HISTOIRE DES DUCS DE BOURGOGNE DE LA RACE CAPÉTIENNE

TOME TROISIÈME

 

CHAPITRE XX. — HUGUES III (suite) - 1189-1192.

 

 

Croisade de 1190. — Préparatifs de la troisième croisade. — Rendez-vous à Vézelay. — Ajournements — Croisés Bourguignons qui précédent l'armée en Terre-Sainte ; les sires de Grancey, de Vergy, de Montréal, de Noyers, de Savoisy, le comte de Chalon-sur-Saône, etc. — Assemblée de Vézelay. — Préparatifs du duc de Bourgogne. — Chevaliers qui l'accompagnent. — Voyages du duc en Dauphiné. — Séjour de Philippe-Auguste à Vézelay et son départ. — Passage de Richard Cœur de Lion. — Philippe-Auguste et Hugues III à Morancé. — Dispositions du duc en faveur de la duchesse. — Le roi d'Angleterre, le roi de France et Hugues III passent l'hiver en Sicile. — Philippe-Auguste envoie Hugues III à Cônes pour obtenir des vaisseaux destinés à conduire les croisés. — Arrivée au siège d'Acre. — Les Bourguignons au siège d’Acre. — Chartes données à Acre. — Victimes de ce siège. — Déport de Philippe-Auguste. — Le duc de Bourgogne nommé connétable de l'armée des croisés. — Dissensions des chrétiens. — Conduite de Hugues III. — Appel fait aux chrétiens d'Orient. — Lassitude des croisés — L'hiver en Terre-Sainte. — Mort de Hugues III à Acre. — Sa descendance.

 

On est assuré que, dès le mois de novembre 1187, le duc de Bourgogne Hugues III, sollicité par lettres du pape Grégoire VIII, avait déjà projeté de partir en Terre Sainte avec les souverains et les grands personnages du royaume[1], pour porter secours aux chrétiens d’Orient menacés, auxquels il ne restait plus pour refuge, après la perte de Jérusalem, que trois grandes places fortes, Antioche, Tyr et Tripoli.

Le 21 janvier 1189, un premier engagement fut pris solennellement dans un colloque entre Trie-Château et Givors[2], puis une grande réunion, successivement ajournée, avait été fixée à Vézelay. C’était un nouvel éclat qui allait augmenter encore la célébrité et la grandeur morale de cette abbaye ; c’était une source de bénéfices pour la basilique de la Magdeleine, objet de vénération pour les fidèles qui s’y rendaient en pèlerinage. Les préparatifs de la troisième croisade durèrent plus de deux ans ; ils furent ralentis par la guerre qui se prolongea entre les rois de France et d’Angleterre ; par la mort du roi Henri II, décédé le 6 juillet 1189 ; par le couronnement de son fils Richard Cœur de Lion ; par la mort de la reine de France le 15 mars 1190.

Le rendez-vous, d’abord indiqué pour les fêtes de Pâques 1190[3], ne put avoir lieu, les souverains ayant reconnu, dans une entrevue au gué de Saint- Remy, qu’ils ne pourraient être prêts en ce moment, vu la difficulté de réunir à jour fixe une armée recrutée dans divers royaumes. Ils s’ajournèrent à la saint Jean, et, après un nouveau retard, ils arrivèrent à Vézelay le 4 juillet 1190[4]. Suivant le récit du moine de Saint-Marien d’Auxerre, bien placé pour connaître les faits, jamais assemblée ne suscita dans les masses un aussi grand enthousiasme[5] ; le mouvement qui poussait les fidèles en Orient était bien plus considérable que dans les expéditions précédentes.

L’impatience d’un certain nombre de croisés avait triomphé de ces lenteurs, et beaucoup étaient partis sans attendre le délai indiqué. Ici, nous sommes aidés par des documents, par des chartes inédites, qui, comme précision, laissent bien en arrière toutes les chroniques connues.

Eudes II, seigneur de Grancey, qui depuis quatre ou cinq années était entré dans l’ordre des chevaliers du Temple (en 1185), et devait passer de longs jours dans cette résidence de la commanderie de Bures[6], où il avait fait profession, détermina ses enfants à porter secours aux chrétiens menacés. Ses fils étaient partis au premier appel fait par le célèbre Guillaume, archevêque de Tyr. Le 25 octobre 1189[7], Renaud de Grancey et son frère Milon étaient déjà au siège d’Acre, en compagnie d’Amédée d’Arceau, leur beau-frère[8], de Gui de Gurgy, de Guillaume du Fossé, du templier Hardoin de Montbéliard, du templier Guillaume, auparavant chapelain de Saulx. Renaud et Milon de Grancey donnèrent aux chevaliers du Temple une partie de leurs domaines de Poinçon[9] et de Bussières[10], et succombèrent la même année[11]. Ils furent, à notre connaissance, les premiers Bourguignons victimes de ce siège long et meurtrier, qui est resté l'un des épisodes le plus brillant des âges chevaleresques.

En 1189, Hugues, seigneur de Vergy, en partant pour Jérusalem, vint au chapitre général de Cîteaux, et céda aux religieux des droits de pâturage qui avaient longtemps été l’objet de débats[12]. Son père, Gui de Vergy, sire de Beaumont-sur-Vingeanne et d Autrey, quoique déjà vieux, voulut aussi faire partie de l’expédition. On a de lui un document important et inédit, daté du siège d’Acre, en 1191, quand il gratifia les chevaliers du Temple d’un domaine à Autrey, et d’un droit d’usage dans ses bois pendant trois ans, jusqu’à ce qu’il fût de retour de Terre-Sainte[13].

Mile, seigneur de Chaumont-en-Bassigny, pour se procurer les moyens de faire le voyage, fut obligé de céder au comte de Champagne, à titre de reprise en cas de retour, son important domaine de Chaumont[14]. Le sénéchal de Bourgogne, Anséric de Montréal, n’avait pas attendu le départ de l’armée pour se mettre en voyage, il s'était embarqué dès 1189. Outre les documents qui le constatent, on sait par le rapport de Gui de Basoches, chantre de la cathédrale de Châlons-sur-Marne[15], qu’il avait précédé le comte de Champagne avec Erard, comte de Brienne, André de Ramerupt et Geoffroi de Joinville. Sibylle de Bourgogne, femme d’Anséric et cousine germaine du duc Hugues III, approuva, après le départ de son mari, les donations faites par lui à Cîteaux[16].

Jean, seigneur d'Arcis-sur-Aube et de Pisy, près Montréal, frère du sénéchal Anséric de Montréal, prit la croix avec lui, ainsi que Gui de Dampierre, Gaucher, sire de Château-Renard, Daimbert de Seignelay[17].

Les sires de Savoisy se signalèrent par leur zèle, et plusieurs seigneurs de cette maison étaient déjà sur la route de Jérusalem avant le départ des souverains. André, sire de Savoisy, avait fait à l’abbaye de Fontenay des concessions qui furent ratifiées par Manassès de Bar-sur-Seine, évêque de Langres, en 1189[18]. Il céda aux religieuses du Puits d’Orbe tout ce qu'il possédait à Verdonnet, sauf le droit de garde, et fit route avec Savaric de Fontaine et Jean de Sennevoy[19]. Adam de Savoisy, fils de Gui, autorisé par sa femme Ermengarde, voulut se procurer des ressources pour parfaire l’expédition, et mit en gage à l’abbaye de Fontenay le territoire de Planay, moyennant une somme de dix livres, à condition de pouvoir le racheter à son retour ; les religieux devaient garder la possession entière du domaine dans le cas où il mourrait en route[20].

Clérembaud de Noyers, croisé en 1188[21], ne partit que l’année suivante[22] avec son frère Gui, sire de Lagesse[23], qui s’était enrôlé dans la milice du Temple, ainsi que Gui et Etienne de Pierre Perthuis, ses cousins[24], Humbert d’Argenteuil, son neveu ; Hugues de Moulins, Jean et Geoffroy d’Arcy-sur-Cure, Jobert de Bar[25]. Guillaume, comte de Chalon-sur-Saône, vint au moment de son départ à l’abbaye de la Ferté-sur-Grosne, se recommander aux prières des religieux ; il reconnut les dotations faites par son père et les fit approuver par sa fille Béatrix et par Etienne, comte d’Auxonne, son mari[26]. Parmi les autres croisés qui sont rappelés par des donations faites à La Ferté, citons encore Simon de Semur-en-Brionnais, beau- frère du duc de Bourgogne, et Lambert d’Epiry, prévôt de Montaigu[27].

André de Molème, fils de feu Mile de Molème, se procura de l’argent en mettant son fief en gage, moyennant soixante livres Provinoises que lui donnèrent les religieux de Molème[28]. Un semblable motif détermina Robert des Ricey, dit le Petit, qui engagea au même monastère sa terre de Gigny, pour dix livres[29]. Girard le Bret, seigneur d’Asnières, fils de Barthélemy de Fontaines et neveu de saint Bernard, concéda aussi, en 1189, ses pâturages d'Asnières à l’église des religieux de Jully, pour dix livres et une vache qui fut donnée à sa femme Marguerite, par devant Mathilde de Bourgogne, comtesse de Tonnerre[30].

Pendant ce temps, Hugues III se donnait de grands mouvements pour trouver les ressources indispensables à l’accomplissement d'une semblable expédition. Sa situation était fort embarrassée depuis la lourde rançon à laquelle il avait été condamné par le roi et dont il n'avait encore versé qu’une faible partie. La province ruinée par la guerre, ses sujets obérés par des exactions de toute nature, les populations rurales plongées dans la misère, ne pouvaient lui venir en aide. Dans l’impossibilité de tirer aucun subside de ses possessions de Bourgogne, il parcourut ses domaines du Viennois et du comté d’Albon avec sa femme Beatrix. D’un premier voyage qu’il avait fait en 1188, il avait dû tirer quelque ressource. A Vienne, il donna une charte de vente de droits de péage aux religieux Cisterciens de Notre-Dame de Léoncel[31]. A Briançon, il céda aux religieux et au vénérable Guillaume, prieur de l’église d’Oulx, le droit de dîme sur les vignes[32]. A Grenoble, il abandonna aux moines de Sainte-Croix le désert de Lachoères pour y faire de la culture et y établir un ermitage[33]. Toutes ces concessions n’étaient assurément pas gratuites. Il revint au mois de mai 1189 en Dauphiné avec ses chambellans Robert de Touillon et Mathieu d’Etais, et passa deux actes à Césane (province de Turin, Italie), en faveur de ce riche monastère d’Oulx, qui fut mis en possession des dîmes sur les mines d’argent dont les dauphins de Viennois retiraient un dixième du produit[34].

Six mois après, en novembre 1189, il y fit un nouveau séjour, et procéda dans la ville de Saint-Vallier à la levée et au rassemblement des troupes[35] qui devaient se croiser avec lui et partir sous la bannière de Philippe-Auguste. Par mesure de prudence et pour éviter l’encombrement des troupes suivant le même itinéraire, les souverains espacèrent leur départ et partirent successivement à un mois de distance. Le premier qui prit la mer fut l’empereur Frédéric Barberousse ; il s’embarqua dès la fin d’avril 1190, avec Richard de Mont- faucon, l’archevêque Thierry de Montfaucon, son frère ; Henri, évêque de Bâle ; les abbés de la Charité et de Rosières ; Gauthier, sire de Salins ; Gilbert de Faucogney, vicomte de Vesoul ; Guillaume de Pesmes ; mais l’empereur ne put prendre part au siège d’Acre ou Ptolémaïs ; il mourut le dimanche 4 des ides de juillet[36].

Le départ de Henri, comte de Champagne, précéda également celui du roi de France ; il partit à la fin de mai 1190, avec Thibaud, comte de Blois, et Etienne, comte de Sancerre, ses oncles ; Raoul, comte de Clermont, et nombre d’autres chevaliers champenois[37]. Son passage à Vézelay eut lieu un mois avant celui des souverains[38]. Ce n’est que le 24 juin 1190 que Philippe-Auguste alla prendre l'oriflamme à Saint-Denis ; le 4 juillet il arriva à Vézelay, comme nous l’avons déjà dit, en compagnie de Richard Cœur de Lion. Un certain nombre de croisés l'attendaient[39] : Hugues III, duc de Bourgogne ; Pierre de Courtenay, comte d’Auxerre et de Nevers ; Alvalo de Seignelay et son parent Etienne de Brives[40] ; Guillaume, comte de Joigny[41] ; Milon, sire de Champlav ; Narjod de Toucy ; Guillaume des Barres, surnommé l'Achille de son temps, l’un des plus vaillants chevaliers du monde ; Guillaume et Dreux de Mello, non moins illustres, ce dernier surtout qui devait bientôt, à la suite d’éclatants succès, occuper les fonctions de connétable de France[42] ; Jocelin d’Avallon, qui donne en partant[43], aux religieuses de Crisenon, une rente sur ses moulins d’Arcy-sur-Cure.

Philippe-Auguste séjourna une partie de juillet à Vézelay, et ne quitta cette ville qu’à la fin de ce mois[44], pour s’acheminer sur Lyon, en passant par Corbigny dans la Nièvre, Perrecy en Charollais, Morancé, près Villefranche[45]. Pendant ce temps, le duc de Bourgogne repartit à Dijon où il devait prendre ses dispositions dernières, s'engageant à rejoindre son souverain à Lyon vers la mi-août, quand il aurait réuni les autres croisés qu’il devait emmener, et qui n’avaient pu se trouver tous à Vézelay. Les préparatifs de cette expédition étaient bien plus sérieux que dans les campagnes précédentes ; on écartait la cohue impropre aux armes, et comme si l’expérience du passé avait dû porter ses fruits, on évitait la vieille route des pèlerinages pour gagner la voie de mer ; les plus belles armées qu’eût jamais équipées l’Europe féodale allaient se diriger vers la Palestine.

En dehors des personnages du duché qui avaient précédé le duc Hugues III, il conduisait une foule de chevaliers, suivis de troupes dont il est impossible de déterminer l’importance. Manassès de Bar-sur- Seine, évêque de Langres, que nous retrouverons bientôt à Gênes et à Acre, partit avec lui. Lambert de Bar, archidiacre de Langres, et Godefroy de Beaune, familier du duc, paraissent aussi dans une charte datée de Gênes[46]. Euvrard, prévôt de Dijon, et Boin, prévôt de Châtillon, deux des principaux officiers de la cour ducale, firent à ce moment plusieurs donations à l’abbaye de Cîteaux[47], pour attirer les bénédictions du ciel et obtenir un heureux succès dans ce voyage.

Aimon, sire de Til-Châtel, avant de partir, donne aux Templiers, avec l’approbation de son frère Gui, le territoire de Fontenottes, qui devint ensuite le siège d’une commanderie[48]. Raoul, frère d’Hildéric de Bierry, fait en même temps un legs aux religieux de l’abbaye de Mores[49]. Le connétable Aimon de Marigny, relevant d’une grave maladie, ne put partir et figure ici comme témoin dans les chartes de 1191. Eudes d’Issoudun, fils de Mathilde de Bourgogne, comtesse de Tonnerre, n’ayant pas de ressources pour subvenir aux dépenses de cette expédition, fut contraint d’accorder des franchises aux habitants d’Issoudun, de concert avec sa femme Ala[50].

Mathieu d'Etais, chambellan du duc, la fleur de la chevalerie bourguignonne, dont le nom paraîtra si souvent sous le règne d’Eudes III, donna aux moines de Fontenay des droits de pâturages dans ses domaines de Puits et d'Etais[51], mais il ne partit qu’en 1191[52]. Eudes le Roux, chevalier de Maisey, sur le point de quitter la Bourgogne, donna, sous le sceau de Manassès de Bar-sur-Seine, évêque de Langres, ses prés de Maisey et une vigne sise à Massingy, aux chanoines de Notre-Dame de Châtillon-sur-Seine[53].

Citons encore, avec quelque certitude, divers personnages dont les donations à cette époque sont motivées par le voyage de Terre-Sainte, bien que les documents n’en mentionnent pas toujours l’objet ; quelques-uns reçoivent des indemnités pécuniaires : Joubert de Soussey, fils de Renier de Soussey[54] ; Hugues et Ponce de Gigny[55] ; Henri, fils de Hugues de Gerland[56] ; Etienne de Cissey[57] ; Humbert de Villaines[58] ; Simon de Bricon[59] ; Girard de Chaudenay[60] ; Henri et Guillaume de Salives[61] ; Othe de Saulx[62] ; Aimon de Rouvres-sur-Aube, chevalier, et les frères Girard, Roger et Joubert de Rouvre[63] ; Jobert de Nuilly, chevalier[64] ; Mathieu de Laignes et son frère Arnoult[65] ; Viard, vicomte de Tonnerre[66] ; Eudes de Grancey, frère de Jobert, abbé de Fontenay et de Mile, abbé de Saint-Etienne de Dijon[67] ; Guillaume, sire de Ravières[68] ; Anseau, sire de Duesme[69] ; Aimon de Quemigny[70] ; Garnier de Fontaines-lès-Dijon et son frère Barthélemy[71] ; André de la Brelenière[72] ; Barnuin de Drées, chambellan du duc[73], et Jean de Drées, son fils[74] ; Simon, sire de Clermont[75] ; Etienne et Bernard de Grandchamp, frères[76] ; Philippe de Neublans[77] ; Gauthier, sire de Sombernon[78] ; Etienne d’Argenteuil[79].

Nous retrouverons encore d’autres noms au siège d’Acre ou Ptolémaïs.

Richard Cœur de Lion n’avait fait que passer à Vézelay, et n’y avait pas séjourné comme Philippe-Auguste, car s’il était dans cette ville le 4 juillet 1190, il était à Lyon le 41 du même mois, et signait un diplôme en faveur des religieux de Cîteaux et de son vénérable ami l’abbé Guillaume[80]. Quant au roi de France, il est certain qu’il passa toute une partie de juillet à Vézelay, et n’était arrivé à Lyon que peu avant le 15 août. Peut-être fut-il arrêté par le retard de ses féodaux qui n’avaient pu se trouver tous ensemble au rendez-vous[81]. Il ne se contenta pas seulement d’y passer son temps en revues, en fêtes militaires ou religieuses. Les actes qu’il y souscrivit sont là pour attester que chez lui l’activité de l’administrateur égalait le courage du guerrier[82]. Nous insistons sur ce point qui est en contradiction avec tous les auteurs ; c’est à Vézelay et non à Lyon que se séparèrent les rois de France et d’Angleterre. Le duc de Bourgogne s’employait activement pour réunir ses vassaux. Tout le mois de juin avait été employé à parcourir la province ; après son retour de Vézelay, il avait été occupé par le soin de ses dernières dispositions, et vers le 1er août, était entré solennellement, avec toute sa famille, au chapitre de Saint-Bénigne, comme les rois à Saint-Denys, pour se recommander aux prières des religieux. A Cîteaux, il laissa les traces de sa libéralité[83], et le vendredis août, il était à Beaune[84], d’où il se rendit à l’abbaye de Maizières, iter Jherusalem aggrediens[85].

Ce n’est que quelques jours après que le duc Hugues III rejoignit Philippe-Auguste à Morancé, aujourd’hui commune du canton d’Anse, entre Ville- franche et Lyon. Il était accompagné des personnes de sa maison qui lui faisaient escorte, de son fils Eudes, de Guillaume d'Orgeux, chevalier ; de son chambellan Mathieu d’Etais, qui parait avoir succédé à Girard de Réon ; de son notaire Hugues ; du nouveau prévôt de Dijon Jehan li Roset, nommé à la place d’Euvrard, partant en Terre-Sainte[86]. Hugues III voulant éviter, pendant son absence, des ennuis à la duchesse Béatrix qui, comme belle- mère d’Eudes, pouvait avoir quelque dissentiment avec lui, fit régler par le roi de France, à Morancé, les dispositions qu'il voulait arrêter à son égard. Eudes devait avoir le gouvernement du duché ; mais on convint que si Béatrix voulait aller dans sa terre de Vienne ou dans son comté d’Albon, elle pourrait le faire vers le carême et y rester pendant un an avec son fils, et revenir avec lui, si les exigences le rappelaient plus tôt en Bourgogne. Il fut entendu que si le duc mourait dans cette expédition, la duchesse aurait la faculté de se retirer dans son comté, son fils devant employer tous les moyens de l’y faire conduire. Eudes s’engageait en outre à prendre la défense de sa belle-mère, et à ne lui susciter aucun embarras pour la jouissance de sa dot et de son douaire. Les officiers ordinaires de la cour de France assistèrent à la passation de ce diplôme.

Richard Cœur de Lion s’était embarqué à Marseille avec vingt galères armées et trois vaisseaux ronds à voiles ; nos princes prirent leur route par les Alpes dans l’intention de partir du port de Gènes ; ils n’avaient quitté Lyon que vers le 15 août, époque où nous trouvons avec eux Gauthier, évêque d’Autun ; Robert, évêque de Chalon, et Renaud, évêque de Mâcon[87], et ne durent sortir du port de Gènes qu’en septembre.

Leur voyage sur mer ne fut pas heureux. Poussés par les vents contraires, ils furent jetés sur les côtes de Sicile à la fin de septembre[88], et se virent obligés de passer l’hiver à Messine. Ils avaient éprouvé de grands dommages par la violence de la tempête, et beaucoup y avaient perdu partie de leurs bagages. Pour les indemniser, Philippe-Auguste gratifia le duc de Bourgogne de mille marcs d’argent ; Pierre de Courtenay, comte d’Auxerre et de Nevers, de six cents ; Guillaume des Barres, de quatre cents. Guillaume de Mello reçut quatre cents onces d’or ; Mathieu de Montmorency, trois cents ; Dreux de Mello, deux cents, et un certain nombre d’autres pareille somme[89].

A son arrivée en Sicile, Richard Cœur de Lion, avec sa nature hautaine et brouillonne, commença par avoir des difficultés avec les habitants du pays, dont il aurait dû ménager la susceptibilité. La population de Messine, où il se comporta comme en pays conquis, se révolta. Il fallut des négociations entre les seigneurs de Sicile et ceux de France pour amener le roi d’Angleterre à de meilleurs sentiments. Le 4 octobre, Hugues III, duc de Bourgogne, Manassès, évêque de Langres, Pierre de Courtenay, Geoffroy, comte du Perche, et autres, essayèrent, mais sans trop de résultat, de rétablir le bon accord entre Richard et les habitants de Messine[90].

Brouillé avec ses hôtes, le roi d’Angleterre ne tarda pas à indisposer Philippe-Auguste, le duc de Bourgogne, et les seigneurs des armées alliées ; il eut une altercation des plus vives avec Guillaume des Barres, à propos d’un sujet très futile, se rappelant sans doute avoir été malmené par lui dans une affaire près de Mantes, où il avait failli être prisonnier quelques mois auparavant[91]. Chaque jour s’élevaient des contestations entre les croix vertes que portaient les Anglais et les croix rouges des Français.

Le 8 octobre les deux souverains jurèrent en présence du peuple et de leurs barons qu’ils se porteraient réciproquement secours pendant toute la durée de l’expédition, et que leurs troupes marcheraient d’un commun accord ; les chevaliers s’engagèrent par de semblables serments[92].

Le jour de Noël 1190, Richard Cœur de Lion, étant au château de Montagriffon, qui lui avait été assigné comme résidence, réunissait à sa table le roi de France et ses officiers ; le duc de Bourgogne ; Renaud, évêque de Chartres ; Guillaume, comte de Joigny ; Pierre de Courtenay, comte d'Auxerre et de Nevers, etc. On vint leur apprendre que les habitants avaient fait irruption sur les galères du roi d’Angleterre et que plusieurs de ses hommes étaient blessés. Ils sortirent de table à la hâte, et prirent leurs armes pour aller leur porter secours ; mais la nuit étant venue, ils furent forcés de se retirer. Le lendemain matin, à l’heure de la messe, il y eut un nouveau tumulte à l'église des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, où le peuple était réuni ; les habitants tuèrent l’un des matelots ; ceux-ci prirent fait et cause pour leur compagnon ; il en résulta une mêlée qui dégénéra en un véritable combat, et laissa des victimes de part et d’autre. L’arrivée des souverains et des barons mit fin à cette lutte, et la paix fut rétablie non sans peine[93].

Le séjour prolongé de cinq ou six mois, de ces troupes de nationalités différentes, condamnées à l’oisiveté et très peu disciplinées, ne pouvait manquer de faire naître de fréquentes collisions. Tancrède, roi de Sicile, fatigué de la présence de ces hôtes incommodes, s’efforça de semer la division parmi les croisés, en faisant de faux rapports aux uns et aux autres. Le 1er mars 1191, Richard se rendit de Messine à Catane, où le roi Tancrède était venu au-devant de lui pour le recevoir dans son palais et lui faire de magnifiques présents. Au moment du départ du roi d’Angleterre, Tancrède lui insinua que Philippe-Auguste était animé contre lui des sentiments de la plus basse jalousie, que le duc de Bourgogne lui avait apporté de sa part des lettres compromettantes, par lesquelles il s’offrait de mettre en déroute l'armée de Richard, s’il voulait se joindre à eux[94]. Ces propos et ces insinuations perfides, que nous ne citons qu’à cause de la présence du duc de Bourgogne, ne paraissent pas mériter grande créance.

Les croisés étaient tous préoccupés des moyens de sortir de cette île. Dès le mois de janvier 1191, Philippe-Auguste avait chargé le duc de Bourgogne de se rendre à Gênes et lui avait donné plein pouvoir de traiter avec les magistrats de cette ville pour s'assurer des vaisseaux en nombre suffisant. Hugues III, accompagné de Guillaume d'Etampes, de Hugues de Moolein, de Guillaume Lambert, de Vienne, et de plusieurs autres, arriva les premiers jours du mois suivant, et passa un premier traité avec les habitants de Gênes le jeudi 15 février 1191 ; il déclara aux consuls qu’il prenait les habitants sous sa protection et sauvegarde, qu’il s’efforcerait d’empêcher tout dommage causé à leur détriment, qu’ils auraient droit de passer sur ses terres de Bourgogne, en payant seulement les droits de péage, savoir : à Dijon, dix deniers par chariot pour entrer, autant pour la sortie ; à Chalon, six deniers pour l’arrivée, autant pour le retour ; six deniers à Châtillon ; deux deniers à Chagny ; huit deniers à Beaune avec retour sans indemnité, etc.[95]

Le lendemain, vendredi 16 février, Hugues III, qui s’intitule légat de Philippe, roi de France, passa un autre traité avec les consuls de Gênes pour le transport des croisés en Terre-Sainte. Il s’engagea à payer cinq mille huit cent cinquante marcs d’argent pour le passage de six cent cinquante chevaliers, mille trois cents écuyers et autant de chevaux, que les Génois se chargeaient de transporter sur leurs vaisseaux, avec armes, bagages, vivres des hommes et des chevaux pour une durée de huit mois, provision de vin pour un mois seulement, etc. Le duc ne put verser comptant que deux mille marcs, et promit de payer le reste au milieu de juin suivant, soit par lui-même, soit par ses envoyés[96]. Le 1er mars, Hugues III était de retour en Sicile, comme nous l’avons vu, et rendit compte au roi de sa mission. Il était temps que les croisés quittassent ce royaume, Partis de Messine le 25 mars 1191, c’est seulement le 13 avril, veille de Pâques, qu’ils arrivèrent devant Acre ; mais dans quelle triste situation trouva-t-on les assiégeants ! Les deux tiers de l’armée chrétienne avaient péri, et de cette foule de guerriers, partis à des époques différentes, bien équipés et pleins d’enthousiasme, à peine restait-il cinq mille hommes, mal armés, mal vêtus, exténués par la privation de nourriture et la chaleur du climat[97]. L’arrivée des renforts ranima leur courage si éprouvé par un siège qui durait depuis près de deux ans. Les nouveaux venus ne retrouvaient plus la plupart des compagnons qui les avaient précédés dans cette expédition, et ceux qui avaient eu la bonne fortune de survivre ne purent que faire le récit de leurs malheurs, des assauts infructueux précédemment tentés, et des événements funestes qui avaient déterminé la mort de leurs frères d’armes.

A la première attaque de cette place, le 4 octobre 1189, le grand maitre du Temple et André de Ramerupt étaient restés sur le champ de bataille[98].

Renaud de Grancey, Mile de Grancey, Amédée d’Arceau, Gui de Gurgi, Guillaume du Fossé, Pierre Médaille, Hardouin de Montbéliard, qui paraissent au siège d’Acre le 25 octobre 1189, ne se retrouvent plus après cette date et durent succomber dans le courant de cette année. Erard de Chacenay[99], et son parent Jean d’Arcis-sur-Aube[100], qui faisaient partie du corps d’armée du comte de Champagne, arrivé à Acre le 27 juillet 1190[101], ne devaient plus revoir le sol natal.

Barnuin et Jean de Drees, son fils, succombèrent également, puisque leurs veuves firent, deux ans après, un traité avec les Templiers pour les donations faites par eux de leur domaine d’Avosne[102].

Après le combat du 2 octobre 1190, Clérembaud de Noyers, atteint par des blessures qui avaient mis ses jours en danger, ayant reçu quelque signalé service du templier Etienne, précepteur de Corbeil, dicta une lettre touchante le 30 du même mois, dans laquelle il s’adressait à son très digne frère Hugues, évêque d'Auxerre, à sa très chère mère Adeline, à sa très fidèle épouse Ade, à son très cher fils Mile, à sa tendre fille Adeline. Il déclarait que, se sentant malade de corps mais sain d’esprit, il faisait don à la maison des hospitaliers d’Arbonne d’une rente de cent sols à prendre sur sa terre, sise entre Noyers et Sainte- Vertu, à condition qu'Etienne, précepteur de Corbeil, occuperait, posséderait et dirigerait cet établissement d’Arbonne, sa vie durant. Ces conventions furent acceptées par frère Oger, alors grand précepteur de ladite maison des hospitaliers de Jérusalem, en présence des templiers Gauthier de Braholget, Robert de Lain, Pierre d’Ate ; des chevaliers Etienne de Pierre-Perthuis, dit le Borier, son parent, de Bove d’Etaules[103], d'Humbert d’Argenteuil[104], etc. L’acte fut passé au siège d’Acre, sous les tentes ou pavillons de l’ordre de Jérusalem, et rédigé par Baudouin, écrivain des hospitaliers de Tyr[105].

Gui de Noyers, sire de Lagesse, chevalier du temple et frère de Clérembaud, probablement atteint par l’épidémie, fit une fondation en faveur des hospitaliers de Sacy, près Vermanton[106], et mourut peu après[107]. Hugues III, duc de Bourgogne, donna aussi à Acre, en mai 1191, une charte en faveur des Templiers[108]. Il attesta que Viard d’Uchey[109] avait donné aux templiers de Jérusalem résidant soit à Dijon, soit à Cromois, Grimolois ou Véronnes, des droits d’usage dans ses forêts de Genlis. Ce document relate la présence de croisés Bourguignons encore non cités : Etienne de Fauverney ; Gaucher, sire de Sombernon ; Gui de Vaux ; Jean d’Uchey, Eliasset de Saci ; Guillaume d'Etaules ; Benoit de Genlis. Il nous apprend le décès de Maurice de Genlis qui s’était enrôlé dans la milice du Temple.

Parmi les actes inconnus jusqu’ici qui furent donnés à ce siège mémorable, citons encore la donation de Hugues de Bourbonne aux chevaliers du temple de Salomon, à savoir de droits sur son domaine de Genrupt[110]. Les croisés témoins de cette libéralité furent Hugues de Beynel, Arard ou Erard de la Ferté-sur-Amance, Geoffroy Morel et son fils Erard, Ymbelin, fils d’Aubert du Vaux ; le templier Guiard Escoflée[111].

Une pièce curieuse, également de 1191, est la seule qui nous fasse connaître la part que prirent à ce siège le fameux Eudes le Champenois de Champlitte, Calo de Grancey, Garnier de Broin et autres qui assistent, ainsi que Manassès, évêque de Langres, Gauthier de Sombernon, Etienne de Fauvernev, à une donation aux Templiers par le vieux Gui de Vergy, sire de Beaumont et d’Autrey[112].

On peut voir dans le Cartulaire de l'Yonne[113] le testament de Gui de Pierre-Perthuis qui, sur le point de mourir à Acre, s’adressait à sa femme et dictait ses dernières volontés, en présence de son neveu Etienne, de Narjod de Touci, d’Hugues de Moulins, de Seguin et Guillaume de Chaudenay, de Gauthier de Saulx, de Geoffroy d’Asnières[114] ; Herbert, vicomte de Clamecy, Simon de Maisy, Geoffroy Foucher[115], tous chevaliers, et de Mathieu, chapelain de Corbigny.

Barthélémy de Vignory et son fils Gui sont comptés au nombre des victimes de ce siège[116].

Richard Cœur de Lion n’arriva que près de deux mois après Philippe-Auguste dans l’armée des Croisés, le 8 juin 1191. Le 12 juillet suivant, Acre capitula ; Dreux de Mello fut chargé de faire le partage des prisonniers[117]. Les deux souverains se divisèrent la ville pour y loger leurs troupes : le roi de France vint habiter la maison des Templiers, pendant que le roi d’Angleterre s’installa dans le palais. Mais malgré la victoire que l’on venait de remporter, les discussions des chefs menaçaient de compromettre le succès de cette expédition. Dans ces conjonctures, Philippe-Auguste tomba malade ; son perfide allié vint le visiter ; non pour lui apporter des consolations, mais pour lui insinuer méchamment que son fils Louis était mort. Le roi appela le duc de Bourgogne et Guillaume des Barres pour leur demander s’ils n’avaient rien appris d’un si funeste accident. Le duc de Bourgogne lui répondit : « Despuis que vous venistes au siège d’Acre, vaissel ne vint d'Otre-mer, qui tel noveles aportast. Mais li roi d’Engleterre le vos dist par félenie et par malice, car il vos cuide trobler en la maladie, dont vous ne deussiez mais lever dou lit[118]. »

Le 22 juillet, comme Richard Cœur de Lion était dans son palais occupé à jouer aux échecs avec ses officiers, le duc de Bourgogne, Guillaume de Mello et Robert, évêque de Beauvais, vinrent le saluer de la part de Philippe-Auguste : Je sais, dit Richard, ce que vous venez me demander. Votre roi désire rentrer en France, et vous réclamez pour lui la permission de partir ; ce serait un opprobre de vous retirer sans avoir terminé l’œuvre pour laquelle nous sommes réunis. Sire, répondirent-ils, si le roi ne peut quitter ce pays, il mourra. Huit jours après, Philippe fit demander de nouveau le consentement de son allié pour partir, et l’obtint. Il abandonna au duc de Bourgogne sa part de butin et de trésors, le constitua connétable et chef de son armée sous le commandement en chef du roi d’Angleterre[119], puis fit voile vers la France, le 31 juillet 1191, non sans essuyer les reproches des gens d'armes et des trouvères, qui firent d'amers sirventes sur sa départie[120]. Il faut avouer que le duc Hugues III n’avait ni la sagesse, ni la prudence nécessaires pour conduire une telle armée, et surtout pour faire taire les sourdes hostilités qui agitaient les croisés. Car les barons ne s’entendaient guère mieux que les souverains, et au lieu de marcher d’un commun accord pour maintenir la puissance chrétienne si compromise en Orient, ils s’épuisaient en de vaines et coupables intrigues, que l’épidémie et les fléaux de toutes sortes ne purent arrêter. Ces discordes ne profitaient qu’à Saladin, et étaient d’autant plus blâmables, que, pour la première fois depuis l’origine des croisades, l’islamisme retrouvait, sous la pensée et la direction d’un grand chef, la formidable unité politique de ses anciens jours.

Le 8 août, le duc de Bourgogne accompagné de Philippe, évêque de Beauvais, de Gui de Dampierre et de Guillaume de Mello, lut envoyé à Tyr, vers le roi de Jérusalem Conrad, marquis de Montferrat. Il en revint le 12 à Acre, amenant avec lui les prisonniers ennemis qui se trouvaient dans le lot du roi de France. On les conduisit huit jours après (20 août 1191) en présence de l’armée de Saladin, et on leur fit cruellement trancher la tête[121], au nombre d’environ quinze cents[122]. Pendant ce temps on rétablissait les fortifications d’Acre, on creusait les fossés et on construisait un mur d’enceinte[123]. Le duc de Bourgogne était installé dans la commanderie du Temple, précédemment occupée par le roi de France.

Les premiers jours de septembre, l’armée chrétienne tout entière se mit en marche, et le 9 il y eut une rencontre avec les troupes de Saladin, à Arsouf ou Arsur. Le duc Hugues III conduisait la troisième colonne des croisés, comprenant les chevaliers du Temple. Ce corps, un moment enveloppé par les forces considérables de l’ennemi, perdait beaucoup de monde, quand Richard Cœur de Lion, accourant aux cris des blessés et des mourants sur le champ de bataille, fit changer la face des choses, délivra ses alliés d’une perte certaine et décida du sort de cette grande journée, à la suite de laquelle les Musulmans furent poursuivis et taillés en pièces[124].

Les faits sont rapportés ainsi par les chroniqueurs Roger de Hoveden, Benoit de Peterborough, Raoul de Diceto et autres[125], mais l'un d’eux, plus favorable à la cause du roi d’Angleterre, et voulant rehausser l’éclat de la victoire du monarque, donne à entendre que le duc de Bourgogne aurait pris la fuite, Dux enim Burgundiæ fugit[126]. Nous croyons que c'est une inexactitude dont l'invraisemblance ne mérite pas d'être discutée[127]. Ce que l’on sait du caractère de Hugues III écarte une telle accusation ; il avait de grands défauts, il était inconséquent, enleveur de damoiselles et détrousseur de grands chemins, mais il était d'une bravoure éprouvée, et le jugement que porte sur lui Joinville mérite plus de créance quand il dit, que Hugues fut moult bon chevalier de sa main et chevaleureux, mais qu’il ne fut oncques tenu à saige, ne à Dieu ne au monde. C’était aussi l’avis de Philippe-Auguste, lorsqu'il disait que le duc pouvait bien être appelé preux homme mais non prud'homme[128].

La victoire remportée par les chrétiens détermina la prise de Jaffa, d'Ascalon et de Césarée, mais n’empêcha ni les discussions intestines, ni la lassitude des croisés, que poursuivait le souvenir de la patrie absente.

Le 1er octobre 1101, le roi d’Angleterre apprenait à Garnier de Rochefort, abbé de Clairvaux, le résultat des derniers incidents et la mort de Jacques d’Avesne ; il l’invitait à recueillir des fonds nécessaires pour la continuation de la croisade, parce que sans argent on ne pouvait prolonger le séjour en terre-sainte au-delà de Pâques 1192. Il ajoutait : « Le duc de Bourgogne et les Français qui lui sont soumis ; Henri, comte de Champagne, et ses hommes ; les comtes, barons et chevaliers, ayant épuisé leurs ressources au service de Dieu, retourneront dans leurs domaines, si votre éloquence ne leur vient en aide et ne pourvoit à leurs besoins[129]. » Cet appel ne fut point entendu, et les efforts des chrétiens restèrent sans résultat ; mais comprenant qu’il fallait porter un grand coup, Richard proposa aux fêtes de Noël d’assiéger Jérusalem[130], où Saladin s'était retiré avec ses troupes après sa défaite[131].

Le duc de Bourgogne, responsable de l’armée du roi de France, ne voulut y consentir, prétendant que le roi d’Angleterre ne manquerait pas de s’attribuer les honneurs de la victoire[132], et que vaincre pour la gloire des. Anglais ce serait manquer de patriotisme[133]. Ces raisons sont assurément mauvaises, le refus motivé par le manque d’hommes et d’argent que lui prête Roger de Hoveden[134] est préférable. Toutefois c’est ici que doivent être faits de graves reproches à la conduite du duc de Bourgogne, qui, malgré la déférence qu’il devait à Richard Cœur de Lion, opposa sans cesse une vive résistance à ses volontés, et conserva toujours contre lui une sourde rancune qui n’était pas sans cause. Quelque temps après, le jour de la Saint-Hilaire (21 février 1192), il y eut une grande réunion entre les Templiers et les Hospitaliers ; l’on y décida de fortifier Ascalon[135], où le roi d’Angleterre passa l’hiver[136], en compagnie du comte de Champagne qui s’était mis à ses gages[137], pendant que le duc de Bourgogne, retiré à Tyr, recevait l’hospitalité de Conrad de Montferrat[138].

La mauvaise saison se passa dans l’inaction, dans des intrigues assez puériles et dans une lassitude générale. Quinze jours avant Pâques 1192, le duc de Bourgogne et les chevaliers français déclarèrent de nouveau au roi d’Angleterre qu’ils ne pouvaient demeurer plus longtemps, s’il ne leur procurait ce qui était nécessaire[139].

La prise de Daroum, dont le siège eut lieu dans les premiers jours de juin, fut un des derniers efforts des croisés ; puis suivirent avec les Musulmans des négociations peu honorables et assez étranges de la part des chrétiens venus pour les combattre avec tant d’enthousiasme et de retentissantes promesses. Le découragement et les querelles intestines amenaient ce manque de dignité. D’autres négociations, auxquelles le duc de Bourgogne fut mêlé, eurent lieu au sujet de la nomination du roi de Jérusalem. Cette qualité fut conférée à Henri, comte de Champagne, qui fit son entrée à Acre, en compagnie de Hugues III, avec une grande solennité[140].

Suivant un chroniqueur Anglais[141], le sénéchal de Bourgogne, Anséric de Montréal, étant sur le point de mourir, révéla une trahison dont il s’était rendu coupable avec l’évêque de Beauvais, le comte Robert de Dreux, Gui de Dampierre, le landgrave de Thuringe et le comte de Gueldre. Ils avaient reçu, disait-il, de Saladin, trente-deux mille besants et cent marcs d’or, sans compter quatre chameaux, deux léopards et quatre faucons donnés au landgrave, et une foule d’autres présents, pour faire différer l’assaut de Ptolémaïs et laisser livrer aux flammes les tours et les machines des chrétiens. Ce témoignage isolé d’un auteur qui avait épousé toutes les haines de Richard Cœur de Lion contre les maisons de France et de Bourgogne, ne supporte pas la discussion.

Le 18 août 1192[142], le duc de Bourgogne étant à Acre tomba malade, et se sentant gravement atteint fit écrire une lettre à son fils Eudes et à son très cher ami le roi de France, pour leur recommander une donation en faveur de Saint-Etienne de Dijon. Huit jours après, le 25 août 1192, il était mort[143]. Son corps, embaumé et mis dans un coffre de cèdre rempli de parfums[144], fut apporté à Cîteaux par les soins probables du chambellan Mathieu d’Etais[145], puis déposé dans un tombeau préparé par sa veuve sous le portail de l’église[146].

Hugues laissait sept enfants, savoir, de sa première femme Alix de Lorraine :

1° Eudes III, duc de Bourgogne, qui suit.

2° Alexandre, souche des seigneurs de Montagu, marié à Béatrix de Réon ou de Gergy, décédé en 1205.

3° Marie, nommée aussi Duchesse, femme de Simon de Semur-en-Brionnais, seigneur de Luzy.

4° Alix, mariée en premières noces à Bérard, seigneur de Mercœur et en secondes noces à Robert, dauphin d’Auvergne.

De sa deuxième alliance avec Béatrix d'Albon, fille de Guigues, dauphin de Viennois, remariée avant 1202 avec Hugues, sire de Coligny, et morte en 1228, Hugues III laissa :

1° André, dit Dauphin, souche de la branche des Dauphins de Viennois, né en 1184, chevalier en 1204, marié en juin 1202 à Béatrix, dite de Claustral, petite- fille de Guillaume VI, comte de Forcalquier, qui lui apporta en dot les comtés de Gap et d’Embrun, et dont il fut séparé par jugement ecclésiastique en 1211. Il en eut une fille Béatrix, fiancée d’abord fort jeune en 1207 avec le fils d’Hervé, comte de Nevers, mariée en 1214 à Amaury V, comte de Montfort. En secondes noces André Dauphin épousa Somnoresse de Poitiers, fille d'Aimar II de Poitiers, comte de Valentinois. En troisièmes noces André se maria le 21 novembre 1219, avec Béatrix de Montferrat, fille de Guillaume IV, marquis de Montferrat. Le testament d’André est daté du 4 mars 1237, et sa mort eut lieu le 14 du même mois.

2° Mathilde ou Mahaut, qui épousa en 1214 Jean de Chalon, comte de Bourgogne, tige des comtes palatins de Bourgogne.

3° Béatrix, mariée à Albert de la Tour[147].

 

 

 



[1] Ex Radulpho Coggershale abbate, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 61 D. — La date de novembre s’impose, car Grégoire fut consacré pape le 25 octobre 1187 et mourut moins de deux mois après, le 17 décembre.

[2] Ex Radulfo de Diceto ; Recueil des historiens de France, t. XVII. p. 25, n., 629 B ; Bened. de Petroburg. ; id. t. XVII, p. 478 A. Rigord, D. Bouquet, t. XVII, p. 25 A. B. donne la date du 13 janvier. Il est possible que la réunion ait duré du 13 au 25 janvier, c'est-à-dire huit jours.

[3] Consulter, pour cette date, Benoit, abbé de Peterborough, Recueil des historiens de France, t. XVII, pp. 489, 495, 498, 500 ; Rigord, Roger de Hoveden, loco citato.

[4] Rigord, de Gestis Philippi-Augusti, Recueil des historiens de France, t. XVII, pp. 17, 29.

[5] Chron. S. Mariani Autissiod., p. 93 ; Bd. Camuzat, Trecis, 1608.

[6] Eudes II, sire de Grancey, ne mourut qu'en 1197.

[7] Orig. Arch. de l’Yonne, Fonds de la commanderie de Pontaubert, l. I.

[8] Amédée d'Arceau avait épousé Agnès de Grancey, fille d'Eudes II.

[9] Par Peisso-le-Franc, nous croyons qu'il faut voir soit Poinçon-les-Grancey, soit Poinçon-les-Larrey, terres qui l'une et l'autre appartenaient à la maison de Grancey.

[10] Bussières, commune du canton de Grancey, arrondissement de Dijon (Côte-d'Or).

[11] Renaud de Grancey laissait en Bourgogne une veuve et des enfants en bas âge. Sa femme Damette de Chastellux était fille d'Artaud de Chastellux, qui avait épouse Aalasia, veuve du connétable Guillaume de Marigny. En 1191, Damette était remariée à Otto, sire d'Estrabonne. Artaud avait une autre fille Agnès, mariée à Renaud d’Avallon. Voir les Recherches sur les anciens seigneurs du Chastellux, par M. le comte de Chastellux.

[12] Cet acte est approuvé par Gauthier de Sombernon, Simon de Vergy, Gille de Trainel, femme de Hugues, par Gui son père, Guillaume, précepteur de son fils, etc. Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Cîteaux, n° 166, fol. 57 et n° 168, fol. 103 ; Ed. A. Duchesne, Histoire de la maison de Vergy, pr. p. 148.

[13] Orig. Arch. de la Côte-d’Or, Fonds de la commanderie de la Romagne, II, 1234.

[14] Jolibois, La Haute-Marne ancienne et moderne, p. 127.

[15] Aubri de Trois-Fontaines, dans D. Bouquet, t. XVIII, p. 752, B. C.

[16] Arch. de la Côte-d'Or ; Cartulaire de Cîteaux, t. III, fol. 425 ; Ed. Maison de Chastellux, p. 267.

[17] Orig. autrefois scellé. Arch.de l'Yonne, Fonds des Echarlis ; Ed. Cartulaire de l'Yonne, t. II, p. 399. On doit remarquer qu’Anséric de Montréal ainsi que Jean d'Arcis-sur-Aube, son frère, relevait du duché de Bourgogne et du comté de Champagne pour des terres différentes.

[18] Orig. Arch. de la Côte-d’Or, F. Fontenay, H. 574 et H. 575, 2 pièces. Mabile, femme d’André, et sa fille Pétronille, approuvent.

[19] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, F. du Puits d'Orbe, carton 1039.

[20] Orig. Arch. de la Côte-d’Or, F. Fontenay, II. 575. Parmi les témoins de cet acte, citons : Jobert, abbé de Fontenay, Bernard de Grignon, André, sire de Savoisy, Alverius de Fontaines, Thierry de Savoisy et Merveiles Joculater.

[21] Clérembaud donne à N.-D. de Noyers une rente en grains sur le moulin de Moutot. Arch. de la Côte-d’Or ; 2e Cartulaire de Molème, fol. 80 v° ; Ed. Cartulaire de l'Yonne, t. II, p. 390 ; Ernest Petit, Cartulaire de Jully-les-Nonnains, p. 26.

[22] On a de nombreuses chartes de lui. Voir E. Petit, Les sires de Noyers, pp. 47, 48, 49 ; et le Reomaus, p. 223.

[23] Gui, frère de Clérembaud, partant pour Jérusalem donne aux religieux de Reigny droit de pâture dans ses domaines de Joux, Lucy, Thory ; Arch. nat., Cartulaire de Reigny, Sect. Judic., LL. 988 bis.

[24] Orig. Sceau portant un donjon flanqué de tours. Arch. de l'Yonne, F. Pontigny, t. V., s. 1. 2. Ed. Cartulaire de l'Yonne, t. II, p. 404. Etienne de Pierre-Perthuis donne à Pontigny ses dîmes de Bassou.

[25] E. Petit, Les sires de Noyers, p. 49 ; Cartulaire de l'Yonne, t. II, chartes de 1189 ; Reomaus, p. 224.

[26] L'illustre Orbandale, t. I, pr. 85 ; Guillaume de Chalon dut partir dès 1189, puisqu'il était au siège d'Acre avec le comte de Champagne ; Radulfus de Diceto, Imagines historiarum ; Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 636 D. L'original est aux archives de Saône-et-Loire, Fonds de la Ferté.

[27] Orig. Arch. de Saône-et-Loire.

[28] Arch. de la Côte-d'Or, 2e Cartulaire de Molème, II. 307.

[29] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, II. 307.

[30] Orig. Arch. de l'Yonne, F. Prieuré de Jully ; Cartulaire de l'Yonne, t. II. p. 400 ; Asnières, commune du canton de Montbard, arrondissement de Semur-en-Auxois (Côte-d'Or).

[31] Ed. U. Chevalier, Cartulaire de N.-D. de Léoncel, Montélimar, 1869, p. 42.

[32] Ed. Ulciensis ecclesie chartarium, pr. pp. 43, 44. Oulx, qui appartenait à la France avant le traité d'Utrecht, fait partie des Etats-Sardes, diocèse de Turin.

[33] Gall. Christ., t. III, col. 1107, eccl. Ebredunensis.

[34] Bibl. nat., Cartulaire du Dauphiné, fonds Fontanieu, lat. 10.954, fol. 143 r° ; édité Ulciencis ecclesiœ chartarium ; Augustæ Taurinorum, MDCCLIII, in-f°, pr. p. 42 et p. 44.

[35] Cartulaire de Saint-Vallier, par Albert Caiso, pp. 11, 12 ; Histoire du Dauphiné par Chorier, t. II, fol. 74. 75 ; Dictionnaire du Dauphiné, par Guy Allard, publié par Cartel, au mot Saint-Vallier.

[36] E. Clerc, Histoire de la Franche-Comté, I. I, p. 383.

[37] Voir d'Arbois de Jubainville, Histoire des comtes de Champagne, t. IV pp. 24 et suiv.

[38] Henri, comte de Troyes, y donne pour les religieux de Pontigny droit de péage pour leurs vins. Voir à ce sujet trois pièces inédites, Bibl. d'Auxerre, Cartulaire de Pontigny, de l'abbé Depaquit, t. II, pp. 329, 330.

[39] Consulter pour les pays de l'Yonne, un article de M. Quantin, les Croisés de la basse Bourgogne ; Bulletin de la soc. des sciences hist. et natur. de l'Yonne, t. VII, p. 301 et suiv. ; comparer le Cartulaire de l'Yonne, t. II, aux années 1189, 1190.

[40] Etienne de Brives est de la famille de Pierre Perthuis, qu'une alliance de sa mère rendait frère utérin des sires de Seignelay.

[41] Guillaume de Joigny ratifie les donations faites par son père à l'abbaye de Dilo. Orig. Arch. de l'Yonne, II. 698.

[42] Dreux de Mello fut nommé connétable vers le mois de juillet ; L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, Introd. p. LXXXIV. Il paraît intéressant de publier la charte qu'il donne à Vézelay avant son départ.

[43] Bibl. nat. ms. lat. 9885, Cartulaire de Crisenon, fol. 80 v°, pièce 166.

[44] La preuve en est fournie dans les pages suivantes.

[45] Voir L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 324-327, en rectifiant toutefois la date de mois (août au lieu de juillet).

[46] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds des Carmélites de Beaune, H, 1076.

[47] Arch. de la Côte-d’Or, Cartulaire de Cîteaux, t. III, fol. 3 v°, fol. 25 v°.

[48] Titres de M. Joly de Servetières ; Clément Janin, Notice sur Fontenottes.

[49] Garnier, évêque de Langres, dit dans l'acte donné par lui, en parlant de Raoul de Bierri. iturus Jerosotimam. Bibl. nat. ms. franç. 5.995, fol. 90 r°. Bierri, canton de Guillon, arrondissement Avallon (Yonne).

[50] Arch. nat ; Layettes du trésor des Chartes, t. I. pp. 164, 165 ; Raoul de Diceto, col. 654, mentionne sa présence au siège d'Acre.

[51] Orig. Arch. de la Côte-d’Or : F. Fontenay, II. 672. Adeline, femme de Mathieu d’Etais et sa fille Eglantine approuvent ces donations. Etais et Puis sont deux communes du canton de Laignes, arrondissement Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or).

[52] Mathieu d'Etais parait encore en 1191 dans une charte d'Eudes, fils du duc Hugues III, en 1191 ; Bibl. nat., ms. latin, 17.087, Cartulaire de Cluny, fol. 347.

[53] Arch. de la Côte-d'Or ; Cartulaire de N.-D. de Châtillon (d'Hochemelle).

[54] Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds de la Bussière, H. 537.

[55] Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds de Fontenay, H. 577.

[56] Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds Sainte-Marguerite, H. 677.

[57] Orig. Arch. de la Côte d'Or ; Fonds de Manières, H. 606.

[58] Arch. de la Côte d'Or ; Cartulaire de la Magdelaine, n° 240, fol. 254 r°.

[59] Bibl. nat., collection de Bourgogne, t. VIII, fol. 216.

[60] Bibl. nat., ms. latin, 17.722, Cartulaire de la Bussière, p. 151.

[61] Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; F. Oigny, H. 672.

[62] Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds de Fontenay, II. 572 ; Cartulaire de Saint-Seine, p. 49 ; Pérard, pp. 263, 264.

[63] Arch.de la Haute-Marne, Cartulaire d’Auberive, t. I, pp. 698, 700.

[64] Arch. du la Haute-Marne, Cartulaire d'Auberive, t. I, p. 778.

[65] Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds Fontenay, H. 577.

[66] Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; F. Fontenay, H. 585.

[67] Arch. de la Côte-d’Or ; Cartulaire de Saint-Etienne, n° 22, fol. 108.

[68] Arch. de Vausse, Cartulaire de Quincy, fol. 60.

[69] Arch. de Vausse, Cartulaire de Quincy, fol. 63.

[70] Arch. de Vausse, Cartulaire de Quincy, fol. 61.

[71] Arch. de la Côte-d Or ; Recueil de Peincedé, t. XVIII, p. 128.

[72] Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Saint-Seine, fol. 63.

[73] Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Saint-Seine, p. 13 et Recueil de Peincedé, t. XVIII, p. 127.

[74] Barnuin et Jean de Drees sont tous deux cités dans une pièce de 1193, comme ayant donné leur domaine d'Avosne aux Templiers, ce qui est contesté par leurs veuves. Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Titres de la commanderie de Dijon, H. 1169 ; n° 900 de notre catalogue.

[75] Arch. de Vausse, Cartulaire des Templiers, F. Mormand, t. II, Charte de 1189 notifiée par Manassès de Bar-sur-Seine, évêque de Langres.

[76] Arch. de Vausse, Cartulaire des Templiers, t. III, F. commanderie de Beaune.

[77] Arch. de Vausse, Cartulaire de Cîteaux, t. 2, fol. 218.

[78] Cartulaire de Cîteaux, t. II, fol. 220. Voir une charte datée du siège d'Acre, constatant la présence de Gauthier de Sombernon.

[79] Bibl. nat., ms. lat. 9883, Cartulaire de Crisenon, fol. 74 r°, pièce 176.

[80] Cartulaire de Cîteaux, n° 167, fol. 85 et 86. L’année n’est pas indiquée, mais la pièce est faite en ce moment, puisque le pape Célestin III approuve l’acte par une bulle du 30 septembre 1193. On a un autre diplôme de Richard Cœur de Lion, du 4 mai de la 9e année de son règne (Cartulaire de Cîteaux, n° 167, fol. 85). Guillaume, abbé de Cîteaux, que lo roi d’Angleterre appelle son vénérable ami, devait être d'origine anglaise, comme jadis Etienne Harding.

[81] Benoit de Peterborough dit à propos du séjour des rois à Vézelay : Ibi moram fecerunt per duos dies. D. Bouquet, t. XVII, p. 500. Les deux rois ne furent en effet que deux jours ensemble à Vézelay, mais Philippe-Auguste y séjourna après le départ de Richard.

[82] V. Catalogue des actes de Philippe-Auguste, par M. L. Delisle, n° 320-323.

[83] Bibl. nat., ms. latin, 17.722, Cartulaire de la Bussière, p. 151, n° 842-844 de notre catalogue.

[84] Orig. Arch. de Saône-et-Loire.

[85] Chartes de Manières, coll. Joursanvault, à la Bibl. nat.

[86] N° 850 de notre catalogue.

[87] L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 327 en rectifiant l'indication du mois (août au lieu de juillet).

[88] Raoul de Diceto fait arriver Philippe-Auguste à Messine XVI kal. octob. et Richard d'Angleterre IX kal. octob. Il faut lui donner raison sur Rigord (D. Bouquet, t. XVI, p. 31 D.), qui les fait arriver en août, époque inconciliable avec la présence certaine des souverains à Lyon au milieu de ce mois.

[89] Rigord, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 31 D.

[90] Ex Benedicto Petroburgensi, Recueil des historiens de France, I. XVII, p 304 E.

[91] Rigord, apud D. Bouquet, loco citato.

[92] Ex Benedicto Petroburgensi, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 305 C.

[93] Ex Benedicto Petroburgensi, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 513 B.

[94] Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 315 A. B. C. n.

[95] Ed. Historio patriæ monumental liber jurium reipublice Genuensis, t. I, pp. 384, 385, n° 371.

[96] Il faut lire cette curieuse pièce dans son texte intégral : Historiæ patriæ monumenta, Turin, 1854 ; liber jurium reipublice Genuensis, t. I, pp. 3B5, 356, n° 372.

[97] Gui de Bazoches, dans Aubri de Trois-Fontaines ; Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 753 B. : Tagornon, Bibl. des Croisades, t. III, p. 325.

[98] Gui de Bazoches, loco citato, t. XVIII, p. 752 B. C.

[99] Aubri de Trois-Fontaines ; Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 755 A.

[100] Vinisauf, liv. I, ch. XLII. Jean d'Arcis, frère d'Anséric de Montréal, laissait une veuve Helissang et des enfants qui devaient continuer la lignée.

[101] D'Arbois de Jubainville, Histoire des comtes de Champagne, t. IV, p. 30.

[102] Orig. Arch. de la Côte-d’Or, Titres de la commanderie du Temple de Dijon, H. 1169 ; n° 900 de notre Catalogue d’actes.

[103] Etaules, près Avallon (Yonne).

[104] Argenteuil, commune du canton d’Ancy-le-Franc, arrondissement Tonnerre (Yonne).

[105] Vidimus de 1285, passé à Tonnerre. Arch. de la Côte-d'Or, B. 1272.

[106] Sacy, canton de Vermanton, arrondissement Auxerre (Yonne).

[107] Voir Ernest Petit, Les sires de Noyers, pp. 48, 49.

[108] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, fonds des Templiers.

[109] Uchey, près Genlis (Côte-d'Or).

[110] Genrupt, canton de Bourbonne (Haute-Marne).

[111] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, H. 1237 ; fonds des Templiers.

[112] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, fonds de la commanderie de la Romagne. H. 1234. Gui de Vergy eut comme son fils Hugues la bonne fortune de rentrer en Bourgogne.

[113] T. II. pp. 133, 434.

[114] Asnières, commune du canton de Vézelay, arrondissement Avallon (Yonne).

[115] Ce Geoffroy Foucher est un personnage important qui figure plus d'une fois dans les titres des Templiers, et qui occupe, croyons-nous, une haute fonction parmi les chevaliers de cet ordre.

[116] Ex chron. Alberici, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p, 755 A.

[117] Bibl. des croisades, t. I. p. 742.

[118] L'Estoire des Eracles empereur ; Histoire des Croisades, t. II, p. 180.

[119] Philippe-Auguste laissait à Hugues III dix mille fantassins, et cinq cents hommes d'armes, soudoyés pour trois ans. Art de vérifier les dates, éd. 1818, t. II, p. 49.

[120] Pour tout ceci, voir Benoit de Peterborough, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 525 c., comparer Rigord, id., t. XVII, p, 36 A. V. le Romancero français, publié par Paulin Paris.

[121] Ex Bened. Petroburg., Recueil des historiens de France, t. XVII, p. B27 C. D. et 628 C.

[122] Suivant Roger de Hoveden.

[123] Raoul de Diceto, dans le Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 641 C.

[124] Benoit de Peterborough et Roger de Hoveden, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 529 B. n., Raoul de Diceto, id., t. XVII, p. 641 C. Bibl. des croisades, 2e édition, t. IV, p. 328, 329 ; Johannes Iperii, id., t. XVIII, 597 E.

[125] Loco citato. Voir ce que dit de cette bataille M. Delpech, Tactique militaire au XIIIe siècle, t. I, pp. 381-393.

[126] Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 529 B. n.

[127] D'ailleurs le fait n'est point confirmé par les autres chroniqueurs qui rapportent les choses différemment.

[128] Courtépée, Histoire de Bourgogne, nouv. édit., t. II, p. 128.

[129] Roger de Hoveden, Recueil des historiens de France, t. XVIII, pp. 529 et 530 C. D., Vinisauf, liv. IV, chap. VI.

[130] Roger de Hoveden, t. XVII, p. 540 n.

[131] Ex Johann. Iperii, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 597 E.

[132] Ex Johann. Iperii, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 597 E.

[133] L’Estoire des Eracles empereur, liv. XXVI, chap. VIII ; Historiens occidentaux des croisades, t. II, pp. 185, 186 ; Radulphi Coggesbalæ abbatis ; id., t. XVIII, p. 66 B. C. Ce dernier chroniqueur donne une version plus étrange. Le duc de Bourgogne ayant refusé de participer à la prise de Jérusalem, le roi d'Angleterre l'aurait appelé traître, et l'aurait interpellé en lui prouvant qu'il avait reçu cinq chameaux chargés d'or, d'argent et de vêtements précieux, de la part de Saladin. Richard fit comparaitre les émissaires qui avaient apporté ces présents, et les fit percer de flèches en présence de l'armée. Après quoi le duc couvert de confusion se retira sous ses tentes à Acre.

[134] Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 450 n.

[135] Roger de Hoveden, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 547 D.

[136] Johannes Iperii ; id., t. XVIII, p. 597 E.

[137] Guillelmus Neubrigensis, Id., I. XVIII, 28 E. 29 A., Vinisauf, liv. V, chap. IX et XIV.

[138] Johannes Iperii, D. Bouquet, t. XVIII, p. 597 E.

[139] Roger de Hoveden, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 547 D.

[140] Nous glissons rapidement sur des événements qui n'ont pas un intérêt spécial pour notre histoire, et pour lesquels il faut consulter tous les chroniqueurs déjà cités, et notamment Roger de Hoveden, dans le Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 548 B. D ; Ibn Alatir, dans la Bibl. des croisades, 1re éd., t. II, p. 527 ; l'Estoire de Eractes empereur, liv. XXVI. chap. I, dans les Historiens occidentaux des croisades, t. II, p. 189 ; Vinisauf, liv. VI, chap. IX, etc.

[141] Radulfi de Diceto, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 637 D. — Suivant d'autres, Anséric de Montréal serait mort pendant le siège (Bened. Petrob., Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 512 D).

[142] Cette date est fournie par le texte de Roger de Hoveden, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 549 B. Or le duc mourut le 25.

[143] Cette date est fournie par les obituaires de Cîteaux, fol. 25 et de la Sainte-Chapelle de Dijon, fol. 71 (Arch. de Vausse). Ces deux documents portent l’événement au VIII Idus August. Nous ignorons pourquoi l'Art de vérifier les dates, édition de 1818, t. II, p. 49, met cette mort au commencement de 1193 à Tyr.

[144] Courtépée, nouv. édit., t. I, pp. 128, 129.

[145] Le retour du chambellan Mathieu d'Etais est établi en 1193, par une pièce dans laquelle il est dit : tempore peregrinationis sue Jherosolimitano. Orig. Arch. de la Côte-d'Or, F. Fontenay, II. 572.

[146] Voici l'épitaphe qui fut mise sur le tombeau de Hugues III à Cîteaux, tombeau dont Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t. I, p. 364, a donné une assez mauvaise reproduction.

Hic jacet strenuissimus dux Burgundie

Hugo III, filius Odonis II, qui gloriosa morte

Occubuit in expeditione Orientali contra

Infideles, anno MCLXXXXII ; fvndaveral sacram

Divionensem capellam anno MCLXXII

Vivat in colis perenniter. Amen.

[147] Pièce de 1220. Voir au catalogue de nos actes. André, dauphin de Viennois, promet à Béatrix, sa sœur et à Albert, seigneur de la Tour, son mari, une somme de 600 liv. pour ses prétentions à la succession du comté d'Albon et du Viennois ; du Bouchet, Preuves de la maison de Coligny, p. 51.