-âge, à côté des intérêts, s'offre toujours la séduction des mirages : la Cour de Ferrare était fort brillante et, pour les contemporains de Henri II, l'éclat de la civilisation italienne fut représentée par la famille d'Este[102].

 

Du vivant de François Ier, les relations entre les cours d'Este et de France avaient été de bonne parenté. Le dauphin Henri lui-même entretenait avec son oncle de Ferrare une correspondance suivie, et ses gentilshommes, lorsqu'ils se rendaient en Italie, ne manquaient pas de solliciter l'hospitalité du duc[103].

Aussi, pour les princesses d'Este, filles de Renée et d'Hercule, un mariage en France était-il chose naturelle. A peine adolescentes, elles en furent sollicitées. Ces jeunes filles avaient de quoi séduire.

L'aînée, Anne, semblait devoir illustrer encore la réputation d'esprit qui, depuis longtemps, entourait les darnes de la maison d'Este. Son père écrivait, le 25 mars 1539, au cardinal de Gonzague : Je veux que vous voyiez réciter en secret une comédie dans laquelle ma fille aînée, Madame Anne, joue un rôle ; et, encore que cette comédie soit latine, pour être l'Andria de Térence, je suis sûr qu'il ne vous déplaira pas de voir une enfant de sept ans remplir le personnage de Pamphile. Et le duc ajoutait : Mio sperma è pieno di bon spirito[104]. Née le 16 novembre 1531, Anne passa son enfance parmi les divertissements de la culture la plus raffinée, luttant d'érudition, en des jeux charmants, avec ses frères et ses sœurs[105]. Sous l'influence de son médecin, Gio Sinapio, Luthérien allemand, et d'Olimpia Morati, l'une de ses compagnes, elle paraît avoir incliné, comme sa mère, vers la Réforme[106].

Dès la fin de l'année 1546, Hercule d'Este s'était préoccupée du mariage de sa fille aînée, à peine âgée de quinze ans, et avait engagé des pourparlers avec le roi de Pologne. Mais déjà François Ier manifestait le désir d'établir les princesses de Ferrare dans son royaume[107]. Les partis qu'il proposait étaient nombreux et séduisants, et le cardinal de Ferrare, conseiller intime du Roi, s'efforçait de gagner l'acquiescement de son frère : François de Lorraine, duc d'Aumale, âgé d'un peu plus de vingt ans, grand favori de Monsieur le Dauphin, se présentait en première ligne. On laissait entendre à Hercule que s'il voulait envoyer à la Cour l'une de ses filles, elle serait confiée à la garde et responsabilité de Madame Marguerite.

A l'avènement de Henri II, François de Guise était le prétendant agréé du duc de Ferrare. Mais François demandait la main de Lucrèce d'Este, seconde fille d'Hercule, Anne étant réservée au roi de Pologne. Or, le duc voulait marier d'abord sa fille aînée et refusait d'envoyer en France Lucrèce, qui n'était pas encore pubère. C'est à résoudre ce problème matrimonial que s'employèrent divers protonotaires, pendant les années 1547 et 1548[108].

Le pronotaire Lancelot de Carle, chargé d'une mission à Rome, au cours de l'été 1547, passa par Ferrare à son retour et y vit les princesses, dont il fit grand éloge au Roi[109]. A ce moment même, Hercule d'Este et la duchesse Renée envoyèrent une lettre à Henri Il, confirmée par une dépêche de M. (le Gié, pour agréer définitivement la proposition du mariage de François de Guise avec Lucrèce[110]. Mais le duc persistait à ne pas vouloir accorder la main de celle-ci avant d'avoir casé sa fille aînée. Alors, le Roi décida d'envoyer en Pologne, pour presser le mariage de la princesse Anne, le protonotaire Jean de Monluc, maitre des requêtes ordinaire de l'hôtel[111]. Jean de Monluc se rendit d'abord à Ferrare en octobre 1547. Puis il prit la route de Pologne, pour décider au mariage le roi de ce pays[112]. Par malheur, Monluc n'eut que déboires : le roi de Pologne s'était épris d'une de ses sujettes et refusait de la quitter. De plus, à son retour, passant par l'Autriche, Monluc tomba aux mains de pillards qui le retinrent prisonnier, pendant dix-sept jours, et ne lui rendirent la liberté que sur un ordre du Conseil de Vienne[113]. De son côté, le duc de Ferrare envoyait à la Cour de Henri II, pour le représenter dans ces négociations, le sieur de Lugny, maître d'hôtel de Renée de France[114].

Cependant Charles de Guise, qui avait quitté la Cour en même temps que Jean de Monluc et s'était rendu en Italie, intervenait lui-même pour mener à bi en le mariage de son frère. Accompagné dans son voyage par l'abbé Rossetto, conseiller et serviteur des Este, alors attaché à la personne du cardinal de Ferrare[115], il fit un premier séjour à la Cour ducale, en octobre 1547. Mais on ne pouvait rien décider, avant de connaître le résultat des négociations de Monluc en Pologne. Le protonotaire gascon était de retour à Venise, le 15 janvier 1548 ; en Vénétie, il rencontra le cardinal de Guise qui se rendait lui-même à Ferrare[116]. Henri II perdait patience : J'ay mandé à mon cousin le cardinal de Guy se de passer par vous, écrivait-il à Hercule, affin de parachever les choses commancées pour le faict du mariage que vous sçavez, dont je désire singulièrement veoir une fin[117]. Grâce aux efforts de Monluc, diplomate (le toutes ressources, qui multiplia voyages et démarches, le mariage était à peu près accordé, lorsque Charles de Guise rentra à la Cour et, le 10 février, on en publiait la nouvelle[118]. Vu les fâcheuses amours et la résistance du roi de Pologne, Hercule d'Este se décidait à donner Anne, sa fille aînée, à François de Lorraine. Le sieur de Chemault, premier valet tranchant, parti de Fontainebleau le 23 février, porta au duc de Ferrare le témoignage de la satisfaction du Roi[119]. Restait la question de la dot : l'avarice d'Hercule menaçait de nouveaux retards. Les Guises obtinrent alors, malgré l'opposition du connétable de Montmorency, que Henri II prît à sa charge le paiement de la dot[120]. Enfin, le 1er mai 1548, le Ferrarais Tomaso del Vecchio, aumônier ordinaire du Roi, quittait la Cour à Vauluisant et se rendait en Italie, pour régler les derniers détails[121].

La princesse Anne, dont le mariage avait été négocié par tant de notables personnes, s'offrait alors comme une fiancée désirable. Le président Bertrand en a tracé ce portrait flatteur : La dame est en perfection de beaulté, tant de sa taille, des membres, traicts de visage, couleur et taincts, que des dons de grâce qui ne sont moindres que ceulx de nature. Car elle est sçavante ès lettres grecques et latines, les bien prononçant et parlant, bien entendue en l'art de peinture et musique. Tout cela est tissu et joinct avec tel esprit et bon entendement, telle grâce, modestie et doulceur qu'est requis et que l'on pourroit désirer en sexe féminin. Je vous promets que le prince qui l'épousera sera heureux[122]. Pour se rendre digne d'une princesse, qui joignait à tant de charmes le prestige du sang royal, François de Guise dut se parer de toute la faveur de son maître, Henri II. Le futur vainqueur de Metz et de Calais n'était encore que petit compagnon sans fortune et sans gloire. Le duc de Ferrare en lui accordant la main de sa fille aînée escomptait l'avenir. Cet avenir, il est vrai, s'ouvrait avec des promesses attrayantes : le gouvernement de Piémont et le marquisat de Saluces, qu'on laissait espérer à l'aîné des Lorrains, en étaient, semblait-il, les gages prochains[123].

C'est à ce moment que fut décidé le voyage de Henri II au delà des Alpes. De Mâcon, le 24 juillet 1548, le Roi envoyait Jean de Monluc à Ferrare avec mission de prier Hercule II de venir sceller en personne, à Turin, le mariage de sa fille[124]. J'envoye présentement devers vous le prothonotaire de Monluc, écrivait-il, pour vous dire et faire entendre l'envie que j'ay de vous veoir et embrasser en ce voyaige que je voys faire en Pimont[125]. Ces seigneurs de Guise, constate alors Giustiniani, dépensent toute l'habileté possible et toute l'autorité, dont ils jouissent, avec l'une et l'autre partie, afin qu'ayant conclu le plus difficile, ne surgisse empêchement sur les points de moindre importance[126].

A Bourg-en-Bresse, le Roi constitua un Conseil de régence pour entendre à ses affaires en France, durant le temps de son voyage[127], renvoya la Reine et les darnes à Mâcon, puis, le 31 juillet, après avoir couru la poste incognito jusqu'à Lyon[128], il entrait en Savoie. Le 3 août, il était à Chambéry, d'où il s'achemina vers le col du Mont-Cenis[129]. Ensuite, passé les Alpes, le souverain descendit vers Suse, où il arriva le 10 de ce mois[130]. Jean Caracciolo, prince de Melfi, vint à sa rencontre jusqu'au lieu d'Avigliana. Enfin, le 12 août 1548, Henri II fit une entrée solennelle dans la ville de Turin, salué par la population, par les soldats et par les corps administratifs que la royauté française y avait établis[131]. Les jours suivants, il reçut les hommages que lui offrirent divers ambassadeurs, le sieur de Bressieu, venu de la part du duc de Savoie[132], le comte Jean-Baptiste de Gambara, qu'avait envoyé le duc de Mantoue[133], enfin Don Francesco de Biamonte, lequel, accompagné d'une forte troupe de gentilshommes espagnols et italiens, lui apporta, le 14 août, le salut du lieutenant impérial, Don Ferrante Gonzague[134]. Le 16 août, le Roi, en attendant l'arrivée du duc de Ferrare, poussa son voyage jusqu'à Chivasso et Verolengo ; il rentra à Turin, le 18[135].

Cependant Hercule d'Este s'approchait. Arrivé, le 17, à Alexandrie, il déjeuna le lendemain, à Asti, à la table de Don Ferrante[136] ; le dimanche, 19 août, il se mit en route pour Turin. Son frère, le cardinal de Ferrare, qui faisait partie du cortège royal, se rendit au devant de lui jusqu'à Villanova. De même, le duc d'Aumale, son futur gendre, chevaucha à sa rencontre, entouré de tous les princes et gentilshommes de la Cour. Le Roi lui-même sortit à deux traits d'arquebuse, hors de la ville, pour le recevoir[137].

Hercule s'arrêta deux jours à Turin, jusqu'au départ de Henri II. Le temps fut occupé par des fêtes et par les négociations du mariage[138]. Personnage avisé et méfiant, le duc de Ferrare avait fait tâter l'humeur de Charles-Quint, au sujet de cette alliance. L'Empereur répondit qu'il s'en désintéressait[139]. Libre d'accorder sa fille à François de Lorraine, Hercule déclina, d'ailleurs, l'offre que lui fit le Roi, à l'instigation même du cardinal de Guise, d'entrer dans une ligue belliqueuse contre les Espagnols[140].

Henri II s'apprêta à repasser les Alpes. Le 24 et le 25 août, il reçut, parmi l'allégresse populaire, les vœux et les remerciements de Moncalieri[141]. Carmagnola, Savigliano et Pignerol accueillirent ensuite le cortège royal et virent le souverain confirmer leurs privilèges[142]. A Pignerol, Henri II rencontra Bartolomeo Cavalcanti et Fulvio Orsini, venus de Rome pour le saluer au nom de Paul III et du cardinal Farnèse[143]. Le 6 septembre, la troupe quittait Briançon et prenait le chemin d'Embrun[144], pour se rendre à Grenoble, où elle arriva le matin du 10[145]. De là le Roi, après l'étape de La Côte-Saint-André, ville qu'il laissa le 14 septembre, s'avança vers Lyon[146]. L'entrée qu'il fit dans la seconde capitale du royaume, le 23, fut le couronnement des fêtes italiennes, grâce à la libérale et fastueuse splendeur des marchands florentins, milanais, génois, lucquois, qui peuplaient en grand nombre cette place, fameuse par son commerce avec toutes les nations du monde[147]. C'est, au jugement de tous, écrivait le cardinal de Ferrare, une des plus belles entrées qui ait jamais été faite à roi dans ce royaume et peut-être à prince dans aucun autre lieu[148].

Puis la Cour prit la route de Bourbonnais pour rentrer, à petites étapes, en Ile-de-France.

Le voyage de Piémont avait éveillé les grandes espérances des hommes belliqueux. II était naturel d'imaginer qu'une fois venu en Italie avec sa Cour et tous ses premiers capitaines, le Roi ne voudrait s'en retourner sans avoir accompli quelque prouesse, séduit par ce terrain de conquête et par le voisinage de l'ennemi. Une fièvre, en effet, parut alors dans les négociations diplomatiques, et quelques remous agitèrent la surface politique de la Péninsule. Mais Henri II n'eut pas le temps de s'abandonner aux conseils dangereux qui pouvaient lui être donnés : en pleines fêtes, il apprit que la révolte de la gabelle soulevait les pays de Guyenne et de Saintonge, et du coup les chimères italiennes s'évanouirent[149].

 

Le seul résultat important de ce voyage fut le mariage de François de Lorraine. En vertu d'un contrat, dressé par actes successifs des 14, 26 août et 28 septembre 1548, à Ferrare et à Paris, Anne d'Este reçut en dot cent cinquante mille livres. Le Roi s'engagea à payer lui-même cette somme. En effet, des lettres patentes, datées de Saint-Germain, le 25 décembre, aliénèrent du domaine dix mille livres tournois de rente au prouffict du duc d'Aumale, en faveur du mariage de luy et de la princesse de Ferrare et en l'acquit de la somme de cent cinquante mille livres tournois, que la couronne devait à Hercule d'Este, pour un emprunt consenti à François Ier par le duc Alphonse, lors de la campagne de Pavie, en 1525. Cependant, à l'enregistrement de ces lettres, le Parlement de Paris trouva quelque doubte et difficulté : l'entérinement n'eut lieu que le 4 mars 1549[150].

Au début de septembre 1548, Louis de Bourbon, accompagné de deux frères de François de Lorraine, prit le chemin de Rome, pour rendre au pape la visite que Bartolomeo Cavalcanti avait faite en Piémont : à son retour, le 15 septembre, il s'arrêtait à Ferrare et y épousait par procuration la princesse Anne. Louis de Guise, évêque de Troyes, attendit, pour l'accompagner durant son voyage nuptial, que la nouvelle duchesse d'Aumale se mît en route[151].

Anne d'Este quitta Ferrare, à la fin du mois de septembre, et prit congé de son père à Ficarolo. Sa mère, la bonne duchesse Renée, et ses deux sœurs, Lucrèce et Eléonore, ne la laissèrent qu'à Mantoue[152]. Précédée de l'évêque de Troyes, elle poursuivit son voyage, en compagnie seulement de quelques dames d'honneur, de serviteurs et de vieux gentilshommes attachés à la maison de Guise, sous la direction de M. de Biencourt. Par Crémone[153], la Lombardie et Verceil[154], elle arriva en Piémont : le gouverneur de Chivasso, Ludovic de Birague, lui offrit un beau festin ; à Turin, le 20 octobre, le prince de Melfi la réjouit aussi de deux festins fort beaux, là où il y avoit masques de toille d'or, force hommes d'armes qui ont couru la bague et combattu à l'esperon[155].

Anne n'était guère parée : son père, d'une avarice sordide, l'avait envoyée presque nue. M. de Biencourt dut lui acheter à Turin des cols, mouchoirs de nés et cornettes. Et le vieux gentilhomme enseigna à la petite princesse les modes de France. Parlant de sa toilette : N'y a femme avec elle qui luy sache mettre bien à propos, écrivait-il à François de Lorraine, et faut en cela que je l'aye servie de dame d'honneur pour luy donner le tour. Mais cela ne se fait pas sans rire. Et il ajoutait ces détails charmants : Pour cette heure, elle est bien punie qu'elle n'ose rire parce que le froid luy a fait mal à la bouche. J'avoys cy devant ouÿ dire qu'elle estoit mélancolique : je vous asseure, Monseigneur, qu'elle l'est aussy peu que femme que j'aye point veu[156].

Le 21 octobre, Anne était à Suse[157]. Elle rencontra à Briançon, le 24 octobre, M. de Hangest qui lui remit des brodures, chaînes et bagues, ainsi que des orillettes et chaînes de cheveux, aux armes de François de Lorraine[158]. Le 27 octobre, la princesse arrivait à Grenoble, où elle trouva le vieux duc de Guise, Claude, père de François : celui-ci était retenu en Poitou par la répression des rebelles[159]. De Grenoble, Anne adressa une lettre à son père, le 1er novembre, pour exprimer le bonheur ressenti dès son premier contact avec le pays et les gens de France[160]. Elle-même causait beaucoup d'admiration. C'est la plus douce et humaine princesse qu'il est possible de voir, écrit encore M. de Biencourt[161]. Et le Roi adressait au duc d'Aumale ce billet, digne du futur Béarnais : Je pourray arriver à Saint-Germain le 15 du mois prochain, et là ce sera à vous à courre, et verra-on sy vous serez aussy gentil compagnon que mon cousin le duc de Vendosme, qui doit estre dimanche marié[162].

Partie de Lyon, le 18 novembre[163], Anne prit la route de Bourgogne et arriva en Ile-de-France, au début de décembre[164]. Elle fut reçue à Paris comme une reine. Trois cardinaux, tous les gentilshommes de la Cour, les membres du corps de ville, le Parlement, les archers de la cité la saluèrent, à son entrée, au bruit des feux d'artillerie. Le soir même, Henri II, venu à Paris incognito avec le connétable, offrit à la princesse le spectacle d'un tournoi qui dura deux jours[165]. Les noces furent célébrées, à Saint-Germain-en-Laye, le 16 décembre 1548[166]. Des festins, des joutes, des comédies occupèrent la Cour pendant plusieurs semaines : les dépenses montèrent à plus de deux cent mille livres. De mémoire d'homme, écrivait l'ambassadeur ferrarais, personne ne se souvient d'une telle dépense, ni d'un si grand triomphe[167]. La jeune épousée manifesta sa joie[168]. La princesse est très contente, dit alors Alvarotti, et bien aimée de Monsieur d'Aumale, et elle l'aime autant[169].

De ces fêtes éclatantes, les contemporains retinrent que le mariage de Guise avait été célébré comme un mariage royal.

Aimable et fort lettrée, la jeune duchesse d'Aumale, plus tard duchesse de Guise, créa un nouveau foyer d'influence italienne, à la Cour de France. Elle émerveilla l'entourage du Roi par sa contenance sérieuse. Son éducation, si cultivée, avait laissé en elle cette perfection intellectuelle qui fut le charme et la force de tant de princesses de la Renaissance.

Très attachée à sa famille, fidèle au souvenir de son pays de Ferrare, dont elle aimait, à l'occasion, lire et parler le dialecte[170], Anne d'Este donna protection aux artistes et aux comédiens de sa patrie. Michel de l'Hospital, qui la nomme Vénus la Sainte, l'invitait à montrer en France le même goût pour les lettres qu'elle avait manifesté à Ferrare. Evoquant les heures de causerie passées naguère auprès d'elle : Revenez, lui disait-il, à ces belles études que vous vous engagiez à reprendre, lorsque nous voyagions ensemble[171]. Plus tard, François de Billon, secrétaire d'Octave Farnèse, dédia à la jeune duchesse Le Fort inexpugnable de l'honneur du sexe féminin[172]. Epouse enjouée et attentive, bientôt mère, elle mit au monde, dans la nuit du 31 décembre 1549, un fils dont le Roi voulut être parrain et qui reçut le nom de Henri[173]. Des grossesses assez fréquentes et la tutelle un peu tyrannique de sa belle-mère, Antoinette de Bourbon, l'empêchèrent de prendre toute l'influence qu'elle aurait pu obtenir. Pourtant, elle exerça sur sa nouvelle famille, sur la Cour, sur le Roi lui-même une action notable. Procuratrice fidèle des intérêts de son père[174], elle sut amener Henri II aux sentiments de la plus vive affection envers le duc de Ferrare[175]. Elle se lia avec cette autre Italienne, qu'elle avait rencontrée en France, la reine Catherine de Médicis[176] ; elle vécut même dans l'intimité de Diane de Poitiers, protectrice et alliée des Guises[177]. Ses compagnes de choix furent les deux filles du comte de La Mirandole, Silvia et Fulvia Pico, venues pour la recevoir à Saint-Germain et qu'elle connaissait depuis l'enfance[178]. La maison d'Anne d'Este se remplit aussi de ces Italiens errants, gentilshommes, artistes et serviteurs, qui entretinrent comme un courant de relations de la cour de Ferrare à la famille de Guise. D'ailleurs, la jeune duchesse ne manqua pas d'introduire ses créatures dans le royaume, tel ce clerc Boturneo dei Boturnei, qui jeta le scandale par sa conduite déshonnête en la petite ville de Provins, où il était prieur de l'Hôtel-Dieu[179].

A l'occasion du mariage d'Anne d'Este avec François de Lorraine, on voit le Primatice entrer pour la première fois au service des princes de la maison de Guise. Jérôme de Carpi, élève du Corrège et peintre en titre de la cour de Ferrare, avait peint les portraits d'Anne et des autres enfants d'Hercule II d'Este, pour les envoyer en France. Ces portraits furent adressés au Primatice, qui les remit à la Reine, au mois de janvier 1548[180]. Dès lors, le Primatice reçut des Guises des commandes aussi nombreuses et aussi importantes que celles de la maison royale, soit à Paris ou à Meudon, soit à Joinville. Et les Lorrains encouragèrent ainsi l'italianisme dans l'art[181].

Ce mariage créa surtout entre la maison d'Este et la France des liens politiques que ne purent relâcher ni la cupidité, ni la sournoiserie d'Hercule II et que resserrèrent chaque année davantage les ambitions italiennes de la famille de Guise. Le Roi, écrira l'ambassadeur Alvarotti au duc de Ferrare, en 1551, désire donner sa fille aînée Élisabeth pour épouse au prince fils de votre Excellence, Sa Majesté ayant décidé de se jeter en tout et pour tout dans ces deux maisons d'Este et de Guise[182]. Deux mois à peine après les noces d'Anne d'Este, en février 1549, Henri II choisit Hercule comme parrain de son fils nouveau-né, le duc d'Orléans[183].

Aussi bien, pour accroître cette amitié, les frères de la duchesse de Guise vinrent eux-mêmes prendre rang à la cour des Valois. Au printemps de 1552, un événement comique émut les esprits irritables des politiques italiens. On apprit un jour qu'Alphonse d'Este, prince héritier de Ferrare, las de l'avarice de son père et désireux de s'initier à la vie dans un monde plus vaste que le petit champ domestique, s'était enfui de la cour paternelle. Le 28 mai, après avoir emprunté secrètement neuf mille écus, il était parti, sous prétexte d'une chasse à l'épervier, accompagné d'un capitaine, de six hommes d'armes, d'un camérier et d'un barbier. Son père le fit vainement poursuivre[184]. Il parait hors de doute qu'en accomplissant ce coup de tête, le prince avait obéi aux conseils secrets de sa mère, Renée, de son oncle, le cardinal Hippolyte, et aussi de sa sœur, Anne[185]. Alphonse rejoignit en Champagne l'armée du Roi, à la fin de juin 1552. Henri II le combla de marques de tendresse, lui donna sur-le-champ cinq mille écus, le pourvut de mille écus par mois, en y ajoutant la promesse d'une pension annuelle de quarante mille francs pour l'entretien de sa famiglia, enfin, il le reçut matin et soir à sa table. On établit le prince à la tête d'une compagnie d'ordonnances, avec le collier de l'Ordre de Saint-Michel. Madame Marguerite, sœur du Roi, fiancée déjà à tant de princes, se vit sur le point d'accorder encore sa main à l'héritier de Ferrare[186].

Cette aventure provoqua ce qu'un malicieux Florentin appelle les grands soupirs du duc de Ferrare et fut occasion à celui-ci de jouer, devant le petit monde diplomatique, une comédie d'indignation : il supplia le Roi de lui renvoyer son héritier et s'efforça de prouver à l'Empereur incrédule son innocence qui était réelle[187]. Henri II ne prit pas au sérieux ces protestations, et le prince Alphonse, en dépit des lointaines doléances de son père, combattit, pendant plusieurs années, sous la direction et la surveillance de son beau-frère, le duc de Guise ; en 1552, il assista à la défense glorieuse de Metz contre Charles-Quint[188]. L'année suivante, au fort de l'influence des Guises, on lui promit la main de Claude de France, seconde fille du Roi[189]. Mêlé parfois aux négociations de la politique italienne, Alphonse brilla surtout parmi les filles d'honneur. Il rentra à Ferrare, à l'automne de 1554, en compagnie de l'ambassadeur Alvarotti[190]. Olivier de Magny a exprimé les regrets dont cc départ fut le motif, et en particulier ceux des dames galantes :

Vous, Cupidon, qui scavez nos secrets

Oyez, pour Dieu, de nos tristes regrets

La pitoyable plaincte[191].

Ces regrets n'étaient point de l'invention du poète. Le grave duc de Guise lui-même écrivit à son beau-frère : J'ay bien voulu vous fere entendre que estes assez souvent désiré en ceste compaignye parmy toutes les damoyselles[192]. Nous verrons plus tard que le prince d'Este ne put supporter longtemps l'ennui de sa propre patrie et revint bientôt à la cour de Henri II.

Fortifiée encore par le voyage de Louis d'Este à la cour de France, en 1556, l'amitié du Roi envers la famille souveraine de Ferrare devait être la base de la politique italienne de ce règne. A la suite du mariage d'Este, une correspondance continue mit en commun les ambitions italiennes du gouvernement royal et celles d'Hercule II[193].

Fait peut-être plus important, le mariage de François de Guise avec la fille de Renée de France, en même temps qu'il marquait la première alliance des Guises et des Valois, unissait les destinées de la maison de Lorraine à celles de l'Italie. On ne saurait s'exagérer l'intérêt de cette nouveauté, tant pour l'histoire générale que pour celle des partis. Dès lors, en effet, à côté des rapports officiels que surveille Montmorency, existe une diplomatie secrète qui unit le cardinal de Guise et son frère François au duc de Ferrare, par l'entremise de l'habile Alvarotti : de manière que la famille d'Este entre, pour ainsi dire, dans le parti des Lorrains, lesquels épousent, par compensation, la cause de leurs puissants alliés d'outremonts[194]. Des signes matériels de cette union, dont nous avons aujourd'hui les preuves, purent frapper l'esprit des contemporains eux-mêmes. Un an à peine après le mariage de la princesse Anne, Charles de Guise, qui se rendait à Rome pour assister au conclave, reçut de l'avare Hercule d'Este l'offre de cent mille écus, somme qui dépassait même le montant de la dot que le duc de Ferrare avait donnée à sa fille. Par quoi le duc, écrivait Charles de Guise, a appertement démonstré l'affection qu'il a à la nation françoise et la bonne amytié qu'il me porte en particulier[195]. François de Lorraine, en 1555, s'employa à négocier le mariage de Lucrèce d'Este, sa belle-sœur, avec le célèbre duc de Nemours, de la maison de Savoie, et, s'il eût réussi, ce mariage pouvait miner la puissance du connétable de Montmorency jusque dans sa propre famille[196].

 

L'année 1549 passe, sans que la politique royale s'attache beaucoup à l'Italie. Tous les partis de la Cour agissent sur un autre champ. Fleuri II poursuit au Nord, contre l'Angleterre, ses desseins personnels de conquête. Montmorency n'a pas de bonne raison pour s'opposer à cette guerre anglaise. L'ambition des Guises, oncles de la petite reine d'Ecosse, Marie Stuart, s'accorde parfaitement avec les velléités du Roi, les provoque même.

En effet, au début de juillet 1548, un Parlement des Etats d'Ecosse avait approuvé le mariage en projet de Marie Stuart avec le dauphin François, héritier de Henri II[197]. Agée de six ans, la petite reine, la reinette comme on l'appelle, fille de Marie de Lorraine, fut bientôt amenée en France : le 20 août 1548, elle débarquait à Roscoff. Henri II lui donna aussitôt le rang de Dauphine. Je vous advise, écrivait-il à M. d'Humières, que j'entendz qu'elle marche devant mes filles, car le mariaige de mon filz et d'elle est arresté et conclud, et sans cella elle est royne couronnée et comme telle je veulx qu'elle soit honnorée et servie[198]. Dès lors, le Roi considère l'Ecosse comme le royaume du Dauphin[199]. Aussi toutes les forces françaises, en l'année 1549, attaquent-elles l'Angleterre, et, fait qui prouve l'indifférence de la Cour au sujet des affaires italiennes, ce sont les fuorusciti florentins, Piero et Leone Strozzi, qui commandent la flotte royale dans les mers d'Ecosse. La guerre de Boulogne se termine heureusement. Elle offre encore aux Guises une occasion de se rapprocher de la première place dans le gouvernement, en dépit du connétable.

C'est qu'en effet, sous l'apparente unanimité, les intrigues ne chôment guère, et l'on peut voir que le crédit de la maison de Lorraine monte rapidement. Entreprise sous la direction de Montmorency, la campagne du Boulonnais s'est achevée en victoire, grâce au talent et à la prévoyance de François de Guise : d'où surgit un conflit de vanité. Le connétable veut enseigner au Roi la défiance à l'égard du jeune duc d'Aumale. Mais, lorsque celui-ci rentre à la Cour, au début de janvier 1550, Henri II le caresse, l'honore, le loue en public et en privé, devant le connétable humilié. Et, pour se venger des calomnies, François de Guise déclare au souverain qu'il a réparé les fautes d'autrui, faisant allusion à l'incurie de Montmorency, qu'on accuse d'avoir laissé des places sans provisions[200]. Aussi bien, les Guises mènent la lutte avec la plus rude âpreté. Ils surveillent et minent les moindres desseins de leur rival, les changements qui s'opèrent dans sa famille même. A l'occasion du mariage d'Eléonore de Roie avec Louis de Vendôme, qui allie la maison de Montmorency à celle de Bourbon, Marie de Lorraine signale à ses frères, en termes impudents, ce danger nouveau : Sommes bien marris d'avoir entendu les mariages qui se font et que le connes-table se doive allier à la maison de Bourbon. Il me semble que devez empescher cela sur toutes choses, autrement la fin n'en vaudra rien[201].

Les Guises réussissent à gagner beaucoup de terrain. Quoique le connétable ait l'administration extérieure de toutes choses, étant pour ce service un homme tel qu'il serait difficile d'en trouver le semblable, maintenant les Lorrains ont autant de crédit que lui[202]. Un jour que l'aumônier du Roi, Tomaso del Vecchio, exprimait en paroles amères, devant le cardinal de Guise, sa rancune contre Montmorency et montrait le désir de quitter la Cour pour échapper aux tracasseries de l'insupportable ministre, Charles de Lorraine le consola : Non, non, dit-il, ayez un peu de patience : les choses ne peuvent durer ainsi[203]. Pour être les égaux du connétable, il ne manque aux Lorrains que la gloire militaire. La guerre de Boulogne achevée, c'est en Italie qu'ils s'efforcent de provoquer l'incendie. En septembre 1549, le cardinal de Guise, sûr de son influence sur Henri II, affirme au nonce que le Roi veut la ligue et la désire sur toutes choses[204].

Sur ces entrefaites, meurt le pape Paul III. Au cours du conclave. Charles de Guise affirme avec insolence sa suprématie sur les autres cardinaux français. Il fault que je vous dye, écrit Châtillon à son oncle, la façon de laquelle nous use Monsieur le cardinal de Guyse, que je trouve fort estrange : car il n'est point à croyre le peu de compte qu'il raict ordinairement de tous nous aultres, de façon que tout ce conclave entièrement s'en mocque, disant que tous ne servons que de nombre. Je puys asseurer que toute ceste compagnie est fort indignée du déprisement qu'il a de nous[205]. A la fin de janvier 1550, Charles de Guise écrit au Roi, l'informant qu'on espère, par des longueurs, lasser la patience des Impériaux et obtenir l'élection du cardinal de Ferrare, frère d'Hercule d'Este et oncle de François de Lorraine. Montmorency, inquiet de cette nouvelle, fait signer au souverain une lettre ordonnant aux cardinaux de presser l'élection et ruine ainsi les espoirs communs des Este et des Guises[206]. La dispute continue après le conclave. Les cardinaux français se plaignent au Roi des procédés de Charles de Guise et de son candidat, Hippolyte d'Este. Rentré à la cour, Charles de Guise se défend victorieusement ; quant au cardinal d'Este, importuné par les lamentations de Jean du Bellay, il se retire quelque temps à Tivoli, pour laisser passer l'orage[207]. Mais la mort de Paul III et l'élection de Jules III ont changé les conditions politiques et refoulé les tendances belliqueuses.

Au reste, les Guises ont fort à faire dans le royaume. L'année 1550 marque l'époque de la constitution définitive des partis : la distribution des forces se précise, au détriment de Montmorency. La mort des vieux Guises donne à la nouvelle génération la puissance des richesses. Dans la même saison, meurent le cardinal Jean de Lorraine et son frère, le duc Claude de Guise. Nous avons vu quel héritage princier d'abbayes et de bénéfices avait laissé le premier à son neveu, Charles. Le connétable s'efforça d'empêcher que cette énorme succession ecclésiastique n'échût au nouveau cardinal de Lorraine. Mais le Roi, évitant les remontrances de son premier conseiller, pourvut Charles de Guise d'une donation secrète, dont il retarda la publication. Informé drop tard, Montmorency reçut l'affront sans mot dire[208]. La mort du duc Claude — de ce vieillard que ses fils méprisaient un peu et laissaient à la porte, avec sa barbe blanche, selon l'expression de Marie de Lorraine[209] — livrait aux mains de François de Guise la fortune patrimoniale et lui conférait le prestige du chef de maison.

Des biens de Claude de Guise, François reçut pour cinquante trois mille francs de revenus, le marquis du Maine pour quinze mille, ainsi que le marquis d'Elbeuf. Les châteaux et palais échurent encore à l'aîné, François[210].

A l'occasion de la mort du vieux duc de Guise, les Lorrains lancèrent contre Montmorency une accusation singulièrement grave. Claude et son fils François étaient tombés malades en même temps, à la suite d'un repas. Les médecins déclarèrent qu'il y avait empoisonnement ; après la mort du duc, ils rédigèrent même un écrit attestant que le décès était dû au poison. Les Lorrains 'l'hésitèrent pas à charger de ce crime le connétable et firent répandre l'accusation à l'étranger[211].

Cependant, tout occupés à ces intrigues et à la réalisation des héritages récents, gênés d'ailleurs par les nouvelles conditions politiques de l'Italie, les Guises oublient un peu la guerre. La délibération de la guerre, dit Boyvin, demeura assez longuement suspendue entre crainte et bon vouloir, non seulement à l'endroit du Roy, mais de ceux là mesmes qui plus volontiers la persuadoient, comme faisoit, entre autres, M. le duc d'Aumale[212].

Bien que le connétable ait lieu de se réjouir de cet état de paix, la fortune ne lui sourit guère. L'année 1550 marque la fin de sa toute-puissance réelle, à la Cour. Désormais, il conservera l'administration extérieure de toutes choses, mais la force politique de ses rivaux deviendra telle qu'il devra, pour un temps, rester en défensive et se contenter du rôle d'opposant. Un incident a donné la cohésion à ses adversaires et refroidi ses rapports avec le Roi lui-même : incident dont la maîtresse royale, Diane de Poitiers, fut le sujet, et où le connétable manqua de trébucher définitivement.

La grande sénéchale, déjà vieille et inquiète, détestait Montmorency et soutenait les Guises. Ce n'était point seulement par inclination personnelle, mais aussi par intérêt de famille.

Les Lorrains avaient toujours flatté les favorites : sous le règne de François Ier, on avait vu Mme d'Etampes s'ériger en protectrice de leur fortune, s'employant à obtenir pour Charles de Guise le chapeau de cardinal[213]. Ces bons rapports avec Mine d'Etampes n'empêchèrent pas les Guises de circonvenir à temps la maîtresse du dauphin Henri, Diane de Poitiers. Au mois de juillet 1546, Louise de Brézé, fille aînée de la grande sénéchale, épousait Claude, marquis du Maine, plus tard duc d'Aumale, troisième fils du vieux duc de Guise[214]. Ce marquis du Maine, homme aimable et d'ailleurs très cultivé[215], qui eût trouvé sans doute meilleure occasion de se distinguer s'il n'eût été gêné par ses frères, sut parfaitement gagner sa belle-mère. Dès lors, l'appui de Diane fut acquis à l'ambition des Lorrains, lesquels s'efforcèrent de rendre de jour en jour plus intime cette alliance. En 1547, durant l'agonie de François Ier, le vieux cardinal Jean de Lorraine s'était retiré pour aller courtiser, avant l'heure, la maîtresse du Dauphin[216]. Aussi la grande sénéchale, si préoccupée qu'elle fût de s'enrichir elle-même, à l'avènement de Henri II, s'employa autant à favoriser la fortune de ses alliés, et en particulier celle de Charles de Guise[217]. Le cardinal ne négligea aucune prévenance pour capter cette faveur : pendant deux ans, on vit l'archevêque de Reims manger à la table de la maîtresse royale[218]. Diane ne cessa de vanter au Roi le mérite des Lorrains. Charles savait lui-même se mettre en valeur ; François, souvent absent, était plus exposé aux médisances : la favorite louait avec zèle son entendement et bonne intelligence, et présentait au souverain les lettres et advis de toutes choses que lui adressait le jeune duc[219]. Quelle force les Guises tirèrent de cette alliance, il faut, pour l'imaginer, se rappeler l'empreinte profonde que l'impérieuse gouvernante[220], comme disent les ambassadeurs, avait marquée sur l'âme docile de Henri II, empreinte que ravivait un contact maintenu avec vigilance[221]. Diane forma souvent, dans sa chambre, une sorte de Conseil intime, qui réunissait seulement le Roi, Charles et François de Guise : la porte de la maîtresse royale se dressait ainsi comme une barrière qui séparait Montmorency du souverain, et livrait celui-ci à la séduction des Lorrains[222]. Les intrigues de Diane et les manœuvres des Guises se confondent, tendent à une fin commune, qui est l'expulsion ordonnée du connétable des domaines où son influence paraît gênante.

Pour ce qui regarde la politique italienne, des documents prouvent que la favorite eut des raisons personnelles de s'intéresser aux entreprises d'outremonts. Elle prétendait revendiquer d'anciens droits de famille sur une région importante, sise aux confins de l'Ombrie et de la Toscane, c'est à savoir Cortone, Chiusi, le lac et la vallée de Pérouse. En l'année 1549, elle s'était efforcée de faire reconnaître ces droits par les tribunaux romains, afin de les vendre au Saint-Siège, contre bonne somme de deniers[223].

Montmorency s'était toujours distingué par sa haine des favorites. C'était, chez lui, semble-t-il, souci louable du bien de l'Etat, rigidité morale, et sans doute aussi jalousie du pouvoir. Une rude disgrâce, sous François Ier, lui avait appris ce qu'il en coûtait de s'attaquer aux puissances de cette sorte. En 1547, il était revenu à la Cour, encore animé d'intentions morales, mais avec la résolution de mettre plus d'habileté que jadis dans la conduite de son dessein. Il tenta d'abord de séduire Diane : on le vit, durant les premiers mois du règne, faire de grands efforts pour obtenir sa faveur, la courtisant et lui rendant compte chaque semaine des affaires. Méfiante et d'ailleurs possédée par les Guises, la grande sénéchale se montra rebelle à la sollicitude du connétable[224]. Informé que la favorite tramait sa perte, Montmorency se décida à l'attaquer par détour. Au dire d'un agent d'ordinaire bien instruit des choses de la Cour, le voyage de Piémont, dont nous avons suivi plus haut les étapes, n'aurait eu d'autre but, dans l'esprit de Montmorency, que de soustraire le Roi à la domination de sa maîtresse, en lui offrant des sujets nouveaux d'activité et de passe-temps. La tentative échoua, et, en cette même année 1548, le cardinal du Bellay conseillait au pape de s'adresser à la favorite pour obtenir satisfaction du souverain[225].

Au mois d'août 1550, les ruses du connétable provoquèrent une véritable tragédie. La campagne du Boulonnais avait donné aux Guises faveur et gloire ; le Roi s'était plu, dans les circonstances récentes, à leur prouver une amitié particulière : ils montraient leur allégresse sans discrétion[226]. C'est alors que Montmorency engagea une partie singulière.

Marie Stuart, la petite reine d'Ecosse, nièce des Lorrains, était confiée aux soins d'une demoiselle d'environ trente-cinq ans, très belle d'aspect et de manières, qu'on appelait lady Flaming. Le cardinal de Guise s'aperçut que Montmorency entrait chaque unit dans l'appartement de cette personne. L'émotion des Lorrains fut grande : ils virent là une perfidie du connétable, lequel pensait sans doute déshonorer le petite reine et la rendre inapte à épouser le Dauphin, par l'ignominie de sa gouvernante. Ils résolurent de surveiller la débauche du connétable, de prendre celui-ci en faute et de le tuer, sous prétexte d'honneur. Mais bientôt les serviteurs apostés donnèrent des détails nouveaux : c'était le Roi lui-même que Montmorency conduisait chaque nuit chez lady Flaming. Diane, la Reine et les Guises furent saisis d'une égale fureur. Une nuit, Diane surprit les deux hommes qui sortaient de la chambre de sa rivale. Dans un discours vraiment tragique, elle accabla le Roi d'insultes, rappela tout le passé et, parlant au nom des Guises, l'accusa de déshonorer la reine d'Ecosse en lui donnant une p... comme gouvernante. Henri II céda et ne revit plus l'Ecossaise. Quelque temps après, il partait pour Anet[227]. Le connétable était vaincu et couvert de la réprobation unanime, brouillé avec la Reine, abhorré des Guises, blâmé par les personnes les moins averties, comme Madame Marguerite, ou même par les plus souples, comme Saint-André[228].

Ce grave incident se termina par une défaite de Montmorency, dans le domaine de la politique générale. Le Roi ne pouvait sacrifier son premier conseiller pour une histoire d'amour, dont lui-même avait été le complice et le bénéficiaire. Mais il dut donner des compensations à ceux qui prétendaient avoir été lésés dans leur honneur, et le connétable en paya les frais. Les neveux de celui-ci se virent frustrer du généralat de l'artillerie, qui fut conféré à M. d'Estrées, et du gouvernement de Bourgogne, que reçut Claude de Guise, gendre de Diane. Coligny était candidat au gouvernement de Piémont : à ce poste le Roi nomma Charles de Cossé, comte de Brissac, malgré la colère de Montmorency[229]. Brissac était lié d'une amitié étroite avec le duc de Guise : de toutes les affaires d'Italie il rendit compte aux Lorrains, en des lettres fréquentes et familières. Les rapports devinrent si intimes que les Guises conseillèrent à Brissac de dissimuler ses sentiments, afin de ne pas exciter la jalousie du connétable[230]. De plus, M. d'Urfé, qui était ambassadeur à Rome, fut sacrifié : ami de Montmorency, il se trouvait en mésintelligence avec le cardinal de Ferrare, protecteur des affaires de France au Sacré-Collège et oncle du duc de Guise[231]. Au lieu de D'Urfé, le Roi nomma Paule de Termes, capitaine sans aptitudes diplomatiques, créature des Lorrains[232]. Tous ces changements indiquent la suprématie de la maison de Guise, qui dirige, pour un temps, la politique royale. Les conséquences en paraîtront bientôt : en la fin de 1550, les négociations diplomatiques se brouillent, et la guerre éclatera, quelques mois après l'aventure de lady Flaming[233].

Les Guises, comme on le voit, avaient pris occasion de la fâcheuse posture du connétable pour faire entrer leurs créatures dans les premières charges de la politique française en Italie. La maison de Lorraine fut toujours servie par des clients fidèles, qu'attiraient la bonne grâce et le prestige de ses princes courtois. Les ambassadeurs italiens, pour avertis qu'ils fussent, se laissaient prendre eux-mêmes à cette séduction[234]. Quant aux agents qui menèrent, dans la Péninsule, les pratiques de la France, ils trouvèrent toujours, auprès des Guises et de Diane, une protection efficace et une sympathie qui formaient contraste avec la rudesse désagréable de Montmorency. Parmi ceux qui retiennent l'attention, les Monluc, Jean et Blaise, étaient fidèlement attachés à la maison de Lorraine. Blaise, ancien page du duc Antoine, reconnaissait volontiers ses obligations envers les premiers protecteurs de sa fortune : Oultre ce que je vous demeure redebvable de l'amitié que tousjours m'avez portée, écrivait-il à François de Guise, suis esté norri en la maison de là où vous sortez, et toutes ces deux choses m'obligent à vous estre très humble et fidelle serviteur[235]. Le protonotaire Jean de Monluc était proprement l'agent de confiance des Lorrains, et nous avons vu quel dévouement il avait mis à leur service, dans les négociations du mariage d'Este. Pensionné par le cardinal de Lorraine, pourvu d'une abbaye de trois mille francs d'entrées, il obtint, en 1553, grâce à ses protecteurs et malgré sa réputation de libertin, l'évêché de Valence[236]. Je n'eusse icy, de longue main, cognu sy fidelle serviteur et du Boy et de toute nostre maison, écrivait François de Guise[237]. Les créatures de Diane s'employaient d'un zèle pareil pour le service des Lorrains. Tous s'efforçaient de capter la bienveillance de la favorite et de ses alliés, qui paraissaient les hommes de l'avenir : tel Dominique du Gabre, évêque de Lodève et trésorier des armées à Ferrare, qui envoyait à Diane des gants pannéz[238], tel le sieur de Beauregard, ce secrétaire Duthier qui expédiait les affaires d'Italie et qui, pour soumis qu'il fût au connétable, n'en déclarait pas moins mettre en la maison de Guise l'un des principaux fondemens de sa conservation[239]. C'était une nuée d'agents, qui suivait et soutenait l'ambition des princes de Guise. Parmi les serviteurs de Diane, employés dans la politique italienne, le plus notable fut Jean d'Avanson, sieur de Saint-Marcel, conseiller au Parlement de Grenoble et intendant de la grande sénéchale : nommé ambassadeur à Rome, il prit grande part aux négociations qui amenèrent l'expédition de Guise en Italie[240]. De plus, liés par des rapports constants avec les banquiers italiens de Lyon[241] et continuant avec libéralité le mécénat du cardinal Jean de Lorraine[242], les Guises s'attachèrent une clientèle venue d'outremonts.

 

Si l'on voulait comparer les chances respectives de ces grands rivaux, Montmorency et Guises, il faudrait conclure qu'en dépit d'apparences favorables à la maison de Lorraine, elles s'équilibraient. Auprès d'un Roi tel que Henri II, le passé et l'âge du connétable donnaient à celui-ci la sécurité : le pis qui pût lui arriver était que l'influence de ses adversaires devint égale à la sienne. Au reste, cette éventualité, Montmorency ne voulut jamais l'accepter.

Les manifestations d'une rivalité, qui était générale et définitive, se produisirent sur tous les champs de la politique intérieure et extérieure. Mais les péripéties de cette lutte, réduite d'ordinaire à l'opposition des deux forces ennemies, se compliquèrent, dans les affaires italiennes, par l'intervention d'influences et de passions propres à ce milieu, c'est à savoir l'influence des grands cardinaux protecteurs de la politique française et les passions des fuorusciti italiens, bénéficiaires de cette politique.

 

 

 



[1] H. Dandino au cardinal Farnèse, 1547, 31 mars, Rambouillet (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. II, fol. 318-320 ; orig.). J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, mars-avril, dépêches quotidiennes de la Cour (Arch. d'Etat de Modène, Cancelleria ducale, estero, Francia ; orig. chiffrés). F. Vinta au duc de Florence, 1547, 7 avril. Milan, transmet les avvisi de France (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3101, fol. 454 ; orig.). Cf. les dépêches de Saint-Mauris, p. p. Ch. Paillard, La mort de François Ier (Revue historique, t. V, p. 84).

[2] Voyez le chap. intitulé La révolution du palais dans le livre de F. DECRUE, Anne de Montmorency, t. II, pp. 1 et suiv. — Nous citerons rarement le remarquable ouvrage de M. Decrue, parce que nous nous sommes attaché à mettre en lumière les points, laissés jusqu'ici dans l'ombre, de la politique et du caractère de Montmorency. M. Decrue a effleuré à peine l'histoire de la politique italienne.

[3] Sources supr. cit., et ALBERI, Relazioni, 1a série, t. IV, p. 65.

[4] Les correspondances du temps contiennent des doléances infinies au sujet des lenteurs administratives, dont l'intervention du connétable était la cause.

[5] G. B. Ricasoli à Cosme de Médicis, 1547, 28-29 mai, Paris (DEJARDINS, op. cit., t. III, p. 189.

[6] Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 8 juillet, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Cancelleria ducale, estero, Francia ; orig.).

[7] Il faut prendre garde aux préjugés et à la partialité des ambassadeurs étrangers. Pour des raisons diverses, le nonce, le Ferrerais, le Florentin et le Vénitien sont amis des Guises et, par conséquent, hostiles à Montmorency. Seul, l'ambassadeur de Mantoue exalte la politique du connétable.

[8] G. Corregrani adressait au duc de Mantoue, le 19 mars 1548, de Melun, un bel éloge de Montmorency (Arch. d'Etat de Mantoue, carteggio am basciatori, Francia ; orig.).

[9] Le nonce au cardinal Farnèse, 1547, 22 août (Arch. Vatic., arm. VIII, ordo 1a vol. V, fol. 189 ; orig.).

[10] Le cardinal Saint-George au cardinal Farnèse, 1547, 21 mai, Paris (Arch. Vatic., Nunz. Francia, IA, fol. 320 v. ; orig.).

[11] Cité p. P. DE VAISSIÈRE, Charles de Marillac, p. 88.

[12] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1552, 25 octobre, Reims (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. III, fol. 42 ; orig.).

[13] Julio Alvarotti donne, dans ses dépêches au duc de Ferrare, une chronique détaillée des vexations, insultes, contradictions, dont usait, chaque jour. Montmorency à l'égard des Guises. On ne peut imaginer une animosité plus tracassière et tenace.

[14] Par exemple, Brissac et Monluc.

[15] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, mai, Paris (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia ; orig.).

[16] Le mot est d'un ennemi du connétable, de Bl. de Monluc (Lettres, éd. de Ruble, t. V, pp. 277-278).

[17] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 15 août, Compiègne (Arch. d'Etat de Modène, loc. cit. ; orig.).

[18] P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, octobre (Arch. Vatic.. Nunz. Francia, fol. 221 et suiv. ; orig.).

[19] Dès le début du règne. Voyez les dépêches de Saint-Mauris (Revue historique, t. V, p. 117).

[20] Integrità et realtà. P. Santa-Croce au cardinal del Monte, 1553, 6 mars et 5 juin, Poissy (Arch. Vatic., Nunz. Francia. t. III, fol. 102 et 165 ; orig.).

[21] Voyez plus bas, livre III.

[22] H. Dandino au cardinal Farnèse, 1547, 9 mai, Saint-Germain (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. II, fol. 328).

[23] F. Vinta au duc de Florence, 1547, 21 août, Milan (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3101, fol. 706 v. ; orig.).

[24] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1553, 6 avril, Paris (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia ; orig.).

[25] Bibl. Nat., ms. fr. 5172, fol. 26 ; copie. Voyez G. BAGUENAULT DE PUCHESSE, Jean de Morvillier, passim. Un extrait de ces Mémoires d'Etat a été publié par A. VITALIS, Correspondance de Dominique du Gabre, pp. 294-296.

[26] Sources supr. cit.

[27] Morvillier à Montmorency, 1547, 29 avril, Venise (G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, pp. 10-12).

[28] H. Dandino au cardinal Farnèse, 1547,31 mars, Rambouillet (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. II, fol. 318-320 ; orig.). J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 3 avril, Paris (Arch. d'État de Modène, estero, Francia : orig.). — L'ambassadeur Saint-Mauris présente ces secrétaires sous un jour assez singulier (Revue historique, t. V, p. 113).

[29] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 31 mars, Rambouillet (Arch. d'État de Modène, estero, Francia ; orig.).

[30] Le département des secrétaires des finances (1547, 1er avril, Hautes-Bruyères) porte : L'AUBESPINE — Champagne, Bourgogne, Bresse, Savoie, Allemagne. Suisse ; DUTHIER — Piémont, Rome, Lyon, Dauphiné. Venise, Levant (p. p. LUÇAY, Les Secrétaires d'État, p. 14). Il est à remarquer que Bayard ne figure pas dans ce département.

[31] Quelques-unes de ses lettres ont été publiées par G. RIBIER et par A. VITALIS, op. supr. cit.

[32] Tiburtio au cardinal Farnèse, 1555, 22 octobre, Villers-Cotterêts (Arch. d'État de Naples, Carte Farnes., fascio 709, fascic. T ; orig.). L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1549, 11 mars, Poissy (Arch. de Naples, loc. cit., fascio 751, fasc. C ; orig.).

[33] Venetianische Depeschen von Kaiserhofe, t. II, p. 284 ; W. FRIEDENBURG, Nuntiaturberichte eus Deutschland, t. X, p. 11 ; A. SEGRE, Appunti sel ducato di Carlo II di Savoia tra il 1546 ed il 1550 (Rendiconti dell' Acc. dei Lincei, Sc. Mor., 5a série, t. IX, p. 139). — Voyez plus bas le chap. intitulé La question de Savoie.

[34] Verallo au cardinal Farnèse, 1547, 20 juin (FRIEDENSBURG, op. cit., t. X, p. 27).

[35] A. Serristori au duc de Florence, 1547, 10 août, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3464, à la date ; minute).

[36] Voyez le livre II.

[37] Fr. Giustiniani au Sénat de Venise, 1547, 2 octobre, Moret (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, reg. 3 ; orig.). Itinéraire annoncé, dès le 28 août, de Hesdin, au duc de Ferrare par J. Alvarotti (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia ; orig.).

[38] Le 12 octobre à Modène ; le 14, à Ferrare. N. Campano au duc de Florence, 1547, 12 octobre, Bologne (Mediceo, 383, fol. 349 v. ; orig.). Le cardinal Salviati à Fr. Olivo, son secrétaire à Rome, 1547, 14 octobre, Ferrare (Mediceo, 383, fol. 47 ; copie du XVIe s.).

[39] Il arrive, le 19 octobre, à Florence. Il passe ensuite par Sienne.

[40] Le cardinal de Guise au Roi, 1347, 31 octobre, Rome (G. RIBIER, op. cit., t. II, pp. 71-77).

[41] Le cardinal Farnèse à Mignanelli, 1547, 28 octobre, Rome (FRIEDENSBURG, op. cit., t. X, p. 168).

[42] Voyez le livre II.

[43] Bon. Ruggeri au duc de Ferrare, 31 décembre 1547-4 janvier 1548, Rome (Arch. d'État de Modène ; Roma, orig.). Le cardinal Farnèse à l'évêque de Ceneda, 4548, janvier (Arch. Vatic., Borghèse, 1, 3, fol. 400-101 ; copie du XVIe s.).

[44] Pandolfini au duc de Florence, 154S, 26 janvier, Venise (Mediceo, 2967, fol. 413 v. ; orig.).

[45] F. Giustiniani au Sénat de Venise, 1548, 12 février, Moret (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, reg. 3 ; orig.). G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 10 février, Melun : il dit que Ch. de Guise fut assaissimo accarezzato par le Roi, et il ajoute que con esso venne M. Pietro da Sezza, che portô la beretta di M. Rmo et IIImo di Vandoma. (Arch. d'Etat de Mantoue, ambasciatori, Francia ; orig.).

[46] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1548, janvier-février (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia ; orig.). Avis de la Cour de France au duc de Florence, 1548, 9 mars (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 389, fol. 30 ; orig.). Cf. Ricasoli a Cosme Ier, 1518, 9 janvier-7 février, Melun, ap. DESJARDINS, op. cit., t. III, pp. 220-225.

[47] Dépêches de Saint-Mauris (Revue historique, t. V, p. 117).

[48] Les diplomates italiens le comparaient à un tentateur. F. Vinta au duc de Florence, 1548, 16 janvier, Milan (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 5101, fol. 955 ; orig.).

[49] Cité par BOUILLÉ, Histoire des ducs de Guise, t. I, pp. 2-15 et suivantes.

[50] G. B. Ricasoli à Cosme 1547, 14 décembre, Melun, ap. DESJARDINS, op. cit., t. III, p. 216.

[51] Le majordome à Cosme Ier, 1547, 19 octobre, Florence (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 383, fol. 407 ; orig.).

[52] Le cardinal Farnèse à M. Appolinio, s. d. [1547] (Arch. Vatic., Borghèse, I, 3. fol. 79 ; copie du XVIe s.).

[53] On trouve aux Arch. d'Etat de Mantoue des lettres italiennes autographes de lui, signées C. carle di Lorrena (Carteggio ambasciatori, Francia).

[54] Bref de Jules III, 1550, 11 avril (Arch. Vatic., Divers. Camer., arm. XXIX, vol. 161, fol. 102 ; reg. orig.).

[55] Buonanni au duc de Florence, 1550, 8 mars, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3269, fol. 605 v° ; orig.).

[56] Buonanni au duc de Florence, 1550, 24 avril, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo. 3269, fol. 87 ; orig.).

[57] Lancelot de Carle à M. Sandrin, maître de chapelle du cardinal de Ferrare, 1554, 6 mars, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 1861, fol. 82 ; orig. intercepté).

[58] Sa vraie devise était de bien savoir jouer son rôle. Le cardinal de Lorraine au duc de Guise, 1551, 26 juillet, Blois (Mémoires-journaux du duc de Guise, p. 66). — C'est seulement dans la correspondance de l'ambassadeur ferrarais Alvarotti qu'on peut surprendre la pensée sincère du cardinal : Alvarotti était son confident. Dans ces lettres est exprimée, en particulier, toute la haine de Charles de Guise contre Montmorency.

[59] L'un des plus intimes conseillers du cardinal de Lorraine fut Nicolas de Pellevé, évêque d'Amiens. Jac. M. Sala, vice-légat, écrivait au cardinal Farnèse, 1555, 22 octobre, Avignon (Arch. d'Etat de Parme, Francia, à la date : orig.).

[60] Éd. B. Pifteau, p. 9.

[61] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 4 février, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Cancelleria ducale, ambasciatori. Francia : orig.). Durant les dernières années du règne de François Ier, le dauphin Henri avait fait de fréquentes instances auprès de Paul III pour que Charles de Guise obtint la pourpre cardinalice. Voyez ibidem.

[62] A ce sujet, H. Dandino écrit au cardinal Farnèse, 1546, 14 novembre, Reims (Arch. Nunz. Francia. t. II, fol. 268 ; orig.).

[63] H. Dandino au cardinal Farnèse. 1547, 31 mars, Rambouillet : (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. II, fol, 318-320 : orig.).

[64] G. B. Ricasoli au duc de Florence, 1547, 6 août, Prémontré (Arch. de Florence, Mediceo, 4592, fol. 174 v. : orig.).

[65] G. B. Ricasoli au duc de Florence, 1547, 11 août, Apremont (Arch. d'Etat de Florence, loc. cit., fol. 183 ; orig.).

[66] Dépêches de Saint-Mauris, supr. cit.

[67] Voyez livre II. On trouvera dans G. RIBIER, Lettres et Mémoires d'Estat, t. II, pp. 18 à 239, quelques-unes des lettres du cardinal. Cf. les correspondances publiées p. DRÜFFEL, Beitrage zur Reichsgeschichte, t. I, passim. Les Arch. d'État de Naples et de Parme (Carte Farnesiane, année 1548) contiennent de nombreux originaux inédits. Quant aux lettres du cardinal Farnèse, les registres-copies en sont dispersés entre les dépôts du Vatican, de Naples et de Parme.

[68] Il était souvent absent de la Cour. Pendant les intervalles des guerres, il allait se reposer à Joinville auprès de sa mère, Antoinette de Bourbon, et de sa jeune épouse, Anne d'Este.

[69] BRANTÔME, Œuvres, éd. Lalanne, t. VI, pp. 33 et 172.

[70] Il ne signait ainsi que les lettres adressées à ses subordonnés, les actes militaires et les actes notariés, — d'une écriture assez semblable à celle de François Ier.

[71] Voyez au livre III, l'écho du siège de Metz en Italie.

[72] Le cardinal de Lorraine au Parlement de Rouen, 1550, 23 septembre, La Meilleraie (Arch. dép. de la Seine-Inférieure, Parlement, reg. secr. 1549-1556, fol. 60 v° ; insinuation).

[73] CIMBER et DANJOU, Archives curieuses de l'histoire de France, série Ire, t. III, p. 283.

[74] On s'étonne qu'un érudit aussi minutieux et averti que M. P. Courteault ait prétendu, suivant la théorie mise en cours par Dom R. Ancel, ruiner l'opinion traditionnelle, au sujet des ambitions napolitaines des Guises (Blaise de Monluc historien, p. 320, n. 7). Cette nouvelle thèse ne repose absolument sur rien qu'un texte tronqué, et tous les documents originaux la contredisent. Nous aurons l'occasion d'étudier à fond cette question, dans la seconde partie de notre ouvrage. Dès ici, nous avons voulu écarter une erreur, qui, adoptée, rendrait inintelligible la politique des Guises. — Les rois de France. François aussi bien que Henri II, reconnaissaient que le duc de Guise de la maison de Lorraine est descendu par femme et alliance de la maison d'Anjou. (Arch. Nat., X1A 8616 ; ordon. et lettres patentes).

[75] Dom MARLOT, Métropolis Remensis historia (Reims, 1679), t. II, p. 786.

[76] Le cardinal Salviati au duc de Florence, 1547, 14 octobre, Ferrare (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 611, fasc. 3 ; orig.).

[77] Voyez ch. III.

[78] Il quitta Rome, le 26 février 1550, arriva à Ferrare, le 11 mars, à Milan, le 2 avril, et mourut, le 10 mai, à Nogent vingt quatre lieues de Paris, d'une attaque d'apoplexie, semble-t-il. — Sc. Gabrielli à la Balia de Sienne, 1550, 27 février, Rome (Arch. d'Etat de Sienne. Lettere alla Balia, CCVIII, 71 : orig.). Girol. Tolomei à la Balia, 1550, 30 mars-2 avril. Milan (Arch. d'Etat de Sienne, loc. cit., CCIX, 5 et 12 ; orig.). — Sur son séjour à Milan. F. Vinta au duc de Florence, 1550, 8 avril, Milan (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo ; 3102, fol. 15 v. ; orig.). Sur sa mort, Hercule Strozzi à la duchesse de Mantoue, 1550, 9 juin, Poissy (Arch. d'Etat de Mantoue, ambasciatori Francia ; orig.).

[79] L'évêque de Pienza à la Balia de Sienne, 1550, 7 juin, Rome (Arch. d'Etat de Sienne, Lettere alla Balia, CCIX, 77 ; orig.).

[80] Mich. Francino au duc de Ferrare, 1547, 27 juillet, Rome (Arch. d'Etat de Modène, ambasciatori Roma ; orig.).

[81] A. Serristori au duc de Florence, 1550, 9 juin, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3269, fol. 168 v° ; orig.).

[82] Détails ap. BOUILLÉ, op. cit., t. I, p. 233.

[83] Giac. Soranzo au doge de Venise, 1557, 17 mars, Mantes (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, filza 2a ; orig.).

[84] J. Alvarroti au duc de Ferrare, 1547, 8 juillet, Paris (Arch. d'Etat de Modène, Cancelleria ducale, estero, Francia ; orig.).

[85] Mémoires journaux du duc de Guise, p. 191 ; A. VITALIS, Correspondance de Dominique du Gabre, p. 77. — Saint-Mituris à l'Empereur, 1517, 22 juillet : Il est ses jours pasés vacué alcunes abayes en ce roiaulme, desqueles le Roi laissa le choix d'élection de personnes à M. de Reins, qui depuis les distribua où il lui sembla le mieux, que l'on estime ici à bien grande faveur. (Arch. Nat., K 1486-1487, n° 73 ; trad. XVIe siècle).

[86] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1550, 10 février, Rome (Arch. d'Etat de Modène. Carleggio principi Estensi, Ippolito II ; orig.).

[87] R. ANCEL, Nonciatures de Paul IV, I, 1, p. 33, n. 2.

[88] BOUILLÉ, op. cit., t. I, p. 253.

[89] Ch. de Guise au duc d'Aumale, 1549, 9 mars, Bourges (Mémoires journaux, pp. 2-3).

[90] Voyez livre II.

[91] Le cardinal Farnèse à Michele della Torre, 1547, 23 août (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnesiano, Roma ; minute).

[92] Au mois d'août 1547, H. Dandino, nonce en France, envoya à la Curie une liste de personnages dont la bienveillance devait être captée par Mich. della Torre, son successeur. Voici ce document, dont nous respectons le classement :

Le Roi.

Madame Marguerite, sœur.

La Reine.

La duchesse de Guise.

Le cardinal de Guise.

Mademoiselle, fille du Roi [Diane].

Le connétable.

M. de Vendôme.

Le duc d'Aumale.

Le cardinal de Bourbon.

Le chancelier.

Le maréchal de S. André.

M. de Guise [le père].

M. de La Mark.

Mme. la Grande Sénéchale.

M. de Châtillon [Coligny].

Le cardinal de Ferrare.

L'évêque de Coutances.

Le cardinal de Châtillon.

L'évêque de Cahors.

La reine de Navarre.

Le secr. Marchaumont.

La reine veuve [Éléonore].

Arch. Vatic., Brevi Pauli III, t. XL, fol. 67 ; orig.

Dans cette liste, Ch. de Guise figure avant Montmorency.

[93] Cette thèse a été soutenue par A. TALLONE, Il viaggio di Enrico II in Piemonte nel 1548 (Bolletino storico bibliagrafico subalpino, t. IV, pp. 84 et suivantes).

[94] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare. 1548, 19 juillet, Beaune (Arch. d'État de Modène. Carteggio principi Estensi, Ippolito II ; orig.). Dès le 13 juillet, de Dijon, Fr. Giustiniani écrivait au doge de Venise (Arch. d'Etat Venise, Dispacci, Franza, reg. 3 : orig.). — Les ambassadeurs ne signalent que des intentions défensives.

[95] L. ROMIER, Les institutions françaises en Piémont sont Henri II (Revue historique, t. CVI, pp. 1-26).

[96] Le secrétaire Richard au duc de Savoie, 1548, 19 septembre, Bruxelles (Arch. d'État de Turin, Lettere ministri. Vienna, mazzo III ; orig. chiffré). Cf. Saint-Mauris à l'Empereur, 1548, 6 avril (Arch. Nat., K 4488, 137, p. 11 ; orig.).

[97] Sur l'esprit qui animait sa politique, voyez G. BAGUENAULT DE PUCHESSE, Jean de Morvillier, pp. 75-83, et L. N. CITTADELLA, Saggio di storia politica di Ferrara, ultimo decennio di Ercole II duca IV (Arch. storico italiano, 3a série, t. XXV, p. 43).

[98] Ce n'est point par hypothèse que nous parlons des prétentions de la maison de Guise sur l'héritage de Ferrare. Ces prétentions se produisirent après la mort, d'Alphonse II d'Este, décédé sans enfant. Cf. BRANTÔME, éd. Lalanne, t. III, p. 46.

[99] LEANDRO ALBERTI, Descrittione di lutta l'Italie (Venise. 1577, in-4°), fol. 357-358.

[100] Œuvres, éd. Marty-Laveaux, p. 229.

[101] Sous Henri II, c'est à Ferrare que se rencontraient de préférence les membres du parti français, dispersés en Italie. Les cardinaux de Guise, du Bellay, de Tournon, Farnèse y séjournèrent à plusieurs reprises.

[102] La correspondance de l'ambassadeur Alvarotti contient de ce fait des preuves innombrables.

[103] On trouve aux Archives d'Etat de Modène (Principi esteri, Enrico II ; originaux) d'assez nombreuses lettres du dauphin Henri. Parmi celles qui sont adressées à Hercule d'Este, nous relevons : 1538, 23 novembre, Chantilly, pour recommander le sr de Vanlay et Dominique Ariano ; 1541, 16 août, Watteville, en faveur de Paule André de Orty de Veronne ; 1515 (a. s.), 17 février, Gébercourt, en faveur de Cornelio Bentivoglio ; 1545, 29 octobre, Folembray, au sujet de la mort de Charles d'Orléans ; 1546, 28 septembre, Argilly, pour recommander Gaspard de Châtillon, qui se rend en Italie ; 1546, 30 novembre, Folembray, au sujet d'un duel entre Piero Strozzi et le comte de San-Secondo.

[104] Hercule d'Este au cardinal de Gonzague, 1530, 25 mars (Arch. d'Etat de Mantoue, Carteggio cardinale Ercole Gonzaga, à la date ; orig.). Cf. B. FONTANA, Renata di Francia, t. II, p. 90.

[105] Elle raconte elle-même les petits incidents de son éducation en des lettres latines ou italiennes, adressées à son père (Arch. d'Etat de Modène, Principi Estensi, Anna d'Este ; orig.).

[106] A. FRIZZI, Memorie di Ferrara, t. IV, p. 338.

[107] Voyez les documents publiés par B. FONTANA, op. cit., t. II, pp. 285 et suivantes.

[108] H. Dandino au cardinal Farnèse, 1547, 12 septembre, Fontainebleau (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. II, fol. 345 orig.).

[109] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 2 septembre, Compiègne (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia ; orig.).

[110] Henri II au duc de Ferrare, 1547, 22 septembre, Fontainebleau : il résume les négociations antérieures (Arch. d'Etat de Modène, Principi esteri, Enrico II ; orig.).

[111] Henri II au duc de Ferrare, 1547, 22 septembre, Fontainebleau (Arch. d'Etat de Modène, Principi esteri, Enrico II ; orig.).

[112] Le cardinal Salviati au duc de Florence, 1547, 11 octobre. Ferrare (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, filza 611. fasc. 2 : orig.).

[113] Pandollini au duc de Florence, 1548, 16 janvier, Venise : rapporte ces faits d'après le récit même de Monluc (Mediceo, 2967, fol. 417 ; orig.).

[114] Henri II au duc de Ferrare, 1547, 8 novembre, Fontainebleau (Arch. d'Etat de Modène, Principi esteri, Enrico II orig.).

[115] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1547, 24 septembre, Fontainebleau (Arch. d'Etat de Modène, Principi Estensi, Ippolito II ; orig.). Les lettres du cardinal de Ferrare sont fort importantes pour l'histoire des négociations de ce mariage.

[116] Lettre de Pandolfini, supr. cit. — Monluc quitta Venise, le 6 février 1548, pour Padoue et Ferrare ; le 12 février, il était de retour à Venise. Lettres de Pandolfini, 1548, 8-12 février, Venise (Mediceo, 2967, fol. 440 et suiv. ; orig.).

[117] Henri II au duc de Ferrare, 1548, 5 janvier, Fontainebleau (Arch. d'Etat de Modène, Principi esteri, Enrico II ; orig.).

[118] G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 10 février, Melun (Arch. d'Etat de Mantoue, ambasciatori Francia orig.).

[119] Henri II au duc de Ferrare, 1548, 23 février, Fontainebleau : Envoiant présentement devers N. S. Père le sr de Chemault, mon premier vallet tranchant, je luy ay donné charge de passer par Ferrare et vous visiter de ma part, pareillement ma tante vostre femme, pour... vous advertir du plaisir que ce m'a esté d'entendre l'accord qu'avez faict du mariage de ma cousine vostre fille avecques mon cousin le duc d'Aumalle, ensemble de ce que j'ay conclud pour le paiement de ce que le feu Roy, mon seigneur et père, vous devoit. (Arch. d'Etat de Modène, loc. supr. cit. ; orig.).

[120] Lettre supra cit. Montmorency fit une opposition sournoise à toutes les négociations du mariage. Son attitude est signalée par Alvarotti au duc de Ferrare, 1548, 22 février, Fontainebleau (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia ; orig.).

[121] Henri II au duc de Ferrare, 1548, 1er mai. Vauluisant, (Arch. d'Etat de Modène, Enrico II ; orig.).

[122] Cité par DAÜFFEL, Beitrage zur Reichsgeschichte, t. I, pp. 6-7.

[123] Pour le Piémont, G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 2 janvier. Melun ; pour Saluces, le même au même, 1548, 20 juillet, Chalon-sur-Saône (Arch. d'Etat de Mantoue, ambasciatori Francia ; orig.).

[124] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1548, 23 juillet, Mâcon, et 24 juillet, Lyon (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia ; orig.).

[125] Henri II au duc de Ferrare, s. d. (Arch. d'Etat de Modène, Enrico II ; orig.).

[126] F. Giustiniani au doge de Venise, 1548, 29 juillet, Lyon (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza. reg. 3 ; orig.). Cet ambassadeur donne, sur les négociations, beaucoup de détails, mais ils sont moins sûrs que ceux fournis par Alvarotti.

[127] L. ROMIER, Un Conseil de régence en 1548 (Bibl. de l'Ecole des Chartes, t. LXX, p. 431).

[128] G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 27 juillet, Bourg (Arch. d'Etat de Mantoue, ambasciatori Francia ; orig.).

[129] G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548. 3 août, Chambéry (ibidem ; orig.). — Le Roi dîna au Mont-Cenis.

[130] G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 10 août, Suse (ibidem ; orig.).

[131] Délibération du Parlement de Turin, 1548, 12 août (Arch. d'Etat de Turin, Reg. Parlam., 1547-1548, fol. 376).

[132] Voyez le chap. intitulé La question de Savoie.

[133] Henri II au duc de Mantoue, 1548, 16 août, Chivasso (Arch. d'Etat de Mantoue, Carteggio, Francia ; orig.).

[134] G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 14 août, Turin (Arch. de Mantoue, amb. Francia ; orig.).

[135] G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 16-18 août, Turin (Arch. de Mantoue, amb. Francia ; orig.).

[136] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1548, 18 août, Poirino (Arch. d'Etat de Modène, Principi Estensi, Ippolito II ; orig.).

[137] Fr. Giustiniani au doge de Venise, 1548, 23 août. Turin (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza., reg. 3 ; orig.).

[138] G. Pietro Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 21 août, Turin (Arch. d'Etat de Mantoue, amb. Francia ; orig.).

[139] Mémoires de Morvillier (Bibl. Nat., ms. fr. 5172, fol. 23).

[140] A. FRIZZI, Memorie di Ferrara, t. IV, p. 327.

[141] Arch. commun. de Moncalieri, Reg. de délibérations, à la date. M.-P. COURTEAULT (Blaise de Monluc historien, p. 185) a fait allusion à ce voyage.

[142] D. CARUTTI, Storia della città di Pinerolo, 2e édit. (Pignerol, 1897, in-8°), pp. 345-349.

[143] Fulvio Orsini avait quitté Rome le 22 août ; B. Cavalcanti, le 23 août. A. Serristori au duc de Florence, 1548, 28 août, Rome d'Etat de Florence, Mediceo, 3267, fol. 201 ; orig.). — Le bref de créance et les lettres adressées, à cette occasion, par Paul III au connétable et au cardinal de Guise sont datés du 20 août (Arch. Vat., Brev. Pauli III, t. XLII, fol. 530 ; minutes).

[144] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1548, 7 septembre, Moûtiers (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia ; orig.).

[145] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1548, 12 septembre, La Côte-Saint-André (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia ; orig.).

[146] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1548, 14 septembre, La Côte-Saint-André (Ibidem ; orig.).

[147] Voyez les relations citées ap. H. HAUSER, Les sources de l'histoire de France au XVIe siècle, fasc. 2, p. 183.

[148] Hippolyte d'Este au duc de Ferrare, 1548, 28 septembre, Lyon (Arch. d'Etat de Modène, Principi Estensi, Ippolito II ; orig.). — Les lettres des marchands lucquois donnent des détails curieux sur les rivalités qui divisaient les nations italiennes à Lyon. Au sujet de l'entrée de Henri II, Filippo Bariamaschi et Cesare Bernardini aux Anziani de Lucques. 1548, 29 juillet, Lyon : Duolci che le sia tornato a orecchi che, in questa entrata da farsi, ci siamo trovati poco uniti... Cima alla spesa d'essa entrata, uni siamo sempre stati del parer di VV. SS. di farla più presto moderato, che grande, ne mai s'è pensato competer con gli altre nationi, si come per molte cause non ci conveniva... (Arch. d'Etat de Lucques, Carteggio, 550. fol. 44-45 : reg. orig.).

[149] G. de Leva, dans son livre Storia documentata di Carlo V, t. V, pp. 12-13, attribue au voyage de Henri II en Piémont un but très belliqueux. Cette opinion, fondée sur les soupçons qu'on trouve exprimés dans les documents espagnols, nous parait absolument erronée.

[150] BOUILLÉ, op. cit., t. I, p. 204.

[151] A. Serristori au duc de Florence, 1548, 12 septembre, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3267, fol. 228 ; orig.).

[152] A. FRIZZI, Memorie di Ferrara, t. IV, p. 327 : B. FONTANA, Renata di Francia, t. II, p. 288.

[153] Anne d'Este au duc de Ferrare, 1548, 8 octobre, Cane près Crémone (Arch. d'Etat de Modène, Principi Estensi, Anna d'Este ; orig.).

[154] Anne d'Este au duc de Ferrare, 1548, 15 octobre, Verceil (ibidem ; orig.).

[155] M. de Biencourt au duc d'Aumale, 1548, 25 octobre, Embrun : ...Depuis qu'elle a esté arrivée dedans le pays du Roy, elle a esté autant honorablement reçeue que si c'eust esté la Reyne. (Arch. d'Etat de Turin, Raccolta Balbo, t. XLIV, fol. 125 ; copie). Anne d'Este à son père, 1548, 20 octobre, Turin (Loc. s. cit. ; orig.).

[156] Arch. d'Etat de Turin, Raccolta Balbo, t. XLIV, fol. 125 ; copie. Vassé au duc d'Aumale, 1548, 18 octobre, Turin (Bibl. Nat., ms. fr. 20152, fol. 35 ; orig.).

[157] M. de Maugiron, gouverneur de Suse au duc d'Aumale, 4548, 22 octobre, Suse (Mémoires-journaux de Guise, p. 4).

[158] M. de Hangest au duc d'Aumale, 1558, 25 octobre, Embrun (Arch. d'Etat de Turin, Raccolta Balbo, t. XLIV, fol. 127 ; copie).

[159] Claude de Guise avait quitté la cour à La Palisse pour se rendre au-devant de sa future bru. Du Thier et Bertrandi au duc d'Aumale, 1548, 9-10 octobre. La Palisse (Arch. d'Etat de Turin, Race. Balbo, t. XLIV, fol. 115-120).

[160] Et aussi son admiration pour les bijoux qu'on lui avait offerts. Anne d'Este à son père, 1548, let novembre, Grenoble (Arch. d'Etat de Modène, loc. cit. ; orig.).

[161] M. de Biencourt au duc d'Aumale, 1548, 3 novembre (Arch. d'Etat de Turin, Race. Balbo, t. XLIV, fol. 120).

[162] Henri II au duc d'Aumale, 154S, 18 octobre, Moulins (Mémoires journaux..., p. 2).

[163] Anne d'Este à son père, 1548, 7 novembre, Lyon (Arch. d'Etat de Modène, loc. cit. ; orig.).

[164] Pour l'itinéraire à partir de Lyon, voyez la correspondance d'Alvarotti, 1548, novembre-décembre (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.).

[165] Long récit de cette entrée et des fêtes qui la suivirent, adressé p. F. Giustiniani au doge de Venise, 1543, 21 décembre, Paris (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci, Franza, reg. 3 : orig.). Dès le 29 nov. 1548, de Saint-Germain, Hippolyte d'Este écrivait au duc de Ferrare : Gia, S. Mta fa apprestare giostre, torniamenti et altre feste per honorer queste nozze più che altre nozze di principi alcuni. (Arch. d'Etat de Modène, Principi Estensi, Ippolito II ; orig.).

[166] G. Corregrani au duc de Mantoue, 1548, 31 décembre, Poissy (Arch. d'Etat de Mantoue, amb. Francia ; orig.).

[167] F. Giustiniani estime les dépenses intorno a franchi 200 mila. (Loc. supr. cit.). Alvarotti, le 30 décembre, jour où prirent fin les fêtes, écrit : Questa corte ha speso più di 100m scudi. (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.).

[168] Anne d'Este à son père, 1548, 29 décembre, Saint-Germain (Arch. de Modène, Ann. d'Este ; orig.).

[169] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1543, 6 décembre, Paris (loc. cit. ; orig.). Cf. FONTANA, op. cit., t. II, p. 289.

[170] E. PICOT, Une lettera del comice Battista degli Amerevoli (Rassegna bibliografica della letteratura italiana, t. IV, p. 30).

[171] DUPRÉ-LASSALE, Michel de l'Hospital, t. I, p. 132.

[172] Paris, 1555, in-4°.

[173] Alvarotti au duc de Ferrare, 1550, 1 -25 janvier, Melun (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.).

[174] Anne d'Este à son père, 1550, 18 mai (Arch. de Modène, Anna d'Este orig.).

[175] Anne d'Este à son père, 1550, 5 février (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.).

[176] H. DE LA FERRIÈRE, Lettres de Catherine de Médicis, t. I, p. XLVI.

[177] Anne d'Este fait des allusions nombreuses à ses rapports avec Diane, particulièrement dans ses lettres des années 1549-1550 (Arch. d'État de Modène, Anna d'Este : orig.).

[178] L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1548. 18 octobre, Moulins (Arch. Vat., arm. VIII, ordo 1a, vol. V, fol. 283 ; orig.). — Alvarotti apprend au duc de Ferrare, le 29 septembre 1549, de Compiègne, que Silvia Pico fait l'amour avec M. d'Apchon, neveu du maréchal de Saint-André, ricco et bel giovine. (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.). Cette Silvia mourut en couches, dans les derniers jours de septembre 1554, laissant un enfant mâle in bonissimo essere (Hercule Strozzi au duc de Mantoue, 1554, 30 septembre, Melun : Arch. de Mantoue, amb. Francia ; orig.). Sa sœur, Fulvia, épousa, le 3 juin 1555, à Fontainebleau, M. de Randan, frère du comte de La Rochefoucault (Hercule Strozzi, 1555, 17 juin, Paris : loc. cit. : orig.).

[179] CL. HATON, Mémoires, t. I, p. 6.

[180] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1548, 3 janvier, Melun (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.). Ce document a été mal daté (1549) par A. Venturi, dans l'Arch. storico dell'arte, 1889, p. 377.

[181] L. DIMIER, Le Primatice, p. 166 ; J.-J. MARQUET DE VASSELOT et KOECHLIN, La sculpture à Troyes et dans la Champagne méridionale au XVIe siècle, passim.

[182] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1551, 13 mars, Blois (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.).

[183] Henri II au duc de Ferrare, 1549,10 février, Saint-Germain-en-Laye (Arch. de Modène, Principi esteri, Enrico II ; orig.).

[184] A. FRIZZI, Memorie di Ferrara, t. IV, p. 354 ; Lettres de Catherine de Médicis, t. I, p. 60 ; E. RODOCONACHI, Renée de France, pp. 223 et suiv. — Voici, d'après l'agent florentin F. Babbi, la liste des personnes qui accompagnèrent le prince : Il capno Gian Thomazo Lavizzoli, lancia spezzata del Duca ; Piero Lavizzoli ; Vincentio Flisco ; Filippo Cospo, da Bologna ; Hercule da Modena ; Hippolito Pistoia ; Curtio del Terro ; un armarolo ; il barbieri et un sotto luminieri. (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2884 ; avis). Fr. Gherardino à Bart. Cavalcanti, 1552, 29 mai, Ferrare (Arch. d'Etat de Parme, Ferrara ; orig.).

[185] Fr. Babbi au duc de Florence, 1552, avril, Ferrare (Mediceo, 2884 ; orig.).

[186] Montemerlo à Octave Farnèse, 1552 3 juillet, Mézières (Arch. d'Etat de Naples, Carte Farnes., fascio 257, fol. 2 ; orig.). Alvarotti au duc de Ferrare, 1552, juin-juillet, Châlons-Soissons (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia : orig.). P. Santa Croce au cardinal del Monte, 1552, 21 août, Paris (Arch. Vatic., Nunz-Francia, t. III, fol. 9 v° ; orig.).

[187] Fr. Babbi au duc de Florence, 1552, mai-juin, Ferrare (Mediceo, 2884 ; — Les lettres de cet agent, lequel était, comme tous les ambassadeurs de Cosme, plus espion que diplomate, contiennent les détails les plus intimes et les moins révérencieux sur la cour de Ferrare.

[188] Mémoires-journaux du duc de Guise, pp. 98 et 177 ; A. VITALIS, Correspondance de Dominique du Gabre, p. 61.

[189] P. Santa Croce au cardinal del Monte, 1553, 23 novembre, Melun (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t, 3, fol. 225. V° ; orig.).

[190] Anne d'Este à son père, 1554, 7 septembre, Compiègne (Arch. de Modène, Anna d'Este ; autog.). Henri Il au duc de Ferrare, 1554, 8 septembre, Compiègne (Arch. de Modène, Enrico II ; orig.).

[191] J. FAVRE, Olivier de Magny, pp. 96-97.

[192] Le duc de Guise à Alphonse d'Este, 1555, 7 mars, Fontainebleau (Arch. de Modène, Principi esteri, Francesco di Lorrena ; orig.).

[193] Dès lors, Henri II se crut obligé d'informer le duc par le menu des moindres détails de sa politique. Voyez les lettres de Henri II (Arch. d'Etat de Modène, Principi esteri, Enrico II ; orig.).

[194] Toute la matière de cette diplomatie secrète, parallèle à la diplomatie officielle, se trouve dans les chiffres quotidiens qu'adressait Alvarotti au duc de Ferrare : c'est la source principale de l'histoire des Guises, sous le règne de Henri II. Cf. Les lettres de François de Lorraine à son beau-père, moins importantes toutefois que celles d'Alvarotti (Arch. de Modène, Cancelleria ducale, estero, Francia, et Principi esteri, Lorrena ; orig.).

[195] Mémoires-journaux du duc de Guise, pp. 16 et 24. — L. Contarini au Conseil des Dix, 1551, 28 juin (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci al Consiglio dei Dieci, filza 2 ; orig.).

[196] Mémoires journaux de Guise, p. 235 et 393. — On sait qu'après la mort de François de Lorraine, le duc de Nemours devait épouser précisément sa veuve, Anne d'Este.

[197] Marie de Lorraine à ses frères, 1548, 8 juillet (Mémoires-journaux, p. 3).

[198] 1548, 24 août. Turin (Bibl. Nat., ms. fr. 3120, fol. 69 ; orig.). Henri II au duc d'Aumale, 1548, 18 octobre, Moulins (Mémoires-journaux, p. 2).

[199] L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1548. 19 novembre, Poissy (Arch. Vat., Principi, t. XIV, fol. 102 ; orig.).

[200] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1550, 7 janvier, Melun (Arch. d'État de Modène, estera, Francia ; orig.).

[201] Marie de Lorraine au duc d'Aumale, 1549, 29 septembre (Mémoires-journaux, p. 12).

[202] 1550, 23 février. Calendars of State papers, reign of Edward VI.

[203] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1549, 5 juillet, Paris (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.).

[204] L'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1549, 23 septembre, Compiègne (Arch. d'Etat de Parme, Carteggio Farnesiano, Francia ; orig.).

[205] Bibl. Nat., ms. fr. 3123, fol. 34 ; orig. DRÜFFEL, Beitrage, t. I, p. 349 ; L. MARLET, Correspondance d'Odet de Châtillon, pp. 5-6.

[206] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1550, 10 février, Fontainebleau (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.).

[207] Buonanni au duc de Florence, 1550, 21 septembre, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3269, fol. 350 v° ; orig.).

[208] Buonanni au duc de Florence, 1550, 23 mai, Amiens (ibidem ; orig.).

[209] Mémoires-journaux de Guise, p. 33.

[210] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1550. 22 avril, Poissy (Arch. de Modène, estero, Francia ; orig.).

[211] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1550, 28 avril. Poissy ; 1550, 19 mai, Boulogne (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.). Le duc de Ferrare fit part de cette accusation au duc de Florence. 1550, 28 mai, Ferrare (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 2879 ; orig.).

[212] Éd. 1607, p. 15.

[213] Le nonce au cardinal Farnèse, 1541, 14-45 février (Arch. Vatic., arm. VIII, ordo 1a, t. V, fol. 63 et suiv. ; orig.).

[214] Le nonce au cardinal Farnèse, 1546, 18 juillet (Arch. Vatic., loc. cit., fol. 82).

[215] Le 18 novembre 1547, Paul III concède au marquis du Maine licence de faire transporter de Rome en France pannos et vestes laneos, lineos et sericos ac etiam coramina quedam ad usum usum comprata, necnon quasdam paginas in quibus nonnulla antiqua descripta et annotata reperiuntur, omnia in una capsa posita. (Arch. Vatic., diversa Camer., arm. XXIX, t. LI, fol. 178 ; reg. orig.).

[216] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1547, 31 mars, Rambouillet (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia : orig.).

[217] H. Dandino au cardinal Farnèse, 1547, 31 mars, Rambouillet, (Arch. Vatic., Nunz. Francia, t. II, fol. 318-320).

[218] Fait mentionné par l'histoire de la court de Henri II, et confirmé par une dépêche d'Alvarotti au duc de Ferrare, 1550, 9 novembre (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.).

[219] Mémoires-journaux de Guise, pp. 3, 4, 78, 251-252.

[220] La Balla, dit, Alvarotti : littéralement la nourrice.

[221] Tandis que la Reine restait souvent éloignée de la personne du Roi, Diane prit garde de n'être jamais séparée longtemps de celui-ci. Durant la campagne de Lorraine, en 1552, Henri Il ayant laissé les dames en Champagne, Diane perdit patience et se rendit presque seule et incognito à Sedan pour y voir son amant. J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1552, 16 juin, Châlons (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.).

[222] Alvarotti au duc de Ferrare, 1549, 7 mai, Poissy (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.).

[223] Ces revendications se trouvent longuement exposées par l'évêque de Ceneda au cardinal Farnèse, 1549, 18 janvier, Poissy (Arch. Vatic., arm. VII, ordo 1a, t. V, fol. 293). Allusion dans une lettre de Diane à D'Urfé, s. d. (G. GUIFFREY, Lettres inédites de Dianne de Poytiers, pp. 62-64).

[224] J. Alvarotti au duc de Ferrare. 1547, 8 juillet, Paris (Arch. d'Etat de Modène, estero, Francia ; orig.).

[225] A. Serristori au duc de Florence, 1548, 19 août, Rome (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3267 fol. 184 ; orig.).

[226] A. Serristori au duc de Florence, 1550, 5 juin, Poissy (Arch. d'Etat de Florence, Mediceo, 3267 fol. 184 ; orig.).

[227] Ces faits sont rapportés par deux sources sûres. La première — que nous suivons — est constituée par deux longues dépêches d'Alvarotti au duc de Ferrare, en chiffres, 1550, septembre, Poissy : Alvarotti transmet à peu près textuellement le récit que lui a fait l'un des acteurs, le cardinal do Lorraine lui-même (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.). La seconde est un récit, général et moins complet, qu'on lit dans la relation de Contarini (1551), ap. ALBERI, op. cit., 1a serie, t. IV, pp. 78-79. Cette affaire, qu'on s'efforça de tenir cachée, eut des conséquences qui attirèrent l'attention même des gens non informés. L. Arrivabene écrit le 20 septembre 1550, de Saint-Germain, à la duchesse de Mantoue : M. contestabile et Mma de Valentinois sono in grandissima rottura, e la maggior che dir si possi. (Arch. d'Etat de Mantoue, amb. Francia ; orig.).

[228] La Reine était auparavant mal disposée envers le Connétable. Alvarotti écrit, le 8 août 1550, de Poissy : Il sr Pietro Strozzi è più che mai dalla Regina et la suade a volersi totalmente unire con questi sri di Guisa, et ella dite di voler lo fere in ogni modo. Non si potrà unire seco che non s'unisca. con Mma sinisciala, et unendosi la Regina altretanto ne farà Mma Margarita ch'è tutta della Regina Sono parti et humori di questa. Corte et tutto tende contra il conestabile. Ma per mia oppenione non gli potranno molto nuocere. (Ibidem ; orig.). Sur les causes du refroidissement d'amitié entre Saint-André et le connétable, voyez une dépêche d'Alvarotti, 1549, 7 août, Paris (ibidem ; orig.).

[229] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1550. 17 août, Poissy (Arch. de Modène, estero, Francia : orig.).

[230] CH. MARCHAND, Charles de Cossé-Brissac, pp. 313-314.

[231] Sur le conflit entre D'Urfé et Ferrare, né de jalousies et compétitions, voyez chap. III.

[232] M. de Termes fut recommandé par les Guises au duc de Ferrare, comme un de leurs serviteurs. Alvarotti au duc de Ferrare, 1550, 3 novembre, Caudebec (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.). Marie de Lorraine écrivait, le 29 septembre 1549, au duc d'Aumale : C'est le plus sage et vertueux personnage que je veis jamais, et est fort vostre serviteur. (Mémoires-journaux, p. 12 cf. p. 219). Ce personnage, peu connu, mériterait une monographie. Les archives italiennes (Sienne, Mantoue et Parme) contiennent beaucoup de lettres de sa main, parmi lesquelles de nombreuses lettres en langue italienne.

[233] Voyez livre II.

[234] Fr. Giustiniani écrit au Sénat de Venise, 1518, 7 janvier, Monet (Arch. d'Etat de Venise, Dispacci' Franza, reg. 3 : orig.).

[235] B. DE MONLUC, Lettres, éd. de Ruble, t. IV, p. 3. Cf. P. COURTEAULT, Blaise de Monluc historien, pp. 197-198.

[236] J. Alvarotti au duc de Ferrare, 1553, 18 août, Compiègne (Arch. de Modène, estero. Francia ; orig.). Cf. livre II.

[237] Mémoires-journaux, p. 36.

[238] A. VITALIS, Correspondance de Dominique du Gabre, p. 29.

[239] Mémoires-journaux de Guise, pp. 24-25.

[240] Alvarotti au duc de Ferrare, 1550, 2 septembre, Poissy (Arch. de Modène, loc. cit. ; orig.).

[241] Mémoires-journaux, pp. 23-24.

[242] A. COLLIGNON, Le mécénat du cardinal Jean de Lorraine (Nancy, 1910, 8°), ch. III.