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Dans
notre premier volume, nous avons hésité à donner une description du Duché de
Bourgogne, au moment de la conquête du roi Robert. Il y eut à cette époque de
tels remaniements dans l'ensemble de cette province, qu'une carte faite en
l'an 1000 serait toute différente d'une carte dressée trente ou quarante ans
plus tard. Notre hésitation portait principalement sur un point, qui faisait
encore doute dans notre esprit, et qui est devenu pour nous d'une certitude
absolue. AUXERRE ÉTAIT LA CAPITALE DU DUCHÉ DE
BOURGOGNE, aux IXe
et Xe siècles, et resta le centre du duché jusqu'à la conquête du roi Robert,
et sa prise de possession du comté de Dijon, en 1026. Ce fait
considérable, sur lequel tous les auteurs restent muets, et que nous énonçons
pour .la première fois, exige des explications. Les
ducs de Bourgogne bénéficiaires et héréditaires au IXe et au Xe siècle,
résidaient à Auxerre. C'est là que décédèrent plusieurs d'entre eux ; Richard
le Justicier y mourut, en 921 le duc Othon, fils de Hugues le Grand, y fut
enterré en 965 dans l'abbaye de Saint-Germain, et bien que le dernier de
cette lignée fût décédé à Pouilly-sur-Saône[1], en 1002, on ramena à Auxerre
sa dépouille mortelle pour lui donner la sépulture à côté de sa femme
Gerberge de Chalon, qui l'avait précédé dans la tombe. La plupart des fils de
ces ducs occupèrent les fonctions de l'épiscopat Auxerrois et d'abbés de Saint-Germain
; car cette illustre basilique était pour ces princes ce que V abbaye de Saint-Denis
était aux rois de France, ce que deviendra plus tard Saint- Bénigne de Dijon
à nos Ducs de la race Capétienne. Sous Charles le Chauve, Auxerre était déjà
la capitale du duché, et ce souverain y donna de nombreux diplômes. Il y
était en 867, lorsque son notaire Frotgaire expédia le titre de la donation
de la cella de Chablis, en faveur de Saint-Martin-de-Tours, se terminant par
ces mots : Actum in monasterio Sancti Germani AUTISSIODORENSIS
DUCATUS (2)[2]. Cette
découverte nous explique une foule de circonstances et de faits incompris
dans les précieux cartulaires de Saint-Germain d'Auxerre, où paraissent si souvent
les grands noms de la dynastie et de l'époque Carolingienne[3] ; elle donne la clef des
rapports inexpliqués entre les personnages des diverses provinces relevant de
l'Auxerrois[4]. On est
assuré, qu’Auxerre avait déjà cette importance avant la bataille livrée sur
son territoire, à Fontenoy en Puisaie, en 841, à la suite de laquelle les
enfants de Louis le Débonnaire se partagèrent les domaines de son vaste
empire[5]. Les monnaies Carolingiennes
témoignent aussi de cette importance, et les types frappés à Auxerre : AVTISIODOR.
CIVITAS, indiquent
cette suprématie sur d'autres localités bourguignonnes, comme Dijon : DIVIONI CASTRE, qui n'était alors qu'un cas
tram, assez considérable, il est vrai, et le chef-lieu d'un comté relevant de
l’évêché de Langres. La situation prépondérante que prit ensuite Dijon
pendant l'occupation de ses ducs, depuis le XIe jusqu'au XVe siècle, a fait
perdre de vue l'état antérieur de nos provinces, alors que les documents
écrits faisaient absolument défaut. On comprend tout d'abord pourquoi, après
la mort de Henri le Grand, le roi Robert entrant en campagne, en 1003,
traversa la Bourgogne Senonaise sans s'y arrêter, pour venir immédiatement
assiéger Auxerre, qui était la capitale du duché en litige, le centre
géographique de cette Burgundiæ Celticæ[6] ou de cette Burgundiæ
Inferioris[7], qui comprenait les comtés
d'Auxerre, de Nevers[8], d'Autun, de Chalon, de Mâcon,
de Langres, de Troyes[9], de Sens[10], et nombre de comtés qui
paraissent moins importants, comme ceux de Dijon, de Tonnerre[11], de Beaune, de Brienne[12], de Joigny[13], de Bar-sur-Seine, du Bassigny,
d’Avallon, d’Auxois, du Duesmois, du Brionnais, etc. Nous avons pu retrouver
les titulaires de quelques-uns de ces comtés, la rareté des documents ne
permet pas d'en retrouver beaucoup d'autres. Ces
divers comtés étaient renfermés dans les circonscriptions ecclésiastiques des
diocèses d'Auxerre, de Nevers, d’Autun, de Chalon, de Mâcon, de Langres, de
Troyes et de l’archidiaconé de Sens. Montereau-Fault-Yonne était le point
extrême du duché, du côté de la Francia, et ce fait nous explique
comment, en 1015, Renaud, comte de Sens, voulant lutter avantageusement
contre l'armée royale, intéressait Eudes, comte de Chartres, et lui laissait
construire un château-fort au con fluent de la Seine et de l'Yonne, pour
occuper cette situation, qui était la clef d. la Bourgogne, du côté de la Francia. Dans
les chapitres servant d'introduction au premier volume des DUCS DE LA RACE
CAPÉTIENNE, on a
raconté les faits qui se rattachent à la conquête de la Bourgogne par le roi
Robert ; nous avons diverses considérations nouvelles à présenter, qui
modifient notablement l'ordre chronologique de certains événements, et
doivent apporter quelque lumière dans le débat relatif à cette époque encore
peu connue de notre histoire[14]. Nous
nous trompions, comme tous les historiens, en supposant qu'Henri Ier, roi de
France, avait porté le titre de duc de Bourgogne dès 1015, alors que son frère
aîné n'avait aucune qualité. On peut même affirmer qu'Henri ne porta jamais
ce titre du vivant de son frère. Voici
un premier point à établir et à prouver : HENRI IER, ROI DE
FRANCE, N'EUT LE TITRE DE DUC DE BOURGOGNE QUE PENDANT MOINS DE DIXHUIT MOIS,
ENTRE LA PÉRIODE QUI SUIVIT LA MORT DE SON FRÈRE AINÉ HUGUES, DÉCÉDÉ LE 17
SEPTEMBRE 1025, JUSQU'AU 14 MAI 1027, DATE DE SON PROPRE, COURONNEMENT ET DE
SON ASSOCIATION AU TRÔNE. Il est
indéniable qu'à dater de son sacre, le jour de la Pentecôte 1027, Henri Ier
ne porta jamais le titre de duc. Il est également certain qu'avant 1025, on
ne trouve nulle part cette qualité, qu'on n'eût pas manqué d'insérer dans les
diplômes où il paraît. Ainsi dans la charte du 24 février 1019, donnée à
Sens, on met seulement : Signum Rotberti regis. S. Henrici. S.
Rotberti. Dans le diplôme donné à Autun, la même année, on lit Rotbertus
gratia Dei Rex Francorum firmator extitit, filius que Enricus. Quand le
roi Robert paraît avec la reine Constance et ses quatre fils dans le diplôme
donné à Orléans, du 28 décembre 1022 au 1er mars 1023, Henri y figure encore
sans désignation. Les
seules pièces dans lesquelles Henri soit cité comme duc sont comprises dans
les limites du 17 septembre 1025 ait 14 mai 1027, et ces pièces ne sont pas
nombreuses, puisqu'on n'en connaît que trois. C'est 1°
un instrument de 1026[15], donnée Compiègne et portant :
S. Roberti Régis. S. Constantie regine. S. Henrici Ducis. S. Roberti. S.
Odonis. 2° Un
acte donné à Reims, peu avant le sacre du roi Henri, c'est-à-dire avant le 14
mai 1027, en faveur de l'abbaye de N.-D. de Losne[16]. Robert fait concession de
cette abbaye à V église Saint-Vincent de Chalon, à la demande d'Henri, duc
illustre de la Bourgogne celtique et de Hugues, comte de Chalon et évêque d’Auxerre,
... Heinricus, filius meus, inclitus Celtice Burgundie dux, et Hugo
Cabilonensis comes et Autissiodorensium pontifex, adeuntes genua serenitatis
nostre. 3° Le
diplôme donné à Dijon en faveur de l'abbaye de Saint-Bénigne, lors de la
prise de possession du comté de Dijon par le roi Robert et sa famille, et
faussement daté de l'an 1015 par tous les auteurs. Le scribe qui plus tara
antidatait maladroitement cette pièce capitale ne se doutait guère des
erreurs historiques qu'il devait faire commettre. Ce diplôme est pour nous
une preuve manifeste de l'étrange légèreté avec laquelle on datait parfois
les actes de l'époque, et de la singulière con fusion qui peut en résulter
pour la chronologie des événements. La
pièce a été reproduite par nous, par D. Bouquet[17], Fyot[18], Duchesne[19], d'après le cartulaire de
Saint-Bénigne, mais non conformément à l'original que nous n'avions pas vu,
mais qui a été relié par les soins de l'archiviste M. Garnier, dam un recueil
factice de diplômes relatifs à Saint-Bénigne[20]. L'authenticité de l'original
est incontestable. Il est admirablement conservé, lisible dans toutes ses
parties, et revêtu d'un sceau plaqué, dont la cire n'a pas tout à fait
disparu. Il ne peut donner prise à aucune critique paléo graphique ou
diplomatique[21]. Mais si le texte du corps de
la pièce est conforme à celle qui est connue, si la date de l'original est
identique à celle qui est publiée, disons bien vite que la fin offre des
variantes, des noms de témoins importants omis dans les versions éditées. Si le
diplôme est d'une authenticité incontestable[22], la date est manifestement
erronée, puisque Lambert de Vignory, évêque de Langres, qui paraît dans
l'acte, n'était pas encore nommé en 1015[23], puisque Béraud de Bar-sur-Aube
ne fut évêque de Soissons qu'en 1019[24], puisque Baudouin, chancelier
du roi Robert qui approuve l'acte ne succède à Francon qu'en 1018[25]. Ces raisons suffisent[26]. Nous sommes en présence d'un
document donné après coup, qui ratifiait la confirmation donnée par le roi
Robert aux religieux de Saint-Bénigne, lors de sa prise de possession du
comté de Dijon, et lors d'un précédent voyage de la famille royale en Bourgogne.
L'erreur de date est même une nouvelle preuve que notre diplôme ne fait que
reproduire une confirmation antérieure, sans quoi le scribe ne se serait pas
trompé. D'ailleurs le chancelier Baudouin termine en disant recognovi et
laudavi. Il reconnaît les conventions arrêtées dans un acte antérieur. Il y a
un fait plus grave dont on est frappé. Voici toute la famille royale réunie
solennellement à Dijon, le roi Robert, la renie Constance, ses fils ; mais il
y en a un qui ne paraît pas le fils aîné Hugues, l'héritier du trône. Il n'y
a pas de doute, les faits sont postérieurs à la mort de Hugues, décédé le 17
septembre 1025. Les
deux points principaux restent à déterminer : 1° A
quelle date le diplôme donné par le roi et sa famille a-t-il été fait et
scellé ? 2°
Quelle est la date des évènements qu'il relate, savoir de la prise de
possession du comté de Dijon, de la confirmation des privilèges de
Saint-Bénigne et de la première arrivée de la famille royale à Dijon. La
première question qui paraît la plus délicate à résoudre n’offre cependant
aucune difficulté. L'acte est scellé par le roi Robert, donc il fut fait de
son vivant, par suite avant le 20 juillet 1031. Puis parmi les témoins cités
dans l'original et inconnus dans les versions imprimées jusqu'ici, se trouve
un personnage dont la désignation nous éclaire singulièrement : S.
Vuilelmi tunc temporis jam fati cœnobii abbatis. Ce tunc temporis
est une révélation, et signifie que l'abbé Guillaume qui assistait à la
première confirmation royale, n'assistait pas à la seconde et devait être
décédé. L'abbé Guillaume mourut le 1er janvier 1031. Notre diplôme fut donc
fait entre le 1er janvier 1031 et le 20 juillet de la même année. L'étude
des diplômes et des sources permet encore de resserrer ces dates. Le 23
septembre 1030, la famille royale était déjà à Argilly, dans le Dijonnais. Le
roi confirmait l'abbaye de Saint-Hippolyte, de Beaune, dans la jouissance de
ses possessions, d'accord avec la reine Constance et leur fils Henri[27]. Ils séjournèrent en Bourgogne
le reste de l'année 1030, car, les premiers jours de janvier 1031 le roi
était encore au siège de Mirebeau, et c'est là qu'il reçut de Fécamp un
courrier lui apportant la nouvelle de la mort de l'abbé Guillaume décédé le
vendredi matin, 1er jour de janvier. Au
retour de ce siège, en janvier 1031, le roi signe le diplôme avec la reine,
qui était sans doute revenue d'Argilly à Dijon, pendant qu'il guerroyait dans
la Province. A la fin du même mois de janvier, la famille royale avait quitté
la Bourgogne, car le roi paraît le 4 février 1031 à Poissy, confirmant une
donation aux chanoines de Notre-Dame de Chartres[28]. C'est
donc en janvier 1031 que le présent diplôme a été écrit et scellé. Abordons
maintenant le second point. La
désignation du prince Henri : Heinrico tunc duce, donne lieu à la
même remarque que pour l'abbé Guillaume. Les événements relatés dans l'acte
avaient eu lieu lorsque Henri était encore duc, mais il ne l'était plus au
moment de la passation de l'acte et depuis qu'il était associé au trône. Les
faits sont donc antérieurs au 14 mai 1027. L'absence de Hugues, comme on l'a
déjà dit, nous reporte après le 17 septembre 1025. La
Chronique de Saint-Bénigne nous vient également en aide. On y trouve rapporté
le présent diplôme avec la même date de 1015[29], et immédiatement à la suite :
... Eo tempore mortuus est Otto qui et Wilelmus dictus est cornes, anno
videlicet MXXVII ([30], et in hoc sancti Benigni
monasterio sepultus.
Il semble que le rédacteur qui terminait en 1052 la première partie de sa
précieuse chronique, qui connaissait parfaitement les faits et les
personnages de l’époque, ait voulu, malgré la date de la pièce, rapprocher
les faits qu'il énonce de la mort du comte Othe Guillaume, qui eut lieu le 23
août 1026. Il
était d'ailleurs rationnel de penser que le roi Robert ne prit possession du
comté de Dijon qu'après la mort et Othe Guillaume, qui en avait reçu la
jouissance sa vie durant, par suite d'arrangements dont le texte ne nous est
pas connu. Cette manière de voir est encore corroborée par la présence
d'Otte, comte de Mâcon, fils d’Otte-Guillaume, qui paraît seul dans ce
diplôme. Ces
remarques n'avaient pas échappé à Jacques Viguier qui dit[31] : « Il n'existe aucun acte
authentique de la cession du comté de Dijon on ne sait si ce fut une
donation, un échange ou une vente, mais nous pensons qu'elle fut faite vers
1028. » Une
autre observation. Après la formule l’acte commence ainsi : Cum regni
nostri frueremur quieta pace. Le roi Robert ne pouvait dire cela qu'après
le concile d’Héry, dans lequel furent arrêtées les conventions de paix avec
les grands feudataires du duché. Or, nous avons établi, pour la première
fois, que ce fameux concile, magnus conventus, comme l'appelle
Clarius, avait été tenu, non en 1015, ainsi que le veulent la plupart des
historiens[32], mais au commencement de 1024,
de janvier à mars ; que le bourg d’Héry, sis sur les frontières des diocèses d’Auxerre,
de Sens et de Troyes, avait été choisi par l’évêque Hugues de Chalon, à cause
de l'incendie d'Auxerre arrivée en 1023[33], où il y a apparence qu'on
avait le projet d'organiser cette réunion. Pour
ces multiples raisons, on peut avancer que la prise de possession du comté de
Dijon et la confirmation des privilèges de Saint- Bénigne eurent lieu en
1026, la seule date qui permette de grouper les 21 personnages cités dans le
diplôme de janvier 1031[34]. Ces
dates nouvelles, en déplaçant l'axe chronologique des faits relatifs à la
Bourgogne sous le roi Robert, servent merveilleusement à nous éclairer sur la
dernière partie de son règne, rendue si obscure par les récits énigmatiques
des chroniqueurs, à nous expliquer les discordes de la famille royale et les
revendications de la reine Constance en faveur de son fils Robert. Mais ce
n'est pas tout. Ce diplôme, mal daté, nous en apprend davantage que s'il
avait été correctement établi. Le scribe avait assurément des raisons
d'adopter l'année 1013. C'est cette année même que Robert avait dû assiéger
la ville de Dijon, dé fendue par Humbert de Mailly[35], et peut-être y avait-il donné
un diplôme que nous ne connaissons pas, comme il avait fait au siège
d'Avallon, en 1005, seul document qui nous révèle ce dernier événement. Le
scribe n'avait fait que prendre la date du règne et de l'année, qui se
trouvait concorder avec l'indiction et l’épacte, et voulant faire honneur au
roi d'une prise de possession antérieure dont il reculait la date, il
confondait ainsi volontairement l'arrivée de Robert à Dijon, en 1015, avec
l'entrée de la famille royale, en 1026. Ce
système rend moins exorbitantes les prétentions de la reine Constance et les
revendications des fils du roi. Tant que l'aîné, Hugues, fut associé au
trône, et jusqu'en 1025, il ne fut rien réclamé. Lorsqu'il mourut et que le
second fils, Henri, fut investi du titre de duc de Bourgogne, la reine,
estimant qu'on ne pouvait en même temps l'associer au trône, demandait cet
honneur pour Robert. Quand la couronne fut dévolue à Henri, en mai 1027, son
frère Robert, alors dans sa vingtième année, pouvait prétendre avec quelque
raison au duché de Bourgogne ; puis, voyant qu'il n'avait rien de l'héritage
paternel, il se révolta, s'empara de Beaune, d'Avallon, vers 1028 au 1029.
Cette révolte nécessita l'intervention du roi, qui vint ensuite en armes en
Bourgogne. Qu'on relise Glaber, qu'on consulte les sources, on y puisera les
renseignements qui appuient ces assertions et pourront peut-être donner lieu
à de nouveaux aperçus. Voici
en résumé, selon nous, les dates principales sur lesquelles on devrait être
fixé pour les faits de notre histoire bourguignonne, au commencement du XIe
siècle. 1003. —
Le roi Robert assiège Auxerre ravages en Bourgogne. 1005,
25 août. — Siège d'Avallon ; ravages en Bourgogne. 1010. —
Voyage du roi à Rome. 1015,
22 août. — Prise de Sens. 1015,
fin de l'année et commencement de 1016. — Siège de Dijon ; ravages en
Bourgogne, jusqu'à la Saône. 1017, 9
juin. —Sacre, à Reims, de Hugues, âgé de onze ans. 1019. —
Voyage du roi en Bourgogne, le 24 février à Sens, le 27 février à Autun. 1024,
avant fin mars. — Grand concile d’Héry, où la paix générale est rétablie. 1025,
17 septembre. — Mort de Hugues, fils aîné du roi. Puis Henri est nommé duc de
Bourgogne. 1026,
23 août. — Mort du comte Otte Guillaume. 1026. —
Prise de possession du comté de Dijon. La famille royale assiste à la
confirmation des privilèges accordés à Saint-Bénigne. 1027,
14 mai. — Henri, couronné roi de France et associé au trône. 1028 ou
1029. — Robert, fils du roi, soulève la Bourgogne. Il s'empare d'Avallon, de
Beaune. 1030,
23 août. — Mort de Lambert de Vignory, évêque de Langres. Il est remplacé par
son neveu Richard[36]. 1030,
23 septembre. — Toute la famille royale est à Argilly, sauf le jeune Robert,
qui n'avait peut-être pas encore fait la paix avec son père. Richard, nouvel évêque
de Langres, y est également. La famille royale séjourne en Bourgogne jusqu'en
janvier 1031. 1031,
1er janvier. — Mort de Guillaume, abbé de Saint-Bénigne. — Le roi Robert est
au siège de Mirebeau. 1031,
janvier — La famille royale assiste, à Dijon, à la ratification des
privilèges accordés à Saint Bénigne. Le jeune Robert, qui avait fait la paix
avec son père, y assiste également. 1031, 4
février. — Le roi est à Poissy. 1031, 20 juillet. — Mort du roi Robert. |
[1]
Et non à Pouilly-sur-Loire, comme le prote nous le fait dire dans notre premier
volume.
[2]
L'abbé Lebeuf, Histoire d'Auxerre, nouv. édit.,t. III, p. 38, qui cite
ce passage, ajoute : « Je ne prétends point que cela soit suffisant pour donner
au pays d'Auxerrois le nom de duché. Cela marque seulement que c'était un
territoire d'importance. » Lebeuf n'a pas vu qu'il ne s'agissait pas du duché
de l'Auxerrois, mais du duché de Bourgogne, comme on a dit quelquefois Ducatus
Divionis, ou comme on le trouve dans des chartes de ce présent volume, Dux
Divionis.
[3]
Une étude approfondie des monuments et des manuscrits de Saint-Germain
offrirait de nombreux aperçus historiques aux rares érudits que préoccupent les
annales de ces temps reculés. Il y a beaucoup à en tirer pour les faits
généraux de la race royale, et nous y reviendrons dans un travail spécial.
[4]
On n'est plus surpris de voir, par exemple, Autbert, comte d'Avallon, au IXe
siècle, être enterré à Auxerre, où résidait son frère Hugues l'abbé ; de voir
un vicomte d'Auxerre s'emparer, en 924, d'un château dans la Haute-Bourgogne, à
Mont-Saint-Jean. Il faut envisager les événements sous un jour nouveau c'est
d'Auxerre que part le mouvement, comme il partira plus tard de Dijon.
[5]
V. d'Arbois de Jubainville, Hist. de Champagne, t. I, pp. 48, 49.
[6]
Voir Charte de 1043.
[7]
Voir Charte de 1054.
[8]
Nevers est situé à l'extrémité de la Bourgogne (Orig. des comtes de Nevers,
dans D. Bouquet, t. X, p. 258 B.). Decize est en Bourgogne, in Burgundia
(Miracula sancti Benedicti, Ed. de Certain, p. 257.)
[9]
Voir l'hommage rendu par le comte de Troyes au duc de Bourgogne, en 1143,
Pérard, p. 227. Les chroniques antérieures placent Troyes en Bourgogne, et
notamment Aimoin de Fleury, vers l'an 1000 (Miracula sancti Benedicti.
Ed. de Certain, pp. 448, 459). André, continuateur d'Aimoin, raconte qu'un serf
de Fleury réfugié en Bourgogne fut jugé par le comte de Troyes, (idem, p. 249).
Au XIIIe siècle, Troyes n'avait pas cessé d'être une ville Bourguignonne. La Chanson
de geste, de Raoul de Cambrai (Edit. de M. Longnon, p. 260) dit :
B. chevauche et
Savari li bers
A. gransjornées
issirent del regné,
France
trespassent et Brie par dalés ;
Par endroit Sens
sont en Borgoingne entrés.
. . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Le fabliau du trouvère Jean-le-Galois, d'Aubepierre,
intitulé : Bourse pleine de Sens, donne aussi ces deux vers :
Li borgois
devoit à la foire
Aler Troies en
Bourgoingne.
(Assier, ce que l'on apprenait aux foires de Troyes,
p. 17, A. Longnon, Livre des Vassaux, introd., p. 39).
[10]
Les ducs de l'époque carolingienne étaient comtes de Sens et plusieurs furent
abbés de Sainte-Colombe de cette ville (M. Quantin. Cartul. de l'Yonne,
introd., p. XXIX
et p. 163). Au Xe siècle, ils instituèrent des comtes héréditaires. (Id.,
introd., p. XXIX
et p. 163.) D'autres y furent enterrés, comme Richard le justicier, qui était
duc de Bourgogne et abbé de Sainte-Colombe.
[11]
Dijon et Tonnerre relevaient des évêques et comtes de Langres.
[12]
Richer rapporte (t. II, pp. 100, 101), que Louis d'Outremer assiégea en
Bourgogne le château de Brienne occupé par des brigands. Une bulle de 878,
émanée du pape Jean VIII, met l'abbaye de Montiéramey, sise in territorio
Tricassino, dans le royaume des Burgondes (Bibl. de l'Ecole des Chartes,
3e série, v. 281 ; d'Arbois de Jubainville, Hist. des ducs et comtes de
Champagne, t. I, p. 19.)
[13]
Joigny dépendait de Sens (Raoul Glaber, dans D. Bouquet, t. X, p. 22 E).
Provins relevait aussi de Sens, Castro Provigno ortum quod est in territorio
Senonico. (Recueil des histor. de France, t. XI, p. 478 A.)
[14]
Une Etude sur le règne de Robert le Pieux, par M. Pfister, vient de
paraître. Ce travail important et consciencieux ne nous apporte malheureusement
aucun document nouveau sur la Bourgogne. Il est des points sur lesquels nous
sommes parfaitement d'accord, d'autres sur lesquels il faut donner raison à M.
Pfister, et adopter plusieurs de ses dates. La mort du comte Othe-Guillaume que
je porte au 24 septembre 1027 (notre t. I, p. 110), d'après la Chronique de
Saint-Bénigne, est plutôt du 23 août 1026 (Pfister, p. 267) la translation des
reliques de Saint-Savinien, à Sens, que je porte au 25 août 1030 (t. I, p.
114), est fixée par M. Pfister (p. 268) au 23 août 1028 le mariage de Robert
avec Constance, fille de Guillaume Ier, comte d'Arles, et de Blanche ou Adélaïde,
fille de Foulques-le-Bon, sœur de Geoffroi Grisegonelle, eut lieu avant le 25
août 1003 (Pfister, chapitre II, p. 41 et suiv.) nous l'indiquions à l'an 1
004. Il est des points pour lesquels je maintiendrais mes allégations, comme
pour la naissance des fils du roi. M. Pfister, qui recule d'un an le mariage de
Robert, fait naitre Hugues l'ainé, en 1007 seulement, s'appuyant sur Raoul
Glaber, qui donne dix ans environ à ce prince, lors de son sacre, en 1047, erat
puer ferme decennis, et environ dix-huit ans, en 1025, époque de sa mort
(V. son chap. m, p. 70 et suiv.). C'est prendre trop à la lettre cet à peu près
d'un chroniqueur que l'on trouve plus d'une fois en flagrant délit
d'inexactitude. Il ne faut pas perdre de vue que le 47 mai 1008, au concile de
Chelles, Robert scelle un diplôme cum conjuge ac filiis nostris. (D.
Bouquet, t. X, p. 591 E). Il est permis de croire que ses trois fils aines
avaient vu le jour, et notamment Robert Ier, notre premier duc de Bourgogne,
qui est qualifié de Vetulus, en 4076, date de sa mort. J'ai supposé, et
je crois toujours que Hugues est né au plus tard, en 1006, Henri en 1007,
Robert fin de 1007 ou commencement de 1008, et encore faut-il admettre que
Constance est restée sans enfants les deux ou trois premières années de son
mariage, ce qui n'est pas impossible. Il est enfin des points sur lesquels nous
nous sommes tous deux trompés nous en dirons quelques mots dans cette
introduction.
[15]
C'est à bon droit que le Recueil des historiens de France, t. X, p. 611,
adopte cette date pour un diplôme où Hugues, fils aîné du roi, décédé en 1025,
ne parait pas. C'est à tort que M. Pfister lui assigne une date antérieure dans
son catalogue.
[16]
Gallia Christ., t. IV, Instr. coll. 228 ; D. Bouquet, t. X, p. 612.
[17]
Recueil des Hist. de France, t. X, p. 596-597.
[18]
Hist. de Saint- Etienne de Dijon, preuves n° 40.
[19]
Hist. de la maison de Vergy, pr. p. 59.
[20]
Arch. de la Côte-d'Or, série H, n° 14.
[21]
Tel est l'avis de mon excellent ami, le savant archiviste Garnier, et aussi de
M. d'Arbois de Jubainville, de l'Institut. Tous deux considèrent même ce
document comme supérieur au point de vue diplomatique à celui qui a été
reproduit dans l'Album des archives départementales. Nous voulions le faire
reproduire, mais ses dimensions, 500 mil. sur 410 ont fait reculer le
photographe.
[22]
Nous insistons sur l'authenticité du document, qui a été déclaré faux par ceux
qui n'avaient pas vu l'original. Parmi les raisons alléguées par M. Pfister
(introd., p. 75), Hugues de Chalon n'aurait pas été, selon lui, avoué de
Saint-Bénigne. Citons un passage de la Chronique de ce monastère : ... Supramemoratus
Hugo. Episcopus Autissiodorensis et comes Cabillonum protector et advocatus
hujus loci, dedit sancto Benigno sciphum aureum pondo v librarum. (Analecta
Divion., p. 484.)
[23]
Brunon de Rouci, prédécesseur de Lambert, ne mourut que le 31 janvier 1016,
sinon 1017 (nouv. st.). Nous avions éprouvé un certain embarras en présence de
ce diplôme (voir notre t. I, pp. 88 et suiv.), et nous avions été forcé
d'admettre, malgré la Chronique de Saint-Bénigne, que Brunon était décédé en
1015, puisque son successeur Lambert figurait ici. La chronique a raison, c'est
le diplôme qui n'est pas à sa date.
[24]
Voir le Gallia Christ., t. IX, coll. 247, 248. Béraud, qui était de la
famille de Nocher, comte de Bar-sur-Aube ; fut évêque de Soissons de 1019 à
1052. Avant lui on trouve Déodat, qui succédait à Foulques or, ce dernier
assistait au sacre de Hugues, à Compiègne, le jour de la Pentecôte 1017. Béraud
ne peut donc être cité comme évêque de Soissons en 1015.
[25]
On ne sait au juste si Baudouin commença ses fonctions en 1018 ou 1019. M.
Pfister qui a étudié la question dit : « A partir de 1019, les diplômes sont
expédiés au nom de Baudouin, qui survécut au roi Robert et demeura chancelier
pendant tout le règne de Henri Ier. » (Etude sur Robert-le-Pieu,
introd., p. XXXII.)
[26]
Il faut rectifier dans le Gallia Christ. toutes les indications de
personnages paraissant dans ce diplôme de 1015. Geoffroi, qui est cité ici,
n'était pas encore évêque 4e Chalon à ce moment. (V. Gall. Christ., IV,
col. 882, 883.) Il faut rectifier aussi ce qui est relatif à Azelin, évêque de
Laon (Id., t. IX, pp. 521-523). Une étude sur chacun des témoins qui mettent
leur signum à cette pièce prouve notamment pour certains archidiacres
l'impossibilité de leur présence en 1015. Nous croyons inutile de donner ce
travail.
[27]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Saint-Bénigne, carton 2.
[28]
Orig. Arch. d'Eure-et-Loir, F. du chapitre ; Duchesne, Maison de Montmorency,
pr. 16 ; D. Bouquet, t. X, p. 625 ; Cartul. de N.-D. de Chartres, t. I, p. 187
; Pfister, Etude sur Robert-le-Pieux, n° 89 du cartul.
[29]
Analecta Divion., pp. 179-481.
[30]
Otte-Guillaume était décédé le 23 août 1026. Il faut rectifier cette date que
dans notre t. Ier, nous mettions à l'an 1027, sur la foi de ce passage, qui est
contredit ailleurs dans la même chronique (Analecta divion., p. 498)
lorsqu'elle dit : Actum est hoc anno 1026, post mortem Wilelmi comitis
qui ipso anno obiit. La mort eut lieu XI Kal. octob. (Montfaucon,
Bibl. mss., 11, 1163.)
[31]
Chroniques de l'évêché de Langres, Ed. Jolibois, p. 112.
[32]
Ici, nous sommes d'accord avec M. Pfister.
[33]
Ex vita Episc. Autissiod., D. Bouquet, t. X, p. 233 C.
[34]
Le scribe aurait pu mettre pour l'évoque Lambert qui n'existait plus en 1031, tunc
Episcopi ; il donne à Renaud le titre de comte de Nevers qu'il avait en 1031,
qu'il n'avait peut-être pas en 1026, puisque Landry père ne mourut qu'en 1028,
le 11 mai.
[35]
Ceci donne parfaitement raison à M. Pfister, p. 262, qui place ces événements
en 1015, et les fait suivre de la campagne dans le Sénonais.
[36]
Voir à l'appendice ce que nous disons de l'origine des sires de Vignory.