HISTOIRE DES DUCS DE BOURGOGNE DE LA RACE CAPÉTIENNE

TOME DEUXIÈME

 

CHAPITRE XIII.

 

 

Architecture, Monuments, Eglises. — Littérature, Sciences et Arts. — Peinture, Musique, Statuaire, Sculpture. — Bibliothèques, Librairies et Manuscrits. — Abbaye de Saint-Bénigne. — Abbaye de Cluny. — Eglise d'Autan. — Eglise de Langres. — Eglise d'Auxerre. — Abbayes et communautés diverses.

 

ARCHITECTURE — MONUMENTS — ÉGLISES.

Le court espace que nous réservons aux sciences et arts dans ce volume déjà très chargé ne nous permet pas d'entrer dans de grands détails. Ce n'est pas un travail complet, mais une simple esquisse. Nous avons même été forcés de supprimer d'importants passages, sauf à y revenir et à on faire l'objet d'une étude spéciale et séparée.

Bien que nous ne soyons pas encore parvenus au milieu du XIIe siècle, nous devons nous arrêter un moment, pour jeter en arrière un regard rapide, et voir le mouvement imprimé aux arts et aux lettres, pendant le siècle précédent et une partie du XIIe. Favorisé pendant le règne de Charlemagne, ce mouvement s'était subitement ralenti, pendant les invasions et les douloureuses périodes de violences et de désordres qui marquèrent le passage de ses faibles successeurs.

Avec le XIe siècle, une phase nouvelle commence : à la renaissance des ordres monastiques, et au souffle religieux qui anime les populations, correspondent des monuments portant le cachet de cet esprit, et affectant des formes architectoniques nouvelles. C'est le style roman, qui vient de naître.

Il est incontestable que l'abbaye de Cluny fut le centre de ce mouvement. Les hommes éminents qui la gouvernèrent et qui eurent sur leur époque une influence si considérable, donnèrent l'élan aux arts et aux lettres. C'est de ce foyer intellectuel et réformateur que sortaient des évêques et des papes, en même temps que des architectes, des peintres et des savants. Dans cette grande école se formaient des professeurs et des élèves chargés de répandre les principes et les règles de leur art. Les monastères qui relevaient de l'abbaye-mère rivalisaient de zèle avec la métropole, et chacun des abbés pouvait dire comme saint Odilon de Cluny : « J'ai trouvé une abbaye de bois, je la laisse de marbre. »

Les évêques recrutés parmi les personnages de la haute noblesse, mêlés à tous les événements politiques du pays, trop occupés des intérêts temporels, n'eurent pas la même action et subirent le mouvement plutôt qu'ils ne le favorisèrent. On en trouve cependant quelques-uns dignes des fonctions élevées dont ils étaient revêtus.

Un des caractères de cette architecture monastique, c'est d'avoir enfanté des merveilles avec le secours et avec la puissance de la foi. L'architecte donnait ses plans sans souci des moyens matériels d'exécution, le peuple tout entier se mettait à l'œuvre, les souverains et les grands barons donnaient leur aumône et les monuments s'élevaient comme par enchantement. Les moines de Cluny paraissent avoir puisé leurs inspirations en Italie, et c'est aux artistes de ce pays que les constructeurs clunisiens ont emprunté leurs modèles. Odilon ne trouvant plus le vieux monastère en rapport avec le nombre des religieux, fit élever le nouveau cloître avant 1036 il fit venir à grands frais par la Durance et le Rhône des marbres de Provence pour orner l'édifice.

La crypte de Saint-Bénigne de Dijon avait été renouvelée et agrandie en 1001, et surmontée d'une grande basilique à trois nefs. La rotonde élevée à l'orient servait de trait d'union entre l'église et une chapelle. Au XIIIe siècle, la basilique s'écroula et fit place à l'église actuelle on ne conserva que la rotonde et les absides souterraines[1].

L'église de Saint-Michel, qui n'était séparée que par les fossés des murs de l'ancien Dijon, tombait en ruines, et fut rebâtie au commencement du XIe siècle par Garnier de Mailly, abbé de Saint-Etienne. La dédicace en fut faite par Lambert, évêque de Langres, mort en 1030[2]. Le même abbé Garnier rebâtit les églises de Saint-Georges de Faverney et de Saint-Maurice de Sennecey[3]. Les fondations des prieurés de Fouvent (1019), et de Til-Châtel (1033)[4], se rapprochent des mêmes dates.

L'église de Cluny, dont la destruction est si regrettable, était, par ses proportions colossales[5], par son ornementation intérieure, par ses statues, par ses peintures, par ses vitraux, l'un des plus merveilleux monuments de l'époque qui nous occupe. Commencée par l'abbé Hugues, en 4089, elle fut terminée, en 1135, par Pierre le Vénérable. Quarante-quatre années seulement avaient suffi à l'achèvement de cette prodigieuse merveille, malgré l'écroulement des voûtes, qui dut apporter un grand retard aux travaux. On comprend quel dut être l'enthousiasme des populations, lorsque, le 25 octobre 1131, le Pape Innocent vint faire la dédicace de cette splendide basilique, accompagné de tous les grands personnages du pays et d'un concour8 immense de fidèles.

L'église du monastère de Moustier-Saint-Jean, la plus ancienne abbaye de Bourgogne, était en même temps reconstruite par l'abbé Bernard, qui dirigea cette importante Maison, de 1109 à 1133[6]. Dom Plancher, en a reproduit le portail détruit au siècle dernier.

Parmi les monuments du Xe siècle qui nous restent dans la Côte-d'Or, on ne peut citer avec certitude que l'ancienne crypte de Saint-Baudèle, à Beaune, que la rotonde de Saint-Bénigne de Dijon, que la collégiale de Saint-Vorles, à Chatillon-sur-Seine, qui nous offre le premier type des arcatures à bandes murales, que quelques fragments dans les églises de Bretenières, Saint-Apollinaire, Bligny, Chevigny-Saint-Sauveur, Hauteville, Longvic, Fauverney[7]. Les anciennes constructions qui se sont modifiées avec les changements de goûts et de civilisation, n'ont rien laissé subsister de cette architecture première.

La vieille basilique de Saint-Andoche de Saulieu, réédifiée sous le règne de Charlemagne, menaçait ruine elle fut reconstruite sur la fin du XIe et au commencement du siècle suivant. On pense que c'est à Etienne de Baugey, évêque d'Autun, que l'on doit cette reconstruction, dont il reste encore la grande nef et les bas-côtés. Le pape Calixte II, accompagné d'un archevêque d'Angleterre, de celui de Trêves, des évêques d'Autun, d'Auxerre et de Nevers, s'y rendit le 21 décembre 1119, et donna une grande solennité à cette cérémonie. Il accorda une indulgence plénière à toutes les personnes qui visiteraient l'église le jour anniversaire de la translation des reliques, et tous les ans pendant plusieurs siècles, la célébration de cette fête se fit à Saulieu avec un grand éclat.

Dès l'origine de Cîteaux, le nouvel ordre, si sévère en matière de discipline, contraste par sa simplicité et l'austérité de ses constructions avec la richesse et le luxe de l'art clunisien. Saint Bernard déclarait dans un article des statuts arrêté avec dix autres abbés que l'église devait être simple, sans sculptures ni peintures, sans croix ni ornements les vitraux doivent être de couleur blanche on ne priera élever de tours de pierre ou de bois d'une hauteur immodérée pour les clochers, et se mettre en désaccord avec les principes de la fondation de l'ordre[8].

Après l'église de Cluny qui constitue le plus colossal effort de l'art antérieurement au XIIe siècle, il faut placer les cathédrales des deux diocèses qui se partagèrent le territoire du département, Saint-Lazare d'Autun et Saint-Mammès de Langres, l'une consacrée en 1134, l'autre en 1196, et présentant divers détails de transition[9]. L'église Saint-Lazare d'Avallon fut en partie faite par les Clunisiens, alors que cette église était de leur dépendance. Son curieux portail existe encore. Saint-Etienne de Dijon, qui avait été brûlée par l'incendie qui détruisit la ville, en 1137, fut rapidement reconstruite, et Godefroy de la Roche, évêque de Langres, en put faire la dédicace dans l'été de 1141 (V Kalendas maii). Notre-Dame de Beaune s'élevait dans le même temps la duchesse de Bourgogne Mathilde, veuve du duc Hugues Il, contribua par ses largesses à son érection, et fut enterrée sous le maître-autel de cette église.

En 1154, Godefroy, évêque de Langres, constate par un acte solennel la dédicace de l'église paroissiale de l'abbaye de Molème[10].

Nous sommes moins riches encore en monuments civils de cette époque. Tous ont disparu ou ont été tellement transformés qu'il ne reste presque rien de leur état primitif. Citons cependant les ruines de la Tour de Rougemont, que l'on voit du chemin de fer entre Montbard et Aisy-sur-Armançon. Cette tour que l'on dit d'origine romaine est bien certainement du XIe siècle, et fut construite par les sires de Rougemont, qui en prirent parfois le nom de la Tour. Girard, l'un de ses seigneurs, est appelé dans le cartulaire de Molème, à la fin du XIe siècle, tantôt Girardus de Rubeomonte, tantôt Girardus de turri Rubri montis.

 

LITTÉRATURE

On peut dire qu'à l'époque du XIe siècle les moines furent les seuls qui conservèrent les traditions des âges précédents, et transmirent à leurs successeurs les productions littéraires des époques antérieures. Bernon, le fondateur de Cluny, avait institué des écoles qui devinrent célèbres, et dans lesquelles on envoyait de toutes parts des régents et des abbés[11]. Saint Odilon, l'un des successeurs de Bernon, a laissé des sermons et de nombreux écrits, qui ne manquent ni de clarté, ni d'élégance. C'est sur ses instances que Raoul Glaber vint achever à Cluny sa grande chronique.

Faucon, moine de Tournus, composa, par ordre de son abbé Pierre, les annales de son monastère qui s'arrêtent à l'an 1087[12]. Ce même religieux a laissé un récit de la translation du corps de saint Philibert, leur patron, et une histoire des abbés de Tournus, depuis 875 jusqu'à 1087[13].

Saint Hugues, abbé de Cluny, a mérité la réputation d'être l'un des orateurs les plus distingués de son siècle, et si l'on en juge par les œuvres qui nous sont restées de lui, il n'excellait pas moins comme écrivain que comme orateur. Ce qui faisait dire à Pierre de Poitiers, dans une lettre à Pierre le Vénérable : « Écrire est pour les abbés de Cluny une tradition héréditaire, et comme une prérogative spéciale attachée depuis les temps les plus anciens à leur titre[14]. »

Les panégyristes de Pierre le Vénérable ne manquent pas d'exalter ses connaissances sur la littérature et l'antiquité : « Il égale par la pénétration de son génie les poètes de l'antiquité de tous nos contemporains, aucun ne peut lui être comparé. En prose, c'est un nouveau Cicéron en vers, un Virgile ; il dispute comme Aristote et Socrate[15]. »

Pierre le Vénérable cite souvent dans ses écrits César, Tite-Live, Cicéron, Ovide, Virgile, Horace. Son amour pour les livres avait fait augmenter considérablement la bibliothèque clunisienne, à laquelle tous les moines et même les moines étrangers pouvaient venir puiser. Il y a peu de documents plus curieux à cette époque, pour la forme et pour le fonds, que la lettre qu'il écrivait à Guigues, prieur des Chartreux[16] : « ... Je vous ai envoyé la Vie de saint Grégoire de Nazianze et de saint Chrysostome, comme vous me l'avez demandé. Je vous ai adressé en même temps le petit livre, ou plutôt la lettre du bienheureux Ambroise, contre le rapport de Symmaque, préfet païen de Rome. Je ne vous ai point fait passer le traité de saint Hilaire sur les psaumes, parce que j'ai trouvé dans mon exemplaire la même faute que dans le vôtre. Tel qu'il est cependant, si vous voulez, écrivez-moi, et je vous l'enverrai. Nous n'avons pas Prosper contre Cassien, vous le savez, car nous l'avons envoyé à Saint-Jean-d'Angély, en Aquitaine, mais une autre fois, s'il vous est nécessaire, je pourrai vous le transmettre. Envoyez-moi, s'il vous plaît, le grand volume des Epîtres de saint Augustin, qui contient presque en commençant les lettres de ce saint Père à saint Jérôme, et celles de Jérôme au même Père. Car, par un singulier accident, un ours a dévoré dans une de nos maisons une grande partie de ces lettres[17]. »

Nous sommes assez mal placés au XIXe siècle pour apprécier les œuvres littéraires du XIe et du XIIe. Ces homélies, ces sermons, ces antithèses, ces gloses interminables, ces formes scolastiques, ces jeux de mots, ces commentaires étranges et mystiques, ne nous touchent plus. Nous ne comprenons plus les prédications ardentes de saint Bernard entraînant les peuples à sa suite, ni les accents passionnés qui groupaient autour d'Abélard une jeunesse enthousiaste. Mais ces hommes étaient de leur époque, époque d'imagination plutôt que de raison. Ils se servaient d'un organe et d'un instrument dont l'usage ne nous est plus connu. Nous ne pouvons que relater leurs travaux, sans pouvoir en apprécier les mérites. L'histoire et la théologie étaient l'objet principal des études monastiques, mais les lettres anciennes n'étaient pas négligées, puisqu'on reprochait aux Clunistes de donner dans leur enseignement trop de place aux auteurs païens.

L'arithmétique était cultivée, et Abélard fait l'éloge de cette science, quand il loue le bel ordre qu'elle met en toutes choses[18]. Deux écrivains appartenant au Langrois, Thibaud de Langres et Odon, abbé de Morimont, ont fait un traité sur l'analyse et les mystères des nombres. Analatica numerorum[19], livre écrit du temps de cet abbé Odon, décédé en 1161.

La géométrie et l'astronomie étaient également en honneur.

Au XIe siècle, l'étude de la grammaire primait les arts libéraux. Au XIIe, quelques maîtres s'avisèrent d'enseigner la logique, la morale, l'astronomie, la physique, avant la grammaire. Les auteurs qui paraissent avoir été le plus en vogue pour l'étude de la grammaire, sont Papias, Hérodien et surtout Priscien, qui devint plus à la mode surtout après les expositions faites par Remi d'Auxerre.

Les Clunisiens étaient particulièrement versés dans les langues savantes ; le latin leur était familier. Les dialectes orientaux leur étaient moins connus, car Pierre le Vénérable, voulant avoir une traduction de l'Alcoran pour en faire la réfutation, fut obligé de s'adresser à un Espagnol, n'ayant personne parmi les religieux qui sût l'Arabe[20].

Les Cisterciens, beaucoup moins érudits que les Clunisiens, se préoccupèrent peu des langues étrangères et si l'on n'eût pas plus cultivé le grec dans les autres ordres monastiques que dans celui de Cîteaux, on n'eût point vu naître les troubles qui s'élevèrent plus tard au sujet de la traduction des ouvrages d'Aristote. Etienne Harding, troisième abbé, ayant à corriger l'ancien testament d'une bible qui venait d'être copiée, se vit forcé de recourir à des Juifs, en 1105[21]. A la fin du même siècle (1198), le chapitre général fit infliger une sévère punition à un moine qui avait appris d'un juif à lire l'hébreu[22]. Pendant tout le XIIe siècle, les Cisterciens se soumirent à la défense qui leur interdisait les poésies et les auteurs profanes cette défense ne paraît pas avoir été observée dans les siècles suivants. Et même, saint Bernard, qui avait composé des chants rimés en latin, passe pour en avoir fait de profanes[23].

Les traductions et les transcriptions des auteurs anciens étaient assurément utiles, mais on craignait les abus. Le chapitre général de Cîteaux, en 1200, ordonne aux abbés d'Ourscamp et de Circamp de se transporter à Chaalis, pour jeter au feu les exemplaires d'une traduction des cantiques, dont certains passages avaient été condamnés[24]. Les Dominicains, craignant le même inconvénient, interdirent, en 1242, aux confesseurs des religieuses de traduire en français aucuns sermons, conférences ou autres ouvragés[25].

Pierre le Vénérable nous apprend dans ses lettres[26] qu'un moine nommé Pierre le pria de lui faire copier les poésies de Prudence.

Sur un Cyprien du XIIe siècle[27], provenant de l'abbaye de Morimond, on lit : Hic liber est sancte Dei genitricis serriper que beate et benedicte inter et super omnes mulieres, sancte super omne quod dicitur aut quod colitur sanctum post Deum régulée cœli et terræ Mariæ in Morimundo Wittelo peccator venise pro munere scriptor (5)[28]. »

Gilon, surnommé de Paris, né à Toucy-en-Auxerrois, sur la fin du XIe siècle, fut fait évêque de Tusculum et cardinal par le Pape Calixte Il, en 1119. Il fut envoyé huit ans après en terre sainte pour apaiser les querelles qui divisaient le clergé, et prit parti pour l'antipape Anaclet, malgré les sollicitations de Pierre le Vénérable. Duchesne[29] et D. Martenne[30], ont publié de lui : De via Hierosolymitana, quando, expulsis et occisis paganis, devictæ sunt Nicæa, Antiochia et Hierasalem Christianis.

Geoffroy, abbé de Fontemoy, qui devint plus tard Reigny, une des importantes abbayes de l'Auxerrois, composa un volume intitulé : Proverbiorum libellus. Ce manuscrit, du commencement du XIIe siècle, est à la bibliothèque de Troyes[31].

Hugues de Mâcon, abbé de Pontigny, puis évêque d'Auxerre, a composé diverses pièces qui ont été publiées, notamment : Hugonis de Matiscone, de memoralibus gestis militum, lib. IV matrice, cum Guillelmi de Grana commentariis[32].

On doit à un religieux de Tournus, nommé Garnier, mort vers 1140, l'ouvrage ayant pour titre : Passio, translatio et miracula sancti Valeriani martyris[33]. Etienne Ier, évêque d'Autun, avait fait, vers 1127, le Traité original des sacrements. C'est sur l'exemplaire manuscrit que possédait l'abbaye de Reigny, que l'Autunois Jean Montelon prit une copie pour en donner la publication[34].

Garnier, abbé de Clairvaux, puis évêque de Langres, décédé en 1199, a composé Distinctiones, sive liber qui dicitur Angelus. Ce manuscrit[35] inédit est précieux, car il porte à la fin une note indiquant qu'il a été donné à Clairvaux par Garnier lui-même. On signale encore à la bibliothèque de Troyes deux manuscrits du même auteur Summa Sermonum[36] et Sermones[37].

On a parlé ailleurs des auteurs des chroniques de Saint-Bénigne, de Bèze, de Flavigny, dont on ne connaît d'eux que ce qu'ils ont bien voulu nous apprendre. Il en est de même de l'historien Hugues de Poitiers, qui commence plus tard sa chronique de Vézelay, sous l'abbé Ponce de Montboisier (1138-1161) et la termine en 1167. Nous l'appelons Hugues de Poitiers, pour nous conformer à l'usage, mais ne faudrait-il pas dire Hugues de Poitou ou le Poitevin, Hugo Pictavinus[38], comme il prend soin de se désigner ?

Par une coïncidence singulière qui n'a point encore été remarquée, et que les savants de cette province pourront sans doute expliquer, il était auparavant venu du Poitou dans nos régions un certain nombre de personnages, qui se recommandaient par des talents littéraires alors fort appréciés[39].

Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, de 1122 à 1157, avait pour secrétaire Pierre du Poitou ou de Poitiers, qui fut l'un des plus ardents panégyristes de son maître, et en célèbre les vertus sur un ton d'adulation outré. Quelques moines trouvant ces éloges exagérés et contraires à l'humilité monastique, Pierre de Poitiers écrivit en prose[40] une sorte de justification, disant qu'il était permis de louer les saints, et y joignit une pièce de vers satiriques contre l'auteur de ces critiques[41]. Cette réponse ne mit sans doute pas fin au débat, car Pierre le Vénérable fut lui-même obligé d'entrer en lice pour soutenir son panégyriste, auquel il ne ménage pas non plus les compliments : « Pierre de Poitiers, dit-il, est le favori de Calliope, il occupe au milieu du chœur sacré des poètes une place d'honneur[42]. » Il trouve ensuite que vouloir attaquer Pierre de Poitiers, c'est attaquer la gloire de Virgile, d'Horace, d'Ovide, de Lucain, etc. Il faut en rabattre, croyons-nous, de ces laudations exagérées.

Deux manuscrits de la bibliothèque nationale[43], et quatre manuscrits de la bibliothèque de l'école de médecine de Montpellier[44], nous révèlent l'existence d'un auteur moins connu, venu aussi du Poitou, originaire de Parthenay-le-Vieux, qui était retiré avec sa femme Giberge de Flandre à Asquins, terre voisine de la Magdelaine de Vézelay : Pictaviensis Aimericus Picaudus[45] de Partiniaco Veteri, qui etiam Oliverus de Escani, villa sancte Marie Magdalene de Virziliaco, dicitur[46].

Cet Aimeri Picaud autrement dit Olivier d'Asquins; vivait en même temps qu'Albéric, abbé de Vézelay, de 1131 à 1138, puis évêque d'Ostie et cardinal, décédé en 1151. Il avait réuni dans un volume plusieurs opuscules destinés à célébrer les mérites de saint Jacques de Compostelle, dont le culte attirait de nos contrées un grand nombre de pèlerins. Il y relate les chants composés en son honneur, l'histoire fabuleuse de l'expédition de Charlemagne en Espagne. 11 trace un itinéraire pour les voyageurs bourguignons qui se rendent en Galice, et rappelle les miracles qu'il avait recueillis de la bouche des pèlerins, dont plusieurs sont des personnages qui nous sont connus, et qui appartiennent à nos pays par leur origine ou par leurs liens de parenté, comme Brunus de Virziliaco[47], Humbert, archevêque de Besançon[48] ; Guillaume, comte de Poitiers[49] divers chevaliers de Lyon[50] ; Anselme, archevêque de Cantorbéry[51] ; Ponce, comte de Saint-Gilles et son frère[52] un chevalier bourguignon nommé Guibert[53]. Tous ces pèlerins avaient été au tombeau de saint, Jacques de Galice, et à leur retour avaient raconté les merveilles de leur lointain voyage.

Aimeri Picaud, autrement dit Olivier d'Asquins, avait réuni ces diverses légendes, et en avait composé un livre qu'il déposa sur l'autel de l'église de Saint-Jacques lorsqu'il se rendit en Galice avec sa femme Giberge de Flandre. Le livre et le pèlerinage ne peuvent être antérieurs à 1139[54], ni postérieurs à l'année 1151, date de la mort d'Albéric, évêque d'Ostie[55].

Ce manuscrit reçut l'approbation des Papes et des cardinaux. Les pieux voyageurs qu'attirait le culte du saint vénéré en prirent diverses copies, dont plusieurs nous ont été conservées et présentent des variantes dans les noms propres. Un moine de Ripoll en avait pris copie, en 1173[56]. Les manuscrits de la Bibliothèque nationale et ceux de l'Ecole de médecine de Montpellier ont la même provenance, et ont été copiés à des époques différentes sur le manuscrit original de saint Jacques de Compostelle.

Mais ce que nous apprend ce manuscrit et ce qu'il est intéressant surtout de constater, c'est qu'un compilateur antérieur à Olivier d'Asquins avait recueilli les légendes merveilleuses et les miracles de ce saint. Ce compilateur ne serait autre que le Pape Calixte II, Guy de Bourgogne. Suivant Olivier d'Asquins, Calixte aurait beaucoup voyagé dans sa jeunesse et obéissant à l'esprit du temps, n'aurait pas manqué de se rendre en Galice. Il lui rend honneur d'avoir colligé avec soin les miracles que la tradition attribuait à cet apôtre et d'en avoir fait un recueil. Ce recueil commençait par une lettre de ce prélat, alors qu'il fut nommé Pape elle s'adresse aux religieux de Cluny, à Guillaume, patriarche de Jérusalem et à l'archevêque de Compostelle. Certains passages portent de telles traces de fausseté et de si étranges invraisemblances, qu'il est peu facile de démêler la vérité au milieu de ces fables et de ces légendes[57].

 

PEINTURE – MUSIQUE — STATUAIRE — SCULPTURE

Au lendemain de l'an mil, l'art fut renouvelé en Bourgogne par les mêmes artistes italiens et orientaux, qui avaient si profondément modifié notre architecture primitive. La sculpture, la peinture, l'art de tisser les étoffes, l'art de peindre le verre, subirent la même transformation.

La Chronique de Saint-Bénigne parle des vitraux peints, qui, au témoignage de Lenoir, sont les premiers faits en France. Quand eut lieu la translation des restes de saint Bénigne, l'abbé Guillaume les fit envelopper dans une étoffe de soie ornée d'aigles et d'arabesques, dont le musée de Cluny conserve un fragment curieux[58].

C'est assurément aux moines que revient l'honneur d'avoir inventé la peinture, puisqu'on leur reproche de moudre l'or pour rehausser l'éclat de leurs vignettes et de leurs manuscrits. Les peintures murales qui ornaient le réfectoire de Cluny étaient renommées[59]. On y voyait, au dire de M. Lorain[60], les portraits des principaux bienfaiteurs du monastère et les scènes les plus mémorables de l'ancien et du nouveau testament. Le cloître n'était pas moins remarquable par les décorations symboliques dont les murailles et les chapiteaux de colonnes étaient revêtus. Les érudits ne consulteront pas sans intérêt un manuscrit de la Bibliothèque de Montpellier[61], contenant une curieuse rédaction de tout ce qui concerne la peinture au moyen âge, de la manière de préparer les couleurs, et de tout ce qui a trait à cet art[62].

Les moines étaient versés dans la musique, puisque Guillaume, abbé de Saint-Bénigne, en recommandait l'étude dans les monastères qui relevaient de son abbaye. L'art musical n'était du reste pas né avec le XIe siècle longtemps avant, il était déjà pratiqué, et saint Odon nous a laissé un traité de Musica, qui n'est pas le moins curieux des écrits qui nous ont été conservés de lui. Les modifications successives apportées dans les intonations et dans les inflexions de voix, excitèrent plus tard les récriminations du Pape Jean XX[63] et du moine cistercien Aelred. Suivant les déclarations de Martin Gerbert, on avait soin de préparer certains breuvages pour rendre la voix des chanteurs plus souple et plus harmonieuse[64]. L'abbé Guillaume de Saint-Bénigne recommandait également l'étude de la médecine, et saint Hugues, abbé de Cluny, avait un médecin attaché à sa personne.

Le droit civil n'était pas plus étranger aux moines que le droit canon, et malgré les prohibitions de leurs statuts, on les voit servir d'avocats dans des causes où' la religion n'avait rien à voir.

Les sculptures et les peintures dont les Clunistes ornaient leurs constructions avaient le don de captiver les populations, et de leur présenter comme un livre toujours ouvert les scènes légendaires des histoires sacrées. « L'école de statuaire des Clunistes, dit M. Viollet-le-Duc[65], possède une supériorité incontestable sur les écoles contemporaines du Poitou, de la Saintonge, de la Provence, de l'Aquitaine, de la Normandie, de l'Alsace et même de l'Ile-de-France. Quand on compare la statuaire et l'ornementation de Vézelay, des XIe et XIIe siècles, de Dijon, de Souvigny, de la Charité-sur-Loire, de Charlieu, avec celle des provinces de l'Ouest et du Nord, on demeure convaincu de la puissance de ces artistes, de l'unité de l'école à laquelle ils étaient formés. »

Les protestations des Cisterciens et notamment de saint Bernard, dans sa célèbre apologie contre les Clunisiens, ne servent qu'à mettre en relief les tendances artistiques de ces derniers, et à établir d'une manière indiscutable qu'ils furent au XIe siècle et antérieurement les défenseurs et les propagateurs de l'art dans nos régions.

Nous renvoyons à l'Histoire littéraire de la France, et aux Catalogues imprimés des manuscrits des Bibliothèques des Départements, pour les auteurs bourguignons du XIIe siècle, au sujet desquels nous n'aurions pas de renseignements nouveaux à offrir[66].

 

BIBLIOTHÈQUES — LIBRAIRIES ET MANUSCRITS

Dans les grands établissements monastiques, la copie des manuscrits était à la fois une œuvre d'érudition et une œuvre d'art. Il n'y a pas que les monastères qui fussent pourvus de bibliothèques chaque cathédrale avait la sienne, et un dignitaire préposé à sa garde, qui prenait le titre de blibliothecarius ou d'armarius. Les chanoines réguliers en avaient également, et c'était pour ainsi dire un proverbe dans les communautés religieuses : claustrum sine armario, quasi castrum sine armamentario[67]. Du reste les principales de ces communautés avaient des écoles où les jeunes clercs venaient étudier.

Saint-Bénigne de Dijon. — Dès le commencement du XIe siècle, l'abbé Guillaume établit dans l'abbaye de Saint-Bénigne de Dijon des scribes et des enlumineurs sortis des monastères italiens, et en même temps qu'il s'appliquait à la reconstruction de sa vieille basilique, il reconstituait avec éclat la librairie ravagée par les diverses invasions normandes.

Halinard de Sombernon, qui lui succéda, mit un grand zèle à augmenter cette collection. C'est à lui que l'évêque de Paris, Humbert de Vergy, fit don d'un sacramentaire, en 1036 : Anno dominicse incarnationis millesimo tricesimo sexto, datus est hic sacramentorum liber sancto martyri Benigno, Divionensis ecclesiœ patrono, ab honorabili Humberto Parisiacæ sedis Episcopo, patente ejusdem loci provisore atque rectore domno abbate Halinardo. [Si qu]is illi abstulerit quocumque modo, [sit per]petuo anathema a judice Deo[68]. M. L. Delisle[69]  cite encore deux souscriptions de manuscrits de saint Bénigne, pendant l'administration de l'abbé Halinard[70], ainsi que divers volumes de même provenance dans le fonds latin de la Bibliothèque nationale[71].

A ces indications, nous en ajouterons une nouvelle, non moins curieuse, qui se trouve dans la correspondance de l'abbé Lebeuf avec le président Bouhier[72] : « ... Je suis tombé, dit Lebeuf, dans une bibliothèque fort modique, sur un manuscrit de saint Maxime, diacre, dédié à l'empereur Charlemagne, par Jean. L'écriture est du Xe siècle. A la fin de ce livre est un catalogue fort succinct de livres qu'on dit avoir appartenu à l'abbaye de Saint-Bénigne, ce qui prouve que l'ouvrage de saint Maxime en vient. Dans le petit inventaire, qui était une espèce de mémoire des prêts faits par le bibliothécaire, on voit d'une écriture du XIe siècle

Dominus abba Hal. clericis Lingonensibus Prudentium; Oratium Lingonensibus, pro dialectria Victorini, Gesta Longobardorum domino Gibuino absque vadio.

« Ce petit fragment prouve qu'on avait Prudence et Horace à Saint-Bénigne, et que les chanoines de Langres se munissaient de livres à Dijon, soit par achapt, soit par emprunt... Le premier article met Biblia Wulfadi. Les autres livres sont des auteurs profanes[73]. »

Il s'agit bien évidemment encore de l'abbé Halinard de Sombernon, mais nous saurions gré à l'abbé Lebeuf d'avoir complété sa note, qui eût pu nous donner des indications utiles sur les autres volumes qui se trouvaient à Saint-Bénigne avant l'an 1052, date qui marque la fin du gouvernement de cet abbé. Administrateur intelligent, Halinard, qui fut ensuite élevé à l'archevêché de Lyon, était, paraît-il, très versé dans la géométrie et la physique il joignit aux manuscrits religieux de son abbaye quelques ouvrages sur les sciences.

Son successeur Jarenton, abbé de 1077 à 1112, ayant été chargé par les Papes Grégoire VII et Urbain II de différentes légations en France, en Italie, en Angleterre, avait profité de ses voyages pour ramasser des manuscrits dont il enrichit son église[74]. En 1078, plus de trois cents volumes apportés d'Angleterre furent adjoints à la librairie de Saint-Bénigne[75]. Les abbés de Saint-Bénigne qui suivirent continuèrent ces traditions. On a de Pierre Ier ou de Pierre II (1124-1145) une fort curieuse ordonnance, fixant la redevance que chaque grange relevant du monastère devait fournir pour l'entretien de la librairie[76]. Sous une série non interrompue de tels abbés, qui imposaient aux prieurés relevant de leur maison des redevances de parchemin nécessaires au bibliothécaire[77], on doit penser que Saint-Bénigne était pourvu à la fin du XIe siècle d'une librairie assez considérable.

De tous ces trésors, dont on a un inventaire dressé en 1621 seulement, par Pierre Dumai[78], à la demande de l'abbé Nicolas Jeannin, nous ne pouvons guère citer que deux fragments des bulles de Jean V et de Sergius Ier, un traité sur le comput ecclésiastique[79], le Sacramentaire d'Halinard[80], et la Chronique bien connue de Saint-Bénigne[81], qui sont à la Bibliothèque de Dijon. D'autres sont à la Bibliothèque de médecine de Montpellier[82], à Londres (fonds de Burney, n° 59), et chez sir Thomas Phillipps (n° 1763)[83]. Nous n'avons pas trace d'autres manuscrits très précieux de cet Horace du IXe siècle de la Bible hébraïque copiée par le scribe Jacob de la Bible plus ancienne à la fin de laquelle on lisait le nom du copiste Aldebaldus; de ces vingt-quatre missels ornés de belles peintures, qu'on appelait missalia sortita, parce que chaque année, le lundi de la première semaine de Carême, on tirait au sort les livres liturgiques, destinés aux vingt-quatre autels de la basilique et de l'abbaye[84].

Nous avons heureusement le fonds d'archives à peu près entier, l'obituaire ancien, et c'est merveille si la Chronique de Saint-Bénigne, après tant de vicissitudes, est arrivée jusqu'à nous. Ce manuscrit, que les religieux conservaient avec un soin jaloux, et que l'abbé Nicolas Jeannin de Castille refusait d'envoyer à Paris, aux bénédictins de Saint-Maur, désireux d'en donner la publication, avait disparu pendant plusieurs années. Il se retrouva un beau jour à l'étalage d'un marchand, qui s'était rendu acquéreur des livres et papiers de l'abbé de Castille, mort peu de temps avant à Montjeu. Dans ces fâcheuses pérégrinations, le livre avait perdu plusieurs feuillets. « Tel qu'il était, on fut heureux de le ressaisir. On le paya quarante livres ; on fit recopier avec soin les feuillets qui manquaient, et on le replaça avec honneur au milieu d'une bibliothèque qui périssait tous les jours, et où on ne retrouva plus que quelques volumes lorsque les commissaires de la République française mirent les scellés sur les biens de l'abbaye[85]. »

Abbaye de Cluny. — La bibliothèque de cette abbaye était considérable au milieu du XIIe siècle. Le catalogue qui nous a été conservé des cinq cent soixante-dix ouvrages dont elle se composait, sous l'administration de l'abbé Hugues III, de 1158 à 1161, est l'un des plus intéressants que l'on connaisse. La publication intégrale, qui en a été donnée par M. Léopold Delisle[86] nous dispense d'en parler. Nous ne pouvons également que renvoyer à l'excellent travail que ce savant Directeur de la Bibliothèque nationale a consacré aux richesses diplomatiques de cette abbaye dans l'un des ouvrages précités[87].

Eglise d'Autun. — Gauthier, qui occupe le siège de l'évêché d'Autun, de l'an 977 à 1023, et dont le Gallia christiana[88] vante les bonnes mœurs et le zèle pour la réforme de la discipline ecclésiastique, est un de ceux qui rivalisèrent avec l'abbé Guillaume et' qui enrichirent la librairie de son église. On peut regarder l'évêque Gauthier comme le fondateur de la Bibliothèque de la cathédrale d'Autun, à en juger par les manuscrits qui nous sont conservés. Cet ami des lettres avait donné aux chanoines un certain nombre de volumes, dont l'inventaire, fort incomplet à la vérité, est relaté sur un saint Grégoire du Xe siècle (n° 22). Après l'explicit du dixième livre, on lit

Hunc librum cum cæteris moralium qui sequuntur dedit beato Nazario suus pontifex Walterius. Contulit etiam ille omnes codices quos ipse aut plures scribi fecit aut nonnullos dono acquisivit, quorum quoque numerushic annotantur et tituli. Horum autem quemlibet si quis ab hujus loci jure quocumque modo subtraxerit, ultione anathematis donec restituet, percussum se noverit.

Hinc et alios de moralibusDuo Homilias Gregorii super EzechielAugustini de confessioneAugustini de verbis Domini ; Expositiones super libros Regum ; Daniel et EschieBoetium de consolatione philosophyæDuos epistolarum HieronimiDuos quoque de canonibusIn expositione librorum Salomonis parobolarum videlicet ecclesiastes et can...[89]

Outre ces manuscrits, le n° 17, qui n'est pas sur cette liste et qui date du Xe siècle : Epistolœ et Opuscula s. Hieronymi, porte ces mots : Ex dono Walterii. Ces manuscrits, ainsi que d'autres au nombre de cent cinquante-trois, déposés au séminaire d'Autun, sont de la plus grande valeur deux Evangéliaires en lettres onciales antérieurs à Charlemagne (n° 3 et 4), le premier est de la dernière année du règne de Pépin, c'est-à-dire de 754, et porte le nom du copiste Gundohinus, on lit dans le second le nom d'Eldradus. Citons encore un sacramentaire du IXe siècle, merveille de calligraphie (n° 19 bis)[90] ; un manuscrit du VIIIe siècle (n° 20) en caractères mérovingiens barbares un Cassiodore de la même époque (n° 20 A) un Saint Grégoire de l'époque mérovingienne, en partie palimpseste, dont les anciens caractères en lettres onciales peuvent remonter au VIe siècle (n° 21) plus une trentaine de manuscrits du XIIe au XIIIe siècle[91], série incomparable que pourrait envier le plus riche de nos dépôts publics. On regrette cependant la perte d'un Horace du vie siècle, d'un Virgile du VIIe et d'un Saint Optat, qui ont disparu sans qu'on ait pu retrouver leur trace[92].

Etienne, évêque d'Autun, de 1142 à 1139, paraît avoir été aussi un ami des lettres et des livres, puisqu'on lui doit un Traité des sacrements[93].

Église de Langres. — Les chanoines de Langres avaient aussi une librairie, comme toutes les communautés religieuses, mais il ne paraît pas y avoir eu parmi les évêques du XIe siècle de prélats désireux de voir augmenter les manuscrits du chapitre. A défaut de documents nous n'avons pas à en parler. L'inventaire du trésor de l'église de Saint-Mammès de Langres, dressé du temps de l'évêque Godefroy et du doyen Humbert, vers le milieu du XIIe siècle, est curieux, mais ne dit rien de la librairie. M. L. Delisle a publié cet inventaire dans son livre sur les fonds de Cluny, pp. 9, 10.

Église d'Auxerre. – Hugues, comte de Chalon et évêque d'Auxerre, avait donné, en 1037, un Missel écrit en lettres d'or, pour l'usage des évêques de cette ville. Un de ses successeurs, le vénérable Alain, concéda les quarante Homélies de saint Grégoire, élégamment écrites et ornées d'images[94].

L'un des plus précieux recueils historiques du temps, les Gestes des évêques d'Auxerre, avait été commencé au IXe siècle, mis au net et reproduit par les soins de l'évêque Geoffroi de Champaleman, de 1052 à 1072[95], puis continué le siècle suivant par le chanoine Frodon, homo bene litteris eruditus[96].

Le catalogue de la bibliothèque du chapitre cathédral d'Auxerre, dressé en 1770 par Arrault et les autres chanoines de cette église, existe à la bibliothèque d'Auxerre, et se trouve compris sous le n° 157 des manuscrits. C'est un in-folio de 176 fol.

Le Nécrologe ou obituaire de la cathédrale antérieur au XIIe siècle, témoigne d'un zèle constant apporté à l'accroissement de la librairie.

Willelmus canonicus et levita obiit, qui pro remedio anime sue, ad bibliothecam faciendam, de nummis suis libras quatuor dedit.

Obiit Rodulfus, sacerdos et canonicus, qui dedit... Missale, librum optimum et sacerdotale indumentum.

Obitus magistri Guidonis, canonici sancti Stephani et archiclavi, qui dedit ex libris suis : Passiones duos, Antiphonarium, Graduale, Hymnarium et Psalterium optimum[97].

Obiit Ilgerius, hujus ecclèsie venerabilis prepositus. Hic autem. ut in anniversario Humboldi Episcopi [1087-1114], avunculi sui... dedit etiam calicem argenteum, canulas argenteas et cappam de pallio optimo, Missale et Breviarium et multos alios libros.

Obiit Johannes, sacerdos et canonicus, cantor eximius hujus ecclesie... qui dedit ex libris suis Missale unum, Antiphonarium, Gradale, Hymnarium, Prosarium optimum ([98].

Les chroniques de Saint-Marien et autres, dont il a été question dans notre histoire, indiquent un milieu intellectuel remarquable dans l'Auxerrois au XIe siècle. L'abbaye de Saint-Germain, célèbre entre toutes, possédait des manuscrits de grande valeur[99], dont l'un des plus curieux est conservé à l'abbaye de Melk, sur les bords du Danube, en Autriche. Ce manuscrit fait au milieu du IXe siècle, et auquel le docteur Th. Sikel a consacré une notice[100], ne contient qu'un Traité de Bède sur la nature des choses et des temps. Mais les notes marginales dont il est couvert le rendent d'un prix inestimable, car ces annotations paraissent de la main du moine Héric, qui relate divers faits du IXe siècle, accompagnés d'une date exacte. Les manuscrits de Saint-Germain d'Auxerre sont dispersés à Auxerre, à la bibliothèque nationale[101], à Montpellier et dans divers dépôts étrangers[102]. Le catalogue de la bibliothèque de ce monastère a été rédigé en 1683, et se trouve à la bibl. d'Auxerre, n° 158 des MSS., en 183 folios.

Communautés diverses. — Voici encore quelques notes sur l'état des librairies et des bibliothèques de plusieurs monastères et chapitres.

Les moines de Moutier-en-Der faisant en 990 l'inventaire des livres de leur abbé Adson, qui venait de partir pour Jérusalem, y trouvèrent la Rhétorique de Cicéron ; le Commentaire de Servius sur Virgile ; deux Térence ; une Explication des Eglogues et des Géorgiques de Virgile et deux Glossaires latins[103]. Lorsque l'église de Notre-Dame d'Avallon fut donnée par le duc Hugues 1er à l'abbaye de Cluny, la charte mentionna les biens et le mobilier qui dépendaient de cette église. L'énumération faite en 1077 est fort curieuse. On y trouve les aubes, les chasubles, les reliques, les vases sacrés, les ornements de toutes sortes alors en usage, les croix d'or et d'argent, les calices, trois missels et cent quinze volumes, missales tres, libri simul omnes centum quindecim. Il est seulement regrettable que nous n'ayons pas le détail de cette librairie[104].

On peut voir dans Courtépée[105] les règlements imposés au chantre de l'abbaye de Bèze pour recueillir les bréviaires des religieux décédés, l'obligation où l'on était de ne rendre celui de l'abbé à ses parents que moyennant une somme de cent sols, le soin qui lui incombait de faire relier tous les livres de l'église, de les faire revêtir de bonnes peaux, de fournir des chaînes pour les attacher aux pupitres et des bourdons pour rouler les volumes. Le même auteur[106] nous parle des donations de livres que fit à l'abbaye de Bèze, Jean, le chroniqueur de ce monastère, qui y mourut en 1120, et qui laissa le catalogue de ses volumes. On y remarquait une grande partie de Josèphe, saint Augustin sur 50 psaumes, ses Confessions, l'Examen de saint Ambroise, ses Offices sur les sacrements, sur la mort de son frère Satyre, son Traité de la virginité, le Pastoral de saint Grégoire sur les miracles, les vies de saint Gal et de saint Léon, les Actes des martyrs, saint Jérôme sur Sophonie, Aggée, etc., les Histoires des Vandales, d'Orose, de Justinien, de Jérusalem, etc.

Arnaud, abbé de Sainte-Colombe de Sens, portait lui-même les manuscrits aux copistes et les rapportait. C'est lui qui distribuait le parchemin destiné à ces copies[107]. Clarius, dans sa chronique, raconte que cet abbé, prévoyant sa fin prochaine, fit dresser, vers 1123, le catalogue de ses livres par les notaires et les fit placer dans les archives de l'abbaye. Son goût pour les livres l'avait amené à entretenir un atelier d'écrivains qui préparaient les éléments d'étude pour les moines. Ces volumes de l'abbé Arnaud étaient au nombre de vingt environ et comprenaient surtout des sujets religieux[108].

La grande consommation de parchemin et le commerce qu'on en faisait dans les états voisins l'avaient rendu cher. C'est ce qui explique la réponse des Chartreux à Gui, comte de Nevers (1168-1174). Ce seigneur voulant faire don de vases d'argent aux moines, ceux-ci lui dirent qu'on leur rendrait un bien plus grand service en leur faisant présent de parchemins[109].

L'église de Saint-Andoche de Saulieu a en sa possession un manuscrit précieux, un évangéliaire qui a dû appartenir au chapitre dès les premières années de l'installation de la collégiale, c'est-à-dire vers le milieu du XIIe siècle. M. Maillard de Chambure, inspecteur des monuments historiques, y a mis la note suivante, le 22 juin 1840 « Le manuscrit paraît appartenir au XIIe siècle. — La reliure remarquable qui le couvre provient d'un diptyque byzantin qui peut remonter au Xe siècle. La marge d'argent appartient à la même époque, mais n'a point été faite pour le manuscrit. Le bouton du chapeau, en argent doré, qui orne l'angle inférieur droit du plat supérieur est émaillé en couleur, et présente le monogramme latin de Jésus. Il doit avoir été posé dans le XVe siècle. »

Les plats de la reliure sont en ivoire, et portent un encadrement de bois recouvert d'une feuille d'argent avec une guirlande en relief. Un christ entouré des apôtres saint Pierre et saint Paul décore l'ivoire du plat supérieur. De l'autre côté, la vierge tenant l'enfant Jésus est entourée d'anges.

Dans les abbayes Cisterciennes, si la règle interdisait de trop somptueuses constructions, elle permettait la transcription des livres et des manuscrits. Dès 1099, un an après la fondation de Cîteaux, lorsque Hugues, archevêque de Lyon et légat du Pape, autorisa, sur la demande des religieux de Molème, la rentrée de saint Robert dans son monastère, on convint de laisser à Cîteaux ce que les moines de Molème y avaient apporté, à l'exception d'un bréviaire que les nouveaux anachorètes devaient garder jusqu'à la Saint-Jean-Baptiste, afin d'en terminer la transcription, preter breviarium quoddam, quod usque ad festivitatem sancti Johannis Baptiste retinebunt ut transcribant, assensu Molismensium[110].

Quoique plus nouveaux que les Clunisiens, les Cisterciens n'avaient pas que des livres écrits par des religieux de leur ordre, ils en réunissaient qui avaient une provenance antérieure. Nicolas, moine de Clairvaux, pria Philippe, prévôt de Cologne, de laisser sa bibliothèque au monastère : « Je me souviens, dit l'abbé Lebeuf[111], avoir vu en cette abbaye plusieurs volumes bien antérieurs à l'ordre de Cîteaux. » On parlera ailleurs de cette belle bibliothèque de Cîteaux, dont l'abbé Jean de Cirey avait pris soin de rédiger, vers 1480, un catalogue que l'on conserve précieusement à la bibliothèque de Dijon. Les douze cents articles de ce catalogue forment un in-4° de 93 pages sur parchemin à deux colonnes et fourniraient la matière d'un volume.

Hugues, comte de Troyes, étant venu, en 1104, à Saint-Germain d'Auxerre, accompagné de ses principaux officiers, demanda aux moines la faveur d'être associé à leurs prières, et leur fit en retour remise de certains droits. On lui promit de fonder son anniversaire et celui de sa mère. Un chevalier de sa suite, nommé Hugues, et surnommé Brise-Loup, Frangens Lupum, ayant aussi fait diverses donations dans cette circonstance, ainsi que sa femme, les confirmèrent en déposant sur le grand autel de l'église un livre garni d'ivoire et d'argent, unum librum, ebore argento que cohopertum[112].

Ce même Hugues, comte de Troyes, donnant en 1113 à l'église de Montieramey, des domaines assis dans divers lieux, des hommes de corps et la justice du village de Dosdes, assura aux religieux la possession de la moitié des peaux de tous les cerfs et chevreuils provenant de ses chasses dans le comté de Troyes, pour leur faire des ceintures et couvrir leurs livres d'église[113].

Les seigneurs laïcs paraissent peu s'être préoccupés en Bourgogne de ces tendances littéraires, et la jeunesse des ducs dont nous avons déjà retracé l'histoire n'a pas favorisé l'extension des librairies jusqu'à l'époque à laquelle nous sommes arrivés. Il est même assez rare de rencontrer les noms des scribes qui rédigent les chartes, et des mentions comme celle-ci dans un acte du duc Hugues II, en 1102 : Hugo grammaticus qui has litteras fecit[114]. Nous ne trouvons guère de document authentique et de pièce autographe aussi curieuse que cette charte rédigée et écrite de la main même, propria manu, de Hugues de Montaigu, évêque d'Auxerre (1120-1136), pour l'abbaye de Pontigny[115].

Nous continuerons ces recherches sur les librairies et les manuscrits en Bourgogne, depuis le milieu du XIIe siècle jusqu'au commencement du XIVe, époque de relâchement pour les monastères, alors que commence la guerre de cent ans. Puis dans les grandes villes, les laies continuent l'œuvre commencée par les moines. Les écrivains de forme, les enlumineurs, les parcheminiers, etc., travaillent pour les particuliers et même pour les abbayes. Plus tard, ils forment des corporations, et ces écrivains, dont les merveilleux travaux sont arrivés jusqu'à nous, méritent d'être signalés. Les documents inédits que nous avons réunis pour leur histoire ne sont pas sans intérêt, et si l'on recherche avec curiosité les faits qui se rattachent aux premiers pas de l'imprimerie, on ne doit pas oublier les artistes antérieurs qui en ont préparé l'essor et favorisé le développement.

 

 

 



[1] Voir Dom Plancher, le Voyage historique en France, et l'album du baron Taylor.

[2] Fyot, Hist. de Saint-Etienne, p. 272. — V. D. Plancher, t. I, pp. 476 et suiv.

[3] Fyot, pp. 75, 284.

[4] Fyot, pr. 99.

[5] Saint-Pierre de Cluny avait 555 pieds de long, 9 pieds seulement de moins que Saint-Pierre de Rome.

[6] Reomaiis, seu Historia monast. Sancti-Johannis, p. 190.

[7] Voir Mémoires de la commission des antiquités de la Côte-d'Or, t. IX, p. 48.

[8] V. Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné d'architecture, t. I, p. 269, 270.

[9] Mémoires de la Commission des antiquités de la Côte-d'Or, t. IX, p. 1.

[10] D. Plancher, t. I, pr. 73.

[11] B. Haureau, Saint Odon.

[12] Imprimées dans Chifflet, Histoire de Tournus, Dijon, 1644. — Juenin, Nouvelle Histoire de Tournus.

[13] V. Fabricius, Biblioth. latin, medii œvi. — Gallia Christ., t. IV.

[14] Biblioth. Clun., col. 620.

[15] Biblioth. Clun., col. 607, 608. — Duparay, Pierre le Vénérable.

[16] Lib. I, Epistol. XXIV.

[17] Pour les ouvrages de saint Hugues, on peut consulter la Galerie Bourguignonne, t. I, pp. S16, 517. — Bibl. Clunyac. — Baillet, Vie des Saints. — Casimir Oudin, Commentar. de Scriptor. eccles., t. II, col. 1484. — D. Martenne, Thesaur. Anecdot., t, I. p. 309, 343. — Baluze, Miscellan., t. IV, p. 224. — Frabicius, Bibl. lat., lib. VIII, p. 853.

[18] Introd. ad Theolog., t. I, p. 1017.

[19] Bibl. de la ville de Troyes, manuscrit inscrit sous le n° 780.

[20] Annal. Benedict., t. 6, p. 343, an. 1441 et Jourdain, Rech. crit. sur les traductions d’Aristote (Note de M. H. Omont).

[21] Annal. Benedict., t. 9, p. 24. C'est cette Biblia sacra, en 4 vol. in-f°, écrite en 1109, par les soins d'Etienne Harding, dont il est question dans les Mélanges de Pierre Taisant (84 vol.).

[22] Thesaur. Anecdot., col. 4252. Statut. cap. général., an 1198.

[23] Voir Bibl. de Dijon, le mss. du Corpus poetarum (Note de M. H. Omont).

[24] Thesaur. Anecdot., t. IV., col. 1294.

[25] Thesaur. Anecdot., t. IV., col. 1683.

[26] Petri Venerab., lib. IV, Ep. 29.

[27] Biblioth. nation., lat., 18282. V. M. L. Delisle, Cab. des Man., t. II, p. 386.

[28] L. Delisle, Cab. des manus., t. II, p. 386.

[29] Scriptores rerum Franciarum, t. IV.

[30] Thes. Anecdot., t. III.

[31] Sous le n° 637.

[32] V. Devisch, Bibl. cist. — Gall. Christ. – Sandon, Bibl. Belg., p. 485.

[33] Chifflet, Hist. de Tournus, Dijon, 1664. — Juenin, Nouv. Hist. de Tournus, Dijon, De Fay, 1733.

[34] Paris, Henri Estienne, 1517. V. Autun chrétien, p. 34.

[35] Bibl. de Troyes, n° 392 des manusc. — Beau vélin de 468 fol. à deux colonnes, avec initiales coloriées.

[36] N° 970. — Publié par Bernard Tissier, Bibl. Patrum Cisterciensium, t. III, p. 95 et suiv.

[37] N° 1301. — Publié par Bernard Tissier, Bibl. Patrum Cisterciensium, t. II, p. 73 et suiv.

[38] Spicilegium, p. 610.

[39] Il y avait un très grand mouvement littéraire à Poitiers, au Xe siècle ; V. L. Delisle, notice sur 20 manuscrits du Vatican. (Note de M. H. Omont).

[40] Bibl. Clun., col. 607.

[41] Bibl. Clun., col. 607.

[42] Petri Vener. carmina.

[43] Fonds latin, n° 3550 et 13775.

[44] N° 39, 142, 235, 281.

[45] Ce personnage était, sans doute, prévôt d'Asquins, pour les moines de Vézelay.

[46] Voir la note sur le recueil intitulé de Miraculis sancti Jacobi, par M. Léopold Delisle, p. 9. — Nous croyons qu'il faut lire Ycani dans le manuscrit 3550 de la Bibl. nat., bien que les copies diverses portent des variantes, comme Yscaini (Bibl. nat., lat. 43775), et Escani, dans le texte publié par Mariana (Tractatus VII, colon. 4609, in-f°., p. 23), d'après un manuscrit de Saragosse. Escani doit être la meilleure lecture, et il s'agit bien d'Asquin, près Vézelay.

[47] Bibl. nat., lat. 3550, fol. 63, — et n° 13775, fol. 31.

[48] Bibl. nat., lat. 3550, fol. 35, 36, 37.

[49] Bibl. nat., lat. 3550, fol. 39, 40.

[50] Bibl. nat., lat. 3550, fol. 49.

[51] Bibl. nat., lat. 3550, fol. 51.

[52] Bibl. nat., lat. 3550, fol. 56.

[53] Bibl. nat., fol. 64 et suiv. Probablement Guibert de Châtel-Censoir.

[54] Un miracle opéré en 4439 par un pèlerin de Vézelay vir quidam nomine Brunus de Vizeliaco villa Sancte Marie Magdalene, (Vergy ou Vergigny près Vézelay), est en effet rapporté dans ce livre (Bibl. nat., lat. 3550, fol. 63).

[55] Dans une lettre du Pape Innocent, portant approbation de ce recueil, l'évêque d'Ostie, ancien abbé de Vézelay, met également son appréciation. (Bibl. nat. Manus, lat. 3S80, fol. 447. — V. M. Delisle, de Miraculis sancti Jacobi, p. 9.

[56] Bibl. nat. Fonds latin, 3550, fol. II V à 43 v°. — Et n° 13775, fol. 1 et 2. La version du n° 3550 parait la plus ancienne.

[57] Le grand et curieux travail que prépare M. Ulysse Robert sur Calixte II, en faisant connaître les bulles nombreuses de ce Pontife, fournira de nouveaux documents qui pourront nous fixer sur la réalité des actes qui doivent lui être attribués. Remarquons que le manuscrit n° 7215 du fonds français de la bibliothèque nationale comprend une relation des miracles de saint Jacques, traduits du latin, en 4212, par un nommé Pierre, pour la comtesse Yolande (de Saint-Pol, sœur de Baudouin de Hainaut), et commençant ainsi : « Ci comence li prologues Monseigneur S. Jaque que Calixte uns appostoles de Rome de bone mors et de sainte vie tracta en latin... » V. Paulin Paris, Les Manuscrits français de la bibl. du roi, t. VI, pp. 393, 394.

[58] Analecta Divionensia, Chron. de Saint-Bénigne, introd., p. XXIII.

[59] Bibl. Clun., col. 1640 B.

[60] Histoire de l'abbaye de Cluny, p. 76.

[61] N° 277. Ce manuscrit du XIIe siècle a été en partie publié dans le t. I, pp. 739, 811 des manus. des Bibl. des départ.

[62] V. Ducs de Bourg., de M. de Laborde, t. I, introd., p. 65.

[63] Johannes XX, papa Extrav. con., lib. III.

[64] V. le travail de M. Duparay sur Pierre le Vénérable, dont nous avons déjà plusieurs fois parlé.

[65] Dictionnaire d'architecture, t. I, p. 279.

[66] Le Catalogue des manuscrits de la Bibl. de Dijon préparé par M. Omont et le Cat. des manuscrits des Bibl. de l'Yonne, par M. Augusta Molinier, sont actuellement sous presse, et nous fourniront d'autres détails.

[67] Thesaurus anecdotorum, t. I, Lebeuf, Etat des sciences depuis le roi Robert, 1741, p. 15.

[68] V. le Cabinet des manusc. de la Bibl., nat. de M. Delisle, 2 vol.

[69] Cabinet des manuscrits.

[70] N° 9518, fol. 252, v° et 11866, fol. 364 du fonds latin.

[71] N° 102, 10292, 10293, 11218, 11241, 11624, 12637, 13370 du même fonds latin.

[72] Publiée par nous dans le Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 1885.

[73] Cette lettre de Lebeuf au Président Bouhier est du 20 août 1736.

[74] Analecta Divionensia, Chron. de Saint-Bénigne, p. 198.

[75] Analecta Divionensia, Chron. de Saint-Bénigne, introd., p. 4.

[76] Bibl. de Dijon, ms. 145, fol. 1 (M. H. Omont nous communique copie de cet intéressant document).

[77] Voir à la Bibl. nat. le fonds latin, n° 9869, p. 29 et la Coll. Bourg., t. CVIII, fol. 220.

[78] Le catalogue de Pierre Dumai, dit M. Delisle, a dû être imprimé en 1621 ; il y en a une copie dans le man. latin 17917, pp. 161-169 ; dans le vol. 619 du fonds Moreau, et à la Bibl. de Dijon, n° 221 du fonds Baudot. Le catalogue imprimé existe à la Bibl. nat., série Q. Voici son titre Bibliotheca Janiniana S. Benigni Divionensis auctore P. D. (Pierre Dumay), s. l. n. d, in-4° de 8 pp. à deux col. (Note de M. H. Omont).

[79] Bibl. de Dijon, n° 269.

[80] Bibl. de Dijon, n° 89.

[81] Bibl. de Dijon, n° 348.

[82] Bibl. de Dijon, n° 30, 48, 449.

[83] V. le Cabinet des manuscrits, de M. Delisle.

[84] Analecta Divionensia, introd. pp. 2 et 3.

[85] Analecta Divionensia, introd. de l'abbé Bougaud, pp. 3, 4.

[86] Cabinet des manuscrits de la Bibl. nat., t. II, p. 459. Inventaire des manuscrits de la Bibl. nat., Fonds de Cluny, 1884, in-8°, pp. 337, 373.

[87] Voir la note précédente.

[88] T. IV, col. 376, 379.

[89] Catalogue général des manuscrits des Bibl. publiques des départements, t. I, pp. 1, 40, Manuscrits d'Autun.

[90] Voir l'art. de M. Delisle, de la Gazette archéologique, 1884.

[91] Ce sont les numéros 23, 24, 27, 28, 29, 31, 33, 34, 35, 36, 38, 39, 40, 40bis, 40a, 40c, 45, 47, 53, 107, etc.

[92] Voir le Catal. général des man. des Bibl. publiques des départements, t. I. pp. 4, 40. — Manuscrits d'Autun.

[93] Autun chrétien, p. 34.

[94] Bibl. hist. de l'Yonne, t. I, p. 420.

[95] Bibl. hist. de l'Yonne, t. I, p. 394.

[96] Bulletin de la société des sciences hist. et nat. de l'Yonne, 1875, p. 332.

[97] V. Lebeuf, Hist. d'Auxerre, t. II, pp. 247, 251.

[98] Lebeuf, Histoire d'Auxerre, t. II, pp. 251, 288.

[99] Voir le Voyage littéraire de Dom Martene, t. I, p. 56. — Gallia Christ., t. XII, p. 364. — Bibl. nat., Fonds Latin, n° 13074, fol. 148. — M. Delisle, Cab. des manusc. de la Bibl. nat., t. II, pp. 405, 406.

[100] Bibl. de l'Ecole des Chartes, 5e série, t. III, p. 28.

[101] Fonds latins, n° 1745, 10940, 7584, 13071. Le n° 7584 porte à la dernière page en caractères carlovingiens : Hunc librum dedit Heliseus peccator archidiaconus monasterio sancti (le nom effacé) pro vita eterna. L'archidiacre Elisée figure dans l'obituaire de Saint-Étienne d'Auxerre.

[102] V. M. Delisle, Cab. des man., t. II, pp. 405, 406.

[103] Anecdotes de Legrand d'Aussy. — Cet intéressant petit inventaire est maintenant publié par les soins de M. H. Omont (Bibl. de l'Ecole des Chartes, 1884).

[104] D'Achery, Spicilège, t. III, p. 412. — Cartulaire de l'Yonne, t. I, pp. 192, 195.

[105] Histoire de Bourgogne, nouvelle édition, t. IV, p. 706.

[106] Courtépée, Histoire de Bourgogne, t. IV, p. 698. — Il est regrettable que les sources ne soient point indiquées dans cet ouvrage. V. aussi la Géographie historique du canton de Mirebeau (par M. Boudot, archiviste), p. 104, 105.

[107] Spicilège, t. II, anno 1123. — Chronique de Clarius.

[108] D'Achery, t. II, p. 774. — M. Quantin, Bulletin de l'Yonne, 1878, p. 363.

[109] Delandino, mss. de Lyon, t. I, p. 39.

[110] Notre Cartulaire de Cîteaux, t. I, fol. 22 v°. — Il existe à la bibliothèque de Dijon un bréviaire du XIe siècle que l'on dit être celui de saint Robert. Il serait bien curieux de savoir si ce livre est celui dont il est ici question.

[111] L'état des sciences depuis la mort du roy Robert, 1741, p. 18.

[112] Bibl. d'Auxerre, Grand cartulaire de Saint-Germain, fol. LXXIX, n° 1. — Édité : Cartulaire de l'Yonne, t. II, pp. 42, 44.

[113] Biblioth. nat., Fonds Moreau, t. XXXVII, fol. 241.

[114] Arch. Côte-d'Or, Cartulaire de Saint-Étienne. — Pérard, p. 83.

[115] Cet autographe est reproduit dans le Cartulaire de l'Yonne, t. I, p. 244.