Croisade de 1190. —
Préparatifs de la troisième croisade. — Rendez-vous à Vézelay. — Ajournements
— Croisés Bourguignons qui précédent l'armée en Terre-Sainte ; les sires de
Grancey, de Vergy, de Montréal, de Noyers, de Savoisy, le comte de
Chalon-sur-Saône, etc. — Assemblée de Vézelay. — Préparatifs du duc de
Bourgogne. — Chevaliers qui l'accompagnent. — Voyages du duc en Dauphiné. —
Séjour de Philippe-Auguste à Vézelay et son départ. — Passage de Richard Cœur
de Lion. — Philippe-Auguste et Hugues III à Morancé. — Dispositions du duc en
faveur de la duchesse. — Le roi d'Angleterre, le roi de France et Hugues III
passent l'hiver en Sicile. — Philippe-Auguste envoie Hugues III à Cônes pour
obtenir des vaisseaux destinés à conduire les croisés. — Arrivée au siège
d'Acre. — Les Bourguignons au siège d’Acre. — Chartes données à Acre. —
Victimes de ce siège. — Déport de Philippe-Auguste. — Le duc de Bourgogne
nommé connétable de l'armée des croisés. — Dissensions des chrétiens. —
Conduite de Hugues III. — Appel fait aux chrétiens d'Orient. — Lassitude des
croisés — L'hiver en Terre-Sainte. — Mort de Hugues III à Acre. — Sa
descendance.
On est
assuré que, dès le mois de novembre 1187, le duc de Bourgogne Hugues III,
sollicité par lettres du pape Grégoire VIII, avait déjà projeté de partir en
Terre Sainte avec les souverains et les grands personnages du royaume[1], pour porter secours aux
chrétiens d’Orient menacés, auxquels il ne restait plus pour refuge, après la
perte de Jérusalem, que trois grandes places fortes, Antioche, Tyr et
Tripoli. Le 21
janvier 1189, un premier engagement fut pris solennellement dans un colloque
entre Trie-Château et Givors[2], puis une grande réunion,
successivement ajournée, avait été fixée à Vézelay. C’était un nouvel éclat
qui allait augmenter encore la célébrité et la grandeur morale de cette
abbaye ; c’était une source de bénéfices pour la basilique de la Magdeleine,
objet de vénération pour les fidèles qui s’y rendaient en pèlerinage. Les
préparatifs de la troisième croisade durèrent plus de deux ans ; ils furent
ralentis par la guerre qui se prolongea entre les rois de France et
d’Angleterre ; par la mort du roi Henri II, décédé le 6 juillet 1189 ; par le
couronnement de son fils Richard Cœur de Lion ; par la mort de la reine de
France le 15 mars 1190. Le
rendez-vous, d’abord indiqué pour les fêtes de Pâques 1190[3], ne put avoir lieu, les
souverains ayant reconnu, dans une entrevue au gué de Saint- Remy, qu’ils ne
pourraient être prêts en ce moment, vu la difficulté de réunir à jour fixe
une armée recrutée dans divers royaumes. Ils s’ajournèrent à la saint Jean,
et, après un nouveau retard, ils arrivèrent à Vézelay le 4 juillet 1190[4]. Suivant le récit du moine de
Saint-Marien d’Auxerre, bien placé pour connaître les faits, jamais assemblée
ne suscita dans les masses un aussi grand enthousiasme[5] ; le mouvement qui poussait les
fidèles en Orient était bien plus considérable que dans les expéditions
précédentes. L’impatience
d’un certain nombre de croisés avait triomphé de ces lenteurs, et beaucoup
étaient partis sans attendre le délai indiqué. Ici, nous sommes aidés par des
documents, par des chartes inédites, qui, comme précision, laissent bien en
arrière toutes les chroniques connues. Eudes
II, seigneur de Grancey, qui depuis quatre ou cinq années était entré dans
l’ordre des chevaliers du Temple (en 1185), et devait passer de longs jours dans cette
résidence de la commanderie de Bures[6], où il avait fait profession,
détermina ses enfants à porter secours aux chrétiens menacés. Ses fils
étaient partis au premier appel fait par le célèbre Guillaume, archevêque de
Tyr. Le 25 octobre 1189[7], Renaud de Grancey et son frère
Milon étaient déjà au siège d’Acre, en compagnie d’Amédée d’Arceau, leur
beau-frère[8], de Gui de Gurgy, de Guillaume
du Fossé, du templier Hardoin de Montbéliard, du templier Guillaume,
auparavant chapelain de Saulx. Renaud et Milon de Grancey donnèrent aux
chevaliers du Temple une partie de leurs domaines de Poinçon[9] et de Bussières[10], et succombèrent la même année[11]. Ils furent, à notre
connaissance, les premiers Bourguignons victimes de ce siège long et
meurtrier, qui est resté l'un des épisodes le plus brillant des âges
chevaleresques. En
1189, Hugues, seigneur de Vergy, en partant pour Jérusalem, vint au chapitre
général de Cîteaux, et céda aux religieux des droits de pâturage qui avaient
longtemps été l’objet de débats[12]. Son père, Gui de Vergy, sire
de Beaumont-sur-Vingeanne et d Autrey, quoique déjà vieux, voulut aussi faire
partie de l’expédition. On a de lui un document important et inédit, daté du
siège d’Acre, en 1191, quand il gratifia les chevaliers du Temple d’un
domaine à Autrey, et d’un droit d’usage dans ses bois pendant trois ans,
jusqu’à ce qu’il fût de retour de Terre-Sainte[13]. Mile,
seigneur de Chaumont-en-Bassigny, pour se procurer les moyens de faire le
voyage, fut obligé de céder au comte de Champagne, à titre de reprise en cas de
retour, son important domaine de Chaumont[14]. Le sénéchal de Bourgogne,
Anséric de Montréal, n’avait pas attendu le départ de l’armée pour se mettre
en voyage, il s'était embarqué dès 1189. Outre les documents qui le
constatent, on sait par le rapport de Gui de Basoches, chantre de la
cathédrale de Châlons-sur-Marne[15], qu’il avait précédé le comte
de Champagne avec Erard, comte de Brienne, André de Ramerupt et Geoffroi de
Joinville. Sibylle de Bourgogne, femme d’Anséric et cousine germaine du duc
Hugues III, approuva, après le départ de son mari, les donations faites par
lui à Cîteaux[16]. Jean,
seigneur d'Arcis-sur-Aube et de Pisy, près Montréal, frère du sénéchal
Anséric de Montréal, prit la croix avec lui, ainsi que Gui de Dampierre,
Gaucher, sire de Château-Renard, Daimbert de Seignelay[17]. Les
sires de Savoisy se signalèrent par leur zèle, et plusieurs seigneurs de
cette maison étaient déjà sur la route de Jérusalem avant le départ des
souverains. André, sire de Savoisy, avait fait à l’abbaye de Fontenay des
concessions qui furent ratifiées par Manassès de Bar-sur-Seine, évêque de
Langres, en 1189[18]. Il céda aux religieuses du
Puits d’Orbe tout ce qu'il possédait à Verdonnet, sauf le droit de garde, et
fit route avec Savaric de Fontaine et Jean de Sennevoy[19]. Adam de Savoisy, fils de Gui,
autorisé par sa femme Ermengarde, voulut se procurer des ressources pour
parfaire l’expédition, et mit en gage à l’abbaye de Fontenay le territoire de
Planay, moyennant une somme de dix livres, à condition de pouvoir le racheter
à son retour ; les religieux devaient garder la possession entière du domaine
dans le cas où il mourrait en route[20]. Clérembaud
de Noyers, croisé en 1188[21], ne partit que l’année suivante[22] avec son frère Gui, sire de
Lagesse[23], qui s’était enrôlé dans la
milice du Temple, ainsi que Gui et Etienne de Pierre Perthuis, ses cousins[24], Humbert d’Argenteuil, son
neveu ; Hugues de Moulins, Jean et Geoffroy d’Arcy-sur-Cure, Jobert de Bar[25]. Guillaume, comte de
Chalon-sur-Saône, vint au moment de son départ à l’abbaye de la
Ferté-sur-Grosne, se recommander aux prières des religieux ; il reconnut les
dotations faites par son père et les fit approuver par sa fille Béatrix et
par Etienne, comte d’Auxonne, son mari[26]. Parmi les autres croisés qui
sont rappelés par des donations faites à La Ferté, citons encore Simon de
Semur-en-Brionnais, beau- frère du duc de Bourgogne, et Lambert d’Epiry,
prévôt de Montaigu[27]. André
de Molème, fils de feu Mile de Molème, se procura de l’argent en mettant son
fief en gage, moyennant soixante livres Provinoises que lui donnèrent les
religieux de Molème[28]. Un semblable motif détermina
Robert des Ricey, dit le Petit, qui engagea au même monastère sa terre de
Gigny, pour dix livres[29]. Girard le Bret, seigneur
d’Asnières, fils de Barthélemy de Fontaines et neveu de saint Bernard,
concéda aussi, en 1189, ses pâturages d'Asnières à l’église des religieux de
Jully, pour dix livres et une vache qui fut donnée à sa femme Marguerite, par
devant Mathilde de Bourgogne, comtesse de Tonnerre[30]. Pendant
ce temps, Hugues III se donnait de grands mouvements pour trouver les
ressources indispensables à l’accomplissement d'une semblable expédition. Sa
situation était fort embarrassée depuis la lourde rançon à laquelle il avait
été condamné par le roi et dont il n'avait encore versé qu’une faible partie.
La province ruinée par la guerre, ses sujets obérés par des exactions de
toute nature, les populations rurales plongées dans la misère, ne pouvaient
lui venir en aide. Dans l’impossibilité de tirer aucun subside de ses
possessions de Bourgogne, il parcourut ses domaines du Viennois et du comté
d’Albon avec sa femme Beatrix. D’un premier voyage qu’il avait fait en 1188,
il avait dû tirer quelque ressource. A Vienne, il donna une charte de vente
de droits de péage aux religieux Cisterciens de Notre-Dame de Léoncel[31]. A Briançon, il céda aux
religieux et au vénérable Guillaume, prieur de l’église d’Oulx, le droit de dîme
sur les vignes[32]. A Grenoble, il abandonna aux
moines de Sainte-Croix le désert de Lachoères pour y faire de la culture et y
établir un ermitage[33]. Toutes ces concessions
n’étaient assurément pas gratuites. Il revint au mois de mai 1189 en Dauphiné
avec ses chambellans Robert de Touillon et Mathieu d’Etais, et passa deux
actes à Césane (province de Turin, Italie), en faveur de ce riche monastère d’Oulx, qui fut
mis en possession des dîmes sur les mines d’argent dont les dauphins de
Viennois retiraient un dixième du produit[34]. Six
mois après, en novembre 1189, il y fit un nouveau séjour, et procéda dans la
ville de Saint-Vallier à la levée et au rassemblement des troupes[35] qui devaient se croiser avec
lui et partir sous la bannière de Philippe-Auguste. Par mesure de prudence et
pour éviter l’encombrement des troupes suivant le même itinéraire, les
souverains espacèrent leur départ et partirent successivement à un mois de distance.
Le premier qui prit la mer fut l’empereur Frédéric Barberousse ; il
s’embarqua dès la fin d’avril 1190, avec Richard de Mont- faucon,
l’archevêque Thierry de Montfaucon, son frère ; Henri, évêque de Bâle ; les
abbés de la Charité et de Rosières ; Gauthier, sire de Salins ; Gilbert de
Faucogney, vicomte de Vesoul ; Guillaume de Pesmes ; mais l’empereur ne put
prendre part au siège d’Acre ou Ptolémaïs ; il mourut le dimanche 4 des ides
de juillet[36]. Le
départ de Henri, comte de Champagne, précéda également celui du roi de France
; il partit à la fin de mai 1190, avec Thibaud, comte de Blois, et Etienne,
comte de Sancerre, ses oncles ; Raoul, comte de Clermont, et nombre d’autres
chevaliers champenois[37]. Son passage à Vézelay eut lieu
un mois avant celui des souverains[38]. Ce n’est que le 24 juin 1190
que Philippe-Auguste alla prendre l'oriflamme à Saint-Denis ; le 4 juillet il
arriva à Vézelay, comme nous l’avons déjà dit, en compagnie de Richard Cœur
de Lion. Un certain nombre de croisés l'attendaient[39] : Hugues III, duc de Bourgogne
; Pierre de Courtenay, comte d’Auxerre et de Nevers ; Alvalo de Seignelay et
son parent Etienne de Brives[40] ; Guillaume, comte de Joigny[41] ; Milon, sire de Champlav ;
Narjod de Toucy ; Guillaume des Barres, surnommé l'Achille de son temps, l’un
des plus vaillants chevaliers du monde ; Guillaume et Dreux de Mello, non
moins illustres, ce dernier surtout qui devait bientôt, à la suite d’éclatants
succès, occuper les fonctions de connétable de France[42] ; Jocelin d’Avallon, qui donne
en partant[43], aux religieuses de Crisenon,
une rente sur ses moulins d’Arcy-sur-Cure. Philippe-Auguste
séjourna une partie de juillet à Vézelay, et ne quitta cette ville qu’à la
fin de ce mois[44], pour s’acheminer sur Lyon, en
passant par Corbigny dans la Nièvre, Perrecy en Charollais, Morancé, près
Villefranche[45]. Pendant ce temps, le duc de
Bourgogne repartit à Dijon où il devait prendre ses dispositions dernières,
s'engageant à rejoindre son souverain à Lyon vers la mi-août, quand il aurait
réuni les autres croisés qu’il devait emmener, et qui n’avaient pu se trouver
tous à Vézelay. Les préparatifs de cette expédition étaient bien plus sérieux
que dans les campagnes précédentes ; on écartait la cohue impropre aux armes,
et comme si l’expérience du passé avait dû porter ses fruits, on évitait la
vieille route des pèlerinages pour gagner la voie de mer ; les plus belles
armées qu’eût jamais équipées l’Europe féodale allaient se diriger vers la
Palestine. En
dehors des personnages du duché qui avaient précédé le duc Hugues III, il
conduisait une foule de chevaliers, suivis de troupes dont il est impossible
de déterminer l’importance. Manassès de Bar-sur- Seine, évêque de Langres,
que nous retrouverons bientôt à Gênes et à Acre, partit avec lui. Lambert de
Bar, archidiacre de Langres, et Godefroy de Beaune, familier du duc,
paraissent aussi dans une charte datée de Gênes[46]. Euvrard, prévôt de Dijon, et
Boin, prévôt de Châtillon, deux des principaux officiers de la cour ducale,
firent à ce moment plusieurs donations à l’abbaye de Cîteaux[47], pour attirer les bénédictions
du ciel et obtenir un heureux succès dans ce voyage. Aimon,
sire de Til-Châtel, avant de partir, donne aux Templiers, avec l’approbation
de son frère Gui, le territoire de Fontenottes, qui devint ensuite le siège d’une
commanderie[48]. Raoul, frère d’Hildéric de
Bierry, fait en même temps un legs aux religieux de l’abbaye de Mores[49]. Le connétable Aimon de
Marigny, relevant d’une grave maladie, ne put partir et figure ici comme
témoin dans les chartes de 1191. Eudes d’Issoudun, fils de Mathilde de
Bourgogne, comtesse de Tonnerre, n’ayant pas de ressources pour subvenir aux
dépenses de cette expédition, fut contraint d’accorder des franchises aux
habitants d’Issoudun, de concert avec sa femme Ala[50]. Mathieu
d'Etais, chambellan du duc, la fleur de la chevalerie bourguignonne, dont le
nom paraîtra si souvent sous le règne d’Eudes III, donna aux moines de
Fontenay des droits de pâturages dans ses domaines de Puits et d'Etais[51], mais il ne partit qu’en 1191[52]. Eudes le Roux, chevalier de
Maisey, sur le point de quitter la Bourgogne, donna, sous le sceau de
Manassès de Bar-sur-Seine, évêque de Langres, ses prés de Maisey et une vigne
sise à Massingy, aux chanoines de Notre-Dame de Châtillon-sur-Seine[53]. Citons
encore, avec quelque certitude, divers personnages dont les donations à cette
époque sont motivées par le voyage de Terre-Sainte, bien que les documents
n’en mentionnent pas toujours l’objet ; quelques-uns reçoivent des indemnités
pécuniaires : Joubert de Soussey, fils de Renier de Soussey[54] ; Hugues et Ponce de Gigny[55] ; Henri, fils de Hugues de
Gerland[56] ; Etienne de Cissey[57] ; Humbert de Villaines[58] ; Simon de Bricon[59] ; Girard de Chaudenay[60] ; Henri et Guillaume de Salives[61] ; Othe de Saulx[62] ; Aimon de Rouvres-sur-Aube,
chevalier, et les frères Girard, Roger et Joubert de Rouvre[63] ; Jobert de Nuilly, chevalier[64] ; Mathieu de Laignes et son
frère Arnoult[65] ; Viard, vicomte de Tonnerre[66] ; Eudes de Grancey, frère de
Jobert, abbé de Fontenay et de Mile, abbé de Saint-Etienne de Dijon[67] ; Guillaume, sire de Ravières[68] ; Anseau, sire de Duesme[69] ; Aimon de Quemigny[70] ; Garnier de Fontaines-lès-Dijon
et son frère Barthélemy[71] ; André de la Brelenière[72] ; Barnuin de Drées, chambellan
du duc[73], et Jean de Drées, son fils[74] ; Simon, sire de Clermont[75] ; Etienne et Bernard de
Grandchamp, frères[76] ; Philippe de Neublans[77] ; Gauthier, sire de Sombernon[78] ; Etienne d’Argenteuil[79]. Nous
retrouverons encore d’autres noms au siège d’Acre ou Ptolémaïs. Richard
Cœur de Lion n’avait fait que passer à Vézelay, et n’y avait pas séjourné
comme Philippe-Auguste, car s’il était dans cette ville le 4 juillet 1190, il
était à Lyon le 41 du même mois, et signait un diplôme en faveur des
religieux de Cîteaux et de son vénérable ami l’abbé Guillaume[80]. Quant au roi de France, il est
certain qu’il passa toute une partie de juillet à Vézelay, et n’était arrivé
à Lyon que peu avant le 15 août. Peut-être fut-il arrêté par le retard de ses
féodaux qui n’avaient pu se trouver tous ensemble au rendez-vous[81]. Il ne se contenta pas
seulement d’y passer son temps en revues, en fêtes militaires ou religieuses.
Les actes qu’il y souscrivit sont là pour attester que chez lui l’activité de
l’administrateur égalait le courage du guerrier[82]. Nous insistons sur ce point
qui est en contradiction avec tous les auteurs ; c’est à Vézelay et non à
Lyon que se séparèrent les rois de France et d’Angleterre. Le duc de
Bourgogne s’employait activement pour réunir ses vassaux. Tout le mois de
juin avait été employé à parcourir la province ; après son retour de Vézelay,
il avait été occupé par le soin de ses dernières dispositions, et vers le 1er
août, était entré solennellement, avec toute sa famille, au chapitre de
Saint-Bénigne, comme les rois à Saint-Denys, pour se recommander aux prières
des religieux. A Cîteaux, il laissa les traces de sa libéralité[83], et le vendredis août, il était
à Beaune[84], d’où il se rendit à l’abbaye
de Maizières, iter Jherusalem aggrediens[85]. Ce
n’est que quelques jours après que le duc Hugues III rejoignit
Philippe-Auguste à Morancé, aujourd’hui commune du canton d’Anse, entre
Ville- franche et Lyon. Il était accompagné des personnes de sa maison qui
lui faisaient escorte, de son fils Eudes, de Guillaume d'Orgeux, chevalier ;
de son chambellan Mathieu d’Etais, qui parait avoir succédé à Girard de Réon
; de son notaire Hugues ; du nouveau prévôt de Dijon Jehan li Roset,
nommé à la place d’Euvrard, partant en Terre-Sainte[86]. Hugues III voulant éviter,
pendant son absence, des ennuis à la duchesse Béatrix qui, comme belle- mère
d’Eudes, pouvait avoir quelque dissentiment avec lui, fit régler par le roi
de France, à Morancé, les dispositions qu'il voulait arrêter à son égard.
Eudes devait avoir le gouvernement du duché ; mais on convint que si Béatrix
voulait aller dans sa terre de Vienne ou dans son comté d’Albon, elle
pourrait le faire vers le carême et y rester pendant un an avec son fils, et
revenir avec lui, si les exigences le rappelaient plus tôt en Bourgogne. Il
fut entendu que si le duc mourait dans cette expédition, la duchesse aurait
la faculté de se retirer dans son comté, son fils devant employer tous les
moyens de l’y faire conduire. Eudes s’engageait en outre à prendre la défense
de sa belle-mère, et à ne lui susciter aucun embarras pour la jouissance de
sa dot et de son douaire. Les officiers ordinaires de la cour de France
assistèrent à la passation de ce diplôme. Richard
Cœur de Lion s’était embarqué à Marseille avec vingt galères armées et trois
vaisseaux ronds à voiles ; nos princes prirent leur route par les Alpes dans
l’intention de partir du port de Gènes ; ils n’avaient quitté Lyon que vers
le 15 août, époque où nous trouvons avec eux Gauthier, évêque d’Autun ;
Robert, évêque de Chalon, et Renaud, évêque de Mâcon[87], et ne durent sortir du port de
Gènes qu’en septembre. Leur
voyage sur mer ne fut pas heureux. Poussés par les vents contraires, ils
furent jetés sur les côtes de Sicile à la fin de septembre[88], et se virent obligés de passer
l’hiver à Messine. Ils avaient éprouvé de grands dommages par la violence de
la tempête, et beaucoup y avaient perdu partie de leurs bagages. Pour les
indemniser, Philippe-Auguste gratifia le duc de Bourgogne de mille marcs
d’argent ; Pierre de Courtenay, comte d’Auxerre et de Nevers, de six cents ;
Guillaume des Barres, de quatre cents. Guillaume de Mello reçut quatre cents
onces d’or ; Mathieu de Montmorency, trois cents ; Dreux de Mello, deux
cents, et un certain nombre d’autres pareille somme[89]. A son
arrivée en Sicile, Richard Cœur de Lion, avec sa nature hautaine et
brouillonne, commença par avoir des difficultés avec les habitants du pays,
dont il aurait dû ménager la susceptibilité. La population de Messine, où il
se comporta comme en pays conquis, se révolta. Il fallut des négociations
entre les seigneurs de Sicile et ceux de France pour amener le roi
d’Angleterre à de meilleurs sentiments. Le 4 octobre, Hugues III, duc de
Bourgogne, Manassès, évêque de Langres, Pierre de Courtenay, Geoffroy, comte
du Perche, et autres, essayèrent, mais sans trop de résultat, de rétablir le
bon accord entre Richard et les habitants de Messine[90]. Brouillé
avec ses hôtes, le roi d’Angleterre ne tarda pas à indisposer
Philippe-Auguste, le duc de Bourgogne, et les seigneurs des armées alliées ;
il eut une altercation des plus vives avec Guillaume des Barres, à propos
d’un sujet très futile, se rappelant sans doute avoir été malmené par lui
dans une affaire près de Mantes, où il avait failli être prisonnier quelques
mois auparavant[91]. Chaque jour s’élevaient des
contestations entre les croix vertes que portaient les Anglais et les croix
rouges des Français. Le 8
octobre les deux souverains jurèrent en présence du peuple et de leurs barons
qu’ils se porteraient réciproquement secours pendant toute la durée de
l’expédition, et que leurs troupes marcheraient d’un commun accord ; les
chevaliers s’engagèrent par de semblables serments[92]. Le jour
de Noël 1190, Richard Cœur de Lion, étant au château de Montagriffon, qui lui
avait été assigné comme résidence, réunissait à sa table le roi de France et
ses officiers ; le duc de Bourgogne ; Renaud, évêque de Chartres ; Guillaume,
comte de Joigny ; Pierre de Courtenay, comte d'Auxerre et de Nevers, etc. On
vint leur apprendre que les habitants avaient fait irruption sur les galères
du roi d’Angleterre et que plusieurs de ses hommes étaient blessés. Ils
sortirent de table à la hâte, et prirent leurs armes pour aller leur porter
secours ; mais la nuit étant venue, ils furent forcés de se retirer. Le
lendemain matin, à l’heure de la messe, il y eut un nouveau tumulte à
l'église des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, où le peuple était
réuni ; les habitants tuèrent l’un des matelots ; ceux-ci prirent fait et
cause pour leur compagnon ; il en résulta une mêlée qui dégénéra en un
véritable combat, et laissa des victimes de part et d’autre. L’arrivée des
souverains et des barons mit fin à cette lutte, et la paix fut rétablie non
sans peine[93]. Le
séjour prolongé de cinq ou six mois, de ces troupes de nationalités
différentes, condamnées à l’oisiveté et très peu disciplinées, ne pouvait
manquer de faire naître de fréquentes collisions. Tancrède, roi de Sicile,
fatigué de la présence de ces hôtes incommodes, s’efforça de semer la
division parmi les croisés, en faisant de faux rapports aux uns et aux
autres. Le 1er mars 1191, Richard se rendit de Messine à Catane, où le roi
Tancrède était venu au-devant de lui pour le recevoir dans son palais et lui faire
de magnifiques présents. Au moment du départ du roi d’Angleterre, Tancrède
lui insinua que Philippe-Auguste était animé contre lui des sentiments de la
plus basse jalousie, que le duc de Bourgogne lui avait apporté de sa part des
lettres compromettantes, par lesquelles il s’offrait de mettre en déroute
l'armée de Richard, s’il voulait se joindre à eux[94]. Ces propos et ces insinuations
perfides, que nous ne citons qu’à cause de la présence du duc de Bourgogne,
ne paraissent pas mériter grande créance. Les
croisés étaient tous préoccupés des moyens de sortir de cette île. Dès le
mois de janvier 1191, Philippe-Auguste avait chargé le duc de Bourgogne de se
rendre à Gênes et lui avait donné plein pouvoir de traiter avec les
magistrats de cette ville pour s'assurer des vaisseaux en nombre suffisant. Hugues
III, accompagné de Guillaume d'Etampes, de Hugues de Moolein, de
Guillaume Lambert, de Vienne, et de plusieurs autres, arriva les premiers
jours du mois suivant, et passa un premier traité avec les habitants de Gênes
le jeudi 15 février 1191 ; il déclara aux consuls qu’il prenait les habitants
sous sa protection et sauvegarde, qu’il s’efforcerait d’empêcher tout dommage
causé à leur détriment, qu’ils auraient droit de passer sur ses terres de
Bourgogne, en payant seulement les droits de péage, savoir : à Dijon, dix
deniers par chariot pour entrer, autant pour la sortie ; à Chalon, six
deniers pour l’arrivée, autant pour le retour ; six deniers à Châtillon ;
deux deniers à Chagny ; huit deniers à Beaune avec retour sans indemnité,
etc.[95] Le
lendemain, vendredi 16 février, Hugues III, qui s’intitule légat de Philippe,
roi de France, passa un autre traité avec les consuls de Gênes pour le
transport des croisés en Terre-Sainte. Il s’engagea à payer cinq mille huit
cent cinquante marcs d’argent pour le passage de six cent cinquante
chevaliers, mille trois cents écuyers et autant de chevaux, que les Génois se
chargeaient de transporter sur leurs vaisseaux, avec armes, bagages, vivres
des hommes et des chevaux pour une durée de huit mois, provision de vin pour
un mois seulement, etc. Le duc ne put verser comptant que deux mille marcs,
et promit de payer le reste au milieu de juin suivant, soit par lui-même,
soit par ses envoyés[96]. Le 1er mars, Hugues III était
de retour en Sicile, comme nous l’avons vu, et rendit compte au roi de sa
mission. Il était temps que les croisés quittassent ce royaume, Partis de
Messine le 25 mars 1191, c’est seulement le 13 avril, veille de Pâques,
qu’ils arrivèrent devant Acre ; mais dans quelle triste situation trouva-t-on
les assiégeants ! Les deux tiers de l’armée chrétienne avaient péri, et de
cette foule de guerriers, partis à des époques différentes, bien équipés et
pleins d’enthousiasme, à peine restait-il cinq mille hommes, mal armés, mal
vêtus, exténués par la privation de nourriture et la chaleur du climat[97]. L’arrivée des renforts ranima
leur courage si éprouvé par un siège qui durait depuis près de deux ans. Les
nouveaux venus ne retrouvaient plus la plupart des compagnons qui les avaient
précédés dans cette expédition, et ceux qui avaient eu la bonne fortune de
survivre ne purent que faire le récit de leurs malheurs, des assauts
infructueux précédemment tentés, et des événements funestes qui avaient
déterminé la mort de leurs frères d’armes. A la
première attaque de cette place, le 4 octobre 1189, le grand maitre du Temple
et André de Ramerupt étaient restés sur le champ de bataille[98]. Renaud
de Grancey, Mile de Grancey, Amédée d’Arceau, Gui de Gurgi, Guillaume du
Fossé, Pierre Médaille, Hardouin de Montbéliard, qui paraissent au siège
d’Acre le 25 octobre 1189, ne se retrouvent plus après cette date et durent
succomber dans le courant de cette année. Erard de Chacenay[99], et son parent Jean
d’Arcis-sur-Aube[100], qui faisaient partie du corps
d’armée du comte de Champagne, arrivé à Acre le 27 juillet 1190[101], ne devaient plus revoir le sol
natal. Barnuin
et Jean de Drees, son fils, succombèrent également, puisque leurs veuves
firent, deux ans après, un traité avec les Templiers pour les donations
faites par eux de leur domaine d’Avosne[102]. Après
le combat du 2 octobre 1190, Clérembaud de Noyers, atteint par des blessures
qui avaient mis ses jours en danger, ayant reçu quelque signalé service du
templier Etienne, précepteur de Corbeil, dicta une lettre touchante le 30 du
même mois, dans laquelle il s’adressait à son très digne frère Hugues, évêque
d'Auxerre, à sa très chère mère Adeline, à sa très fidèle épouse Ade, à son
très cher fils Mile, à sa tendre fille Adeline. Il déclarait que, se sentant
malade de corps mais sain d’esprit, il faisait don à la maison des
hospitaliers d’Arbonne d’une rente de cent sols à prendre sur sa terre, sise
entre Noyers et Sainte- Vertu, à condition qu'Etienne, précepteur de Corbeil,
occuperait, posséderait et dirigerait cet établissement d’Arbonne, sa vie
durant. Ces conventions furent acceptées par frère Oger, alors grand précepteur
de ladite maison des hospitaliers de Jérusalem, en présence des templiers
Gauthier de Braholget, Robert de Lain, Pierre d’Ate ; des chevaliers Etienne
de Pierre-Perthuis, dit le Borier, son parent, de Bove d’Etaules[103], d'Humbert d’Argenteuil[104], etc. L’acte fut passé au siège
d’Acre, sous les tentes ou pavillons de l’ordre de Jérusalem, et rédigé par
Baudouin, écrivain des hospitaliers de Tyr[105]. Gui de
Noyers, sire de Lagesse, chevalier du temple et frère de Clérembaud,
probablement atteint par l’épidémie, fit une fondation en faveur des
hospitaliers de Sacy, près Vermanton[106], et mourut peu après[107]. Hugues III, duc de Bourgogne,
donna aussi à Acre, en mai 1191, une charte en faveur des Templiers[108]. Il attesta que Viard d’Uchey[109] avait donné aux templiers de
Jérusalem résidant soit à Dijon, soit à Cromois, Grimolois ou Véronnes, des
droits d’usage dans ses forêts de Genlis. Ce document relate la présence de
croisés Bourguignons encore non cités : Etienne de Fauverney ; Gaucher, sire
de Sombernon ; Gui de Vaux ; Jean d’Uchey, Eliasset de Saci ; Guillaume
d'Etaules ; Benoit de Genlis. Il nous apprend le décès de Maurice de Genlis
qui s’était enrôlé dans la milice du Temple. Parmi
les actes inconnus jusqu’ici qui furent donnés à ce siège mémorable, citons
encore la donation de Hugues de Bourbonne aux chevaliers du temple de
Salomon, à savoir de droits sur son domaine de Genrupt[110]. Les croisés témoins de cette
libéralité furent Hugues de Beynel, Arard ou Erard de la Ferté-sur-Amance,
Geoffroy Morel et son fils Erard, Ymbelin, fils d’Aubert du Vaux ; le
templier Guiard Escoflée[111]. Une
pièce curieuse, également de 1191, est la seule qui nous fasse connaître la
part que prirent à ce siège le fameux Eudes le Champenois de Champlitte, Calo
de Grancey, Garnier de Broin et autres qui assistent, ainsi que Manassès,
évêque de Langres, Gauthier de Sombernon, Etienne de Fauvernev, à une
donation aux Templiers par le vieux Gui de Vergy, sire de Beaumont et
d’Autrey[112]. On peut
voir dans le Cartulaire de l'Yonne[113] le testament de Gui de
Pierre-Perthuis qui, sur le point de mourir à Acre, s’adressait à sa femme et
dictait ses dernières volontés, en présence de son neveu Etienne, de Narjod
de Touci, d’Hugues de Moulins, de Seguin et Guillaume de Chaudenay, de
Gauthier de Saulx, de Geoffroy d’Asnières[114] ; Herbert, vicomte de Clamecy,
Simon de Maisy, Geoffroy Foucher[115], tous chevaliers, et de
Mathieu, chapelain de Corbigny. Barthélémy
de Vignory et son fils Gui sont comptés au nombre des victimes de ce siège[116]. Richard
Cœur de Lion n’arriva que près de deux mois après Philippe-Auguste dans
l’armée des Croisés, le 8 juin 1191. Le 12 juillet suivant, Acre capitula ;
Dreux de Mello fut chargé de faire le partage des prisonniers[117]. Les deux souverains se
divisèrent la ville pour y loger leurs troupes : le roi de France vint
habiter la maison des Templiers, pendant que le roi d’Angleterre s’installa
dans le palais. Mais malgré la victoire que l’on venait de remporter, les
discussions des chefs menaçaient de compromettre le succès de cette
expédition. Dans ces conjonctures, Philippe-Auguste tomba malade ; son
perfide allié vint le visiter ; non pour lui apporter des consolations, mais
pour lui insinuer méchamment que son fils Louis était mort. Le roi appela le
duc de Bourgogne et Guillaume des Barres pour leur demander s’ils n’avaient
rien appris d’un si funeste accident. Le duc de Bourgogne lui répondit : «
Despuis que vous venistes au siège d’Acre, vaissel ne vint d'Otre-mer, qui tel
noveles aportast. Mais li roi d’Engleterre le vos dist par félenie et par
malice, car il vos cuide trobler en la maladie, dont vous ne deussiez mais
lever dou lit[118]. » Le 22
juillet, comme Richard Cœur de Lion était dans son palais occupé à jouer aux
échecs avec ses officiers, le duc de Bourgogne, Guillaume de Mello et Robert,
évêque de Beauvais, vinrent le saluer de la part de Philippe-Auguste : Je
sais, dit Richard, ce que vous venez me demander. Votre roi désire rentrer en
France, et vous réclamez pour lui la permission de partir ; ce serait un
opprobre de vous retirer sans avoir terminé l’œuvre pour laquelle nous sommes
réunis. Sire, répondirent-ils, si le roi ne peut quitter ce pays, il mourra.
Huit jours après, Philippe fit demander de nouveau le consentement de son
allié pour partir, et l’obtint. Il abandonna au duc de Bourgogne sa part de
butin et de trésors, le constitua connétable et chef de son armée sous le
commandement en chef du roi d’Angleterre[119], puis fit voile vers la France,
le 31 juillet 1191, non sans essuyer les reproches des gens d'armes et des
trouvères, qui firent d'amers sirventes sur sa départie[120]. Il faut avouer que le duc
Hugues III n’avait ni la sagesse, ni la prudence nécessaires pour conduire
une telle armée, et surtout pour faire taire les sourdes hostilités qui
agitaient les croisés. Car les barons ne s’entendaient guère mieux que les
souverains, et au lieu de marcher d’un commun accord pour maintenir la
puissance chrétienne si compromise en Orient, ils s’épuisaient en de vaines
et coupables intrigues, que l’épidémie et les fléaux de toutes sortes ne
purent arrêter. Ces discordes ne profitaient qu’à Saladin, et étaient
d’autant plus blâmables, que, pour la première fois depuis l’origine des
croisades, l’islamisme retrouvait, sous la pensée et la direction d’un grand
chef, la formidable unité politique de ses anciens jours. Le 8
août, le duc de Bourgogne accompagné de Philippe, évêque de Beauvais, de Gui
de Dampierre et de Guillaume de Mello, lut envoyé à Tyr, vers le roi de
Jérusalem Conrad, marquis de Montferrat. Il en revint le 12 à Acre, amenant
avec lui les prisonniers ennemis qui se trouvaient dans le lot du roi de
France. On les conduisit huit jours après (20 août 1191) en présence de l’armée de
Saladin, et on leur fit cruellement trancher la tête[121], au nombre d’environ quinze
cents[122]. Pendant ce temps on
rétablissait les fortifications d’Acre, on creusait les fossés et on
construisait un mur d’enceinte[123]. Le duc de Bourgogne était
installé dans la commanderie du Temple, précédemment occupée par le roi de
France. Les
premiers jours de septembre, l’armée chrétienne tout entière se mit en
marche, et le 9 il y eut une rencontre avec les troupes de Saladin, à Arsouf
ou Arsur. Le duc Hugues III conduisait la troisième colonne des croisés,
comprenant les chevaliers du Temple. Ce corps, un moment enveloppé par les
forces considérables de l’ennemi, perdait beaucoup de monde, quand Richard
Cœur de Lion, accourant aux cris des blessés et des mourants sur le champ de
bataille, fit changer la face des choses, délivra ses alliés d’une perte
certaine et décida du sort de cette grande journée, à la suite de laquelle
les Musulmans furent poursuivis et taillés en pièces[124]. Les
faits sont rapportés ainsi par les chroniqueurs Roger de Hoveden, Benoit de Peterborough,
Raoul de Diceto et autres[125], mais l'un d’eux, plus
favorable à la cause du roi d’Angleterre, et voulant rehausser l’éclat de la
victoire du monarque, donne à entendre que le duc de Bourgogne aurait pris la
fuite, Dux enim Burgundiæ fugit[126]. Nous croyons que c'est une
inexactitude dont l'invraisemblance ne mérite pas d'être discutée[127]. Ce que l’on sait du caractère
de Hugues III écarte une telle accusation ; il avait de grands défauts, il
était inconséquent, enleveur de damoiselles et détrousseur de grands chemins,
mais il était d'une bravoure éprouvée, et le jugement que porte sur lui
Joinville mérite plus de créance quand il dit, que Hugues fut moult bon
chevalier de sa main et chevaleureux, mais qu’il ne fut oncques tenu à saige,
ne à Dieu ne au monde. C’était aussi l’avis de Philippe-Auguste,
lorsqu'il disait que le duc pouvait bien être appelé preux homme mais non
prud'homme[128]. La victoire
remportée par les chrétiens détermina la prise de Jaffa, d'Ascalon et de
Césarée, mais n’empêcha ni les discussions intestines, ni la lassitude des
croisés, que poursuivait le souvenir de la patrie absente. Le 1er
octobre 1101, le roi d’Angleterre apprenait à Garnier de Rochefort, abbé de
Clairvaux, le résultat des derniers incidents et la mort de Jacques d’Avesne
; il l’invitait à recueillir des fonds nécessaires pour la continuation de la
croisade, parce que sans argent on ne pouvait prolonger le séjour en
terre-sainte au-delà de Pâques 1192. Il ajoutait : « Le duc de Bourgogne et
les Français qui lui sont soumis ; Henri, comte de Champagne, et ses hommes ;
les comtes, barons et chevaliers, ayant épuisé leurs ressources au service de
Dieu, retourneront dans leurs domaines, si votre éloquence ne leur vient en
aide et ne pourvoit à leurs besoins[129]. » Cet appel ne fut point
entendu, et les efforts des chrétiens restèrent sans résultat ; mais
comprenant qu’il fallait porter un grand coup, Richard proposa aux fêtes de
Noël d’assiéger Jérusalem[130], où Saladin s'était retiré avec
ses troupes après sa défaite[131]. Le duc
de Bourgogne, responsable de l’armée du roi de France, ne voulut y consentir,
prétendant que le roi d’Angleterre ne manquerait pas de s’attribuer les
honneurs de la victoire[132], et que vaincre pour la gloire
des. Anglais ce serait manquer de patriotisme[133]. Ces raisons sont assurément
mauvaises, le refus motivé par le manque d’hommes et d’argent que lui prête
Roger de Hoveden[134] est préférable. Toutefois c’est
ici que doivent être faits de graves reproches à la conduite du duc de
Bourgogne, qui, malgré la déférence qu’il devait à Richard Cœur de Lion,
opposa sans cesse une vive résistance à ses volontés, et conserva toujours contre
lui une sourde rancune qui n’était pas sans cause. Quelque temps après, le
jour de la Saint-Hilaire (21 février 1192), il y eut une grande réunion entre les Templiers
et les Hospitaliers ; l’on y décida de fortifier Ascalon[135], où le roi d’Angleterre passa
l’hiver[136], en compagnie du comte de
Champagne qui s’était mis à ses gages[137], pendant que le duc de
Bourgogne, retiré à Tyr, recevait l’hospitalité de Conrad de Montferrat[138]. La
mauvaise saison se passa dans l’inaction, dans des intrigues assez puériles
et dans une lassitude générale. Quinze jours avant Pâques 1192, le duc de
Bourgogne et les chevaliers français déclarèrent de nouveau au roi
d’Angleterre qu’ils ne pouvaient demeurer plus longtemps, s’il ne leur
procurait ce qui était nécessaire[139]. La
prise de Daroum, dont le siège eut lieu dans les premiers jours de juin, fut
un des derniers efforts des croisés ; puis suivirent avec les Musulmans des
négociations peu honorables et assez étranges de la part des chrétiens venus
pour les combattre avec tant d’enthousiasme et de retentissantes promesses.
Le découragement et les querelles intestines amenaient ce manque de dignité.
D’autres négociations, auxquelles le duc de Bourgogne fut mêlé, eurent lieu
au sujet de la nomination du roi de Jérusalem. Cette qualité fut conférée à
Henri, comte de Champagne, qui fit son entrée à Acre, en compagnie de Hugues
III, avec une grande solennité[140]. Suivant
un chroniqueur Anglais[141], le sénéchal de Bourgogne,
Anséric de Montréal, étant sur le point de mourir, révéla une trahison dont
il s’était rendu coupable avec l’évêque de Beauvais, le comte Robert de
Dreux, Gui de Dampierre, le landgrave de Thuringe et le comte de Gueldre. Ils
avaient reçu, disait-il, de Saladin, trente-deux mille besants et cent marcs
d’or, sans compter quatre chameaux, deux léopards et quatre faucons donnés au
landgrave, et une foule d’autres présents, pour faire différer l’assaut de
Ptolémaïs et laisser livrer aux flammes les tours et les machines des
chrétiens. Ce témoignage isolé d’un auteur qui avait épousé toutes les haines
de Richard Cœur de Lion contre les maisons de France et de Bourgogne, ne
supporte pas la discussion. Le 18
août 1192[142], le duc de Bourgogne étant à
Acre tomba malade, et se sentant gravement atteint fit écrire une lettre à
son fils Eudes et à son très cher ami le roi de France, pour leur recommander
une donation en faveur de Saint-Etienne de Dijon. Huit jours après, le 25
août 1192, il était mort[143]. Son corps, embaumé et mis dans
un coffre de cèdre rempli de parfums[144], fut apporté à Cîteaux par les
soins probables du chambellan Mathieu d’Etais[145], puis déposé dans un tombeau
préparé par sa veuve sous le portail de l’église[146]. Hugues
laissait sept enfants, savoir, de sa première femme Alix de Lorraine : 1°
Eudes III, duc de Bourgogne, qui suit. 2°
Alexandre, souche des seigneurs de Montagu, marié à Béatrix de Réon ou de
Gergy, décédé en 1205. 3°
Marie, nommée aussi Duchesse, femme de Simon de Semur-en-Brionnais, seigneur
de Luzy. 4°
Alix, mariée en premières noces à Bérard, seigneur de Mercœur et en secondes
noces à Robert, dauphin d’Auvergne. De sa
deuxième alliance avec Béatrix d'Albon, fille de Guigues, dauphin de
Viennois, remariée avant 1202 avec Hugues, sire de Coligny, et morte en 1228,
Hugues III laissa : 1°
André, dit Dauphin, souche de la branche des Dauphins de Viennois, né en
1184, chevalier en 1204, marié en juin 1202 à Béatrix, dite de Claustral,
petite- fille de Guillaume VI, comte de Forcalquier, qui lui apporta en dot
les comtés de Gap et d’Embrun, et dont il fut séparé par jugement
ecclésiastique en 1211. Il en eut une fille Béatrix, fiancée d’abord fort
jeune en 1207 avec le fils d’Hervé, comte de Nevers, mariée en 1214 à Amaury
V, comte de Montfort. En secondes noces André Dauphin épousa Somnoresse de
Poitiers, fille d'Aimar II de Poitiers, comte de Valentinois. En troisièmes
noces André se maria le 21 novembre 1219, avec Béatrix de Montferrat, fille
de Guillaume IV, marquis de Montferrat. Le testament d’André est daté du 4
mars 1237, et sa mort eut lieu le 14 du même mois. 2°
Mathilde ou Mahaut, qui épousa en 1214 Jean de Chalon, comte de Bourgogne,
tige des comtes palatins de Bourgogne. 3° Béatrix, mariée à Albert de la Tour[147]. |
[1]
Ex Radulpho Coggershale abbate, Recueil des historiens de France,
t. XVIII, p. 61 D. — La date de novembre s’impose, car Grégoire fut consacré
pape le 25 octobre 1187 et mourut moins de deux mois après, le 17 décembre.
[2]
Ex Radulfo de Diceto ; Recueil des historiens de France, t. XVII.
p. 25, n., 629 B ; Bened. de Petroburg. ; id. t. XVII, p. 478 A.
Rigord, D. Bouquet, t. XVII, p. 25 A. B. donne la date du 13 janvier. Il est
possible que la réunion ait duré du 13 au 25 janvier, c'est-à-dire huit jours.
[3]
Consulter, pour cette date, Benoit, abbé de Peterborough, Recueil des
historiens de France, t. XVII, pp. 489, 495, 498, 500 ; Rigord, Roger de
Hoveden, loco citato.
[4]
Rigord, de Gestis Philippi-Augusti, Recueil des historiens de France,
t. XVII, pp. 17, 29.
[5]
Chron. S. Mariani Autissiod., p. 93 ; Bd. Camuzat, Trecis, 1608.
[6]
Eudes II, sire de Grancey, ne mourut qu'en 1197.
[7]
Orig. Arch. de l’Yonne, Fonds de la commanderie de Pontaubert, l. I.
[8]
Amédée d'Arceau avait épousé Agnès de Grancey, fille d'Eudes II.
[9]
Par Peisso-le-Franc, nous croyons qu'il faut voir soit Poinçon-les-Grancey,
soit Poinçon-les-Larrey, terres qui l'une et l'autre appartenaient à la maison
de Grancey.
[10]
Bussières, commune du canton de Grancey, arrondissement de Dijon (Côte-d'Or).
[11]
Renaud de Grancey laissait en Bourgogne une veuve et des enfants en bas âge. Sa
femme Damette de Chastellux était fille d'Artaud de Chastellux, qui avait
épouse Aalasia, veuve du connétable Guillaume de Marigny. En 1191, Damette
était remariée à Otto, sire d'Estrabonne. Artaud avait une autre fille Agnès,
mariée à Renaud d’Avallon. Voir les Recherches sur les anciens seigneurs du
Chastellux, par M. le comte de Chastellux.
[12]
Cet acte est approuvé par Gauthier de Sombernon, Simon de Vergy, Gille de
Trainel, femme de Hugues, par Gui son père, Guillaume, précepteur de son fils,
etc. Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Cîteaux, n° 166, fol. 57 et n°
168, fol. 103 ; Ed. A. Duchesne, Histoire de la maison de Vergy, pr. p.
148.
[13]
Orig. Arch. de la Côte-d’Or, Fonds de la commanderie de la Romagne, II,
1234.
[14]
Jolibois, La Haute-Marne ancienne et moderne, p. 127.
[15]
Aubri de Trois-Fontaines, dans D. Bouquet, t. XVIII, p. 752, B. C.
[16]
Arch. de la Côte-d'Or ; Cartulaire de Cîteaux, t. III, fol. 425 ; Ed. Maison
de Chastellux, p. 267.
[17]
Orig. autrefois scellé. Arch.de l'Yonne, Fonds des Echarlis ; Ed. Cartulaire
de l'Yonne, t. II, p. 399. On doit remarquer qu’Anséric de Montréal ainsi
que Jean d'Arcis-sur-Aube, son frère, relevait du duché de Bourgogne et du
comté de Champagne pour des terres différentes.
[18]
Orig. Arch. de la Côte-d’Or, F. Fontenay, H. 574 et H. 575, 2 pièces.
Mabile, femme d’André, et sa fille Pétronille, approuvent.
[19]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, F. du Puits d'Orbe, carton 1039.
[20]
Orig. Arch. de la Côte-d’Or, F. Fontenay, II. 575. Parmi les témoins de
cet acte, citons : Jobert, abbé de Fontenay, Bernard de Grignon, André, sire de
Savoisy, Alverius de Fontaines, Thierry de Savoisy et Merveiles
Joculater.
[21]
Clérembaud donne à N.-D. de Noyers une rente en grains sur le moulin de Moutot.
Arch. de la Côte-d’Or ; 2e Cartulaire de Molème, fol. 80 v° ; Ed. Cartulaire
de l'Yonne, t. II, p. 390 ; Ernest Petit, Cartulaire
de Jully-les-Nonnains, p. 26.
[22]
On a de nombreuses chartes de lui. Voir E. Petit, Les sires de Noyers,
pp. 47, 48, 49 ; et le Reomaus, p. 223.
[23]
Gui, frère de Clérembaud, partant pour Jérusalem donne aux religieux de Reigny
droit de pâture dans ses domaines de Joux, Lucy, Thory ; Arch. nat., Cartulaire
de Reigny, Sect. Judic., LL. 988 bis.
[24]
Orig. Sceau portant un donjon flanqué de tours. Arch. de l'Yonne, F. Pontigny, t.
V., s. 1. 2. Ed. Cartulaire de l'Yonne, t. II, p. 404. Etienne de
Pierre-Perthuis donne à Pontigny ses dîmes de Bassou.
[25]
E. Petit, Les sires de Noyers, p. 49 ; Cartulaire de l'Yonne, t.
II, chartes de 1189 ; Reomaus, p. 224.
[26]
L'illustre Orbandale, t. I, pr. 85 ; Guillaume de Chalon dut partir dès
1189, puisqu'il était au siège d'Acre avec le comte de Champagne ; Radulfus de
Diceto, Imagines historiarum ; Recueil des historiens de France,
t. XVII, p. 636 D. L'original est aux archives de Saône-et-Loire, Fonds de la
Ferté.
[27]
Orig. Arch. de Saône-et-Loire.
[28]
Arch. de la Côte-d'Or, 2e Cartulaire de Molème, II. 307.
[29]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, II. 307.
[30]
Orig. Arch. de l'Yonne, F. Prieuré de Jully ; Cartulaire de l'Yonne,
t. II. p. 400 ; Asnières, commune du canton de Montbard, arrondissement de
Semur-en-Auxois (Côte-d'Or).
[31]
Ed. U. Chevalier, Cartulaire de N.-D. de Léoncel, Montélimar, 1869, p.
42.
[32]
Ed. Ulciensis ecclesie chartarium, pr. pp. 43, 44. Oulx, qui appartenait
à la France avant le traité d'Utrecht, fait partie des Etats-Sardes, diocèse de
Turin.
[33]
Gall. Christ., t. III, col. 1107, eccl. Ebredunensis.
[34]
Bibl. nat., Cartulaire du Dauphiné, fonds Fontanieu, lat. 10.954, fol.
143 r° ; édité Ulciencis ecclesiœ chartarium ; Augustæ Taurinorum, MDCCLIII, in-f°, pr.
p. 42 et p. 44.
[35]
Cartulaire de Saint-Vallier, par Albert Caiso, pp. 11, 12 ; Histoire
du Dauphiné par Chorier, t. II, fol. 74. 75 ; Dictionnaire du Dauphiné,
par Guy Allard, publié par Cartel, au mot Saint-Vallier.
[36]
E. Clerc, Histoire de la Franche-Comté, I. I, p. 383.
[37]
Voir d'Arbois de Jubainville, Histoire des comtes de Champagne, t. IV
pp. 24 et suiv.
[38]
Henri, comte de Troyes, y donne pour les religieux de Pontigny droit de péage
pour leurs vins. Voir à ce sujet trois pièces inédites, Bibl. d'Auxerre, Cartulaire
de Pontigny, de l'abbé Depaquit, t. II, pp. 329, 330.
[39]
Consulter pour les pays de l'Yonne, un article de M. Quantin, les Croisés de
la basse Bourgogne ; Bulletin de la soc. des sciences hist. et natur. de
l'Yonne, t. VII, p. 301 et suiv. ; comparer le Cartulaire de l'Yonne,
t. II, aux années 1189, 1190.
[40]
Etienne de Brives est de la famille de Pierre Perthuis, qu'une alliance de sa
mère rendait frère utérin des sires de Seignelay.
[41]
Guillaume de Joigny ratifie les donations faites par son père à l'abbaye de
Dilo. Orig. Arch. de l'Yonne, II. 698.
[42]
Dreux de Mello fut nommé connétable vers le mois de juillet ; L. Delisle, Catalogue
des actes de Philippe-Auguste, Introd. p. LXXXIV. Il paraît intéressant de publier la
charte qu'il donne à Vézelay avant son départ.
[43]
Bibl. nat. ms. lat. 9885, Cartulaire de Crisenon, fol. 80 v°, pièce 166.
[44]
La preuve en est fournie dans les pages suivantes.
[45]
Voir L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 324-327, en
rectifiant toutefois la date de mois (août au lieu de juillet).
[46]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds des Carmélites de Beaune, H, 1076.
[47]
Arch. de la Côte-d’Or, Cartulaire de Cîteaux, t. III, fol. 3 v°, fol. 25
v°.
[48]
Titres de M. Joly de Servetières ; Clément Janin, Notice sur Fontenottes.
[49]
Garnier, évêque de Langres, dit dans l'acte donné par lui, en parlant de Raoul
de Bierri. iturus Jerosotimam. Bibl. nat. ms. franç. 5.995, fol. 90 r°.
Bierri, canton de Guillon, arrondissement Avallon (Yonne).
[50]
Arch. nat ; Layettes du trésor des Chartes, t. I. pp. 164, 165 ; Raoul
de Diceto, col. 654, mentionne sa présence au siège d'Acre.
[51]
Orig. Arch. de la Côte-d’Or : F. Fontenay, II. 672. Adeline, femme de
Mathieu d’Etais et sa fille Eglantine approuvent ces donations. Etais et Puis
sont deux communes du canton de Laignes, arrondissement Châtillon-sur-Seine
(Côte-d’Or).
[52]
Mathieu d'Etais parait encore en 1191 dans une charte d'Eudes, fils du duc
Hugues III, en 1191 ; Bibl. nat., ms. latin, 17.087, Cartulaire de Cluny,
fol. 347.
[53]
Arch. de la Côte-d'Or ; Cartulaire de N.-D. de Châtillon (d'Hochemelle).
[54]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds de la Bussière, H. 537.
[55]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds de Fontenay, H. 577.
[56]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds Sainte-Marguerite, H. 677.
[57]
Orig. Arch. de la Côte d'Or ; Fonds de Manières, H. 606.
[58]
Arch. de la Côte d'Or ; Cartulaire de la Magdelaine, n° 240, fol. 254
r°.
[59]
Bibl. nat., collection de Bourgogne, t. VIII, fol. 216.
[60]
Bibl. nat., ms. latin, 17.722, Cartulaire de la Bussière, p. 151.
[61]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; F. Oigny, H. 672.
[62]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds de Fontenay, II. 572 ; Cartulaire
de Saint-Seine, p. 49 ; Pérard, pp. 263, 264.
[63]
Arch.de la Haute-Marne, Cartulaire d’Auberive, t. I, pp. 698, 700.
[64]
Arch. du la Haute-Marne, Cartulaire d'Auberive, t. I, p. 778.
[65]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; Fonds Fontenay, H. 577.
[66]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or ; F. Fontenay, H. 585.
[67]
Arch. de la Côte-d’Or ; Cartulaire de Saint-Etienne, n° 22, fol. 108.
[68]
Arch. de Vausse, Cartulaire de Quincy, fol. 60.
[69]
Arch. de Vausse, Cartulaire de Quincy, fol. 63.
[70]
Arch. de Vausse, Cartulaire de Quincy, fol. 61.
[71]
Arch. de la Côte-d Or ; Recueil de Peincedé, t. XVIII, p. 128.
[72]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Saint-Seine, fol. 63.
[73]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Saint-Seine, p. 13 et Recueil de
Peincedé, t. XVIII, p. 127.
[74]
Barnuin et Jean de Drees sont tous deux cités dans une pièce de 1193, comme
ayant donné leur domaine d'Avosne aux Templiers, ce qui est contesté par leurs
veuves. Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Titres de la commanderie de
Dijon, H. 1169 ; n° 900 de notre catalogue.
[75]
Arch. de Vausse, Cartulaire des Templiers, F. Mormand, t. II, Charte de
1189 notifiée par Manassès de Bar-sur-Seine, évêque de Langres.
[76]
Arch. de Vausse, Cartulaire des Templiers, t. III, F. commanderie de
Beaune.
[77]
Arch. de Vausse, Cartulaire de Cîteaux, t. 2, fol. 218.
[78]
Cartulaire de Cîteaux, t. II, fol. 220. Voir une charte datée du siège
d'Acre, constatant la présence de Gauthier de Sombernon.
[79]
Bibl. nat., ms. lat. 9883, Cartulaire de Crisenon, fol. 74 r°, pièce
176.
[80]
Cartulaire de Cîteaux, n° 167, fol. 85 et 86. L’année n’est pas
indiquée, mais la pièce est faite en ce moment, puisque le pape Célestin III
approuve l’acte par une bulle du 30 septembre 1193. On a un autre diplôme de
Richard Cœur de Lion, du 4 mai de la 9e année de son règne (Cartulaire de
Cîteaux, n° 167, fol. 85). Guillaume, abbé de Cîteaux, que lo roi
d’Angleterre appelle son vénérable ami, devait être d'origine anglaise, comme
jadis Etienne Harding.
[81]
Benoit de Peterborough dit à propos du séjour des rois à Vézelay : Ibi moram
fecerunt per duos dies. D. Bouquet, t. XVII, p. 500. Les deux rois ne
furent en effet que deux jours ensemble à Vézelay, mais Philippe-Auguste y
séjourna après le départ de Richard.
[82]
V. Catalogue des actes de Philippe-Auguste, par M. L. Delisle, n°
320-323.
[83]
Bibl. nat., ms. latin, 17.722, Cartulaire de la Bussière, p. 151, n°
842-844 de notre catalogue.
[84]
Orig. Arch. de Saône-et-Loire.
[85]
Chartes de Manières, coll. Joursanvault, à la Bibl. nat.
[86]
N° 850 de notre catalogue.
[87]
L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 327 en
rectifiant l'indication du mois (août au lieu de juillet).
[88]
Raoul de Diceto fait arriver Philippe-Auguste à Messine XVI kal. octob.
et Richard d'Angleterre IX kal. octob. Il faut lui donner raison sur
Rigord (D. Bouquet, t. XVI, p. 31 D.), qui les fait arriver en août, époque
inconciliable avec la présence certaine des souverains à Lyon au milieu de ce
mois.
[89]
Rigord, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 31 D.
[90]
Ex Benedicto Petroburgensi, Recueil des historiens de France, I.
XVII, p 304 E.
[91]
Rigord, apud D. Bouquet, loco citato.
[92]
Ex Benedicto Petroburgensi, Recueil des historiens de France, t.
XVII, p. 305 C.
[93]
Ex Benedicto Petroburgensi, Recueil des historiens de France, t.
XVII, p. 513 B.
[94]
Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 315 A. B. C. n.
[95]
Ed. Historio patriæ monumental liber jurium reipublice Genuensis, t. I,
pp. 384, 385, n° 371.
[96]
Il faut lire cette curieuse pièce dans son texte intégral : Historiæ patriæ
monumenta, Turin, 1854 ; liber jurium reipublice Genuensis, t. I,
pp. 3B5, 356, n° 372.
[97]
Gui de Bazoches, dans Aubri de Trois-Fontaines ; Recueil des historiens de
France, t. XVIII, p. 753 B. : Tagornon, Bibl. des Croisades, t. III,
p. 325.
[98]
Gui de Bazoches, loco citato, t. XVIII, p. 752 B. C.
[99]
Aubri de Trois-Fontaines ; Recueil des historiens de France, t. XVIII,
p. 755 A.
[100]
Vinisauf, liv. I, ch. XLII. Jean d'Arcis, frère d'Anséric de Montréal, laissait
une veuve Helissang et des enfants qui devaient continuer la lignée.
[101]
D'Arbois de Jubainville, Histoire des comtes de Champagne, t. IV, p. 30.
[102]
Orig. Arch. de la Côte-d’Or, Titres de la commanderie du Temple de
Dijon, H. 1169 ; n° 900 de notre Catalogue d’actes.
[103]
Etaules, près Avallon (Yonne).
[104]
Argenteuil, commune du canton d’Ancy-le-Franc, arrondissement Tonnerre (Yonne).
[105]
Vidimus de 1285, passé à Tonnerre. Arch. de la Côte-d'Or, B. 1272.
[106]
Sacy, canton de Vermanton, arrondissement Auxerre (Yonne).
[107]
Voir Ernest Petit, Les sires de Noyers, pp. 48, 49.
[108]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, fonds des Templiers.
[109]
Uchey, près Genlis (Côte-d'Or).
[110]
Genrupt, canton de Bourbonne (Haute-Marne).
[111]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, H. 1237 ; fonds des Templiers.
[112]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, fonds de la commanderie de la Romagne. H.
1234. Gui de Vergy eut comme son fils Hugues la bonne fortune de rentrer en
Bourgogne.
[113]
T. II. pp. 133, 434.
[114]
Asnières, commune du canton de Vézelay, arrondissement Avallon (Yonne).
[115]
Ce Geoffroy Foucher est un personnage important qui figure plus d'une fois dans
les titres des Templiers, et qui occupe, croyons-nous, une haute fonction parmi
les chevaliers de cet ordre.
[116]
Ex chron. Alberici, Recueil des historiens de France, t. XVIII,
p, 755 A.
[117]
Bibl. des croisades, t. I. p. 742.
[118]
L'Estoire des Eracles empereur ; Histoire des Croisades, t. II,
p. 180.
[119]
Philippe-Auguste laissait à Hugues III dix mille fantassins, et cinq cents
hommes d'armes, soudoyés pour trois ans. Art de vérifier les dates, éd.
1818, t. II, p. 49.
[120]
Pour tout ceci, voir Benoit de Peterborough, Recueil des historiens de
France, t. XVII, p. 525 c., comparer Rigord, id., t. XVII, p, 36 A.
V. le Romancero français, publié par Paulin Paris.
[121]
Ex Bened. Petroburg., Recueil des historiens de France, t. XVII,
p. B27 C. D. et 628 C.
[122]
Suivant Roger de Hoveden.
[123]
Raoul de Diceto, dans le Recueil des historiens de France, t. XVIII, p.
641 C.
[124]
Benoit de Peterborough et Roger de Hoveden, Recueil des historiens de France,
t. XVII, p. 529 B. n., Raoul de Diceto, id., t. XVII, p. 641 C. Bibl.
des croisades, 2e édition, t. IV, p. 328, 329 ; Johannes Iperii, id.,
t. XVIII, 597 E.
[125]
Loco citato. Voir ce que dit de cette bataille M. Delpech, Tactique
militaire au XIIIe siècle, t. I, pp. 381-393.
[126]
Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 529 B. n.
[127]
D'ailleurs le fait n'est point confirmé par les autres chroniqueurs qui
rapportent les choses différemment.
[128]
Courtépée, Histoire de Bourgogne, nouv. édit., t. II, p. 128.
[129]
Roger de Hoveden, Recueil des historiens de France, t. XVIII, pp. 529 et
530 C. D., Vinisauf, liv. IV, chap. VI.
[130]
Roger de Hoveden, t. XVII, p. 540 n.
[131]
Ex Johann. Iperii, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 597 E.
[132]
Ex Johann. Iperii, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 597 E.
[133]
L’Estoire des Eracles empereur, liv. XXVI, chap. VIII ; Historiens
occidentaux des croisades, t. II, pp. 185, 186 ; Radulphi Coggesbalæ
abbatis ; id., t. XVIII, p. 66 B. C. Ce dernier chroniqueur donne
une version plus étrange. Le duc de Bourgogne ayant refusé de participer à la
prise de Jérusalem, le roi d'Angleterre l'aurait appelé traître, et l'aurait
interpellé en lui prouvant qu'il avait reçu cinq chameaux chargés d'or,
d'argent et de vêtements précieux, de la part de Saladin. Richard fit
comparaitre les émissaires qui avaient apporté ces présents, et les fit percer
de flèches en présence de l'armée. Après quoi le duc couvert de confusion se
retira sous ses tentes à Acre.
[134]
Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 450 n.
[135]
Roger de Hoveden, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 547 D.
[136]
Johannes Iperii ; id., t. XVIII, p. 597 E.
[137]
Guillelmus Neubrigensis, Id., I. XVIII, 28 E. 29 A., Vinisauf, liv. V,
chap. IX et XIV.
[138]
Johannes Iperii, D. Bouquet, t. XVIII, p. 597 E.
[139]
Roger de Hoveden, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 547 D.
[140]
Nous glissons rapidement sur des événements qui n'ont pas un intérêt spécial
pour notre histoire, et pour lesquels il faut consulter tous les chroniqueurs
déjà cités, et notamment Roger de Hoveden, dans le Recueil des historiens de
France, t. XVII, p. 548 B. D ; Ibn Alatir, dans la Bibl. des croisades,
1re éd., t. II, p. 527 ; l'Estoire de Eractes empereur, liv. XXVI. chap.
I, dans les Historiens occidentaux des croisades, t. II, p. 189 ;
Vinisauf, liv. VI, chap. IX, etc.
[141]
Radulfi de Diceto, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 637 D.
— Suivant d'autres, Anséric de Montréal serait mort pendant le siège (Bened.
Petrob., Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 512 D).
[142]
Cette date est fournie par le texte de Roger de Hoveden, Recueil des
historiens de France, t. XVII, p. 549 B. Or le duc mourut le 25.
[143]
Cette date est fournie par les obituaires de Cîteaux, fol. 25 et de la
Sainte-Chapelle de Dijon, fol. 71 (Arch. de Vausse). Ces deux documents portent
l’événement au VIII Idus August. Nous ignorons pourquoi l'Art de
vérifier les dates, édition de 1818, t. II, p. 49, met cette mort au
commencement de 1193 à Tyr.
[144]
Courtépée, nouv. édit., t. I, pp. 128, 129.
[145]
Le retour du chambellan Mathieu d'Etais est établi en 1193, par une pièce dans
laquelle il est dit : tempore peregrinationis sue Jherosolimitano. Orig.
Arch. de la Côte-d'Or, F. Fontenay, II. 572.
[146]
Voici l'épitaphe qui fut mise sur le tombeau de Hugues III à Cîteaux, tombeau
dont Dom Plancher, Histoire de Bourgogne, t. I, p. 364, a donné une
assez mauvaise reproduction.
Hic jacet
strenuissimus dux Burgundie
Hugo III,
filius Odonis II, qui gloriosa morte
Occubuit in
expeditione Orientali contra
Infideles,
anno MCLXXXXII ; fvndaveral sacram
Divionensem
capellam anno MCLXXII
Vivat in
colis perenniter. Amen.
[147]
Pièce de 1220. Voir au catalogue de nos actes. André, dauphin de Viennois,
promet à Béatrix, sa sœur et à Albert, seigneur de la Tour, son mari, une somme
de 600 liv. pour ses prétentions à la succession du comté d'Albon et du
Viennois ; du Bouchet, Preuves de la maison de Coligny, p. 51.