Sièges de Vergy et de
Châtillon-sur-Seine. — Campagne de Philippe-Auguste en Bourgogne. — Le
château de Vergy. — Hugues, sire de Vergy, refuse hommage au duc. — Ses
alliés. — Premières hostilités. — Ravages réciproques. — Amende infligée au
duc par le roi. — Première charte de commune de Dijon. — Reprise de la guerre
entre le duc et le sire de Vergy. — Forts autour de Vergy. — Ravages du sire
de Broyés. — Hugues de Vergy offre la suzeraineté de son château au roi de
France. — Traité d'alliance entre Hugues III et le roi des Romains passé à
Orvieto, en Italie. — Alliance entre Philippe-Auguste et le conte de Flandre.
— Marche du roi sur la Bourgogne. — Levée du siège de Vergy. — Hugues III
s’enferme à Châtillon. — Siège de cette ville par Philippe-Auguste. — Récit
des chroniqueurs. — Sac et incendie de Châtillon. — Eudes III, fils du duc de
Bourgogne, fait prisonnier. — Hugues III fait amende honorable au roi. — Sa
condamnation à une rançon de 30.000 livres. — Seconde charte de commune de
Dijon. — Le roi Philippe-Auguste en ratifie la teneur à Tonnerre. —
Pacification générale faite à Tonnerre. — Départ de Philippe-Auguste. —
Nouveaux démêlés et traité de paix entre Hugues III et le roi des Romains.
Lorsqu’on
sort de Dijon par la route de Beaune, on longe la chaîne non interrompue de
montagnes, sur le versant oriental desquelles s’étalent tous les vignobles
fameux de la Côte-d'Or. Laissant à droite les « encore si mal aisée et
difficile, qu’on ne la pouvoit gaigner[1]. » Ce
vaisseau renversé occupe le centre d’une cuvette gigantesque et grandiose,
dont les montagnes qui l’entourent forment les parois, et établissent des
fossés naturels qui n’ont pas moins de sept cents mètres de largeur. On
comprend la situation exceptionnelle de cette forteresse légendaire, qui
conserva le renom d’être imprenable, et que le roi Louis le Jeune offrait
comme asile et comme refuge à l’abri de toute atteinte, au pape Alexandre
III, menacé en 1159 par l’empereur Frédéric Barberousse. On s’explique cette
réponse d’un sire de Vergy à un roi de Castille : « Sire, tous les foins de
votre royaume ne combleraient pas les fossés de mon château. » A la
date de 1183, la terre de Vergy était en la main de Hugues de Vergy, fils de
Gui de Vergy et d’Alix de Beaumont-sur-Vingeanne. Ces derniers vivaient
encore[2], il est vrai ; mais Gui, étant
devenu seul possesseur des châteaux de Beaumont et d'Autrey, après la mort de
Hugues de Beaumont et de Mahaut de la Ferté, père et mère de sa femme[3], avait cédé le domaine de Vergy
à Hugues, son fils aîné, vers 1178, lors de son mariage avec Gille de Trainel[4]. Gui de
Vergy avait fait des constructions nouvelles à Vergy, et ajouté des
fortifications qui rendaient plus difficile encore l’accès de cette place
redoutable[5]. Son fils Hugues, désireux,
comme plusieurs barons de cette époque, de s’affranchir de tout devoir de
vassalité, comptant sur la force de ses murailles, refusa de rendre foi et
hommage au duc de Bourgogne. Peut-être appuyait-il ce refus de raisons
sérieuses qui ne nous ont pas été expliquées. Ces motifs ne sont autres,
croyons-nous, que l’abus excessif qu’Hugues III fit de ses hommes et de ses
vassaux, fréquemment entraînés à des expéditions lointaines pendant les
années précédentes. Dans l’été de 1183, il avait encore guerroyé dans le
Limousin et conduit des troupes au secours de Henri le Jeune, roi
d’Angleterre[6], alors en guerre avec son frère
Richard, duc d’Aquitaine. Les routiers, qui parcouraient cette province, en
étaient sortis après la mort d’Henri au Court-Mantel, le 11 juin 1183, et se
dirigeaient vers la Bourgogne[7], dans l'espoir d’un riche et
facile butin en l’absence du souverain et de ses féodaux. Les bandes se
mirent en marche à travers le Bourbonnais et le Berri, où Gaucher de Vienne,
sire de Salins, prit une part active à leur destruction, ainsi que sa belle-mère
Alix, veuve d’Archambaud de Bourbon, sœur du duc de Bourgogne[8]. Ce dernier dut revenir en
toute hâte dans la direction du duché, et porter secours au sire de Salins[9], qu’il avait marié avec sa
nièce et pupille Mathilde de Bourbon[10]. Les
seigneurs, jaloux de leurs privilèges et de leur indépendance, devaient peu
se soucier de suivre Hugues III, dans des expéditions lointaines où leur
intérêt n’était pas en jeu, et qui leur créaient des dépenses auxquelles ils
ne pouvaient subvenir. Les uns et les autres ne possédaient que des revenus
en nature ; le duc lui-même n’avait guère de tributs en argent que sur les
domaines échappés aux anciens fiscs royaux et à l’incessante absorption des
monastères. Quand on était à court d’argent, il fallait s’adresser au clergé
et lui demander des subsides qu'il ne s’empressait pas de fournir. Dans ce
cas, le clergé et les barons avaient un intérêt commun et s’entendaient pour
résister. C’est ce qui se produisit dans la lutte qui allait s’ouvrir entre
le duc et le sire de Vergy. Quelles
que fussent les causes de la rupture, cette collision entre le suzerain et
l’un de ses grands vassaux mit la province dans un trouble inexprimable. Si
le duc disposait de forces imposantes, le seigneur de Vergy s’appuyait sur
des alliés nombreux et puissants. C’était d’abord son frère Simon, auquel
devait revenir la terre et le château de Beaumont ; puis son beau-père
Garnier de Trainel, sire de Marigny, sénéchal de Champagne, qui lui portait
secours avec les barons Champenois, comme l’indique la chronique de
Saint-Marien d’Auxerre[11] ; ses beaux-frères Garnier III
de Trainel, Clérembaud de Chappes, Hardouin de Méry ; son cousin germain
Anceau de Trainel ; les sires de Broyés, ses proches parents. D’autre part.
Hugues de Vergy avait dans les vassaux de son père, relevant des châteaux de
Beaumont et d’Autrey, des alliés naturels, auxquels devaient s’adjoindre
divers tenanciers de Franche-Comté, qui n’étaient retenus par aucun lien
féodal à l’égard du duc de Bourgogne. Il était, déplus, soutenu dans ses
revendications par plusieurs membres de la puissante maison de Mont-Saint-Jean,
dont le chef Hugues avait épousé Elisabeth de Vergy, tante de Hugues de
Vergy. Les
premiers efforts du duc Hugues III contre son adversaire restèrent sans
résultat ; mais ce n’était que le prélude d’une guerre longue et désastreuse,
sur laquelle les chroniqueurs ne fournissent que de vagues indications, sans
donner les dates précises des phases et des événements divers qui la
concernent. Il semble que les chroniques se sont inspirées d’une source
commune, en reproduisant la même erreur, et en attribuant à Gui de Vergy des
faits qui ne sont imputables qu’à son fils Hugues, alors sire de Vergy. Le
récit du moine de Saint-Marien d’Auxerre, quoique sommaire, place nettement
les premières hostilités en 1183, et il était assez bien informé pour qu’il
soit permis de s’en rapporter à son assertion[12]. D’autres historiens ont
confondu en un seul épisode des actes qui doivent être rétablis à des époques
différentes[13]. Dans l’impossibilité de
s’emparer du château de Vergy, le duc Hugues III fit des ravages sur les
terres qui en dépendaient, ainsi que sur les domaines des ligués Champenois,
venus au secours de Hugues de Vergy ; mais ceux-ci, usant de représailles,
mirent également le duché à feu et à sang[14]. Les biens ecclésiastiques
compris dans les enclaves des contrées envahies subirent les mêmes atteintes
et éprouvèrent des dommages considérables, dont les plaintes ne tardèrent pas
à retentir à la cour royale. Pour subvenir aux frais de ces expéditions, le
duc avait exigé des églises et des monastères de fortes contributions, et
avait contraint par violence ceux qui ne s'y étaient pas soumis de bonne
grâce[15]. Les
réclamations qui s’élevèrent en Champagne et dans le duché nécessitèrent une
première intervention de Philippe-Auguste, et dès ce moment le duc Hugues III
fut condamné à donner une indemnité pour dédommager les églises des dégâts
commis par les courses de ses soldats. Le fait est affirmé par Guillaume le
Breton (Philippide, liv. i) dans son récit du siège de Châtillon, lorsqu’il
déclara que le duc, pour ses exactions précédentes, avait déjà été ajourné à
la cour des pairs et condamné à une forte amende en livres parisis. Il est
également certain qu’entre le 1er novembre 1183 et le 31 mars 1184[16], Philippe-Auguste, en présence
des officiers de sa cour, Thi- baud, comte de Blois et de Chartres, son
sénéchal, du bouteiller Gui de Genlis, seigneur de Chantilly, du chambellan
Mathieu de Beaumont-sur-Oise, du connétable Raoul, comte de Clermont-en-Beauvoisis,
du chancelier Hugues de Béthisy[17], ratifiait au château de
Chaumont[18] la première charte de commune
donnée aux habitants de Dijon par le duc Hugues III, conformément aux
constitutions de la commune de Soissons[19]. A la suite de cette première
affaire, le duc fit avec la duchesse Béatrix une excursion dans ses domaines
du Dauphiné au printemps de 1184, c’est-à-dire vers les mois d’avril ou mai[20]. Ils reçurent pendant deux
jours au moins une très large hospitalité au palais épiscopal de Grenoble.
C’est laque Hugues III, dux Divionensis, passa un traité avec Jean,
évêque de cette ville, relativement aux droits communs qu’ils possédaient, et
c’est là qu’ils établirent la mesure des grains vendus en temps de foires et
de marchés dans la ville de Grenoble[21]. L’acte relate que ce même jour
et le lendemain, la duchesse résidait dans la maison épiscopale. Par une
lettre écrite aussitôt après, le duc s’adressant au pape Luce III, le prie de
confirmer les transactions précédentes[22], ce qui fut en effet ratifié
par une bulle pontificale, datée de Véronnes le 13 juin 1184[23]. L’amende
pécuniaire à laquelle Hugues III venait d’être condamné et ses embarras
financiers n’eurent- ils aucune part à ce voyage, on n'oserait l’affirmer,
mais aucun document ne nous éclaire sur ce point, en 1184. Antérieurement
au divorce du duc avec Alix de Lorraine et à son mariage avec Béatrix
d’Albon, on sait que Hugues III s'était employé activement avec Guillaume,
archevêque de Reims, le comte de Champagne et les grands personnages du
royaume, auxquels la reine Elisabeth de Hainaut n’était pas sympathique, pour
amener Philippe-Auguste à divorcer avec cette dernière[24], la coïncidence de ces faits
mérite d’être signalée. L’intervention
du roi de France n’arrêta pas le duc de Bourgogne dans ses projets de réduire
Hugues de Vergy ; le suzerain ne pouvait s’incliner devant un vassal révolté,
et cette lutte, qui rappelait les insurrections féodales réprimées ailleurs
par Louis le Gros, ne tarda pas à recommencer. Hugues III fit de nouveaux
efforts contre le château de Vergy, et dans l’impossibilité de s’en emparer
par un assaut en régie, il bloqua la place, et fit élever sur les montagnes
qui l’entourent quatre forts[25] destinés à en surveiller les
abords, à empêcher l’entrée et la sortie des assiégés et le ravitaillement
des hommes d’armes. Ces forts situés aux quatre points cardinaux avaient un
emplacement que la visite des lieux permet encore de reconnaître. Le duc
avait fait serment de ne céder à aucune intervention de paix et de ne pas
abandonner le siège avant d’avoir réduit le château en sa puissance[26]. Hugues de Vergy ayant fait
parvenir au roi des messagers chargés de l’avertir de la dangereuse situation
dans laquelle il se trouvait, Philippe-Auguste dépêcha à plusieurs reprises
des émissaires à Hugues III qui, fort de son droit, ne voulut rien entendre.
De nouvelles suppliques du sire de Vergy déterminèrent le roi à lever des
troupes dont la direction fut confiée à son cousin[27]. Hugues, sire de Broyés, de
Chateauvillain et d’Arc, appartenant à l’une de ces familles champenoises qui
avaient pris, avec Garnier de Trainel, la défense du seigneur de Vergy. Le
résultat de la lutte se traduisit par des ravages dont les populations furent
victimes, principalement sur les frontières de la Bourgogne et de la
Champagne, et par une invasion des domaines du sire de Broyés, qui furent
entièrement dévastés et brûlés par les troupes ducales[28]. Ces
événements se passaient à la fin de 1184 ou au commencement de 1185[29]. Et à ce moment quelques
officiers du duc de Bourgogne profitaient des circonstances pour protéger
leur château contre les invasions et les surprises de la guerre. Gui,
seigneur de Til-Châtel, fut de ce nombre, et obtint de Hugues III le droit de
fortifier son manoir et le bourg, par des murailles à la hauteur d’une lance
sans baille et sans mur de devant, absque batailliis et muro antepectorali.
Il s’engageait à servir le duc avec toutes ses forces envers et contre tous,
et en recevait de plus le château de Lux qu’il promettait de fortifier
également[30]. Les
monastères profilaient aussi de la situation embarrassée du duc et se
faisaient payer l’appui qu’ils lui donnaient, en obtenant de semblables
privilèges. Les religieux de l’abbaye de Pothières, si longtemps en lutte
avec les évêques de Langres au sujet de l’indépendance qu’ils revendiquaient
pour leur église, si longtemps hostiles à toute ingérence épiscopale dans
leurs affaires, obtinrent du duc le droit d'élever des tours sur leurs terres
et des forteresses sur leurs domaines, depuis le pont d’Etrochey jusqu’au
ruisseau d’Augustines, qui séparait le comté de Champagne du duché de
Bourgogne[31]. Des
trêves apportèrent probablement quelque répit à la lutte vers la fin de 1185,
car pendant l’époque de l'avent, c’est-à-dire en décembre, nous trouvons
Hugues III à Sens, en compagnie de Philippe-Auguste, ainsi que les comtes de
Blois et de Sancerre, oncles du roi, la comtesse de Champagne et l’archevêque
de Reims[32]. Au
printemps de 1186, les belligérants avaient repris les armes, comme cela est
attesté par plusieurs documents. Le village de Prenois ayant été complètement
brûlé par les soldats du duc, il ne se trouva aucun habitant qui voulût s’y
établir et y faire de construction ; Hugues III fut contraint d’en rendre
raison aux religieux de Saint-Bénigne, possesseurs de Prenois, et de leur
céder comme indemnité les droits qu’il percevait dans cette localité[33]. Par une autre charte, datée de
la seconde semaine après la résurrection (fin avril 1186), il concéda en outre à cette
abbaye une rente sur le péage de Dijon en dédommagement des pertes
occasionnées à ce sujet[34]. Au mois d’août 1187, en
réparation des maux et des scandales dont l’église de Beaune avait été
victime, pro emendatione malorum et gravaminum que ego feci, il
concéda aux chanoines dix livres de rente sur le péage de Beaune[35], et par une autre donation le
tiers des dîmes de blé et de vin à Labergement[36]. D'autre part, Hugues de Vergy
ayant causé des dommages non moins considérables aux religieux de Cluny,
avait brûlé et détruit l’important village de Gevrey, et se trouva dans la
nécessité d'abandonner aux moines les hommes qu’il y possédait, pour mettre
fin à leurs réclamations[37]. Les religieux de Cîteaux
eurent également fort à se plaindre, comme on le verra plus loin, et se
trouvèrent arrêtés dans la construction de leur monastère et de leur église,
dont les travaux étaient commencés depuis plusieurs années[38]. Irrité de la participation du
roi qui, contrairement aux lois féodales, protégeait en Bourgogne la révolte
d’un vassal qu’il eût été obligé de réprimer en France, le duc Hugues III
resserra le cercle de fortifications qui emprisonnaient les assiégés de
Vergy. Philippe-Auguste reçut de nouvelles lettres et de nouveaux émissaires
de Hugues de Vergy[39] qui, dans la crainte de ne
pouvoir résister à une attaque aussi obstinée, parvint à s’échapper et à se
rendre en personne vers le roi, offrant de soumettre son château et ses
terres à sa domination, s’il voulait le délivrer de l’oppression de son
terrible adversaire[40]. Le roi
de France se serait peu ému des plaintes qui lui arrivaient de toutes parts,
et se serait sans doute peu soucié de la suzeraineté qu’on lui offrait sur un
château en Bourgogne, si des nouvelles plus graves ne lui étaient parvenues.
L'empereur Frédéric Barberousse, après avoir présenté son fils Henri comme
son successeur à l’empire, et l’avoir fait couronner en Allemagne avec une
magnificence sans pareille, en 1184, s’était retiré en Italie, au moment de
la lutte entre Hugues de Vergy et le duc de Bourgogne. Ce dernier, ne pouvant
compter sur l’appui de son oncle Frédéric Barberousse, trop occupé à d’autres
affaires, voulut s'assurer l’appui de son fils Henri, roi des Romains. Hugues
III comprit qu’il était indispensable d’agir avec le plus de célérité
possible, et qu’il fallait mettre à profit les instants qui lui restaient. 11
quitta la Bourgogne en toute hâte au mois de mai, atteignit le Dauphiné et le
comté de Viennois, franchit les Alpes[41], traversa rapidement une partie
de l'Italie, et arriva enfin dans les Etats romains, où il rejoignit le roi
Henri à Orvieto, in campo Urbe Veteri. C’est à Orvieto que fut signé,
le mardi 3 juin 1186, un traité d’alliance offensive et défensive contre le
roi de France[42]. Des deux lettres échangées à
ce sujet à Orvieto, celle du roi Henri est la seule qui nous soit connue. Le
roi des Romains, s’adressant à son cher et fidèle Hugues, duc de Dijon,
arrête les conventions de paix conformément au traité indiqué dans les lettres
du duc[43]. Il reçoit hommage pour le fief
du comté d’Albon que Hugues III possédait du chef de sa femme, et pour le
fief d’Ulric de Baugé ; il rappelle l’engagement pris par le duc, au nom de
son fils et des ducs ses successeurs, qui devront, pour les mêmes domaines,
reconnaître la suzeraineté de l’Empire, sauf la fidélité due au roi de France
: « Si par hasard le roi de France faisait insulte à l’Empire, tu dois en
propre personne nous porter secours avec tous les féodaux que tu tiens de
notre suzeraineté. Si nous faisions insulte au roi de France ou à son
royaume, tu pourras lui prêter secours en personne avec les tenanciers qui
relèvent de lui. » Henri termine en promettant appui à Hugues III en cas de
difficulté. La rédaction de ce diplôme, très ménagée dans la forme, ne laisse
prise à aucune allégation qui eut pu faire taxer le duc de Bourgogne de
déloyauté envers son suzerain ; mais on verra bientôt qu’il n’v a pas à s’y
méprendre. La charte ducale contenait peut-être d’autres clauses plus
explicites sur lesquelles on ne peut se prononcer. Hugues
III était secondé par des officiers sur lesquels il pouvait compter dans la
lutte et qui veillaient avec soin aux intérêts du pays. Eudes, son fils aîné,
avait atteint sa majorité et venait d’être armé chevalier[44]. Son sénéchal, le personnage le
plus considérable de la cour, commandait l’armée en son absence, dirigeait le
service de l’hôtel, rendait la justice, et avait en un mot la haute main pour
la direction des affaires. Cette fonction était occupée depuis de longues
années par les puissants seigneurs de Montréal, et le titulaire actuel,
Anseric IV, était cousin germain du duc par son alliance avec Sibylle de
Bourgogne, fille de Hugues-le-Roux[45]. Guillaume, sire de Marigny,
tenait la charge de connétable, la plus importante après celle de sénéchal.
Au premier rang, il faut aussi placer le chambellan Girard de Iléon, le
fidèle et intime compagnon de Hugues III ; puis une suite nombreuse de hauts
barons dont les noms figurent fréquemment dans nos chartes : Gui de Til-Châtel,
Guillaume le Champenois, sire de Champlitte, Hugues de la Roche, Bertrand de
Saudon, Simon de Bricon. Gauthier de Sombernon, Eudes, sire de Saulx,
Guillaume de Fauverney, Etienne Villain, sire de Ravières, Jules de Saulx,
Othe de Saffres, Amédée d'Arceau, etc. Les
clauses des conventions réciproques qui liaient le duc de Bourgogne avec
Henri, fils de l'empereur Frédéric Barberousse, furent sans doute tenues
secrètes pendant quelque temps ; mais le roi Philippe- Auguste ne tarda pas à
en être informé, et comme il n’avait pas en ce moment toutes les ressources
nécessitées par une conflagration qui menaçait d’être plus générale que ne
pouvait le faire supposer une simple lutte de vassal à suzerain, il songea à
prendre aussi des alliances. Il avait passé la dernière partie de l'automne
1180 à Fontainebleau[46], après avoir été dans diverses
autres résidences. C’est à Fontainebleau qu’il avait entendu les plaintes des
religieux de Flavigny fort maltraités par les troupes ducales, et c’est à
qu'il s’était engagé à prendre sous sa protection le village de Couches,
relevant de cette abbaye[47]. On rapporta également au roi
les exactions du duc contre ses propres vassaux[48], et notamment la saisie de
divers marchands du royaume de France et du comté de Flandre, qu’Hugues III
avait fait prendre et piller par ses officiers[49]. Ces raisons jointes aux
objurgations de plus en plus pressantes du sire de Vergy, déterminèrent
Philippe-Auguste à s’adresser à Philippe, comte de Flandre, auquel il fit
entendre que cette dernière affaire était un outrage à l’adresse de chacun
d’eux et devait être vengée par une action commune. Les alliés résolurent en
outre, vu l’urgence des circonstances, de ne pas attendre le printemps de
1187 et de se mettre en marche aussitôt que faire se pourrait. Les
historiens ne se trompent donc pas quand ils mettent cette expédition à l’an
1180, cette année ne prenant fin que le 28 mars 1187. Il paraît seulement
certain que la lutte ne se termina qu’après Pâques et dans le courant d'avril
1187, en nous servant des indications parfois trop insuffisantes que
fournissent les chroniques et les documents[50]. La
jonction des troupes du comte de Flandre et du roi de France dut se faire en
janvier 1187, à Senlis, Philippus rex Francorum et Philippus, comes
Flandrorum, contrahentes undecumque copiosum exercitum[51]. On a plusieurs diplômes royaux
datés de Senlis, alors que le roi devait faire ses préparatifs de départ[52]. A la
fin de janvier, le roi était à Villeneuve-la-Guyard[53], en marche, et sur les
réclamations des religieux de l’abbaye de Preuilly, défendit aux habitants de
Villeneuve de pénétrer dans les terres et dans les cultures de la grange
d’Aigremont, appartenant à ce monastère[54]. Philippe-Auguste traversa
ensuite la Champagne, en passant par Troyes, Bar-sur-Seine et Mussy, où il
fut forcé de séjourner pendant trois jours pour attendre la venue de ses
troupes ; car cinq compagnies de gens de guerre, marchant sur ses traces, se
hâtaient de le rejoindre (Guillaume-le-Breton, Philippide, liv. I). L’armée
royale était assurément en Bourgogne dès la fin de février 1187. L’approche
de forces aussi redoutables causa une légitime appréhension au duc de
Bourgogne, surtout lorsqu’il ne vit pas venir les secours qu'il attendait de
son allié. Car malgré des appels pressants et réitérés, malgré les
insinuations du duc, qui représentait à Henri, fils de Frédéric Barberousse,
combien il devait se sentir atteint comme lui-même de l’outrage du roi de
France, rien ne put déterminer l’Empereur à sortir de ses Etats et à lui
venir en aide[55]. Cette défection inattendue
produisit un trouble et un désarroi inexprimables dans le camp Bourguignon. Réduits
à leur propre force, le duc et les seigneurs tinrent une réunion, dans
laquelle furent convoqués les conseillers jeunes et vieux, tous appelés à
donner leur avis dans une si grave conjoncture. Les anciens voulaient que
l’on résistât quand même à ces forces accablantes, car quitter la place était
lâcheté et félonie ; les jeunes, mieux avisés, prétendirent que c’était pure
folie et bravoure stérile d’attendre en rase campagne un ennemi supérieur,
qu’il valait mieux changer les rôles, abandonner au roi une situation qui
n’était pas défendable, et se jeter dans une place forte, où il serait facile
de balancer l’avantage du nombre. Cet avis prévalut[56]. Les
préparatifs de Philippe-Auguste avaient été tenus assez secrets et sa marche
assez rapide pour surprendre le duc de Bourgogne, et lui dicter cette prompte
détermination[57]. Les premières troupes envoyées
par le roi, ne trouvant plus les assiégés à combattre, détruisirent les
quatre fortifications élevées par Hugues III autour de Vergy, et ayant pris
possession du château, y mirent une garnison, le soumirent à la domination et
le rattachèrent au royaume de France. Peu après Hugues de Vergy prêta
solennellement foi et hommage, et jura de garder perpétuellement fidélité au
roi et à ses successeurs. Puis Philippe-Auguste investit intégralement le
sire de Vergy des domaines dont il venait de prendre possession, réservant
seulement la haute main pour lui et les siens. Ces passages sont extraits de
Rigord[58], qui a donné les détails les
plus étendus sur cette expédition, et qui, malgré quelque confusion avec des
faits antérieurs, a le mieux connu cet épisode et celui qui va suivre.
Toutefois le chroniqueur a le tort de motiver cette guerre principalement sur
le désir qu’aurait eu le roi de défendre les églises et de protéger les
monastères, en lui donnant la qualité de chevalier du Christ, miles Christi.
Il est facile de voir que Philippe-Auguste était dirigé dans ces
circonstances par un tout autre mobile, et que sa conduite ne mérite pas une
telle auréole. A la suite du départ du duc et de la prise de possession du
château de Vergy, les troupes royales et celles du comte de Flandre,
conformément aux habitudes peu disciplinées de l’époque, se répandirent dans
le Dijonnais, et y commirent des dommages non moins grands que ceux
précédemment causés par les auteurs de cette longue lutte. Elles s’emparèrent
de plusieurs châteaux[59], notamment de Beaune et de
Flavigny[60]. Hugues
de Vergy n’eut pas davantage à se féliciter de l’intervention royale, car ce
genre de service était fort onéreux pour celui qui le recevait. Ses terres ne
furent guère plus respectées que celles du duc. Pour faciliter les mouvements
et les opérations de ses alliés, il mit à leur disposition les hommes et les
choses de ses vassaux ; il fut même obligé d’exiger des réquisitions dans les
monastères voisins. Par une charte donnée peu après, en 1187, le sire de
Vergy s’engage par serment, devant l’abbé de Cîteaux, à ne plus prendre
désormais les bœufs, les vaches, les ânes, les chevaux et les chariots
appartenant à l'abbaye, promettant au contraire de défendre les biens des
religieux, et, en cas de dégât, d’en rendre raison quinze jours après qu’il
en aurait été requis[61]. Pendant
ce temps, le duc de Bourgogne s’était jeté avec toutes ses forces dans sa
ville et dans son château-fort de Châtillon-sur-Seine[62]. C’était l’une des meilleures
places de ses états et l’une de ses résidences préférées. Il y avait fait
exécuter de nombreux travaux. Les solides fortifications, édifiées à grands
frais depuis 1168, rendaient cette position redoutable pour l’attaque, facile
pour la défense. Le choix de cette place, indiquée par les jeunes seigneurs
bourguignons lors du grand conseil tenu sous les murs de Vergy, avait fait
prédominer leur avis. La ville de Châtillon-sur-Seine, divisée en trois
parties distinctes, le château, le bourg et l’abbaye de Notre-Dame, pouvait
grouper dans sa vaste enceinte toutes les forces ducales. Chacune de ses
parties, indépendantes l’une de l’autre, était environnée de fortes
murailles. Le château protégeait et dominait chaque enceinte, qui s’étalait
en amphithéâtre au midi dans un immense entonnoir, et dont l’ensemble était
facile à saisir d’un coup d’œil. Le duc avait eu soin de ; pourvoir la ville
de toutes choses nécessaires en temps de guerre ; il l’avait fait
approvisionner de blé pour la nourriture des troupes, et remplir le château
d’abondantes munitions, pour que rien ne vint à manquer. Les tours furent
garnies de herses et de claies en bois ; on étançonna les murailles ; on
pratiqua dans les remparts des meurtrières pour lancer des traits ; les
fossés furent creusés et élargis, afin d'en empêcher l’accès aux assaillants
et de rendre la place de toutes parts inattaquable. Nous ne faisons que
traduire Guillaume-le-Breton (Philippide, liv. I). En mars
1187, la ville de Châtillon-sur-Seine était investie par les troupes royales
et le siège commencé[63]. Après avoir examiné les abords
de la place, Philippe-Auguste, jugeant qu’il n'en aurait pas facilement
raison, commanda des machines de guerre et ordonna des travaux d’approche
surtout du côté du nord, là seulement où le château pouvait être attaqué[64]. A la suite de ces préparatifs
qui exigèrent un certain laps de temps et durèrent quinze jours ou trois
semaines[65], les assiégeants tentèrent
divers assauts vigoureux[66]. Dans ces attaques, on perdit
des combattants de part et d’autre ; et parmi les blessés, plusieurs furent
sauvés par le secours de la médecine[67]. Au nombre des morts du côté
des Bourguignons, nous ne pouvons citer avec quelque certitude que le
chambellan Girard, sire de Réon, le plus intime et le plus dévoué compagnon
du duc, le favori qu'il avait comblé de ses bienfaits. Hugues III fut si
désolé de sa mort qu’il fit célébrer son anniversaire dans tous les
monastères de Bourgogne[68]. Le roi
fit battre en brèche les murailles de la ville au moyen de mangonneaux, de
pierriers et d’autres machines de guerre, tormenta ; l’enceinte du
château fut forcée et les richesses qu’on y trouva furent partagées entre les
gens d’armes. Les assiégés s’étaient retirés dans le donjon ; mais une mine
ouvrit passage aux assaillants, et la garnison, à la tête de laquelle était
Eudes, fils du duc de Bourgogne, fut forcée de se rendre. Laissons
parler Guillaume-le-Breton (Philippide, liv. I, vers 680 et suiv.) : « Le
roi, pour ne point perdre de temps, presse nuit et jour les travaux du siège,
et stimule de sa personne l’ardeur des troupes. Les mangonneaux roulent et
brandissent de grosses pierres à coups redoublés ; les claies de bois et les
mantelets dont on avait garni les tours, pour les garantir des machines de
guerre, brisés par cette grêle de cailloux, cèdent ; et à travers ces
défenses avancées, qui protégeaient les murailles en les cachant, les
créneaux en ruines paraissent à découvert. A l’abri de leurs claies
entrelacées et de leurs boucliers de cuir et d’osier, qui, joints les uns aux
autres, forment une tortue au-dessus de leur tête, des troupes d’archers
sautent sur le revers des fossés et font pleuvoir, sans discontinuer, des
traits sur les murailles pour en écarter les assiégés, pour les empêcher de
courir selon l’usage derrière les créneaux, et de ramasser les traits et les
pierres que doivent ensuite renvoyer contre leurs ennemis les défenseurs des
remparts. Les fossés sont remplis des débris des retranchements, et les
échelles dressées contre les murs. Tandis que le roi est présent partout, ses
gardes volent, et avec l’agilité de l’écureuil, se glissent sous les remparts
et les escaladent. Voyez-vous déjà le terrible Manassès[69] et le chevalier Guillaume des
Barres ? Ils brillent au premier rang et montent les échelles, en déployant
toutes leurs forces ; les voilà sur les créneaux. Chassés de leurs remparts,
les assiégés se précipitent en bataillons pressés vers la tour la plus élevée
de la citadelle, pour y défendre leur vie, ne serait-ce qu'un instant.
Bientôt le château ébranlé succombe ; ses ruines, jonchant la terre, ouvrent
un large passage au vainqueur qui y pénètre aussitôt par la brèche. On y
prit, avec de nombreux chevaliers, une grande multitude de bourgeois. Parmi
les prisonniers, se trouva Eudes, le fils et héritier du duc. » Après
ces efforts persévérants et obstinés, Châtillon-sur-Seine était entièrement
au pouvoir du roi, qui réduisit la ville en cendres[70]. Cette prise eut lieu aux
environs des fêtes de Pâques 1187, qui était cette année le 29 mars. Le duc
de Bourgogne, comprenant que toute résistance serait désormais impossible,
vint se jeter aux pieds du roi pour lui demander pardon et implorer sa grâce,
promettant de lui donner satisfaction et s'engageant à s’en rapporter au
jugement de sa cour, pour les dommages qu’on exigerait de lui. Rigord, dont
nous suivons le récit, applique cette indemnité tout entière aux églises ; on
peut croire que le roi fit aussi sa part et celle du comte de Flandre, son
allié. Philippe-Auguste voulut avoir des garanties immédiates, car bien qu’il
ne fût encore que dans sa vingt et unième année, il connaissait, par les
officiers qui l’accompagnaient et que nous retrouvons bientôt à Tonnerre, le
caractère et les antécédents de Hugues III qui, souvent cité à comparaître devant
le parlement à la cour du roi Louis le Jeune, son père, n’avait pas toujours
tenu les engagements promis[71]. Le duc de Bourgogne fut
condamné à une amende de trente mille livres, avec obligation de fournir des
cautions valables pour en répondre ; de plus on mit la main sur trois de ses
principaux châteaux[72], qui furent retenus en gage
jusqu’au paiement intégral delà somme[73]. Hugues
III, fort obéré par la guerre qu’il soutenait depuis plusieurs années,
n’était pas en mesure de satisfaire à une telle rançon. Il avait, à plusieurs
reprises, pour subvenir à ces dépenses incessantes depuis 1183, aliéné ou mis
en gage, moyennant 500 livres, les droits de service militaire que lui
devaient les habitants de Dijon[74]. Les ressources annuelles que
lui valaient la charte de commune primitive de cette ville étaient épuisées,
et, en tous cas, bien insuffisantes en présence de cette exigence nouvelle.
Le duc promit donc de fournir des garanties à bref délai, et dans ce but
partit à Dijon, s’engageant à rejoindre promptement le roi, aussitôt qu’il
aurait les moyens de lui donner satisfaction. Le jeune Eudes, alors
prisonnier, fut relâché sur parole pour accompagner son père. Ces
dispositions arrêtées, Philippe-Auguste quitta cette ville de Châtillon,
ruinée et en partie brûlée, prenant le chemin de Tonnerre, où le duc de
Bourgogne n’allait pas tarder à le rejoindre. Peu de
jours après, à une date qu’il faut rapprocher de la première quinzaine
d’avril 1187, Hugues III concédait aux habitants de Dijon, moyennant une
rente de cinq cents marcs d’argent, une seconde charte de commune
conformément à celle de Soissons[75]. Cette charte, plus étendue et
plus complète que celle de 1183, annulait la première, et c’est le motif
probable pour lequel celle-ci fut détruite et ne nous a point été conservée.
Les clauses de cette pièce capitale, plusieurs fois publiée, dénotent bien
dans les circonstances présentes le caractère de l’acte : c’est plutôt un
traité passé avec les habitants, qu’une concession de la part du suzerain,
car celui-ci touche en argent ce que les premiers reçoivent en liberté ; mais
le rédacteur ne pouvait déroger aux traditions féodales, tout accord d’un
seigneur avec ses vassaux étant une concession faite à ces derniers[76]. Les barons de la cour ducale
jurèrent avec Hugues III de maintenir les privilèges délivrés aux habitants.
Les mêmes personnages et dans le même ordre mirent ce jour-là leur sceau à
une charte de confirmation donnée par Eudes, fils du duc de Bourgogne[77] qui promettait de la faire
approuver par l’archevêque de Lyon, par les évêques de Langres, d’Autun et de
Chalon. Recueillons ici une de ces indications si rares, qu’il ne faut jamais
laisser perdre dans les documents du moyen âge, lorsqu’ils peuvent aider à la
chronologie des faits : ad petitionem quoque patris mei et meam,
Philippus, rex Francie, hanc communiam manulenendam promisit. Il est donc
bien certain qu’en quittant le roi de France à Châtillon-sur-Seine, le duc de
Bourgogne lui avait exposé les moyens qu’il comptait employer pour payer sa
rançon, et que Philippe-Auguste avait promis son appui. La brièveté de l’acte
donné par le jeune Eudes est une preuve de la célérité que l’on mit en cette
affaire, le scribe n’ayant pas sans doute le temps d’y insérer tous les
articles compris dans la charte de Hugues III, mais qu’il donna ensuite en
entier dans le courant de la même année[78]. Le duc
de Bourgogne, accompagné de son fils, repartit aussitôt pour rejoindre
Philippe-Auguste à Tonnerre, dont le comté était alors gouverné par sa
cousine germaine, Mathilde ou Mahaut, fille de Raymond de Bourgogne et
d’Agnès de Montpensier, laquelle, après quatre alliances, avait divorcé avec
son dernier mari, Robert de Dreux. Le roi avait lui-même d’autres raisons de
séjourner à Tonnerre ; il avait été tuteur des deux enfants de Mathilde et de
Gui de Nevers, son premier mari ; leur fils Guillaume étant mort en 1181, le
roi avait fait élever à la cour la fille Agnès, et l’avait mariée, en 1184,
avec Pierre II de Courtenay, son cousin, lequel devint de ce chef comte de
Nevers et d’Auxerre[79]. Agnès était sans doute en ce
moment à Tonnerre avec sa mère, et leur intervention en faveur du duc
expliquerait les dispositions pacifiques qui suivent[80]. Un autre cousin du roi,
Guillaume de Courtenay, frère de Pierre[81], habitait, près de Tonnerre, le
château-fort de Tanlay, qui lui était advenu par son mariage avec Adeline,
fille de Clérembaud de Noyers. On s’explique donc le séjour prolongé de
Philippe-Auguste dans cette résidence où le retenaient des liens de famille. Le roi
ratifia la charte de commune des habitants de Dijon, ad petitionem Ducis et
Odonis filii ejus, et s’en rendit garant dans ce diplôme qui relate les
noms de ses principaux officiers : le sénéchal Thi- baud, comte de Blois et
de Chartres, le bouteiller Gui de Senlis, le grand chambellan Mathieu de Beaumont-sur-Oise,
le connétable Raoul, comte de Clermont-en-Beauvoisis[82]. Tous
ces personnages résidèrent sans doute quelque temps au château de Tonnerre,
et c’est lâ que le roi fit la paix avec le duc de Bourgogne. Rigord dit[83], dans des termes qu’il est
utile de peser, qu’Hugues III, ayant été condamné à une amende de trente
mille livres, Philippe-Auguste, après un court espace de temps[84], fut ramené à de meilleurs
sentiments par le conseil de ses amis, lui rendit les châteaux qu’il détenait
en gage. Puis en présence de cette soumission et de cette bonne volonté, bien
que le duc n’ait pu payer l'intégralité de la somme, le roi lui remit le fief
et la suzeraineté de Vergy. Et c’est seulement après la paix faite que le roi
repartit en France[85]. On est
donc autorisé à placer ces derniers arrangements à Tonnerre au milieu d’avril
ou dans la seconde quinzaine de ce mois en l’an 1187[86]. La
campagne de Philippe-Auguste en Bourgogne avait duré de fin janvier au milieu
d’avril. Quelques jours après son départ de Tonnerre, on a la trace de son
passage à Sens, par deux diplômes ; l’un concédant la coutume de Lorris aux
habitants de Voisines[87] ; l’autre dotant les
religieuses de la Pommeraie des dîmes de pain et de vin dépensés par le roi
pendant son séjour à Sens[88]. La
conférence dont nous venons de parler amena une pacification générale, et
rétablit la bonne harmonie non seulement entre Hugues III et le roi, mais
encore entre le duc et Hugues de Vergy, qui avait enfin consenti à reprendre
en fief du duché les terres qu’il y possédait, et dont il avait précédemment
fait hommage à Philippe-Auguste. La bonne intelligence était même telle, que
nous les voyons figurer ensemble dans plusieurs chartes des années suivantes,
notamment en 1188, quand le duc et le sire de Vergy se rendent caution
d’Etienne de Mont- Saint-Jean envers l’abbaye de Cîteaux[89]. Nous retrouvons les mêmes
personnages réunis au cloître de Saint-Denys de Vergy, lors d’une donation
aux religieux de ce monastère[90]. La
résistance du sire de Vergy, apaisée sous Hugues III, devait reparaître sous
le règne du duc Eudes III, son fils, et amener une lutte nouvelle. Le duc de Bourgogne
assista, en décembre 1187, à l’entrevue entre Ivoy et Mouzon, dans laquelle
le comté de Namur fut adjugé à Philippe-Auguste[91]. A la fin de juin de l'année
suivante[92], il était à Saumur en compagnie
de l’archevêque de Reims et du comte de Flandre, où ils se concertèrent de
leur propre mouvement pour aller trouver Henri II, roi d’Angleterre, et le
réconcilier avec le roi de France ; la guerre entamée entre les deux monarques
rendit leurs négociations inutiles ; Philippe-Auguste s’étant emparé de Tours
le 3 juillet, obtint un meilleur résultat et un plus solide accommodement[93]. Les relations entre Hugues III et Henri, roi des Romains, avaient eu aussi un épilogue, qu'il est important de signaler. Depuis le traité passé à Orvieto et le manque de parole du roi Henri, qui avait refusé de venir au secours du duc menacé par l’armée royale, les Bourguignons avaient conservé contre lui une animosité extrême. Par ce traité, Hugues III s’était engagé à rendre foi et hommage au roi des Romains, pour le comté d’Albon et ses terres de Bagé en Bresse, à la condition formelle qu'Henri lui viendrait en aide contre Philippe-Auguste. Les conditions n’avant pas été exécutées, le duc de Bourgogne se déclara libre de tout engagement, et refusa nettement de faire hommage au roi des Romains. Il y eut débat assez aigre entre eux et probablement un commencement d’hostilités, sur lesquels on n’a pas les renseignements suffisants. Les voyages que le duc fit en Dauphiné, pendant les années 1188 et 1189, étaient sans doute nécessités par des pourparlers relatifs à cette affaire ; mais comme il était dans une situation pécuniaire des plus gênées, et qu’il ne pouvait espérer triompher d’un tel adversaire après la campagne désastreuse qu’il venait de subir, il fut forcé de faire la paix, de consentir à rendre hommage, et de tenir parole à un souverain qui avait si peu tenu la sienne. Le diplôme du roi des Romains, qui notifie ce traité de paix avec le duc de Dijon, est daté de 1190[94]. |
[1]
A. Duchesne, Maison de Vergy, Introd., p. 4.
[2]
Gui et Alix moururent fort âgés, car on a encore des actes d'eux en 1204. V. A.
Duchesne, Maison de Vergy, p. 95 et suiv. Gui était au siège d'Acre, en
1191.
[3]
Et aussi après la mort de Marguerite ou Mahaut, sœur d'Alix, épouse de Thibault
de la Roche.
[4]
La première charte dans laquelle Hugues de Vergy apparaisse comme gendre de
Garnier de Trainel, est datée de 1179, d'après le Cartulaire de Saint-Loup
de Troyes, fol. 50, v°. Voir Documents pour servir à la généalogie des
anciens seigneurs de Trainel, par l'abbé Lalore, p. 46.
[5]
Est-ce pour cette raison que Gui de Vergy met une muraille dans son sceau, en
1173. Voir Duchesne, Maison de Vergy, p. 7.
[6]
Geoffroi de Vigeon. Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 217 ;
Labbe, Bibl. mon., t. II, p. 338.
[7]
Chronique de Laon, Recueil des historiens de France, t. XVIII, p.
703.
[8]
Géraud, Les Routiers au XIIe s. ; Bibl. de l'école des chartes,
1re série, t. III, p. 125 ; Labbe, Bibl. mss., t. II, p. 338.
[9]
Les expéditions, rapides et fréquentes à cette époque, ne sont signalées que
par quelques mots échappés aux chroniqueurs, il n'est pas facile d'avoir une
appréciation toujours exacte des faits et de saisir l'ensemble des événements.
[10]
Nous aurons à revenir sur les suites malheureuses de l'alliance de Mathilde de
Bourbon avec Gaucher de Salins.
[11]
Chronique de Saint-Marien, Recueil des historiens de France, t.
XVIII, p. 251. B. C.
[12]
Chronique de St-Marien (chronologia seriem temporum, continens Treoia
apud Natalem Moreau, 1608, fol. 87 v°).
[13]
Remarquons qu’Aubri de Trois-Fontaines, dans le Recueil des historiens de
France, t. XVIII, p. 746 C, met en l'année 1184 cette première affaire, et
la fait suivre du mariage du duc Hugues III avec Beatrix d'Albon ; or c'est en
1183 et non en 1184 qu'eut lieu le mariage.
[14]
Chronique S. Marien. Autissiod. Edition Camuzat, Trecis,
1608, fol. 88 v°.
[15]
Cela ressort du récit de Rigord, Recueil des historiens de France, t.
XVI, p. 15, 16 ; comparer Guillelmus Armoricus, Ibid., t. XVII, p. 67,
D.
[16]
Cette date est tirée par M. Léopold Delisle, Catalogue des actes de
Philippe-Auguste, n° 88.
[17]
Voir pour l'identification du chancelier Hugues avec Hugues de Béthisy, le Catalogue
des actes de Philippe-Auguste, de M. Delisle, Introd., p. LXXXVI.
[18]
Il ne s'agit pas ici, croyons-nous, de Chaumont-en-Bassigny, mais de
Chaumont-en-Vexin (Oise), qui fut tant de fois la résidence de
Philippe-Auguste. Et pour cette première affaire, le roi ne serait pas venu en
Bourgogne (v. L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n°
88, 128, 124, 351.
[19]
Orig. scellé en cire verte à lacs de soie verte pendants. Arch. de la
ville de Dijon, b. I. Ed. Pérard, p. 310 ; Garnier, Chartes de communes,
t. I, p. I.
[20]
Ce voyage est forcément compris entre le 1er avril, jour de Pâques 1184 et le
13 juin 1184, date de la bulle pontificale citée plus loin. Or il faut bien
compter un mois d'intervalle entre cette bulle et la lettre du duc dont il est
ici question.
[21]
Voir Ed. Valbonnais, Histoire du Dauphiné, t. I, p. 181 ; Haureau, Gall.
Christ., t. XVI, Inst., col. 90.
[22]
Valbonnais, Histoire du Dauphiné, I. I, pp. 181, 182 ; U. Chevalier, Notice
analytique sur le cartulaire d'Aimon de Chissé, p. 12.
[23]
Voir Ed. Valbonnais, Histoire du Dauphiné, t. I. pp. 181, 182. On a une
autre bulle du pape Urbain III relative au même sujet, 28 février 1186.
[24]
D. bouquet, Recueil des historiens de France ; Ex Gisleb. Montensi, t.
XVIII, p. 371, D.
[25]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti, ap. D. Rouquet, Recueil des
historiens de France, t. XVII, p. 15, A. B. n.
[26]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti, ap. D. Rouquet, Recueil des
historiens de France, t. XVII, p. 13, A. B.
[27]
Hugues de Broyés était depuis plusieurs années, et depuis 1078 marié en
deuxièmes noces avec Isabeau de Dreux, fille de Robert de France, comte de
Dreux, oncle de Philippe-Auguste. Voir A. Duchesne, Maison de Dreux, p.
22. C’est la fille de cet Hugues, Emeline de Broyés, qui épousa Eudes le
Champenois de Champlitte, puis Erard de Chacenay.
[28]
Aubri de Trois-Fontaines, dans D. Bouquet, t. XVIII, 746 c.
[29]
Comparer Rigord, de gestis Philippi-Augusti, apud D. Bouquet, t. XVII,
p. 45. A. B. n. ; Guillemus, chron. Alber. ; Duchesne, Maison de
Vergy, pr., p. 476.
[30]
La charte est de 1184 ; Pérard, p. 259.
[31]
La charte ducale donnée à Châtillon-sur-Seine est datée de 1185. D'après un Vidimus
(Peincedé, t. II, p. 414).
[32]
Gislebertus Montensis, Hannoniæ chronicon ; Recueil des historiens de
France, t. XVIII, pp. 383 E et 384 A.
[33]
D. Plancher, t. I, pr. CV.
[34]
Pérard, pp. 261, 262 ; D. Plancher, t. I, pr. CVII.
[35]
Arch. de la Côte-d’Or ; Cartulaire de N.-D. de Beaune, n° 94, fol. 142.
[36]
Rossignol, Histoire de Beaune, p. 101.
[37]
Bibl. nat., Collect. Moreau, t. LXXXIX, fol. 226, copie de Lambert de Barive ;
la charte est datée de 1187.
[38]
On peut voir, pour les années qui suivent, un grand nombre de pièces ducales,
relatant des donations et des indemnités accordées aux monastères. Bien que la
cause ne soit que rarement signalée, il faut y voir des dédommagements pour les
dégâts commis pendant cette guerre.
[39]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti, apud D. Bouquet, t. XVII, p. 16, A.
B.
[40]
Ex Radulfi de Diceto, D. Bouquet, t. XVII, 627 c. C'est toujours Gui de
Vergy que les chroniqueurs font agir comme sire de Vergy ; dans les chartes,
c'est Hugues.
[41]
On a la certitude de la présence de Hugues III dans l'abbaye d’Oulx lors de son
passage, puisqu'il donne une charte en faveur des chanoines de cette église et
une remise de tailles, pour laquelle il dut recevoir une somme d'argent, pour
subvenir aux frais de la guerre qu’il soutenait contre le seigneur de Vergy.
(Bibl. nat., Cartulaire du Dauphiné, fonds Fontanieu, lat. 10,954, fol.
142 v°.
[42]
Ce traité est deux fois imprimé dans Pérard, p. 233 et p. 260. La pièce p. 233
est par erreur datée de 1146.
[43]
Sicut in litteris tuis continetur, dit le diplôme du roi Henri ; Pérard,
p. 200. Il est regrettable qu'on n'ait plus le texte de la pièce ducale.
[44]
Jam militis, est-il dit dans une pièce de 1186.
[45]
Anseric de Montréal succédait en la même qualité à son père, qui, à notre
connaissance, tint la sénéchaussée de 1150 au plus tard jusqu'à sa mort vers
1174. On y reviendra dans le volume relatif aux grands officiers de nos ducs.
[46]
En novembre cl décembre très probablement. M. L. Delisle, Catalogue des actes
de Philippe-Auguste, n° 175, 176, 177, comprend avec raison ces diplômes entre
les dates du 1er novembre 1186 au 28 mars 1187. L'enchaînement des faits doit
les rapprocher du commencement de cette période.
[47]
Martène, Amplissima collect.. t. I, p. 968 ; L. Delisle, Catalogue
des actes de Philippe-Auguste, n° 175.
[48]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti, apud D. Bouquet, Recueil des
historiens de France, t. XVI, p. 15.
[49]
Ex annalibus Aquicinctensis monasterii, Recueil des historiens de
France, t. XVIII, p. 639 B.
[50]
L'auteur de la chronique de Saint-Marien a bien soin de faire des épisodes
distincts pour cette guerre, en 1183-1184 et en 1186. Suivant Rigord, D.
Bouquet, t. XV, pp. 15, 16, Philippe-Auguste aurait prévenu deux ou trois fois
le duc de Bourgogne en présence de ses amis, l'aurait engagé à s'amender et à
rendre aux églises ce qu’il avait enlevé. Après quoi Hugues III, voyant la
ferme volonté du roi, était rentré fort ému et fort troublé dans ses états.
Mais il y a apparence que cet incident n'est pas applicable à l'époque actuelle
et au dernier épisode de cette lutte.
[51]
Ex annalibus Aquicinclensis monaslerii, apud D. Bouquet, Recueil des
historiens de France, t, XVIII, p. 539 B.
[52]
L. Delisle, Catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 180, 181, 182,
datés du 1er novembre 1186 au 28 mars 1187, auxquels il faut joindre
probablement le n° 183, puisqu'il s'agit d'une inféodation d’un moulin à
Plailly, près Senlis, en faveur de Dreux de Mello.
[53]
On ne peut mettre en doute que la Villeneuve dont il est ici question ne soit
Villeneuve-la-Guyard. La bibliothèque de Sens possède une pièce originale de
l'an 1130 environ, constatant la donation primitive faite par Normand de Bray,
aux religieux de Preuilly, de cette terre d'Aigremont et de St-Aignan, près
Villeneuve-la-Guyard. Elle est au Cartulaire de l'Yonne, t. I, pp. 278,
279.
[54]
Le diplôme précité ne porte pas de nom de localité, mais doit avoir été fait à
Villeneuve-la-Guyard même, au passage du roi : Il y en a une copie aux
Archives nat., K. 192, n. 135 ; v. L. Delisle, Catalogue des actes de
Philippe-Auguste, n° 185. Le roi a encore donné un diplôme en février 1187
(1186 anc. st.) s'engageant à forcer un de ses vassaux à se soumettre à la
décision arbitrale qui devait être rendue par le doyen de l'église de Paris. Le
nom de la localité n'est pas indiqué. Il y a toute probabilité que ce vassal
était alors sous les armes et le roi en l'ost. V. L. Delisle, Catalogue
des actes de Philippe-Auguste, n° 486.
[55]
Ex Radulfo de Diceto, apud D. Bouquet, Recueil des historiens de
France, t. XVII, p. 627 C. Raoul de Diceto est le seul qui nous confirme
l'alliance entre le duc et Henri, roi des Romains, en même temps que sa
défection.
[56]
Ex chron. Alberici Trium-Fontium, apud D. Bouquet, Recueil des
historiens de France, t. XVIII, p. 746 C.
[57]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti, apud D. Bouquet, t. XVIII, p. 15.
[58]
Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 15, A. B. n., de gestis
Philippi-Augusti.
[59]
Ex annalibus Aquicinctensis monasterii, apud D. Bouquet, t. XVIII, p.
539 B.
[60]
Art de vérifier les dates, édition de 1818, t. II, p. 48.
[61]
Arch. de la Côte-d'Or ; Cartulaire de Cîteaux, n° 468, fol. 103 ; Ed.
Duchesne, Maison de Vergy, pr. p. 146. Cette pièce seule suffirait à
fixer la date de ces événements qui eurent bien lieu à la fin de l'année 1186
(anc. st.) ou dans les premiers mois de 1187.
[62]
Guillelmus Armoricus, apud D. Bouquet, I, XVII, p. 67, D.
[63]
Cette date s'impose par les événements qui précèdent et par ceux qui suivent.
[64]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti.
[65]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti.
[66]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti.
[67]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti.
[68]
Girard de Réon avait reçu du Duc des biens considérables à Dijon et à Beaune.
Ceux de Dijon furent donnés à la commune de Dijon et paraissent dans la charte
ducale, Dedi etiam eis quidquid dommus Girardus Raonum apud Divionem habebat.
Les domaines de Champagne, près Beaune, échurent aux chanoines de Beaune.
(Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Beaune, II. 94). On a plus de
vingt fondations d'anniversaires de Girard, données par le duc, en 1187. Celle
de Cluny est curieuse, parce qu'elle rappelle les dégâts causés par la guerre
et l'indemnité qui fut allouée aux religieux. (Voir Bibl. Sebusiana, p.
319).
[69]
Manassès Mauvoisin, souvent cité dans les actes de Philippe-Auguste.
[70]
Ex brevi chron. S. Benigni, D. Bouquet, Recueil des historiens de
France, l. XVIII, p. 741 D.
[71]
Rigord, Recueil des historiens de France, t. XVI, pp. 15, 16.
[72]
Très probablement Châtillon, Flavigny et Beaune, dont le roi était alors en
possession.
[73]
Rigord, Recueil des historiens de France, t. XVI, pp. 15, 16.
[74]
Voir Garnier, Chartes de communes, t. I, pr. II-IV.
[75]
Orig. Arch. de la ville de Dijon, B. I, sceau en cire verte à lacs de soie rouge
et verte pendants, Ed. Garnier, Charles de communes, n° V ; Pérard, p. 333.
[76]
Le grand travail que prépare M. Garnier dans son t. IV des Chartes de
communes, nous dispense pour le moment d'étudier la teneur de cette charte
; nous ne recherchons ici que les causes qui ont déterminé la concession du
droit de commune.
[77]
Orig. Arch. de la ville de Dijon, B. i, scellé en cire verte à lacs de
soie rouge et verte pendants. Ed. Garnier, Chartes de communes, n° VII, p. 18 ; Pérard,
p. 337.
[78]
Orig. Arch. de la ville de Dijon, B. I, scellé en cire verte à lacs de soie rouge
et verte pendants. Garnier, Charles de communes, t, I, n° VI, p. 17.
Pour nous cette seconde pièce doit passer après le diplôme de Philippe-Auguste
dans l'ordre chronologique.
[79]
C'est ainsi que Mahaut de Courtenay, fille d'Agnès et de Pierre de Courtenay,
posséda les comtés de Nevers et d'Auxerre, puis le comté de Tonnerre après la
mort de Mathilde de Bourgogne, sa grand’mère. L’intervention de
Philippe-Auguste dans les affaires du Nivernais, où nous l'avons déjà vu à
Pierre-Perthuis et à Vézelay n'a pas été assez remarquée par les historiens. V.
la Chronique de St-Marien, éd. Camuzat, Trecis, 1608, p. 86.
[80]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti, dit d’ailleurs positivement, habito
Rex cum amicis suis sanion concilio....
[81]
Pierre Ier de Courtenay était frère de Louis-le-Jeune, par suite oncle de
Philippe-Auguste. Pierre II, comte de Nevers et d'Auxerre, empereur de
Constantinople, ainsi que son frère Guillaume de Courtenay-Tanlay, fils de
Pierre Ier étaient cousins du roi.
[82]
Orig. Arch. de la ville de Dijon, B. I, Ed. Pérard, p. 310 ; Garnier, Chartes
des communes, t. I, p. 19. Voir L. Delisle, Catalogue des actes de
Philippe-Auguste, n° 196.
[83]
D. Bouquet, Recueil des historiens de France, t. XVI, p. 16.
[84]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti.
[85]
Rigord, de gestis Philippi-Augusti.
[86]
Le diplôme royal daté de 1187, la VIIIe année du règne, ne dément pas cette
assertion.
[87]
Ed. Cartulaire de l'Yonne, t. I, p. 38t. V. L. Delisle, Catalogue des
actes de Philippe-Auguste, n° 194.
[88]
Arch. de l'Yonne ; Fonds de l’abbaye de la Pommeraye ; Catalogue des actes
de Philippe-Auguste, suppl., n° 197 A, p. 649. Ces deux derniers actes
doivent être de la fin d'avril ou du commencement de mai.
[89]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Cîteaux, n° 168, foi. 103.
[90]
A. Duchesne, Maison de Vergy, pr. pp. 167, 168.
[91]
Recueil des historiens de France, t. XVIII, p. 387 D ; ex Gisleb.
Montensi.
[92]
Aux environs de la fête St-Pierre et St-Paul, c'est-à-dire vers le 29 juin.
[93]
Recueil des historiens de France, t. XVII, p. 489 c ; ex Bened.
Petroburg.
[94]
N° 820 des actes du catalogue ; Goldast, Constitutiones Impériales, t.
III, p. 363 ; supplément au corps diplomatique, t. I, part. I, p. 68.