HISTOIRE DES DUCS DE BOURGOGNE DE LA RACE CAPÉTIENNE

TOME PREMIER

 

CHAPITRE IX. — HUGUES II DIT BOREL, ET LE PACIFIQUE - 1102-1113.

 

 

Premières années du règne de Hugues II, dit Borel. — Concile de Troyes. — Siège de Nogent. — Le Duc à Avallon. — Fondation des abbayes de Reigny, d'Ogny. — Itinéraire du pape Pascal II en Bourgogne, à Cluny, à Dijon, à Bèze, à Langres, à Avallon, à la Charité. — Dédicace des églises de ces villes. — Le Duc fait campagne en Normandie. — Mort de saint Hugues, abbé de Cluny ; de saint Robert, abbé de Molème et fondateur de Cîteaux, de Robert de Bourgogne, évêque de Langres ; de Jarenton, abbé de Saint-Bénigne de Narjod de Toucy, évêque d'Autun. — Vacance de l'évêché d'Autun, dont Lambert de Vignory fut élu titulaire et non reconnu. — Discussions entre l'évêque d'Autun et le Duc. — Savaric de Donzy, sire de Vergy et comte de Chalon-sur-Saône.

 

Comme tous les Ducs qui l'avaient précédé, Hugues II était fort jeune quand il prit possession du Duché, dont il avait d'ailleurs été investi par son père partant en Terre-Sainte, sous la direction et les conseils des principaux nobles de la province. Il est certain qu'il avait alors dépassé la majorité féodale, c'est-à-dire sa quatorzième année, mais il ne devait pas encore avoir vingt ans. On ne doit pas s'éloigner de la vérité en lui donnant dix-huit ans en 1102, si l'on tient compte de la qualification de juvenis qui lui est donnée encore les années suivantes[1].

Il est plusieurs fois cité avec le surnom de Bord, qui fut donné à son père, et qui, pour les mêmes raisons sans doute, était dû à la couleur rousse de ses cheveux.

Son premier soin fut de se rendre à l'abbaye de Saint-Bénigne avec son frère Henri et toute sa cour, et d'ordonner des prières pour l'âme du Duc défunt. Les religieux qui ne manquaient pas ces occasions de prise de possession pour se faire rendre justice et obtenir les faveurs du prince, se plaignirent des mauvais traitements que les officiers faisaient subir à leurs hommes de Plombières, et des violences commises à leur égard sous les Ducs et principalement sous le règne d'Eudes 1er. Ces mauvais traitements avaient continué après le départ de ce dernier en croisade, à tel point qu'un certain nombre d'habitants avaient été obligés de quitter le pays pour s'en affranchir[2]. Hugues déclara aux religieux de Saint-Bénigne et à leur abbé Jarenton, qu'il les déchargeait eux et leurs hommes de Plombières de toutes les taxes, redevances et coutumes exigées par le passé, savoir, des droits de parcours perçus sur les bêtes et les gens des droits de maréchaussée, tailles qui étaient sans doute perçues par les maréchaux du Duc des droits que d'autres officiers appelés brenniers tiraient des laboureurs des droits de gîte qui prenaient parfois des proportions abusives lorsque la cour venait s'installer dans le pays avec des chevaux, des chiens et une suite nombreuse des tributs qu'on levait dans les villages du droit de surprise, ainsi nommé parce qu'il s'ajoutait à un autre qu'on appelait prise des droits temporaires, que l'on était obligé de rendre au seigneur en temps de moisson ou de fenaison pour aider à couper les grains ou les foins.

Le Duc affranchit également les religieux de coutumes onéreuses qui pesaient sur leurs hommes de Longvy, et principalement du droit de parcours, dont les sergents abusaient en traversant les champs et les domaines de ce village.

Mais les volontés du suzerain n'étaient pas toujours écoutées, et quelque temps après, le prévôt Hugues, malgré la défense formelle qui en avait été faite, recommença d'exiger les mêmes tributs des habitants de Longvy. Le Duc l'ayant appris, fit appeler cet officier dans la chambre de l'abbé Jarenton en présence de plusieurs témoins, et l'obligea de restituer à Hugues de Marigny, moine de Saint-Bénigne et proviseur de Longvy, tout ce qui avait été exigé depuis sa défense et même à donner Gui, seigneur de Vignory, comme caution de son obéissance future.

Les mêmes privilèges et les mêmes exemptions furent accordées aux chanoines de Saint-Étienne de Dijon. On leur restitua ce qui avait été injustement exigé par les familiers du Duc à Chenôve, Ahuy, Asnières et ailleurs[3]. Mais ces privilèges ne furent pas respectés davantage, car Eudes, prévôt d'Ahuy, appelé peu de temps après à la cour du Duc, sur les plaintes faites par les chanoines de Saint-Étienne, fut sévèrement admonesté, et reçut ordre de ne pas empiéter sur les droits de pâturages que les religieux avaient à Asnières[4].

Le Duc vint à Molème le 1er mai 1103, avec son frère Henri et toute sa cour son cousin Robert, fils de Gui de Vignory Guillaume de Fouvent Renier de Châtillon et Hugues de Grancey, ses sénéchaux Gauthier de la Roche, son connétable Aymon Caynard de Dijon ; Geoffroy Brutin, sire de Bremur Eudes, fils de Geoffroy, prévôt de Maisy. Il y ordonna des prières pour le repos de l'âme de son père, et confirma la donation de Marcenay[5].

La cour séjourna ensuite à Châtillon-sur-Seine, où saint Robert vint trouver le Duc, et obligea par-devant lui Hugues, fils de Landri de Châtillon, à renoncer à ses prétentions sur la forêt de Marcenay, en lui abandonnant cependant des droits d'usage pour lui et ses hommes de Bissey, le pâturage pour les porcs, la chasse et les abeilles que l'on trouverait[6]. Outre les personnages déjà cités, Robert, évêque de Langres, Tecelin le Roux et Tecelin de Polisy figurent parmi les témoins.

Un autre acte du même temps est passé dans la maison d'Achard de Châtillon, sénéchal, par devant l'évêque Robert, lorsque le Duc Hugues céda aux religieux de Molème demeurant à Villemartin, l'usage dans le bois d'Osée[7].

Depuis un temps immémorial, il se tenait à Saint-Étienne une foire et un marché que le Duc, à la prière des bourgeois et des habitants de Dijon, avait transportés dans le bourg de Saint-Jean ; mais Garnier de Blaisy, abbé de Saint-Étienne, ayant représenté à Hugues les inconvénients de ce changement, et le préjudice qu'il causait à son monastère, lui fit révoquer cette translation. Il fut décidé que tous les marchés de la ville de Dijon se tiendraient à l'avenir, comme par le passé, sur le territoire de Saint-Étienne[8].

Le Duc concéda aussi aux chanoines six familles mainmortables à Ahuy, ainsi que la remise des droits de maréchaussée et de parcours, comme il avait déjà été fait pour Saint-Bénigne[9]. Les témoins de ces chartes sont, outre Henri de Bourgogne, Thierry de Faverney, Mile de Frolois, Gui le Roux de Monestoy, Galleran de Montréal, Aymon de la Porte, Hugues de Bèze.

Il est à croire que les bourgeois de Dijon, peu satisfaits de n'avoir pu obtenir la translation du marché au milieu de la population, insistèrent de nouveau auprès du Duc, car ce prince établit une foire le jour de la Saint-Jean-Baptiste, et en donna moitié des revenus à Jarenton, abbé de Saint-Bénigne, attendu que la foire devait se tenir sur le territoire de cette abbaye. Il en réserva toutefois la justice, et en présence de Tecelin le Roux, Mile de Frolois, Vidric, chevalier, Euvrard, fils de Gui le maréchal, et autres, fit ratifier l'acte par son oncle l'évêque de Langres, qui menaça d'anathème tous ceux qui, n'ayant aucun égard pour cette donation, causeraient à l'avenir préjudice à Saint-Bénigne[10].

L'évêque Robert de Bourgogne fit en même temps une concession importante en plein chapitre de Saint-Bénigne, en cédant aux religieux les églises de Saint-Jean et de Saint-Philibert, sises dans le cimetière[11]. Par une charte qui ne doit pas s'éloigner de cette époque de 1103, l'évêque de Langres, étant à l'abbaye de Saint-Seine, déclare que l'église de Saint-Martin de Langres appartenant à ses parents, à son frère Eudes Ier, puis au fils de ce dernier Hugues II, et que ce noble jeune homme, nobilis adolescens, en fait l'abandon à l'abbaye de Saint-Seine, où sont enterrés leurs parents[12].

Aux fêtes de Pâques 1104, il y eut un grand concile à Troyes[13], auquel assistèrent beaucoup de seigneurs bourguignons et de nombreux prélats. On y comptait trois archevêques Daimbert, de Sens ; Raoul, de Tours Manassès, de Reims. Les évêques étaient Humbert, d'Auxerre Hervé, de Nevers Robert de Bourgogne, de Langres Narjod de Toucy, d'Autun ; Hugues, de Châlons-sur-Marne Philippe, de Troyes, etc. les abbés Robert, de Molème Lambert, de Pothières. Le Duc de Bourgogne qui avait été convoqué, y était représenté par son sénéchal Renier de Châtillon. Parmi les autres laïcs se trouvaient encore Milon, comte de Bar-sur-Seine Mile, seigneur de Chacenay Guy, seigneur de Vignory André, comte de Ramerupt André, seigneur de Baudement.

Ce concile était présidé par Richard, évêque d'Albano, légat du Saint-Siège, qui avait été envoyé par le pape pour relever, sous certaines conditions, le roi adultère Philippe de l'excommunication portée contre lui. Mais cette absolution que les assistants attendaient ne fut pas prononcée et fut renvoyée à un concile ultérieur.

Tous les personnages que nous venons de citer étaient à Troyes, le 2 avril 1104, lorsque le comte de Champagne renouvela toutes les dotations qu'il avait faites à l'abbaye de Molème[14].

Après la clôture du concile, Robert, évêque de Langres, se rendit dans son diocèse, et alla faire le siège du château de Nogent-le-Roi, occupé alors par un seigneur en partie vassal du comte de Champagne, et qui avait probablement refusé hommage à l'évêque, ou prélevé injustement les revenus de l'église de Nogent. C'est ce qui explique la présence de Hugues, comte de Champagne, que nous trouvons à ce siège, le 2 mai 1104, un mois environ après la tenue du concile.

Robert résolut alors de se défaire de la chapelle de Nogent, des églises et des biens qui en dépendaient, ne voulant pas être exposé à guerroyer contre un seigneur qui lui en contestait sans cesse la possession et les revenus à main armée. C'est à l'abbaye de Saint-Bénigne qu'il en fit donation[15]. Mais à un siège il était peu commode de trouver ce qu'il fallait pour écrire et rédiger une charte. Hugues, chapelain de Jarenton, abbé de Saint-Bénigne, devait, comme formalité et comme symbole de droit concédé, rapporter au moins un objet quelconque à l'abbé Jarenton. L'évêque n'avait rien sous la main. Le comte voyant son embarras lui offrit un denier de Troyes. L'évêque l'accepta et le remit au chapelain pour le transmettre à son abbé. Mais pour être sûr que le denier ne s'égarât pas, l'un des assistants y perça un trou, afin de l'attacher par une ficelle au bas du parchemin. La charte et le denier existent encore aux archives de la Haute-Marne[16].

Le Duc de Bourgogne était pendant ce temps-là à Fleurey-sur-Ouche avec sa cour et l'archevêque de Lyon, son parent, qui l'avait assigné à un plaid pour réclamer ce domaine de Fleurey, appartenant Saint-Marcel de Chalon, et provenant des fonds dont le roi Gontran avait doté ce monastère. Une petite communauté de moines était venue s'y établir, mais une partie des droits avaient été perdus par les empiétements des seigneurs du voisinage et principalement du Duc Eudes Ier, qui en avait usurpé la portion la plus considérable. Le Duc Hugues conservait la jouissance de ce domaine, malgré les plaintes et les réclamations réitérées du prieur et des moines de Saint-Marcel.

Hugues, archevêque de Lyon, qui était en même temps prieur de Saint-Marcel de Chalon, avait toute autorité pour revendiquer ce qui avait été enlevé à son église. Les réclamations furent favorablement écoutées du Duc et des seigneurs présents Renier de Châtillon, sénéchal, qui était revenu du concile de Troyes, Tecelin le Roux, Bernard de Montfort, Garnier de Sombernon, Mile de Frolois, Achard de Châtillon, échanson, Hugues Chanlart, Renaud de Jully, Geoffroi et Frédéric de Châtillon, Robert de Nuits, le prévôt Eudes. Le Duc affranchit donc les habitants de Fleurey des taxes et des coutumes injustes et onéreuses qui leur avaient été imposées par son père mais pour se dédommager de la perte d'une terre aussi importante, il exigea du prieur de Saint-Marcel un palefroi, c'est-à-dire un cheval de selle tout équipé, et deux cents sols de monnaie dijonnaise[17]. Les choses ainsi arrangées, Hugues, archevêque de Lyon, et ses officiers le Duc de Bourgogne et sa cour, partirent de Fleurey pour aller à Dijon, où devaient se rendre également le comte de Champagne et l'évêque de Langres, qui avaient levé le siège de Nogent.

A Dijon, il y eut une grande réunion chez l'abbé de Saint-Bénigne, à laquelle assistèrent, outre plusieurs des personnages précités, Béraud, évêque de Mâcon, l'abbé de Saint-Germain d'Auxerre, Hugues, vicomte de Troyes, Gui et Renaud de Grancey, Gauthier de la Roche, connétable. Les conventions arrêtées à Fleurey y furent renouvelées et la charte y fut lue solennellement, et munie des sceaux des prélats présents[18]. De Dijon, le Duc de Bourgogne et le comte de Champagne suivis de leurs officiers se rendirent à Molème, où ils s'étaient donné rendez-vous avec Guillaume II, comte de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre, les comtes de Bar-sur-Seine, de Brienne et de Reynel, ainsi que d'autres seigneurs de Champagne. Les religieux apprenant l'arrivée des deux principaux bienfaiteurs de l'abbaye, sortirent aussitôt vêtus d'aubes, et allèrent au-devant d'eux en procession pour leur faire honneur. Puis ils les conduisirent à l'église. Le comte de Champagne, touché d'une telle réception, ôta de son doigt son anneau et le déposa sur l'autel, en signe de l'abandon de ses droits d'usufruit sur moitié de la seigneurie de Rumilly-lès-Vaudes[19].

Pendant l'hiver de l'année 1105, le Duc de Bourgogne parcourut la région sud-est de son Duché qu'il n'avait pas encore visitée. Il était à Avallon, le 29 janvier 1106[20], où se rendirent tous les nobles des environs désireux de lui faire la cour, et une foule de peuple qu'attire toujours l'éclat d'une cérémonie quelconque et le passage des grands personnages[21]. Il ne dut pas séjourner longtemps dans le vieux château des anciens comtes, qui n'était guère habitable, mais il y donna plusieurs chartes qui ne sont pas arrivées jusqu'à nous, et dont on n'a que les mentions. Il confirma les privilèges des chanoines de Saint-Lazare d'Avallon, et leur donna une rente de quarante sols à prendre sur les revenus de cette ville[22]. Deux chevaliers vinrent l'y trouver pour lui faire approuver la concession qu'ils avaient faite à des ermites, de terres et de bois à Fontemoy, près de Joux[23], sur les frontières de l'Auxerrois et de la Bourgogne. Les ermites se nommaient Girard et Guérin et occupaient une retraite qui, depuis plus de vingt ans[24], était habitée par de pauvres pénitents qui étaient venus se retirer du monde dans ce vallon aride et ignoré.

Les chevaliers se nommaient Anséric et Gui l'un tenait fief d'Eudes d'Avallon, l'autre de Mile de Noyers, leurs parents. Ils avaient donné, deux ans auparavant, aux deux ermites, la terre de Saint-Pierre, comprise entre les chemins d'Auxerre et de Vézelay. A la fête de la Magdelaine suivante, Gui de Noyers avait renouvelé la donation et déposé la charte sur l'autel. Eudes et Anséric d'Avallon profitaient de la présence du Duc pour faire également ratifier leur donation[25].

De cette terre de Saint-Pierre, qui prit le nom de Fontemoy, il ne reste plus qu'une chapelle en ruines. Dix ans plus tard, le nombre des religieux ayant augmenté, ils furent dans l'impossibilité de subvenir à leurs besoins dans ce désert, et obligés d'aller s'installer sur les bords de la Cure, à Reigny, dont le nom est plus connu, et qui occupe une place importante dans l'histoire des abbayes du XIIe siècle.

Une autre solitude, d'un aspect non moins sauvage, devenait, vers le même temps, le siège d'un monastère au centre de la Bourgogne, à Ogny, près d'un ruisseau qui prend naissance à deux lieues de là, et qui plus loin s'appelle la Seine. Là, vivait un pauvre religieux nommé Christophorus dans la charte primitive[26]. Ce pieux ermite, à l'aide de son ascendant sur les seigneurs du voisinage et par une réputation de sainteté qui s'étendait au loin, fut autorisé avec plusieurs moines à s'établir dans ce lieu. En 1106, il obtint d'un seigneur de Duesme nommé Gaudin et de Mile Frolois, un des familiers du Duc, des terres, des bois et l'espace suffisant pour y construire un monastère sous la règle de -saint Augustin. Les parents des fondateurs augmentèrent ces donations, qui furent approuvées par Hugues II, Duc de Bourgogne, et une église fut construite sous le vocable de la Vierge, de. Saint-Laurent et de Saint-Nicolas[27]. Plus tard, s'élevèrent des bâtiments assez considérables, et peut-être trop spacieux pour une communauté qui ne prit jamais de grandes proportions.

Jusqu'ici le nom de la Duchesse ne paraît nulle part. A quelle date eut lieu le mariage du Duc Hugues II ? C'est ce qu'aucun document ne nous apprend ; mais il est certain que cet événement doit être antérieur à l'époque de 1106. Pour quelle raison prit-il pour femme une orpheline de la maison des vicomtes de Turenne, avec lesquels les Ducs de Bourgogne n'avaient aucun rapport de voisinage ou d'intérêt ? Rien ne nous l'indique.

Mathilde, femme du Duc Hugues IL, était fille de Boson Ier, vicomte de Turenne, mort dans un pèlerinage en Terre-Sainte, en 1091[28]. Raymond, fils de Boson, avait fait partie de la croisade avec Eudes Ier il avait échappé aux massacres de cette triste expédition, et peut-être avait-il été du nombre de ceux qui avaient rapporté en Bourgogne la dépouille mortelle du Duc.

Un synode se tint à Langres, en 1106. L'évêque Robert de Bourgogne y rendit un jugement assez curieux, qui donne une preuve des envahissements que les religieux, à l'exemple des grands seigneurs, se permettaient sur les monastères voisins quand ils en trouvaient l'occasion.

Les moines de l'abbaye de Molème, près Tonnerre, dont l'origine remontait à des fondations faites sous la première race royale, et dont les revenus avaient beaucoup diminué pendant les guerres et les invasions du moyen âge, ayant appris que l'abbé de Saint-Michel de Tonnerre était absent, s'étaient emparés d'un de ses plus importants domaines, et y avaient installé des religieux chargés d'administrer les affaires et d'en toucher les bénéfices. La pauvreté du monastère ne justifiait assurément pas une telle licence. A son retour à Saint-Michel, l'abbé Gui, justement ému d'une si inqualifiable conduite de la part de ses voisins, alla se plaindre à l'évêque de Langres, qui lui rendit justice, en présence de saint Robert, abbé de Molème, de Bernard, abbé de Moustier-Saint-Jean et de tous les archidiacres[29]. Pour plus de sûreté, l'abbé de Saint-Michel se rendit au concile de Troyes qui devait être présidé par le pape Pascal, afin d'y faire confirmer ses droits d'une manière inattaquable. Le pape Pascal II allait en effet parcourir nos provinces il voulait revoir la Bourgogne, visiter Cluny où il avait porté l'habit monastique avant de monter sur le trône pontifical, et consacrer l'église qu'il avait vu bâtir. Il y célébra les fêtes de Noël 1106, et y séjourna quelque temps[30]. Le 8 février 1107, il était à Saint-Hippolyte, où il confirma l'union de l'abbaye de Vaucluse à celle de Cluny, et quelques jours après à Chalon, en conférence avec les ambassadeurs de Henri V au sujet des investitures[31].

Le 16 février 1707, Pascal II était à Dijon, accompagné de son légat le cardinal Richard, évêque d'Albano, et de quatre évêques, parmi lesquels ceux de Langres et d'Autun, Robert de Bourgogne et Narjod de Toucy, appelés pour assister à la dédicace de l'église Saint-Bénigne, dont un siècle auparavant l'abbé Guillaume avait posé la première pierre, et qui avait été seulement bénie quelques années plus tard. Après la cérémonie, le pape crut devoir adresser au Duc de Bourgogne les exhortations et les sages avis que son âge et son autorité l'autorisaient à adresser à un jeune homme[32]. Touché de ses paroles, Hugues fit serment entre ses mains de respecter les privilèges du monastère, et de ne pas toucher aux droits et aux prérogatives qui lui avaient été concédés par son oncle Hugues Ier, Duc et moine de glorieuse mémoire. Il s'engagea à ne plus réclamer les taxes injustes et les lourds impôts que ses officiers exigeaient, et pour affranchir les religieux de toute dépendance vis-à-vis de ces derniers, il les exempta de sa juridiction, ainsi que les domaines qui leur appartenaient, c'est-à-dire les terres situées entre le cours du Suzon et l'abbaye. Il confirma également l'exemption des droits d'entrée à Dijon, qui leur avaient été accordés par le Duc Eudes Ier, son père ; il y joignit les mêmes privilèges pour leur entrée à Beaune. Il renonça enfin aux coutumes qu'il prenait à Plombières et à Velars, sauf le droit de gîte qu'il réserva deux fois l'an dans ce dernier village.

Henri, frère du Duc, et les principaux officiers de la cour du Duc, qui n'avaient pas manqué de se rendre à cette imposante cérémonie, ratifièrent ces conventions Savaric de Vergy, comte de Chalon Valon, abbé de Losne Renier de Châtillon et Hugues de Grancey, sénéchaux Jobert de la Ferté, vicomte de Dijon Hugues de Pouilly, Tecelin le Roux, Aganon de la Roche, Gauthier de Thil, Widric et son frère Hugues, Guillaume de Til-Châtel, Mile de Frolois, etc.[33]

De Dijon, le pape se rendit à l'abbaye de Bèze, où il était le 18 février 1107[34], toujours suivi par une foule de seigneurs, de prélats, d'abbés, et une multitude de peuple. Clercs et laïcs se pressaient de toutes parts, désireux de voir passer le souverain pontife et son cortège[35]. A Bèze, cinq cardinaux l'accompagnaient et quatre évêques, parmi lesquels ceux de Langres et de Cambray ; Lambert, abbé de Pothières ; Henri, abbé de Saint-Seine ; Gui, abbé de Saint-Michel, de Tonnerre Henri, abbé de Saint-Jean d'Angely et beaucoup d'autres.

Le pape resta trois jours à Bèze, séduit par le site agréable et la propreté du monastère, du bon accueil et de l'affabilité des moines, louant et approuvant toutes choses[36]. Le troisième jour, c'est-à-dire le 21, il entra au chapitre, et, après s'être assis, il commença un sermon, en prenant pour texte : Fratres, quœcumque scripta sunt, ad nostram doctrinam scripta sunt, ut, per patientiam et consolationem scripturarum, spem habeamus. Puis développant son sujet, il leur dit que s'adressant à des religieux, il avait surtout à leur parler de la patience, qui est la vertu la plus nécessaire et comme la base principale de la vie monastique. Il leur démontra que de la patience, sortent l'espérance, la foi et la charité. Quand le pape eut terminé son sermon, Étienne, abbé de Bèze, au nom de la communauté, le pria de vouloir bien donner l'absolution à tous les frères vivants ou défunts, puisqu'il avait le droit de lier et de délier dans le ciel et sur la terre. Alors le pape lut un psaume, récita l'oraison dominicale, leur donna l'absolution d'abord, puis sa bénédiction.

Ensuite il commença la consécration de l'autel Saint-Pierre et Saint-Paul de Bèze, et célébra une messe solennelle, comme on a l'habitude de faire à la plus grande fête de l'année[37].

Quelques jours après, Pascal II était à Langres, accompagné de l'évêque de cette ville. Il y reçut la visite de Thierry, duc de Lorraine, et eut diverses audiences et jugements à donner[38]. Mais s'étant trouvé indisposé, il fut forcé de séjourner quelques jours à Langres[39].

Il revint ensuite par la Bourgogne, passa par Avallon, y consacra l'église de Saint-Lazare[40], dont s'élevaient les belles constructions de style roman riche, sous la direction de l'opulente abbaye de Cluny, qui en avait la propriété depuis la donation de Hugues Ier, Duc de Bourgogne. Mais ce monument, l'un des plus curieux qu'il nous ait été permis d'admirer, et dont plusieurs incendies ne nous ont laissé que le portail, n'était pas entièrement achevé.

Le pape était, le dimanche 9 mars, à la Charité. Il y était appelé par un moine de Cluny, par cet Herpin, vicomte de Bourges et seigneur de la Charité, qui avait vendu son domaine au roi de France pour aller en Terre-Sainte, et, qui plus heureux que beaucoup de ses compagnons d'armes, était revenu sain et sauf de ce périlleux voyage, et avait fait vœu de finir ses jours sous le froc Clunisien[41]. Pascal II n'avait rien à refuser à un personnage qui donnait untel exemple. Quel fut d'ailleurs son étonnement en consacrant[42] les murs de cette immense et prodigieuse basilique, la plus merveilleuse qui nous reste de cette époque. A cette cérémonie comme à toutes les précédentes, se pressait une telle multitude, que l'église, malgré son étendue, la ville et les pays voisins ne pouvaient la contenir[43].

Après avoir été dans l'Ile de France, à Paris, à Saint-Denis, Pascal II vint, aux fêtes de l'Ascension, en mai 1107, présider le concile de Troyes[44], où furent traitées diverses questions importantes. Les règlements sur la trêve de Dieu y furent renouvelés, l'élection de l'archevêque de Reims cassée on y prononça l'annulation du mariage du roi Louis VI avec Lucienne de Rochefort ; on lança des sentences contre les prêtres concubinaires et contre les ecclésiastiques qui recevaient l'investiture de la main des laïcs.

Le Duc de Bourgogne se rendit à Molème la même année avec sa cour, car il y venait souvent à certaines cérémonies et fêtes pendant la première partie de son règne et surtout sous l'abbé Robert. Il abandonna aux religieux une femme serve et ses enfants, en présence de Bernard de Monfort, Mile de Chacenay, Renier de Châtillon, son sénéchal, Mile de Frolois, son connétable, Tecelin de Polisy et autres[45]. Il est à remarquer que la charte dit encore juvenis Dux, et que la donation fut confirmée sur la cuirasse, in lorica[46], d'Achard de Châtillon, le sénéchal.

Hugues II avait rendez-vous à Molème, en 1108, avec Guillaume, comte de Nevers, d'Auxerre et de Tonnerre, pour certaines affaires qu'on n'indique pas. Le comte déclare qu'il a été honorablement reçu par les moines, et, pour être mieux recommandé dans leurs prières, il leur céda le droit appelé herban, qu'il exerçait sur leurs vignes de Tronchoy, ainsi que le droit de pâturages dans les seigneuries de Chaumes et de Laignes. Jobert le Roux de Châtillon, vicomte de Dijon, est seul cité avec le Duc de Bourgogne. Le comte avait avec lui plusieurs de ses officiers son échanson, Hugues de Til, son sénéchal Gauthier, Mile de Courtenay et Bon-Ami, prévôt de Tonnerre[47]. Le comte de Nevers partit de là pour Châtillon, ainsi que plusieurs seigneurs de Champagne, qui allaient au-devant de leur comte à son retour de Terre-Sainte[48]. Vers le même temps, mourut Philippe Ier, roi de France. Son fils qui lui succéda, et qui était déjà en hostilité avec Henri Ier, roi d'Angleterre et Duc de Normandie, allait se trouver dans des circonstances assez difficiles. Sacré le 3 août 1108, Louis le Gros avait appelé auprès de lui ses principaux grands vassaux Robert II, comte de Flandre Hugues Borel, Duc de Bourgogne Guillaume, comte de Nevers Thibaud, comte de Champagne sans compter une foule de barons, d'évêques et d'abbés. Une contestation qui pouvait amener une guerre sérieuse s'était élevée entre les deux souverains, au sujet de la possession de Gisors[49], place forte située sur les frontières de Normandie et de l'Ile de France, et revendiquée par chacun d'eux. Mise en séquestre sous la garde d'un chevalier, qui s'était laissé gagner par les promesses du roi d'Angleterre et la lui avait livrée, la forteresse était énergiquement réclamée par le roi de France. On entra en pourparlers, une entrevue fut arrêtée à Neaufles, près de Gisors, mais cette entrevue armée n'amena aucun résultat, car sous des dehors pacifiques les deux partis étaient prêts à en venir aux mains. Le comte de Flandre avait à lui seul quatre mille chevaux, et bien que les forces amenées par le Duc de Bourgogne et le comte de Champagne ne soient point indiquées, il est probable qu'ils étaient entourés d'une partie de leur noblesse. Après une journée de pourparlers qui n'aboutit à aucune convention acceptable, Louis offrit un duel à son adversaire. Henri répondit qu'il ne se battait que quand on l'attaquait. Les vassaux du roi de France prirent ce défi à leur adresse et coururent aux armes mais un obstacle les arrêta ils ne purent franchir la rivière qui les séparait de leurs ennemis, et la nuit qui s'avançait les fit battre en retraite. Le lendemain de bonne heure les troupes du roi de France trouvèrent un gué, et coururent sur l'ennemi qui se replia sous les murs de Gisors, occupa la ville et ne permit pas aux Français d'en approcher[50] : « En ceste manière commança la guerre entre les deux roys qui dura près de deux ans. Si en fu le roy Anglois plus grevé que celluy de France, pour ce qu'il leur convenoit garnir les marches de Normandie de grant plenté de chevaliers et de sergens, pour la terre deffendre. Et le roy Loys ardoit tandis la terre et la destruisoit et gastoit tout le pais...[51] »

Parti au printemps de l'an 1109, le Duc de Bourgogne dut suivre Louis le Gros dans les péripéties de cette guerre, car il n'apparaît pas dans les chartes de cette année, et ne rentra en Bourgogne qu'au commencement de l'hiver.

C'est pendant cette campagne que l'évêque de Barcelone vint trouver le roi pour implorer son secours contre une armée d'infidèles qui, partis d'Afrique, envahissaient l'Espagne et pénétraient déjà dans la Catalogne. Louis le Gros, pour être en état de leur donner la chasse, fit des trêves avec le roi d'Angleterre et d'autres seigneurs contre lesquels il guerroyait. On ne voit cependant pas qu'il ait passé les Pyrénées[52].

Nous trouvons le Duc de Bourgogne à Dijon, le 31 janvier 1110, dans la maison de Jocelin de Bèze, avec son oncle Robert de Bourgogne, évêque de Langres, et son sénéchal Renier de Châtillon, lorsqu'il donna aux religieux de Saint-Seine la partie de la terre de Saint-Martin près Langres, qui lui appartenait en propre. En signe de cet abandon, il remit à l'évêque un arc brisé qu'il tenait à la main[53].

Pendant que le Duc Hugues II accompagnait le roi à la guerre, son arrière-grand-oncle Hugues de Semur, abbé de Cluny, était décédé, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, laissant l'abbaye qu'il avait dirigée pendant soixante années dans le meilleur état de puissance et de splendeur.

Et comme si la mort avait voulu frapper d'un seul coup tous les personnages éminents qui avaient occupé une grande situation à la fin du XIe siècle, moins d'un an après, le samedi 29 avril, les moines de Molème perdaient leur vénérable abbé Robert[54], qui, pendant trente-cinq ans avait aussi amené l'abbaye à un degré de prospérité qu'elle ne devait plus retrouver. Robert, par la douceur de son caractère et l'austérité de ses vertus, avait toujours su conserver la faveur des Ducs de Bourgogne, des comtes de Champagne et des seigneurs du voisinage, désireux de prendre l'habit monastique sous sa direction. Sa mémoire devait rester vénérée dans tous les monastères de la chrétienté, et l'Église, en conférant la qualité de saint au plus grand réformateur de cette époque, n'a fait que ratifier le sentiment de ses contemporains.

Une perte regrettable allait atteindre plus directement encore la famille ducale. L'évêque Robert était tombé malade à Châtillon-sur-Seine et y était mort, après avoir pris l'habit des moines de Molème, des mains de leur nouvel abbé Gui de Châtel-Censoir, et après avoir confessé ses fautes aux abbés Étienne et Gui, de Bèze et de Tonnerre[55].

Cette mort que rien ne faisait prévoir avait été assez prompte, car l'évêque prouvait les années précédentes une grande activité et paraît dans plusieurs actes : — lorsqu'il notifie aux religieux de Saint-Bénigne de Dijon la donation faite par Gui de Vignory au prieuré de Saint-Étienne de ce lieu[56] ; — lorsqu'il confirme la donation de ce même seigneur avec l'approbation de son parent, Lambert de Vignory, archidiacre[57] lorsqu'il tient un plaid à Cirey-Binges, près Pontailler, pour faire la paix entre l'abbé de Saint-Germain d'Auxerre et celui de Bèze, qui revendiquaient les dîmes de Drambon et la forêt de Ferrières[58] ; — lorsqu'il donne à Jarenton, abbé de Saint-Bénigne, les églises de Saint-Jean et de Saint-Eusèbe de Cosne[59] ; — lorsqu'il ratifie la concession de la chapelle castrale de Beaumont, faite à l'abbaye de Bèze par Girard, archidiacre de Langres[60] ; — lorsqu'il donne l'église d'Arc-en-Barrois au monastère de Cluny[61].

A la nouvelle de la mort du prélat, le 18 septembre 1111[62], sa sœur Béatrix, femme de Gui de Vignory, et le Duc Hugues accoururent en toute hâte à Châtillon, et conduisirent son corps à Molème pour lui donner la sépulture. Après la cérémonie, Béatrix de Bourgogne étant entrée au chapitre avec sa famille, abandonna à l'abbé Gui de Châtel-Censoir et aux religieux, pour l'âme de son frère et de celle de ses ancêtres, les églises de Saint-Marcel, du Mont-Lassois[63] et de Saint-Didier de Montliot[64], qui faisaient partie de son patrimoine. Le Duc Hugues donna son approbation à cet acte, ainsi que le doyen Villencus et Erard, archidiacre du Lassois, dans la circonscription desquels se trouvaient ces églises[65].

Après la mort de Robert de Bourgogne, le siège de l'évêché de Langres fut vacant plus de deux ans, par suite du nombre des prétendants et de leurs démêlés. L'un des plus ardents compétiteurs était Lambert de Vignory, parent et protégé du prélat défunt, depuis longtemps archidiacre et trésorier du diocèse[66]. La puissante maison à laquelle il appartenait, sa proche parenté avec la maison ducale, et surtout le souvenir de son grand-oncle du même nom, qui cent ans auparavant avait occupé le même siège, lui donnaient des droits et l'espoir d'obtenir un semblable honneur. Il fut en effet élu et en prit le titre on a deux chartes qui l'indiquent[67] il paraissait avoir toutes les chances de voir cette élection ratifiée, étant soutenu d'ailleurs par le légat du pape, Richard, évêque d'Albano, qui l'accompagnait partout pour lui prêter son appui[68].

Mais l'influence du métropolitain et la volonté des clercs renversèrent ces espérances. Joceran de Brancion, neveu de l'archevêque de Lyon, fut nommé en 1113, malgré tous les obstacles qu'on lui suscita. La tombe s'ouvrit dans le même moment pour Jarenton, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, l'homme qui, après l'abbé Guillaume, a marqué avec plus d'éclat dans les annales de ce monastère, dont il avait eu pendant trente-cinq ans la direction. Il nous apparaît pour la dernière fois vers 1112, dans un acte du Duc Hugues II, ratifiant, en faveur de l'abbaye de Saint-Bénigne, la donation de la terre de Bellefonds, faite par Étienne de Blaisy, un de ses vassaux, alors qu'il se fit moine. La cour du Duc était réunie pour cette cérémonie la Duchesse Mathilde et son jeune enfant Eudes ; Gui, seigneur de Vignory ; Renier, de Châtillon, sénéchal ; Euvrard, maréchal ; Gislebert, maréchal[69] ; le prévôt Hugues, fils de Jocelin les trois fils du donateur, Garnier de Blaisy, prévôt de Saint-Étienne et ses frères Humbert et Thierry[70].

La mort du vénérable abbé de Saint-Bénigne avait été précédée de celle de Narjod de Toucy, évêque d'Autun[71], prélat très peu regretté par le clergé Autunois. Étienne, fils de Joceran de Beaugey, qui fut immédiatement nommé à sa place, avait une humeur bienveillante et pacifique, qui devait faire oublier le caractère hautain, tracassier et violent de son prédécesseur. Il s'efforça dans toutes les circonstances de sauvegarder les intérêts de son église, en ménageant de bons rapports avec les princes et les barons dont les domaines étaient compris dans son diocèse.

Les moines d'Autun s'étaient plaint inutilement sous l’évêque Narjod des droits insolites que le Duc Hugues percevait à Chenôve[72] dans le Dijonnais et à Gratoux[73] dans l'Autunois. L'évêque Étienne, plus adroit que son prédécesseur, ne manqua pas, après son installation, d'aller faire visite au Duc et à Guillaume, comte de Nevers, en leur témoignant le désir de vivre avec eux dans les termes de la plus sincère affection. Incidemment il toucha quelques mots des réclamations de ses chanoines, et invita le Duc et le comte à venir à Autun. Au jour dit l'assemblée se réunit, et l'affaire qui était l'objet des préoccupations du prélat ayant été expliquée et discutée, on déclara- de part et d'autre que l'on s'en tiendrait au texte de l'accord fait par Hugues Ier, et que chacun d'eux conserverait les droits qui y étaient énoncés. On se promit de venir chaque année le jour de la fête de Saint-Nazaire à Autun, pour entretenir cet accord et ces bonnes dispositions.

L'année suivante (1113), le Duc fut en effet fidèle au rendez-vous mais les chanoines lui reprochèrent assez vivement de n'avoir pas tenu la même fidélité à ses promesses, et d'avoir exigé des habitants de Chenôve et de Gratoux des droits et des taxes que le contrat précité ne justifiait nullement. Le Duc sembla étonné de ces récriminations, et en rejeta la faute sur ses officiers mais, pour ne pas faillir aux sentiments de justice et maintenir leurs bonnes relations, il invita à son tour l’évêque et son chapitre à Dijon. La réunion se tint chez Guillaume le Marchand. Là, les chanoines renouvelèrent leurs plaintes, exposèrent au conseil les exactions dont ils se prétendaient victimes, et prouvèrent que le Duc n'avait ni revenus, ni serfs, ni coutumes dans les localités où s'étaient passés les faits qui faisaient l'objet de ce litige. Ils produisirent le titre formel d'abandon qui en avait été délivré en 1100 au concile d'Autun par Eudes Ier, père de Hugues II. Ce dernier se refusait de consentir à l'abandon intégral de ces droits, et prétendait que la longue possession était un droit supérieur à tous les titres, mais il engagea les conseillers à examiner les raisons pour et contre, et se retira à l'écart pour ne pas paraître peser sur les délibérations. Les arbitres étaient au nombre de huit : Anséric, chanoine et prévôt de Saint-Nazaire d'Autun ; Valon, abbé de Losne ; son frère Wirric ; Adémar de Masse[74] ; Thibaud Damas ; Guillaume de Fouvent ; Hugues de Grancey, sénéchal ; Tecelin le Roux. La discussion du débat étant terminée, Thibaud Damas rapporta le jugement en ces termes : « Nous jugeons que l'église d'Autun, par suite de la donation du Duc Eudes, doit posséder sans contestation les villages en question avec toutes leurs dépendances et tous leurs habitants, nets de charges et de coutumes quelconques envers le Duc. »

Ce jugement prononcé, Hugues II fut forcé de renouveler la charte de son père et de prononcer la menace d'anathème contre ceux qui n'en observeraient pas les clauses.

Les chanoines se mirent alors en mesure de reprendre possession des terres et des droits qui leur avaient été enlevés. Mais ils éprouvèrent de nouvelles résistances, et Euvrard le Maréchal, un des familiers du Duc, ne put consentir à abandonner ce qu'il tenait à Longvy. Autres pourparlers s'en suivirent L'arrangement auquel on aboutit fut de laisser Euvrard jouir sa vie durant du domaine contesté, sauf les cens et des revenus dont il était grevé en faveur de l'église d'Autun. Cette dernière convention relatée dans le même acte[75], fut arrêtée au palais ducal à Dijon, en présence de la Duchesse et de ses enfants, d'Étienne de Beaugey, évêque d'Autun, du doyen Guillaume, de l'archidiacre Humbert, de Renier de Riveau, de Lambert, prévôt de Saulieu et de plusieurs chanoines d'Autun, de Dominique, gendre d'Evrard, Garnier de Sombernon, Renier de la Roche, Mathieu, Wirric, etc.

L'évêque d'Autun, dès la seconde année de son épiscopat, avait acheté le château de Touillon[76], pour augmenter le domaine de son église et lui assigner un point d'appui dans cette partie éloignée de son diocèse. Gui de Châtel-Censoir, abbé de Molème, en profita pour faire ratifier toutes les donations faites à son abbaye par Gaudry de Touillon[77] et ses enfants, auparavant possesseurs de ce château, savoir l'église et le presbytérat de Cras, l'église de Frolois[78].

C'est également grâce à l'intervention de l'évêque d'Autun qu'un plaid fut organisé et tenu à Semur-en-Auxois, pour le règlement des contestations qui, depuis longtemps, s'agitaient entre les religieux de Flavigny et les fils de Thibaud le Roux, de Maligny, avoué de cette abbaye. Thibaud prétendait que son père avait obtenu en don, du temps de l'abbé Eudes, c'est-à-dire avant 1085, un certain fief et des redevances les religieux soutenaient que ce fief n'ayant été donné qu'à vie aurait dû faire retour au monastère après la mort de Thibaud. C'est un exemple de ces usurpations fréquentes au moyen âge, et commises par les avoués chargés de défendre les intérêts des abbayes, qui en recevaient en viager un domaine ou des rentes et dont les héritiers ne voulaient plus se dessaisir. L'évêque d'Autun et les personnages présents à ce plaid tranchèrent la question. Le Duc Hugues, Savaric, comte de Chalon, Hugues de Montréal, Hugues de Thil, Gislebert de Gresigny et son fils Thibaut, le comte Ponce, Aderan de la Roche, Osmond de Frolois, Godefroy de Grignon, Humbert de Brianni, Guinebaud de Seignelay, Ponce d'Argenteuil, trouvèrent justes les revendications des religieux de Flavigny, et leur attribuèrent les domaines en litige ; mais pour mettre fin à toute réclamation ultérieure, Hugues de Maligny reçut mille sols dijonnois et un palefroi, et son frère Bouchard dix sols[79].

Malgré la résistance que le Duc Hugues avait opposée à l'évêque d'Autun pour l'importante cession des droits qu'il avait à Chenôve et à Gratoux, on doit constater sa tendance à réparer les actes quelque peu violents commis par son père, et ses bonnes dispositions à l'égard des monastères, qui se traduisaient par des donations, quand ses intérêts n'étaient pas trop directement compromis. Les religieux de Bèze, qui avaient plusieurs fois déjà fait appel à ses sentiments, en obtinrent encore, en 1113, un privilège[80], non seulement pour leur abbaye, mais pour toutes les maisons qui en dépendaient. C'était une exemption de droits de péage que l'on exigeait ordinairement des chariots à leur entrée à Dijon. La seule condition que l'on mît à ce bienfait était l'obligation d'un anniversaire pour les membres de la famille. Au nombre des personnages qui assistent le Duc dans cette circonstance, citons Valon, abbé de Losne et archidiacre du pays d'Ouche, le sénéchal Hugues de Grancey, Galeran de Montréal, chevalier, les prévôts Hugues et Euvrard, Étienne, abbé de Bèze.

Henri de Bourgogne qui est nommé après le Duc son frère dans cet acte, accompagnait la même année e Thibaud, comte de Blois et son fils Hugues, comte de Troyes et de Champagne, lorsque revenant de Vézelay à Tonnerre, ils exemptèrent de tous droits onéreux le monastère de Saint-Michel de cette ville[81]. Une pièce qui doit se rapporter à la même date (1113), mais qui relate des faits antérieurs, est relative à la vente du comté de Chalon[82]. Geoffroi de Donzy, lors de son départ en Terre-Sainte, avait, comme nous l'avons déjà dit, vendu sa part dans ce comté à son oncle Savaric de Donzy, sire de Vergy. Mais celui-ci ayant eu de lourdes charges à supporter lors de l'expédition d'Espagne, dans laquelle il avait accompagné le Duc Eudes Ier, et n'ayant pas assez d'argent pour s'acquitter envers son neveu, avait engagé pour compléter son paiement la moitié de son acquisition à l'évêque de Chalon, moyennant deux cents onces d'or. Les chanoines de cette église, assez gênés eux-mêmes, avaient été obligés, pour trouver la somme, d'enlever les lames d'or qui ornaient la châsse de saint Vincent, leur patron. La situation pécuniaire de Savaric de Donzy s'était peu améliorée dans la suite, et les évêques de Chalon étaient restés nantis du gage et possesseurs d'un quart du comté de Chalon. C'est ce traité légitimant leur possession et mentionnant leurs droits et les limites de leur juridiction, qu'ils passèrent avec Savaric, en présence de Joceran, évêque de Langres, Foulques de Réon et Hugues de Châtel-Censoir. Ils le firent ensuite approuver par Elisabeth de Vergy, femme de Savaric, et par ses fils Simon et Hervé.

Ce Savaric, comte de Chalon, qui paraît avoir joué un rôle important dans les événements de l'époque, fit peu après une donation aux religieux de Saint-Etienne de Dijon, de concert avec sa femme Elisabeth, son fils Simon, sa fille Aglantine, dame de Pouilly, et leur abandonna le village de Franxault[83]. Dans un autre acte, il parait avec Elisabeth, ses fils Simon et Hervé, lorsqu'il concède à l'abbaye de Cîteaux des droits à Bretigny et à Gemigny[84]. Suivant Fyot[85], Savaric et Elisabeth auraient eu une autre fille nommée Elisabeth, mariée à Humbert de Mailly, sire de Faverney, qui, après son veuvage, fonda l'abbaye de Tart, mais on ne trouve nulle part des documents certains et irréfutables qui justifient cette allégation. On trouve encore Raoul le Gros et le prévôt Oribel qui sont qualifiés fils d'Elisabeth, dame de Vergy, dans une donation à Saint-Étienne[86]. Savaric, l'un des bienfaiteurs de Cîteaux, prit part à la fondation de la première colonie partie de cette abbaye pour fonder la Ferté. Il dut mourir peu d'années après laissant sa femme Elisabeth qui lui survécut encore assez longtemps[87].

 

 

 



[1] Robert, 1er Duc, était né vers 1007, avait été marié vers 1033. Son fils et son petit-fils avaient pu se marier à 21 ans. Il faut remarquer de plus que Hugues, fils aîné de Robert Ier, était mort sans enfants, et que son second fils Henri, né en 1035 au plus tôt, avait continué la lignée. Or Hugues II était le petit-fils de cet Henri.

[2] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Saint-Bénigne, carton 74, éd. Pérard, pp. 204, 20S ; D. Plancher, t. I, pr. XLVII.

[3] Trois chartes tirées du Cartul. de Saint-Étienne de Dijon, t. I, n° 28, Arch. de la Côte-d'Or, éd. Pérard, pp. 83, 84.

[4] Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Saint-Étienne, de Dijon, n° 28, fol. 3 ; Pérard, p. 84.

[5] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 12.

[6] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 66-67.

[7] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 54.

[8] Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Saint-Étienne, éd. Pérard, pp. 82, 83 ; Fyot, pr., pp. 81 et 82.

[9] Arch. de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Saint-Étienne, éd. Pérard, p. 83.

[10] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Saint-Bénigne, carton 2.

[11] Arch. de la Côte-d’Or, Fonds Saint-Bénigne, carton 20, copie du XVIIe siècle.

[12] Arch. déjà Cote-d'Or, Cartul. de Saint-Seine, p. 8.

[13] C'est par erreur que la chronique de Saint-Pierre-le-Vif, de Sens, rapporte ce concile à l'an 1105, car la date porte : Quarto nonas aprilis, anno ab incarnatione domini MCIV, Indict. XII, Epacta XXII.

[14] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. II, fol. 36 et 37 ; d'Achery Spicil., t. IV, p. 239 ; Chifflet, Sancti Bernardi genus illustre ass., p. S07 ; Labbe, Concil., t. X, p. 740 ; D. Bouquet, t. XII, p. 280 n ; Gall. christ., t. XII, p. 554 D. — Il y a au Cartul. de Molème, t. I, p. 16, une version un peu différente, qui n'a pas été reproduite intégralement par M. Socard, Chartes de Molème, p. 90.

[15] Pérard, p. 200 ; Pistolet de Saint-Fergeux, Mém. de la Soc. hist. et archéol. de Langres, n° 2, pp. 26, 27.

[16] La pièce de monnaie est un denier anonyme de Troyes avec la légende Petrus Episcopus ; Jolibois, La Haute-Marne, p. 407 ; d'Arbois de Jubainville, Hist des ducs et comtes de Champagne, t. II, p. 87. Pérard, p. 200, donne cette charte.

[17] Perry, Hist. de Chalon, pr., p. 47 ; Gall. christ., t. IV, Instrum., col. 236, 237.

[18] Chifflet, Sancti Bernardi genus illustre, p. 425 ; Mabillon, Annal., t. V, p. 471.

[19] Arch. de la Côte-d'Or, 2e Cartul. de Molème, fol. 36, 37 ; Chifflet, Genus, p. 507.

[20] IV Kalend. Februarii. Comparer et étudier la charte du Gall. christ., t. IV, pr., n° X ; Cartul. de l'Yonne, t. I, pp. 208, 210.

[21] Presentibus multis nobilibus viris qui tunc ad Ducis curiam convenerant... charte précitée.

[22] Arch. de l'Yonne, Inventaire des titres de Saint-Lazare d'Avallon, rédigé en 1342, fol. I.

[23] Joux, canton de l'Isle-sur-Serain, arrondissement d'Avallon.

[24] Arch. de l'Yonne, Fonds Reigny, liasse I, on lit : Girardus natus Autissiodor. 1056. —  Studet in scola Autissiod, 1071. — Solitarius, fugit in heremum de Joux ad Fontismum — frequens in monasterio Reomaensi, 1081. — Assumit sibi socios et incipiuet sacellum erigere et cenobium prope cum claustro, horto, prato apud annum 1091, de consensu Episcopi Eduensis, abbatis Reomaensis, domini feudi de Joux, rectoris seu curati, mox eligitur abbas a sociis et Warinus prior.

[25] La charte-notice relatant ces faits n'a été rédigée que postérieurement pendant la prélature d'Étienne, évoque d'Autun. Gallia christ., t. XII, pr., n° X ; Cartul de l'Yonne, t. I, pp. 208, 210.

[26] Gallia christ., t. IV, p. 487.

[27] Gallia christ., t. IV, Instrum., col. 85.

[28] Art de vérifier les dates, t. X, p. 280. — La femme de Boson appelait Gerberge, mais on ne dit pas de quelle maison.

[29] Gallia christ., t. IV, pr. XXIX ; Cartul. de l'Yonne. t. I, p. 210.

[30] Art de vérifier les dates, t. III, p. 339.

[31] Ed. Clerc, Essai sur la Franche-Comté, t. I, p. 316.

[32] Ego Hugo Dux ammonitus a Domino Papa promisi... Pérard, 210.

[33] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Titres de Saint-Bénigne, carton 2 ; D. Plancher, t. I, pr. XLVIII ; Pérard, p. 210 ; Duchesne, Ducs de Bourg., pr., p. 31 ; Chifflet, Lettre touchant Beatrix, p. 477.

[34] XII Kal. Martii, Analecta Divion., Chron. de Bèze, p. 423.

[35] Analecta Divion., Chron. de Bèze, p. 423.

[36] Analecta Divion., Chron. de Bèze, p. 422.

[37] Analecta Divion., Chron. de Bèze, p. 423.

[38] D. Bouquet, t. XV, p. 135 B, C, N, Gesta Scheri abbatis Calmoriacensis.

[39] Vignier, Chronique de Langres, p. 126.

[40] Courtépée, nouv. édit., t. III, p. 602 ; M. Quantin, Saint-Lazare d'Avallon, Ann. de l'Yonne, 1852, p. 175.

[41] D. Bouquet, t. XV, p. 120 ; Orderici Vital, lib. X, p. 795.

[42] Lebeuf, t. I, Dissert, ad illustrandam hist. Franc, in-12, 1738, p. 404 ; D. Bouquet, t. XV, nov. éd., pp. 120, 121.

[43] Lebeuf, t. I, Dissert, ad illustrandam hist. Franc, in-12, 1738, p. 404.

[44] Jaffé, Regesta pontificum romanorum, p. 494 ; Labbe, Concil., t. X, 754, 755 ; D. Bouquet, t. XII, p. 20 D ; t. XIII, 453 D ; t. XIV, p. 146 C ; t. XV, p. 37 D, 38 E.

[45] Arch, de la Côte-d'Or, 1er Cartul. de Molème, p. 30.

[46] Lorica est pris aussi au sens figuré dans les anciens auteurs, et signifie parfois bastion, parapet retranché, et indiquerait dans ce cas la maison forte du sénéchal. On peut choisir entre ces deux interprétations.

[47] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 27 ; Arch. de l'Yonne, copie de D. Viole ; Cartul. de l'Yonne, t, I, pp. 217, 218.

[48] Voir la charte de Molème, 1104, 1108, 2e Cartul. de Molème, fol. 36, 37.

[49] Gisors, canton de l'arrondissement des Andelys (Eure).

[50] D. Bouquet, t. XII, p. 28 B, C, Sugetii abb. de vita Ludovici Grossi Regis ; Grandes Chroniques de France, éd. P. Paris, 1857, t. III, pp. 258, 266.

[51] Grandes Chroniques de France, éd. P. Paris, 1857, t. III, p. 265.

[52] Art de vérifier les dates, t. II, p. 45.

[53] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Saint-Seine, p. 8.

[54] Archives de la Côte-d'Or, manuscrit n° 156 ; Pouillé historique des bénéfices de Molème, vers 1713, p. 3. — A la page 1 de ce pouillé, il est dit que Robert était né en 1018, sans indiquer le lieu de son origine. Son père Thierry descendait des empereurs d'Allemagne et des Ducs de Bourgogne. Sa mère Ermengarde était de la maison des comtes de Nevers. Robert serait mort à 92 ans. Ces faits qui ne sont pas appuyés par la sanction d'auteurs contemporains nous semblent fort contestables. Quant à sa famille, nous croyons que Robert tenait à l'une des branches de la maison de Tonnerre, probablement celle de Maligny.

[55] Analecta Divion., Chronique de Bèze, p. 426.

[56] Arch. de la Haute-Marne, Cartul. de Vignory, fol. 34, 36 ; Pérard, fol. 210.

[57] Pérard, p. 195.

[58] Analecta Divion., Chron. de Bèze, pp. 416. 419. — Cet acte a lieu le 28 octobre 1109.

[59] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Titres de Saint-Bénigne, carton 21.

[60] Analecta Divion., Chron. de Bèze, pp. 440, 441.

[61] Bibl. nat., Fonds Moreau, t. 30, fol. 2E15 et t. 33, fol, 78, copies de Lambert de Barive.

[62] Et non 1110, comme le disent tous les auteurs, à commencer par le Gallia christiana t. IV, p. 809. — La charte du Cartulaire de Saint-Seine dans laquelle paraît Robert et qui est parfaitement datée anno Domini M. C. X. indictione tertia, die ultima mensis januarii, par conséquent de janvier 1111, le prouve.

[63] Mont-Lassois, commune de Vix, canton et arrondissement de Châtillon-sur-Seine.

[64] Montliot, commune du canton et arrondissement de Châtillon.

[65] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. I, p. 107.

[66] Lambert, archidiacre, 1101, 1103, 1106.

[67] Cartul. de l'Yonne, t. I, p. 225, dans une donation de 1111 faite à Molème par Guillaume, comte de Tonnerre. — On voit aussi aux Archives de la Haute-Marne, Cartul. de Longuay, fol. 88 et fol. 90 : Lambertus Lingonemis electus, Wido de Wargionis rivo, Gosbertus Rufus, Milo de Nueria... témoins d'un acte de donation à l'abbaye de Longuay.

[68] Voir la pièce précitée, Cartul.de l'Yonne, t. I, p. 225.

[69] Nous ne savons à quelle famille appartiennent ces deux officiers, Euvrard et Gislebert, maréchaux du Duc.

[70] Orig. Arch. de la Côte-d'Or, Fonds Saint-Bénigne, carton 52.

[71] Arrivée le 14 mai (de l'an 1112), d'après le nécrologe de Saint-Étienne d'Auxerre.

[72] Commune du canton et arrondissement de Dijon.

[73] Gratoux, commune de Saint-Eusèbe-des-Bois (Saône-et-Loire).

[74] Masse, ferme de la commune de Brognon, canton de Dijon (Est).

[75] D. Plancher, t. I, pr. XLIX ; Gallia christ., t. IV, pr., p. 86.

[76] Commune du canton de Baigneux-les-Juifs (Côte-d’Or).

[77] Toute la famille de Gaudry était entrée à Molème. La donation de l'église de Cras avait été faite pour la dot d'un de ses fils, Lambert, et de douze de ses filles. Plus tard Gauthier, fils aîné de Gaudry, prit le même chemin, et donna tant pouf lui que pour la prébende de sa mère un bois et un moulin Arch. de la Côte-d'Or, Chron. de Molème, n° 183, faite en 1677 par le prieur Nicolas de la Salle.

[78] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Molème, t. II, fol. 3, et Orig., carton 233 du Fonds Molème.

[79] Bibl. de Châtillon-sur-Seine, Cartul. de Flavigny, p. 447, Duchesne, Maison de Vergy, fr., p. 112.

[80] Chronique de Bèze, Analecta Divion., pp. 427-248 ; Spicileg., t. I, pp. 641, 642.

[81] Bibl. nat., Coll. Champagne, t. XLIV, p. 111 ; d'Arbois de Jubainville, Hist. des comtes de Champagne, t. III, p. 411.

[82] Pérard, pp. 201, 202.

[83] Pérard, p. 91.

[84] Arch. de la Côte-d'Or, Cartul. de Cîteaux, n° 468, t. III, fol. 79.

[85] Histoire de Saint- Étienne de Dijon, pp. 103, 117, 118, 231.

[86] Pérard, p. 96.

[87] Malheureusement les chartes de la première moitié du XIIe siècle sont rarement datées, et n'offrent pas toujours les moyens de leur assigner une date exacte.