HISTOIRE DES DUCS DE BOURGOGNE DE LA RACE CAPÉTIENNE

TOME TROISIÈME

 

CHAPITRE XIX. — RÈGNE DE HUGUES III (suite) - 1183-1190.

 

 

Sièges de Vergy et de Châtillon-sur-Seine. — Campagne de Philippe-Auguste en Bourgogne. — Le château de Vergy. — Hugues, sire de Vergy, refuse hommage au duc. — Ses alliés. — Premières hostilités. — Ravages réciproques. — Amende infligée au duc par le roi. — Première charte de commune de Dijon. — Reprise de la guerre entre le duc et le sire de Vergy. — Forts autour de Vergy. — Ravages du sire de Broyés. — Hugues de Vergy offre la suzeraineté de son château au roi de France. — Traité d'alliance entre Hugues III et le roi des Romains passé à Orvieto, en Italie. — Alliance entre Philippe-Auguste et le conte de Flandre. — Marche du roi sur la Bourgogne. — Levée du siège de Vergy. — Hugues III s’enferme à Châtillon. — Siège de cette ville par Philippe-Auguste. — Récit des chroniqueurs. — Sac et incendie de Châtillon. — Eudes III, fils du duc de Bourgogne, fait prisonnier. — Hugues III fait amende honorable au roi. — Sa condamnation à une rançon de 30.000 livres. — Seconde charte de commune de Dijon. — Le roi Philippe-Auguste en ratifie la teneur à Tonnerre. — Pacification générale faite à Tonnerre. — Départ de Philippe-Auguste. — Nouveaux démêlés et traité de paix entre Hugues III et le roi des Romains.

 

Lorsqu’on sort de Dijon par la route de Beaune, on longe la chaîne non interrompue de montagnes, sur le versant oriental desquelles s’étalent tous les vignobles fameux de la Côte-d'Or. Laissant à droite les « encore si mal aisée et difficile, qu’on ne la pouvoit gaigner[1]. »

Ce vaisseau renversé occupe le centre d’une cuvette gigantesque et grandiose, dont les montagnes qui l’entourent forment les parois, et établissent des fossés naturels qui n’ont pas moins de sept cents mètres de largeur. On comprend la situation exceptionnelle de cette forteresse légendaire, qui conserva le renom d’être imprenable, et que le roi Louis le Jeune offrait comme asile et comme refuge à l’abri de toute atteinte, au pape Alexandre III, menacé en 1159 par l’empereur Frédéric Barberousse. On s’explique cette réponse d’un sire de Vergy à un roi de Castille : « Sire, tous les foins de votre royaume ne combleraient pas les fossés de mon château. »

A la date de 1183, la terre de Vergy était en la main de Hugues de Vergy, fils de Gui de Vergy et d’Alix de Beaumont-sur-Vingeanne. Ces derniers vivaient encore[2], il est vrai ; mais Gui, étant devenu seul possesseur des châteaux de Beaumont et d'Autrey, après la mort de Hugues de Beaumont et de Mahaut de la Ferté, père et mère de sa femme[3], avait cédé le domaine de Vergy à Hugues, son fils aîné, vers 1178, lors de son mariage avec Gille de Trainel[4].

Gui de Vergy avait fait des constructions nouvelles à Vergy, et ajouté des fortifications qui rendaient plus difficile encore l’accès de cette place redoutable[5]. Son fils Hugues, désireux, comme plusieurs barons de cette époque, de s’affranchir de tout devoir de vassalité, comptant sur la force de ses murailles, refusa de rendre foi et hommage au duc de Bourgogne. Peut-être appuyait-il ce refus de raisons sérieuses qui ne nous ont pas été expliquées. Ces motifs ne sont autres, croyons-nous, que l’abus excessif qu’Hugues III fit de ses hommes et de ses vassaux, fréquemment entraînés à des expéditions lointaines pendant les années précédentes. Dans l’été de 1183, il avait encore guerroyé dans le Limousin et conduit des troupes au secours de Henri le Jeune, roi d’Angleterre[6], alors en guerre avec son frère Richard, duc d’Aquitaine. Les routiers, qui parcouraient cette province, en étaient sortis après la mort d’Henri au Court-Mantel, le 11 juin 1183, et se dirigeaient vers la Bourgogne[7], dans l'espoir d’un riche et facile butin en l’absence du souverain et de ses féodaux. Les bandes se mirent en marche à travers le Bourbonnais et le Berri, où Gaucher de Vienne, sire de Salins, prit une part active à leur destruction, ainsi que sa belle-mère Alix, veuve d’Archambaud de Bourbon, sœur du duc de Bourgogne[8]. Ce dernier dut revenir en toute hâte dans la direction du duché, et porter secours au sire de Salins[9], qu’il avait marié avec sa nièce et pupille Mathilde de Bourbon[10].

Les seigneurs, jaloux de leurs privilèges et de leur indépendance, devaient peu se soucier de suivre Hugues III, dans des expéditions lointaines où leur intérêt n’était pas en jeu, et qui leur créaient des dépenses auxquelles ils ne pouvaient subvenir. Les uns et les autres ne possédaient que des revenus en nature ; le duc lui-même n’avait guère de tributs en argent que sur les domaines échappés aux anciens fiscs royaux et à l’incessante absorption des monastères. Quand on était à court d’argent, il fallait s’adresser au clergé et lui demander des subsides qu'il ne s’empressait pas de fournir. Dans ce cas, le clergé et les barons avaient un intérêt commun et s’entendaient pour résister. C’est ce qui se produisit dans la lutte qui allait s’ouvrir entre le duc et le sire de Vergy.

Quelles que fussent les causes de la rupture, cette collision entre le suzerain et l’un de ses grands vassaux mit la province dans un trouble inexprimable. Si le duc disposait de forces imposantes, le seigneur de Vergy s’appuyait sur des alliés nombreux et puissants. C’était d’abord son frère Simon, auquel devait revenir la terre et le château de Beaumont ; puis son beau-père Garnier de Trainel, sire de Marigny, sénéchal de Champagne, qui lui portait secours avec les barons Champenois, comme l’indique la chronique de Saint-Marien d’Auxerre[11] ; ses beaux-frères Garnier III de Trainel, Clérembaud de Chappes, Hardouin de Méry ; son cousin germain Anceau de Trainel ; les sires de Broyés, ses proches parents. D’autre part. Hugues de Vergy avait dans les vassaux de son père, relevant des châteaux de Beaumont et d’Autrey, des alliés naturels, auxquels devaient s’adjoindre divers tenanciers de Franche-Comté, qui n’étaient retenus par aucun lien féodal à l’égard du duc de Bourgogne. Il était, déplus, soutenu dans ses revendications par plusieurs membres de la puissante maison de Mont-Saint-Jean, dont le chef Hugues avait épousé Elisabeth de Vergy, tante de Hugues de Vergy.

Les premiers efforts du duc Hugues III contre son adversaire restèrent sans résultat ; mais ce n’était que le prélude d’une guerre longue et désastreuse, sur laquelle les chroniqueurs ne fournissent que de vagues indications, sans donner les dates précises des phases et des événements divers qui la concernent. Il semble que les chroniques se sont inspirées d’une source commune, en reproduisant la même erreur, et en attribuant à Gui de Vergy des faits qui ne sont imputables qu’à son fils Hugues, alors sire de Vergy. Le récit du moine de Saint-Marien d’Auxerre, quoique sommaire, place nettement les premières hostilités en 1183, et il était assez bien informé pour qu’il soit permis de s’en rapporter à son assertion[12]. D’autres historiens ont confondu en un seul épisode des actes qui doivent être rétablis à des époques différentes[13]. Dans l’impossibilité de s’emparer du château de Vergy, le duc Hugues III fit des ravages sur les terres qui en dépendaient, ainsi que sur les domaines des ligués Champenois, venus au secours de Hugues de Vergy ; mais ceux-ci, usant de représailles, mirent également le duché à feu et à sang[14]. Les biens ecclésiastiques compris dans les enclaves des contrées envahies subirent les mêmes atteintes et éprouvèrent des dommages considérables, dont les plaintes ne tardèrent pas à retentir à la cour royale. Pour subvenir aux frais de ces expéditions, le duc avait exigé des églises et des monastères de fortes contributions, et avait contraint par violence ceux qui ne s'y étaient pas soumis de bonne grâce[15].

Les réclamations qui s’élevèrent en Champagne et dans le duché nécessitèrent une première intervention de Philippe-Auguste, et dès ce moment le duc Hugues III fut condamné à donner une indemnité pour dédommager les églises des dégâts commis par les courses de ses soldats. Le fait est affirmé par Guillaume le Breton (Philippide, liv. i) dans son récit du siège de Châtillon, lorsqu’il déclara que le duc, pour ses exactions précédentes, avait déjà été ajourné à la cour des pairs et condamné à une forte amende en livres parisis. Il est également certain qu’entre le 1er novembre 1183 et le 31 mars 1184[16], Philippe-Auguste, en présence des officiers de sa cour, Thi- baud, comte de Blois et de Chartres, son sénéchal, du bouteiller Gui de Genlis, seigneur de Chantilly, du chambellan Mathieu de Beaumont-sur-Oise, du connétable Raoul, comte de Clermont-en-Beauvoisis, du chancelier Hugues de Béthisy[17], ratifiait au château de Chaumont[18] la première charte de commune donnée aux habitants de Dijon par le duc Hugues III, conformément aux constitutions de la commune de Soissons[19]. A la suite de cette première affaire, le duc fit avec la duchesse Béatrix une excursion dans ses domaines du Dauphiné au printemps de 1184, c’est-à-dire vers les mois d’avril ou mai[20]. Ils reçurent pendant deux jours au moins une très large hospitalité au palais épiscopal de Grenoble. C’est laque Hugues III, dux Divionensis, passa un traité avec Jean, évêque de cette ville, relativement aux droits communs qu’ils possédaient, et c’est là qu’ils établirent la mesure des grains vendus en temps de foires et de marchés dans la ville de Grenoble[21]. L’acte relate que ce même jour et le lendemain, la duchesse résidait dans la maison épiscopale. Par une lettre écrite aussitôt après, le duc s’adressant au pape Luce III, le prie de confirmer les transactions précédentes[22], ce qui fut en effet ratifié par une bulle pontificale, datée de Véronnes le 13 juin 1184[23].

L’amende pécuniaire à laquelle Hugues III venait d’être condamné et ses embarras financiers n’eurent- ils aucune part à ce voyage, on n'oserait l’affirmer, mais aucun document ne nous éclaire sur ce point, en 1184.

Antérieurement au divorce du duc avec Alix de Lorraine et à son mariage avec Béatrix d’Albon, on sait que Hugues III s'était employé activement avec Guillaume, archevêque de Reims, le comte de Champagne et les grands personnages du royaume, auxquels la reine Elisabeth de Hainaut n’était pas sympathique, pour amener Philippe-Auguste à divorcer avec cette dernière[24], la coïncidence de ces faits mérite d’être signalée.

L’intervention du roi de France n’arrêta pas le duc de Bourgogne dans ses projets de réduire Hugues de Vergy ; le suzerain ne pouvait s’incliner devant un vassal révolté, et cette lutte, qui rappelait les insurrections féodales réprimées ailleurs par Louis le Gros, ne tarda pas à recommencer. Hugues III fit de nouveaux efforts contre le château de Vergy, et dans l’impossibilité de s’en emparer par un assaut en régie, il bloqua la place, et fit élever sur les montagnes qui l’entourent quatre forts[25] destinés à en surveiller les abords, à empêcher l’entrée et la sortie des assiégés et le ravitaillement des hommes d’armes. Ces forts situés aux quatre points cardinaux avaient un emplacement que la visite des lieux permet encore de reconnaître. Le duc avait fait serment de ne céder à aucune intervention de paix et de ne pas abandonner le siège avant d’avoir réduit le château en sa puissance[26]. Hugues de Vergy ayant fait parvenir au roi des messagers chargés de l’avertir de la dangereuse situation dans laquelle il se trouvait, Philippe-Auguste dépêcha à plusieurs reprises des émissaires à Hugues III qui, fort de son droit, ne voulut rien entendre. De nouvelles suppliques du sire de Vergy déterminèrent le roi à lever des troupes dont la direction fut confiée à son cousin[27]. Hugues, sire de Broyés, de Chateauvillain et d’Arc, appartenant à l’une de ces familles champenoises qui avaient pris, avec Garnier de Trainel, la défense du seigneur de Vergy.

Le résultat de la lutte se traduisit par des ravages dont les populations furent victimes, principalement sur les frontières de la Bourgogne et de la Champagne, et par une invasion des domaines du sire de Broyés, qui furent entièrement dévastés et brûlés par les troupes ducales[28].

Ces événements se passaient à la fin de 1184 ou au commencement de 1185[29]. Et à ce moment quelques officiers du duc de Bourgogne profitaient des circonstances pour protéger leur château contre les invasions et les surprises de la guerre. Gui, seigneur de Til-Châtel, fut de ce nombre, et obtint de Hugues III le droit de fortifier son manoir et le bourg, par des murailles à la hauteur d’une lance sans baille et sans mur de devant, absque batailliis et muro antepectorali. Il s’engageait à servir le duc avec toutes ses forces envers et contre tous, et en recevait de plus le château de Lux qu’il promettait de fortifier également[30].

Les monastères profilaient aussi de la situation embarrassée du duc et se faisaient payer l’appui qu’ils lui donnaient, en obtenant de semblables privilèges. Les religieux de l’abbaye de Pothières, si longtemps en lutte avec les évêques de Langres au sujet de l’indépendance qu’ils revendiquaient pour leur église, si longtemps hostiles à toute ingérence épiscopale dans leurs affaires, obtinrent du duc le droit d'élever des tours sur leurs terres et des forteresses sur leurs domaines, depuis le pont d’Etrochey jusqu’au ruisseau d’Augustines, qui séparait le comté de Champagne du duché de Bourgogne[31].

Des trêves apportèrent probablement quelque répit à la lutte vers la fin de 1185, car pendant l’époque de l'avent, c’est-à-dire en décembre, nous trouvons Hugues III à Sens, en compagnie de Philippe-Auguste, ainsi que les comtes de Blois et de Sancerre, oncles du roi, la comtesse de Champagne et l’archevêque de Reims[32].

Au printemps de 1186, les belligérants avaient repris les armes, comme cela est attesté par plusieurs documents. Le village de Prenois ayant été complètement brûlé par les soldats du duc, il ne se trouva aucun habitant qui voulût s’y établir et y faire de construction ; Hugues III fut contraint d’en rendre raison aux religieux de Saint-Bénigne, possesseurs de Prenois, et de leur céder comme indemnité les droits qu’il percevait dans cette localité[33]. Par une autre charte, datée de la seconde semaine après la résurrection (fin avril 1186), il concéda en outre à cette abbaye une rente sur le péage de Dijon en dédommagement des pertes occasionnées à ce sujet[34]. Au mois d’août 1187, en réparation des maux et des scandales dont l’église de Beaune avait été victime, pro emendatione malorum et gravaminum que ego feci, il concéda aux chanoines dix livres de rente sur le péage de Beaune[35], et par une autre donation le tiers des dîmes de blé et de vin à Labergement[36]. D'autre part, Hugues de Vergy ayant causé des dommages non moins considérables aux religieux de Cluny, avait brûlé et détruit l’important village de Gevrey, et se trouva dans la nécessité d'abandonner aux moines les hommes qu’il y possédait, pour mettre fin à leurs réclamations[37]. Les religieux de Cîteaux eurent également fort à se plaindre, comme on le verra plus loin, et se trouvèrent arrêtés dans la construction de leur monastère et de leur église, dont les travaux étaient commencés depuis plusieurs années[38]. Irrité de la participation du roi qui, contrairement aux lois féodales, protégeait en Bourgogne la révolte d’un vassal qu’il eût été obligé de réprimer en France, le duc Hugues III resserra le cercle de fortifications qui emprisonnaient les assiégés de Vergy. Philippe-Auguste reçut de nouvelles lettres et de nouveaux émissaires de Hugues de Vergy[39] qui, dans la crainte de ne pouvoir résister à une attaque aussi obstinée, parvint à s’échapper et à se rendre en personne vers le roi, offrant de soumettre son château et ses terres à sa domination, s’il voulait le délivrer de l’oppression de son terrible adversaire[40].

Le roi de France se serait peu ému des plaintes qui lui arrivaient de toutes parts, et se serait sans doute peu soucié de la suzeraineté qu’on lui offrait sur un château en Bourgogne, si des nouvelles plus graves ne lui étaient parvenues. L'empereur Frédéric Barberousse, après avoir présenté son fils Henri comme son successeur à l’empire, et l’avoir fait couronner en Allemagne avec une magnificence sans pareille, en 1184, s’était retiré en Italie, au moment de la lutte entre Hugues de Vergy et le duc de Bourgogne. Ce dernier, ne pouvant compter sur l’appui de son oncle Frédéric Barberousse, trop occupé à d’autres affaires, voulut s'assurer l’appui de son fils Henri, roi des Romains. Hugues III comprit qu’il était indispensable d’agir avec le plus de célérité possible, et qu’il fallait mettre à profit les instants qui lui restaient. 11 quitta la Bourgogne en toute hâte au mois de mai, atteignit le Dauphiné et le comté de Viennois, franchit les Alpes[41], traversa rapidement une partie de l'Italie, et arriva enfin dans les Etats romains, où il rejoignit le roi Henri à Orvieto, in campo Urbe Veteri. C’est à Orvieto que fut signé, le mardi 3 juin 1186, un traité d’alliance offensive et défensive contre le roi de France[42]. Des deux lettres échangées à ce sujet à Orvieto, celle du roi Henri est la seule qui nous soit connue. Le roi des Romains, s’adressant à son cher et fidèle Hugues, duc de Dijon, arrête les conventions de paix conformément au traité indiqué dans les lettres du duc[43]. Il reçoit hommage pour le fief du comté d’Albon que Hugues III possédait du chef de sa femme, et pour le fief d’Ulric de Baugé ; il rappelle l’engagement pris par le duc, au nom de son fils et des ducs ses successeurs, qui devront, pour les mêmes domaines, reconnaître la suzeraineté de l’Empire, sauf la fidélité due au roi de France : « Si par hasard le roi de France faisait insulte à l’Empire, tu dois en propre personne nous porter secours avec tous les féodaux que tu tiens de notre suzeraineté. Si nous faisions insulte au roi de France ou à son royaume, tu pourras lui prêter secours en personne avec les tenanciers qui relèvent de lui. » Henri termine en promettant appui à Hugues III en cas de difficulté. La rédaction de ce diplôme, très ménagée dans la forme, ne laisse prise à aucune allégation qui eut pu faire taxer le duc de Bourgogne de déloyauté envers son suzerain ; mais on verra bientôt qu’il n’v a pas à s’y méprendre. La charte ducale contenait peut-être d’autres clauses plus explicites sur lesquelles on ne peut se prononcer.

Hugues III était secondé par des officiers sur lesquels il pouvait compter dans la lutte et qui veillaient avec soin aux intérêts du pays. Eudes, son fils aîné, avait atteint sa majorité et venait d’être armé chevalier[44]. Son sénéchal, le personnage le plus considérable de la cour, commandait l’armée en son absence, dirigeait le service de l’hôtel, rendait la justice, et avait en un mot la haute main pour la direction des affaires. Cette fonction était occupée depuis de longues années par les puissants seigneurs de Montréal, et le titulaire actuel, Anseric IV, était cousin germain du duc par son alliance avec Sibylle de Bourgogne, fille de Hugues-le-Roux[45]. Guillaume, sire de Marigny, tenait la charge de connétable, la plus importante après celle de sénéchal. Au premier rang, il faut aussi placer le chambellan Girard de Iléon, le fidèle et intime compagnon de Hugues III ; puis une suite nombreuse de hauts barons dont les noms figurent fréquemment dans nos chartes : Gui de Til-Châtel, Guillaume le Champenois, sire de Champlitte, Hugues de la Roche, Bertrand de Saudon, Simon de Bricon. Gauthier de Sombernon, Eudes, sire de Saulx, Guillaume de Fauverney, Etienne Villain, sire de Ravières, Jules de Saulx, Othe de Saffres, Amédée d'Arceau, etc.

Les clauses des conventions réciproques qui liaient le duc de Bourgogne avec Henri, fils de l'empereur Frédéric Barberousse, furent sans doute tenues secrètes pendant quelque temps ; mais le roi Philippe- Auguste ne tarda pas à en être informé, et comme il n’avait pas en ce moment toutes les ressources nécessitées par une conflagration qui menaçait d’être plus générale que ne pouvait le faire supposer une simple lutte de vassal à suzerain, il songea à prendre aussi des alliances. Il avait passé la dernière partie de l'automne 1180 à Fontainebleau[46], après avoir été dans diverses autres résidences. C’est à Fontainebleau qu’il avait entendu les plaintes des religieux de Flavigny fort maltraités par les troupes ducales, et c’est à qu'il s’était engagé à prendre sous sa protection le village de Couches, relevant de cette abbaye[47]. On rapporta également au roi les exactions du duc contre ses propres vassaux[48], et notamment la saisie de divers marchands du royaume de France et du comté de Flandre, qu’Hugues III avait fait prendre et piller par ses officiers[49]. Ces raisons jointes aux objurgations de plus en plus pressantes du sire de Vergy, déterminèrent Philippe-Auguste à s’adresser à Philippe, comte de Flandre, auquel il fit entendre que cette dernière affaire était un outrage à l’adresse de chacun d’eux et devait être vengée par une action commune. Les alliés résolurent en outre, vu l’urgence des circonstances, de ne pas attendre le printemps de 1187 et de se mettre en marche aussitôt que faire se pourrait.

Les historiens ne se trompent donc pas quand ils mettent cette expédition à l’an 1180, cette année ne prenant fin que le 28 mars 1187. Il paraît seulement certain que la lutte ne se termina qu’après Pâques et dans le courant d'avril 1187, en nous servant des indications parfois trop insuffisantes que fournissent les chroniques et les documents[50].

La jonction des troupes du comte de Flandre et du roi de France dut se faire en janvier 1187, à Senlis, Philippus rex Francorum et Philippus, comes Flandrorum, contrahentes undecumque copiosum exercitum[51]. On a plusieurs diplômes royaux datés de Senlis, alors que le roi devait faire ses préparatifs de départ[52].

A la fin de janvier, le roi était à Villeneuve-la-Guyard[53], en marche, et sur les réclamations des religieux de l’abbaye de Preuilly, défendit aux habitants de Villeneuve de pénétrer dans les terres et dans les cultures de la grange d’Aigremont, appartenant à ce monastère[54]. Philippe-Auguste traversa ensuite la Champagne, en passant par Troyes, Bar-sur-Seine et Mussy, où il fut forcé de séjourner pendant trois jours pour attendre la venue de ses troupes ; car cinq compagnies de gens de guerre, marchant sur ses traces, se hâtaient de le rejoindre (Guillaume-le-Breton, Philippide, liv. I).

L’armée royale était assurément en Bourgogne dès la fin de février 1187. L’approche de forces aussi redoutables causa une légitime appréhension au duc de Bourgogne, surtout lorsqu’il ne vit pas venir les secours qu'il attendait de son allié. Car malgré des appels pressants et réitérés, malgré les insinuations du duc, qui représentait à Henri, fils de Frédéric Barberousse, combien il devait se sentir atteint comme lui-même de l’outrage du roi de France, rien ne put déterminer l’Empereur à sortir de ses Etats et à lui venir en aide[55]. Cette défection inattendue produisit un trouble et un désarroi inexprimables dans le camp Bourguignon.

Réduits à leur propre force, le duc et les seigneurs tinrent une réunion, dans laquelle furent convoqués les conseillers jeunes et vieux, tous appelés à donner leur avis dans une si grave conjoncture. Les anciens voulaient que l’on résistât quand même à ces forces accablantes, car quitter la place était lâcheté et félonie ; les jeunes, mieux avisés, prétendirent que c’était pure folie et bravoure stérile d’attendre en rase campagne un ennemi supérieur, qu’il valait mieux changer les rôles, abandonner au roi une situation qui n’était pas défendable, et se jeter dans une place forte, où il serait facile de balancer l’avantage du nombre. Cet avis prévalut[56].

Les préparatifs de Philippe-Auguste avaient été tenus assez secrets et sa marche assez rapide pour surprendre le duc de Bourgogne, et lui dicter cette prompte détermination[57]. Les premières troupes envoyées par le roi, ne trouvant plus les assiégés à combattre, détruisirent les quatre fortifications élevées par Hugues III autour de Vergy, et ayant pris possession du château, y mirent une garnison, le soumirent à la domination et le rattachèrent au royaume de France. Peu après Hugues de Vergy prêta solennellement foi et hommage, et jura de garder perpétuellement fidélité au roi et à ses successeurs. Puis Philippe-Auguste investit intégralement le sire de Vergy des domaines dont il venait de prendre possession, réservant seulement la haute main pour lui et les siens. Ces passages sont extraits de Rigord[58], qui a donné les détails les plus étendus sur cette expédition, et qui, malgré quelque confusion avec des faits antérieurs, a le mieux connu cet épisode et celui qui va suivre. Toutefois le chroniqueur a le tort de motiver cette guerre principalement sur le désir qu’aurait eu le roi de défendre les églises et de protéger les monastères, en lui donnant la qualité de chevalier du Christ, miles Christi. Il est facile de voir que Philippe-Auguste était dirigé dans ces circonstances par un tout autre mobile, et que sa conduite ne mérite pas une telle auréole. A la suite du départ du duc et de la prise de possession du château de Vergy, les troupes royales et celles du comte de Flandre, conformément aux habitudes peu disciplinées de l’époque, se répandirent dans le Dijonnais, et y commirent des dommages non moins grands que ceux précédemment causés par les auteurs de cette longue lutte. Elles s’emparèrent de plusieurs châteaux[59], notamment de Beaune et de Flavigny[60].

Hugues de Vergy n’eut pas davantage à se féliciter de l’intervention royale, car ce genre de service était fort onéreux pour celui qui le recevait. Ses terres ne furent guère plus respectées que celles du duc. Pour faciliter les mouvements et les opérations de ses alliés, il mit à leur disposition les hommes et les choses de ses vassaux ; il fut même obligé d’exiger des réquisitions dans les monastères voisins. Par une charte donnée peu après, en 1187, le sire de Vergy s’engage par serment, devant l’abbé de Cîteaux, à ne plus prendre désormais les bœufs, les vaches, les ânes, les chevaux et les chariots appartenant à l'abbaye, promettant au contraire de défendre les biens des religieux, et, en cas de dégât, d’en rendre raison quinze jours après qu’il en aurait été requis[61].

Pendant ce temps, le duc de Bourgogne s’était jeté avec toutes ses forces dans sa ville et dans son château-fort de Châtillon-sur-Seine[62]. C’était l’une des meilleures places de ses états et l’une de ses résidences préférées. Il y avait fait exécuter de nombreux travaux. Les solides fortifications, édifiées à grands frais depuis 1168, rendaient cette position redoutable pour l’attaque, facile pour la défense. Le choix de cette place, indiquée par les jeunes seigneurs bourguignons lors du grand conseil tenu sous les murs de Vergy, avait fait prédominer leur avis. La ville de Châtillon-sur-Seine, divisée en trois parties distinctes, le château, le bourg et l’abbaye de Notre-Dame, pouvait grouper dans sa vaste enceinte toutes les forces ducales. Chacune de ses parties, indépendantes l’une de l’autre, était environnée de fortes murailles. Le château protégeait et dominait chaque enceinte, qui s’étalait en amphithéâtre au midi dans un immense entonnoir, et dont l’ensemble était facile à saisir d’un coup d’œil. Le duc avait eu soin de ; pourvoir la ville de toutes choses nécessaires en temps de guerre ; il l’avait fait approvisionner de blé pour la nourriture des troupes, et remplir le château d’abondantes munitions, pour que rien ne vint à manquer. Les tours furent garnies de herses et de claies en bois ; on étançonna les murailles ; on pratiqua dans les remparts des meurtrières pour lancer des traits ; les fossés furent creusés et élargis, afin d'en empêcher l’accès aux assaillants et de rendre la place de toutes parts inattaquable. Nous ne faisons que traduire Guillaume-le-Breton (Philippide, liv. I).

En mars 1187, la ville de Châtillon-sur-Seine était investie par les troupes royales et le siège commencé[63]. Après avoir examiné les abords de la place, Philippe-Auguste, jugeant qu’il n'en aurait pas facilement raison, commanda des machines de guerre et ordonna des travaux d’approche surtout du côté du nord, là seulement où le château pouvait être attaqué[64]. A la suite de ces préparatifs qui exigèrent un certain laps de temps et durèrent quinze jours ou trois semaines[65], les assiégeants tentèrent divers assauts vigoureux[66]. Dans ces attaques, on perdit des combattants de part et d’autre ; et parmi les blessés, plusieurs furent sauvés par le secours de la médecine[67]. Au nombre des morts du côté des Bourguignons, nous ne pouvons citer avec quelque certitude que le chambellan Girard, sire de Réon, le plus intime et le plus dévoué compagnon du duc, le favori qu'il avait comblé de ses bienfaits. Hugues III fut si désolé de sa mort qu’il fit célébrer son anniversaire dans tous les monastères de Bourgogne[68].

Le roi fit battre en brèche les murailles de la ville au moyen de mangonneaux, de pierriers et d’autres machines de guerre, tormenta ; l’enceinte du château fut forcée et les richesses qu’on y trouva furent partagées entre les gens d’armes. Les assiégés s’étaient retirés dans le donjon ; mais une mine ouvrit passage aux assaillants, et la garnison, à la tête de laquelle était Eudes, fils du duc de Bourgogne, fut forcée de se rendre.

Laissons parler Guillaume-le-Breton (Philippide, liv. I, vers 680 et suiv.) :

« Le roi, pour ne point perdre de temps, presse nuit et jour les travaux du siège, et stimule de sa personne l’ardeur des troupes. Les mangonneaux roulent et brandissent de grosses pierres à coups redoublés ; les claies de bois et les mantelets dont on avait garni les tours, pour les garantir des machines de guerre, brisés par cette grêle de cailloux, cèdent ; et à travers ces défenses avancées, qui protégeaient les murailles en les cachant, les créneaux en ruines paraissent à découvert. A l’abri de leurs claies entrelacées et de leurs boucliers de cuir et d’osier, qui, joints les uns aux autres, forment une tortue au-dessus de leur tête, des troupes d’archers sautent sur le revers des fossés et font pleuvoir, sans discontinuer, des traits sur les murailles pour en écarter les assiégés, pour les empêcher de courir selon l’usage derrière les créneaux, et de ramasser les traits et les pierres que doivent ensuite renvoyer contre leurs ennemis les défenseurs des remparts. Les fossés sont remplis des débris des retranchements, et les échelles dressées contre les murs. Tandis que le roi est présent partout, ses gardes volent, et avec l’agilité de l’écureuil, se glissent sous les remparts et les escaladent. Voyez-vous déjà le terrible Manassès[69] et le chevalier Guillaume des Barres ? Ils brillent au premier rang et montent les échelles, en déployant toutes leurs forces ; les voilà sur les créneaux. Chassés de leurs remparts, les assiégés se précipitent en bataillons pressés vers la tour la plus élevée de la citadelle, pour y défendre leur vie, ne serait-ce qu'un instant. Bientôt le château ébranlé succombe ; ses ruines, jonchant la terre, ouvrent un large passage au vainqueur qui y pénètre aussitôt par la brèche. On y prit, avec de nombreux chevaliers, une grande multitude de bourgeois. Parmi les prisonniers, se trouva Eudes, le fils et héritier du duc. »

Après ces efforts persévérants et obstinés, Châtillon-sur-Seine était entièrement au pouvoir du roi, qui réduisit la ville en cendres[70]. Cette prise eut lieu aux environs des fêtes de Pâques 1187, qui était cette année le 29 mars.

Le duc de Bourgogne, comprenant que toute résistance serait désormais impossible, vint se jeter aux pieds du roi pour lui demander pardon et implorer sa grâce, promettant de lui donner satisfaction et s'engageant à s’en rapporter au jugement de sa cour, pour les dommages qu’on exigerait de lui. Rigord, dont nous suivons le récit, applique cette indemnité tout entière aux églises ; on peut croire que le roi fit aussi sa part et celle du comte de Flandre, son allié. Philippe-Auguste voulut avoir des garanties immédiates, car bien qu’il ne fût encore que dans sa vingt et unième année, il connaissait, par les officiers qui l’accompagnaient et que nous retrouvons bientôt à Tonnerre, le caractère et les antécédents de Hugues III qui, souvent cité à comparaître devant le parlement à la cour du roi Louis le Jeune, son père, n’avait pas toujours tenu les engagements promis[71]. Le duc de Bourgogne fut condamné à une amende de trente mille livres, avec obligation de fournir des cautions valables pour en répondre ; de plus on mit la main sur trois de ses principaux châteaux[72], qui furent retenus en gage jusqu’au paiement intégral delà somme[73].

Hugues III, fort obéré par la guerre qu’il soutenait depuis plusieurs années, n’était pas en mesure de satisfaire à une telle rançon. Il avait, à plusieurs reprises, pour subvenir à ces dépenses incessantes depuis 1183, aliéné ou mis en gage, moyennant 500 livres, les droits de service militaire que lui devaient les habitants de Dijon[74]. Les ressources annuelles que lui valaient la charte de commune primitive de cette ville étaient épuisées, et, en tous cas, bien insuffisantes en présence de cette exigence nouvelle. Le duc promit donc de fournir des garanties à bref délai, et dans ce but partit à Dijon, s’engageant à rejoindre promptement le roi, aussitôt qu’il aurait les moyens de lui donner satisfaction. Le jeune Eudes, alors prisonnier, fut relâché sur parole pour accompagner son père. Ces dispositions arrêtées, Philippe-Auguste quitta cette ville de Châtillon, ruinée et en partie brûlée, prenant le chemin de Tonnerre, où le duc de Bourgogne n’allait pas tarder à le rejoindre.

Peu de jours après, à une date qu’il faut rapprocher de la première quinzaine d’avril 1187, Hugues III concédait aux habitants de Dijon, moyennant une rente de cinq cents marcs d’argent, une seconde charte de commune conformément à celle de Soissons[75]. Cette charte, plus étendue et plus complète que celle de 1183, annulait la première, et c’est le motif probable pour lequel celle-ci fut détruite et ne nous a point été conservée. Les clauses de cette pièce capitale, plusieurs fois publiée, dénotent bien dans les circonstances présentes le caractère de l’acte : c’est plutôt un traité passé avec les habitants, qu’une concession de la part du suzerain, car celui-ci touche en argent ce que les premiers reçoivent en liberté ; mais le rédacteur ne pouvait déroger aux traditions féodales, tout accord d’un seigneur avec ses vassaux étant une concession faite à ces derniers[76]. Les barons de la cour ducale jurèrent avec Hugues III de maintenir les privilèges délivrés aux habitants. Les mêmes personnages et dans le même ordre mirent ce jour-là leur sceau à une charte de confirmation donnée par Eudes, fils du duc de Bourgogne[77] qui promettait de la faire approuver par l’archevêque de Lyon, par les évêques de Langres, d’Autun et de Chalon. Recueillons ici une de ces indications si rares, qu’il ne faut jamais laisser perdre dans les documents du moyen âge, lorsqu’ils peuvent aider à la chronologie des faits : ad petitionem quoque patris mei et meam, Philippus, rex Francie, hanc communiam manulenendam promisit. Il est donc bien certain qu’en quittant le roi de France à Châtillon-sur-Seine, le duc de Bourgogne lui avait exposé les moyens qu’il comptait employer pour payer sa rançon, et que Philippe-Auguste avait promis son appui. La brièveté de l’acte donné par le jeune Eudes est une preuve de la célérité que l’on mit en cette affaire, le scribe n’ayant pas sans doute le temps d’y insérer tous les articles compris dans la charte de Hugues III, mais qu’il donna ensuite en entier dans le courant de la même année[78].

Le duc de Bourgogne, accompagné de son fils, repartit aussitôt pour rejoindre Philippe-Auguste à Tonnerre, dont le comté était alors gouverné par sa cousine germaine, Mathilde ou Mahaut, fille de Raymond de Bourgogne et d’Agnès de Montpensier, laquelle, après quatre alliances, avait divorcé avec son dernier mari, Robert de Dreux. Le roi avait lui-même d’autres raisons de séjourner à Tonnerre ; il avait été tuteur des deux enfants de Mathilde et de Gui de Nevers, son premier mari ; leur fils Guillaume étant mort en 1181, le roi avait fait élever à la cour la fille Agnès, et l’avait mariée, en 1184, avec Pierre II de Courtenay, son cousin, lequel devint de ce chef comte de Nevers et d’Auxerre[79]. Agnès était sans doute en ce moment à Tonnerre avec sa mère, et leur intervention en faveur du duc expliquerait les dispositions pacifiques qui suivent[80]. Un autre cousin du roi, Guillaume de Courtenay, frère de Pierre[81], habitait, près de Tonnerre, le château-fort de Tanlay, qui lui était advenu par son mariage avec Adeline, fille de Clérembaud de Noyers. On s’explique donc le séjour prolongé de Philippe-Auguste dans cette résidence où le retenaient des liens de famille.

Le roi ratifia la charte de commune des habitants de Dijon, ad petitionem Ducis et Odonis filii ejus, et s’en rendit garant dans ce diplôme qui relate les noms de ses principaux officiers : le sénéchal Thi- baud, comte de Blois et de Chartres, le bouteiller Gui de Senlis, le grand chambellan Mathieu de Beaumont-sur-Oise, le connétable Raoul, comte de Clermont-en-Beauvoisis[82].

Tous ces personnages résidèrent sans doute quelque temps au château de Tonnerre, et c’est lâ que le roi fit la paix avec le duc de Bourgogne. Rigord dit[83], dans des termes qu’il est utile de peser, qu’Hugues III, ayant été condamné à une amende de trente mille livres, Philippe-Auguste, après un court espace de temps[84], fut ramené à de meilleurs sentiments par le conseil de ses amis, lui rendit les châteaux qu’il détenait en gage. Puis en présence de cette soumission et de cette bonne volonté, bien que le duc n’ait pu payer l'intégralité de la somme, le roi lui remit le fief et la suzeraineté de Vergy. Et c’est seulement après la paix faite que le roi repartit en France[85].

On est donc autorisé à placer ces derniers arrangements à Tonnerre au milieu d’avril ou dans la seconde quinzaine de ce mois en l’an 1187[86].

La campagne de Philippe-Auguste en Bourgogne avait duré de fin janvier au milieu d’avril. Quelques jours après son départ de Tonnerre, on a la trace de son passage à Sens, par deux diplômes ; l’un concédant la coutume de Lorris aux habitants de Voisines[87] ; l’autre dotant les religieuses de la Pommeraie des dîmes de pain et de vin dépensés par le roi pendant son séjour à Sens[88].

La conférence dont nous venons de parler amena une pacification générale, et rétablit la bonne harmonie non seulement entre Hugues III et le roi, mais encore entre le duc et Hugues de Vergy, qui avait enfin consenti à reprendre en fief du duché les terres qu’il y possédait, et dont il avait précédemment fait hommage à Philippe-Auguste. La bonne intelligence était même telle, que nous les voyons figurer ensemble dans plusieurs chartes des années suivantes, notamment en 1188, quand le duc et le sire de Vergy se rendent caution d’Etienne de Mont- Saint-Jean envers l’abbaye de Cîteaux[89]. Nous retrouvons les mêmes personnages réunis au cloître de Saint-Denys de Vergy, lors d’une donation aux religieux de ce monastère[90].

La résistance du sire de Vergy, apaisée sous Hugues III, devait reparaître sous le règne du duc Eudes III, son fils, et amener une lutte nouvelle. Le duc de Bourgogne assista, en décembre 1187, à l’entrevue entre Ivoy et Mouzon, dans laquelle le comté de Namur fut adjugé à Philippe-Auguste[91]. A la fin de juin de l'année suivante[92], il était à Saumur en compagnie de l’archevêque de Reims et du comte de Flandre, où ils se concertèrent de leur propre mouvement pour aller trouver Henri II, roi d’Angleterre, et le réconcilier avec le roi de France ; la guerre entamée entre les deux monarques rendit leurs négociations inutiles ; Philippe-Auguste s’étant emparé de Tours le 3 juillet, obtint un meilleur résultat et un plus solide accommodement[93].

Les relations entre Hugues III et Henri, roi des Romains, avaient eu aussi un épilogue, qu'il est important de signaler. Depuis le traité passé à Orvieto et le manque de parole du roi Henri, qui avait refusé de venir au secours du duc menacé par l’armée royale, les Bourguignons avaient conservé contre lui une animosité extrême. Par ce traité, Hugues III s’était engagé à rendre foi et hommage au roi des Romains, pour le comté d’Albon et ses terres de Bagé en Bresse, à la condition formelle qu'Henri lui viendrait en aide contre Philippe-Auguste. Les conditions n’avant pas été exécutées, le duc de Bourgogne se déclara libre de tout engagement, et refusa nettement de faire hommage au roi des Romains. Il y eut débat assez aigre entre eux et probablement un commencement d’hostilités, sur lesquels on n’a pas les renseignements suffisants. Les voyages que le duc fit en Dauphiné, pendant les années 1188 et 1189, étaient sans doute nécessités par des pourparlers relatifs à cette affaire ; mais comme il était dans une situation pécuniaire des plus gênées, et qu’il ne pouvait espérer triompher d’un tel adversaire après la campagne désastreuse qu’il venait de subir, il fut forcé de faire la paix, de consentir à rendre hommage, et de tenir parole à un souverain qui avait si peu tenu la sienne. Le diplôme du roi des Romains, qui notifie ce traité de paix avec le duc de Dijon, est daté de 1190[94].

 

 

 



[1] A. Duchesne, Maison de Vergy, Introd., p. 4.

[2] Gui et Alix moururent fort âgés, car on a encore des actes d'eux en 1204. V. A. Duchesne, Maison de Vergy, p. 95 et suiv. Gui était au siège d'Acre, en 1191.

[3] Et aussi après la mort de Marguerite ou Mahaut, sœur d'Alix, épouse de Thibault de la Roche.

[4] La première charte dans laquelle Hugues de Vergy apparaisse comme gendre de Garnier de Trainel, est datée de 1179, d'après le Cartulaire de Saint-Loup de Troyes, fol. 50, v°. Voir Documents pour servir à la généalogie des anciens seigneurs de Trainel, par l'abbé Lalore, p. 46.

[5] Est-ce pour cette raison que Gui de Vergy met une muraille dans son sceau, en 1173. Voir Duchesne, Maison de Vergy, p. 7.

[6] Geoffroi de Vigeon. Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 217 ; Labbe, Bibl. mon., t. II, p. 338.

[7] Chronique de Laon, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 703.

[8] Géraud, Les Routiers au XIIe s. ; Bibl. de l'école des chartes, 1re série, t. III, p. 125 ; Labbe, Bibl. mss., t. II, p. 338.

[9] Les expéditions, rapides et fréquentes à cette époque, ne sont signalées que par quelques mots échappés aux chroniqueurs, il n'est pas facile d'avoir une appréciation toujours exacte des faits et de saisir l'ensemble des événements.

[10] Nous aurons à revenir sur les suites malheureuses de l'alliance de Mathilde de Bourbon avec Gaucher de Salins.

[11] Chronique de Saint-Marien, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 251. B. C.

[12] Chronique de St-Marien (chronologia seriem temporum, continens Treoia apud Natalem Moreau, 1608, fol. 87 v°).

[13] Remarquons qu’Aubri de Trois-Fontaines, dans le Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 746 C, met en l'année 1184 cette première affaire, et la fait suivre du mariage du duc Hugues III avec Beatrix d'Albon ; or c'est en 1183 et non en 1184 qu'eut lieu le mariage.

[14] Chronique S. Marien. Autissiod. Edition Camuzat, Trecis, 1608, fol. 88 v°.

[15] Cela ressort du récit de Rigord, Recueil des historiens de France, t. XVI, p. 15, 16 ; comparer Guillelmus Armoricus, Ibid., t. XVII, p. 67, D.

[16] Cette date est tirée par M. Léopold Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 88.

[17] Voir pour l'identification du chancelier Hugues avec Hugues de Béthisy, le Catalogue des actes de Philippe-Auguste, de M. Delisle, Introd., p. LXXXVI.

[18] Il ne s'agit pas ici, croyons-nous, de Chaumont-en-Bassigny, mais de Chaumont-en-Vexin (Oise), qui fut tant de fois la résidence de Philippe-Auguste. Et pour cette première affaire, le roi ne serait pas venu en Bourgogne (v. L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 88, 128, 124, 351.

[19] Orig. scellé en cire verte à lacs de soie verte pendants. Arch. de la ville de Dijon, b. I. Ed. Pérard, p. 310 ; Garnier, Chartes de communes, t. I, p. I.

[20] Ce voyage est forcément compris entre le 1er avril, jour de Pâques 1184 et le 13 juin 1184, date de la bulle pontificale citée plus loin. Or il faut bien compter un mois d'intervalle entre cette bulle et la lettre du duc dont il est ici question.

[21] Voir Ed. Valbonnais, Histoire du Dauphiné, t. I, p. 181 ; Haureau, Gall. Christ., t. XVI, Inst., col. 90.

[22] Valbonnais, Histoire du Dauphiné, I. I, pp. 181, 182 ; U. Chevalier, Notice analytique sur le cartulaire d'Aimon de Chissé, p. 12.

[23] Voir Ed. Valbonnais, Histoire du Dauphiné, t. I. pp. 181, 182. On a une autre bulle du pape Urbain III relative au même sujet, 28 février 1186.

[24] D. bouquet, Recueil des historiens de France ; Ex Gisleb. Montensi, t. XVIII, p. 371, D.

[25] Rigord, de gestis Philippi-Augusti, ap. D. Rouquet, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 15, A. B. n.

[26] Rigord, de gestis Philippi-Augusti, ap. D. Rouquet, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 13, A. B.

[27] Hugues de Broyés était depuis plusieurs années, et depuis 1078 marié en deuxièmes noces avec Isabeau de Dreux, fille de Robert de France, comte de Dreux, oncle de Philippe-Auguste. Voir A. Duchesne, Maison de Dreux, p. 22. C’est la fille de cet Hugues, Emeline de Broyés, qui épousa Eudes le Champenois de Champlitte, puis Erard de Chacenay.

[28] Aubri de Trois-Fontaines, dans D. Bouquet, t. XVIII, 746 c.

[29] Comparer Rigord, de gestis Philippi-Augusti, apud D. Bouquet, t. XVII, p. 45. A. B. n. ; Guillemus, chron. Alber. ; Duchesne, Maison de Vergy, pr., p. 476.

[30] La charte est de 1184 ; Pérard, p. 259.

[31] La charte ducale donnée à Châtillon-sur-Seine est datée de 1185. D'après un Vidimus (Peincedé, t. II, p. 414).

[32] Gislebertus Montensis, Hannoniæ chronicon ; Recueil des historiens de France, t. XVIII, pp. 383 E et 384 A.

[33] D. Plancher, t. I, pr. CV.

[34] Pérard, pp. 261, 262 ; D. Plancher, t. I, pr. CVII.

[35] Arch. de la Côte-d’Or ; Cartulaire de N.-D. de Beaune, n° 94, fol. 142.

[36] Rossignol, Histoire de Beaune, p. 101.

[37] Bibl. nat., Collect. Moreau, t. LXXXIX, fol. 226, copie de Lambert de Barive ; la charte est datée de 1187.

[38] On peut voir, pour les années qui suivent, un grand nombre de pièces ducales, relatant des donations et des indemnités accordées aux monastères. Bien que la cause ne soit que rarement signalée, il faut y voir des dédommagements pour les dégâts commis pendant cette guerre.

[39] Rigord, de gestis Philippi-Augusti, apud D. Bouquet, t. XVII, p. 16, A. B.

[40] Ex Radulfi de Diceto, D. Bouquet, t. XVII, 627 c. C'est toujours Gui de Vergy que les chroniqueurs font agir comme sire de Vergy ; dans les chartes, c'est Hugues.

[41] On a la certitude de la présence de Hugues III dans l'abbaye d’Oulx lors de son passage, puisqu'il donne une charte en faveur des chanoines de cette église et une remise de tailles, pour laquelle il dut recevoir une somme d'argent, pour subvenir aux frais de la guerre qu’il soutenait contre le seigneur de Vergy. (Bibl. nat., Cartulaire du Dauphiné, fonds Fontanieu, lat. 10,954, fol. 142 v°.

[42] Ce traité est deux fois imprimé dans Pérard, p. 233 et p. 260. La pièce p. 233 est par erreur datée de 1146.

[43] Sicut in litteris tuis continetur, dit le diplôme du roi Henri ; Pérard, p. 200. Il est regrettable qu'on n'ait plus le texte de la pièce ducale.

[44] Jam militis, est-il dit dans une pièce de 1186.

[45] Anseric de Montréal succédait en la même qualité à son père, qui, à notre connaissance, tint la sénéchaussée de 1150 au plus tard jusqu'à sa mort vers 1174. On y reviendra dans le volume relatif aux grands officiers de nos ducs.

[46] En novembre cl décembre très probablement. M. L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 175, 176, 177, comprend avec raison ces diplômes entre les dates du 1er novembre 1186 au 28 mars 1187. L'enchaînement des faits doit les rapprocher du commencement de cette période.

[47] Martène, Amplissima collect.. t. I, p. 968 ; L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 175.

[48] Rigord, de gestis Philippi-Augusti, apud D. Bouquet, Recueil des historiens de France, t. XVI, p. 15.

[49] Ex annalibus Aquicinctensis monasterii, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 639 B.

[50] L'auteur de la chronique de Saint-Marien a bien soin de faire des épisodes distincts pour cette guerre, en 1183-1184 et en 1186. Suivant Rigord, D. Bouquet, t. XV, pp. 15, 16, Philippe-Auguste aurait prévenu deux ou trois fois le duc de Bourgogne en présence de ses amis, l'aurait engagé à s'amender et à rendre aux églises ce qu’il avait enlevé. Après quoi Hugues III, voyant la ferme volonté du roi, était rentré fort ému et fort troublé dans ses états. Mais il y a apparence que cet incident n'est pas applicable à l'époque actuelle et au dernier épisode de cette lutte.

[51] Ex annalibus Aquicinclensis monaslerii, apud D. Bouquet, Recueil des historiens de France, t, XVIII, p. 539 B.

[52] L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 180, 181, 182, datés du 1er novembre 1186 au 28 mars 1187, auxquels il faut joindre probablement le n° 183, puisqu'il s'agit d'une inféodation d’un moulin à Plailly, près Senlis, en faveur de Dreux de Mello.

[53] On ne peut mettre en doute que la Villeneuve dont il est ici question ne soit Villeneuve-la-Guyard. La bibliothèque de Sens possède une pièce originale de l'an 1130 environ, constatant la donation primitive faite par Normand de Bray, aux religieux de Preuilly, de cette terre d'Aigremont et de St-Aignan, près Villeneuve-la-Guyard. Elle est au Cartulaire de l'Yonne, t. I, pp. 278, 279.

[54] Le diplôme précité ne porte pas de nom de localité, mais doit avoir été fait à Villeneuve-la-Guyard même, au passage du roi : Il y en a une copie aux Archives nat., K. 192, n. 135 ; v. L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 185. Le roi a encore donné un diplôme en février 1187 (1186 anc. st.) s'engageant à forcer un de ses vassaux à se soumettre à la décision arbitrale qui devait être rendue par le doyen de l'église de Paris. Le nom de la localité n'est pas indiqué. Il y a toute probabilité que ce vassal était alors sous les armes et le roi en l'ost. V. L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 486.

[55] Ex Radulfo de Diceto, apud D. Bouquet, Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 627 C. Raoul de Diceto est le seul qui nous confirme l'alliance entre le duc et Henri, roi des Romains, en même temps que sa défection.

[56] Ex chron. Alberici Trium-Fontium, apud D. Bouquet, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 746 C.

[57] Rigord, de gestis Philippi-Augusti, apud D. Bouquet, t. XVIII, p. 15.

[58] Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 15, A. B. n., de gestis Philippi-Augusti.

[59] Ex annalibus Aquicinctensis monasterii, apud D. Bouquet, t. XVIII, p. 539 B.

[60] Art de vérifier les dates, édition de 1818, t. II, p. 48.

[61] Arch. de la Côte-d'Or ; Cartulaire de Cîteaux, n° 468, fol. 103 ; Ed. Duchesne, Maison de Vergy, pr. p. 146. Cette pièce seule suffirait à fixer la date de ces événements qui eurent bien lieu à la fin de l'année 1186 (anc. st.) ou dans les premiers mois de 1187.

[62] Guillelmus Armoricus, apud D. Bouquet, I, XVII, p. 67, D.

[63] Cette date s'impose par les événements qui précèdent et par ceux qui suivent.

[64] Rigord, de gestis Philippi-Augusti.

[65] Rigord, de gestis Philippi-Augusti.

[66] Rigord, de gestis Philippi-Augusti.

[67] Rigord, de gestis Philippi-Augusti.

[68] Girard de Réon avait reçu du Duc des biens considérables à Dijon et à Beaune. Ceux de Dijon furent donnés à la commune de Dijon et paraissent dans la charte ducale, Dedi etiam eis quidquid dommus Girardus Raonum apud Divionem habebat. Les domaines de Champagne, près Beaune, échurent aux chanoines de Beaune. (Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Beaune, II. 94). On a plus de vingt fondations d'anniversaires de Girard, données par le duc, en 1187. Celle de Cluny est curieuse, parce qu'elle rappelle les dégâts causés par la guerre et l'indemnité qui fut allouée aux religieux. (Voir Bibl. Sebusiana, p. 319).

[69] Manassès Mauvoisin, souvent cité dans les actes de Philippe-Auguste.

[70] Ex brevi chron. S. Benigni, D. Bouquet, Recueil des historiens de France, l. XVIII, p. 741 D.

[71] Rigord, Recueil des historiens de France, t. XVI, pp. 15, 16.

[72] Très probablement Châtillon, Flavigny et Beaune, dont le roi était alors en possession.

[73] Rigord, Recueil des historiens de France, t. XVI, pp. 15, 16.

[74] Voir Garnier, Chartes de communes, t. I, pr. II-IV.

[75] Orig. Arch. de la ville de Dijon, B. I, sceau en cire verte à lacs de soie rouge et verte pendants, Ed. Garnier, Charles de communes, n° V ; Pérard, p. 333.

[76] Le grand travail que prépare M. Garnier dans son t. IV des Chartes de communes, nous dispense pour le moment d'étudier la teneur de cette charte ; nous ne recherchons ici que les causes qui ont déterminé la concession du droit de commune.

[77] Orig. Arch. de la ville de Dijon, B. i, scellé en cire verte à lacs de soie rouge et verte pendants. Ed. Garnier, Chartes de communes, n° VII, p. 18 ; Pérard, p. 337.

[78] Orig. Arch. de la ville de Dijon, B. I, scellé en cire verte à lacs de soie rouge et verte pendants. Garnier, Charles de communes, t, I, n° VI, p. 17. Pour nous cette seconde pièce doit passer après le diplôme de Philippe-Auguste dans l'ordre chronologique.

[79] C'est ainsi que Mahaut de Courtenay, fille d'Agnès et de Pierre de Courtenay, posséda les comtés de Nevers et d'Auxerre, puis le comté de Tonnerre après la mort de Mathilde de Bourgogne, sa grand’mère. L’intervention de Philippe-Auguste dans les affaires du Nivernais, où nous l'avons déjà vu à Pierre-Perthuis et à Vézelay n'a pas été assez remarquée par les historiens. V. la Chronique de St-Marien, éd. Camuzat, Trecis, 1608, p. 86.

[80] Rigord, de gestis Philippi-Augusti, dit d’ailleurs positivement, habito Rex cum amicis suis sanion concilio....

[81] Pierre Ier de Courtenay était frère de Louis-le-Jeune, par suite oncle de Philippe-Auguste. Pierre II, comte de Nevers et d'Auxerre, empereur de Constantinople, ainsi que son frère Guillaume de Courtenay-Tanlay, fils de Pierre Ier étaient cousins du roi.

[82] Orig. Arch. de la ville de Dijon, B. I, Ed. Pérard, p. 310 ; Garnier, Chartes des communes, t. I, p. 19. Voir L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 196.

[83] D. Bouquet, Recueil des historiens de France, t. XVI, p. 16.

[84] Rigord, de gestis Philippi-Augusti.

[85] Rigord, de gestis Philippi-Augusti.

[86] Le diplôme royal daté de 1187, la VIIIe année du règne, ne dément pas cette assertion.

[87] Ed. Cartulaire de l'Yonne, t. I, p. 38t. V. L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 194.

[88] Arch. de l'Yonne ; Fonds de l’abbaye de la Pommeraye ; Catalogue des actes de Philippe-Auguste, suppl., n° 197 A, p. 649. Ces deux derniers actes doivent être de la fin d'avril ou du commencement de mai.

[89] Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Cîteaux, n° 168, foi. 103.

[90] A. Duchesne, Maison de Vergy, pr. pp. 167, 168.

[91] Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 387 D ; ex Gisleb. Montensi.

[92] Aux environs de la fête St-Pierre et St-Paul, c'est-à-dire vers le 29 juin.

[93] Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 489 c ; ex Bened. Petroburg.

[94] N° 820 des actes du catalogue ; Goldast, Constitutiones Impériales, t. III, p. 363 ; supplément au corps diplomatique, t. I, part. I, p. 68.