Hommage de Thibaud,
comte de Champagne, à Eudes II. — Jobert de la Ferté, vicomte de Dijon, part
en croisade. — Actes divers de saint Bernard. — Eudes II épouse Marie de
Champagne. — Assemblée de Vézelay. — Préparatifs de la croisade. — Chevaliers
Bourguignons qui y prennent part. — Arrivée du pape Eugène III. — Le roi
Louis le Jeune vient le recevoir à Dijon. —Séjour du Pape à Auxerre. — Ses
itinéraires en Bourgogne, à Cluny, Chalon-sur-Saône, Dijon, Cîteaux,
Saint-Seine, Fontenay, Auxerre, Saint-Florentin, etc. — Lutte entre l'abbaye
de Vézelay et Henri de Bourgogne, évêque d'Autun, qui part pour Rome. —
Lettre du Pape au duc de Bourgogne et aux Seigneurs. — Négociations et
pourparlers. — Aumônes du duc Eudes II.
Le
premier acte du duc Eudes II fut de se rendre à l'église de Saint-Bénigne, et
là, de l'avis et avec l'approbation de sa mère, la duchesse Mathilde, il
confirma aux religieux la possession d'une famille d'hommes à Marcenay, qui
avait été auparavant cédée par son père. Le revenu que devait en retirer
l'abbaye était destiné à l'entretien d'une lampe devant l'autel de
Saint-Urbain de Marcenay[1]. Divers monastères de la
province reçurent, ainsi que le voulait l'usage, des libéralités et des
confirmations de privilèges de leur nouveau souverain. A
l'occasion de son avènement au duché, Eudes II reçut à Augustine[2] l'hommage de Thibaud, comte de
Blois et de Champagne. Le comte déclara qu'il tenait en fief du Duc la garde
de l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre, les châteaux de Maligny, d'Ervy et de
Saint-Florentin, avec toutes leurs dépendances, le comté de Troyes et la
ville de Troyes elle-même. Les témoins du comte sont son fils Henri Gui,
comte de Bar ; Hilduin de Vendeuvre Joubert de la Ferté Bure d'Ervy. Les
barons qui accompagnent le Duc sont Guillaume de Marigny, son connétable
Aimon de Dijon Ponce de Frolois Raimond de Grancey et son frère Joubert ;
Hugues Chevauchée Girard de Chatillon[3]. C'est la première fois que
nous trouvons les comtes de Champagne assujettis à des devoirs de cette
nature envers les Ducs de Bourgogne aucun document antérieur ne révèle
l'existence de cette importante et étrange prérogative. Mais cela confirme un
fait sur lequel nous n'avons pas assez insisté dans notre premier volume, et
sur lequel nous revenons dans notre introduction, c'est que le comté de
Troyes dépendait de la Bourgogne au moment de la conquête de cette province
par le roi Robert, et que les ducs de Bourgogne conservèrent ensuite le droit
de suzeraineté sur cette partie de la Champagne. Une
lutte entre deux puissants barons de Champagne et de Bourgogne nous est
indiquée en 1144, par les titres de l'abbaye de Molème[4]. Hugues, sire de Broyes,
déclare qu'il a ravagé les domaines de Grancey-la-Ville, qu'il a pris un
certain nombre des vassaux de cette terre, qu'il en a blessé d'autres
grièvement, et forcé le seigneur de Grancey à racheter les captifs. Le sire
de Broyes ayant été excommunié à la suite de ces méfaits, fut contraint de
faire e amende honorable pour obtenir la levée de l'interdit qui pesait sur
les domaines relevant de son fief. L'acte de cette soumission fut rendu par
le sire de Broyes, par sa femme Stéphanie et par son frère Simon. Les deux
premières années du règne de Eudes II ne nous ont pas laissé beaucoup de
documents sur son gouvernement, en dehors de sa participation aux bienfaits
concédés aux monastères. L'évêque de Langres, Godefroy, l'ami et le bras
droit de saint Bernard paraît avoir eu la plus grande influence sur les
événements de la province. C'est lui, qui, de concert avec l'abbé de
Clairvaux, notifie les concessions faites aux religieuses de Pralon par
Garnier de Sombernon[5], et dont le monastère était
alors en construction. Il favorise les moines de Teuley, et enregistre les
donations des sires de Fouvent, de Til-Châtel, du connétable Guillaume de
Marigny, etc.[6] C'est par son entremise qu'un
chevalier de Dijon, Hugues, surnommé Buriout, et divers membres de sa famille
enrichissent les Templiers de Mormant[7]. Il participe aux donations
faites aux chevaliers du temple de la Romagne, après la fondation de cette
commanderie[8]. Par ses soins, le monastère de
Val-Serveux, jadis fondé par Robert de Bourgogne, évêque de Langres, et donné
à un nommé Guillaume, d'origine normande, fut réuni à l'abbaye d'Auberive,
qui devint l'un des grands établissements monastiques du Langrois[9]. De concert avec saint Bernard
et à la prière d'André de Baudement et de son fils Gui, il reçut à
Jully-les-Nonnains les vœux des deux filles d'André Mathilde et Helvis[10]. Vers 1147, l'évêque Godefroy
attestait que Jobert de la Ferté, vicomte de Dijon, du consentement de sa
femme Gertrude, de sa sœur Mahaut, d'Eudes le Champenois et de sa femme
Sybile, donnait à Auberive une maison et un jardin à Dijon[11]. Ce
Joubert de la Ferté-sur-Aube, vicomte de Dijon, est un des grands personnages
de cette époque. Il avait sans doute cédé aux objurgations de saint Bernard,
son parent, en faisant vœu de partir l'un des premiers pour la terre sainte,
où les cris de détresse des chrétiens orientaux appelaient leurs frères
d'occident. En 1145, il fait participer l'église de Saint-Etienne de Dijon
aux profits de son patrimoine, alors qu'il doit aller à Jérusalem, et ce du
consentement de sa femme Gertrude, la vicomtesse[12]. Cet acte doit être de peu postérieur
à un document de la même année passé solennellement à la Ferté-sur-Aube, dans
lequel Thibaud, comte de Champagne, déclare que Joubert devant partir en
terre sainte, donnait à l'abbaye de Clairvaux son domaine de Perrigny, avec
l'approbation de sa femme Gertrude, en présence de saint Bernard, de
Godefroy, évêque de Langres, etc.[13] Nous sommes à la période la
plus active de l'existence de saint Bernard dont la renommée avait encore
grandi depuis ses luttes contre Abelard, et que nous retrouvons dans une
foule de titres inédits, appelé à régler des difficultés entre les seigneurs
laïcs et ecclésiastiques, parfois même entre diverses abbayes. C'est aux
lumières de l'abbé de Clairvaux que s'adressent les docteurs dans les cas
difficiles, les conciles mêmes s'inclinent devant ses décisions. Le pape Luce
lui écrit pour le prier de régler une contestation entre les moines de Molème
et de Reigny[14]. Il rend un jugement qui
concilie les intérêts de l'évêque d'Auxerre et du comte de Nevers depuis
longtemps brouillés[15]. Il assiste Godefroy de
Châtillon son parent, lorsque ce dernier concède à l'abbaye de Fontenay des
droits de parcours dans ses domaines[16]. Pierre le Vénérable le charge
de pacifier le prieur d'Arc avec les chanoines de Longuay[17]. Cette chapelle de Longuay fut
en même temps transformée en abbaye de la règle de Cîteaux par les soins de
saint Bernard, qui enregistre plusieurs donations des seigneurs de Châtillon-sur-Seine,
ses parents, en présence d'Eudes II, duc de Bourgogne d'Anséric de Montréal,
Sénéchal ; du connétable Guillaume de Marigny ; d'André te Montbard, Thibaud
de Grésigny, Mathieu de Châtillon, Barthélemy de Vignory[18]. L'abbaye
de Longuay prit bientôt une grande extension, et s'enrichit des biens que la
maison-Dieu de Châtillon possédait à Grandbois et à Aignay. Cette maison de
Châtillon devait ces domaines à Regnier de Châtillon, sire de Duesme et à
Hugues II, duc de Bourgogne. Guillaume de Duesme, fils de Regnier, ayant
convolé en secondes noces avec la dame de Villemor, souleva des difficultés
au sujet de ces concessions, difficultés qui ne prirent fin que par l'accord
auquel participèrent le duc Eudes et la duchesse Marie de Champagne[19]. C'est
en 1145 que nous voyons pour la première fois apparaître cette duchesse Marie[20], l'une des six filles et des
dix enfants de Thibaud, deuxième du nom comme comte de Champagne, quatrième
du nom comme comte de Blois. C'est à cette date seulement qu'eut lieu le
mariage, car Eudes était mineur à son avènement au trône, et dans son plaidoyer
contre l'évêque de Langres, à Moret, en 1153, il rappelle qu'il n'était pas
encore homme à la mort de son père. Du reste Hugues III, son fils, qui dut
naître vers 1148, était également sous la tutelle de sa mère quand mourut
Eudes II, en 1162. Cette
alliance donnait au Duc pour beaux-frères : Henri le Libéral ; Thibaud, comte
de Blois et de Chartres Etienne, comte de Sancerre Guillaume aux blanches
mains, évêque de Chartres, successivement archevêque de Sens et de Reims,
puis cardinal ; Renaud, comte de Bar-le-Duc Roger, duc de Pouille ; Guillaume
Gouet, seigneur de Montmirail ; Rotroce, comte du Perche. Le roi Louis le
Jeune devait également devenir son beau-frère, lorsqu'il prit, en 1160, pour
troisième femme Alix, la plus jeune des filles du comte Thibaud de Champagne[21]. En
l'année 1145, le Duc et sa mère la duchesse douairière Mathilde faisaient des
aumônes pour le repos de l'âme de Hugues II. Eudes donnait aux religieux de
Saint-Bénigne de Dijon tout ce qu'il possédait à Velars-sur-Ouche, en y
comprenant des droits de justice[22]. Il recevait des religieux,
pour sa vie durant, un clos dans lequel il se proposait d'élever des
constructions, avec engagement d'abandonner le tout au monastère après sa
mort[23]. De son côté, la duchesse
Mathilde concédait à Herbert, abbé de Saint-Étienne de Dijon, des manses et
des hommes à Asnières, affranchis de tous droits et de toute prérogative[24]. En ce
moment, quarante-cinq années s'étaient écoulées depuis la délivrance du
tombeau du Christ, mais la situation des chrétiens en Orient devenait des
plus précaires sans cesse attaqués par les Musulmans, ils faisaient appel aux
princes de l'Europe. Les récits lamentables des pèlerins faisaient couler les
larmes de tous les fidèles effrayés des malheurs qui menaçaient Jérusalem.
L'esprit religieux des peuples était à son apogée, et les temps étaient
favorables pour une nouvelle croisade. La
lutte entre Thibaud de Champagne et Louis le Jeune était terminée. L'horrible
massacre de Vitry dont le roi s'était rendu coupable avait attiré sur sa tête
une réprobation universelle, dont saint Bernard s'était fait l'écho dans une
lettre éloquente. Louis VII reçut de ces avertissements une si vive
impression qu'il tomba dans une langueur mortelle, et abandonna le soin de
son autorité pour se livrer à sa douleur. Et comme dans l'opinion du siècle,
les grands crimes ne pouvaient s'absoudre que par le voyage de terre sainte,
il prit la résolution d'aller combattre les infidèles, malgré les sages avis
de Suger. « L'an du Verbe incarné 1145, le jour de la Nativité, dit le
chroniqueur Eudes de Deuil, Louis, roi des Français et duc des Aquitains,
tenant sa cour plénière à Bourges, convoqua plus universellement que de
coutume les évêques et les grands du royaume, et leur révéla les secrets de
son cœur. » Godefroy, évêque de Langres, applaudit à son zèle, et, dans un
discours pathétique, déplora la captivité d'Edesse, les dangers et les
désastres des chrétiens d'Orient. Son éloquence émut les auditeurs, mais
saint Bernard, sur lequel se portaient les regards, conseilla de demander
avis au Saint-Siège avant de rien entreprendre. C'était précisément un
disciple de saint Bernard, un ancien moine de Clairvaux, Bernardo de Pise,
qui venait d'être élevé au souverain Pontificat, sous le nom d'Eugène III. Le
nouveau pape écrivit au roi pour le féliciter de sa résolution, et exhorta de
nouveau les chrétiens à prendre la croix et les armes, en leur promettant le
même privilège et les mêmes récompenses accordés par Urbain II aux guerriers
de la première croisade. Après
avoir reçu l'approbation du saint Siège, Louis VII convoqua une nouvelle
assemblée qui se réunit à Vézelay, à la fête de Pâques, le 31 mars 1446. Le
Pape eût désiré présider en personne l'assemblée, mais, arrêté en Italie par
des affaires pressantes, et surtout par le soulèvement des seigneurs laïcs
contre l'autorité temporelle de la cour de Rome, il ne crut pas devoir
quitter la Péninsule. Il délégua ses pouvoirs à l'homme qui plus que lui
était le vrai chef de l'Eglise, à son ancien maître Bernard. L'enceinte trop
étroite de la petite ville de Vézelay ne permettant pas de donner
l'hospitalité à tous ceux qui s'y rendirent, une immense tribune fut élevée
sur le penchant d'une colline aux portes de la ville. Saint Bernard lut
d'abord le bref du Pape qui lui était adressé et la lettre au roi qui le
félicitait de son zèle. Puis il termina par une exhortation si éloquente que
l'assemblée fut entraînée par un enthousiasme indescriptible, et qu'aux cris
de : Dieu le veut ! la plupart des assistants, barons, chevaliers,
évêques, prirent la croix, et jurèrent de s'armer pour la défense de la Terre
Sainte. Avec
Louis le Jeune et ses frères Robert, comte de Dreux et Pierre de Courtenay,
l'infatigable évêque de Langres fut un des premiers à se croiser. Puis Henri,
fils de Thibaud, comte de Champagne ; Guillaume III, comte de Nevers son
frère Renaud, comte de Tonnerre Anseau et Guérin de Trainel ; Guillaume de
Courtenay, et un certain nombre de chevaliers bourguignons et champenois,
dont plusieurs apparaissent dans des chartes inédites, convinrent de partir
au bout d'une année. Parmi les abbés qui prirent la croix, citons Herbert,
abbé de Saint-Pierre-le-Vif de Sens Thibaud, abbé de Sainte-Colombe de la
même ville[25]. Tous s'en retournèrent joyeux
de leurs projets. Quanta l'abbé de Clairvaux, il vola en tous lieux pour
prêcher la guerre sainte, malgré les fonctions de l'évêché de Langres qui
allaient lui incomber par suite du départ de l'évêque Godefroy[26]. Après avoir parcouru la
France, il se rendit en Allemagne, et en peu de temps les croisés se
multiplièrent à l'infini. Le roi Louis le Jeune passa lui-même en Bourgogne,
car nous avons un diplôme de lui, daté de 1146, et donné à Autun, par lequel
il accordait et confirmait les privilèges de l'abbaye de Tournus[27]. Si le duc de Bourgogne, Eudes
II ne prit point part à ce grand mouvement et ne subit pas l'entraînement de
l'assemblée de Vézelay, à laquelle il ne paraît pas avoir assisté, il faut
croire qu'il était retenu par de puissants motifs, et que sa nature maladive
ne lui permettait pas un tel voyage. A défaut d'une expédition qui rachetait
les crimes, il enrichissait les monastères, suivant cette maxime que les
religieux faisaient prévaloir et qui paraît si souvent « de même que l'eau
éteint le feu, l'aumône éteint le péché. » Nous trouvons le Duc à ce moment
plusieurs fois inscrit aux cartulaires de Cîteaux[28], de Fontenay[29], de Quincy[30]. Il donne notamment aux
religieux de cette dernière abbaye la terre de Massout, que son père avait
déjà cédée auparavant, en présence de son échanson Pierre de Châtillon, de
Guillaume, comte de Ne vers, et de Godefroy, évêque de Langres[31]. Mais à défaut du duc de
Bourgogne, les principaux officiers de sa cour se disposaient à partir en
Croisade. Les donations qui précédaient le départ pour ce long voyage étaient
comme là disposition dernière du seigneur qui quittait son manoir avec la perspective
incertaine de le revoir jamais. On a une multitude de chartes de cette
époque, mais toutes n'indiquent pas le mobile du donateur. On a
déjà vu le vicomte de Dijon, Jobert de la Ferté, se croiser sur les
sollicitations de saint Bernard, antérieurement à l'assemblée de Vézelay,
Hugues de Beaumont-sur-Vingeanne, son beau-frère, mari de Mathilde ou Mahaut
de la Ferté, sœur de Jobert, se croisa en même temps[32] et ne reparaît plus après cette
expédition. Le sénéchal de Bourgogne, Anseric de Montréal, dont la femme
Adélaïde de Pleurre appartenait à une des grandes familles baronales de
Champagne, donne, en 1147, des droits d'usage sur ses terres aux religieux de
l'abbaye de Reigny, lorsqu'il part pour Jérusalem avec le roi[33]. Son frère utérin (?), Gui d'Arcis-sur-Aube, seigneur
de Pisy, près Montréal, le suivit bientôt et donna aux religieuses de
l'abbaye du Puits d'Orbe des rentes sur Pisy. La Charte est de 1150, apud
Mezenas, dum iter Jerosolimitanum arripiebam[34]. Renier
de la Roche, frère de l'évêque de Langres, était un des officiers du Duc et
occupait les fonctions de dapifer, sénéchal ou échanson, alors que son
frère Gauthier avait été connétable. Il partit en croisade avec l'évêque
Godefroy, ainsi que le fait est affirmé dans le procès de cet évêque soutenu
contre le Duc à Moret[35]. C'est pour un motif semblable,
que Guillaume de Marigny, le connétable, donna à Saint-Bénigne de Dijon
l'église de Corcelles-du-Mont, du consentement de sa femme Elisabeth, de ses
fils Eudes et Aimon, et de son frère[36]. Le connétable donna aussi aux
religieux de Cîteaux des biens à Brétigny et à Gilly, comme l'atteste une
charte d'Eudes, son fils[37]. Guillaume de Marrigny seul put
revoir la Bourgogne, Renier de la Roche succomba sans doute dans cette
expédition, car son nom ne se retrouve plus dans les documents ultérieurs. Thierry
de Genlis, partant pour Jérusalem, donne un pré aux religieux de
Saint-Etienne de Dijon, et son frère Gui de Genlis, dit Vernot, leur concède
un domaine, en 1146[38]. A la même date, Humbert,
évêque d'Autun, atteste que Richard d'Epiry, partant pour l'expédition
sainte, a fait aux religieux de Fontenay donation totale de la terre de
Fains-les-Montbard, de diverses manses à Corcelles et ailleurs, ainsi que
d'une famille d'hommes[39]. Henri, fils aîné de Garnier de
Sombernom et petit-fils de Gui, céda, avant son départ, aux religieux et à
Herbert, abbé de Saint-Seine, ce qu'il possédait au territoire de Saint-Mémin
au comté de Mémont[40]. Chalo d'Avallon et sa femme
Agnès de Beyrouth donnèrent tous leurs biens à l'hôpital des chevaliers de
Jérusalem d'Acre, au-delà de la mer, et en reçurent en présent deux cents
marabotins d'or[41]. Renier, seigneur de Chaumont,
se disposant à faire le voyage, reconnaît qu'il a commis d'injustes
usurpations et s'est emparé violemment des biens appartenant à l'abbaye de
Molème en conséquence il donne aux religieux plusieurs serfs avec leurs
femmes et leur postérité, du consentement de son épouse et de ses enfants.
Cette donation a pour témoin saint Bernard et le comte de Champagne[42]. Sous la
bannière de Bourgogne, marchait aussi Artaud de Chastellux, qui déclara
solennellement qu'avec la protection de Dieu, il partait pour Jérusalem avec
l'armée royale, lui et ses cinq fils, Artaud, Milon, Gui, Guillaume, Obert.
Désirant faire une fondation pour le repos de son âme et de celles de sa
femme Rachel et de ancêtres, il donne aux religieux de Reigny tous droits
d'usage dans ses bois entre la Cure et le Cousin[43]. Herbert
le Gros de Mailly[44] Gui, comte de Joigny Renaud,
son frère ; Narjod de Crux ; Itier de Toucy ; Etienne de Seignelay ;
Salon de Bouilly[45] ; Hugues de Châtel-Censoir[46], Jacques et Anseric de Chacenay[47], Gauthier de Rahon, dit sans
terre[48] et bien d'autres, partirent
pour cette croisade. Avant
son départ le roi Louis, voulant pourvoir à l'administration de son royaume
pendant le temps de son absence, convoqua un parlement général à Etampes.
Saint Bernard, qui ne pouvait manquer d'y assister, désigna, comme les plus
capables d'exercer la régence, l'abbé Suger et Guillaume II, comte de Nevers « Voilà,
s'écria-t-il, les deux glaives qu'il nous faut ! » Ce choix fut
ratifié par toute l'assemblée, sauf par l'un des élus qui refusa les hautes
fonctions dont on voulait l'investir. Comme on pressait vivement le comte de
Nevers d'accepter, il déclara qu'il avait fait vœu d'entrer dans l'ordre de
saint Bruno. Sa volonté fut respectée, et le moine sortit du cloître pour
gouverner la France, tandis que le prince abandonna ses États pour entrer
dans une abbaye[49]. Sur ces
entrefaites, et, pour qu'il ne manquât à cette entreprise ni bénédiction, ni
grâce, l'arrivée du Pontife romain fut annoncée en France au commencement de
l'année 1147. Le 26 mars il était à l'abbaye de Cluny[50], et deux jours après il arriva
à Chalon-sur-Saône, où l'attendaient les principaux personnages du pays
Guillaume, comte de Chalon Hugues de Bourgogne, sire du Chatelet de Chalon,
frère du duc Eudes II Thibert de Senecey et son frère Landri ; Bertrand
de Saudon ; Geoffroi de la Porte ; Hugues de Fontaines ;
Barthélemy, abbé de la Ferté, et une foule de seigneurs. Ces faits nous sont
révélés par une charte dans laquelle Guillaume, comte de Chalon et Hugues de
Bourgogne firent en présence du Pape une donation à l'abbaye cistercienne de
la Ferté[51]. Le 30
mars, le souverain Pontife faisait son entrée solennelle à Dijon, où le roi
Louis le Jeune s'était rendu pour le recevoir avec les plus grands honneurs
et entouré des hauts dignitaires de sa cour, de son connétable Mathieu de
Montmorency, de son bouteiller, de son chambellan, du comte Raoul de
Vermandois, qui au refus du comte de Nevers avait été adjoint à Suger pour
administrer le royaume en l'absence du roi[52]. A son arrivée à Dijon, Louis
VII avait été reçu à l'abbaye de Saint-Bénigne, et conformément aux usages de
ses prédécesseurs, avait confirmé aux religieux les droits et privilèges
concédés par les rois de France[53]. L'escorte du Pape et du roi
partit ensuite pour Paris, où Eugène III put célébrer les fêtes de Pâques à
Saint-Denis. Un
certain nombre de Croisés se réunirent à Metz pour partir, et nous trouvons
sous les murs de cette ville Godefroy, évêque de Langres, Hugues de Montmort,
Gui de Garlande, Anseric de Montréal et ses cousins germains, Jacques et
Anséric de Chacenay[54]. Nous
n'avons pas à les suivre en terre sainte, ni à raconter les péripéties d'une
expédition qui, pas plus que la première, ne fut heureuse pour ceux qui
l'avaient entreprise. La plupart des chevaliers, qui avaient quitté le sol
natal avec de si hautes espérances et de si retentissantes promesses,
périrent misérablement, accablés par les disettes et les maladies. Plusieurs
comme Renaud, comte de Tonnerre, disparurent dans un combat, sans qu'on ait
pu savoir s'ils avaient péri les armes à la main, ou s'ils étaient tombés
vivants dans les mains des infidèles[55]. Pendant
ce temps, le Pape Eugène III était venu s'installer à Auxerre, chez son plus
intime ami l'évêque Hugues de Mâcon, qui comme lui avait été moine
cistercien, et le premier évêque sorti de cet ordre, comme Eugène en était le
premier pontife. Leur liaison avait été encore resserrée l'année précédente,
lorsque Hugues de Mâcon arrivant à Rome était venu appuyer son ami et
défendre son autorité menacée. Nous
pouvons encore ajouter un certain nombre de pièces non citées aux itinéraires
du Regesta Pontificum de Jaffé. Le 14 juillet, le Pape était à
Auxerre. Il y passa les mois de juillet, août, septembre[56]. Le 14 septembre, il se rendit
et assista au chapitre général de Cîteaux[57], et y figura, dit Geoffroi de
Clairvaux, moins comme Pontife que comme un simple frère[58]. De là, il ne se rendit pas
directement à Châlons-sur-Marne, comme le dit l'Art de vérifier les dates[59], mais il passa à l'abbaye de
Saint-Seine le 19[60], fit un jour ou deux après la
dédicace de l'église de l'abbaye de Fontenay[61], et dès le 25[62] était rentré à Auxerre. Le
lendemain, il y donna une bulle en faveur de l'abbaye de Quincy[63], confirma dans le même temps
les privilèges des chanoines de Saint-Mametz de Langres[64], passa encore la première
partie du mois d'octobre à Auxerre[65], et en partit vers le 12
seulement, avec l'évêque Hugues de Mâcon. Le 13, il était à Saint-Florentin[66]. Du 24 octobre au 3 novembre,
il donna plusieurs bulles à Châlons-sur-Marne, où il fit la dédicace de la
cathédrale[67]. De
Châlons, l'évêque de Verdun emmena Eugène III dans son église puis il passa à
Trèves, où se tint un concile à la fin de l'année séjourna de nouveau à
Verdun, en janvier et février 1148 ; présida le grand concile de Reims, en
mars ; se dirigea sur Paris, d'où il revint à Clairvaux[68]. Il y était le 24 avril[69], et dans une bulle confirma les
donations faites jadis à l'abbaye par Hugues de Grancey, sénéchal du duc de
Bourgogne, sa femme Anne et son fils Raimond, du domaine et de la justice de
Chaumes[70]. Le 26, le pape était toujours
à Clairvaux ce jour, Rainard, sire de Rougemont, près Montbard, ratifia en sa
présence les concessions faites par ses vassaux à l'abbaye de Fontenay[71]. De Clairvaux, Eugène III
reprit la route de Langres, s'acheminant sur Besançon, dont il alla faire la
dédicace de l'église[72]. Les
monastères seuls avaient retiré d'immenses dotations et bénéficié de la
seconde croisade. On pourrait à cet égard donner de nombreux documents que
fournissent les cartulaires de Clairvaux[73], de Tart[74], de Fontenay[75], la plupart confirmés par
Godefroy, évêque de Langres, avant son départ. Le 11
décembre 1148, le duc de Bourgogne, assisté de Guillaume de Chalon, et
d'autres seigneurs, prenait part à la dédicace de la cathédrale d'Autun. La
même année il notifie, en 1148, la donation faite aux religieuses de l'abbaye
de Pralon, par Gui de Sombernon et sa famille[76]. Vers le même temps, la
duchesse Marie de Champagne assiste à la cession d'une partie de la terre de
Quetigny, faite à Saint-Bénigne de Dijon par une famille du pays[77]. La duchesse douairière
Mathilde, mère du Duc, figure aussi en 1147 dans divers actes. Elle est à
l'abbaye de Tart, avec ses fils Henri, alors archidiacre d'Autun, et Hugues,
sire du Chatelet de Chalon ; Pierre, abbé de Saint-Bénigne Herbert, abbé de
Saint-Etienne Godefroy, évêque de Langres, lorsque Elisabeth Soreth vient y prendre
le voile[78]. Elle est encore en compagnie
de son fils Hugues du Chatelet de Chalon, lorsque Renaud de Granchamp assure
la possession d'un domaine entre Savigny et Vergy aux religieux de l'abbaye
de Maizières[79]. Le
départ pour la croisade de la plupart des chevaliers de Bourgogne avait
laissé le champ libre à un certain nombre de seigneurs, qui n'avaient garde
de manquer l'occasion de faire des incursions chez leurs voisins, et dont la
piété n'était pas suffisante pour mettre les biens ecclésiastiques à l'abri
de leurs convoitises. Gui,
seigneur de Vergy, avait causé de nombreux dommages aux religieux de l'abbaye
de Saint-Bénigne, et contre toute justice maltraité deux de leurs hommes de
Plombières, Il fut obligé de venir en présence du duc de Bourgogne en
demander excuse à l'abbé Philippe, et de prendre l'engagement de ne plus se
porter à de semblables excès en garantie de cette promesse, quatre de ses
chevaliers se rendirent caution de sa parole[80]. L'abbaye
de Vézelay était aussi en butte aux déprédations des seigneurs du voisinage,
et la comtesse Ida de Carinthie, qui avait été chargée de l'administration
des affaires, en l'absence de son mari Guillaume III, comte de Nevers, ne
pouvait se faire obéir. C'est en vain que le Pape et l'abbé de Clairvaux lui
écrivirent pour lui rappeler ses devoirs et la protection qu'elle devait à
l'abbaye : « Le vénérable abbé de Vézelay, dit saint Bernard, se plaint
à nous que vos hommes arrêtent les marchands et les voyageurs qui se rendent
à Vézelay, malgré les engagements formels contractés par le comte Guillaume,
de respectable mémoire, et par son fils lui-même. Nous vous prions de mettre
un terme à ces excès car si vous les encouragiez ou si vous les tolériez plus
longtemps, il pourrait en arriver malheur à vous et à votre mari, là où il
est maintenant. Croyez-nous donc, et renoncez à des actes de méchanceté
véritablement coupable[81]. » Ce
n'était là que le prélude de luttes bien autrement graves que les moines de
Vézelay durent bientôt soutenir contre les comtes de Nevers[82]. Mais dès 1148, un autre
conflit s'était élevé entre l'abbaye et Henri de Bourgogne, qui venait d'être
élevé à la dignité d'évêque d'Autun, par la démission d'Humbert de Beaugé,
devenu archevêque de Lyon. C'est à ce sujet que Suger, abbé de Saint-Denys et
régent de France, écrivait une lettre annonçant la notification qui venait de
lui être faite par les chanoines d'Autun de l'élection de l'archidiacre Henri
de Bourgogne, comme évêque de cette ville[83]. Le
nouveau prélat, confiant dans la puissance et comptant sur l'appui de son
frère Eudes II, duc de Bourgogne, avait résolu de faire ce que ses
prédécesseurs n'avaient pu obtenir, et de soumettre Vézelay au même régime
que les autres églises de son diocèse. Il
somma en conséquence l'abbé Ponce de Montboisier d'avoir à reconnaître son
droit de surveillance sur le monastère et à exécuter ses ordonnances
synodales. L'abbé répondit que, fidèle conservateur des privilèges de
l'abbaye confiée à sa direction, il ne pouvait les aliéner sans
l'autorisation du saint Père. L'évêque d'Autun, à l'exemple des seigneurs
laïcs, se livra bientôt à toutes sortes d'excès, fit enlever les chevaux, les
bœufs et même les hommes de l'Eglise. Les bulles Pontificales ne purent remédier
à cet état de choses. Dans une de ces lettres le Pape disait : « Le
duc de Bourgogne ne se conduit pas aussi mal que vous. Comme nous voulons que
chacun ait ce qui lui appartient, nous vous mandons de réparer ces
injustices...[84] » Le duc
Eudes II ne tarda pas du reste à se dédommager de ce retard, et sur les
incitations de son frère il fit signifier aux religieux de se mettre en
garde, parce qu'il allait ordonner de saisir leurs hommes et leurs choses. Le
Pape Eugène III lui écrivit à la date du 24 octobre 1150 : « Au
lieu de défendre les églises, les ecclésiastiques et les pauvres de
Jésus-Christ, comme vous le devez par votre rang, nous apprenons avec peine
que vous faites le contraire, que vous traitez cruellement les moines de Vézelay,
que vous prenez leurs biens ou les dévastez, que vous agissez en ennemi. Nous
ne devions pas nous attendre à de pareilles choses de votre part. Nous vous
mandons donc pour le salut de votre âme, et pour que de notre côté nous
puissions défendre les droits de Saint-Pierre, que vous répariez les torts
que vous avez faits tant à eux qu'aux autres ecclésiastiques. Si vous avez
des démêlés avec eux, Hugues, évêque d'Auxerre, vous rendra justice. Si vous
méprisez nos représentations, le bras de saint Pierre s'appesantira sur vous[85]. » Mais le
Duc pas plus que le prélat ne s'empressaient de déférer aux ordres du Pape.
Ponce fut en butte aux mêmes violences, et n'en persista pas moins
énergiquement dans la résistance aux volontés de l'église d'Autun. Ce
dernier, désespérant de rien obtenir par la violence, eut recours aux
négociations, se rendit à Rome, et décida Eugène III à mander l'abbé pour
fournir les preuves de l'indépendance absolue qu'il réclamait pour son
église. Les intéressés convoqués en février 1151, se rendirent exactement au
rendez-vous le 10 novembre suivant. Chacune des parties fournit des témoins
qui déposèrent contradictoirement, en même temps que l'abbé produisait ses
titres originaux appuyés des bulles pontificales. En février 1152, Henri de
Bourgogne prévoyant que le résultat de l'affaire ne lui serait pas
avantageux, et qu'il ne pourrait établir le droit de juridiction dont il
s'était prévalu, quitta Rome, après avoir obtenu du Pape une prorogation
d'enquête. Godefroy, évêque de Langres, les abbés de Tournus et de Reigny
furent de nouveau chargés de continuer leurs informations. Dans
l'esprit de l'évêque d'Autun, cette enquête n'avait pour but que de prolonger
le débat. Mais il comptait mettre à profit le temps qui allait s'écouler
jusqu'au jugement des arbitres, en se faisant le complice et l'instigateur de
nouvelles violences contre l'abbaye, et en sollicitant l'intervention du duc
de Bourgogne, son frère, qui en devint un des persécuteurs les plus acharnés.
Le comte de Nevers lui-même se mit de la partie, et ne laissa aucun répit au
malheureux abbé. Les habitants de Vézelay, excités par lui, réclamèrent la
suppression d'usages abusifs qu'ils taxaient d'usurpation, constituèrent une
commune, et devinrent un danger plus terrible que les deux autres. Le récit
des luttes interminables qui s'élevèrent alors ne peut trouver place ici[86]. Les
papes ne purent remédier aux violences sans nombre dont les bourgeois de
Vézelay se rendirent alors coupables. Les lettres qu'ils écrivirent, en 1152
et 4153, aux seigneurs de la contrée, à Eudes, duc de Bourgogne, à ses frères
Henri et Raimond, à Archembaud de Bourbon, à Guillaume, comte de Chalon
Renaud, comte de Joigny Geoffroi de Donzy Rainard de Rougemont ; Dalmace de
Luzy ; Anséric de Montréal Salon, vicomte de Sens Gui de Vergy, Eudes de Thil
; Hugues de Mont-Saint-Jean ; les avertissements donnés aux évêques de
Langres, d'Auxerre, de Sens, d'Orléans, de Bourges, aux abbés de Cluny, de
Reigny, de Cure, etc., restèrent sans résultat[87]. La
plupart des seigneurs qui avaient pris parti pour l’évêque d'Autun contre
l'abbaye n'étaient pas fâchés de cette révolte des habitants, et ne parurent
pas se préoccuper des bulles pontificales. Pour ce
qui regarde la querelle entre l'abbé Pons et l'évêque d'Autun, le Pape avait
cité les parties à comparaître pour la seconde fois devant lui, le 18 octobre
1153, mais Eugène III étant mort trois mois auparavant, son successeur
Anastase remit la conférence aux fêtes de Pâques de l'année 1154. Lorsque
l'évêque Henri de Bourgogne vit qu'il ne pouvait compter sur de nouveaux
retards, ni sur un jugement favorable, il voulut tenter la voie des
négociations. A sa demande, le duc de Bourgogne sollicita l'intervention de
l'abbé de Cîteaux de Guillaume, abbé de Fontenay ; d'Hugues, abbé de
Moustier-Saint-Jean ; d'Obert, abbé de Sainte-Marguerite et de plusieurs
autres. Ceux-ci se rendirent à Vézelay, et se firent les organes des
propositions de l'évêque appuyées par les instances du Duc. Après quelques
pourparlers, Henri de Bourgogne signa une déclaration assez ambiguë à l'abbé
Pons, dont la situation était alors trop précaire pour qu'il pût se montrer
exigeant[88]. Le duc Eudes II, qui avait si
peu charitablement traité les religieux de Vézelay, avait cependant mérité
d'être inscrit sur le livre des bienfaiteurs de beaucoup d'autres monastères.
En 1150, il donne aux religieuses du Puits d'Orbe les dîmes d'Aignay et de
Beaunotte, en retenant seulement la garde de l'abbaye qu'il avait jadis
confiée à son sénéchal Regnier de la Roche. Cet acte fait avec le
consentement d'Olivier de Lezinnes, coseigneur de ces domaines, est passé en
présence des officiers de la cour ducale, des deux sénéchaux Anséric de
Montréal et Pierre de Châtillon, du vicomte Jobert de la Ferté, d'Aimon de
Dijon, Mathieu de Châtillon, Gui de Saux, Pierre de la Roche, Godefroy,
évêque de Langres, Gauthier, frère du Duc et de plusieurs autres[89]. Il est à remarquer qu'à toute
époque de croisade, les prises de voile sont plus nombreuses et les donations
affluaient surtout aux monastères de filles comme à Jully, Tart, Pralon,
Puits d'Orbe, Lieu-Dieu, etc. On pourrait encore citer grand nombre de chartes
ducales en faveur de diverses abbayes[90]. Quant à
Henri de Bourgogne, évêque d'Autun, il dédommagea également les autres
monastères des mauvais traitements infligés à l'abbaye de Vézelay. Les
cartulaires de son diocèse portent tous les marques de ses libéralités
Saint-Lazare d'Avallon[91], Reigny[92], Notre-Dame de Beaune[93], Oigny[94], Pralon[95], Maizières[96], Fontenay[97]. Nous ne pouvons donner toutes ces chartes de donations, dont la liste devient interminable à partir du milieu du XIIe siècle et dont notre catalogue ne comprendra que les principales. |
[1]
A. Duchesne, Ducs de Bourgogne, pr. p. 18, d'après le Cartulaire de
Saint-Bénigne de Dijon.
[2]
Le ru d'Augustine est sis sur les confins de la Bourgogne et de la Champagne,
entre Pothières et Châtillon.
[3]
Pérard, p. 227, Cartulaire de l'Yonne, t. I, p. 369.
[4]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Molème, t. II, p. 99.
[5]
Pérard, p. 236. Chifflet, Genus illustre, p. 442.
[6]
Bibl. nat., Cartulaire de Teuley, Fonds Moreau, 873, fol. 183, 154.
[7]
Arch. de la Côte-d'Or, Fonds de la Commanderie du temple de Dijon, Orig, carton
1171.
[8]
Arch. de la Côte-d'Or, Fonds de la Commanderie de la Romagne, Orig. carton
1230.
[9]
Arch. de la Haute-Marne, Cartulaire d'Auberive, t. I, pp. 726-727.
[10]
Notre Cartulaire de Jully-les-Nonnains, pp. 13, 14.
[11]
Arch. de la Haute-Marne.
[12]
Pérard, p. 114. — Fyot, pr. 157.
[13]
D'Arbois de Jubainville, Comtes de Champagne, t. III, pp. 431, 432,
d'après le Cartulaire de Clairvaux.
[14]
Archives de l'Yonne, premier carton Reigny, copie du XVIIe siècle.
[15]
D. Plancher, t. I, pr. LXIX, d'après le Cartulaire d'Auxerre.
[16]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Fontenay, n° 201, fol. 14 et 15.
[17]
Arch. de la Haute-Marne, Cartulaire de Longuay, fol. 107.
[18]
Arch. de la Haute-Marne, Cartulaire de Longuay, fol. 103.
[19]
Arch. de la Haute-Marne, Cartulaire de Longuay, fol. 125.
[20]
Arch. de la Haute-Marne, Cartulaire de Longuay, fol. 125.
[21]
Gesta Ambasiorum dominorum, D. Bouquet, XII, 344 D ; Robert de Mont,
D. Bouquet, XIII, 293 C, 308 B. C ; Alberic, D. Bouquet, 703 A. B ; d'Arbois de
Jubainville, Hist. des comtes de Champagne, t. II, pp. 403, 407.
[22]
D. Plancher, t. I, p. 333.
[23]
Arch. de la Côte-d'Or, Titres de Saint-Bénigne, carton 80. Orig.
[24]
Fyot, Histoire de Saint-Etienne, pr. 156.
[25]
Duchesne, Hist. Franc. script., t. IV, p. 390 ; Ex gestis Ludovici
VII ; Ibid., p. 359 chronique de Marigny ; Eudes de Deuil ;
Chifflet, Genus illustre.
[26]
Voir nos preuves, la pièce de 1147, dans laquelle Bernard, abbé de Clairvaux,
relatant un accord entre l'abbé de Châtillon et le prieur de
Colombey-les-Deux-Églises, la date ainsi : eo tempore Lingonensem
Episcopatum in manu sua tenebat.
[27]
Chifflet, Histoire de Tournus, pp. 445, 447. Louis VII était aussi passé
à Nevers. V. A. Luchaire, Actes de Louis VII, p. 159.
[28]
Nos Cartulaires de Cîteaux, t. I, fol. 69.
[29]
Arch.de la Côte-d'Or, Cartulaire de Fontenay, n° 204, fol. 47, 48.
[30]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, carton 620.
[31]
Cartulaire de Quincy, de mon cabinet, pièce de 1147.
[32]
Duchesne, Maison de Vergy, p. 99.
[33]
Cartulaire de l'Yonne, t. I, an 1147.
[34]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds du Puits d'Orbe, carton 1032.
[35]
Année 1153, Gallia Christ., t. IV, pr. p. 173 ; Spicilège, de
Dachery, t. III, pp. 502, 503 ; D. Plancher, t. I, pièce LXXII.
[36]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Saint-Bénigne, carton 24.
[37]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Cîteaux, t. I, fol. 93, 94.
[38]
Pérard, p. 119.
[39]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Fontenay, n° 201 fol. 90, v°.
[40]
Arch. de la Côte-d'Or, Recueil de Peincedé, t. XXVIII, p. 985.
[41]
Cartulaire de l'Yonne, t. II, p. 494. La confirmation de cette pièce est
donnée vingt ans plus tard par leurs enfants.
[42]
Notre Cartulaire de Molème.
[43]
Cartulaire de l'Yonne, t. I, p. 428.
[44]
Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Molème, 228.
[45]
Cartulaire de l'Yonne, t. I, années 1146, 1148.
[46]
Arch. nat., sect judic., Cartulaire de Reigny, LL 988 bis, fol. 104, r°.
[47]
Bibl. nat., Cartulaire de Clairvaux, F. latin, 10947, fol. CVIII v°.
[48]
On a une donation de Gauthier de Rahon, fils de Foulques de Rahon, en présence
de l'évêque de Chalon et de Bertrand de Saudon... die egressionis sue de
Sasonai... — Bibl. nat., Cartulaire de Maizières. F. Joursanvault,
t. XXXVI, p. 5.
[49]
Guillaume II, comte de Nevers, mourut en effet à la Chartreuse, ainsi que
l'atteste le nécrologe d'Auxerre, à la date du 21 août : Eodem die, Wilklmus
Nivernensis comes, Cartusie religiosam vitam ducens, sanctissime obiit.
C'est à tort que quelques auteurs égarés par une interposition de la chronique
originale de Vézelay, le font mourir dévore par les chiens. On lit en effet
dans le manuscrit de la Bibliothèque d'Auxerre, Orig. fol. 79 : Ipse
a cane devoratus excepit ; mais ces mots interlignés sont d'une main
bien postérieure à celle du manuscrit.
[50]
Art de vérifier les dates, t. III, p. 346 Manrique, Ann. Cist.,
II, 82.
[51]
Arch. de Saône-et-Loire, Fonds de la Ferté.
[52]
Pérard, p. 232 ; Chron. S. Ben. Div. ap. Pertz, M. G. Scr. V. 44.
[53]
Charte de 1146. Pâques commencent le 20 avril pour l'an 1147. Pérard, p. 232.
[54]
Jacques et Anseric de Chacenay confirment les donations faites par leur père
Anseric à l'abbaye de Clairvaux (Bibl. de Troyes, Cartulaire de Clairvaux,
p. 158 ; Ed. l'abbé Lalore, les Sires de Chacenay, pp. 18, 19) quando
ibant iherosoliman, in ipso itinere extra Metensium urbem.
[55]
Recueil des historiens de France, t. XII, p. 24.
[56]
Bulle d'Eugène III, donnée le 14 juillet à Auxerre. Bullar. ordin. Clunyac.,
p. 61. – Auxerre, 23 juillet, Annal. Premonstrat., t. I, pr. col. 503. —
Auxerre, 28 juillet, Mirœi, opéra diplomat., t. III, p. 46. — Auxerre,
31 juillet, Annal. Premonstrat., t. II, pr. col. 629. — Auxerre, 22
août, Ann. Premonst., t. II, col. 492. — Auxerre, 23 août, Bullar.
Ordin. Clunyac., p. 61. — Auxerre, 28 août, Bibl. Clunyac, col. 1409
; — Auxerre, 26 août, Cartulaire de l'Yonne, L, 66. — Bull. Ordin.
Clunyac., p. 58. — Auxerre, 6 septembre, Défense de l'Église de Toul,
pr. p. 44 ; Annal. remonstrat., t. II, pr. col. 543.
[57]
Oihenart, Notitia Vasconiœ, p. 100 ; Klemmayern Nachr. v inv. 327.
[58]
Art de vérifier les dates, t. III, p. 346.
[59]
Art de vérifier les dates, t. III, p. 346.
[60]
Neustria pia, 684 ; Martene, Amplissima collectio, t. I, col.
807.
[61]
Lebeuf, Histoire d'Auxerre, t. I, p. 282, d'après une inscription du
portail de Fontenay. La date n'est pas certaine, mais nous croyons que c'est à
ce moment qu'il faut placer cette dédicace.
[62]
Gall. Christ., t. IV, col. 171.
[63]
Bibl. de Tonnerre, Cartulaire de Quincy, fol. 35.
[64]
Gall. Christ., t. IV, col. 171.
[65]
Le 6 octobre, lettre à Suger. Duchesne, Hist. Franc., t. IV, p. 495 ; le
9, Bulle en faveur de Saint-Pierre-le-Vif de Sens ; Cartulaire de l'Yonne,
I, 452.
[66]
Lettre à Pierre, abbé de Moustier-Saint-Jean, Reomaiis, p. 200.
[67]
Le 25 octobre. Mirœi Opera diplomat., t. II, p. 968 ; Mabillon, Annal.
Benedict,, t. VI, p. 676. — Abelardi et Heloissœ Opera, p. 348 ; V. Cartulaire
de l'Yonne, t. I, pp. 442, 443, une bulle du Pape Eugène III, donnée à
Chalon, tertio nonas novembris, au sujet de la juridiction de l'église
de Cluny sur celle de Saint-Germain d'Auxerre.
[68]
Art de vérifier les dates, t. III, p. 346.
[69]
Doublet, Hist. de Saint-Denys ; Annal. Prœmonstrat., t. I, pr.
col. 336 ; Camusat, Promptuar. antiq. Tricas., p. 365.
[70]
Mém. de la comm. des antiquités de la Côte-d’Or, t. VII, p. 299.
[71]
Lettre du Pape à Guillaume, abbé de Fontenay, datam apud Claramvallem, VI
Kal. maii. Cartulaire de Fontenay.
[72]
Art de vérifier les dates, t. III, p. 346.
[73]
Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Clairvaux, carton 541. Orig.
[74]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds du Tart, carton 1047.
[75]
Arch. de la Côte-d'Or. Cartulaire de Fontenay, n° 201, fol. 43 et suiv.
[76]
Les témoins du duc sont Pierre de Châtillon, sénéchal, Herluin de Torcenay,
etc., Pérard, pp. 234, 235 ; Chifflet, Genus illustre, p. 464 ; D.
Plancher, t. I, pr. LXXI.
[77]
Pérard, p. 121.
[78]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds du Tart, carton 1047.
[79]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds de Maizières, cart. 619.
[80]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Saint-Bénigne, cart. 75. Les quatre
chevaliers sont : Eudes de Lambre, Hugues Bouron, Lébaud le Gras et Fromond
d'Iseure.
[81]
Spicilège, Dachery, t. III, p. 492.
[82]
Consulter le livre de Cherest, sur Vézelay.
[83]
Gallia Christ., t. IV, col. 394. — Duchesne, Ducs, pr. pp. 46,
47. — Hist. Franc., t. IV, p. 507.
[84]
Chronique de Vézelay, par l'abbé Martin, p. 84. — Vézelay, par
Chorest, p. 140 et suiv.
[85]
Spicilège, de Luc Dachery, t. II, p. 569.
[86]
Il est inutile de citer toutes les pièces ; ce qui précède et ce qui suit est
fourni par los documents relatés au Spicilège, tirés soit de la Chronique
de Hugues de Poitiers (manuscrit d'Auxerre), soit dans le Vézelay de l'abbé
Martin, ou dans le travail de Cherest.
[87]
Bibl. d'Auxerre, MSS. n° 406, Chron. de Vézelay, fol. 52 r° ; Duchesne, Ducs
de Bourg., pr. pp. 39, 40. — Spicilège, de d'Achery, t. II, p. 509 ;
Concil. Labb., t. X, coll. 1076 ; Conc. Hard., t, VI, part. II,
col. 1269. — Maison de Vergy, pr. p. 137.
[88]
Etude sur Vézelay, de Cherest, t. I, pp. 200 et suiv. D. Bouquet, t. XV,
pr. 658 D.
[89]
Pérard, pp. 235, 236.
[90]
En 1151, le Duc confirme les aumônes concédées à Cîteaux par Viard de Gerland,
Eudes de la Tour (Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Cîteaux, t. III,
fol. 46 r°), la donation du territoire de Tarsulle faite par Humbert Arnault,
de Dijon et par sa famille (Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Cîteaux,
t. III, fol. 63) des biens à Courcelles, Noiron, dus à la générosité d'Othe de
Trouhans (Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Cîteaux, n° 166, fol.
24), les dons de Gui de Trouhans, frère d'Othe (Id. Cîteaux, t. III,
fol. 63 r°.). En 1152, Eudes II assiste avec son connétable Guillaume de
Marigny, Barnuin de Drées, Herluin de Turcenay, Garnier d'Agey, Mile de Turcey,
Girard d'Arc, Etienne de Pouilly, Barthélemy de Fontettes et plusieurs autres
seigneurs à la cession faite à l'abbaye de Saint-Seine par Guillaume de
Chaseuil, lequel abandonne aux religieux ce que Gui Garrel et son fils Eudes
tenaient de lui en amitié, in amicitiam, à condition que ledit Gui sera reçu
moine s'il le désire, et qu'en tous cas, lui, sa femme et son fils auront droit
de sépulture dans le cloître de Saint-Seine (Bibl. nat., latin 12824, Cartulaire
de Saint-Seine, de D. Aubrée, fol. 322). Le Duc étant à
Moustier-Saint-Jean, en 1454, assiste avec ses sénéchaux Anseric de Montréal et
Pierre de Châtillon à la charte de son frère Henri, évoque d'Autun, approuvant
la donation de la moitié de la dîme de Lucenay, faite par Hugues de Maligny, et
son fils à l'abbaye de Fontenay (Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Fontenay, Orig.
Carton 871). Nous trouvons encore Eudes II avec son frère Henri à Autun,
lorsque ce dernier notifie le don fait à la même abbaye par Hugues de Baissey,
sa femme Damnous et leurs enfants (Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Fontenay,
carton 575).
[91]
Cartulaire de l'Yonne, t. I, p. 445.
[92]
Arch. de l'Yonne, Fonds Reigny, chartes de 1150.
[93]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartulaire de Beaune, n° 92, fol. 352 v°. —
Donations des églises de Charrey, Meursanges, Marigny.
[94]
Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Oigni.
[95]
1154. Henri notifie la donation de Barthelemy de Sombernon, seigneur de
Fontaines, et de ses fils Calo et Tecelin. Chifflet, Genus illustre, p.
462.
[96]
1154. Henri est intermédiaire des concessions faites par Gui de Vergy, à Bully,
Pernant, Marey, Magny. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Maizières, Orig.
611.
[97]
Cette abbaye Cistercienne surtout reçut un grand nombre de chartes
confirmatives de notre évêque, approuvant les concessions des sires de Maligny
à Lucenay (Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Fontenay, carton 571) ;
par Roger de Semur et sa femme Ponce, d'un fief tenu à Fresnes près Montbard,
par Richard de Corabeuf (Idem, Orig. carton 575), du droit de
parcours sur le finage de Fontaines octroyé par Gertrude, veuve de Rocelin de
Fontaines et par son fils Eudes (Idem, Orig., F. Fontenay, 574),
du droit de parcours à Gigny et Laignes délivré par Robert d'Aisey (idem,
Orig., cart. 577), du droit de pêche à Courcelles accordé par Hodierne,
veuve d'Humbaud de Rougemont et par son fils Osmond avec le consentement de
Rainard, sire de Rougemont (Idem, Cartulaire De Fontenay, n° 201,
fol. 49, 50) de la cession des dîmes de Saigny faite par Siméon de Courtangy,
sa femme et ses fils (Idem, Cartulaire de Fontenay, n° 201 fol.
405, 106), —de la donation des dîmes de Marmagne par Robert de Sainte-Colombe,
sa femme et ses fils (Idem, Cartulaire de Fontenay, n° 201, fol.
103). Cette terre de Marmagne était échue à Robert de Sainte-Colombe après la
mort d'Hyleran, consul de Grignon. Citons encore l'ascensement d'un bois aux
finages de Villaines, Coulmiers et Puits, par Pierre Oudre, de Grignon, son
beau-frère et ses enfants (Idem, Cartulaire de Fontenay, n° 201,
fol. 32), divers alleux à Fresnes et ailleurs cédés par Richard de Corabeuf
lorsqu'il était gravement malade et même sur le point de mort à Fontenay (Idem,
Cartulaire n° 201, fol. 24).