BONAPARTE ET MOREAU

L'ENTENTE INITIALE - LES PREMIERS DISSENTIMENTS - LA RUPTURE

 

CHAPITRE VIII. — PLAN DE CAMPAGNE DÉFINITIF.

 

 

Bonaparte arrête son plan de campagne. — Ses instructions à Moreau. — Appréciations de Moreau sur la situation des deux armées. — Son projet définitif. — Observations de Napoléon sur les premières opérations de l'armée du Rhin.

 

A la suite de ses entretiens avec Dessolle, le Premier Consul arrêta définitivement son plan de campagne et dicta à Bourrienne, le 1er germinal (22 mars), une Note exposant ses vues sur les premières opérations des armées du Rhin et de réserve[1].

L'armée du Rhin passera ce fleuve du 20 au 30 germinal, se portera sur Stockach et poussera l'ennemi au-delà du Lech. La 3e division du corps de réserve[2] franchira le Rhin et servira de réserve générale à Moreau, mais demeurera en arrière pour maintenir la communication avec Schaffouse, quand l'armée sera en Souabe. La 4e couvrira le débouché de Rheineck ; la 1re, avec les six pièces sur affûts-traîneaux, prendra position au Saint-Gothard et au nord ; la 2e restera à Zürich, point central d'où elle pourrait éventuellement renforcer l’une des trois autres.

Le Premier Consul employait donc à la garde de Helvétie trois divisions du corps de réserve, c'est-à-dire 20.000 hommes. Ces divisions devaient faire définit à l'armée du Rhin dans la lutte qu'elle aurait probablement à soutenir après le passage du fleuve, tandis que leur présence pourrait contribuer, peut-être, à rendre la victoire décisive ou à éviter la défaite. Or, l'opération du passage des Alpes par l'armée de réserve et l'invasion subséquente de la Lombardie dépendaient étroitement — Napoléon l'a reconnu — du sort de cette bataille, et ne devenaient possibles que si l'armée autrichienne de Souabe était rejetée au-delà du Lech[3].

Comment expliquer, dès lors, que Bonaparte ne laissât pas à Moreau la libre disposition de toutes ses forces pour rendre plus probable le succès de l'armée du Rhin ? Certes, il importait de s'assurer la conservation de la Suisse dont la possession permettait, à la fois, de tourner les défenses de l'armée autrichienne d'Allemagne et de déboucher sur les derrières de celle qui occupait la Lombardie et le Piémont.

Il fallait également, à la vérité, immobiliser le corps ennemi du Vorarlberg et l'empêcher de faire irruption en Helvétie pendant le mouvement de l'armée du Rhin en Souabe. On conçoit encore, à la rigueur, l'occupation du Saint-Gothard par une division de 5.000 hommes, en raison de l'importance qu'acquérait ce col destiné à servir de point de passade à l'armée de réserve. Mais était-il réellement indispensable de maintenir 10.000 hommes à Zürich ? Il eut été préférable, semble-t-il, de les faire participer à la bataille générale livrée par Moreau à Kray ; puis, après une victoire, de les renvoyer sur la rive gauche du Rhin.

Faut-il attribuer la décision du Premier Consul à l’arrière-pensée de limiter les succès de Moreau ? Absorbé désormais tout entier par les opérations de l'année de réserve qu'il allait diriger, Bonaparte parait plutôt avoir tout ramené et sacrifié à ses propres conceptions, et oublié ainsi jusqu'à la condition nécessaire à leur exécution : la victoire préalable de Moreau sur Kray.

Les objections qui précèdent n'échappèrent point à l'homme perspicace qu'était Dessolle. Il fit observer au Premier Consul que cette répartition des troupes devait « être regardée comme soumise aux circonstances ». Il demanda qu'un article exprès de l'instruction autorisât Moreau « à faire ces mouvements et à renforcer la réserve ainsi qu'il le jugerait à propos, d'après les forces que lui présenterait l'ennemi à son débouché ». Il jugeait que si les Autrichiens recevaient la bataille, la droite appuyée au lac de Constance, il n'y avait pas d'inconvénient à dégarnir la Suisse, le Valais et le Gothard exceptés. L'argument était fondé puisque, dans cette hypothèse, le mouvement même de l'armée du Rhin couvrirait l'Helvétie. Dessolle estimait enfin, non sans raison, que le nombre des troupes à y laisser augmentait en raison directe de l'éloignement de l'ennemi du lac de Constance, lorsqu'il s'arrêterait pour recevoir la bataille[4].

« Dès l'instant, disait la Note du Premier Consul, que le corps de l'armée du Rhin aurait poussé l'ennemi au-delà d'Ulm, qu'il aurait remporté des avantages tels que l'ennemi évitât d'en venir aux mains », les 1er et 2e divisions du corps de réserve entreraient en Italie par le Saint-Gothard ; la 4e, puis la 3e qui repasserait le Rhin, suivraient le mouvement. Le jour même où Moreau franchirait le fleuve, les trois premières divisions de l'armée de Dijon se porteraient à Genève, et de là au Saint-Gothard, soit par Reine et Lucerne, soit par la vallée du Rhône et la Furka[5]. Toutefois, Bonaparte envisageait l'hypothèse où « des événements différents en Souabe changeraient les circonstances » ; ce premier échelon de l'armée de réserve pourrait alors, de Genève, se rendre rapidement à Schaffouse.

Les trois dernières divisions de l'armée de réserve partiraient de Dijon dans les premiers jours de floréal, et se dirigeraient sur Zürich ; leur effectif total, évalué à 24.000 hommes d'infanterie et 2.000 chevaux, compenserait, à l'armée du Rhin, le détachement qu'elle aurait envoyé en Italie.

Bonaparte prévoyait enfin la constitution d'approvisionnements en vivres et en munitions à Lucerne et à Hospenthal, et la réparation des chemins qui conduisent de Lucerne à Altorf, de façon à les rendre praticables, au moins à l'infanterie et à la cavalerie[6]. Dès le 24 ventôse, il avait adressé des instructions à cet effet à Moreau et lui avait recommandé, en outre, de faire établir quelques fours à Wasen et d'accélérer la construction de la flottille du lac de Constance, où il jugeait désirable d'avoir la supériorité[7].

L'intention bien nette du Premier Consul, au commencement de germinal, était donc d'utiliser le col du Saint-Gothard pour le passage de l'armée de réserve de Suisse en Italie. Mais Moreau lui transmit, le 30 ventôse, une série d'observations de Lecourbe à ce sujet. A son avis, les obstacles du Gothard étaient tels qu'ils compromettraient les troupes qu'on y ferait passer, à moins qu'elles ne fussent d'un effectif assez considérable pour se suffire à elles-mêmes, et encore, dans cette hypothèse, les transports de tout genre présenteraient-ils de très grandes difficultés. L'ennemi pourrait d'ailleurs disputer le terrain pied à pied, dans des conditions particulièrement favorables.

À l'appui de son opinion, Lecourbe rappelait les événements de 1799 ; encore la situation était-elle plus fâcheuse actuellement, car les Russes avaient achevé d'épuiser le pays, notamment en fourrages. Il n'existait pas de chemin de Brunnen à Altorf : les communications se faisaient par eau ; il en était de même de Lucerne à Stanz. Il y avait des fours à Altorf, mais non à Wasen où il faudrait transporter tous les matériaux nécessaires. « Le général Lecourbe, déclare Moreau, paraîtrait se charger avec répugnance d'une pareille opération, y voyant de très grandes difficultés. Je puis même vous assurer que ce que je vous transmets de son opinion est très mitigé[8]. »

Bonaparte n'avait pas encore pris connaissance de cette lettre quand il expédia à Moreau, le Ier germinal (22 mars), les instructions suivantes relatives au plan d'opérations définitif des armées du Rhin, de réserve et d'Italie.

Il est nécessaire d'ouvrir la campagne, au plus tard du 20 au 30 germinal. L'armée du Rhin franchira le fleuve à cette époque, « en profitant des avantages qu'offre l'occupation de la Suisse pour tourner la Forêt-Noire et rendre nuls les préparatifs que l'ennemi pourrait avoir faits pour en disputer les gorges »[9]. Bonaparte laisse donc Moreau libre d'utiliser, suivant son désir, les têtes de ponts de Kehl, de Brisach et de Bâle, mais il appelle son attention sur l'opportunité de déboucher par Schaffouse sur la rive droite du Rhin, pour faire tomber ainsi la résistance que les Autrichiens opposeront dans les vallées de la Kinzig et d'Enfer.

Le but du mouvement de l'armée du Rhin en Allemagne est de pousser l'ennemi en Bavière, de manière à lui intercepter la communication directe avec Milan, par le lac de Constance et les Grisons. Ce résultat obtenu, et les Autrichiens refoulés assez loin vers l'est pour que, même victorieux ultérieurement, ils emploient dix à douze jours à reconquérir le terrain perdu, Bonaparte se propose de franchir les Alpes à la tête de l'armée de réserve, renforcée du corps de Lecourbe, et « d'opérer la jonction avec l'armée d'Italie dans les plaines de la Lombardie[10] ».

Le Premier Consul suppose que la traversée des Alpes pourra commencer quand Moreau sera « parvenu à douze ou quinze marches » des points de passage du Rhin[11], c'est-à-dire du 12 au 15 floréal[12]. En cas d'insuccès, la retraite, très disputée, ramènera Moreau sur le Rhin vers le 25 floréal, mais, à cette date, l'armée de réserve aura terminé son mouvement et Bonaparte espère qu'une grande victoire, remportée en Italie, arrêtera l'offensive autrichienne en Helvétie ou en Alsace.

Des circonstances favorables, ignorées, il est vrai, du Premier Consul le 1er germinal, permettaient à Moreau d'augurer du succès au début de ses opérations. L'aile droite de l'armée ennemie, au lieu de suivre parallèlement, comme Moreau l'avait pensé, le mouvement du corps de Sainte-Suzanne vers le sud, à la fin de ventôse[13], et de venir se placer devant Kehl, s'était maintenue à Rastatt et Heidelberg[14]. Les Autrichiens restaient donc disséminés depuis cette dernière ville jusqu'à Coire, par le Vorarlberg. Dès lors, Kray ne disposait, pour manœuvrer et faire face à l'attaque principale, que de la moitié environ de l'effectif total de l'armée.

La concentration des forces ne pourrait, vraisemblablement, s'effectuer que très loin, vers l'est, après la défaite probable des corps qui subiraient le premier choc des Français débouchant en masse.

Moreau, parfaitement au courant des emplacements occupés par les forces adverses[15], ne semblait pas, d'ailleurs, apprécier ainsi la situation. A son avis, la présence des troupes de Sztaray à Rastatt et à Heidelberg, constituait pour l'ennemi un avantage « inappréciable » en lui permettant de se tenir, avec l'appui de Philippsbourg, sur le flanc gauche de ses attaques. Sans doute, il faudrait détacher un corps important pour contenir Sztaray. Moreau paraissait regretter l'abandon de Mayence qui lui eut permis de s'établir à son tour sur le flanc droit de ce dernier[16]. Toutefois, loin de redouter l'offensive de l'adversaire, il la désirait : « C'est tout ce que Kray pourrait faire de plus heureux pour nous ; s'il s'enferrait sur le Rhin ou en Suisse, il n'en sortirait pas[17]. »

Moreau prévoyait les deux hypothèses qui pouvaient se présenter à cet égard. Si Kray attaquait l'aile droite de l'armée en Helvétie, Lecourbe rassemblerait ses forces et rétrograderait de position en position jusqu'à la Limmat, s'il le fallait, en disputant le terrain, sans s'engager à fond. Pendant ce temps, Moreau réunirait le reste de l'armée, déboucherait par la vallée de la Kinzig et le Val d'Enfer, et se porterait rapidement sur les ponts construits par l'ennemi vers Schaffouse[18]. « Nous verrons, concluait-il très justement, comme il s'en tirera[19]. »

Si, au contraire, les Autrichiens marchaient sur Kehl et Brisach, Moreau se proposait d'exécuter un mouvement analogue sur leurs derrières en partant du haut Rhin. Mais il doutait que l'adversaire lui donnât « aussi beau jeu[20] ». Il considérait comme probable une attaque sur le Valais, mais la présence à Genève des têtes de colonnes de l'armée de réserve lui enlevait toute inquiétude de ce côté.

Le 8 germinal, Dessolle, revenant de Paris, arriva à Bâle et apprit, d'une manière certaine, à Moreau — qui pouvait encore en douter[21] — que Bonaparte avait renoncé à se rendre à l'armée du Rhin[22]. Il lui communiqua en même temps les instructions dont il était porteur. Le général en chef et son chef d'état-major se mirent immédiatement au travail pour organiser l'armée en conséquence et la disposer en vue du mouvement offensif qu'elle avait à exécuter.

Le 12 germinal, Moreau fit connaître au Premier Consul que les Autrichiens se concentraient sur la Wütach, face à Stein et Schaffouse, rassemblement qui, à son avis, rendrait « le passage du haut Rhin dangereux, même imprudent ». Son intention était, dès lors, de faire déboucher toute l'armée, sauf le corps de Lecourbe, par les ponts de Kehl, Brisach et Bâle, et de se jeter, à travers la Forêt-Noire, sur les derrières de l'ennemi. Celui-ci abandonnerait vraisemblablement, dans ces conditions, ses positions de la Wütach pour venir combattre les têtes de colonnes françaises, ce qui permettrait à Lecourbe de franchir le Rhin vers Schaffouse.

Si, sur ces entrefaites, Kray prenait, au contraire, l'offensive pour écraser Lecourbe isolé, celui-ci, « en lui opposant la résistance nécessaire pour retarder sa marche » se replierait, de position en position, jusque derrière la Limmat[23]. La région comprise entre le Rhin et les lacs de Constance et de Zürich, sillonnée par les coupures parallèles de la Thür, de la Toss et de la Glatt, se prêtait, en effet, tout particulièrement à la manœuvre prescrite A l'aile droite de l'armée du Rhin.

Moreau se rallia d'autant mieux aux idées du Premier Consul relativement à l'armée de réserve, qu'avant de savoir qu'elle dût être formée, il avait, assurait-il, conçu le projet, après des succès définitifs en Allemagne, de laisser Saint-Cyr sur la défensive en Bavière, avec une partie de l'armée, et d'exécuter lui-même, avec le reste, « la pointe de l'Italie[24] ».

Il reconnaissait d'ailleurs que l'armée qui se rassemblait à Dijon remplirait ce but « bien plus facilement et plus sûrement », mais, à son avis, la ligne d'opérations la plus recommandable à cet effet était celle de Landeck, Nauders, Meran, Botzen et Trente. Moreau la préconisait, sans doute parce qu'elle permettait de déboucher, d'une façon certaine, sur les derrières de l'armée autrichienne d'Italie ; mais le Gothard et même le Grand Saint-Bernard offraient à peu près le même avantage, pour une distance moins grande à parcourir. Considération d'autant plus importante que la manœuvre était liée, dans une certaine mesure, aux destinées de l'armée de Masséna.

Le 18 germinal, Moreau qui s'était rendu à Strasbourg, reçut, du Premier Consul, une dépêche télégraphique lui donnant l'ordre « d'entrer en campagne le plus tôt possible[25]. » Dans sa réponse du même jour, il considérait comme douteux que le mouvement put commencer avant le 30 germinal (20 avril), en raison de la pénurie des approvisionnements et d'un déficit considérable en chevaux d'artillerie.

Le gros de l'année, mandait-il a Bonaparte, débouchera par les villes forestières, mais le corps de gauche, commandé par Sainte-Suzanne, franchira le Rhin à Kehl. Sa mission sera, à la fois, de faire une démonstration sur la vallée de la Kinzig, dans le but d'y attirer l'ennemi ; de contenir le corps de Sztaray en s'établissant sur la Rench ou sur l'Acher ; enfin de couvrir la tête de pont de Kehl qui n'est pas à l'abri d'un coup de main.

Rien que le Premier Consul lui eût recommandé de ne laisser que des dépôts dans les places fortes, Moreau déclarait que presque tout le corps de Sainte-Suzanne serait perdu, « pour agir réellement », par l'obligation de garder Ehrenbreitstein, Mayence et Kehl. Il espérait pourtant lui faire occuper un corps ennemi égal au sien[26] ».

Moreau sentait, comme le Premier Consul, la nécessité d'agir sans retard, d'autant plus que l'ennemi se renforçait tous les jours. Le corps de Condé et les contingents bavarois devaient, sous peu, rejoindre l'armée autrichienne qui aurait alors la supériorité numérique. Il déplorait d'être obligé de laisser des troupes nombreuses sur les frontières d'Italie et dans les Grisons, et désirait que les premières divisions de l'armée de réserve vinssent rapidement en Helvétie, afin de lui laisser le plus possible de forces disponibles pour l'exécution d'un mouvement dont il ne se dissimulait pas les difficultés.

L'ennemi, ajoutait-il, nous attend à la tête de défilés d'une défense facile, et il ne faut pas espérer pouvoir lui donner le change sur la véritable attaque ; le mouvement que l'armée du Rhin a exécuté à la fin de ventôse ne lui laisse aucun doute à cet égard[27]. Moreau voyait juste ; Kray fut, en effet, parfaitement renseigné[28].

Le désir de Moreau de pouvoir disposer dans un bref délai des troupes qui gardaient l'Helvétie était loin de se réaliser. Le 19 germinal, le nouveau Ministre de la Guerre Carnot[29], en lui expédiant copie des instructions adressées à Masséna, lui rappelait en effet que « le souci de conserver la ligne de l'Helvétie intacte » le concernait tout particulièrement, et qu'il devait y apporter « l'attention la plus sérieuse » aussitôt que l'armée de réserve, forte de 40.000 hommes, aurait franchi les Alpes. Si la nécessité d'atteindre cet effectif ne permettait pas à Berthier de fournir des forces suffisantes pour remplacer en Helvétie le corps de Lecourbe, Moreau devait y détacher les troupes nécessaires « pour la mettre à l'abri de toute invasion[30] ».

Tandis que le général en chef de l'armée du Rhin se rendait à Zürich, pour donner de vive voix ses dernières instructions à Lecourbe[31], Dessolle exposait le 20 germinal (10 avril), au Ministre de la Guerre, le projet définitif plus détaillé des premières opérations, tel que Moreau l'avait arrêté.

Le principal effort devant se porter sur la gauche de l'ennemi, appuyée au lac de Constance, des diversions seront exécutées en vue de le faciliter. D'une part, Sainte-Suzanne débouchera par Kehl, pour attirer une partie des forces autrichiennes dans la vallée de la Kinzig et contenir le corps de Sztaray. D'autre part, Saint-Cyr, franchissant le Rhin à Brisach, fera une feinte dans le Val d'Enfer. Enfin, les divisions Leclerc et Delmas appartenant au corps de réservé se porteront de Bâle sur Schliengen, afin de mieux convaincre Kray de la marche des colonnes françaises à travers la Forêt Noire.

Moreau espérait ainsi amener les Autrichiens à occuper, avec des forces assez nombreuses, les défilés du massif montagneux et à se dégarnir en face de Schaffouse et de Stein.

Ensuite, « à jour fixé », ajoutait Dessolle, tous les corps, sauf celui de Sainte-Suzanne, feront un changement de direction vers le sud et se porteront vers la vallée de la Wütach. En même temps, le reste du corps de réserve partant de Bâle suivra la rive droite du Rhin par les villes forestières, et le corps de Lecourbe franchira le fleuve, soit à Diessenhofen, soit à Eglisau ou Kaiserstuhl, d'après les mouvements de l'ennemi.

Quant au corps de Sainte-Suzanne, après avoir fait une démonstration vers la vallée de la Kinzig, il se repliera par Kehl sur la rive gauche du Rhin qu'il remontera ensuite jusqu'à Brisach. Suivant les circonstances, il rejoindra le gros de l'armée, soit par le Val d'Enfer, Reustadt et Loffingen, soit en longeant le cours du Rhin ; ou bien il se bornera à couvrir les ponts de Brisach et de Bâle, en envoyant à Moreau la plus grande partie de son infanterie.

Il est possible, écrivait Dessolle, « si l'ennemi donnait dans la diversion du général Sainte-Suzanne, que le corps autrichien engagé dans la vallée de la Kinzig s'y attardât et ne put être rallié par Kray que postérieurement à l'époque a laquelle Sainte-Suzanne eût rejoint lui-même le gros de l'armée française, par Loffingen. »

En terminant, Dessolle mandait au Ministre, que l'on faisait tous les préparatifs nécessaires pour réparer les ponts sur le Rhin, depuis Bâle jusqu'à Schaffouse, et pour en jeter un a Waldshut. Le but était vraisemblablement de tromper l’ennemi sur le véritable point de passage choisi entre Bâle et le lac de Constance.

Si l'on considère, d'après ce projet d'opérations, l'hypothèse la plus favorable à l'armée française, on peut admettre que les diversions de Sainte-Suzanne et de Saint-Cyr auront pour effet d'attirer dans la vallée de la Kinzig et dans le Val d'Enfer des forces autrichiennes importantes. L'intention de Moreau est sans doute de faire couvrir ensuite le mouvement de retraite des corps de gauche et du centre, par des arrière-gardes qui se maintiendront, pendant un certain temps, aux débouchés de ces deux passages dans la plaine de Bade.

Mais est-il en droit d'espérer que l'ennemi persistera dans son erreur, quand il constatera l'immobilité ou la faiblesse offensive des têtes de colonnes françaises, à Offenbourg et à Fribourg ? On ne peut, certes, compter que les Autrichiens ne seront pas informés des mouvements exécutés par les corps de Sainte-Suzanne et de Saint-Cyr et par les divisions Delmas et Leclerc, sur la rive droite du Rhin, en pays ennemi.

Il est vraisemblable dès lors que Kray va rappeler en hâte vers Donaueschingen tous ses détachements de la Forêt Noire, à part quelques troupes légères. De plus, les Autrichiens n'ont à parcourir que la corde de l'arc très convexe suivi par les Français[32]. Ils ont donc pour eux toutes les chances de se trouver concentrés les premiers sur la Wütach. S'ils prennent à leur tour l'offensive, ils parviendront peut-être à empêcher la jonction des deux masses séparées de l'armée du Rhin.

Que subsiste-t-il dans ce cas des avantages que Moreau accorde à son plan ? Celui d'avoir utilisé les ponts de Brisach et de Bâle pour prendre pied sur la rive droite du Rhin, mais avec le grave inconvénient d'avoir scindé ses forces en deux groupes, dont l'un se meut difficilement, en situation tactique défavorable, dans l'étroit couloir compris entre le fleuve et les montagnes, de Bâle à Schaffouse ; et dont l'autre doit exécuter le passage du Rhin, en présence d'un adversaire mis en éveil et concentré.

Dessolle reconnut plus tard ces défectuosités : « Il fallait, dit-il, combiner ces opérations de manière à éviter tout combat douteux dans plusieurs journées de marche, ce qui devenait assez difficile à raison des défilés qu'il fallait traverser, d'un passage du Rhin à effectuer, et de la position centrale de l'ennemi à Donaueschingen qui le mettait à même de se porter, avec toutes ses forces, sur chacun des points de la ligne que nous avions menacée[33]. »

Moreau, lui-même, fut amené, inconsciemment peut-être, à reconnaître implicitement la supériorité du plan de Bonaparte sur le sien. Toujours bien renseigné sur les emplacements des forces adverses, il avait pu aisément calculer le temps nécessaire à leur concentration[34]. « L'ennemi, écrivait-il le 27 germinal, a tout l'avantage de la position, car nous avons trois ou quatre marches de plus que lui pour nous rassembler à une de nos ailes[35]. » Il annonçait que si dans les Vingt-quatre heures Kray n'avait pas répondu à la proposition d'armistice qui lui avait été faite, l'armée se mettrait en mouvement. Moreau observait toutefois qu'il ne pourrait « avoir d'action décisive que sur la Wütach, c'est-à-dire à sept marches du débouché du général Saint-Cyr[36]. »

Ces inconvénients, qui apparaissaient enfin aux yeux de Moreau, n'étaient-ils pas inhérents au projet d'opérations qu'il avait conçu, et dont il n'avait pas voulu se départir, pour adopter celui du Premier Consul offrant les avantages de la concentration préalable restée secrète, et du débouché en masse par surprise, au nord de Schaffouse ?

Ainsi qu'on l'a fait justement observer, « si Moreau eût fait passer la majeure partie de ses forces entre Utile et Constance, la position des Autrichiens aurait été encore plus critique. La colonne qui passait à Constance marchait à Stockach et s'y emparait de ses magasins ; celle de Schaffouse coupait l'armée impériale de Stockach, et foutes deux se trouvaient bientôt tellement à dos fie l'ennemi, qu'il lui était presque impossible de se rouvrir une communication avec les Etats héréditaires, à moins qu'une armée de réserve ne vint lui faire jour... L'opération eût été beaucoup plus décisive parce qu'elle était excentrique, et que les hommes ordinaires ne savent point prendre de mesures contre l'extraordinaire[37]. »

Mais le sort en était jeté. Si les inconvénients du projet de Moreau se manifestaient enfin, il était trop tard, à la veille de l'ouverture des opérations, pour le modifier. Le 27 germinal, Kray répondait en effet qu'il n'avait pas de pouvoir pour traiter d'un armistice[38]. Moreau se décida à agir sur-le-champ[39].

Dans le but d'attirer l'attention des Autrichiens vers leur droite, Moreau fit publier un ordre du jour annonçant que le quartier général de l'armée serait transféré le 28 germinal, de Bâle à Ensisheim et le 20 à Colmar, où il resterait établi jusqu'à nouvel ordre. De sa personne, il se rendit à Strasbourg dans la nuit du 27 au 28[40], après avoir chargé Dessolle de donner au Ministre de la Guerre toutes les indications d'ensemble, sur les mouvements prochains qu'il se proposait d'exécuter.

Sainte-Suzanne devait déboucher le 5 floréal (25 avril), par Kehl, sur Offenbourg, observer le corps de Sztaray et ramener à jeter une partie de ses forces dans la vallée de la Kinzig[41]. La mission d Saint-Cyr était de franchir le Rhin à Brisach le même jour, de marcher sur Fribourg, de menacer Waldkirch et le Val d'Enfer, pour faire croire à l'ennemi que ses opérations se liaient à celles de Sainte-Suzanne, puis de se diriger rapidement sur Saint-Blaise et d'effectuer ensuite sa jonction avec le corps de réserve[42]. Celui-ci, partant de Bâle le 6 ou le 7, était chargé de suivre la rive droite du Rhin par Säckingen et Waldshut et d'atteindre la Wütach à Thengen d'où il entrerait en liaison avec Saint-Cyr à Stühlingen[43].

Le jour même où les corps de réserve et du centre attaqueraient la position de la Wütach, Lecourbe devait tenter un passage du Rhin, entre Stein et Diessenhofen. Suivant les circonstances, il prendrait les Autrichiens à revers, s'ils résistaient sur la Wütach, ou formerait la droite de l'armée, s'ils se repliaient sur Stockach[44]. Dans cette dernière hypothèse, Sainte-Suzanne rétrograderait sur Brisach et rejoindrait Moreau par le Val d'Enfer et Loffingen[45]. « Tous les mouvements que je fais par ma gauche, écrivait le général en chef, ont pour but de l'attirer (l'ennemi) vers la Kinzig pour en avoir moins à combattre à la tête des villes forestières... Je peux réussir, mais il faudra de la vigueur ; tout le monde me témoigne de la bonne volonté[46]. »

Dans sa correspondance avec Berthier, Moreau se montrait plus optimiste : « Le signal est donné et j'espère que les ennemis de la République se ressentiront d'avoir refusé la paix. Comptez sur nos efforts. L'armée est dans les meilleures dispositions et tout promet un heureux début[47]. »

Le Premier Consul lui manifestait d'ailleurs son « entière confiance[48] » ; il n'est « personne au monde », affirmait-il, qu'il estimât davantage[49].

En réalité, quelles que fussent les défectuosités du plan de Moreau, Bonaparte lui laissa définitivement gain de cause et ne fit même plus allusion aux manœuvres qu'il avait préconisées lui-même. Deux raisons l'y avaient déterminé. Il n'était pas possible d'imposer à Moreau un projet d'opérations contraire à ses idées ; il importait aussi d'éviter une rupture avec le général le plus réputé de la République, qui pouvait devenir un rival dangereux, à un moment où il avait besoin de consolider sa situation.

Troublée un instant par un désaccord d'ordre stratégique et par la pensée qu'avait eue le Premier Consul de prendre le commandement en chef des armées du Rhin et de réserve réunies, la cordialité des rapports de Bonaparte et de Moreau semblait entièrement rétablie à la fin de germinal. Il n'est donc pas exact, ainsi que l'a dit un contemporain, « que ce dissentiment sur la coopération des deux armées fut, entre ces deux rivaux célèbres, le germe des querelles qui les divisèrent...[50] » Il est possible même que Moreau sut quelque gré au Premier Consul de lui avoir laissé une entière liberté d'opérations et d'avoir paru ainsi se ranger à ses avis.

Mais Napoléon devait juger plus tard sévèrement les premières manœuvres de Moreau :

« La marche de trente lieues depuis Vieux-Brisach à Bâle et Schaffhausen par la rive droite du Rhin était fâcheuse ; l'armée pressait son flanc droit au Rhin et son flanc gauche à l'ennemi : elle était dans un cul-de-sac, au milieu des ravins, des forêts et des défilés. Le feld-maréchal Kray fut ainsi prévenu où voulait aller son ennemi ; il eut huit jours pour se concentrer ; aussi fut-il réuni en bataille à Engen et Stockach, et en mesure de couvrir ses magasins et Ulm avant le général français qui, cependant, avait l'initiative du mouvement. Si Moreau eût débouché parle lac de Constance avec toute l'armée, il eût surpris, défait et pris la moitié de l'armée autrichienne ; les débris n'auraient pu se rallier que sur le Neckar ; il fût arrivé à Ulm avant elle. Que de résultats ! La campagne eût été décidée dans les quinze premiers jours »[51]. « Moreau manœuvra comme si la Suisse eût été occupée par l'ennemi, ou eût été neutre ; il ne sentit pas le parti que l'on pouvait tirer de cette importante possession en débouchant par le lac de Constance. Le général Kray eût été perdu sans ressource, si Moreau eût pu comprendre qu'il fallait que toute son armée débouchât par où déboucha Lecourbe. Le détail d'opérations si mal conduites faisait souvent dire au Premier Consul : Que voulez-vous, ils n’en savent pas davantage ; ils ne connaissent pas le secret de l'art, ni les ressources de la grande tactique ! »[52]

Il est impossible de faire une critique plus juste du plan et des premières opérations de Moreau.

 

 

 



[1] Correspondance de Napoléon, n° 4694.

[2] Voir au chapitre précédent. Il s'agit du corps de Lecourbe.

[3] Mémoires de Napoléon (MONTHOLON, I, 48).

[4] Note marginale de la main de Dessolle sur la note précitée.

[5] Dessolle avait écrit en marge l'observation suivante que le Premier Consul raya de sa main : « Il me semble que, sans un embarras trop grand pour les subsistances, une des trois premières divisions de l'armée tic réserve pourrait être dirigée par Pontarlier sur Lucerne, et que cette direction la mettrait très à portée de Schaffouse, si un événement l’y appelait, sans l'éloigner de sa principale destination vers le Saint-Gothard. »

[6] Correspondance de Napoléon, n° 4694.

[7] Correspondance de Napoléon, n° 4672.

[8] Moreau à Bonaparte, Bâle, 30 ventôse (A. H. G.).

[9] Les Autrichiens avaient parfaitement saisi les avantages que donnait aux Français la possession de la Suisse, (Plan de campagne rédigé par le général Chasteler, Vienne, 4 février 1800, K. K. Arch., 1800, Deutschland, II, 12 1/2.)

[10] Correspondance de Napoléon, n° 4695.

[11] Correspondance de Napoléon, n° 4711.

[12] En admettant que Moreau franchisse le Rhin le 30 germinal, dernier délai fixé.

[13] Voir chapitre IV.

[14] Moreau à Bonaparte, Bâle, 1er germinal (A. H. G.).

[15] Tableau des corps composant l'armée autrichienne avec leurs emplacements et leurs forces. (A. H. G., armée du Rhin.)

[16] Moreau croyait, à cette époque, que l'ennemi voulait « tenter quelque chose d'important sur le bas Rhin. » (Moreau à Lecourbe, Strasbourg, 10 germinal. Fiches Charavay.)

[17] Moreau à Bonaparte, Bâle, 1er germinal (A. H. G.). — Cf. Moreau à Bonaparte, Bâle, 6 germinal (Ibid.).

[18] Moreau à Lecourbe, Bâle, 3 germinal (A. H. G.).

[19] Moreau à Bonaparte, Bâle, 6 germinal (A. H. G.).

[20] Moreau à Bonaparte, Bâle, 6 germinal (A. H. G.).

[21] Une lettre de Bonaparte du 23 ventôse disait en effet : « Je souhaite fort que les circonstances me permettent de venir vous donner un coup de main. » (Correspondance de Napoléon, n° 4674.)

[22] Moreau à Bonaparte, Bâle, 8 et 12 germinal (A. H. G.).

[23] Moreau à Bonaparte, Bâle, 12 germinal (A. H. G.).

[24] Moreau à Bonaparte, Bâle, 12 germinal (A. H. G.).

[25] Moreau à Bonaparte, Bâle, 18 germinal (A. H. G.).

[26] Moreau à Bonaparte, Bâle, 18 germinal (A. H. G.).

[27] Moreau à Bonaparte, Bâle, 18 germinal (A. H. G.).

[28] Kray au comte Tigo, Donaueschingen, 18 avril (K. K. Arch., 1800, Deutschland, IV, 57 1/4) ; Gyulai à Kray, Fribourg, 23 avril (Ibid., IV, 92). Le rapport adressé à Gyulai par un émissaire est écrit en excellent français et non signé.) — Cf. Gyulai à Kray, Fribourg, 24 avril (Ibid., IV, 96) ; Kray à Tigo, Donaueschingen, 24 avril (K. K. Arch., Hofkriegsrath, IV, 28).

[29] Carnot avait été nommé Ministre de la Guerre par Arrêté du 12 germinal an VIII. (Arch. nat., procès-verbaux des délibérations des Consuls, A FIV, 4.)

Berthier avait été appelé au commandement de l'armée de réserve le 12 germinal (2 avril 1800).

[30] Le Ministre de la Guerre à Moreau, 19 germinal (Correspondance inédite de Napoléon).

[31] Moreau à Bonaparte, Bâle, 18 germinal (A. H. G.).

[32] Moreau le constatait clans ses lettres du 27 germinal au Premier Consul et au Ministre de la Guerre : « Comme nous avons trois ou quatre marches de plus que lui (l'ennemi) pour nous rassembler à une de ses ailes, il a tout l'avantage de la position. » (A. H. G.)

[33] Dessolle au Ministre de la Guerre, Schaffouse, 13 floréal (A. H. G.).

[34] Bacher avait fait transmettre à Moreau, par la légation française à Ratisbonne, un « Etat général de l'armée autrichienne du Rhin, tous les ordres du général Kray, y compris les troupes d'Empire et les corps de milices organisés dans les pays riverains du Rhin au 20 germinal an VIII. » D'après cet état, l'aile droite forte de 28.800 hommes d'infanterie, 12.050 de cavalerie, s'étendait, le long du Rhin, depuis la Nidda et le Mein, jusqu'à Fribourg ; le centre, comptant 30.000 hommes d'infanterie et 5.800 de cavalerie, était cantonne à l'est de la Forêt Noire, entre Villingen et le lac de Constance, et le long du Rhin, depuis Shäckingen jusqu'à Schaffouse ; l'aile gauche, dont l'effectif était de 20.500 fusils et 5.000 sabres, occupait le Vorarlberg et les Grisons. Le total général de l'armée autrichienne « active et disponible » s'élevait, d'après ce document, à 111.650 hommes (A. H. G.).

[35] Moreau au Ministre de la Guerre, Bâle, 27 germinal (A. H. G.).

[36] Moreau au Premier Consul, Bâle, 27 germinal (A. H. G.).

[37] BÜLOW, Histoire de la Campagne de 1800, 27.

[38] Moreau à Bonaparte, Bâle, 27 germinal (A. H. G.).

[39] Les derniers renseignements recueillis par Moreau, au moment d'entrer en campagne, étaient les suivants :

Grand quartier général du F. Z. M. Kray à Donaueschingen.

Aile droite, commandée par Sztaray, quartier général à Heidelberg, de Mayence à Fribourg, 50.000 hommes environ de toutes armes.

Centre, sous les ordres de Nauendorf, quartier général à Stühlingen, de Fribourg à Lindau, 45.000 hommes environ de toutes armes.

Aile gauche, commandée par le prince de Reuss, quartier général à Bregenz, de Lindau à Coire, Hanz et Dissentis, 20.000 hommes environ de toutes armes.

Effectif total : 121.000 hommes environ.

(A. H. G. Armée du Rhin, Bulletin du 1er floréal.)

Ces renseignements étaient corroborés par les rapports des déserteurs et des espions. (Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 5 floréal, Ibid.). Moreau savait que les réserves étaient constituées à Donaueschingen. (Bulletin de Schaffouse du 3 floréal, Ibid.)

[40] Moreau au Ministre de la Guerre, Bâle, 27 germinal (A. H. G.). Cette ruse ne réussit pas : Kray apprit, le 27 avril, que Moreau avait reporté son quartier général à Bâle. (K. K. Arch., Deutschland, 1800, IV, 154.)

[41] Dessolle au Ministre de la Guerre, Strasbourg, 4 floréal (A. H. G.) ; Dessolle à Sainte-Suzanne, Bâle, 3 floréal (Ibid.).

[42] Dessolle au Ministre de la Guerre, Strasbourg, 4 floréal (A. H. G.) ; Dessolle à Saint-Cyr, Bâle, 1er floréal (Ibid.).

[43] Moreau à Dessolle, Bâle, 30 germinal (A. H. G.) ; Dessolle au Ministre de la Guerre, Strasbourg, 4 floréal (Ibid.) ; Moreau à Lecourbe, Bâle, 2 floréal (Ibid.) ; Dessolle à Delmas, Bâle, 2 floréal (Ibid.).

[44] Dessolle à Lecourbe, Bâle, 1er floréal (A. H. G.).

[45] Dessolle au Ministre de la Guerre, Strasbourg, 4 floréal (A. H. G.).

[46] Moreau au Premier Consul et au Ministre de la Guerre, Bâle, 27 germinal (A. H. G.).

[47] Moreau à Berthier, Strasbourg, 4 floréal (A. H. G.).

[48] Correspondance de Napoléon, n° 4725.

[49] Correspondance de Napoléon, n° 4713.

[50] Mathieu DUMAS, loc. cit., I, 85.

[51] Mémoires de Napoléon (GOURGAUD), I, 187.

[52] Mémoires de Napoléon (MONTHOLON), I, 47.