BONAPARTE ET MOREAU

L'ENTENTE INITIALE - LES PREMIERS DISSENTIMENTS - LA RUPTURE

 

CHAPITRE IV. — SITUATION PRÉCAIRE DE L'ARMÉE DU RHIN.

 

 

Moreau à Paris jusqu'au 2 nivôse. — Rapport de Mathieu-Favier. — Détresse financière de la France. — Etat déplorable de l'administration de la guerre. — L'Helvétie ruinée. — Arrivée de Moreau à Zürich. — Dénuement de l'armée du Rhin. — Cordialité de la correspondance de Moreau avec Bonaparte. — Efforts de Bonaparte pour remédier à la misère des troupes. — Amélioration de la situation. — Ordres de concentration donnés par le Ministre de la Guerre. — Déficits de toute nature retardant l'entrée en campagne. — Mécontentement de Moreau. — Il conserve d'excellents rapports avec Bonaparte.

 

L'hiver ayant imposé aux belligérants une trêve tacite, Moreau ne crut pas devoir se rendre immédiatement à son quartier général. Bonaparte lui laissait d'ailleurs la latitude de n'y arriver que le 25 frimaire[1]. Les généraux Müller, Ney, Lecourbe, qui s'étaient succédé dans le commandement provisoire de l'armée[2], avaient signalé à plusieurs reprises sa profonde détresse, et Moreau espérait, en restant quelque temps à Paris, obtenir plus rapidement par des démarches personnelles, l'argent, le matériel, les approvisionnements, les renforts qui lui étaient indispensables pour entrer en campagne[3].

Les rapports de ses prédécesseurs étaient unanimes à cet égard : « Le soldat est nu... la solde est arriérée de six, huit et dix décades dans la plus grande partie des corps[4]. » Les troupes « ne sont ni armées ni habillées ; leurs besoins sont immenses »[5] ; « l'administration des postes n'a pas un seul cheval, les hôpitaux sont dans un état pitoyable[6] » ; « l'artillerie et le génie n'a pas un sol à sa disposition... pas de souliers... il manque dix à douze mille gibernes... la cavalerie n'a pas de chevaux[7] » ; « les garnisons de Mayence, Landau et Strasbourg sont au moins de moitié ce qu'elles devraient être... ; nos demi-brigades sont faibles[8]. » Un compte rendu adressé à Moreau, le 18 frimaire an VIII (9 décembre 1799), par le commissaire ordonnateur en chef Mathieu-Faviers, dépeignait la situation de l'armée du Rhin sous un jour plus défavorable encore.

« Le ministre de la guerre, écrivait ce haut fonctionnaire, ne vous aura pas sans doute laissé ignorer l'état déplorable dans lequel se trouvent les différentes parties du service administratif de l'année du Danube, réunie à celle du Rhin, que vous commandez. Quelque idée que vous ayez prise, elle ne peut cependant qu'être au-dessous de la réalité... J'oserai vous dire la vérité entière... »

L'administration des subsistances, exposait Mathieu-Faviers, n'a point de fonds à sa disposition pour le service courant ; toutes les demandes faites au Ministre de la Guerre pour en obtenir, ont clé « vaines et infructueuses ». La dépense arriérée pendant le premier trimestre, pour les transports, achats de liquides, frais de manutention, est d'environ un million 500.000 francs. Le déficit pour le service courant s'élève à peu près à la même somme. Il est dû à la compagnie Olry plus d'un million pour le service de la viande. Des traites sur la Trésorerie, se montant à un total de 580.000 francs, ont été protestées et sont à rembourser. Les fournisseurs, les entrepreneurs ont mis leur crédit à découvert ; ils sont actuellement hors d'état de faire de nouvelles avances et de continuer le service, si on ne leur remet, sans tarder, de l'argent comptant dans la proportion des dépenses courantes. Les gardes-magasins, les employés, les ouvriers ne sont pas payés depuis plusieurs mois ; ils sont découragés et réduits à la misère. Le service des hôpitaux « est tombé dans le dépérissement » Il n'est plus possible d'ailleurs de rien espérer de l'Helvétie qui est absolument épuisée. Depuis le mois de thermidor, les troupes n'ont pas reçu de solde ; il est dû à l'aile droite plus de dix millions et à l'aile gauche deux millions et demi de francs.

« En me résumant, concluait Mathieu-Faviers, je vous supplierai, mon général, en dernier résultat, de porter principalement votre attention sur la nécessité de former un approvisionnement de denrées par la voie des achats, de procurer des fonds à l'armée pour les divers services, notamment pour celui des subsistances, enfin de pourvoir aux besoins des hôpitaux... Telle est la série des mesures d'urgence qui sont à prendre et que sollicite le salut de l'armée. Il est, mon général, dans un péril immense et chaque jour augmente le danger. Je n'existe plus que dans les transes et l'affreuse expectative d'une catastrophe ; je crains que les secours n'arrivent trop lard, Sollicitez, pressez, insistez, mon général, je vous en conjure ; et que le ministre de la guerre daigne nous tirer d'une situation aussi cruelle et aussi désespérée[9]. »

Berthier, le nouveau Ministre de la Guerre, dans une proclamation qu'il adressait aux armées le 21 brumaire, leur annonçait son intention de faire cesser leur dénuement[10] ; le 29 frimaire, il affirmait à Moreau qu'il s'en était constamment préoccupé depuis le jour où Bonaparte l'avait appelé à la tête du département[11].

Mais la détresse financière de la France était extrême au lendemain du 18 brumaire ; son trésor public était vide[12], son crédit épuisé[13], et les Consuls provisoires en étaient réduits à des expédients[14]. Le 3 frimaire, ils demandèrent 12 millions en numéraire à des banquiers de Paris et, après deux refus[15], n'en obtinrent que trois[16]. Les meilleures valeurs, notamment les obligations des receveurs généraux, ne se négociaient qu'à l'escompte de 2 ½ à 3 pour 100 par mois[17]. Le 30 nivôse an VIII, Bonaparte chargeait le Ministre des relations extérieures de renouer des négociations avec le Portugal pour en obtenir 8 à 9 millions. « Ce serait, disait-il, d'une importance majeure et nous donnerait presque la sûreté de reconquérir l'Italie. Car cela tient à huit ou dix mille chevaux d'attelage pour traîner les équipages d'artillerie nécessaires au siège des places, ce qui ne représente qu'un capital de 5 à 6 millions que, dans la situation actuelle, nous ne pouvons fournir[18]. » « Quatre millions, écrit-il le même jour, nous seraient très essentiels dans le moment actuel ; il parait que Hambourg pourrait nous les donner... s'ils pouvaient nous être soldés, ils pourraient nous valoir le gain d'une campagne[19]. » Dans le courant du mois de ventôse suivant, il fallut faire appel à la municipalité d'Amsterdam pour négocier un emprunt de 12 millions de francs, au taux de 1 pour 100 par mois[20]. Marmont, chargé de cette mission, devait insister pour avoir du numéraire, ou au moins des traites à deux mois, « dont on puisse faire argent sur-le-champ »[21]. Il échoua, malgré l'autorisation qui lui avait été donnée, assure-t-il, d'engager au besoin le Régent[22].

En raison de cette situation déplorable des finances, « d'innombrables réclamations « parvenaient « de toutes parts » à Berthier[23] qui était impuissant à leur donner satisfaction[24]. Le procès-verbal de la séance consulaire du 25 brumaire, où le Ministre de la Guerre avait rendu compte de l'état dans lequel il avait trouvé son Département, s'exprime en ces termes : « Toutes les parties sont dans la plus grande désorganisation... La subsistance du soldat n'est assurée ni dans l'intérieur ni aux armées. Le service des fourrages, celui des fournitures, ceux des étapes, des hôpitaux, des transports, des casernements et lits, et de la poste aux armées, tout est désorganisé ; le désordre règne dans toutes les parties[25]. « Napoléon ne semble donc pas avoir exagéré en disant, dans ses Mémoires, que le Ministère de la guerre « était un vrai chaos »[26] à l'époque du Consulat provisoire.

Berthier se vit obligé de reconstituer les organes de l'Administration centrale, avant de songer à venir au secours de l'année, dont les privations de tout genre étaient constamment présentes à son souvenir, affirmait-il à Moreau[27]. Il parvint pourtant à lui ouvrir, à cette date, un crédit de 1.300.000 francs environ, « pour subvenir à ses besoins les plus pressants[28] » ; mais il n'espérait pas pouvoir assurer ses services, « d'une manière stable et invariable », avant le 1er pluviôse[29]. Aussi Bonaparte, dans une proclamation qu'il adressait le 4 nivôse aux troupes françaises, déclarait-il que « la qualité la plus essentielle d'un soldat, est de savoir supporter les privations avec constance ; plusieurs années d'une mauvaise administration ne peuvent, ajoutait-il, être réparées dans un seul jour[30]. »

En somme, la présence de Moreau à Paris ne semble pas avoir eu pour résultat d'améliorer sensiblement la situation de l'armée du Rhin. Par contre, il obtint de faire comprendre, dans les limites de son commandement, l'important débouché de Mayence et de choisir les lieutenants-généraux qui devaient être placés à la tête des corps des deux ailes et du centre[31]. Il s'empressa de désigner aux Consuls le général Lecourbe[32] qui s'était illustré, dans la campagne précédente, par ses belles opérations contre Souvorov, au Saint-Gothard et dans la vallée de la Reuss, ainsi que Saint-Cyr et Grenier[33] dont il avait déjà apprécié les talents. Macdonald, mécontent de n'avoir pas obtenu le commandement de l'armée du bas Rhin, et croyant que Moreau l'avait, par ses intrigues, fait réunir à celle du haut Rhin, refusa de remplir ces fonctions que, disait-il, on lui avait attribuées à son insu[34].

Moreau annonça à Lecourbe sa nomination par une lettre « affectueuse »[35]. En même temps, il lui prescrivit de se rendre sur-le-champ en Helvétie, pour y remplacer Masséna, et de remettre le commandement du corps du bas Rhin à un général de division « avec défense très expresse de se battre[36]. » L'intention de Lecourbe était aussi de n'en rien faire : il avait déjà demandé au Ministre l'autorisation de repasser sur la rive gauche du Rhin pour réorganiser en toute sécurité l'armée[37], qui venait d'ailleurs d'éprouver le li frimaire un échec à Sinzheim, dans un combat contre Sztaray.

Parti de Mannheim le 13 frimaire, Lecourbe visita les troupes de l'aile droite, placée sous son commandement, et vint établir le 26 son quartier général à Zürich. Il avait pu se convaincre de l'impossibilité de nourrir l'armée en Helvétie pendant l'hiver », en raison de l'épuisement total du pays, « surtout en fourrages », et il s'était vu obligé de « renvoyer sur les derrières » une grande partie de la cavalerie et de l'artillerie[38]. Le reste des troupes vivait au » jour le jour » ; encore les transports devenaient-ils plus difficiles par le froid qui était devenu « excessif » et la neige qui était tombée en grande quantité[39]. « Je vous le répète, écrivait Lecourbe à Moreau, tant que les consommations en Helvétie excéderont les moyens de transport humainement possibles, nous serons dans une triste alternative[40]. »

Il ne fallait pas songer, en effet, à utiliser les ressources locales pour la subsistance des troupes. La campagne de l'an VII les avait épuisées et réduit même la plupart des cantons à un degré de misère dont on se faisait « difficilement une idée[41] ». Certains d'entre eux étaient devenus « des déserts ». Dans les cantons du Sentis et de la Linth, les habitants étaient si misérables, qu'ils avaient dû « faire partir leurs enfants à pleines charrettes pour aller recevoir ailleurs la subsistance que leurs parents ne pouvaient plus leur donner[42] ».

A cette situation précaire de l'Helvétie ruinée et de l'armée qui n'avait pas « un sol en caisse[43] », Lecourbe ne voyait d'autre remède que de proposer un armistice à l'archiduc Charles qui l'accepterait, pensait-il, « si la proposition partait du Ministre de la Guerre, par exemple[44] ». Il recommandait instamment à Moreau de ne pas quitter Paris « sans argent, sans souliers et sans capotes[45] ». Ne recevant point du général une réponse assez prompte à son gré[46], Lecourbe écrivit directement à Bonaparte. Grâce à une contribution de guerre levée à Mayence, il espérait pouvoir faire vivre ses troupes jusqu'au 1er pluviôse, mais il jugeait indispensable que des entrepreneurs prissent le service avant cette date, sinon l'armée manquerait de tout. Tout en reconnaissant donc l'importance, au point de vue stratégique, de l'Helvétie qui séparait les armées autrichiennes d'Allemagne et d'Italie, il ne croyait pas qu'on put « y laisser longtemps une armée considérable dans l'inaction[47] ».

Moreau, parti de Paris le 2 nivôse[48], n'avait pas reçu la dernière lettre de Lecourbe. Il avait obtenu toutefois avant son départ, du Ministre de la Guerre, que des fonds lui seraient expédiés sur-le-champ à Bâle « pour assurer les services avant la mise en activité des entreprises[49] » ; mais, à son arrivée dans cette ville le 5 nivôse (26 décembre), il constata que les sommes promises faisaient défaut[50]. Sans s'arrêter à Bâle où il se proposait d'établir son quartier général qui serait ainsi « au centre des opérations et en communication facile avec l'avis[51] », Moreau se rendit immédiatement à Zürich, désireux de se rendre compte par lui-même, de la situation de l'aile droite de l'armée. Les routes étaient couvertes de verglas, et il ne lui fallut pas moins de deux jours pour faire ce trajet.

Il ne tarda pas à se convaincre d'ailleurs que les rapports de Mathieu-Faviers et de Lecourbe n'étaient nullement exagérés ; en même temps, il recevait de Baraguey d'Hilliers, commandant l'aile gauche, des dépêches datées du 8 nivôse[52], d'où il ressortait que la détresse des troupes stationnées sur le bas Rhin n'était guère moindre que celle qu'il avait pu constater en Helvétie[53]. L'argent faisait absolument défaut[54] ; aucun service assuré[55] ; un arriéré de solde « effrayant »[56] ; les soldats à demi nus, ayant « l'air de squelettes », dépourvus de capotes et de souliers, parle froid le plus rigoureux[57] ; les corps du bas Rhin ne parvenant à subsister que par des prélèvements sur les approvisionnements de siège des places fortes[58] ; les demi-brigades qui occupent sur la rive droite du fleuve les têtes de ponts de Brisach et de Kehl « sans vivres et sans bois, exposées à toutes les intempéries[59] » ; la cavalerie renvoyée sur les derrières de l'armée, faute de fourrages ; l'Helvétie ruinée, ne pouvant plus fournir de ressources et incapable même de subvenir à ses besoins[60] ; la nécessité, pour l'aile droite, de l'évacuer et de rentrer sur le territoire de la République, à moins de prompts secours[61] ; les départements voisins d'ailleurs épuisés[62] ; les hôpitaux « dans le dernier dénuement »[63] ; l'armée, en un mot, « dans un tel état de souffrances » que sa désorganisation est à craindre[64] ; tel est le tableau que Moreau fait de la situation dans sa correspondance du 12 nivôse avec le Premier Consul et les Ministres de la guerre et des finances.

Le commandement des divisions et des brigades n'est pas assuré. Presque tous les généraux, et parmi eux les meilleurs de l'armée, vont rejoindre Masséna en Italie. Ils sont remplacés par d'autres qui ne sont pas connus des troupes et qui n'ont pas fait la guerre ; Saint-Cyr et Grenier, que Moreau a demandés aux Consuls et qu'on lui a promis, ne sont pas encore arrivés. « Si j'étais attaqué demain, écrit le général en chef, je ne saurais comment faire[65]. » Par surcroit, il a fallu, dans la nuit du 30 frimaire au 1er nivôse[66], lever le pont de bateaux de Kehl, en raison des places que charrie le Rhin ; les neuf bataillons qui occupent la place sont donc exposés, sans pouvoir être secourus, à un coup de main des Autrichiens[67].

Enfin, les garnisons des forteresses échelonnées depuis Düsseldorf jusqu'à Besançon, et les détachements que Moreau croit devoir laisser sur les frontières méridionale et orientale de l'Helvétie, absorbent 40.000 hommes, de sorte qu'il n'en reste guère que 60.000 pour « aborder l'ennemi »[68]. Or, l'armée autrichienne d'Italie envoie à celle de l'archiduc Charles un corps de 15.000 hommes ; les Russes sont encore en Bavière et peuvent revenir sur le Rhin ; alors, dit Moreau, « nous aurions une infériorité effrayante[69] ». Comment, dans ces conditions, lui enlève-t-on trois de ses meilleures demi-brigades, quand c'est sur ce théâtre d'opérations, et non en Italie, que se décidera « le sort de la République ? »[70] En tout état de cause, il déclare qu'il est impossible d'entrer en campagne actuellement, ainsi que les Consuls en avaient exprimé le désir[71] : rien n'est organisé, et la rigueur de la saison rendra, au surplus, les communications impraticables pendant longtemps[72].

Les relations de Moreau et de Bonaparte semblent d'ailleurs excellentes à ce moment. Le général en chef de l'armée du Rhin s'en prend au Ministre de la Guerre de l'envoi à l'armée d'officiers généraux a qu'on ne veut pas ailleurs et qui n'ont servi que dans l'intérieur », tandis que ceux qui « avaient combattu à la tête des troupes » partent pour l'Italie[73]. C'est au Ministre aussi qu'il se plaint de n'être pas laissé libre de la désignation des titulaires des différents commandements ; qu'il rappelle les promesses qui lui ont été faites à cet égard[74] ; qu'il demande, d'une façon quelque peu comminatoire, de faire cesser ces errements ; qu'il déclare que le général Lariboisière, directeur du parc d'artillerie, désigné pour l'armée d'Italie, restera à son poste jusqu'à de nouveaux ordres.

La lettre du 12 nivôse au Premier Consul est conçue sur un ton tout différent. C'est sans acrimonie que Moreau lui expose la triste situation de l'armée, et sans amertume qu'il relate le départ de trois de ses meilleures demi-brigades. Il se contente de rappeler à Bonaparte qu'il lui a promis une armure pour le général Lecourbe qui « la mérite bien, dit-il, par les grands services qu'il a rendus dans la campagne dernière ». C'est à ce litre aussi qu'il prie le Premier Consul de ne pas oublier « dans l'organisation de l'ordre judiciaire » le frère de son lieutenant général, homme de loi instruit, actuellement employé, au ministère de la Justice[75].

Le nouveau gouvernement semble toujours avoir les sympathies de Moreau. Il affirme aux soldats que, grâce à la sagesse des Consuls, leurs vertus ne seront plus si longtemps stériles ; qu'elles ne serviront plus « des projets sans but et une ambition sans bornes » ; mais qu'elles donneront « la paix à l'Europe et le bonheur à la République[76] ».

La modération dont Moreau use à l'égard de Bonaparte subsiste dans sa correspondance des jours suivants. Pourtant, des banquiers de Bâle ont refusé de payer sur des lettres de crédit apportées par le chef d'état-major général Dessolle[77] ; la détresse est « affreuse »[78], même parmi les officiers auxquels, à plusieurs reprises, Moreau vient en aide de ses deniers[79] ; « tous ceux, dit-il, qui n'ont pas volé, sont ici à l'aumône ; cela est exact[80] ».

Les troupes, privées de solde depuis de longs mois, commencent à murmurer[81] ; il en est qui s'insurgent, telle la 1re demi-brigade de ligne qui refuse un instant de partir pour Kehl, et qui ne se décide à obéir que sur la menace d'un châtiment très sévère de la part du général en chef[82]. « Je veux bien me battre contre l'ennemi, écrit Moreau, mais il est affreux d'avoir à faire la guerre A la propre armée qu'on commande. La misère du soldat est telle, qu'en réprimant son insubordination, on est presque forcé de convenir qu'elle est fondée[83]. » Il ne lui était même pas possible de délivrer à chacun d'eux, par ce froid rigoureux, une capote et une paire de souliers[84]. Depuis plus de sept mois les charretiers d'artillerie n'avaient reçu ni solde, ni effets d'habillement, ni parfois la ration à laquelle ils avaient droit[85].

Moreau qui était allé à Strasbourg le 19 nivôse, pour se rendre compte de la situation de l'aile gauche, priait le Premier Consul de plaider la cause de l'armée du Rhin auprès du Ministre de la Guerre qui, peut-être, écrivait-il, se serait réconcilié avec Massena, un peu à ses dépens et au profit de l'armée d'Italie[86]. Mais de reproches point, bien que Moreau eût manifesté son indignation à Lecourbe et lui eut déclaré qu'il ne ménagerait pas les expressions pour dépeindre la situation[87]. Ce fut sans doute grâce à l'intervention de Bonaparte, que le Ministre de la Guerre avisa Moreau, le 23 nivôse, de l'envoi d'un million 100.000 francs à l'armée du Rhin, afin de subvenir en partie à ses besoins les plus pressants[88] et l'autorisa le 26 à faire venir en Suisse des blés de France[89].

Mais le dénuement des troupes exigeait que des sommes plus considérables leur fussent allouées, sinon pour entrer en campagne, du moins pour faire cesser leur misère. D'ailleurs le 30 nivôse, les fonds annoncés n'étaient pas encore arrivés à Haie et ce n'était qu'à grand'peine que Dessolle avait pu décider les banquiers de cette ville à consentir une avance de 300.000 francs[90]. Aussi les troupes dont la solde était arriérée de six mois[91], continuaient-elles à murmurer, et Moreau n'osait se montrer à elles que le moins possible, tant elles étaient mécontentes[92]. L'habillement, les armes même, faisaient toujours défaut ; à elle seule, l'artillerie manquait de 8.000 chevaux[93].

Tout en ne dissimulant pas cette situation au Premier Consul, le général en chef ne songeait nullement à l'en rendre responsable. Il semblait convaincu au contraire qu'il suffirait de lui faire connaître les besoins des troupes pour qu'il y donnât tous ses soins, et les munit promptement de tout ce qui leur était nécessaire pour entrer en campagne[94]. Il l'excusait même, à l'avance, en termes qui attestent la cordialité de leurs rapports, de ne pas l'avoir fait jusqu'à présent : « Ici, écrivait-il à Bonaparte, nous n'avons à combattre que la misère et la faction autrichienne. Vous en avez là-bas à contenir de toutes les façons et de toutes les couleurs. Je ne doute pas que vous n'y parveniez[95]. »

De fait, le Premier Consul avait fait le 24 nivôse, au Ministre des finances, des observations au sujet des lettres de change que les banquiers de Bâle avaient refusé d'acquitter, et il le pressait en même temps d'envoyer des fonds à l'armée du Rhin[96]. Le 26[97], il pouvait provenir Moreau que ses lettres seraient payées ; qu'un agent était parti en poste « pour lever tous les obstacles qui s'y étaient opposés » ; que 000.000 francs en numéraire lui étaient expédiés. Il avait soin, pour se justifier aux yeux de Moreau, de lui adresser en mémo temps le rapport de Gandin relatant les raisons qui avaient fait différer l'acquittement[98]. Il se faisait présenter un mémoire sur la réforme du service des subsistances[99]. Son intervention apparaît encore dans les instructions données par le Ministre des finances aux payeurs d'un certain nombre de départements qui devront verser leurs « produits libres » dans les caisses de l'armée du Rhin à Baie, Strasbourg et Mayence[100]. La mesure, il est vrai, était sans grande efficacité, du moins pour le moment[101].

Moreau déplorait d'être obligé d'employer entièrement les premiers fonds qui allaient arriver à soutenir les entreprises des vivres et des fourrages, et A acheter quelques milliers de capotes et de souliers. « Vous voyez, écrivait-il au Ministre, que la solde de l'armée va rester encore dans le même état de souffrance. J'ai déjà appelé toute votre sollicitude sur cet objet ; il devient de jour en jour plus pressant. Les choses ne sauraient durer ainsi longtemps. Il faut absolument qu'il soit payé quelques acomptes sur la solde ; la conservation de l'armée et la subordination des troupes y sont essentiellement attachées[102]. »

Épuisés par les privations de toute sorte[103], les soldats, dont la plupart avaient été admirables de patience jusqu'à présent[104], se lassaient enfin. Les manifestations d'indiscipline allaient se généralisant[105] et se produisaient « à la moindre occasion[106] ». Moreau, craignant de voir son autorité compromise « par des cris séditieux », s'abstenait toujours de paraître devant les troupes[107] ; le même motif le décidait à différer la cérémonie où elles devaient promettre fidélité à la nouvelle Constitution, jusqu'à l'époque où il pourrait leur accorder quelques secours[108]. Il ne fallait pas songer, pour le moment, à les réunir, car elles tenaient « des propos même contre la République »[109]. — « Si l'armée était lancée en ce moment, écrivait Dessolle au Ministre de la Guerre, pénétrée du sentiment profond de sa misère, il n'est pas d'excès et d'horreurs auxquels on ne doive s'attendre[110]. »

A la vérité, ce n'était là qu'une hypothèse. Tout s'opposait, en effet, à ce que l'armée « se portât en Bavière », même au commencement de pluviôse, c'est-à-dire un mois après la date indiquée par les Consuls[111]. Sans parler de la solde arriérée de près de quinze millions[112] et de l'habillement dû à la plupart des corps pour l'an VII tout entier[113], les arsenaux étaient « épuisés en armes » ; les demi-brigades elles-mêmes en manquaient, pour un sixième environ de l'effectif[114] ; tout était arrêté dans le service de l'artillerie, même la confection des munitions, faute d'argent et de matières premières[115] ; les compagnies chargées de la fourniture des vivres et des fourrages étaient arrivées sans fonds et sans crédit[116] ; les ambulances étaient dépourvues des objets les plus indispensables et de moyens de transport[117] ; les attelages et les chevaux de selle étaient loin d'être au complet[118]. La désertion des conscrits était « effrayante » ; elle empêchait de porter les corps à leur effectif de guerre et prenait de telles proportions que le général en chef se proposait de prononcer la peine de mort contre ceux qui s'en rendaient coupables[119]. Les bataillons auxiliaires du Cher et du Doubs s'insurgeaient à Besançon, au moment de rejoindre l'armée[120]. À supposer que les déficits de tout genre eussent été comblés, il était indispensable encore, avant d'entrer en campagne, de réunir des subsistances pour les quinze premiers jours au moins des opérations qui devaient se dérouler, tout d'abord, dans un pays absolument ruiné, jusqu'à Ulm[121]. Moreau demandait en outre les fonds nécessaires au paiement de deux mois de solde, et alors, disait-il, « nous irons chercher le reste de l'arriéré à coups de fusil[122] ».

Malgré tous ces déboires, rien n'était venu altérer pendant le mois de pluviôse les bons rapports qui existaient entre Moreau et Bonaparte. Leur correspondance témoigne, au contraire, d'une entente parfaite, et même d'un désir très marqué, de la part du général en chef de l'armée du Rhin, de se rendre agréable au Premier Consul. Ainsi Moreau le félicite pour sa lettre au roi d'Angleterre[123] ; il lui signale la présence, à Augsbourg, de Pichegru qui est auprès de Wickham[124], sous le nom de major Pérou ; il l'avertit de se tenir sur ses gardes contre leurs intrigues[125]. A plusieurs reprises il approuve sa politique. « Bien des choses au Consul, écrit-il à Clarke ; dites-lui que je désire mener ma barque comme il mène la sienne[126]... » Il complimente directement Bonaparte « sur la manière vigoureuse » dont les affaires sont dirigées ; il fera de son mieux, assure-t-il, pour le seconder, et le prie d'être persuadé de son attachement[127]. Il lui adresse ses « sincères félicitations sur la confiance que fait renaître son bon gouvernement » et sur la façon dont a été conduite la « guerre des chouans[128] ».

De son côté, Bonaparte s'efforce visiblement de faire cesser la misère et de subvenir aux besoins de toute nature de l'armée du Rhin[129], et il y envoie son aide de camp, le chef de brigade Duroc, pour avoir des renseignements très exacts sur sa situation[130]. Moreau lui en sait gré, ainsi que de la nomination de son frère au Tribunat[131], et il se déclare « très content des soins que l'on prend pour l'armée[132] ». La situation s'était améliorée, en effet, à la fin de pluviôse[133], grâce à des envois successifs de fonds dont le total s'élevait à 6.200.000 francs[134], et qui avaient permis au général on chef de faire distribuer aux troupes un mois de solde et un mois de masse d'entretien[135]. De son côté, le Ministre de la Guerre annonçait l'expédition d'effets d'habillement et d'équipement[136]. « Avec les secours qui nous arrivent, écrivait Moreau au Premier Consul, j'espère équiper l'armée et remonter son moral assez vigoureusement pour obtenir des succès[137] ». Les compagnies Delambre pour les vivres, et La Tourette pour les fourrages, n'ayant pas rempli leurs engagements, Moreau cassait leurs marchés[138] avec l'autorisation du Ministre de la Guerre, et les remplaçait par des administrations à la tête desquelles il plaçait deux directeurs qui avaient une grande réputation de probité et d'habileté[139]. Peu à peu, l'ordre et la confiance renaissaient parmi les troupes[140].

Ces remèdes étaient efficaces, mais il s'en fallait de beaucoup, pourtant, qu'ils fussent suffisants pour permettre à l'armée d'entrer en campagne. Dessolle évaluait à douze millions environ la somme qui lui était strictement indispensable à cet effet[141]. « Vous verrez que nous ne sommes pas exigeants », écrivait Moreau au Premier Consul, en lui adressant le mémoire justificatif de son chef d'état-major[142]. Les armes manquaient toujours ; les troupes en avaient perdu beaucoup dans la campagne précédente ; un grand nombre de celles qui restaient étaient en mauvais état. Généralement, les conscrits incorporés dans les demi-brigades en étaient dépourvus[143]. Le général Eblé demandait que le nombre des chevaux de l'artillerie fût porté de 7.000 à 9.000[144], et que les approvisionnements en poudre et en plomb fussent augmentés[145]. Moreau réclamait de nouveaux bataillons auxiliaires pour compléter les effectifs des corps[146], et deux demi-brigades d'infanterie légère supplémentaires[147].

Le général en chef sollicitait aussi l'autorisation de faire entrer encore des grains en Helvétie, que menaçait « la plus affreuse disette[148] ». Dessolle insistait sur l'urgence de cette mesure, et faisait de la situation de ce pays un tableau bien digne d'inspirer la pitié. « L'on voit arriver des petits cantons, disait-il, des colonies d'enfants conduits par leurs parents infortunés, forcés d'abandonner leurs toits et leurs champs ravagés ; ils les confient à la pitié charitable de leurs compatriotes que les malheurs de la guerre ont pu respecter. On les répartit dans les cantons de Berne, Soleure, Zürich, Fribourg et Bâle. Ce spectacle, déchirant pour l'étranger, peut produire le désespoir chez les Suisses. Cependant, combien est-il intéressant de maintenir cet État dans la tranquillité ou au moins dans l'indifférence au succès de l'une ou l'autre puissance belligérante ![149] » Il faisait remarquer en effet, très justement, au Ministre de la Guerre, que l'occupation de la Suisse permettait à l'armée du Rhin de séparer les armées autrichiennes d'Allemagne et d'Italie, et d'opérer sur leurs flancs et sur leurs derrières, en tournant les défenses de la Forêt-Noire ou des Alpes françaises[150].

Le 9 ventôse (28 février), Moreau se rendit à Strasbourg et à Mayence afin de presser les préparatifs de la campagne[151] que le Premier Consul désirait voir commencer avant le 1er germinal[152]. Bien que la saison fût « encore très dure et les chemins affreux » ; bien qu'une grande quantité de neige fût tombée en Suisse et dans la Forêt-Noire ; Moreau sentait la nécessité d'ouvrir les opérations le plus tôt possible[153], de façon à s'assurer les avantages de l'offensive et à attaquer les Autrichiens avant le retour éventuel des Russes[154]. Le service des vivres et celui des fourrages étaient assurés jusqu'à la fin de ventôse[155] ; les effets d'habillement et d'équipement commençaient à arriver[156] ; près de trente-neuf mille fusils avaient été expédiés à Huningue, à Strasbourg, à Mayence, par les soins du Premier Consul[157] ; l'envoi d'une somme de 2.400.000 francs avait été annoncé le 10 ventôse[158] ; les magasins de l'armée se constituaient[159] ; les transports auxiliaires s'organisaient[160] ; tout permettait à Moreau d'espérer que les autres déficits seraient comblés bientôt, et qu'il pourrait entrer en campagne le 8 germinal[161], quand il reçut à Mayence, le 15 ventôse[162], des instructions du Ministre de la Guerre lui prescrivant de concentrer l'armée, aussi étroitement que possible, entre Baie et Constance, avant le 1er germinal (22 mars). Il était autorisé, toutefois, « pour la facilité des subsistances », à étendre sa gauche jusqu'à Strasbourg[163].

Bien qu'il n'approuvât pas le projet de Bonaparte, Moreau se rendit immédiatement à son quartier général à Bâle, afin de prendre les dispositions nécessaires[164]. Il rencontra en roule l'adjudant-général Le Marois, aide de camp du Premier Consul, qui lui remit une lettre de celui-ci confirmant celle du Ministre de la Guerre[165]. Les mouvements commencèrent sur toute l'étendue du front de l'armée, mais l'agglomération qui en résulta obligea le général en chef à utiliser, pour la subsistance des troupes, les approvisionnements préparés pour les premières opérations en pays ennemi, puis à suspendre, de sa propre initiative, l'exécution des marches de concentration, en raison des difficultés qu'offrait l'alimentation dans une zone de plus en plus restreinte[166].

Les divisions reçurent l'ordre de s'arrêter les 20 et 27 ventôse sur les emplacements qu'elles occupaient[167], et Bonaparte approuva cette mesure[168]. Mais les magasins étaient épuisés[169]. « Je doute, écrivait Moreau, qu'avant quinze jours nous ayons pu réunir assez de subsistances et de moyens de transport pour pouvoir marcher, sans crainte de manquer, dans la montagne et le pays épuisé où il faudra combattre pendant quelques jours. Ainsi, en se pressant trop, je crois qu'on a retardé l'époque des opérations...[170] » A son avis, il fallait « remettre les choses à peu près dans l'état où elles se trouvaient et recommencer sur de nouveaux frais, quand on aura réuni quelques vivres et surtout des fourrages[171] ».

Si Moreau fut contrarié de cet incident, il n'en laissa rien paraître. Une de ses lettres, adressée au Premier Consul le 22 ventôse an VIII, revêt même le ton de la plaisanterie. Moreau informait Bonaparte qu'il venait de recevoir une lettre signée Héritier, qui l'invitait à emmener à Paris le duc d'Angoulême, à la tête de l'armée. Il ne voyait pas bien, disait-il, ce que l’on pourrait faire du prince ; l'auteur de la lettre, si on le découvre, le dirait peut-être. Son intention était, d'ailleurs, de ne tenir aucun compte de cette invitation. Elle ne devait, certainement, pas plus entrer dans les vues du Premier Consul que dans les siennes. « Je crois même, concluait-il, que si on proposait sérieusement la chose au duc d'Angoulême, je doute qu'il accepte la gageure. Le métier de roi n'est rien moins que tué en France[172]. »

Ce ton enjoué cachait sans doute de graves préoccupations relatives à la réorganisation de l'armée.

Il y avait, à la vérité, le 30 ventôse, près de trois millions dans la caisse de l'armée[173] ; mais le tiers environ était en traites que l'on ne pouvait réaliser[174], et il fallait payer un second mois de solde à l'armée[175], indépendamment d'un long arriéré dû aux employés de l'artillerie[176]. Aussi le commissaire-ordonnateur en chef, Mathieu-Faviers, estimait-il, le 2 germinal, que quatre millions étaient indispensables pour subvenir aux dépenses courantes, et qu'une somme à peu près égale devait être mise à sa disposition « pour monter le service de campagne, former un approvisionnement de deux mois d'avance en grains et avoine, et faire face à tout ce qui est nécessaire aux différents services[177] ». Il ne se dissimulait pas que des allocations considérables se concilieraient sans doute difficilement avec l'état actuel des finances de la République ; du moins, à son avis, ne pouvaient-elles être réduites à un chiffre inférieur à trois millions. « S'ils ne nous parvenaient pas incessamment, concluait-il, le service croulerait de nouveau, les subsistances manqueraient, et l'armée se trouverait hors d'état de remplir les hautes destinées qui semblent l'appeler...[178] »

Une des préoccupations de Moreau était aussi l'état « vraiment déplorable » des équipages des vivres qui manquaient d'attelages et de matériel[179]. Déjà il leur avait affecté les chevaux de nouvelle levée destinés aux ambulances[180] — et le palliatif était insuffisant — quand il apprit « avec bien de l'étonnement » que tous les chevaux et caissons disponibles au parc de Sampigny étaient destinés à l'armée de réserve[181]. Il s'en plaignit assez vivement, le 6 germinal, au Ministre de la Guerre, en lui faisant observer avec juste raison, que si l'armée du Rhin devait entrer la première en campagne, il était naturel, il était même indispensable que ses équipages fussent complétés le plus tôt possible. Plusieurs généraux en activité de service en étaient totalement dépourvus[182] ».

La cavalerie avait grand besoin, d'autre part, d'être remontée ; plusieurs régiments de cette arme ne comptaient pas plus de cent cinquante chevaux. Le parc d'artillerie ne pouvait transporter qu'un simple approvisionnement[183]. Enfin, les équipages de ponts qui se trouvaient à Metz, en Helvétie et dans le canal de Frankenthal étaient immobilisés, faute d'attelages[184]. Par contre, le Ministre envoyait à Moreau plus de généraux de division qu'il n'en pouvait employer[185], et nommait, toujours sans le consulter, Macdonald et Moncey aux fonctions de lieutenant général déjà attribuées à Saint-Cyr, à Sainte-Suzanne et à Lecourbe[186]. Dans sa correspondance avec Berthier, Moreau protestait contre ces désignations[187]. Contraste remarquable, il accueillait très favorablement le général Lapoype, muni d'une recommandation du Premier Consul. Il écrivait à Bonaparte une lettre spéciale où il assurait qu'il ferait son possible pour lui donner le commandement d'une division[188].

À plusieurs reprises, dans ses lettres à Bonaparte, Moreau appuyait la demande de fonds que Mathieu-Faviers avait adressée, le 2 germinal, au Ministre de la Guerre[189]. « Les subsistances m'inquiètent beaucoup, écrivait-il au Premier Consul le 21 germinal ; l'armée resserrée depuis un mois, a tout mangé. Je ne sais comment rassembler assez de fourrages et de moyens de transport, surtout en songeant à l'approvisionnement qu'il faut faire pour vous à Lucerne[190]. Il est de toute importance de faire de grands efforts pour l'entrée en campagne ; j'ai le plus grand espoir dans le courage des troupes, mais je crains que l'irrégularité des services n'entraîne l'indiscipline et le désordre dans l'armée agissant sur un pays épuisé[191]. »

D'autres déficits tourmentaient à juste titre Moreau, à la veille du commencement des opérations. Le 1er floréal (21 avril), les fusils et les pistolets, le plomb et la poudre annoncés n'étaient pas arrivés ; les arsenaux d'Auxonne et de Besançon où pouvait, jusqu'à présent, s'approvisionner l'artillerie de l'armée du Rhin lui étaient retirés et attribués à l'armée de réserve ; celui de Metz qu'elle conservait était épuisé[192]. Les chevaux manquaient toujours en grand nombre[193] ; le déficit était de 3.000 et s'opposait à ce que l'on pût atteler plus de 100 bouches à feu, au lieu de 300 dont disposait l'ennemi[194]. Éblé se montrait avec raison très inquiet de cette infériorité[195].

A ces graves préoccupations et à l'amertume qu'elles provoquaient, vinrent se joindre des sujets de mécontentement causés par des mesures que Moreau considérait comme attentatoires à ses prérogatives. Telles furent les instructions du Ministre de la Guerre du 11 ventôse, contraires aux intentions de Moreau ; la mission confiée à Bâcler d'Albe et concernant un relevé exact des emplacements, des effectifs, du matériel, des approvisionnements des places fortes de l'armée du Rhin[196] ; l'envoi d'officiers chargés d'en visiter les avant-postes ; des ordres expédiés de Paris, spécifiant la garnison ou remplacement d'un corps déterminé ; le départ pour l'armée de réserve de deux compagnies de sapeurs cl de mineurs qui « eussent été d'une extrême utilité[197] » ; des changements de destination adressés à des officiers, sans que le général en chef en fût même instruit[198].

Le ton de la correspondance de Moreau avec Bonaparte et avec le Ministre de la Guerre, se ressentit de cet état d'esprit. Mais apprenant que le Premier Consul en avait été « affecté », Moreau craignit qu'il ne l'attribuât « à des motifs qui lui fussent personnels ». Aussi s'empressa-t-il de lui écrire le 12 germinal une lettre dans laquelle il lui exposait « les causes de ses dégoûts », en lui affirmant qu'il ne songeait nullement à le rendre responsable des faits, en lui témoignant toute sa confiance, et en s'efforçant visiblement de maintenir intacte la cordialité de leurs rapports.

« Je vous parle avec la même franchise que je vous suis sincèrement attaché, concluait-il. Croyez que personne n'apprécie mieux et ne rend plus de justice à votre manière de gouverner ; je vous sais mémo nécessaire à la tranquillité et au bonheur de la République... Je vous prie de regarder cette lettre comme particulière, de ne faire aucun usage des détails qu'elle contient, dont sûrement vous ignorez la plus grande partie et de croire que personne ne vous est plus sincèrement attaché que moi[199]. »

La correspondance de Moreau, postérieure au 12 germinal, ne contient plus trace de récriminations, et il est vraisemblable que le Premier Consul s'efforça de lui donner satisfaction. Tout au moins, au lendemain de l'ouverture des opérations, la situation administrative de l'armée du Rhin s'était-elle améliorée suffisamment pour que le général en chef pût rassurer à cet égard le Ministre de la Guerre. Après avoir fait la répartition d'une somme de 850.000 fr. entre les différents services de l'armée[200], Moreau écrivait : « Le service du pain se fait parfaitement... Vous sentez toute la difficulté de faire celui des fourrages ; il se traîne, mais un succès nous l'assure. Les hôpitaux exigent de grands secours. La viande va assez bien et manque rarement... Pleins de confiance dans votre bonne administration, nous espérons que les services s'amélioreront encore. La solde est bien arriérée ; j'y donne tout ce qui n'est pas indispensable à mes subsistances[201]. »

Des difficultés de toutes sortes avaient ainsi retardé l'entrée en campagne de l'armée du Rhin. Malgré tous ses efforts, le Premier Consul n'avait pu triompher, en si peu de temps, des nombreux obstacles matériels accumulés par la mauvaise administration du Directoire.

Un général moins calme et moins pondéré que Moreau, ne tenant pas compte de la situation déplorable des finances, se fût insurgé, peut-être, contre un état de choses qui le mettait en fâcheuse posture, et eut trouvé parfois l'occasion d'accuser Bonaparte de précipitation ou de négligence. Moreau, au contraire, montra dans ces circonstances une patience, une dignité et une réserve qui lui font honneur. Il se garda de toute intempérance de langage ; il domina tout élan d'émotion personnelle, et prouva qu'il savait subordonner les intérêts mômes de l'armée qu'il commandait à ceux de la République.

 

 

 



[1] Correspondance de Napoléon, n° 4418.

[2] Müller avait été remplacé par Ney le 4 vendémiaire an VIII, et Ney par Lecourbe, le 3 brumaire au VIII.

[3] Proclamation de Moreau du Si frimaire an VIII (A. H. G.). — Cf. Moreau à Lecourbe, Paris, 26 frimaire. (Collection d'autographes Charavay.)

[4] Ney à Moreau, Haguenau, 7 vendémiaire an VIII (A. H. G.).

[5] Lecourbe au Directoire, Strasbourg, 17 vendémiaire (A. H. G.).

[6] Lecourbe au Ministre de la Guerre, Mannheim, 3 brumaire an VIII (A. H. G.).

[7] Lecourbe au Ministre de la Guerre, Mannheim, 21 et 26 brumaire an VIII (A. H. G.).

[8] Lecourbe à Moreau, Mannheim, 12 frimaire an VIII (A. H. G.).

[9] Rapport au citoyen Moreau, pendrai au chef de l'armée du Rhin, par le citoyen Mathieu-Faviers, commissaire ordonnateur en chef, sur la situation des différents services, Zürich, 18 frimaire an VIII (A. H. G.).

Antérieurement, Mathieu-Faviers avait adressé un rapport au Ministre de la Guerre sur la situation de l'armée (12 brumaire an VIII, A. H. G.).

[10] A. H. G., Correspondance générale, 1er au 15 novembre 1799.

Berthier renouvelait cette déclaration, le 7 frimaire an VIII, dans une lettre circulaire aux généraux commandant les divisions militaires (Ibid.).

[11] Berthier à Moreau, 29 frimaire (A. H. G.).

[12] « Le 20 brumaire an VIII, il n'existait réellement plus de vestige de finances en France ; une misérable somme de 107.000 francs était, à cette époque, tout ce que possédait en numéraire le trésor public d'une nation de 30.000.000 d'hommes ; c'était le produit d'une avance de 300.000 francs que l'on avait obtenus la veille et sur laquelle on avait fait cette retenue pour le service du lendemain. » GAUDIN, Compte des finances pour l'an VIII (Cité par STOURM, les Finances du Consulat, 39).

[13] THIBAUDEAU, le Consulat et l'Empire, introduction, p. XLVI et L. Voir au sujet de la situation financière à la fin de l'année 1799 : MOLLIEN, Mémoires d'un Ministre du trésor public, I, 212-215.

[14] THIBAUDEAU, le Consulat et l'Empire, I, 140.

[15] OUVRARD, Mémoires, I, 43.

[16] STOURM, les Finances du Consulat, 50-58.

[17] Mémoire par VANDERBERGUE, ex-munitionnaire général, adressé à l'Empereur (Arch. nat., A FIV, 1174). Pendant les six derniers mois de l'an VIII et les six premiers mois de l'an IX, la perte aux négociations des valeurs — qui était à la charge du gouvernement — fut de 694.702 francs (Ibid.).

[18] Correspondance de Napoléon, n° 4521.

[19] Correspondance de Napoléon, n° 4520.

[20] Correspondance de Napoléon, n° 4652.

[21] Correspondance de Napoléon, n° 4652.

[22] Duc DE RAGUSE, loc. cit., II, 107.

[23] Berthier aux généraux commandant les divisions militaires, Paris, 7 frimaire (Gazette nationale, du 13 frimaire an VIII).

[24] Berthier à Moreau, Paris, 29 frimaire (A. H. G.).

[25] AULARD, Registre des délibérations du Consulat provisoire, 17. — Cf. Rapport de Berthier aux Consuls, pluviôse an VIII (s. d.) (A. H. G., Correspondance générale, 1er au 15 janvier 1800).

Napoléon, dans ses Mémoires, relate ainsi qu'il suit, les déclarations qu'avait faites aux Consuls Dubois-Crancé, le Ministre de la Guerre du Directoire :

« Vous payez l'armée. Vous pourrez au moins nous donner les états de la solde. — Nous ne la payons pas. — Vous nourrissez l'armée ; donnez-nous les états du bureau des vivres. — Nous ne la nourrissons pas. — Vous habillez l'armée ; donnez-nous les états du bureau de l'habillement. — Nous ne l'habillons pas. » (Mémoires de Napoléon, GOURGAUD, I, 104). Dubois-Crancé avait rendu compte de cette situation au Directoire, le 10 vendémiaire an VIII : « L'armée d'Italie a pour 5 millions d'arriéré de solde, son matériel est presque épuisé. Il faut lui donner un équipage de pont, un équipage de siège ; un parc de campagne et 5.000 chevaux de trait Les armées du Danube et du Rhin ont à peu près le même arriéré de solde que celle d'Italie... » (A. H. G., Correspondance générale.)

[26] Mémoires de Napoléon, GOURGAUD, I, 103.

[27] Berthier à Moreau, Paris, 29 frimaire (A. H. G.).

[28] Berthier à Moreau, Paris, 29 frimaire (A. H. G.).

[29] Berthier à Moreau, Paris, 1er nivôse (A. H. G.).

[30] Correspondance de Napoléon, n° 4449.

[31] Moreau à Berthier, Paris, 5 frimaire (A. H. G.).

Pendant les campagnes précédentes les effectifs croissants des armées avaient déterminé le groupement de plusieurs divisions sous les ordres d'un général de division. A diverses reprises, mais plus particulièrement au cours de la campagne de l'an VII, s'étaient manifestés les inconvénients du commandement à grade égal. Afin d'y remédier, les Consuls décidèrent ! par arrêté du 3 frimaire, qu'il y aurait, dans chaque armée, trois ou quatre généraux de division qui seraient employés comme lieutenants du général en chef (AULARD, Registres des délibérations du Consulat provisoire, 38).

[32] Moreau à Berthier, Paris, 5 frimaire (A. H. G.).

[33] Gazette nationale du 12 frimaire ; Correspondance de Napoléon, n° 4418.

[34] Maréchal MACDONALD, Souvenirs, 115.

[35] Lecourbe à Moreau, Mannheim, 12 frimaire (A. H. G.).

[36] Moreau à Berthier, Paris, 5 frimaire (A. H. G.).

[37] Lecourbe à Moreau, Mannheim, 12 frimaire (A. H. G.)

[38] Lecourbe à Moreau, Zürich, 30 frimaire (A. H. G.) ; Lecourbe à Bonaparte, Zürich, 6 nivôse (Ibid.) ; Mathieu-Faviers à Moreau, Bâle, 18 frimaire (Ibid.)

[39] Lecourbe à Moreau, Zürich, 30 frimaire (A. H. G.).

[40] Lecourbe à Moreau, Zürich, 30 frimaire. (A. H. G.)

[41] Pichon, secrétaire de légation de la République française en Suisse, au Ministre des relations extérieures, Berne, 20 brumaire (A. H. G.). — Cf. Note du citoyen Bacher au Ministre des relations extérieures, Francfort, 24 frimaire (Ibid.) ; Mathieu-Faviers à Moreau, Bile, 18 frimaire (Ibid.).

[42] Pichon au Ministre des relations extérieures, Berne, 18 pluviôse (A. H. G.).

[43] Lecourbe à Moreau, Zürich, 30 frimaire (A. H. G.).

[44] Lecourbe à Moreau, Zürich, 30 frimaire (A. H. G.).

[45] Lecourbe à Moreau, Zürich, 30 frimaire. (A. H. G.)

[46] Lecourbe à Moreau, Zürich, 30 frimaire. (A. H. G.)

[47] Lecourbe à Bonaparte, Zürich, 6 nivôse (A. H. G.).

[48] Gazette nationale du 4 nivôse.

[49] Moreau à Berthier, Zürich, 8 nivôse (A. H. G.).

[50] Moreau à Berthier, Zürich, 8 nivôse (A. H. G.).

[51] Moreau à Berthier, Zürich, 11 nivôse (A. H. G.).

[52] Moreau à Baraguey d'Hilliers, Zürich, 11 nivôse (A. H. G.).

[53] Moreau à Bonaparte, Zürich, 12 nivôse ; Moreau au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[54] Moreau aux Ministres de la guerre et des finances, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[55] Moreau à Bonaparte, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[56] Moreau au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.) ; Moreau au Ministre des finances, Zürich, 12 nivôse (Ibid.).

[57] Moreau à Bonaparte, Zürich, 12 nivôse et Strasbourg, 27 nivôse (A. H. G.) ; Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 4 et 17 pluviôse (Ibid.) ; Moreau au Ministre de la Guerre, 4 pluviôse (sans indication de lieu) (Ibid.).

[58] Moreau au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[59] Moreau à Bonaparte, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[60] Moreau à Bonaparte et au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.) ; Lecourbe à Moreau, Zürich, 30 frimaire (Ibid.).

[61] Moreau au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[62] Moreau au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[63] Moreau au Ministre de la Guerre, 4 pluviôse (A. H. G.) ; Simonnet à Moreau, Strasbourg, 7 pluviôse (Ibid.).

[64] Moreau à Bonaparte et au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[65] Moreau à Bonaparte, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[66] Gazette nationale du 8 nivôse.

[67] Moreau à Baraguey d'Hilliers, Zürich, 11 nivôse (A. H. G.).

[68] Moreau à Bonaparte, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[69] Moreau au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[70] Moreau au Ministre de la Guerre. Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[71] Correspondance de Napoléon, n° 4413.

[72] Moreau à Bonaparte, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[73] Moreau au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[74] Moreau au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[75] À cette époque, un agent royaliste écrivait de Rastadt, 23 décembre 1799 : « Le général Moreau a donné sa démission à la suite d'une vive querelle avec le gouvernement même et non avec le ministre Berthier, comme le disent les journaux. Ce général comptait avoir des secours pour l'armée qu'il devait commander et qu'on lui a refusés, manque de moyens. » (Arch. de Chantilly, série Z, t. LXX1II, 330.)

[76] Proclamation de Moreau à l'année du Rhin, Bâle, 20 nivôse (A. H. G.). — Cf. Moreau à Bonaparte, Bâle, 2 nivôse. (Fiches Charavay.)

[77] Moreau au Ministre de la Guerre, Zürich, 12 nivôse (A. H. G.).

[78] Moreau à Bonaparte, Bâle, 19 nivôse (A. H. G.) ; Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 21 nivôse (Ibid.).

[79] Schwarz, commandant le 5e régiment de hussards, à Moreau, Kreutzach, 19pluviôse (A. H. G.). ; Rouville, commandant par intérim la 16e demi-brigade, à Moreau, Vieux-Brisach, 26 pluviôse (A. H. G.).

[80] Moreau à Bonaparte, Bâle, 19 nivôse (A. H. G.) :

« Les officiers généraux sont sans moyens et s'il en est, parmi eux, qui jouissent d'une position plus heureuse, c'est qu'ils l'ont obtenue par des moyens indirects, presque excusés par l'état de détresse de ceux qui les ont constamment repoussés. » (Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 21 nivôse (Ibid.).

[81] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 21 nivôse (A. H. G.).

[82] Moreau au Ministre de la Guerre, Strasbourg, 21 nivôse (A. H. G.)

Il était dû à cette demi-brigade six mois de solde et l'habillement de l'an VII (Le chef de la 1re demi-brigade à Moreau, 22 nivôse (A. H. G.). Le 26 nivôse, Moreau demanda au Ministre de la Guerre de faire droit à ses justes réclamations (Ibid.).

[83] Moreau au Ministre de la Guerre, Strasbourg, 21 nivôse (A. H. G.).

[84] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 21 nivôse (A. H. G.)

[85] Le général Eblé, commandant l'artillerie de l'armée du Rhin au Ministre de la Guerre, Bâle, 23 nivôse (A. H. G.).

Par Arrêté des consuls, en date du 13 nivôse an VIII, les charretiers d'artillerie furent organisés en bataillons du train d'artillerie à 5 compagnies chacun, dont une d'élite qui devait être de préférence affectée au service de l'artillerie à cheval. Les chevaux appartinrent désormais à la République. Les bataillons d'une même armée furent placés sous les ordres d'un inspecteur général du train d'artillerie ayant le grade de chef de brigade. A l'armée du Rhin, le centre, l'aile droite et la réserve fuient pourvus de trois bataillons chacun ; l'aile gauche de deux seulement (Note d'Eblé, du 1er floréal (A. H. G.).

[86] Moreau à Bonaparte, Bâle, 19 nivôse (A. H. G.).

[87] Moreau à Lecourbe, Bâle, 19 nivôse (A. H. G.)

[88] Le Ministre de la Guerre à Moreau, Paris, 23 nivôse (A. H. G.).

[89] Le Ministre de la Guerre à Moreau, Paris, 26 nivôse (A. H. G.).

Un Arrêté des consuls, en date du 20 nivôse an VIII, autorisait l'exportation en Suisse de 180.000 myriagrammes de grains, lisait les départements dans lesquels les achats devaient se faire, et déterminait les points de la frontière par lesquels les grains pouvaient être exportés. Le 2 pluviôse, Dessolle écrivit aux administrateurs de ces départements pour accélérer l'arrivée des denrées (Arch. nationales, A FIV, plaq. 21).

[90] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 26 nivôse (A. H. G.) ; Moreau au Ministre de la Guerre, Strasbourg, 30 nivôse (Ibid.).

[91] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 26 nivôse (A. H. G.).

[92] Moreau à Bonaparte, Strasbourg, 27 nivôse (A. H. G.).

[93] Eblé au Ministre de la Guerre, Bâle, 24 nivôse (A. H. G.).

[94] Moreau à Bonaparte, Strasbourg, 27 nivôse (A. H. G.).

[95] Moreau à Bonaparte, Strasbourg, 27 nivôse (A. H. G.).

[96] Correspondance de Napoléon, n° 4522.

[97] Avant d'avoir reçu la lettre de Moreau du 27 nivôse.

[98] Correspondance de Napoléon, n° 4531.

[99] Arch. nat., A FIV 1174.

[100] Le Ministre des finances à Moreau, Paris, 28 nivôse (A. H. G).

[101] « Il est à observer, citoyen général, écrivait Gaudin, que plusieurs de ces départements sont arriérés pour le payement de la solde et pour l'expédition des fonds dont le versement est déjà ordonné dans la caisse du payeur de l'année du Danube ou sur d'autres points. Mais il y a lieu d'espérer que ces déficits seront bientôt comblés. »

[102] Moreau au Ministre de la Guerre, Strasbourg, 30 nivôse (A. H. G.).

[103] Moreau à Bonaparte, Strasbourg, 2 pluviôse (A. H. G.) ; Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 17 pluviôse (Ibid.) ; Dessolle à Bonaparte, Bâle, 17 pluviôse (Ibid.) ; Duroc à Bonaparte, Bâle, 17 pluviôse (Ibid.).

[104] Moreau au Ministre de la Guerre, Bâle, 10 pluviôse (A. H. G.) ; le Ministre de la Guerre à Moreau, Paris, 9 pluviôse (A. H. G.) ; Moreau à Bonaparte, Bâle, 18 pluviôse (Ibid.).

[105] Moreau à Bonaparte, Strasbourg, 2 pluviôse (A. H. G.).

[106] Moreau au Ministre de la Guerre, 4 pluviôse (A. H. G.).

[107] Moreau à Clarke, directeur du dépôt de la guerre, Bâle, 8 pluviôse (A. H. G.).

[108] Moreau à Bonaparte, Bâle, 10 pluviôse (A. H. G.).

[109] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 4 pluviôse (A. H. G.)

[110] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 17 pluviôse (A. H. G.). — Cf. Moreau à Bonaparte, Bâle, 18 pluviôse (Ibid.).

[111] Correspondance de Napoléon, n° 4413.

[112] Moreau à Clarke, Bâle, 8 pluviôse (A. H. G.) ; Moreau à Bonaparte, Bâle, 9 pluviôse (Ibid.).

[113] Moreau au Ministre de la Guerre, 4 pluviôse.

[114] Moreau au Ministre de la Guerre, 4 pluviôse.

[115] Eblé à Dessolle, Bâle, 30 nivôse (A. H. G.) ; Eblé à Moreau, Bâle, 7 pluviôse (Ibid.),

[116] Moreau au Ministre de la Guerre, 4 pluviôse (A. H. G.) ; Rapport du Mathieu-Faviers, Bâle, 10 pluviôse (Ibid.).

[117] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 17 pluviôse (A. H. G.).

[118] Moreau au Ministre de la Guerre, 4 pluviôse, et Bâle, 10 pluviôse (A. H. G.).

Les pertes subies par la cavalerie dans la campagne précédente avaient provoqué la loi du 4 vendémiaire an VIII ordonnant une levée extraordinaire de chevaux pour le service des régiments et des équipages militaires. La levée était du trentième des chevaux ou mulets existant en France ; le Directoire se réservait le droit de porter cette contribution au vingtième pour les pays d'élevage et de la réduire au cinquantième pour les départements où les chevaux étaient en petit nombre. (Bulletin des lois, II, B, 313, n° 3312.)

Pour l'armée du Rhin, les points de rassemblement des chevaux étaient : Mons, Lunéville, Vesoul. (Archives nationales, A FIV, 1180.)

Moreau avait peu de confiance dans le résultat. « Le gouvernement, écrivait-il, sera trompé dans la mesure adoptée pour la remonte... Dans la plupart des départements, à peine le recensement est achevé, ce qui n'est qu'un préliminaire... Un grand nombre de départements ont fait d'ailleurs, pour la fourniture de leur contingent, des abonnements avec des entrepreneurs qui ne présentent à la réception que des chevaux, soit de réforme, soit pas propres au service... Le général en chef ne peut trop presser le gouvernement d'adopter une mesure quelconque pour prévenir cet abus et hâter la fourniture des remontes. » (Moreau à Bonaparte, 4 pluviôse (A. H. G.).

Un arrêté des Consuls du 2 ventôse établit un certain nombre de mesures ayant pour but d'activer les opérations de la remonte, en accordant aux propriétaires des chevaux requis des facilités plus grandes pour le remboursement. (Bulletin des lois, III, B, 7, n° 17.)

Moreau avait vu clair. L'armée du Rhin sera en déficit de 3.000 chevaux au moment de l'ouverture des opérations.

[119] Moreau à Bonaparte, Strasbourg, 2 pluviôse (A. H. G.) ; Moreau au Ministre de la Guerre, 4 pluviôse (Ibid.).

[120] Montigny, commandant la 6e division militaire, à Dessolle, Besançon, 17 pluviôse (A. H. G.).

[121] Moreau à Clarke, Bâle, 8 pluviôse (A. H. G.). — Dessolle estimait même qu'il fallait réunir des approvisionnements pour un mois. (Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 17 pluviôse, Ibid.). Moreau se rangea à cet avis (Moreau à Bonaparte, Bâle, 18 pluviôse, Ibid.).

[122] Moreau à Bonaparte, Bâte, 18 pluviôse (A. H. G).

[123] Cf. Correspondance de Napoléon, n° 4445.

[124] Wickham, ministre plénipotentiaire anglais chargé de l'entretien des contingents bavarois et wurtembergeois.

[125] Moreau à Bonaparte, Strasbourg, 2 pluviôse (A. H. G.).

[126] Moreau à Clarke, Bâle, 8 pluviôse (A. H. G.).

[127] Moreau à Bonaparte, Bâle, 9 pluviôse (A. H. G.).

[128] Moreau à Bonaparte, Strasbourg, 27 pluviôse (A. H. G.).

[129] Correspondance de Napoléon, n° 4522, 4531, 4557 et 4583.

[130] Correspondance inédite de Napoléon, 11 pluviôse.

[131] Moreau à Bonaparte, Bâle, 1er ventôse (A. H. G.).

[132] César Berthier au Ministre de la Guerre, Strasbourg 27 pluviôse (A. H. G.).

[133] Ordre du jour du 2 ventôse : « L'armée, depuis longtemps abandonnée, était en proie à tous les genres de privations ; les sollicitudes du gouvernement et les soins du général en chef mettent enfin un terme à ses souffrances... »

[134] 100.000 francs en lettres de change sur Strasbourg et sur Bâle ; 600.000 francs en lettres de change sur Strasbourg ; 500.000 francs dont une partie avait été apportée par In général Leclerc et dont le reste était arrivé le 17 pluviôse ; 3.000.000 de francs provenant de la Hollande ; 1.000.000 de francs expédiés de Paris le 8 pluviôse. (Correspondance de Napoléon, n° 4557 ; Arch. nat., A FIV, plaq. 31 ; A FIV, reg. 48.)

[135] Ordres du jour du 30 pluviôse et du 4 ventôse :

Le 28 pluviôse le chef de la 53e demi-brigade déclarait à Leclerc « que si on ne payait pas incessamment, il y avait tout lieu de craindre que le corps ne se portât à des excès ». (Leclerc à Dessolle, Colmar, 28 pluviôse (A. H. G.).

[136] Le Ministre de la Guerre à Moreau, Paris, 9 pluviôse (A. H. G.).

[137] Moreau à Bonaparte, Bâle, 27 pluviôse (A. H. G.). — Cf. Moreau Ministre de la Guerre, Bâle, 27 pluviôse (Ibid.) ; Moreau à Bonaparte, Bâle, 1er ventôse (Ibid.).

[138] Arrêtés du 3 ventôse (A. H. G.).

[139] Moreau au Ministre de la Guerre, Bâle, 27 pluviôse (A. H. G.).

[140] César Berthier au Ministre de la Guerre, Strasbourg, 27 pluviôse (A. H. G.).

[141] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 17 pluviôse (A. H. G.) — Prévoyant que le ministre jugerait cette somme exagérée, Dessolle disait : « Tous les services sont abandonnés depuis six mois et il en faut créer tous les moyens. »

[142] Moreau à Bonaparte, Bâle, 18 pluviôse (A. H. G.). — Dessolle et Moreau étaient moins optimistes que Duroc qui écrivait au Premier Consul le 29 pluviôse : « L'argent et les effets arrivés à Bâle et à Strasbourg vont mettre l'année dans la position de commencer une brillante campagne. » (Ibid.)

[143] Moreau à Bonaparte, Bâle, 3 et 7 ventôse (A. H. G.) ; Duroc à Bonaparte, ventôse an VII (sans indication précise de date) (Ibid.). — Dessolle évaluait la quantité de fusils nécessaires à 30.000. (Dessolle au ministre de la guerre, 17 pluviôse (Ibid.) Le Premier Consul se préoccupait très activement de faire combler ce déficit. (Clarke au Ministre de la Guerre, Paris, 6 ventôse, Correspondance inédite de Napoléon.)

[144] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 6 ventôse (A. H. G.).

[145] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 6 ventôse (A. H. G.)

[146] Moreau a Ministre de la Guerre, Bâle, 10 pluviôse et 7 ventôse (A. H. G.) Le 11 ventôse Moreau fixait à 20.000 hommes le chiffre des renforts nécessaires. (Moreau au Ministre de la Guerre, A. H. G.).

[147] Moreau se plaignait de n'avoir pas 12 bataillons d'infanterie légère sur 120, dont se composait l'année. (Au Ministre de la Guerre, Bâle, 10 ventôse, A. H. G.).

[148] Moreau à Bonaparte, Bâle, 7 ventôse (A. H. G.).

[149] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 6 ventôse (A. H. G.). — D'après les rapports parvenus au Premier Consul, une partie du (gouvernement helvétique serait favorable aux Autrichiens (Correspondance de Napoléon, n° 4600.)

[150] Dessolle au Ministre de la Guerre, Bâle, 6 ventôse (A. H. G.).

[151] Moreau à Bonaparte, Bâle, 7 ventôse (A. H. G.).

[152] Correspondance de Napoléon, n° 4626.

[153] Moreau à Bonaparte, Strasbourg, 27 nivôse, et Bâle, 10 ventôse (A. H. G.).

[154] Moreau à Bonaparte, Strasbourg, 2 pluviôse (A. H. G.).

[155] Mathieu-Faviers à Moreau, Bâle, 13 ventôse (A. H. G.) ; Mathieu-Faviers au Ministre de la Guerre, Bâle, 2 germinal (Ibid.).

[156] Moreau à Bonaparte, Bâle, 24 ventôse (A. H. G.).

[157] Clarke à Moreau, Paris, 16 ventôse. (Correspondance inédite de Napoléon.)

[158] Bonaparte à Moreau, Paris, 4 ventôse (Correspondance inédite de Napoléon) ; Moreau à Bonaparte, Bâle, 10 ventôse (A. H. G.).

[159] Moreau à Bonaparte, Bâle, 30 ventôse (A. H. G.).

[160] Arrêté de Moreau du 20 ventôse. « Pour mettre, disait-il, l'habitant des campagnes à l'abri de toute vexation. » (A. H. G.)

[161] Moreau à Bonaparte, Bâle, 30 ventôse (A. H. G.).

[162] Moreau à Bonaparte, Bâle, 17 ventôse (A. H. G.).

[163] Correspondance de Napoléon, n° 4626.

[164] Moreau à Bonaparte, Bâle, 17 ventôse (A. H. G.).

[165] Correspondance de Napoléon, n° 4627.

[166] Moreau à Bonaparte, Bâle, 24 ventôse (A. H. G.).

[167] Ordres de Moreau du 24 ventôse (A. H. G.).

[168] Correspondance de Napoléon, n° 4672. — Le mouvement de concentration de l'armée sur sa droite n'échappa point aux Autrichiens. (K. K. Arch., Deutschland, 1800, III, passim.)

[169] Moreau à Bonaparte, Bâle, 24 ventôse (A. H. G.) ; Moreau à Bonaparte, Bâle, 6 germinal (Ibid.).

[170] Moreau à Bonaparte, Bâle, 30 ventôse (A. H. G.).

[171] Moreau à Bonaparte, Bâle, 1er germinal (A. H. G.).

[172] Collection d'autographes Paul Dablin, n° 432. Vente du 23 mars 1903.

[173] Moreau à Bonaparte, Bâle, 30 ventôse (A. H. G.).

[174] Moreau à Bonaparte, Bâle, 2h ventôse (A. H. G.).

[175] Moreau à Bonaparte, Bâle, 30 ventôse (A. H. G.).

[176] Eblé à Moreau, Bâle, 19 ventôse (A. H. G.).

[177] Mathieu-Faviers au Ministre de la Guerre, Bâle, 2 germinal (A. H. G.).

[178] Mathieu-Faviers au Ministre de la Guerre, Bâle, 2 germinal (A. H. G.).

[179] Mathieu-Faviers à Moreau, Bâle, 25 ventôse (A. H. G.) ; Moreau à Bonaparte, Bâle, 30 ventôse (Ibid.).

[180] Moreau à Bonaparte, Bâle, 30 ventôse (A. H. G.).

[181] Moreau au Ministre de la Guerre, Bâle, 6 germinal (A. H. G.).

[182] Moreau au Ministre de la Guerre, Bâle, 6 germinal (A. H. G.). — Le Ministre de la Guerre reconnut le bien-fondé de cette observation. (Le Ministre de la Guerre à Moreau, Paris, 10 germinal, A. H. G.).

[183] Eblé à Moreau, Bâle, 12 germinal (A. H. G.)

[184] Moreau à Bonaparte. Bâle, 30 ventôse (A. H. G.) ; Eblé à Moreau, Bâle, 12 germinal (Ibid.). — Pour assurer le service de l'artillerie de l'armée, il fallait 8.000 chevaux ; il n'y en avait que 4.067 en état de marcher le 12 germinal. (Eblé au Ministre de la Guerre, Bâle, 12 germinal, Ibid.).

[185] Moreau au Ministre de la Guerre, Bâle, 6 germinal (A. H. G.).

[186] Moreau au Ministre de la Guerre, Bâle, 7 germinal (A. H. G.). — Macdonald avait refusé cet emploi avant le départ de Moreau pour l'armée. (Moreau à Bonaparte, Bâle, 6 germinal, Ibid.). La nomination de Macdonald fut annulée. (Le Ministre de la Guerre à Moreau, 17 germinal, Ibid.).

[187] Moreau au Ministre de la Guerre, Bâle, 6 et 7 germinal (A. H. G.).

[188] Moreau à Bonaparte, Bâle, 9 germinal (A. H. G.).

[189] Moreau à Bonaparte, Bâle, 7, 12, 14 et 18 germinal (A. H. G.).

[190] Correspondance de Napoléon, n° 4605.

La pénurie des fourrages était si grande que le général Leclerc demandait l'autorisation de distraire, pour les besoins des troupes sous ses ordres, des approvisionnements de siège de la place de Belfort, la moitié du foin et des avoines qui s'y trouvaient et qu'il se proposait de partager avec la division du général Lapoype. (Dessolle au commissaire ordonnateur en chef, Bâle, 23 germinal. A. H. G.). Leclerc et Lapoype s'étaient crus autorisés à frapper des réquisitions en fourrages dans les cantons d'Altkirch et de Soultz. Moreau fit connaître le 22 germinal, au commissaire ordonnateur en chef, que son intention formelle était d'éviter les réquisitions partielles à cause des abus qui pouvaient en résulter, (Ibid.)

[191] Moreau à Bonaparte, Bâle, 21 germinal (A. H. G.).

[192] Eblé au Ministre de la Guerre, Colmar, 1er floréal (A. H. G.).

[193] Eblé à Moreau, Bâle, 12 germinal (A. H. G.).

[194] Moreau à Bonaparte, Bâle, 18 et 27 germinal (A. H. G.).

[195] Eblé au Ministre de la Guerre, Bâle, 12 germinal, et Colmar, 1er floréal (A. H. G.).

[196] Correspondance de Napoléon, n° 4433 ; Instruction du Ministre de la Guerre au citoyen Bacler d'Albe, Paris, 2 nivôse (A. H. G.).

[197] Moreau à Bonaparte, Bâle, 21 germinal (A. H. G.).

[198] Moreau à Bonaparte, Bâle, 12 et 18 germinal (A. H. G.).

[199] Moreau à Bonaparte, Bâle, 12 germinal (A. H. G.).

[200] Arrêté du 7 floréal (A. H. G.).

[201] Moreau au-Ministre de la Guerre, Säckingen, 7 floréal (A. H. G.).