Premières années du
règne de Hugues II, dit Borel. — Concile de Troyes. — Siège de Nogent. — Le
Duc à Avallon. — Fondation des abbayes de Reigny, d'Ogny. — Itinéraire du
pape Pascal II en Bourgogne, à Cluny, à Dijon, à Bèze, à Langres, à Avallon,
à la Charité. — Dédicace des églises de ces villes. — Le Duc fait campagne en
Normandie. — Mort de saint Hugues, abbé de Cluny ; de saint Robert, abbé de
Molème et fondateur de Cîteaux, de Robert de Bourgogne, évêque de Langres ;
de Jarenton, abbé de Saint-Bénigne de Narjod de Toucy, évêque d'Autun. —
Vacance de l'évêché d'Autun, dont Lambert de Vignory fut élu titulaire et non
reconnu. — Discussions entre l'évêque d'Autun et le Duc. — Savaric de Donzy,
sire de Vergy et comte de Chalon-sur-Saône.
Comme
tous les Ducs qui l'avaient précédé, Hugues II était fort jeune quand il prit
possession du Duché, dont il avait d'ailleurs été investi par son père
partant en Terre-Sainte, sous la direction et les conseils des principaux
nobles de la province. Il est certain qu'il avait alors dépassé la majorité
féodale, c'est-à-dire sa quatorzième année, mais il ne devait pas encore
avoir vingt ans. On ne doit pas s'éloigner de la vérité en lui donnant
dix-huit ans en 1102, si l'on tient compte de la qualification de juvenis
qui lui est donnée encore les années suivantes[1]. Il est
plusieurs fois cité avec le surnom de Bord, qui fut donné à son père, et qui,
pour les mêmes raisons sans doute, était dû à la couleur rousse de ses
cheveux. Son
premier soin fut de se rendre à l'abbaye de Saint-Bénigne avec son frère
Henri et toute sa cour, et d'ordonner des prières pour l'âme du Duc défunt.
Les religieux qui ne manquaient pas ces occasions de prise de possession pour
se faire rendre justice et obtenir les faveurs du prince, se plaignirent des
mauvais traitements que les officiers faisaient subir à leurs hommes de
Plombières, et des violences commises à leur égard sous les Ducs et
principalement sous le règne d'Eudes 1er. Ces mauvais traitements avaient
continué après le départ de ce dernier en croisade, à tel point qu'un certain
nombre d'habitants avaient été obligés de quitter le pays pour s'en
affranchir[2]. Hugues déclara aux religieux
de Saint-Bénigne et à leur abbé Jarenton, qu'il les déchargeait eux et leurs
hommes de Plombières de toutes les taxes, redevances et coutumes exigées par
le passé, savoir, des droits de parcours perçus sur les bêtes et les gens des
droits de maréchaussée, tailles qui étaient sans doute perçues par les
maréchaux du Duc des droits que d'autres officiers appelés brenniers tiraient
des laboureurs des droits de gîte qui prenaient parfois des proportions
abusives lorsque la cour venait s'installer dans le pays avec des chevaux,
des chiens et une suite nombreuse des tributs qu'on levait dans les villages
du droit de surprise, ainsi nommé parce qu'il s'ajoutait à un autre qu'on
appelait prise des droits temporaires, que l'on était obligé de rendre au
seigneur en temps de moisson ou de fenaison pour aider à couper les grains ou
les foins. Le Duc
affranchit également les religieux de coutumes onéreuses qui pesaient sur
leurs hommes de Longvy, et principalement du droit de parcours, dont les
sergents abusaient en traversant les champs et les domaines de ce village. Mais
les volontés du suzerain n'étaient pas toujours écoutées, et quelque temps
après, le prévôt Hugues, malgré la défense formelle qui en avait été faite,
recommença d'exiger les mêmes tributs des habitants de Longvy. Le Duc l'ayant
appris, fit appeler cet officier dans la chambre de l'abbé Jarenton en
présence de plusieurs témoins, et l'obligea de restituer à Hugues de Marigny,
moine de Saint-Bénigne et proviseur de Longvy, tout ce qui avait été exigé
depuis sa défense et même à donner Gui, seigneur de Vignory, comme caution de
son obéissance future. Les
mêmes privilèges et les mêmes exemptions furent accordées aux chanoines de
Saint-Étienne de Dijon. On leur restitua ce qui avait été injustement exigé
par les familiers du Duc à Chenôve, Ahuy, Asnières et ailleurs[3]. Mais ces privilèges ne furent
pas respectés davantage, car Eudes, prévôt d'Ahuy, appelé peu de temps après
à la cour du Duc, sur les plaintes faites par les chanoines de Saint-Étienne,
fut sévèrement admonesté, et reçut ordre de ne pas empiéter sur les droits de
pâturages que les religieux avaient à Asnières[4]. Le Duc
vint à Molème le 1er mai 1103, avec son frère Henri et toute sa cour son
cousin Robert, fils de Gui de Vignory Guillaume de Fouvent Renier de
Châtillon et Hugues de Grancey, ses sénéchaux Gauthier de la Roche, son
connétable Aymon Caynard de Dijon ; Geoffroy Brutin, sire de Bremur Eudes,
fils de Geoffroy, prévôt de Maisy. Il y ordonna des prières pour le repos de
l'âme de son père, et confirma la donation de Marcenay[5]. La cour
séjourna ensuite à Châtillon-sur-Seine, où saint Robert vint trouver le Duc,
et obligea par-devant lui Hugues, fils de Landri de Châtillon, à renoncer à
ses prétentions sur la forêt de Marcenay, en lui abandonnant cependant des
droits d'usage pour lui et ses hommes de Bissey, le pâturage pour les porcs,
la chasse et les abeilles que l'on trouverait[6]. Outre les personnages déjà
cités, Robert, évêque de Langres, Tecelin le Roux et Tecelin de Polisy
figurent parmi les témoins. Un
autre acte du même temps est passé dans la maison d'Achard de Châtillon,
sénéchal, par devant l'évêque Robert, lorsque le Duc Hugues céda aux
religieux de Molème demeurant à Villemartin, l'usage dans le bois d'Osée[7]. Depuis
un temps immémorial, il se tenait à Saint-Étienne une foire et un marché que
le Duc, à la prière des bourgeois et des habitants de Dijon, avait
transportés dans le bourg de Saint-Jean ; mais Garnier de Blaisy, abbé de
Saint-Étienne, ayant représenté à Hugues les inconvénients de ce changement,
et le préjudice qu'il causait à son monastère, lui fit révoquer cette
translation. Il fut décidé que tous les marchés de la ville de Dijon se
tiendraient à l'avenir, comme par le passé, sur le territoire de Saint-Étienne[8]. Le Duc
concéda aussi aux chanoines six familles mainmortables à Ahuy, ainsi que la
remise des droits de maréchaussée et de parcours, comme il avait déjà été
fait pour Saint-Bénigne[9]. Les témoins de ces chartes
sont, outre Henri de Bourgogne, Thierry de Faverney, Mile de Frolois, Gui le
Roux de Monestoy, Galleran de Montréal, Aymon de la Porte, Hugues de Bèze. Il est
à croire que les bourgeois de Dijon, peu satisfaits de n'avoir pu obtenir la
translation du marché au milieu de la population, insistèrent de nouveau
auprès du Duc, car ce prince établit une foire le jour de la
Saint-Jean-Baptiste, et en donna moitié des revenus à Jarenton, abbé de
Saint-Bénigne, attendu que la foire devait se tenir sur le territoire de
cette abbaye. Il en réserva toutefois la justice, et en présence de Tecelin
le Roux, Mile de Frolois, Vidric, chevalier, Euvrard, fils de Gui le maréchal,
et autres, fit ratifier l'acte par son oncle l'évêque de Langres, qui menaça
d'anathème tous ceux qui, n'ayant aucun égard pour cette donation,
causeraient à l'avenir préjudice à Saint-Bénigne[10]. L'évêque
Robert de Bourgogne fit en même temps une concession importante en plein
chapitre de Saint-Bénigne, en cédant aux religieux les églises de Saint-Jean
et de Saint-Philibert, sises dans le cimetière[11]. Par une charte qui ne doit pas
s'éloigner de cette époque de 1103, l'évêque de Langres, étant à l'abbaye de
Saint-Seine, déclare que l'église de Saint-Martin de Langres appartenant à
ses parents, à son frère Eudes Ier, puis au fils de ce dernier Hugues II, et
que ce noble jeune homme, nobilis adolescens, en fait l'abandon à
l'abbaye de Saint-Seine, où sont enterrés leurs parents[12]. Aux
fêtes de Pâques 1104, il y eut un grand concile à Troyes[13], auquel assistèrent beaucoup de
seigneurs bourguignons et de nombreux prélats. On y comptait trois
archevêques Daimbert, de Sens ; Raoul, de Tours Manassès, de Reims. Les
évêques étaient Humbert, d'Auxerre Hervé, de Nevers Robert de Bourgogne, de
Langres Narjod de Toucy, d'Autun ; Hugues, de Châlons-sur-Marne Philippe, de
Troyes, etc. les abbés Robert, de Molème Lambert, de Pothières. Le Duc de
Bourgogne qui avait été convoqué, y était représenté par son sénéchal Renier
de Châtillon. Parmi les autres laïcs se trouvaient encore Milon, comte de
Bar-sur-Seine Mile, seigneur de Chacenay Guy, seigneur de Vignory André,
comte de Ramerupt André, seigneur de Baudement. Ce
concile était présidé par Richard, évêque d'Albano, légat du Saint-Siège, qui
avait été envoyé par le pape pour relever, sous certaines conditions, le roi
adultère Philippe de l'excommunication portée contre lui. Mais cette
absolution que les assistants attendaient ne fut pas prononcée et fut
renvoyée à un concile ultérieur. Tous
les personnages que nous venons de citer étaient à Troyes, le 2 avril 1104,
lorsque le comte de Champagne renouvela toutes les dotations qu'il avait
faites à l'abbaye de Molème[14]. Après
la clôture du concile, Robert, évêque de Langres, se rendit dans son diocèse,
et alla faire le siège du château de Nogent-le-Roi, occupé alors par un
seigneur en partie vassal du comte de Champagne, et qui avait probablement
refusé hommage à l'évêque, ou prélevé injustement les revenus de l'église de
Nogent. C'est ce qui explique la présence de Hugues, comte de Champagne, que
nous trouvons à ce siège, le 2 mai 1104, un mois environ après la tenue du
concile. Robert
résolut alors de se défaire de la chapelle de Nogent, des églises et des
biens qui en dépendaient, ne voulant pas être exposé à guerroyer contre un
seigneur qui lui en contestait sans cesse la possession et les revenus à main
armée. C'est à l'abbaye de Saint-Bénigne qu'il en fit donation[15]. Mais à un siège il était peu
commode de trouver ce qu'il fallait pour écrire et rédiger une charte.
Hugues, chapelain de Jarenton, abbé de Saint-Bénigne, devait, comme formalité
et comme symbole de droit concédé, rapporter au moins un objet quelconque à
l'abbé Jarenton. L'évêque n'avait rien sous la main. Le comte voyant son
embarras lui offrit un denier de Troyes. L'évêque l'accepta et le remit au
chapelain pour le transmettre à son abbé. Mais pour être sûr que le denier ne
s'égarât pas, l'un des assistants y perça un trou, afin de l'attacher par une
ficelle au bas du parchemin. La charte et le denier existent encore aux
archives de la Haute-Marne[16]. Le Duc
de Bourgogne était pendant ce temps-là à Fleurey-sur-Ouche avec sa cour et
l'archevêque de Lyon, son parent, qui l'avait assigné à un plaid pour
réclamer ce domaine de Fleurey, appartenant Saint-Marcel de Chalon, et
provenant des fonds dont le roi Gontran avait doté ce monastère. Une petite
communauté de moines était venue s'y établir, mais une partie des droits
avaient été perdus par les empiétements des seigneurs du voisinage et
principalement du Duc Eudes Ier, qui en avait usurpé la portion la plus
considérable. Le Duc Hugues conservait la jouissance de ce domaine, malgré
les plaintes et les réclamations réitérées du prieur et des moines de
Saint-Marcel. Hugues,
archevêque de Lyon, qui était en même temps prieur de Saint-Marcel de Chalon,
avait toute autorité pour revendiquer ce qui avait été enlevé à son église.
Les réclamations furent favorablement écoutées du Duc et des seigneurs
présents Renier de Châtillon, sénéchal, qui était revenu du concile de
Troyes, Tecelin le Roux, Bernard de Montfort, Garnier de Sombernon, Mile de
Frolois, Achard de Châtillon, échanson, Hugues Chanlart, Renaud de Jully,
Geoffroi et Frédéric de Châtillon, Robert de Nuits, le prévôt Eudes. Le Duc
affranchit donc les habitants de Fleurey des taxes et des coutumes injustes
et onéreuses qui leur avaient été imposées par son père mais pour se
dédommager de la perte d'une terre aussi importante, il exigea du prieur de
Saint-Marcel un palefroi, c'est-à-dire un cheval de selle tout équipé, et
deux cents sols de monnaie dijonnaise[17]. Les choses ainsi arrangées,
Hugues, archevêque de Lyon, et ses officiers le Duc de Bourgogne et sa cour,
partirent de Fleurey pour aller à Dijon, où devaient se rendre également le
comte de Champagne et l'évêque de Langres, qui avaient levé le siège de
Nogent. A
Dijon, il y eut une grande réunion chez l'abbé de Saint-Bénigne, à laquelle
assistèrent, outre plusieurs des personnages précités, Béraud, évêque de
Mâcon, l'abbé de Saint-Germain d'Auxerre, Hugues, vicomte de Troyes, Gui et
Renaud de Grancey, Gauthier de la Roche, connétable. Les conventions arrêtées
à Fleurey y furent renouvelées et la charte y fut lue solennellement, et
munie des sceaux des prélats présents[18]. De Dijon, le Duc de Bourgogne
et le comte de Champagne suivis de leurs officiers se rendirent à Molème, où
ils s'étaient donné rendez-vous avec Guillaume II, comte de Nevers, d'Auxerre
et de Tonnerre, les comtes de Bar-sur-Seine, de Brienne et de Reynel, ainsi
que d'autres seigneurs de Champagne. Les religieux apprenant l'arrivée des
deux principaux bienfaiteurs de l'abbaye, sortirent aussitôt vêtus d'aubes,
et allèrent au-devant d'eux en procession pour leur faire honneur. Puis ils
les conduisirent à l'église. Le comte de Champagne, touché d'une telle
réception, ôta de son doigt son anneau et le déposa sur l'autel, en signe de
l'abandon de ses droits d'usufruit sur moitié de la seigneurie de Rumilly-lès-Vaudes[19]. Pendant
l'hiver de l'année 1105, le Duc de Bourgogne parcourut la région sud-est de
son Duché qu'il n'avait pas encore visitée. Il était à Avallon, le 29 janvier
1106[20], où se rendirent tous les
nobles des environs désireux de lui faire la cour, et une foule de peuple
qu'attire toujours l'éclat d'une cérémonie quelconque et le passage des
grands personnages[21]. Il ne dut pas séjourner
longtemps dans le vieux château des anciens comtes, qui n'était guère
habitable, mais il y donna plusieurs chartes qui ne sont pas arrivées jusqu'à
nous, et dont on n'a que les mentions. Il confirma les privilèges des
chanoines de Saint-Lazare d'Avallon, et leur donna une rente de quarante sols
à prendre sur les revenus de cette ville[22]. Deux chevaliers vinrent l'y
trouver pour lui faire approuver la concession qu'ils avaient faite à des
ermites, de terres et de bois à Fontemoy, près de Joux[23], sur les frontières de
l'Auxerrois et de la Bourgogne. Les ermites se nommaient Girard et Guérin et
occupaient une retraite qui, depuis plus de vingt ans[24], était habitée par de pauvres
pénitents qui étaient venus se retirer du monde dans ce vallon aride et
ignoré. Les
chevaliers se nommaient Anséric et Gui l'un tenait fief d'Eudes d'Avallon,
l'autre de Mile de Noyers, leurs parents. Ils avaient donné, deux ans
auparavant, aux deux ermites, la terre de Saint-Pierre, comprise entre les
chemins d'Auxerre et de Vézelay. A la fête de la Magdelaine suivante, Gui de
Noyers avait renouvelé la donation et déposé la charte sur l'autel. Eudes et
Anséric d'Avallon profitaient de la présence du Duc pour faire également
ratifier leur donation[25]. De
cette terre de Saint-Pierre, qui prit le nom de Fontemoy, il ne reste plus
qu'une chapelle en ruines. Dix ans plus tard, le nombre des religieux ayant
augmenté, ils furent dans l'impossibilité de subvenir à leurs besoins dans ce
désert, et obligés d'aller s'installer sur les bords de la Cure, à Reigny,
dont le nom est plus connu, et qui occupe une place importante dans
l'histoire des abbayes du XIIe siècle. Une
autre solitude, d'un aspect non moins sauvage, devenait, vers le même temps,
le siège d'un monastère au centre de la Bourgogne, à Ogny, près d'un ruisseau
qui prend naissance à deux lieues de là, et qui plus loin s'appelle la Seine.
Là, vivait un pauvre religieux nommé Christophorus dans la charte
primitive[26]. Ce pieux ermite, à l'aide de
son ascendant sur les seigneurs du voisinage et par une réputation de
sainteté qui s'étendait au loin, fut autorisé avec plusieurs moines à
s'établir dans ce lieu. En 1106, il obtint d'un seigneur de Duesme nommé
Gaudin et de Mile Frolois, un des familiers du Duc, des terres, des bois et
l'espace suffisant pour y construire un monastère sous la règle de -saint
Augustin. Les parents des fondateurs augmentèrent ces donations, qui furent
approuvées par Hugues II, Duc de Bourgogne, et une église fut construite sous
le vocable de la Vierge, de. Saint-Laurent et de Saint-Nicolas[27]. Plus tard, s'élevèrent des
bâtiments assez considérables, et peut-être trop spacieux pour une communauté
qui ne prit jamais de grandes proportions. Jusqu'ici
le nom de la Duchesse ne paraît nulle part. A quelle date eut lieu le mariage
du Duc Hugues II ? C'est ce qu'aucun document ne nous apprend ; mais il est
certain que cet événement doit être antérieur à l'époque de 1106. Pour quelle
raison prit-il pour femme une orpheline de la maison des vicomtes de Turenne,
avec lesquels les Ducs de Bourgogne n'avaient aucun rapport de voisinage ou
d'intérêt ? Rien ne nous l'indique. Mathilde,
femme du Duc Hugues IL, était fille de Boson Ier, vicomte de Turenne, mort
dans un pèlerinage en Terre-Sainte, en 1091[28]. Raymond, fils de Boson, avait
fait partie de la croisade avec Eudes Ier il avait échappé aux massacres de
cette triste expédition, et peut-être avait-il été du nombre de ceux qui
avaient rapporté en Bourgogne la dépouille mortelle du Duc. Un
synode se tint à Langres, en 1106. L'évêque Robert de Bourgogne y rendit un
jugement assez curieux, qui donne une preuve des envahissements que les
religieux, à l'exemple des grands seigneurs, se permettaient sur les
monastères voisins quand ils en trouvaient l'occasion. Les
moines de l'abbaye de Molème, près Tonnerre, dont l'origine remontait à des
fondations faites sous la première race royale, et dont les revenus avaient
beaucoup diminué pendant les guerres et les invasions du moyen âge, ayant
appris que l'abbé de Saint-Michel de Tonnerre était absent, s'étaient emparés
d'un de ses plus importants domaines, et y avaient installé des religieux
chargés d'administrer les affaires et d'en toucher les bénéfices. La pauvreté
du monastère ne justifiait assurément pas une telle licence. A son retour à
Saint-Michel, l'abbé Gui, justement ému d'une si inqualifiable conduite de la
part de ses voisins, alla se plaindre à l'évêque de Langres, qui lui rendit
justice, en présence de saint Robert, abbé de Molème, de Bernard, abbé de
Moustier-Saint-Jean et de tous les archidiacres[29]. Pour plus de sûreté, l'abbé de
Saint-Michel se rendit au concile de Troyes qui devait être présidé par le
pape Pascal, afin d'y faire confirmer ses droits d'une manière inattaquable.
Le pape Pascal II allait en effet parcourir nos provinces il voulait revoir
la Bourgogne, visiter Cluny où il avait porté l'habit monastique avant de
monter sur le trône pontifical, et consacrer l'église qu'il avait vu bâtir.
Il y célébra les fêtes de Noël 1106, et y séjourna quelque temps[30]. Le 8 février 1107, il était à
Saint-Hippolyte, où il confirma l'union de l'abbaye de Vaucluse à celle de
Cluny, et quelques jours après à Chalon, en conférence avec les ambassadeurs
de Henri V au sujet des investitures[31]. Le 16
février 1707, Pascal II était à Dijon, accompagné de son légat le cardinal
Richard, évêque d'Albano, et de quatre évêques, parmi lesquels ceux de
Langres et d'Autun, Robert de Bourgogne et Narjod de Toucy, appelés pour
assister à la dédicace de l'église Saint-Bénigne, dont un siècle auparavant
l'abbé Guillaume avait posé la première pierre, et qui avait été seulement
bénie quelques années plus tard. Après la cérémonie, le pape crut devoir
adresser au Duc de Bourgogne les exhortations et les sages avis que son âge
et son autorité l'autorisaient à adresser à un jeune homme[32]. Touché de ses paroles, Hugues fit
serment entre ses mains de respecter les privilèges du monastère, et de ne
pas toucher aux droits et aux prérogatives qui lui avaient été concédés par
son oncle Hugues Ier, Duc et moine de glorieuse mémoire. Il s'engagea à ne
plus réclamer les taxes injustes et les lourds impôts que ses officiers
exigeaient, et pour affranchir les religieux de toute dépendance vis-à-vis de
ces derniers, il les exempta de sa juridiction, ainsi que les domaines qui
leur appartenaient, c'est-à-dire les terres situées entre le cours du Suzon
et l'abbaye. Il confirma également l'exemption des droits d'entrée à Dijon,
qui leur avaient été accordés par le Duc Eudes Ier, son père ; il y joignit
les mêmes privilèges pour leur entrée à Beaune. Il renonça enfin aux coutumes
qu'il prenait à Plombières et à Velars, sauf le droit de gîte qu'il réserva
deux fois l'an dans ce dernier village. Henri,
frère du Duc, et les principaux officiers de la cour du Duc, qui n'avaient
pas manqué de se rendre à cette imposante cérémonie, ratifièrent ces
conventions Savaric de Vergy, comte de Chalon Valon, abbé de Losne Renier de
Châtillon et Hugues de Grancey, sénéchaux Jobert de la Ferté, vicomte de
Dijon Hugues de Pouilly, Tecelin le Roux, Aganon de la Roche, Gauthier de
Thil, Widric et son frère Hugues, Guillaume de Til-Châtel, Mile de Frolois,
etc.[33] De
Dijon, le pape se rendit à l'abbaye de Bèze, où il était le 18 février 1107[34], toujours suivi par une foule
de seigneurs, de prélats, d'abbés, et une multitude de peuple. Clercs et
laïcs se pressaient de toutes parts, désireux de voir passer le souverain
pontife et son cortège[35]. A Bèze, cinq cardinaux
l'accompagnaient et quatre évêques, parmi lesquels ceux de Langres et de Cambray
; Lambert, abbé de Pothières ; Henri, abbé de Saint-Seine ; Gui, abbé de
Saint-Michel, de Tonnerre Henri, abbé de Saint-Jean d'Angely et beaucoup
d'autres. Le pape
resta trois jours à Bèze, séduit par le site agréable et la propreté du
monastère, du bon accueil et de l'affabilité des moines, louant et approuvant
toutes choses[36]. Le troisième jour,
c'est-à-dire le 21, il entra au chapitre, et, après s'être assis, il commença
un sermon, en prenant pour texte : Fratres, quœcumque scripta sunt,
ad nostram doctrinam scripta sunt, ut, per patientiam et consolationem
scripturarum, spem habeamus. Puis développant son sujet, il leur dit que
s'adressant à des religieux, il avait surtout à leur parler de la patience,
qui est la vertu la plus nécessaire et comme la base principale de la vie
monastique. Il leur démontra que de la patience, sortent l'espérance, la foi
et la charité. Quand le pape eut terminé son sermon, Étienne, abbé de Bèze,
au nom de la communauté, le pria de vouloir bien donner l'absolution à tous
les frères vivants ou défunts, puisqu'il avait le droit de lier et de délier
dans le ciel et sur la terre. Alors le pape lut un psaume, récita l'oraison
dominicale, leur donna l'absolution d'abord, puis sa bénédiction. Ensuite
il commença la consécration de l'autel Saint-Pierre et Saint-Paul de Bèze, et
célébra une messe solennelle, comme on a l'habitude de faire à la plus grande
fête de l'année[37]. Quelques
jours après, Pascal II était à Langres, accompagné de l'évêque de cette
ville. Il y reçut la visite de Thierry, duc de Lorraine, et eut diverses
audiences et jugements à donner[38]. Mais s'étant trouvé indisposé,
il fut forcé de séjourner quelques jours à Langres[39]. Il
revint ensuite par la Bourgogne, passa par Avallon, y consacra l'église de
Saint-Lazare[40], dont s'élevaient les belles
constructions de style roman riche, sous la direction de l'opulente abbaye de
Cluny, qui en avait la propriété depuis la donation de Hugues Ier, Duc de
Bourgogne. Mais ce monument, l'un des plus curieux qu'il nous ait été permis
d'admirer, et dont plusieurs incendies ne nous ont laissé que le portail,
n'était pas entièrement achevé. Le pape
était, le dimanche 9 mars, à la Charité. Il y était appelé par un moine de
Cluny, par cet Herpin, vicomte de Bourges et seigneur de la Charité, qui
avait vendu son domaine au roi de France pour aller en Terre-Sainte, et, qui
plus heureux que beaucoup de ses compagnons d'armes, était revenu sain et
sauf de ce périlleux voyage, et avait fait vœu de finir ses jours sous le
froc Clunisien[41]. Pascal II n'avait rien à
refuser à un personnage qui donnait untel exemple. Quel fut d'ailleurs son
étonnement en consacrant[42] les murs de cette immense et
prodigieuse basilique, la plus merveilleuse qui nous reste de cette époque. A
cette cérémonie comme à toutes les précédentes, se pressait une telle
multitude, que l'église, malgré son étendue, la ville et les pays voisins ne
pouvaient la contenir[43]. Après
avoir été dans l'Ile de France, à Paris, à Saint-Denis, Pascal II vint, aux
fêtes de l'Ascension, en mai 1107, présider le concile de Troyes[44], où furent traitées diverses
questions importantes. Les règlements sur la trêve de Dieu y furent
renouvelés, l'élection de l'archevêque de Reims cassée on y prononça
l'annulation du mariage du roi Louis VI avec Lucienne de Rochefort ; on lança
des sentences contre les prêtres concubinaires et contre les ecclésiastiques
qui recevaient l'investiture de la main des laïcs. Le Duc
de Bourgogne se rendit à Molème la même année avec sa cour, car il y venait
souvent à certaines cérémonies et fêtes pendant la première partie de son
règne et surtout sous l'abbé Robert. Il abandonna aux religieux une femme
serve et ses enfants, en présence de Bernard de Monfort, Mile de Chacenay,
Renier de Châtillon, son sénéchal, Mile de Frolois, son connétable, Tecelin
de Polisy et autres[45]. Il est à remarquer que la
charte dit encore juvenis Dux, et que la donation fut confirmée sur la
cuirasse, in lorica[46], d'Achard de Châtillon, le
sénéchal. Hugues
II avait rendez-vous à Molème, en 1108, avec Guillaume, comte de Nevers,
d'Auxerre et de Tonnerre, pour certaines affaires qu'on n'indique pas. Le
comte déclare qu'il a été honorablement reçu par les moines, et, pour être
mieux recommandé dans leurs prières, il leur céda le droit appelé herban,
qu'il exerçait sur leurs vignes de Tronchoy, ainsi que le droit de pâturages
dans les seigneuries de Chaumes et de Laignes. Jobert le Roux de Châtillon,
vicomte de Dijon, est seul cité avec le Duc de Bourgogne. Le comte avait avec
lui plusieurs de ses officiers son échanson, Hugues de Til, son sénéchal
Gauthier, Mile de Courtenay et Bon-Ami, prévôt de Tonnerre[47]. Le comte de Nevers partit de
là pour Châtillon, ainsi que plusieurs seigneurs de Champagne, qui allaient au-devant
de leur comte à son retour de Terre-Sainte[48]. Vers le même temps, mourut
Philippe Ier, roi de France. Son fils qui lui succéda, et qui était déjà en
hostilité avec Henri Ier, roi d'Angleterre et Duc de Normandie, allait se
trouver dans des circonstances assez difficiles. Sacré le 3 août 1108, Louis
le Gros avait appelé auprès de lui ses principaux grands vassaux Robert II,
comte de Flandre Hugues Borel, Duc de Bourgogne Guillaume, comte de Nevers
Thibaud, comte de Champagne sans compter une foule de barons, d'évêques et
d'abbés. Une contestation qui pouvait amener une guerre sérieuse s'était
élevée entre les deux souverains, au sujet de la possession de Gisors[49], place forte située sur les
frontières de Normandie et de l'Ile de France, et revendiquée par chacun
d'eux. Mise en séquestre sous la garde d'un chevalier, qui s'était laissé
gagner par les promesses du roi d'Angleterre et la lui avait livrée, la
forteresse était énergiquement réclamée par le roi de France. On entra en
pourparlers, une entrevue fut arrêtée à Neaufles, près de Gisors, mais cette
entrevue armée n'amena aucun résultat, car sous des dehors pacifiques les
deux partis étaient prêts à en venir aux mains. Le comte de Flandre avait à
lui seul quatre mille chevaux, et bien que les forces amenées par le Duc de
Bourgogne et le comte de Champagne ne soient point indiquées, il est probable
qu'ils étaient entourés d'une partie de leur noblesse. Après une journée de
pourparlers qui n'aboutit à aucune convention acceptable, Louis offrit un
duel à son adversaire. Henri répondit qu'il ne se battait que quand on
l'attaquait. Les vassaux du roi de France prirent ce défi à leur adresse et
coururent aux armes mais un obstacle les arrêta ils ne purent franchir la
rivière qui les séparait de leurs ennemis, et la nuit qui s'avançait les fit
battre en retraite. Le lendemain de bonne heure les troupes du roi de France
trouvèrent un gué, et coururent sur l'ennemi qui se replia sous les murs de
Gisors, occupa la ville et ne permit pas aux Français d'en approcher[50] : « En ceste manière
commança la guerre entre les deux roys qui dura près de deux ans. Si en fu le
roy Anglois plus grevé que celluy de France, pour ce qu'il leur convenoit
garnir les marches de Normandie de grant plenté de chevaliers et de sergens,
pour la terre deffendre. Et le roy Loys ardoit tandis la terre et la
destruisoit et gastoit tout le pais...[51] » Parti
au printemps de l'an 1109, le Duc de Bourgogne dut suivre Louis le Gros dans
les péripéties de cette guerre, car il n'apparaît pas dans les chartes de
cette année, et ne rentra en Bourgogne qu'au commencement de l'hiver. C'est
pendant cette campagne que l'évêque de Barcelone vint trouver le roi pour
implorer son secours contre une armée d'infidèles qui, partis d'Afrique, envahissaient
l'Espagne et pénétraient déjà dans la Catalogne. Louis le Gros, pour être en
état de leur donner la chasse, fit des trêves avec le roi d'Angleterre et
d'autres seigneurs contre lesquels il guerroyait. On ne voit cependant pas
qu'il ait passé les Pyrénées[52]. Nous
trouvons le Duc de Bourgogne à Dijon, le 31 janvier 1110, dans la maison de
Jocelin de Bèze, avec son oncle Robert de Bourgogne, évêque de Langres, et
son sénéchal Renier de Châtillon, lorsqu'il donna aux religieux de
Saint-Seine la partie de la terre de Saint-Martin près Langres, qui lui
appartenait en propre. En signe de cet abandon, il remit à l'évêque un arc
brisé qu'il tenait à la main[53]. Pendant
que le Duc Hugues II accompagnait le roi à la guerre, son arrière-grand-oncle
Hugues de Semur, abbé de Cluny, était décédé, à l'âge de quatre-vingt-cinq
ans, laissant l'abbaye qu'il avait dirigée pendant soixante années dans le
meilleur état de puissance et de splendeur. Et
comme si la mort avait voulu frapper d'un seul coup tous les personnages
éminents qui avaient occupé une grande situation à la fin du XIe siècle,
moins d'un an après, le samedi 29 avril, les moines de Molème perdaient leur
vénérable abbé Robert[54], qui, pendant trente-cinq ans
avait aussi amené l'abbaye à un degré de prospérité qu'elle ne devait plus
retrouver. Robert, par la douceur de son caractère et l'austérité de ses
vertus, avait toujours su conserver la faveur des Ducs de Bourgogne, des comtes
de Champagne et des seigneurs du voisinage, désireux de prendre l'habit
monastique sous sa direction. Sa mémoire devait rester vénérée dans tous les
monastères de la chrétienté, et l'Église, en conférant la qualité de saint au
plus grand réformateur de cette époque, n'a fait que ratifier le sentiment de
ses contemporains. Une
perte regrettable allait atteindre plus directement encore la famille ducale.
L'évêque Robert était tombé malade à Châtillon-sur-Seine et y était mort,
après avoir pris l'habit des moines de Molème, des mains de leur nouvel abbé
Gui de Châtel-Censoir, et après avoir confessé ses fautes aux abbés Étienne
et Gui, de Bèze et de Tonnerre[55]. Cette
mort que rien ne faisait prévoir avait été assez prompte, car l'évêque
prouvait les années précédentes une grande activité et paraît dans plusieurs
actes : — lorsqu'il notifie aux religieux de Saint-Bénigne de Dijon la
donation faite par Gui de Vignory au prieuré de Saint-Étienne de ce lieu[56] ; — lorsqu'il confirme la
donation de ce même seigneur avec l'approbation de son parent, Lambert de
Vignory, archidiacre[57] lorsqu'il tient un plaid à
Cirey-Binges, près Pontailler, pour faire la paix entre l'abbé de Saint-Germain
d'Auxerre et celui de Bèze, qui revendiquaient les dîmes de Drambon et la
forêt de Ferrières[58] ; — lorsqu'il donne à
Jarenton, abbé de Saint-Bénigne, les églises de Saint-Jean et de Saint-Eusèbe
de Cosne[59] ; — lorsqu'il ratifie la
concession de la chapelle castrale de Beaumont, faite à l'abbaye de Bèze par
Girard, archidiacre de Langres[60] ; — lorsqu'il donne
l'église d'Arc-en-Barrois au monastère de Cluny[61]. A la
nouvelle de la mort du prélat, le 18 septembre 1111[62], sa sœur Béatrix, femme de Gui
de Vignory, et le Duc Hugues accoururent en toute hâte à Châtillon, et
conduisirent son corps à Molème pour lui donner la sépulture. Après la
cérémonie, Béatrix de Bourgogne étant entrée au chapitre avec sa famille,
abandonna à l'abbé Gui de Châtel-Censoir et aux religieux, pour l'âme de son
frère et de celle de ses ancêtres, les églises de Saint-Marcel, du
Mont-Lassois[63] et de Saint-Didier de Montliot[64], qui faisaient partie de son
patrimoine. Le Duc Hugues donna son approbation à cet acte, ainsi que le
doyen Villencus et Erard, archidiacre du Lassois, dans la circonscription
desquels se trouvaient ces églises[65]. Après
la mort de Robert de Bourgogne, le siège de l'évêché de Langres fut vacant
plus de deux ans, par suite du nombre des prétendants et de leurs démêlés.
L'un des plus ardents compétiteurs était Lambert de Vignory, parent et
protégé du prélat défunt, depuis longtemps archidiacre et trésorier du
diocèse[66]. La puissante maison à laquelle
il appartenait, sa proche parenté avec la maison ducale, et surtout le
souvenir de son grand-oncle du même nom, qui cent ans auparavant avait occupé
le même siège, lui donnaient des droits et l'espoir d'obtenir un semblable
honneur. Il fut en effet élu et en prit le titre on a deux chartes qui
l'indiquent[67] il paraissait avoir toutes les
chances de voir cette élection ratifiée, étant soutenu d'ailleurs par le
légat du pape, Richard, évêque d'Albano, qui l'accompagnait partout pour lui
prêter son appui[68]. Mais
l'influence du métropolitain et la volonté des clercs renversèrent ces
espérances. Joceran de Brancion, neveu de l'archevêque de Lyon, fut nommé en
1113, malgré tous les obstacles qu'on lui suscita. La tombe s'ouvrit dans le
même moment pour Jarenton, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, l'homme qui, après
l'abbé Guillaume, a marqué avec plus d'éclat dans les annales de ce
monastère, dont il avait eu pendant trente-cinq ans la direction. Il nous
apparaît pour la dernière fois vers 1112, dans un acte du Duc Hugues II,
ratifiant, en faveur de l'abbaye de Saint-Bénigne, la donation de la terre de
Bellefonds, faite par Étienne de Blaisy, un de ses vassaux, alors qu'il se
fit moine. La cour du Duc était réunie pour cette cérémonie la Duchesse
Mathilde et son jeune enfant Eudes ; Gui, seigneur de Vignory ;
Renier, de Châtillon, sénéchal ; Euvrard, maréchal ; Gislebert, maréchal[69] ; le prévôt Hugues, fils
de Jocelin les trois fils du donateur, Garnier de Blaisy, prévôt de
Saint-Étienne et ses frères Humbert et Thierry[70]. La mort
du vénérable abbé de Saint-Bénigne avait été précédée de celle de Narjod de
Toucy, évêque d'Autun[71], prélat très peu regretté par
le clergé Autunois. Étienne, fils de Joceran de Beaugey, qui fut
immédiatement nommé à sa place, avait une humeur bienveillante et pacifique,
qui devait faire oublier le caractère hautain, tracassier et violent de son
prédécesseur. Il s'efforça dans toutes les circonstances de sauvegarder les
intérêts de son église, en ménageant de bons rapports avec les princes et les
barons dont les domaines étaient compris dans son diocèse. Les
moines d'Autun s'étaient plaint inutilement sous l’évêque Narjod des droits
insolites que le Duc Hugues percevait à Chenôve[72] dans le Dijonnais et à Gratoux[73] dans l'Autunois. L'évêque
Étienne, plus adroit que son prédécesseur, ne manqua pas, après son
installation, d'aller faire visite au Duc et à Guillaume, comte de Nevers, en
leur témoignant le désir de vivre avec eux dans les termes de la plus sincère
affection. Incidemment il toucha quelques mots des réclamations de ses
chanoines, et invita le Duc et le comte à venir à Autun. Au jour dit
l'assemblée se réunit, et l'affaire qui était l'objet des préoccupations du
prélat ayant été expliquée et discutée, on déclara- de part et d'autre que
l'on s'en tiendrait au texte de l'accord fait par Hugues Ier, et que chacun
d'eux conserverait les droits qui y étaient énoncés. On se promit de venir
chaque année le jour de la fête de Saint-Nazaire à Autun, pour entretenir cet
accord et ces bonnes dispositions. L'année
suivante (1113), le Duc fut en effet fidèle au
rendez-vous mais les chanoines lui reprochèrent assez vivement de n'avoir pas
tenu la même fidélité à ses promesses, et d'avoir exigé des habitants de
Chenôve et de Gratoux des droits et des taxes que le contrat précité ne
justifiait nullement. Le Duc sembla étonné de ces récriminations, et en
rejeta la faute sur ses officiers mais, pour ne pas faillir aux sentiments de
justice et maintenir leurs bonnes relations, il invita à son tour l’évêque et
son chapitre à Dijon. La réunion se tint chez Guillaume le Marchand. Là, les
chanoines renouvelèrent leurs plaintes, exposèrent au conseil les exactions
dont ils se prétendaient victimes, et prouvèrent que le Duc n'avait ni
revenus, ni serfs, ni coutumes dans les localités où s'étaient passés les
faits qui faisaient l'objet de ce litige. Ils produisirent le titre formel
d'abandon qui en avait été délivré en 1100 au concile d'Autun par Eudes Ier,
père de Hugues II. Ce dernier se refusait de consentir à l'abandon intégral
de ces droits, et prétendait que la longue possession était un droit
supérieur à tous les titres, mais il engagea les conseillers à examiner les
raisons pour et contre, et se retira à l'écart pour ne pas paraître peser sur
les délibérations. Les arbitres étaient au nombre de huit : Anséric,
chanoine et prévôt de Saint-Nazaire d'Autun ; Valon, abbé de Losne ;
son frère Wirric ; Adémar de Masse[74] ; Thibaud Damas ;
Guillaume de Fouvent ; Hugues de Grancey, sénéchal ; Tecelin le
Roux. La discussion du débat étant terminée, Thibaud Damas rapporta le
jugement en ces termes : « Nous jugeons que l'église d'Autun, par suite
de la donation du Duc Eudes, doit posséder sans contestation les villages en
question avec toutes leurs dépendances et tous leurs habitants, nets de
charges et de coutumes quelconques envers le Duc. » Ce
jugement prononcé, Hugues II fut forcé de renouveler la charte de son père et
de prononcer la menace d'anathème contre ceux qui n'en observeraient pas les
clauses. Les
chanoines se mirent alors en mesure de reprendre possession des terres et des
droits qui leur avaient été enlevés. Mais ils éprouvèrent de nouvelles
résistances, et Euvrard le Maréchal, un des familiers du Duc, ne put
consentir à abandonner ce qu'il tenait à Longvy. Autres pourparlers s'en
suivirent L'arrangement auquel on aboutit fut de laisser Euvrard jouir sa vie
durant du domaine contesté, sauf les cens et des revenus dont il était grevé
en faveur de l'église d'Autun. Cette dernière convention relatée dans le même
acte[75], fut arrêtée au palais ducal à
Dijon, en présence de la Duchesse et de ses enfants, d'Étienne de Beaugey,
évêque d'Autun, du doyen Guillaume, de l'archidiacre Humbert, de Renier de
Riveau, de Lambert, prévôt de Saulieu et de plusieurs chanoines d'Autun, de
Dominique, gendre d'Evrard, Garnier de Sombernon, Renier de la Roche,
Mathieu, Wirric, etc. L'évêque
d'Autun, dès la seconde année de son épiscopat, avait acheté le château de
Touillon[76], pour augmenter le domaine de
son église et lui assigner un point d'appui dans cette partie éloignée de son
diocèse. Gui de Châtel-Censoir, abbé de Molème, en profita pour faire
ratifier toutes les donations faites à son abbaye par Gaudry de Touillon[77] et ses enfants, auparavant
possesseurs de ce château, savoir l'église et le presbytérat de Cras,
l'église de Frolois[78]. C'est
également grâce à l'intervention de l'évêque d'Autun qu'un plaid fut organisé
et tenu à Semur-en-Auxois, pour le règlement des contestations qui, depuis
longtemps, s'agitaient entre les religieux de Flavigny et les fils de Thibaud
le Roux, de Maligny, avoué de cette abbaye. Thibaud prétendait que son père
avait obtenu en don, du temps de l'abbé Eudes, c'est-à-dire avant 1085, un
certain fief et des redevances les religieux soutenaient que ce fief n'ayant
été donné qu'à vie aurait dû faire retour au monastère après la mort de
Thibaud. C'est un exemple de ces usurpations fréquentes au moyen âge, et
commises par les avoués chargés de défendre les intérêts des abbayes, qui en
recevaient en viager un domaine ou des rentes et dont les héritiers ne
voulaient plus se dessaisir. L'évêque d'Autun et les personnages présents à
ce plaid tranchèrent la question. Le Duc Hugues, Savaric, comte de Chalon,
Hugues de Montréal, Hugues de Thil, Gislebert de Gresigny et son fils
Thibaut, le comte Ponce, Aderan de la Roche, Osmond de Frolois, Godefroy de
Grignon, Humbert de Brianni, Guinebaud de Seignelay, Ponce d'Argenteuil,
trouvèrent justes les revendications des religieux de Flavigny, et leur
attribuèrent les domaines en litige ; mais pour mettre fin à toute
réclamation ultérieure, Hugues de Maligny reçut mille sols dijonnois et un
palefroi, et son frère Bouchard dix sols[79]. Malgré
la résistance que le Duc Hugues avait opposée à l'évêque d'Autun pour
l'importante cession des droits qu'il avait à Chenôve et à Gratoux, on doit
constater sa tendance à réparer les actes quelque peu violents commis par son
père, et ses bonnes dispositions à l'égard des monastères, qui se
traduisaient par des donations, quand ses intérêts n'étaient pas trop
directement compromis. Les religieux de Bèze, qui avaient plusieurs fois déjà
fait appel à ses sentiments, en obtinrent encore, en 1113, un privilège[80], non seulement pour leur
abbaye, mais pour toutes les maisons qui en dépendaient. C'était une
exemption de droits de péage que l'on exigeait ordinairement des chariots à
leur entrée à Dijon. La seule condition que l'on mît à ce bienfait était
l'obligation d'un anniversaire pour les membres de la famille. Au nombre des
personnages qui assistent le Duc dans cette circonstance, citons Valon, abbé
de Losne et archidiacre du pays d'Ouche, le sénéchal Hugues de Grancey,
Galeran de Montréal, chevalier, les prévôts Hugues et Euvrard, Étienne, abbé
de Bèze. Henri
de Bourgogne qui est nommé après le Duc son frère dans cet acte, accompagnait
la même année e Thibaud, comte de Blois et son fils Hugues, comte de Troyes
et de Champagne, lorsque revenant de Vézelay à Tonnerre, ils exemptèrent de
tous droits onéreux le monastère de Saint-Michel de cette ville[81]. Une pièce qui doit se
rapporter à la même date (1113), mais qui relate des faits antérieurs, est relative à la vente
du comté de Chalon[82]. Geoffroi de Donzy, lors de son
départ en Terre-Sainte, avait, comme nous l'avons déjà dit, vendu sa part
dans ce comté à son oncle Savaric de Donzy, sire de Vergy. Mais celui-ci
ayant eu de lourdes charges à supporter lors de l'expédition d'Espagne, dans
laquelle il avait accompagné le Duc Eudes Ier, et n'ayant pas assez d'argent
pour s'acquitter envers son neveu, avait engagé pour compléter son paiement
la moitié de son acquisition à l'évêque de Chalon, moyennant deux cents onces
d'or. Les chanoines de cette église, assez gênés eux-mêmes, avaient été
obligés, pour trouver la somme, d'enlever les lames d'or qui ornaient la
châsse de saint Vincent, leur patron. La situation pécuniaire de Savaric de
Donzy s'était peu améliorée dans la suite, et les évêques de Chalon étaient
restés nantis du gage et possesseurs d'un quart du comté de Chalon. C'est ce
traité légitimant leur possession et mentionnant leurs droits et les limites
de leur juridiction, qu'ils passèrent avec Savaric, en présence de Joceran,
évêque de Langres, Foulques de Réon et Hugues de Châtel-Censoir. Ils le
firent ensuite approuver par Elisabeth de Vergy, femme de Savaric, et par ses
fils Simon et Hervé. Ce Savaric, comte de Chalon, qui paraît avoir joué un rôle important dans les événements de l'époque, fit peu après une donation aux religieux de Saint-Etienne de Dijon, de concert avec sa femme Elisabeth, son fils Simon, sa fille Aglantine, dame de Pouilly, et leur abandonna le village de Franxault[83]. Dans un autre acte, il parait avec Elisabeth, ses fils Simon et Hervé, lorsqu'il concède à l'abbaye de Cîteaux des droits à Bretigny et à Gemigny[84]. Suivant Fyot[85], Savaric et Elisabeth auraient eu une autre fille nommée Elisabeth, mariée à Humbert de Mailly, sire de Faverney, qui, après son veuvage, fonda l'abbaye de Tart, mais on ne trouve nulle part des documents certains et irréfutables qui justifient cette allégation. On trouve encore Raoul le Gros et le prévôt Oribel qui sont qualifiés fils d'Elisabeth, dame de Vergy, dans une donation à Saint-Étienne[86]. Savaric, l'un des bienfaiteurs de Cîteaux, prit part à la fondation de la première colonie partie de cette abbaye pour fonder la Ferté. Il dut mourir peu d'années après laissant sa femme Elisabeth qui lui survécut encore assez longtemps[87]. |
[1]
Robert, 1er Duc, était né vers 1007, avait été marié vers 1033. Son fils et son
petit-fils avaient pu se marier à 21 ans. Il faut remarquer de plus que Hugues,
fils aîné de Robert Ier, était mort sans enfants, et que son second fils Henri,
né en 1035 au plus tôt, avait continué la lignée. Or Hugues II était le
petit-fils de cet Henri.
[2]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Saint-Bénigne, carton 74, éd. Pérard, pp.
204, 20S ; D. Plancher, t. I, pr. XLVII.
[3]
Trois chartes tirées du Cartul. de Saint-Étienne de Dijon, t. I, n° 28, Arch.
de la Côte-d'Or, éd. Pérard, pp. 83, 84.
[4]
Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Saint-Étienne, de Dijon, n° 28, fol. 3 ;
Pérard, p. 84.
[5]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 12.
[6]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 66-67.
[7]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 54.
[8]
Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Saint-Étienne, éd. Pérard, pp. 82, 83 ;
Fyot, pr., pp. 81 et 82.
[9]
Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Saint-Étienne, éd. Pérard, p. 83.
[10]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Saint-Bénigne, carton 2.
[11]
Arch. de la Côte-d’Or, Fonds Saint-Bénigne, carton 20, copie du XVIIe siècle.
[12]
Arch. déjà Cote-d'Or, Cartul. de Saint-Seine, p. 8.
[13]
C'est par erreur que la chronique de Saint-Pierre-le-Vif, de Sens, rapporte ce
concile à l'an 1105, car la date porte : Quarto nonas aprilis, anno ab
incarnatione domini MCIV, Indict. XII, Epacta XXII.
[14]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. II, fol. 36 et 37 ; d'Achery
Spicil., t. IV, p. 239 ; Chifflet, Sancti Bernardi genus illustre ass.,
p. S07 ; Labbe, Concil., t. X, p. 740 ; D. Bouquet, t. XII, p. 280 n ; Gall.
christ., t. XII, p. 554 D. — Il y a au Cartul. de Molème, t. I, p. 16, une
version un peu différente, qui n'a pas été reproduite intégralement par M.
Socard, Chartes de Molème, p. 90.
[15]
Pérard, p. 200 ; Pistolet de Saint-Fergeux, Mém. de la Soc. hist. et
archéol. de Langres, n° 2, pp. 26, 27.
[16]
La pièce de monnaie est un denier anonyme de Troyes avec la légende Petrus
Episcopus ; Jolibois, La Haute-Marne, p. 407 ; d'Arbois de
Jubainville, Hist des ducs et comtes de Champagne, t. II, p. 87. Pérard,
p. 200, donne cette charte.
[17]
Perry, Hist. de Chalon, pr., p. 47 ; Gall. christ., t. IV,
Instrum., col. 236, 237.
[18]
Chifflet, Sancti Bernardi genus illustre, p. 425 ; Mabillon, Annal.,
t. V, p. 471.
[19]
Arch. de la Côte-d'Or, 2e Cartul. de Molème, fol. 36, 37 ; Chifflet, Genus,
p. 507.
[20]
IV Kalend. Februarii. Comparer et étudier la charte du Gall. christ.,
t. IV, pr., n° X ; Cartul. de l'Yonne, t. I, pp. 208, 210.
[21]
Presentibus multis nobilibus viris qui tunc ad Ducis curiam convenerant...
charte précitée.
[22]
Arch. de l'Yonne, Inventaire des titres de Saint-Lazare d'Avallon, rédigé en
1342, fol. I.
[23]
Joux, canton de l'Isle-sur-Serain, arrondissement d'Avallon.
[24]
Arch. de l'Yonne, Fonds Reigny, liasse I, on lit : Girardus natus
Autissiodor. 1056. — Studet in scola
Autissiod, 1071. — Solitarius, fugit in heremum de Joux ad Fontismum — frequens
in monasterio Reomaensi, 1081. — Assumit sibi socios et incipiuet sacellum
erigere et cenobium prope cum claustro, horto, prato apud annum 1091, de
consensu Episcopi Eduensis, abbatis Reomaensis, domini feudi de Joux, rectoris
seu curati, mox eligitur abbas a sociis et Warinus prior.
[25]
La charte-notice relatant ces faits n'a été rédigée que postérieurement pendant
la prélature d'Étienne, évoque d'Autun. Gallia christ., t. XII, pr., n°
X ; Cartul de l'Yonne, t. I, pp. 208, 210.
[26]
Gallia christ., t. IV, p. 487.
[27]
Gallia christ., t. IV, Instrum., col. 85.
[28]
Art de vérifier les dates, t. X, p. 280. — La femme de Boson appelait
Gerberge, mais on ne dit pas de quelle maison.
[29]
Gallia christ., t. IV, pr. XXIX ; Cartul. de l'Yonne. t. I, p. 210.
[30]
Art de vérifier les dates, t. III, p. 339.
[31]
Ed. Clerc, Essai sur la Franche-Comté, t. I, p. 316.
[32]
Ego Hugo Dux ammonitus a Domino Papa promisi... Pérard, 210.
[33]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Titres de Saint-Bénigne, carton 2 ; D. Plancher,
t. I, pr. XLVIII
; Pérard, p. 210 ; Duchesne, Ducs de Bourg.,
pr., p. 31 ; Chifflet, Lettre touchant Beatrix, p. 477.
[34]
XII Kal. Martii, Analecta Divion., Chron. de Bèze, p. 423.
[35]
Analecta Divion., Chron. de Bèze, p. 423.
[36]
Analecta Divion., Chron. de Bèze, p. 422.
[37]
Analecta Divion., Chron. de Bèze, p. 423.
[38]
D. Bouquet, t. XV, p. 135 B, C, N, Gesta Scheri abbatis Calmoriacensis.
[39]
Vignier, Chronique de Langres, p. 126.
[40]
Courtépée, nouv. édit., t. III, p. 602 ; M. Quantin, Saint-Lazare d'Avallon,
Ann. de l'Yonne, 1852, p. 175.
[41]
D. Bouquet, t. XV, p. 120 ; Orderici Vital, lib. X, p. 795.
[42]
Lebeuf, t. I, Dissert, ad illustrandam hist. Franc, in-12, 1738, p. 404
; D. Bouquet, t. XV, nov. éd., pp. 120, 121.
[43]
Lebeuf, t. I, Dissert, ad illustrandam hist. Franc, in-12, 1738, p. 404.
[44]
Jaffé, Regesta pontificum romanorum, p. 494 ; Labbe, Concil., t.
X, 754, 755 ; D. Bouquet, t. XII, p. 20 D ; t. XIII, 453 D ; t. XIV, p. 146 C ;
t. XV, p. 37 D, 38 E.
[45]
Arch, de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Molème, p. 30.
[46]
Lorica est pris aussi au sens figuré dans les anciens auteurs, et
signifie parfois bastion, parapet retranché, et indiquerait dans ce cas la
maison forte du sénéchal. On peut choisir entre ces deux interprétations.
[47]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 27 ; Arch. de l'Yonne, copie
de D. Viole ; Cartul. de l'Yonne, t, I, pp. 217, 218.
[48]
Voir la charte de Molème, 1104, 1108, 2e Cartul. de Molème, fol. 36, 37.
[49]
Gisors, canton de l'arrondissement des Andelys (Eure).
[50]
D. Bouquet, t. XII, p. 28 B, C, Sugetii abb. de vita Ludovici Grossi Regis
; Grandes Chroniques de France, éd. P. Paris, 1857, t. III, pp. 258,
266.
[51]
Grandes Chroniques de France, éd. P. Paris, 1857, t. III, p. 265.
[52]
Art de vérifier les dates, t. II, p. 45.
[53]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Saint-Seine, p. 8.
[54]
Archives de la Côte-d'Or, manuscrit n° 156 ; Pouillé historique des bénéfices
de Molème, vers 1713, p. 3. — A la page 1 de ce pouillé, il est dit que Robert
était né en 1018, sans indiquer le lieu de son origine. Son père Thierry
descendait des empereurs d'Allemagne et des Ducs de Bourgogne. Sa mère
Ermengarde était de la maison des comtes de Nevers. Robert serait mort à 92
ans. Ces faits qui ne sont pas appuyés par la sanction d'auteurs contemporains
nous semblent fort contestables. Quant à sa famille, nous croyons que Robert
tenait à l'une des branches de la maison de Tonnerre, probablement celle de
Maligny.
[55]
Analecta Divion., Chronique de Bèze, p. 426.
[56]
Arch. de la Haute-Marne, Cartul. de Vignory, fol. 34, 36 ; Pérard, fol. 210.
[57]
Pérard, p. 195.
[58]
Analecta Divion., Chron. de Bèze, pp. 416. 419. — Cet acte a lieu le 28
octobre 1109.
[59]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Titres de Saint-Bénigne, carton 21.
[60]
Analecta Divion., Chron. de Bèze, pp. 440, 441.
[61]
Bibl. nat., Fonds Moreau, t. 30, fol. 2E15 et t. 33, fol, 78, copies de Lambert
de Barive.
[62]
Et non 1110, comme le disent tous les auteurs, à commencer par le Gallia
christiana t. IV, p. 809. — La charte du Cartulaire de Saint-Seine dans
laquelle paraît Robert et qui est parfaitement datée anno Domini M. C. X.
indictione tertia, die ultima mensis januarii, par conséquent de janvier 1111,
le prouve.
[63]
Mont-Lassois, commune de Vix, canton et arrondissement de Châtillon-sur-Seine.
[64]
Montliot, commune du canton et arrondissement de Châtillon.
[65]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 107.
[66]
Lambert, archidiacre, 1101, 1103, 1106.
[67]
Cartul. de l'Yonne, t. I, p. 225, dans une donation de 1111 faite à Molème par
Guillaume, comte de Tonnerre. — On voit aussi aux Archives de la Haute-Marne,
Cartul. de Longuay, fol. 88 et fol. 90 : Lambertus Lingonemis electus, Wido
de Wargionis rivo, Gosbertus Rufus, Milo de Nueria... témoins d'un acte de
donation à l'abbaye de Longuay.
[68]
Voir la pièce précitée, Cartul.de l'Yonne, t. I, p. 225.
[69]
Nous ne savons à quelle famille appartiennent ces deux officiers, Euvrard et
Gislebert, maréchaux du Duc.
[70]
Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Saint-Bénigne, carton 52.
[71]
Arrivée le 14 mai (de l'an 1112), d'après le nécrologe de Saint-Étienne
d'Auxerre.
[72]
Commune du canton et arrondissement de Dijon.
[73]
Gratoux, commune de Saint-Eusèbe-des-Bois (Saône-et-Loire).
[74]
Masse, ferme de la commune de Brognon, canton de Dijon (Est).
[75]
D. Plancher, t. I, pr. XLIX
; Gallia christ., t. IV, pr., p. 86.
[76]
Commune du canton de Baigneux-les-Juifs (Côte-d’Or).
[77]
Toute la famille de Gaudry était entrée à Molème. La donation de l'église de
Cras avait été faite pour la dot d'un de ses fils, Lambert, et de douze de ses
filles. Plus tard Gauthier, fils aîné de Gaudry, prit le même chemin, et donna
tant pouf lui que pour la prébende de sa mère un bois et un moulin Arch. de la
Côte-d'Or, Chron. de Molème, n° 183, faite en 1677 par le prieur Nicolas de la
Salle.
[78]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. II, fol. 3, et Orig., carton 233
du Fonds Molème.
[79]
Bibl. de Châtillon-sur-Seine, Cartul. de Flavigny, p. 447, Duchesne, Maison
de Vergy, fr., p. 112.
[80]
Chronique de Bèze, Analecta Divion., pp. 427-248 ; Spicileg., t. I, pp.
641, 642.
[81]
Bibl. nat., Coll. Champagne, t. XLIV, p. 111 ; d'Arbois de Jubainville, Hist.
des comtes de Champagne, t. III, p. 411.
[82]
Pérard, pp. 201, 202.
[83]
Pérard, p. 91.
[84]
Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Cîteaux, n° 468, t. III, fol. 79.
[85]
Histoire de Saint- Étienne de Dijon, pp. 103, 117, 118, 231.
[86]
Pérard, p. 96.
[87]
Malheureusement les chartes de la première moitié du XIIe siècle sont rarement
datées, et n'offrent pas toujours les moyens de leur assigner une date exacte.