LES APÔTRES

 

HISTOIRE DES ORIGINES DU CHRISTIANISME

CHAPITRE V. — PREMIÈRE ÉGLISE DE JÉRUSALEM ; ELLE EST TOUTE CÉNOBITIQUE.

 

 

L'habitude de vivre ensemble, dans une même foi et dans une même attente, créa nécessairement beaucoup d'habitudes communes. Très-vite, des règles s'établirent et donnèrent à cette Église primitive quelque analogie avec les établissements de vie cénobitique, tels que le christianisme les connut plus tard. Beaucoup de préceptes de Jésus portaient à cela ; le vrai idéal de la vie évangélique est un monastère, non un monastère fermé de grilles, une prison à la façon du moyen âge, avec la séparation des deux sexes, mais un asile au milieu du monde, un espace réservé pour la vie de l'esprit, une association libre ou petite confrérie intime, traçant une haie autour d'elle pour écarter les soucis qui nuisent à la liberté du royaume de Dieu.

Tous vivaient donc en commun, n'ayant qu'un cœur et qu'une âme[1]. Personne ne possédait rien qui lui lût propre. En se faisant disciple de Jésus, on vendait ses biens et on faisait don du prix à la société. Les chefs de la société distribuaient ensuite le bien commun à chacun selon ses besoins. Ils habitaient un seul quartier[2]. Ils prenaient leurs repas ensemble, et continuaient d'y attacher le sens mystique que Jésus avait prescrit[3]. De longues heures se passaient en prières. Ces prières étaient quelquefois improvisées à haute voix, plus souvent méditées en silence. Les extases étaient fréquentes, et chacun se croyait sans cesse favorisé de l'inspiration divine. La concorde était parfaite ; nulle querelle dogmatique, nulle dispute de préséance. Le souvenir tendre de Jésus effaçait toutes les dissensions. La joie était dans tous les cœurs, vive et profonde[4]. La morale était austère, mais pénétrée d'un sentiment doux et tendre. On se groupait par maisons pour prier et se livrer aux exercices extatiques[5]. Le souvenir de ces deux ou trois premières années resta comme celui d'un paradis terrestre, que le christianisme poursuivra désormais dans tous ses rêves, et où il essayera vainement de revenir. Qui ne voit, en effet, qu'une telle organisation ne pouvait s'appliquer qu'à une très-petite Église ? Mais, plus tard, la vie monastique reprendra pour son compte cet idéal primitif, que l'Église universelle ne songera guère à réaliser.

Que l'auteur des Actes, à qui nous devons le tableau de cette première chrétienté de Jérusalem, ait un peu forcé les couleurs, et en particulier exagéré la communauté de biens qui y régnait, cela est possible assurément. L'auteur des Actes est le môme que l'auteur du troisième Évangile, qui, dans la vie de Jésus, a l'habitude de transformer les faits selon ses théories, et chez lequel la tendance aux doctrines de l'ébionisme[6], c'est-à-dire de l'absolue pauvreté, est souvent très-sensible. Néanmoins, le récit des Actes ne peut être ici dénué de quelque fondement. Quand même Jésus n'aurait prononcé aucun des axiomes communistes qu'on lit dans le troisième Évangile, il est certain que le renoncement aux biens de ce monde et l'aumône poussée jusqu'à se dépouiller soi-même, était parfaitement conforme à l'esprit de sa prédication. La croyance que le monde va finir a toujours produit le dégoût des biens du monde et la vie commune[7]. Le récit des Actes est, d'ailleurs, parfaitement conforme à ce que nous savons de l'origine des autres religions ascétiques, du bouddhisme, par exemple. Ces sortes de religions commencent toujours par la vie cénobitique. Leurs premiers adeptes sont des espèces de moines mendiants. Le laïque n'y apparaît que plus tard et quand ces religions ont conquis des sociétés entières, où la vie monastique ne peut exister qu'à l'état d'exception[8].

Nous admettons donc, dans l'Église de Jérusalem, une période de vie cénobitique. Deux siècles plus tard, le christianisme faisait encore aux païens l'effet d'une secte communiste[9]. Il faut se rappeler que les esséniens ou thérapeutes avaient déjà donné le modèle de ce genre de vie, lequel sortait fort légitimement du mosaïsme. Le code mosaïque étant essentiellement moral et non politique, son produit naturel était l'utopie sociale, l'église, la synagogue, le couvent, non l'état civil, la nation, la cité. L'Egypte avait, depuis plusieurs siècles, des reclus et des recluses nourris par l'État, probablement en exécution de legs charitables, auprès du Sérapéum de Memphis[10]. Il faut se rappeler surtout qu'une telle vie en Orient n'est nullement ce qu'elle a été dans notre Occident. En Orient, on peut très-bien jouir de la nature et de l'existence sans rien posséder. L'homme, dans ces pays, est toujours libre, parce qu'il a peu de besoins ; l'esclavage du travail y est inconnu. Nous voulons bien que le communisme de l'Église primitive n'ait été ni aussi rigoureux ni aussi universel que le veut l'auteur des Actes. Ce qui est sûr, c'est qu'il y avait à Jérusalem une grande communauté de pauvres, gouvernée par les apôtres, et à laquelle on envoyait des dons de tous les points de la chrétienté[11]. Cette communauté fut obligée sans doute d'établir des règlements assez sévères, et, quelques années plus tard, il fallut même, pour la gouverner, faire agir la terreur. Des légendes épouvantables circulaient, d'après lesquelles le seul fait d'avoir retenu quelque chose sur ce que l'on donnait à la communauté était présenté comme un crime capital, et puni de mort[12].

Les portiques du temple, surtout le portique de Salomon, qui dominait le val de Cédron, étaient le lieu où se réunissaient habituellement les disciples pendant le jour[13]. Ils y retrouvaient le souvenir des heures que Jésus avait passées dans le même endroit. Au milieu de l'extrême activité qui régnait autour du temple, on devait les remarquer peu. Les galeries qui faisaient partie de cet édifice étaient le siège d'écoles et de sectes nombreuses, le théâtre de disputes sans fin. Les fidèles de Jésus devaient d'ailleurs passer pour des dévots très-exacts ; car ils observaient encore les pratiques juives avec scrupule, priant aux heures voulues[14] et observant tous les préceptes de la Loi. C'étaient des juifs, ne différant des autres qu'en ce qu'ils croyaient le Messie déjà venu. Les gens qui n'étaient pas au courant de ce qui les concernait (et c'était l'immense majorité) les regardaient comme une secte de hasidim ou gens pieux. On n'était ni schismatique ni hérétique pour s'affilier à eux[15], pas plus qu'on ne cesse d'être protestant pour être disciple de Spener, ou catholique pour être de l'ordre de Saint-François ou de Saint-Bruno. Le peuple les aimait à cause de leur piété, de leur simplicité, de leur douceur[16]. Les aristocrates du temple les voyaient sans doute avec déplaisir. Mais la secte faisait peu d'éclats ; elle était tranquille, grâce à son obscurité.

Le soir, les frères rentraient à leur quartier et prenaient le repas, divisés par groupes[17], en signe de fraternité et en souvenir de Jésus, qu'ils voyaient toujours présent au milieu d'eux. Le chef de table rompait le pain, bénissait la coupe[18], et les faisait circuler comme un symbole d'union en Jésus. L'acte le plus vulgaire de la vie devenait ainsi le plus auguste et le plus saint. Ces repas en famille, toujours aimés des Juifs[19], étaient accompagnés de prières, d'élans pieux, et remplis d'une douce gaieté. On se croyait encore au temps où Jésus les animait de sa présence ; on s'imaginait le voir, et de bonne heure le bruit se répandit que Jésus avait dit : Chaque fois que vous romprez le pain, faites-le en mémoire de moi[20]. Le pain lui-même devint en quelque sorte Jésus, conçu comme source unique de force pour ceux qui l'avaient aimé et qui vivaient encore de lui. Ces repas, qui furent toujours le symbole principal du christianisme et l'âme de ses mystères[21], avaient d'abord lieu tous les soirs. Mais bientôt l'usage les restreignit au dimanche[22] soir[23]. Plus tard, le repas mystique fut transporté au matin[24]. Il est probable qu'au moment de l'histoire où nous sommes arrivés, le jour férié de chaque semaine était encore, pour les chrétiens, le samedi[25].

Les apôtres choisis par Jésus et qu'on supposait avoir reçu de lui un mandat spécial pour annoncer au monde le royaume de Dieu, avaient, dans la petite communauté, une supériorité incontestée. Un des premiers soins, dès que la secte sévit assise tranquillement à Jérusalem, fut de combler le vide que Juda de Kérioth avait laissé dans son sein[26]. L'opinion que ce dernier avait trahi son maître et avait été la cause de sa mort devenait de plus en plus générale. La légende s'en mêlait, et tous les jours on apprenait quelque circonstance nouvelle qui ajoutait à la noirceur de son action. Il s'était acheté un champ près de la vieille nécropole de Hakeldama, au sud de Jérusalem, et il y vivait retiré. Tel était l'état d'exaltation naïve où se trouvait toute la petite Eglise, que, pour le remplacer, on résolut d'avoir recours à la voie du sort. En général, dans les grandes émotions religieuses, on affectionne ce moyen de se décider, car on admet en principe que rien n'est fortuit, qu'on est l'objet principal de l'attention divine, et que la part de Dieu dans un fait est d'autant plus grande que celle de l'homme est plus faible. On tint seulement à ce que les candidats fussent pris dans le groupe des disciples les plus anciens, qui avaient été témoins de toute la série des événements depuis le baptême de Jean. Cela réduisait considérablement le nombre des éligibles. Deux seulement se trouvèrent sur les rangs, José Bar-Saba, qui portait le nom de Justus[27], et Matthia. Le sort tomba sur Matthia, qui dès lors fut compté au nombre des Douze. Mais ce fut le seul exemple d'un tel remplacement. Les apôtres furent conçus désormais comme nommés une fois pour toutes par Jésus et ne devant pas avoir de successeurs. Le danger d'un collège permanent, gardant pour lui toute la vie et toute la force de l'association, fut écarté, pour un temps, avec un instinct profond. La concentration de l'Église en une oligarchie ne vint que bien plus tard.

Il faut se prémunir, du reste, contre les malentendus que ce nom d'apôtre peut provoquer et auxquels il n'a pas manqué de donner lieu. Dès une époque fort ancienne, on fut amené par quelques passages des Évangiles, et surtout par l'analogie de la vie de saint Paul, à concevoir les apôtres comme des missionnaires essentiellement voyageurs, se partageant en quelque sorte le monde d'avance, et parcourant en conquérants tous les royaumes de la terre[28]. Un cycle de légendes se forma sur cette donnée et s'imposa à l'histoire ecclésiastique[29]. Rien de plus contraire à la vérité[30]. Le corps des Douze fut d'habitude en permanence à Jérusalem ; jusqu'à l'an 60 à peu près, les apôtres ne sortirent de la ville sainte que pour des missions temporaires. Par là s'explique l'obscurité où restèrent la plupart des membres du conseil central. Très-peu d'entre eux eurent un rôle. Ce fut une sorte de sacré collège ou de sénat[31], uniquement destiné à représenter la tradition et l'esprit conservateur. On finit par les décharger de toute fonction active, de sorte qu'il ne leur resta qu'à prêcher et à prier[32] ; encore les rôles brillants de la prédication ne leur échurent-ils pas. On savait à peine leurs noms hors de Jérusalem, et, vers l'an 70 ou 80, les listes qu'on donnait de ces douze élus primitifs n'étaient d'accord que sur les noms principaux[33].

Les frères du Seigneur paraissent souvent à côté des apôtres, quoiqu'ils en fussent distincts[34]. Leur autorité était au moins égale à celle des apôtres. Ces deux groupes constituaient, dans l'Église naissante, une sorte d'aristocratie fondée uniquement sur les rapports plus ou moins intimes que leurs membres avaient eus avec le maître. C'étaient là les hommes que Paul appelait les colonnes[35] de l'Église de Jérusalem. On voit, du reste, que les distinctions de la hiérarchie ecclésiastique n'existaient pas encore. Le titre n'était rien ; l'importance personnelle était tout. Le principe du célibat ecclésiastique était bien déjà posé ; mais il fallait du temps pour amener tous ces germes à leur complet développement. Pierre et Philippe étaient mariés, avaient des fils et des filles[36].

Le terme pour désigner la réunion des fidèles était l'hébreu kahal, qu'on rendit par le mot essentiellement démocratique έκκλησία. Ecclesia, c'est la convocation du peuple dans les vieilles cités grecques, l'appel au Pnyx ou à l'agora. A partir du IIe ou du IIIe siècle avant J.-C., les mots de la démocratie athénienne devinrent en quelque sorte de droit commun dans la langue hellénique ; plusieurs de ces termes[37], par suite de l'usage qu'en firent les confréries grecques, entrèrent dans la langue chrétienne. C'était, en effet, la vie populaire, restreinte depuis des siècles, qui reprenait son cours sous des formes tout à fait différentes. L'Eglise primitive est une petite démocratie à sa manière. Il n'est pas jusqu'à l'élection par le sort, moyen si cher aux anciennes républiques, qui ne s'y retrouve parfois[38]. Moins âpre pourtant et moins soupçonneuse que les anciennes cités, l'Église déléguait volontiers son autorité ; comme toute société théocratique, elle tendait à abdiquer entre les mains d'un clergé, et il était facile de prévoir qu'un ou deux siècles ne s'écouleraient pas avant que toute cette démocratie tournât à l'oligarchie.

Le pouvoir qu'on prêtait à l'Église réunie et à ses chefs était énorme. L'Église conférait toute mission, se guidant uniquement dans ses choix sur des signes donnés par l'Esprit[39]. Son autorité allait jusqu'à décréter la mort. On racontait qu'à la voix de Pierre, des délinquants étaient tombés à la renverse et avaient expiré sur-le-champ[40]. Saint Paul, un peu plus tard, ne craint pas, en excommuniant un incestueux, de le livrer à Satan pour la mort de sa chair, afin que son esprit soit sauvé au grand jour du Seigneur[41]. L'excommunication était tenue pour l'équivalent d'une sentence de mort. On ne doutait pas qu'une personne que les apôtres ou les chefs d'Église avaient retranchée du corps des saints et livrée au pouvoir du mal[42], ne fût perdue. Satan était considéré comme l'auteur des maladies ; lui livrer le membre gangrené, c'était livrer celui-ci à l'exécuteur naturel de la sentence. Une mort prématurée était tenue d'ordinaire pour le résultat d'un de ces arrêts occultes, qui, selon la forte expression hébraïque, extirpait une âme d'Israël[43]. Les apôtres se croyaient investis de droits surnaturels. En prononçant de telles condamnations, ils pensaient que leurs anathèmes ne pouvaient manquer d'être suivis d'effet.

L'impression terrible que faisaient les excommunications, et la haine de tous les confrères contre les membres ainsi retranchés, pouvaient en effet, dans beaucoup de cas, amener la mort, ou du moins forcer le coupable à s'expatrier. La même équivoque terrible se retrouvait dans l'ancienne Loi. L'extirpation impliquait à la fois la mort, l'expulsion de la communauté, l'exil, un trépas solitaire et mystérieux[44]. Tuer l'apostat, le blasphémateur, frapper le corps pour sauver l'âme, devait paraître tout légitime. Il faut se rappeler que nous sommes au temps des zélotes, qui regardaient comme un acte de vertu de poignarder quiconque manquait à la loi[45], et ne pas oublier que certains chrétiens étaient ou avaient été zélotes[46]. Des récits comme celui de la mort d'Ananie et de Saphire[47] n'excitaient aucun scrupule. L'idée de la puissance civile était si étrangère à tout ce monde placé en dehors du droit romain, on était si persuadé que l'Église est une société complète, se suffisant à elle-même, que personne ne voyait, dans un miracle entraînant la mort ou la mutilation d'une personne, un attentat punissable devant la loi civile. L'enthousiasme et une foi ardente couvraient tout, excusaient tout. Mais l'effroyable danger que recelaient pour l'avenir ces maximes théocratiques s'aperçoit facilement. L'Église est armée d'un glaive ; l'excommunication sera un arrêt de mort. Il y a désormais dans le monde un pouvoir en dehors de l'État qui dispose de la vie des citoyens. Certes, si l'autorité romaine s'était bornée à réprimer chez les juifs et les chrétiens des principes aussi condamnables, elle aurait eu mille fois raison. Seulement, dans sa brutalité, elle confondit la plus légitime des libertés, celle d'adorer à sa manière, avec des abus qu'aucune société n'a jamais pu supporter impunément.

Pierre avait parmi les apôtres une certaine primauté, tenant surtout à son zèle et à son activité[48]. En ces premières années, il se sépare à peine de Jean, fils de Zébédée. Ils marchaient presque toujours ensemble[49], et leur concorde fut sans doute la pierre angulaire de la foi nouvelle. Jacques, frère du Seigneur, les égalait presque en autorité, au moins dans une fraction de l'Eglise. Quant à certains amis intimes de Jésus, comme les femmes galiléennes, la famille de Béthanie, nous avons déjà remarqué qu'il n'est plus question d'eux. Moins soucieuses d'organiser et de fonder, les fidèles compagnes de Jésus se contentaient d'aimer mort celui qu'elles avaient aimé vivant. Plongées dans leur attente, les nobles femmes qui ont fait la foi du monde étaient presque des inconnues pour les hommes importants de Jérusalem. Quand elles moururent, les traits les plus importants de l'histoire du christianisme naissant furent mis au tombeau avec elles. Les rôles actifs font seuls la renommée ; ceux qui se contentent d'aimer en secret restent obscurs, mais sûrement ils ont la meilleure part.

Inutile de dire que ce petit groupe de gens simples n'avait aucune théologie spéculative. Jésus s'était tenu sagement éloigné de toute métaphysique. Il n'eut qu'un dogme, sa propre filiation divine et la divinité de sa mission. Tout le symbole de l'Église primitive pouvait tenir en une ligne : Jésus est le Messie, fils de Dieu. Cette croyance reposait sur un argument péremptoire, le fait de la résurrection, dont les disciples se portaient comme témoins. En réalité, personne (pas même les femmes galiléennes) ne disait avoir vu la résurrection[50]. Mais l'absence du corps et les apparitions qui avaient suivi paraissaient équivalentes au fait lui-même. Attester la résurrection de Jésus, telle était la tâche que tous envisageaient comme leur étant spécialement imposée[51]. On s'imagina d'ailleurs bien vite que le maître avait prédit cet événement. On se rappela diverses paroles de lui, qu'on se figura n'avoir pas bien comprises, et où l'on vit après coup une annonce de la résurrection[52]. La croyance en la prochaine manifestation glorieuse de Jésus était universelle. Le mot secret que les confrères disaient entre eux pour se reconnaître et se fortifier, était Maran atha, le Seigneur va venir[53] ! On croyait se rappeler une déclaration de Jésus, d'après laquelle la prédication n'aurait pas le temps d'atteindre toutes les villes d'Israël avant que le Fils de l'homme appariât dans sa majesté[54]. En attendant, Jésus ressuscité est assis à la droite de son Père. Là, il se repose jusqu'au jour solennel où il viendra, assis sur les nuées, juger les vivants et les morts[55].

L'idée qu'ils avaient de Jésus était celle que Jésus leur avait donnée lui-même. Jésus a été un prophète puissant en œuvres et en paroles[56], un homme élu de Dieu, ayant reçu une mission spéciale pour l'humanité[57], mission qu'il a prouvée par ses miracles et surtout par sa résurrection. Dieu l'a oint de l'Esprit-Saint et l'a revêtu de force ; il a passé en faisant du bien et en guérissant ceux qui étaient sous le pouvoir du diable[58] ; car Dieu était avec lui[59]. C'est le fils de Dieu, c'est-à-dire un homme parfaitement de Dieu, un représentant de Dieu sur la terre ; c'est le Messie, le sauveur d'Israël, annoncé par les prophètes[60]. La lecture des livres de l'Ancien Testament, surtout des prophètes et des psaumes, était habituelle dans la secte. On portait dans cette lecture une idée fixe, celle de retrouver partout le type de Jésus. On fut persuadé que les anciens livres hébreux étaient pleins de lui, et, dès les premières années, il se forma une collection de textes tirés des prophètes, des psaumes, et de certains livres apocryphes, où l'on était convaincu que la vie de Jésus était prédite et décrite par avance[61]. Cette méthode d'interprétation arbitraire était alors celle de toutes les écoles juives. Les allusions messianiques étaient une sorte de jeu d'esprit, analogue à l'usage que les anciens prédicateurs faisaient des passages de la Bible, détournés de leur sens naturel et pris comme de simples ornements de rhétorique sacrée.

Jésus, avec son tact exquis des choses religieuses, n'avait institué aucun rituel nouveau. La nouvelle secte n'avait pas encore de cérémonies spéciales[62]. Les pratiques de piété étaient les pratiques juives. Les réunions n'avaient rien de liturgique dans le sens précis ; c'étaient des séances de confréries, où l'on se livrait à la prière, aux exercices de glossolalie, de prophétie[63], et à la lecture de la correspondance. Rien encore de sacerdotal. Il n'y a pas de prêtre (cohen ou ίερέύς) ; le presbyteros est l'ancien de la communauté, rien de plus. Le seul prêtre est Jésus[64] ; en un autre sens, tous les fidèles le sont[65]. Le jeune était considéré comme une pratique très-méritoire[66]. Le baptême était le signe d'entrée dans la secte[67]. Le rite était le même que pour celui de Jean, mais on l'administrait au nom de Jésus[68]. Le baptême toutefois était considéré comme une initiation insuffisante. Il devait être suivi de la collation des dons du Saint-Esprit[69], laquelle se faisait au moyen d'une prière prononcée par les apôtres sur la tête du néophyte, avec l'imposition des mains.

Cette imposition des mains, déjà si familière à Jésus[70], était l'acte sacramentel par excellence[71]. Elle conférait l'inspiration, l'illumination intérieure, le pouvoir de faire des prodiges, de prophétiser, de parler les langues. C'était ce qu'on appelait le baptême de l'Esprit. On croyait se rappeler une parole de Jésus : Jean vous a baptisés par l'eau ; mais vous, vous serez baptisés par l'Esprit[72]. Peu à peu, on fondit ensemble toutes ces idées, et le baptême se conféra au nom du Père et du Fils et de l'Esprit-Saint[73]. Mais il n'est pas probable que cette formule, aux premiers jours où nous sommes, fut encore employée. On voit la simplicité de ce culte chrétien primitif. Ni Jésus ni les apôtres ne l'avaient inventé. Certaines sectes juives avaient adopté avant eux ces cérémonies graves et solennelles, qui paraissent venir en partie de la Chaldée, où elles sont encore pratiquées avec des liturgies spéciales par les Sabiens ou Mendaïtes[74]. La religion de la Perse renfermait aussi beaucoup de rites du même genre[75].

Les croyances de médecine populaire, qui avaient fait une partie de la force de Jésus, se continuaient dans ses disciples. Le pouvoir des guérisons était une des grâces merveilleuses que conférait l'Esprit[76]. Les premiers chrétiens, comme presque tous les juifs du temps, voyaient dans les maladies la punition d'une faute[77] ou l'œuvre d'un démon malfaisant[78]. Les apôtres passaient, ainsi que Jésus, pour de puissants exorcistes[79]. On s'imaginait que des lotions d'huile opérées par eux, avec imposition des mains et invocation du nom de Jésus, étaient toutes-puissantes pour laver les péchés causes de la maladie et pour guérir le malade[80]. L'huile a toujours été en Orient le médicament par excellence[81]. Seule, du reste, l'imposition des mains des apôtres était censée avoir les mêmes effets[82]. Cette imposition se faisait par l'attouchement immédiat. Il n'est pas impossible que, dans certains cas, la chaleur des mains, se communiquant vivement à la tête, procurât au malade un peu de soulagement.

La secte étant jeune et peu nombreuse, la question des morts ne se posa pour elle que plus tard. L'effet causé par les premiers décès qui eurent lieu dans les rangs des confrères fut étrange[83]. On s'inquiéta du sort des trépassés ; on se demanda s'ils seraient moins favorisés que ceux qui étaient réservés pour voir de leurs yeux l'avènement du Fils de l'homme. On en vint généralement à considérer l'intervalle entre la mort et la résurrection comme une sorte de lacune dans la conscience du défunt[84]. L'idée, exposée dans le Phédon, que l'âme existe avant et après la mort, que la mort est un bien, qu'elle est même l'état philosophique par excellence, puisque l'âme alors est tout à fait libre et dégagée, cette idée, dis-je, n'était nullement arrêtée chez les premiers chrétiens. Le plus souvent, il semble que l'homme pour eux n'existait pas sans corps. Cette conception dura longtemps, et ne céda que quand la doctrine de l'immortalité de l'âme, au sens de la philosophie grecque, eut fait son entrée dans l'Eglise, et se fut combinée tant bien que mal avec le dogme chrétien de la résurrection et du renouvellement universel. A l'heure où nous sommes, la croyance à la résurrection régnait à peu près seule[85]. Le rite des funérailles était sans doute le rite juif. On n'y attachait nulle importance ; aucune inscription n'indiquait le nom du mort. La grande résurrection était proche ; le corps du fidèle n'avait à faire dans le rocher qu'un bien court séjour. On ne tint pas beaucoup à se mettre d'accord sur la question de savoir si la résurrection serait universelle, c'est-à-dire embrasserait les bons et les méchants, ou si elle s'appliquerait aux seuls élus[86]. Un des phénomènes les plus remarquables de la nouvelle religion fut la réapparition du prophétisme. Depuis longtemps, on ne parlait plus guère de prophètes en Israël. Ce genre particulier d'inspiration sembla renaître dans la petite secte. L'Église primitive eut plusieurs prophètes et prophétesses[87], analogues à ceux de l'Ancien Testament. Les psalmistes reparurent aussi. Le modèle des psaumes chrétiens nous est sans doute offert par les cantiques que Luc aime à semer dans son Évangile[88], et qui sont calqués sur les cantiques de l'Ancien Testament. Ces psaumes, ces prophéties sont dénués d'originalité sous le rapport de la forme ; mais un admirable esprit de douceur et de piété les anime et les pénètre. C'est comme un écho affaibli des dernières productions de la lyre sacrée d'Israël. Le livre des Psaumes fut en quelque sorte le calice de fleur où l'abeille chrétienne butina son premier suc. Le Pentateuque, au contraire, était, à ce qu'il semble, peu lu et peu médité ; on y substituait des allégories à la façon des midraschim juifs, où tout le sens historique des livres était supprimé.

Le chant dont on accompagnait les hymnes nouveaux[89] était probablement cette espèce de sanglot sans notes distinctes, qui est encore le chant d'église des Grecs, des Maronites et en général des chrétiens d'Orient[90]. C'est moins une modulation musicale qu'une manière de forcer la voix et d'émettre par le nez une sorte de gémissement où toutes les inflexions se suivent avec rapidité. On exécute cette mélopée bizarre, debout, l'œil fixe, le front plissé, le sourcil froncé, avec un air d'effort. Le mot amen surtout se dit d'une voix chevrotante, avec tremblement. Ce mot jouait un grand rôle dans la liturgie. A l'imitation des Juifs[91], les nouveaux fidèles l'employaient pour marquer l'adhésion de la foule à la parole du prophète ou du préchantre[92]. On lui attribuait déjà peut-être des vertus secrètes, et on le prononçait avec une certaine emphase. Nous ignorons si ce chant ecclésiastique primitif était accompagné d'instruments[93]. Quant au chant intime, à celui que les fidèles chantaient en leur cœur[94], et qui n'était que le trop-plein de ces âmes tendres, ardentes et rêveuses, il s'exécutait sans doute comme les cantilènes des lollards du moyen âge, à mi-voix[95]. En général, c'était la joie qui s'épanchait par ces hymnes. Une des maximes des sages de la secte était : Si tu es triste, prie ; si tu es gai, chante[96].

Purement destinée, du reste, à l'édification des frères assemblés, cette première littérature chrétienne ne s'écrivait pas. Composer des livres était une idée qui ne venait à personne. Jésus avait parlé ; on se souvenait de ses paroles. N'avait-il pas promis que la génération de ses auditeurs ne passerait pas avant qu'il reparût[97] ?

 

 

 



[1] Act., II, 42-47 ; IV, 32-37 ; V, 1-11 ; VI, 1 et suiv.

[2] Act., II, 44, 46, 47.

[3] Act., II, 46 ; XX, 7, 11.

[4] Jamais littérature ne répéta si souvent le mot joie que celle du Nouveau Testament. Voir I Thess., I, 6 ; V, 16 ; Rom., XIV, 17 ; XV, 13 ; Galat., V, 22 ; Philip., I, 20 ; III, 1 ; IV, 4 ; I Joan., I, 4, etc.

[5] Act., XII, 12.

[6] Ebionim veut dire pauvres.

[7] Se rappeler l'an 1000. Tous les actes commençant par la formule : Adventante mundi vespera, ou d'autres semblables, sont des donations aux monastères.

[8] Hodgson, dans le Journal Asiat. Soc. of Bengal, t. V, p. 33 et suiv. ; Eugène Burnouf, Introd. à l'histoire du buddhisme indien, I, p. 278 et suiv.

[9] Lucien, Mort de Pérégrinus, 13.

[10] Papyrus de Turin, de Londres, de Paris, groupés par Brunet de Presle, Mém. sur le Sérapéum de Memphis (Paris, 1852) ; Egger, Mém. d'hist. anc. et de philologie, p. 101 et suiv., et dans les Notices et extraits, t. XVIII, 2e part., p. 264-339. Observez que la vie érémitique chrétienne prit naissance en Egypte.

[11] Act., XI, 29-30 ; XXIV, 17 ; Galat., II, 10 ; Rom., XV, 26 et suiv. ; I Cor., XVI, 1-4 ; II Cor., VIII et IX.

[12] Act., V, 1-11.

[13] Act., II, 46 ; V, 12.

[14] Act., III, 1.

[15] Jacques, par exemple, resta toute sa vie un juif pur.

[16] Act., II, 47 ; IV, 33 ; V, 13, 26.

[17] Act., II, 46.

[18] I Cor., X, 16 ; Justin, Apol., I, 63-67.

[19] Σύνδειπνα. Joseph., Antiq., XIV, X, 8, 12.

[20] Luc, XXII, 19 ; I Cor., XI, 24 et suiv. ; Justin, loc. cit.

[21] En l'an 57, l'eucharistie est déjà une institution pleine d'abus (I Cor., XI, 17 et suiv.), et, par conséquent, vieille.

[22] Act., XX, 7 ; Pline, Epist., X, 97 ; Justin, Apol., I, 67.

[23] Act., XX, 7, 11.

[24] Pline, Epist., X, 97.

[25] Jean, XX, 26, ne suffit pas pour prouver le contraire. Les ébionites gardèrent toujours le sabbat. Saint Jérôme, In Matth., XII, init.

[26] Act., I, 45-26.

[27] Comparez Eusèbe, H. E., III, 39 (d'après Papias).

[28] Justin, Apol., I, 39, 50.

[29] Pseudo-Abdias, etc.

[30] Comparez I Cor., XV, 10 et Rom., XV, 19.

[31] Gal., I, 17-19.

[32] Act., VI, 4.

[33] Comparez Matth., X, 2-4 ; Marc, III, 16-19 ; Luc, VI, 14-16, Act., I, 13.

[34] Act., I, 14 ; Gal., I, 19 ; I Cor., IX, 5.

[35] Gal., II, 9.

[36] Cf. Papias, dans Eusèbe, H. E., III, 39 ; Polycrate, ibid., V, 24 ; Clément d'Alex., Strom., III, 6 ; VII, 11.

[37] Par exemple, έπίσκοπος, peut-être κλήρος. V. Wescher, dans la Revue archéologique, avril 1866.

[38] Act., I, 26.

[39] Act., XIII, 1 et suiv. ; Clém. d'Alex., dans Eusèbe, H. E., III, 23.

[40] Act., V, 1-11.

[41] I Cor., V, I et suiv.

[42] I Tim., I, 20.

[43] Gen., XVII, 44 et autres passages nombreux dans le code mosaïque ; Mischna, Kerithouth, I, 4 ; Talmud de Bab., Moëd katon, 28 a. Comparez Tertullien, De anima, 57.

[44] Voir les dictionnaires hébreux et rabbiniques, au mot ברמ. Comparer le mot exterminare.

[45] Mischna, Sanhédrin, IX, 6 ; Jean, XVI, 2 ; Jos., B. J., VII, VIII, 1 ; III Macch. (apocr.), VII, 8, 12-13.

[46] Luc, VI, 15 ; Act., I, 13. Comparez Matth., X, 4 ; Marc, III, 18.

[47] Act., V, 1-11. Comparez Act., XIII, 9-11.

[48] Act., I, 15 ; II, 14, 37 ; V, 3, 29 ; Gal., I, 18 ; II, 8.

[49] Act., III, 1 et suiv. ; VIII, 14 ; Gal., II, 9. Comparez Jean, XX, 2 et suiv. ; XXI, 20 et suiv.

[50] Selon Matth., XXVIII, 1 et suiv., les gardiens auraient été témoins de la descente de l'ange qui tira la pierre. Ce récit, très-embarrassé, voudrait aussi laisser entendre que les femmes furent témoins du même fait, mais il ne le dit pas expressément. En tout cas, ce que les gardiens et les femmes auraient vu, d'après le même récit, ce ne serait pas Jésus ressuscitant, ce serait l'ange. Une telle rédaction, isolée, inconsistante, est évidemment la plus moderne de toutes.

[51] Luc, XXIV, 48 ; Act., I, 22 ; II, 32 ; III, 15 ; IV, 33 ; V, 32 ; X, 41 ; XIII, 30, 31.

[52] Cf. la note 1 du premier chapitre.

[53] I Cor., XVI, 22. Ces deux mots sont syro-chaldaïques.

[54] Matth., X, 23.

[55] Act., II, 33 et suiv. ; X, 42.

[56] Luc, XXIV, 19.

[57] Act., II, 22.

[58] Les maladies étaient considérées en général comme l'ouvrage du démon.

[59] Act., X, 38.

[60] Act., II, 36 ; VIII, 37 ; IX, 22 ; XVII, 3, etc.

[61] Act., II, 14 et suiv. ; III, 12 et suiv. ; IV, 8 et suiv., 25 et suiv. ; VII, 2 et suiv. ; X, 43, et l'épître attribuée à saint Barnabé, tout entière.

[62] Jac., I, 26-27.

[63] Plus tard, cela s'appela λειτουργεΐν. Act., XIII, 2.

[64] Hebr., V, 6 ; VI, 20 ; VIII, 4 ; X, 11 .

[65] Apoc., I, 6 ; V, 10 ; XX, 6.

[66] Act., XIII, 2 ; Luc, II, 37.

[67] Rom., VI, 4 et suiv.

[68] Act., VIII, 12, 16 ; X, 48.

[69] Act., VIII, 16 ; X, 47.

[70] Matth., IX, 18 ; XIX, 13, 15 ; Marc, V, 23 ; VI, 5 ; VII, 32 ; VIII, 23, 23 ; X, 10 ; Luc, IV, 40 ; XIII, 13.

[71] Act., VI, 6 ; VIII, 17-19 ; IX, 12, 17 ; XIII, 3 ; XIV, 6 ; XXVIII, 8 ; I Tim., IV, 14 ; V, 22 ; II Tim., I, 6 ; Hebr., VI, 2 ; Jac., V, 13.

[72] Matth., III, 11 ; Marc, I, 8 ; Luc, III, 16 ; Jean, I, 26 ; Act., I, 5 ; XI, 16 ; XIX, 4.

[73] Matth., XXVIII, 19.

[74] Voir le Cholasté (Manuscrits sabiens de la Bibl. imp., n° 8, 10, 11, 13).

[75] Vendidad-Sadé, VIII, 296 et suiv. ; IX, 1-145 ; XVI, 18-19 ; Spiegel, Avesta, II, p. LXXXIII et suiv.

[76] I Cor., XII, 9, 28, 30.

[77] Matth., IX, 2 ; Marc, II, 3 ; Jean, V, 14 ; IX, 2 ; Jac., V, 15 ; Mischna, Schabbath, II, 6 ; Talm. de Bab., Nedarim, fol. 41 a.

[78] Matth., IX, 33 ; XII, 22 ; Marc, IX, 16, 24 ; Luc, XI, 14 ; Act., XIX, 12 ; Tertullien, Apol., 22 ; Adv. Marc., IV, 8.

[79] Act., V, 16 ; XIX, 12-16.

[80] Jac., V, 14-15 ; Marc, VI, 13.

[81] Luc, X, 34.

[82] Marc, XVI, 18 ; Act., XXVIII, 8.

[83] I Thess., IV, 13 et suiv. ; I Cor., XV, 12 et suiv.

[84] Phil., I, 23, semble d'une nuance un peu différente. Cependant comparez I Thess., IV, 14-17. Voir surtout Apoc., XX, 4-6.

[85] Paul, endroits précités, et Phil.. III, 11 ; Apoc., XX entier ; Papias, dans Eusèbe, H. E., III, 39. On voit poindre parfois la croyance contraire, surtout dans Luc (Évang., XVI, 22 et suiv. ; XXIII, 43, 46). Mais c'est là une autorité faible sur un point de théologie juive. Les esséniens avaient déjà adopté le dogme grec de l'immortalité de l'âme.

[86] Comparez Act., XXIV, 15, à I Thess., IV, 13 et suiv. ; Phil., III, 11. Cf. Apoc., XX, 5. Voir Leblant, Inscr. chrét. de la Gaule, II, p. 81 et suiv.

[87] Act., XI, 27 et suiv. ; XIII, I ; XV, 32 ; XXI, 9, 10 et suiv. ; I Cor., XII, 28 et suiv. ; XIV, 29-37 ; Eph., III, 5 ; IV, II ; Apocal., I, 3 ; XVI, 6 ; XVIII, 20, 24 ; XXII. 9.

[88] Luc, I, 46 et suiv., 68 et suiv. ; II, 29 et suiv.

[89] Act., XVI, 23 ; I Cor., XIV, 15 ; Col., III, 16 ; Eph., V, 19 ; Jac., V, 13.

[90] L'identité de ce chant chez des communautés religieuses séparées depuis les premiers siècles prouve qu'il est fort ancien.

[91] Num., V. 22 ; Deuter., XXVII, 15 et suiv. ; Ps., CVI, 48 ; I Paral., XVI, 30 ; Nehém., V, 13 ; VIII, 6.

[92] I Cor., XIV, 16 ; Justin, Apol., I, 65, 67.

[93] I Cor., XIV, 7, 8, ne le prouve pas. L'emploi du verbe ψάλλω ne le prouve pas non plus. Ce verbe impliquait originairement l'usage d'un instrument à cordes, mais avec le temps il était devenu synonyme de chanter des psaumes.

[94] Col., III, 16 ; Eph., V, 19.

[95] Voir du Gange, au mot Lollardi (édit. Didot). Comparez les cantilènes des Cévenols. Avertissemens prophétiques d'Elie Marion (Londres 1707), p. 10, 12, 14, etc.

[96] Jac., V, 13.

[97] Matth., XVI, 28 ; XXIV, 34 ; Marc, VIII, 39 ; XIII, 30 ; Luc, IX, 27 ; XXI, 32.