Nouvelles et vaines
sollicitations de Berthier et de Dupont. — Situation critique de Masséna. —
Arrêtés des Consuls du 15 floréal. — Carnot chargé de les notifier en
personne à Moreau. — Moreau s'y soumet en bon citoyen. — Insistance du
Premier Consul. — Préventions de Moreau contre le gouvernement. — Leurs
causes probables. — Lettres perfides de Leclerc à Bonaparte.
Jusqu'au
10 floréal, le Premier Consul avait refusé de donner satisfaction aux
demandes réitérées de Berthier et de Dupont qui réclamaient l'envoi, par
Moreau, d'un détachement de 15.000 hommes pour seconder les opérations de
l'armée de réserve. Mais le 11, Bonaparte apprit par une lettre de Suchet la
véritable situation en Italie : Masséna était refoulé sur Gènes et son
lieutenant rejeté sur le Var[1]. Il était urgent de les dégager
au moyen d'une prompte et puissante diversion[2]. Le
Premier Consul, qui avait décidé dès le 7 que l'armée de réserve déboucherait
en Lombardie, par le Petit Saint-Bernard[3], expédia aussitôt des ordres à
Berthier, a l'effet de bâter le mouvement de
concentration sur la rive septentrionale du lac de Genève. Il annonçait en
même temps son arrivée dans cette ville pour le 16 floréal. Il espérait y
trouver des nouvelles de Moreau, et prendre alors, de concert avec lui, des
mesures pour l'envoi, qu'il jugeait indispensable, d'un détachement de
l'armée du Rhin sur le Simplon[4]. Bonaparte
pensait que le 20 floréal Moreau aurait remporté sur Kray « un avantage assez
considérable[5] », pour qu'il devînt possible
de demander l'exécution de la convention passée à Bâle à cet effet. Moins
exigeant d'ailleurs que Berthier et Dupont, le Premier Consul estimait le 11,
qu'à la rigueur, une division composée de 6.000 hommes d'infanterie et de
1.000 chevaux qui passeraient par le Saint-Gothard, tandis que 4.000 hommes
se dirigeraient sur le Simplon, « seraient d'un secours puissant » et
rendraient « infaillible » la manœuvre de l'armée de réserve[6]. Ce
n'était pas pour ménager Moreau, que Bonaparte se contentait ainsi d'un
effectif sensiblement moindre que celui fixé par la convention de Bâle[7]. En réalité, il jugeait que
Mêlas avait commis une faute en portant de grandes forces dans la Rivière de
Gènes pour attaquer Masséna et en laissant, a peu
près ouvertes, les portes de la Lombardie et du Piémont. Si, écrivait-il à Berthier,
« l'armée autrichienne eût eu le hou esprit de rester cantonnée sur le Pô,
vous n'auriez pas pu faire la même diversion sans une coopération immense de
l'armée du Rhin[8] ». Cependant,
Berthier et Dupont renouvelaient leurs doléances, les 10 et 11 floréal, sans que Bonaparte parût en tenir compte[9]. Mais, sur ces entrefaites,
Dessolle demanda à Berthier de relever le plus tôt possible, dans le Valais,
les troupes de Moncey. Moreau avait l'intention de les diriger sur Mayenfeld,
tandis que Lecourbe se porterait sur Feldkirch ; opération qui permettrait de
« gagner ainsi une communication de plus avec l'Italie », par le Splügen[10]. Ce fut, pour Berthier, une
raison suffisante de croire — ou du moins d'écrire au Premier Consul, le 12
floréal — que Moreau n'avait pas l'intention de lui envoyer des renforts et
qu'il voulait « faire, de l'armée de réserve, une armée destinée à garder l’Helvétie[11] ». Le même jour, à 11 heures du
soir, après avoir reçu de Bonaparte la dépêche du 11 floréal qui lui
apprenait la situation de l'armée d'Italie, Berthier revint encore à la
charge : « 15.000 hommes sur le Saint-Gothard eussent fait une terrible
diversion en faveur du général Masséna. Moreau, avec 110.000 hommes
d'infanterie, n'a-t-il pas plus de monde qu'il ne lui en faut
contre un ennemi qui n'en a pas plus de 80.000[12] ? » Ces
lettres, qui parvinrent à Bonaparte le 14 floréal[13], n'eussent pas changé sa
détermination peut-être, s'il n'avait reçu, en même temps, des nouvelles très
graves de l'armée d'Italie. Masséna mandait à la date du 3, qu'il avait été
obligé, après quelques succès, de se replier sur Gènes. Sa position était «
une des plus malheureuses et des plus critiques dont on puisse se faire une
idée » ; l'ennemi s'était emparé de tous les moulins des environs de la place
et avait coupé l'aqueduc qui faisait mouvoir ceux de la ville. Au prix des
plus grands efforts, l'armée ne pouvait tenir, au maximum, plus de quinze
jours. « Je vous en conjure, citoyen Consul, concluait-il, venez à notre
secours ! La poignée de braves que je commande ici mérite bien, par sa
constance et son dévouement, toute votre sollicitude[14]. » Bonaparte
calcula que, Masséna ayant capitulé ou ayant été forcé à Gênes, Mêlas pouvait
revenir en huit jours, de Gênes à Aoste. Si, à ce moment, 20.000 hommes au
moins de l'armée de réserve n'avaient pas franchi les Alpes, les Autrichiens
auraient « des avantages immenses » pour lui disputer l'entrée de l'Italie[15]. Celte éventualité pouvait se
présenter. Il
n'était donc plus possible désormais d'attendre au 20 floréal pour demander à
Moreau l'envoi en Italie des renforts promis. En outre, l'armée de réserve
pouvait avoir à livrer des combats sérieux pour déboucher de la vallée ri
Aoste, en plaine ; il importait donc d'exiger de Moreau la totalité de
l'effectif fixé par la convention de Bâle du 26 germinal. Bonaparte prit ce
parti le jour même[16]. Le
lendemain 15 floréal (5 mai), les Consuls décidèrent que Moreau dirigerait, « sur-le-champ »,
vers le Saint-Gothard et le Simplon, aime colonne forte de 25.000 hommes,
infanterie, cavalerie, artillerie comprises, pour
agir sous les ordres du général en chef de l'armée de réserve ». L'Arrêté
invoquait la situation critique de l'armée d'Italie, la nécessité de ne pas
laisser entamer le territoire français et de sauver les départements du Midi,
menacés par terre et par mer[17]. Le même
jour, les Consuls prirent un autre Arrête aux termes duquel le Valais qui,
jusqu'alors, avait fait partie de l'arrondissement de l'armée du Rhin,
appartiendrait désormais a
l'armée de réserve, ainsi que les officiers généraux, les troupes et le
matériel d'artillerie qui s'y trouvaient. Le Ministre de la Guerre devait
donner l'ordre à Moncey, commandant en Helvétie, de compléter immédiatement à
3,500 hommes, le détachement destiné à garder le Simplon[18]. Mais
ces deux Arrêtés étaient contraires au texte de la convention de Bâle,
spécifiant que Moreau ne se séparerait de ces troupes, au profit de l'armée
de réserve, qu'après avoir obtenu sur Kray un avantage assez considérable
pour lui donner la supériorité. Or, bien qu'en réalité l'armée du Rhin eût
remporté deux succès à Engen et à Stockach le 13 floréal, la nouvelle n'en
était pas encore parvenue à Paris. Comment décider Moreau qui avait été
malheureux dans la campagne précédente, A accepter ce double sacrifice ?
Suffisait-il, ainsi que l'a affirmé Saint-Cyr, de lui notifier les deux Arrêtés
par un officier expédié en courrier[19] ? Bonaparte
qui s'était heurte aux résistances de Moreau, au moment de rétablissement du
plan de campagne et des conférences de Bâle, n'en jugea pas ainsi. La
situation en Italie était si critique qu'elle nécessitait des remèdes prompts
et surs ; il n'était pas admissible que Moreau se retranchât, comme il était
en droit de le faire, derrière le texte de la convention de Bâle. Les Arrêtés
des Consuls, s'ils lui étaient communiqués sans autre forme, pouvaient, par
leur rédaction, nécessairement sèche et un peu brutale, froisser l'orgueil du
commandant de l'armée du Rhin. N'en rendrait-il pas avec raison Bonaparte
responsable ? L'incident n'allait-il pas déterminer une rupture que le
Premier Consul tenait à éviter ? Il
fallait donc qu'une personnalité autorisée expliquât à Moreau la genèse des
deux Arrêtés et les commentât, en faisant ressortir la gravité de la
situation en Italie qui, seule, avait pu déterminer le Premier Consul à ne
pas respecter les clauses de la convention du 20 germinal. Bonaparte espéra
sans doute que les arguments d'ordre militaire convenablement exposés
convaincraient Moreau ; et en même temps, que les ménagements, presque la
déférence dont il usait envers lui, ne le laisseraient pas insensible. Pour
ces motifs, le choix du Premier Consul se porta sur le Ministre de la Guerre
lui-même, sur Carnot, dont il connaissait les excellents rapports avec
Moreau. L'Arrêté du 15 floréal décida qu'il partirait dans la journée
mémo, pour se rendre au quartier général de l'armée du Rhin, où il prendrait,
de concert avec Moreau, toutes les mesures nécessaires pour l'envoi immédiat
à l'armée de réserve, du détachement de 25.000 hommes. Il devait rejoindre
ensuite le Premier Consul à Genève. Le général Lacuée fut chargé de l'intérim
pendant l'absence de Carnot[20]. Une
demi-heure avant le départ du Ministre, et au moment où Bonaparte quittait
lui-même Paris pour se rendre à Genève, le télégraphe annonça la victoire de
Stockach et ses résultats : 7.000 prisonniers, 9 bouches à feu et des
magasins considérables pris à l'ennemi[21]. Cette
nouvelle, très heureuse en soi, parvenait au Premier Consul dans des
circonstances particulièrement opportunes ; aussi sa correspondance témoigne-t-elle
de la joie qu'il en ressentit. « Tout va ici au parfait », mandait-il à Berthier[22]. « Gloire et trois fois
gloire ! », écrivait-il à Moreau[23]. Les
succès de l'armée du Rhin éloignaient en effet l’ennemi de l'Helvétie et
permettaient à l'armée de réserve de franchir les Alpes sans aucune
inquiétude pour ses derrières[24]. En outre, Moreau ne pouvait
plus désormais invoquer les clauses de la convention de Bâle, et la mission
de Carnot s'en trouvait d'autant facilitée. Enfin les deux Arrêtés du
15 floréal, pris antérieurement à la nouvelle de la victoire de Stockach,
allaient apparaître, à Moreau comme ses conséquences très logiques et ne
pouvaient plus, suivant toute vraisemblance, provoquer son mécontentement. Carnot
partit de Paris dans la nuit du 15 au 16 floréal, accompagné des citoyens
Dupont, officier supérieur de l'état-major ; Allent,
capitaine du génie ; Dauzeret, commissaire des
guerres ; Cardon, élève commissaire ; Monistrol et Hubinet,
aides de camp ; deux courriers et un domestique[25]. Le secret avait été
rigoureusement garde sur le but de son voyage[26]. Le 20 floréal seulement, le
bruit courut à Paris qu'il allait porter l'ordre à Moreau de détacher quarante
mille hommes de son armée pour les diriger vers l'Italie[27]. Carnot,
voyageant « jour et nuit sans reposer[28] », arriva à Bâle le 18 floréal[29] et à Pfullendorf le 19, vers 5
heures du soir[30]. Là, il apprit la victoire
remportée par Moreau à Messkirch le 15 ; il envoya aussitôt un courrier
extraordinaire à Bonaparte pour lui en faire part. Ce nouveau succès rendait
sa tâche encore plus facile ; aussi présumait-il que son séjour au quartier
général de l'armée du Rhin serait de courte durée et que vingt-quatre heures
lui suffiraient pour remplir sa mission[31]. Ses pressentiments ne devaient
pas le tromper. Le 20
floréal à 9 heures, il rejoignit Moreau à Biberach, au lendemain même d'un
combat heureux que l'armée du Rhin avait livré en ce point[32]. Moreau se montra très affecté
de la décision qu'avaient prise les Consuls. Il s'attendait sans doute à
fournir ce détachement à Bonaparte, mais plus tard ; et, d'après Saint-Cyr,
il avait espéré, avant de perdre ces troupes, profiter de leur présence, pour
remporter sur Kray une victoire qui le mit pour longtemps hors de cause[33]. Certes,
Lecourbe avait obtenu à Stockach un succès décisif sur le prince de Lorraine,
mais à Engen et à Messkirch, le gros de l'armée autrichienne s'était replié
en bon ordre[34]. Tout en exagérant, dans sa
correspondance et dans ses ordres du jour, les avantages qu'il avait obtenus[35], Moreau ne pouvait donc se
dissimuler que Kray restait un adversaire redoutable, surtout si l'on
diminuait ses Torées, déjà presque insuffisantes, de 25.000 hommes. Il
exposa à Carnot les inconvénients qui peut-être en résulteraient pour l'armée
du Rhin. Elle ne luttait avec avantage, « que par l'ascendant de sa
bravoure et de ses efforts extraordinaires ». Affaiblie d'un continrent aussi
considérable, elle en serait réduite à la défensive et ne pourrait plus
conserver sa position avancée en bavière. La retraite la priverait des
ressources que procurait le territoire ennemi ; le découragement naîtrait ;
l'adversaire deviendrait plus audacieux. Carnot,
tout en trouvant ces raisons « très fortes », fit appel au patriotisme
de Moreau qui, se montrant « aussi bon citoyen qu'habile général »,
acquiesça à ses demandes et prit aussitôt toutes les mesures pour la prompte
exécution des instructions des Consuls[36]. Carnot
partit le soir même, « on ne peut plus satisfait de Moreau[37] », et rejoignit le Premier
Consul à Lausanne le 23 floréal[38]. Il lui apportait l'état de
situation des troupes destinées à passer de l'armée du Rhin à l'armée de
réserve et dont l'effectif total, y compris les forces qui occupaient le
Valais, s'élevait a 21.000
hommes environ[39]. Dix-huit bouches à feu
devaient leur être fournies par le directeur du parc de Huningue, dépendant
de l'armée du Rhin[40]. Le chef de brigade Foy, «
excellent officier d'artillerie », était désigné pour en prendre le
commandement[41]. Moreau
prit soin de cacher autant que possible à ses soldats, et surtout à l'ennemi,
l'envoi de ce détachement à l'armée de réserve[42]. A cet effet, il n'enleva aux
divisions de première ligne que quatre demi-brigades d'infanterie sur neuf,
et quatre régiments de cavalerie sur six. Il fit venir les autres de Landau,
de Brisach, de Metz, de Nancy et de Bourg[43]. D'après le général Hugo, le
mouvement fut opéré « avec tant, de secret et d'adresse, qu'à la fin de la
campagne il y avait encore dans l'armée des généraux qui ne soupçonnaient pas
qu'il eût eu lieu[44] ». Carnot
remit au Premier Consul une lettre où Moreau, sans la moindre récrimination,
exposait les faits avec une noble simplicité, envisageait l'avenir avec une
grande fermeté d'âme, et faisait pour le succès de l'armée de réserve, des
vœux où éclataient la sincérité, le désintéressement et l'amour de la patrie
: u Le détachement que vous nous demandez nous dérange, écrivait-il, mais
nous ferons de notre mieux... Vous devez croire qu'à mesure que nous nous
éloignons, nous nous affaiblissons et nos ennemis se renforcent en se
rapprochant de leurs moyens... J'ai de l'espoir dans vos succès, que je
regarde comme certains... Vous pourrez faire cette année une campagne aussi
brillante que celle que vous avez faite en Italie. Je vous souhaite tous les
succès possibles ; votre arrivée a l'armée de
réserve nous a, à tous, fait le plus grand plaisir ; c'est le présage de la
victoire[45]. » On
retrouve les mômes sentiments élevés dans une lettre postérieure adressée à Carnot
: « La saignée que vous nous avez faite nous a bien gênés pour la suite de
nos opérations. Mais si nous pouvons contribuer au succès de l'armée
d'Italie, notre but sera rempli[46]. » Mais le
Premier Consul ne se tint pas pour satisfait. Il fit observer à Moreau que le
détachement serait d'un effectif bien faible et ne serait pas réuni à temps,
parce que deux des demi-brigades désignées, venant de la région de Mayence,
arriveraient certainement trop tard. Ces unités devaient donc être remplacées
par d'autres moins éloignées, Bonaparte considérait comme indispensable que
18 à 20.000 hommes présents sous les armes, sous les ordres de Moncey,
pussent déboucher par le Saint-Gothard, dans la première décade de prairial.
Faute d'exécuter cette diversion, « avec toute la diligence et le zèle
qu'exigent les circonstances », Masséna, disait-il, pouvait être réduit à une
capitulation et l'armée de réserve battue. Dès lors, Moreau serait forcé
d'envoyer 20.000 hommes dans le Midi et un autre détachement contre les
Vendéens qui ne manqueraient pas de se soulever. « Vous
voyez, concluait le Consul, les circonstances dans lesquelles nous nous
trouvons. Le succès de la campagne peut dépendre de la promptitude avec
laquelle vous opérerez la diversion demandée. Si elle s'exécute d'un
mouvement prompt, décidé, et que vous l'ayez à cœur, l'Italie et la paix sont
à nous. « Je
vous en dis peut-être déjà trop. Votre zèle pour la prospérité de la
République et votre amitié pour moi vous en disent assez[47]. » Il
semble que Bonaparte eût pu intercaler, dans sa lettre, l'expression de sa
gratitude pour le sacrifice consenti par Moreau avec tant d'abnégation, à un
moment où l'armée du Rhin n'avait pas encore remporté sur Kray un succès que
l'on fût en droit de considérer comme décisif[48]. Deux
jours après, le 20 floréal, au moment de partir de Lausanne pour rejoindre
l'armée de réserve, le Premier Consul reçut de mauvaises nouvelles de Suchet
qui avait été refoulé sur la rive droite du Var. Il en informa Moreau,
calculant, disait-il, que la diversion du Saint-Gothard aurait lieu
conformément au plan de campagne général et à Y Arrêta des Consuls du 15
floréal. Il comptait, en d'autres termes, que le détachement de l'armée du
Rhin serait mis en route immédiatement et comporterait un effectif égal au
quart de l'infanterie et au cinquième de la cavalerie, c'est-à-dire au total
25.000 hommes. Sa lettre se terminait par cette appréciation excessive : «
Tout dépend de là[49] ». Moreau
lui fit observer qu'il commettait une erreur sur les forces réelles de
l'armée du Rhin. Sensiblement diminuée depuis le commencement de la campagne,
par le feu et les maladies, elle ne comprenait plus, assurait-il, que 53.000
hommes d'infanterie et 12.000 chevaux[50]. Il n'était donc tenu que de
fournir 13.000 fusils et 2.400 sabres à l'armée de réserve, et il affirmait à
Bonaparte qu'il avait exécuté « plus que littéralement » ce que lui avait
prescrit le Ministre de la Guerre. Un seul bataillon en réalité, et non deux
demi-brigades, ainsi que le prétendait le Premier Consul, venait de Mayence[51]. Revenu
d'ailleurs à une plus saine appréciation des choses, Bonaparte jugeait, le 29
floréal, que tout serait bien si Moncey parvenait à réunir le 8 prairial 12
ou 15.000 hommes au Saint-Gothard. En fait, la 1re division du détachement de
l'armée du Rhin franchit le col à cette date[52] et occupa Bellinzona le 11[53]. L'effectif des renforts amenés
par Moncey s'élevait à 12.092 fantassins, 1.851 cavaliers, soit, au total, 13.913
hommes[54]. Les désirs du Premier Consul
se trouvaient donc réalisés. Moreau
eût été en droit, sinon de triompher de ce résultat, du moins de faire
observera Bonaparte que ses lettres des 24 et 2fi floréal étaient absolument
injustifiées. Il se contenta d'exposer le fait avec la simplicité qui était
un des principaux traits de son caractère. « J'ai
reçu des rapports qui m'annoncent que toutes les troupes que j'ai envoyées au
général Moncey sont arrivées au temps que vous avez prescrit, excepté le
bataillon de la 91e qui le joindra assez à temps pour suivre son détachement[55]. » Les
contemporains en général n'ont pas rendu justice à Moreau en cette
circonstance. L'un d'eux a même affirmé que, dans sa « condescendance », le
chef du gouvernement u comb.la la mesure des égards et de la considération[56] ». En réalité, Bonaparte
ménagea avec soin, par calcul politique, le seul général que l'opinion
publique pût lui comparer et lui opposer et qui, en cas de revers en Italie,
était un de ses successeurs tout désigné. Complète
au lendemain de Brumaire, l'entente de Bonaparte et de Moreau avait été
momentanément troublée à l'époque de l'établissement du plan de campagne,
pour redevenir très cordiale, suivant toute apparence, après les concessions
faites par le Premier Consul au général en chef de l'armée du Rhin. Mais,
dans une lettre qu'il écrivait à Lacuée quelques instants avant son départ de
Biberach, le Ministre de la Guerre disait : « J'ai été on ne peut plus
satisfait du général Moreau ; ma présence a été très utile pour dissiper des
préventions qu'on avait cherché à faire naître dans son esprit contre le
gouvernement, et l'entrevue que j'aurai à Genève avec le Premier Consul doit
produire sur son esprit un effet réciproque et semblable[57]. » Quelles
étaient ces préventions ? Comment étaient-elles nées ? Quels en étaient les
auteurs ? Faute
de documents plus explicites, on en est réduit, à cet égard, à des
conjectures. Tout d'abord, il parait certain, d'après les termes employés par
Carnot, que les dissentiments ne se soient pas produits spontanément dans
l'esprit de Moreau, mais qu'ils aient été le résultat d'une certaine pression
exercée par son entourage. En ce
qui concerne Bonaparte, la solution de la question semble assez simple. On
lui représenta peut-être que, depuis son départ de Paris, Moreau s'était
constamment opposé a ses
projets. Il n'avait pas voulu admettre que Bonaparte vint à l'armée du Rhin ;
puis il avait offert sa démission si le plan qu'il proposait n'était pas
adopté ; refusé ensuite de céder Lecourbe à l'armée de réserve ; tergiversé
enfin pour entrer en campagne et retardé ainsi le passage des Alpes par
Berthier. Bien qu'il lui en coûtât, le Premier Consul n'avait pas voulu
heurter Moreau et s'en faire un adversaire, au moment où la situation
politique encore instable exigeait des ménagements. Bonaparte lui avait donc
donné satisfaction sur tous les points en litige, mais son caractère
despotique et orgueilleux avait du
souffrir de ces concessions. Ce fut, vraisemblablement, chose facile de le
persuader que Moreau entendait traiter avec lui de puissance à puissance, de
susciter son animosité et d'entretenir sa rancune. Il est
plus difficile d'expliquer les préventions de Moreau. Toutefois il semble
qu'on puisse les ramener à deux hypothèses et leur attribuer, en dernière
analyse, deux causes seulement : l'une d'ordre militaire, l'autre de nature
politique. La
première aurait pu avoir son origine dans l'obligation imposée par Bonaparte
à Moreau, de détacher à l'armée de réserve le quart environ de ses forces,
aussitôt après sa première victoire sur Kray. Moreau en éprouva certainement
une vive contrariété[58]. Mais il s'y soumit aussitôt,
dans l'intérêt général de la République, avec tant d'abnégation ; il se
montra en celle circonstance si bon citoyen, suivant l'expression de Carnot[59], qu'on ne saurait logiquement
en faire la source des « préventions » dont parle le Ministre. Celui-ci
en constata d'ailleurs l'existence à son arrivée à Biberach ; elles étaient
donc nées avant que Moreau eût pris connaissance de l’Arrêté des
Consuls prescrivant la mise à exécution de la convention de Bâle. La
seconde hypothèse mérite qu'on s'y arrête plus longtemps. On remarquera en
effet que, d'après Carnot, les « préventions » de Moreau s'adressaient au
gouvernement, ce qui indique qu'elles avaient eu une cause d'origine
politique. Or, quels étaient les griefs que l'entourage du général en chef
pouvait invoquer ? Quels événements étaient survenus à l'intérieur, entre
brumaire et floréal ? Seule, semble-t-il, la Constitution de l'an VIII était
de nature à motiver le mécontentement de l'armée du Rhin[60]. On n'y
rappelait point, en effet, dans ses quatre-vingt-quinze articles, la
Déclaration des Droits, et il n'y était question ni de la liberté de
conscience ni de la liberté de la presse. Toute opposition avait été
d'ailleurs interdite à celle-ci par l’Arrêté du 27 nivôse. La
Constitution ne contenait qu'une seule disposition libérale, la garantie de
la liberté individuelle[61], mais elle annihilait le
suffrage universel et excluait le peuple de la vie politique. « Sur
quoi reposait notre République ? disait un contemporain. Sur les principes de
la représentation nationale ; mais ces principes n'ont pas survécu à la
journée de Saint-Cloud ; car je ne vois pas qu'on puisse donner le nom de
représentation nationale à cet amas obscur de tribuns et de législateurs qui
ne sont point nommés par la nation et qui reçoivent tous les matins, des
Tuileries, le bulletin de ce qu'ils doivent penser dans la journée[62]. » En
réalité, le pouvoir était entre les mains du Premier Consul. Il n'y avait
contre lui aucun recours constitutionnel et, comme on l'a dit très justement,
il se trouvait beaucoup plus puissant que ne l'avait été Louis XVI sous la
Constitution de 1789-1791[63]. En un mot, c'était la
dictature prête à s'organiser[64]. La
Constitution fut d'ailleurs mise en vigueur par une loi du 3 nivôse et, par
un nouveau coup d'État, ne fut soumise qu'ensuite à l'acceptation des
électeurs. Enfin, la loi du 28 pluviôse an VIII établit, au profit de Bonaparte,
une centralisation absolue[65]. Le bruit courut même que le
Corps législatif et le Sénat allaient être épurés[66]. Quelques personnes jugèrent
peut-être, avec Mallet du Pan, que jamais il n'avait existé de République où
le chef de l'État eût été revêtu « d'une puissance aussi monstrueuse que
l'était celle du Premier Consul[67] ». Une certaine opposition se manifesta
à Paris[68]. Que
l'armée du Rhin demeurée, en majeure partie, fidèle au pur idéal républicain
de l'an II, ait mal accueilli la nouvelle Constitution et les mesures qui
suivirent, il n'y a point à s'en étonner[69]. On peut admettre aussi que
l'écho du mécontentement des troupes soit parvenu jusqu'à Moreau et que, dans
son entourage immédiat, Lecourbe, Gouvion Saint-Cyr, Lahorie, Delmas, entre
autres, aient réprouvé la Constitution et fait entrevoir à leur chef le
despotisme naissant de Bonaparte[70]. Ainsi se seraient produites, dans
l'esprit de Moreau, les préventions dont Carnot constata l'existence. Après
les avoir dissipées, le Ministre s'efforça, dans l'intérêt de la République,
d'obtenir à Genève un résultat analogue auprès du Premier Consul. Aucune
trace n'étant restée de leur entrevue, il est impossible de savoir si Carnot
réussit à le convaincre. D'ailleurs, peu après, deux lettres sincères ou non,
que Bonaparte reçut de Leclerc commandant une division à l'armée du Rhin,
vinrent apporter de nouveaux éléments de discorde. « Votre
gloire militaire offusque singulièrement Moreau, écrivait-il ; il répète
souvent qu'à l'armée d'Italie on faisait la guerre comme des écoliers et que
la guerre savante est celle qu'il fait. On parle souvent, à son état-major,
de la faction italique : dans ce nom, on désigne tous ceux qui ont fait la
guerre en Italie avec vous, et ceux-là ne sont pas les plus aimés... Lecourbe
ne vous aime pas ; ce qui est jalousie chez le général Moreau est haine chez
lui. Le général Moncey peut vous répéter ce qu'il m'a dit à cet égard[71]. » Il est
possible que Moreau, qui avait gardé mauvais souvenir de la campagne de l'an
VII, se soit complu dans des comparaisons entre la conduite des opérations en
Allemagne et en Italie. Il avait d'ailleurs exposé lui-même ses idées à ce
sujet au Premier Consul[72]. Mais les propos qu'il tint
furent-ils rapportés sans altération à Leclerc ? Celui-ci les transmit-il, à
son tour, sans les dénaturer, sans les exagérer, tout au moins sans leur
attribuer un mobile tout différent que de simples dissertations, peut-être,
sur l'art de la guerre ? On ne saurait l'admettre. Toute la correspondance de
Moreau de cette époque dément que la gloire militaire de Bonaparte l'ait
offusqué ; il se réjouissait, au contraire, de ses succès, cherchant à les
favoriser indirectement par tous les moyens[73]. Si l'on suspectait la
sincérité des déclarations qu'il adressait à cet égard au Premier Consul, du
moins la bonne foi de celle-ci sera-t-elle hors de cause : « Si nous pouvons
contribuer au succès de l'armée d'Italie, notre but sera rempli[74] ». Leclerc
revint à la charge une seconde fois. Il prévenait son beau-frère que Moreau
et Lecourbe avaient refusé fie faire tirer le canon, en signe de
réjouissance, en apprenant l'entrée de l'armée de réserve à Milan. « Lecourbe
et Moreau ont dit que ce n'était pas une victoire ; qu'il fallait attendre.
Lecourbe, surtout, disait : « Mélas peut réunir son armée ; le procès n'est
pas encore jugé, attendons » ; enfin, dans tous ses discours, on voyait
percer sa jalousie[75]. » Sans
s'en douter, Leclerc laissait percer aussi un des mobiles de ces délations : « Je
suis persuadé, ajoutait-il, que Moreau ne vous aime pas ; sa haine va jusqu'à
ne me jamais fournir l'occasion de me distinguer[76]. » En réalité, Moreau faisait « peu de cas de Leclerc ; Bonaparte lui-même déclarait qu'il n'était propre à rien[77] ». Mais le Premier Consul sut-il discerner, dans les lettres de Leclerc, l'acrimonie que lui causaient ses déceptions d'ambition et d'amour-propre, ainsi que le désir de faire sa cour à son puissant beau-frère ? Observa-t-il que Leclerc ne relatait les opinions de Moreau que par ouï-dire, et que, même s'il les avait entendues, son état d'esprit ne lui permettait guère de les reproduire fidèlement ? Sans doute, Bonaparte estimait peu Leclerc. Néanmoins, on peut admettre que même s'il fit, dans cette correspondance, la part de l'exagération et de la passion, il n'en resta pas moins défavorablement influencé à l'égard de Moreau. |
[1]
Correspondance de Napoléon, n° 4745 ; Suchet à Bonaparte, 1er floréal (A.
H. G., Armée d'Italie).
[2]
Correspondance de Napoléon, n° 4740.
[3]
Correspondance de Napoléon, n° 4738.
[4]
Correspondance de Napoléon, n° 4745.
[5]
Plan d'opérations arrêté entre Moreau et Berthier.
[6]
Correspondance de Napoléon, n° 4747.
[7]
Un quart de l'infanterie et un cinquième de la cavalerie de l'armée du Rhin.
[8]
Correspondance de Napoléon, n° 4747.
[9]
Berthier à Bonaparte, Dijon, 10 floréal (A. H. G., Armée de réserve) ; Dupont
au Ministre de la Guerre, Dijon, 11 floréal (Ibid.).
[10]
Dessolle à Berthier, Waldshut, 10 floréal (A. H. G.).
[11]
Berthier au Premier Consul, Dijon, 12 floréal (A. H. G., Armée de réserve).
[12]
Berthier au Premier Consul, Dijon, 12 floréal (A. H. G., Armée de réserve).
[13]
Correspondance de Napoléon, n° 4751.
[14]
Masséna au Premier Consul, 3 floréal (A. H. G., Armée d'Italie).
[15]
Correspondance de Napoléon, n° 4751.
[16]
Correspondance de Napoléon, n° 4751. — Au général Berthier, Paris, 14
floréal : « ... Je vous expédierai ce soir un courrier par lequel je vous ferai
connaître toutes les dispositions que je vais prendre peur que l'armée du Rhin
vous seconde autant que possible... »
[17]
Extrait des Registres des délibérations des Consuls de la République (A.
H. G., 15 floréal). L'Arrêté qui existe aux Archives de la Guerre porte
la signature autographe de Maret, secrétaire d'Etat.
[18]
Registre des Délibérations des Consuls de la République (Arch. nat., AFIV, 4).
[19]
SAINT-CYR, loc. cit.,
II, 234-236.
[20]
Registre des Délibérations des Consuls de la République (Arch. nat., AFIV, 4).
[21]
Correspondance de Napoléon, n° 4758, 4759.
[22]
Correspondance de Napoléon, n° 4758.
[23]
Correspondance de Napoléon, n° 4759.
[24]
Correspondance de Napoléon, n° 4695, 4711, 4738. — Cf. Mémoires de
Napoléon (MONTHOLON),
I, 47.
[25]
Mémoires sur Carnot par son fils, II, 211-212.
[26]
AULARD, Paris
sous le Consulat, I, 310.
[27]
AULARD, Paris
sous le Consulat, I, 319.
[28]
Carnot à Lacuée, Biberach, 20 floréal (A. H. G.).
[29]
Lettre de Berne du 19 floréal, publiée par le Bulletin helvétique du 21.
[30]
L'adjudant-général Bertrand au commandant du quartier-général, Pfullendorf, 19
floréal (A. H. G.).
[31]
Le Ministre de la Guerre au citoyen Bonaparte, 19 floréal (sans indication de
lieu d'expédition, A. H. G.).
[32]
D'après les Mémoires sur Carnot, le Ministre aurait rejoint Moreau le
jour même du combat de Biberach. Le rédacteur de ces Mémoires a commis
une erreur à ce sujet (Carnot à Lacuée, Biberach, 20 floréal, A. H. G.).
[33]
SAINT-CYR, loc. cit.,
II, 238.
[34]
Après la bataille d'Engen, Kray, décidé d'abord à recommencer la lutte le
lendemain, ne se replia qu’en apprenant la retraite du Prince de Lorraine sur
Sigmaringen. Il ne se mit d'ailleurs en mouvement qu'à 3 heures du matin, le 14
floréal. Après Messkirch, les Autrichiens se rassemblèrent et battirent ensuite
en retraite en emmenant leurs prisonniers. (Oesterreichische militärische
Zeitschrift, 1836, II, fasc. 4.)
[35]
Le Bulletin historique de l'armée du Rhin relate qu'à Engen-Stockach les
Autrichiens ont perdu plus de 11.000 hommes (tués on prisonniers) sans compter
les blessés (A. H. G.). Dessolle évaluait leurs pertes à « 5 ou 6.000
prisonniers, autant de tués et blessés » (au Ministre de la Guerre, 17 floréal,
Ibid.). L'ordre du jour de l'armée du Rhin, en date du 15 floréal,
mentionne 7.000 prisonniers, 6.000 hommes tués ou blessés. Or les chiffres
exacts sont : 1.447 tués, 1.884 blessés, 3.862 prisonniers, soit un total de
6.893 hommes (Oesterreichische militärische Zeitschrift, 1830, t. II,
fasc. 4, 11).
On trouve, au sujet de la bataille de Messkirch, les
mêmes exagérations. D'après Dessolle, les Autrichiens auraient perdu 3.000 à
4.000 morts ou blessés, environ 3.000 prisonniers, sans compter 1.500
prisonniers que leur aurait faits la division Ney le lendemain (Dessole au
Ministre de la Guerre, Biberach, 20 floréal, A. H. G.). Or, les chiffres donnés
par les Autrichiens sont : 477 tués, 1.919 blessés, 1.571 prisonniers. (Oesterr.
milit. Zeitsch., t. II, fasc. 4, 17). Aussi n'est-il pas surprenant que
Carnot ait cru, à Biberach, que, depuis le commencement de la campagne,
l'ennemi avait perdu 20.000 hommes tués ou blessés et 10.000 prisonniers
(Carnot à Lacuée, Biberach, 20 floréal A. H. G.). Ce chiffre de prisonniers
avait été indiqué par Moreau lui-même (Au Ministre de la Guerre, 16 floréal, Ibid.).
[36]
Carnot à Lacuée, Biberach, 20 floréal (A. H. G.). — Cf. SAINT-CYR, loc. cit.,
236.
[37]
Carnot à Lacuée, Biberach, 20 floréal (A. H. G.).
[38]
CUGNAC, loc.
cit., I, 352.
[39]
Exactement, 21.517 dont 18.714 fusils et 3.833 sabres.
[40]
Eblé au Ministre de la Guerre, Biberach, 20 floréal (A. H. G.) ; Eblé à
Bourgeat, directeur du parc de Huningue, Biberach, 20 floréal (Ibid.).
[41]
Moreau à Bonaparte, Wiblingen, 30 floréal (A. H. G.).
[42]
Moreau à Bonaparte, Biberach, 20 floréal (A. H. G.).
[43]
Etat des troupes qui passent de l'armée du Rhin à l'armée de réserve (A. H. G.,
Armée de réserve).
[44]
Général HUGO, loc.
cit., I, 70.
[45]
Moreau à Bonaparte, Biberach, 20 floréal (A. H. G.).
[46]
Moreau à Carnot, Babenhausen, 8 prairial (A. H. G.).
[47]
Correspondance de Napoléon, n° 4797.
La dernière phrase remplace une ligne barrée : « Vous
sentez comme moi l'importance de la divers... »
[48]
Ce fut une preuve « de dévouement absolu » que Moreau donna à Bonaparte en
cette circonstance (HUGO,
loc. cit., I, 76). — Gouvion Saint-Cyr lui-même, pourtant hostile à
Moreau, déclare : « Il valait presque autant ne pas donner à Moreau ces 20.000
hommes, si l'on devait les lui ôter si vite... » (loc. cit., II, 335) ;
« Ce fut pour lui un véritable sacrifice auquel il dut se résigner » (Ibid.,
238).
[49]
Correspondance de Napoléon, n° 4809.
[50]
Ces chiffres étaient inférieurs à la réalité comme on le verra plus bas.
[51]
Moreau à Bonaparte, Wiblingen, 30 floréal (A. H. G.).
[52]
Lapoype à Moncey, L'Hospital, 8 prairial (A. H. G., Armée de réserve).
[53]
Moncey à Bonaparte, Bellinzona, 12 prairial (A. H. G., Armée de réserve).
[54]
Etat des troupes arrivées du Rhin sous les ordres du général Moncey, portant la
signature de Dupont, chef de l'état-major général de l'Armée de réserve, mais
non daté. (A. H. G., Armée de réserve).
[55]
Moreau à Bonaparte, Babenhausen, 7 prairial (A. H. G.).
[56]
THIBAUDEAU, Le
Consulat et l'Empire, I, 261-262.
[57]
Le Ministre de la Guerre au général Lacuée, Biberach, 20 floréal an VIII (A. H.
G.).
[58]
Le Ministre de la Guerre au général Lacuée, Biberach, 20 floréal (A. H. G.).
[59]
Le Ministre de la Guerre au général Lacuée, Biberach, 20 floréal (A. H. G.).
[60]
Ce fut Laborie qui apporta à l'armée le texte de la nouvelle Constitution.
(Moreau à Lecourbe, 20 frimaire an VIII, collection (autographes Charavay.)
[61]
Titre VII, art. 76 à 82.
[62]
Anonyme, Les adieux à Bonaparte, Paris, mars 1800, 27-28.
[63]
AULARD, Histoire
politique de la Révolution française, 708-709. Voir le titre IV de la
Constitution, art. 41 et 42.
[64]
« On ne peut plus douter que César n'ait passé le Rubicon. » (Les
adieux à Bonaparte, 32.)
[65]
« Tout l'édifice du nouveau gouvernement repose en quelque sorte sur
Bonaparte. » (BAILLEU,
loc. cit., VIII, 363, note 1. Rapport de Sandoz-Rollin du 2 février
1800.)
[66]
BAILLEU, loc.
cit., VIII, 363, Rapport de Sandoz-Rollin du 16 janvier 1800.
[67]
Mercure britannique, n° XXXII, 476-477.
[68]
AULARD, Paris
sous le Consulat, I, 81, 83 ; BAILLEU, loc. cit., VIII, 363, note I, Rapport de
Sandoz-Rollin du 19 janvier 1800 ; Ibid., 256-337, Rapport du 2 janvier
1800.
[69]
Peut-être est-ce à ce moment et pour ce motif, que Gouvion Saint-Cyr constata
que l'armée du Rhin se montrait hostile au gouvernement.
[70]
Ce ne fut point toutefois l'opinion unanime.
« Vous avez sans doute lu la nouvelle Constitution, et
vous y aurez vu que le gouvernement, par sa force, va commander le respect et
la confiance des autres puissances du continent. Ce gouvernement saura ainsi,
par la même force, maintenir la tranquillité de l'intérieur, car plus le
pouvoir est concentré, moins on peut S'ébranler. » (Ravier à Ney, Metz, 11
nivôse an VIII, Archives du prince de la Moskowa).
« Si, à l'égard du régime actuel, il était possible de
ne recueillir que des votes raisonnés, ne verrait-on pas pour lui tous ceux qui
connaîtraient assez les hommes pour sentir l'impossibilité absolue d'établir
jamais, chez un peuple policé, une forme de gouvernement qui ne pourrait pas
même subsister une couple d'années chez celui qui serait encore le plus près de
l'état de simple nature ; tous ceux qui seraient bien persuadés qu'un peuple
quelconque n'est que comme un enfant imbécile dont il faut que de bons parents
dirigent les plus chers intérêts, sans même le consulter sur les moyens d'y
parvenir ; tous ceux qui, désirant le reflorissement du commerce et des arts,
verraient que toute mutation du système politique ne ferait que produire dos
oscillations perpétuelles qui ne laisseraient ni la faculté de faire de bons
traités, ni celle d'en maintenir honorablement l'exécution. » (Passinges à Ney,
Paris, 7 ventôse an VIII, Archives du prince de la Moskowa.)
[71]
Leclerc à Bonaparte, Ritziried, 13 prairial (A. II. G.).
[72]
Voir supra, chapitre VII.
[73]
Voir notamment : Moreau à Bonaparte, Wiblingen, 30 floréal (A. H. G.) ; le même
au même, Memmingen, 20 prairial (Ibid.). Voir aussi infra,
chapitre XII.
[74]
Moreau au Ministre de la Guerre, Babenhausen, 8 prairial (A. H. G.).
[75]
Leclerc à Bonaparte, Buch, 20 prairial (A. H. G.).
[76]
Leclerc à Bonaparte, Buch, 20 prairial (A. H. G.).
[77]
DECAEN, Mémoires
inédits, t. X.